1Les Épistémologies du Sud sont un courant de pensée développé par le sociologue et philosophe Boaventura de Sousa Santos. Ces épistémologies remettent en question les paradigmes dominants de la connaissance et proposent une approche alternative qui valorise les savoirs des sociétés et/ou groupes sociaux marginalisée.
2Les épistémologies du sud selon Boaventura de Sousa Santos (2011) mettent en lumière les défis et les alternatives aux épistémologies occidentales, sans toutefois nié tout l’héritage culturel et scientifique d’un Occident. Santos propose une épistémologie plurielle qui vise à sortir des schémas épistémiques issus de l’histoire des idées « du Nord Global » et à reconnaître la diversité des savoirs. Il souligne l’importance de prendre en compte les savoirs écologiques, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs qui ont résisté aux différentes formes de dominations épistémiques, économiques, sociales, politiques sur les populations marginalisées, subalternisées ou invisibilisées.
3Cette approche cherche à valoriser les connaissances locales et à promouvoir une justice cognitive qui a une vision plus inclusive et équitable de la production du savoir. Les travaux de Santos mettent en lumière la nécessité de reconnaître et de valoriser les savoirs et les perspectives des régions historiquement marginalisées.
4En résumé, les épistémologies du sud mettent en avant la nécessité de décoloniser le savoir, quelles que soient les zones géographiques, de reconnaître la diversité des perspectives et des savoirs, et de promouvoir une épistémologie qui inclut à la fois les connaissances issues de la critique et les connaissances locales. Cette approche cherche à transformer les paradigmes traditionnels de production du savoir et à ouvrir de nouvelles voies pour une épistémologie plurielle et aller vers la décolonisation des savoirs.
- 1 Mille mercis à João Arriscado Nunes pour son appui à la création de cet article.
5Le concept d’épistémologies du Sud est né au sein de critiques des épistémologies dominantes du Nord, souvent considérées comme eurocentriques, patriarcales et hégémoniques. Elles valorisent les savoirs et les perspectives des peuples marginalisés et subalternes du Sud global, en reconnaissant la diversité des formes de connaissance et la validité des expériences vécues. Ainsi, les épistémologies du Sud promeuvent une approche plus inclusive et émancipatrice de la production de connaissances, qui vise à la justice cognitive et à la transformation sociale.
6A ce sujet, les épistémologies du Sud émergent à la fois dans le Nord et le Sud géographiques lorsque des collectifs de personnes luttent contre la domination moderne. Elles surgissent en réaction aux violences épistémiques et au colonialisme, proposant des théories alternatives pour penser le « Sud global ».
7Au fil du temps, les épistémologies ont émergé à travers différentes périodes historiques et constituent un courant de pensée qui remet en question l’hégémonie des savoirs occidentaux et propose des alternatives épistémologiques issues des expériences et des perspectives des pays du Sud global. Leur généalogie retrace les trajectoires intellectuelles, les mouvements sociaux et les contextes historiques qui ont contribué à leur émergence et à leur développement.
8Les racines des épistémologies du Sud peuvent être retracées jusqu’à la période coloniale au Portugal, où les savoirs et les pratiques des peuples colonisés ont été systématiquement marginalisés et subalternisés. Le Portugal et son histoire coloniale offre un point d’entrée intéressant pour explorer la pertinence des épistémologies du Sud.
9L’histoire coloniale longue et complexe, ainsi que sa position de pays semi-périphérique en Europe, confèrent au Portugal et à son histoire impériale une perspective unique sur les relations de pouvoir et les hiérarchies épistémiques. Situé à la périphérie de l’Europe occidentale, le Portugal a souvent été marginalisé par les centres de pouvoir économiques et intellectuels du continent, mais a aussi été une puissance coloniale majeure pendant plusieurs siècles, avec des colonies en Afrique, en Asie et en Amérique. Cette histoire a eu un impact profond sur la production du savoir au Portugal, privilégiant les perspectives européennes et marginalisant les savoirs locaux. Cependant, des voix critiques ont émergé au fil des siècles, remettant en question les récits coloniaux et défendant la valeur des savoirs locaux et traditionnels (de Sousa Santos & Meneses, 2019).
10De nombreux mouvements critiques ont contribué à l’émergence des épistémologies du Sud, notamment les mouvements anticoloniaux, les mouvements féministes, les mouvements écologistes et les mouvements de justice sociale et cognitive. Ces mouvements ont lutté contre l’oppression et les inégalités, en mettant en avant des alternatives épistémologiques fondées sur la décolonisation et la transformation et la co-création des savoirs.
11A partir des années 1980, Boaventura de Sousa Santos et autres penseurs ont joué un rôle crucial dans l’émergence des épistémologies du Sud à travers leur critiqué de l’eurocentrisme été du positivisme, et ont proposé une approche épistémologique alternative qui valorise la pluralité des savoirs et la participation des subalternes.
12La généalogie des épistémologies du Sud part de la critique aux racines eurocentrées des connaissances modernes. Gurminder Bhambra montre que la Révolution haïtienne, bien que centrale dans la construction du monde moderne, a été largement occultée dans les récits historiques dominants. Elle propose une approche de "sociologies connectées" pour corriger ces "injustices cognitives".
- 2 Compte Rendu : Épistémologie de la géographie humaine : Pasquale Coppola, Una introduzione alla geo (...)
13Parmi d’autres contributions qui ont contribué à l’essor de la critique des épistémologie eurocentriques, on peut mentionner la critique de l’orientalisme d’Edward Saïd, reprise dans les travaux de Jenatton, Lamine, Morales et al, de 2002, et l’essor d’une écologie politique d’inspiration féministe et anticoloniale. Et n’oublions pas l’épistémologie de la géographie humaine, comme explorée par Pasquale Coppola en Una introduzione alla geografía umana. Frammenti di un territorio negato (1986), qui a mis en lumière des aspects souvent négligés ou niés dans la géographie traditionnelle2. Il a défié les paradigmes établis et ouvert de nouvelles voies de réflexion dans le domaine de la géographie humaine.
14Shahid Amin, du groupe des Subaltern Studies indiens, analyse à son tour le projet politique derrière la construction des nations modernes. Il souligne l’urgence de produire des histoires non-sectaires des conflits, victoires et défaites du passé, afin de rendre la nation "habitable" pour tous.
15Arturo Escobar dialogue avec les théories critiques qui apprennent des luttes des groupes sociaux subalternes, générant des concepts comme "sentir-penser", "bien-vivre" ou le "plurivers".
16Mogobe Ramose, à son tour, revendique le droit de chacun à penser selon ses propres références philosophiques, en s’inspirant de la sagesse silencieuse des langues vernaculaires africaines.
17Enfin, Lewis Gordon explore la contribution de la diaspora africaine à la décolonisation de la pensée, s’appuyant sur les réflexions de Du Bois et Fanon pour reconstruire une éthique libératrice en contribuant à une réflexion critique sur les savoirs dominants (Sousa Santos, 2011).
- 3 Frantz Fanon (Martinique): Psychiatre et révolutionnaire, auteur d'analyses critiques du colonialis (...)
18Il est important, pour cette discussion, de signaler la différence entre : des courants anti-coloniaux, qui ont été liés aux processus de résistance et d’indépendence des colonies d’Afrique et d’Asie (Gandhi, N’krumha, Amilcar Cabral, Nyerere, W. Rodney, Fanon3, et d’autres) et dont on peut trouver aussi des exemples pour les Amériques au 18e et 19e siècles ; les approches postcoloniales, qui intègrent plusieurs courants, et qui ont surgi, en bonne partie, des exilés et des diasporas des empires coloniaux ; E. Said, Stuart Hall, Gayatri Spivak, entre autres. Ces courants ont comme figure centrale l’exilé/émigré comme porte-voix désigné des sujets coloniaux ou néocoloniaux et des diasporas ; et les courants qui prônent la décolonisation comme procès inachevé et en cours, qui sont elles-mêmes diverses et souvent soutiennent des positions divergentes sur ce procès (modernité/colonialité, philosophie caribéenne, black insurgency, et d’autres. Tous ces courants ont fait partie d’un espace de dialogue critique avec les épistémologies du Sud postule un dialoguée.
19Les mouvements anti-coloniaux asiatiques ont souvent émergé en réponse à l’exploitation économique et à l’oppression politique par les puissances impériales européennes. Ils étaient influencés par des idéologies telles que le nationalisme, le socialisme et le communisme. Les stratégies asiatiques variaient de la non-violence (Gandhi) à la lutte armée (Mao Zedong). La désobéissance civile, le boycott économique et les manifestations de masse étaient des tactiques communes au service d’objectifs que variaient de l’indépendance politique à la révolution sociale. Les idées des leaders anti-coloniaux asiatiques continuent d’inspirer les épistémologies du Sud par leur influence dans des mouvements sociaux et politiques du monde entier.
20Les mouvements anti-coloniaux africains ont lutté contre l’exploitation et l’oppression, mais ils ont également été marqués par la lutte contre le racisme et la négritude. Ils ont été influencés par le panafricanisme et la pensée anticoloniale radicale La négritude, qui valorisait la culture et l’identité africaines, était un élément important de nombreux mouvements qui ont inspiré les épistémologies du Sud. Leurs objectifs incluaient généralement l’indépendance politique, l’unité africaine et le développement d’une économique alternative pour lutter contre la domination coloniale. Les idées des leaders anti-coloniaux africains continuent d’influencer le débat sur le développement et la démocratie en Afrique (de Sousa Santos & Meneses, 2019).
21Les Amériques ont connu une vague de mouvements anti-coloniaux à partir du 18ème siècle, en réaction à la domination européenne. Ces mouvements étaient motivés par le désir d’autodétermination, la lutte contre l’oppression et l’exploitation, et la revendication des terres et des ressources.
22Les méthodes employées afin de se libérer de l’oppression eurocentrique variaient selon les contextes, mais incluaient la rébellion armée, la négociation, la résistance passive et la désobéissance civile.
23Entre le mouvements les plus marquants on trouve la Révolution américaine (1775-1783) ; les colons britanniques d’Amérique du Nord se sont rebellés contre la domination britannique, proclamant l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Ensuite, la Révolution haïtienne (1791-1804) dans laquelle des esclaves et des hommes libres haïtiens se sont révoltés contre la domination française, établissant la première république noire indépendante du monde. Puis, les Guerres d’indépendance d’Amérique latine (1808-1826), qui ont conduit à l’indépendance de la plupart des pays d’Amérique latine de la domination espagnole et portugaise.
24Il est important de noter que ces généralisations ne s’appliquent pas à tous les leaders et mouvements anti-coloniaux. Chaque mouvement avait ses propres particularités et son propre contexte. Il est également important de reconnaître que les processus de décolonisation ont été complexes et souvent violents.
25Les expériences des processus de décolonisation qu’ont émergé des luttes des mouvement anti-coloniaux pour la justice sociale et cognitive ont joué un rôle crucial dans l’émergence des épistémologies du Sud. Ces mouvements ont mis en évidence la nécessité de remettre en question les savoirs coloniaux et de valoriser les perspectives des populations marginalisées par les structures de pouvoir dominantes.
26Les épistémologies du Sud se nourrissent ainsi de divers courants de pensée critiques, tels que les études féministes, les études postcoloniales et les études latino-américaines. Ces courants ont apporté des contributions importantes à la réflexion sur les rapports de pouvoir dans la production du savoir, les expériences des groupes marginalisés et la construction de savoirs alternatifs.
27Les courants de pensée issus de l’Afrique, Asie Afrique et Amérique Latine enrichissent le débat global sur le droit et la justice et le colonialisme. Ils apportent des perspectives nouvelles et critiques qui permettent de repenser les concepts fondamentaux du droit et de proposer des alternatives au modèle juridique, politique et économique occidental dominant.
28Dans ce contexte, le colonialisme a nié l’humanité s des populations colonisées, les réduisant à une représentation homogène selon les objectifs politiques et les fantasmes des colonisateurs. Cette "arrogance civilisationnelle" a légitimé la brutalité de l’exploitation coloniale et de la mission civilisatrice.
29Cette violence épistémique s’est traduite par des actes successifs de génocide, d’épistémicide, de linguicide et d’injustice épistémique, visant à détruire la compréhension par les colonisés de leur histoire et de leur épistémologie.et a imposé une rationalité scientifique eurocentrée, réduisant la diversité des connaissances et des pratiques sociales à une perspective unique . Cela a permis de justifier la "mission civilisatrice" du Nord impérial et le déni d’humanité des populations colonisées.
30Cette "pensée abyssale" coloniale a dissocié les relations de régulation-émancipation dans l’espace métropolitain, des relations d’appropriation-violence dans l’espace colonial . Face à cette violence le « Sud global » émerge comme l’« autre » côté de la ligne abyssale, créé comme un "vide violé" par le colonialisme .
31Pour faire face à cette violence – dont la violence épistémique est un aspect central , un grand nombre de figures intellectuelles, mais aussi d’activistes et de protagonistes de mouvements et d’initiatives citoyennes et populaires, ont joué un rôle déterminant dans le développement des épistémologies du Sud et contribué à renouveler les méthodologies de recherche en mettant l’accent sur des approches participatives, collaboratives et interdisciplinaires (de Sousa Santos & Meneses, 2019).
32Ces auteurs et autrices ont encouragé la recherche basée sur la co-construction des savoirs avec les communautés locales et les groupes marginalisés, remettant en question les modèles traditionnels de production des connaissances.
33Grâce à ces travaux, les épistémologies du sud explorent et reconnaissent la pluralité des voix et des savoirs, le pluralisme juridique et la richesse des savoirs et pratiques issus des luttes contre la domination capitaliste, coloniale et patriarcale.
34De ce fait, on peut dire que la généalogie des idées des épistémologies du sud est marquée par un processus de contestation, de réflexion critique et de co-construction de cadres conceptuels alternatifs qui remettent en question les paradigmes dominants hérités des traditions occidentales. Elles sont marquées par la diversité et la pluralité des voix et des savoirs qu’elle rassemble, et par sa volonté de construire une épistémologie alternative, plurielle, engagée et inclusive, qui soit au service de la justice et de la dignité de tous les êtres qui porterait sur les paradigmes dominantes de savoirs et connaissances au cours du temps.
35Le concept de "Sud global" émerge comme un projet épistémique critique, donnant lieu à plusieurs propositions théoriques. Il émerge en réponse à la violence épistémique et au colonialisme, qui ont réduit la diversité des connaissances et des pratiques sociales à une perspective eurocentrée.
36L’expression "Sud global" désigne généralement les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et des Caraïbes, souvent caractérisés par des niveaux de développement économique et social inférieurs à ceux des pays du Nord global (Europe et Amérique du Nord). La généalogie du Sud global retrace les trajectoires historiques, les processus socio-politiques et les mouvements intellectuels qui ont façonné cette région et ses particularités (de Sousa Santos & Meneses, 2019).
37Le Sud global porte les marques profondes d’un passé colonial marqué par l’exploitation, l’oppression et la marginalisation par les puissances européennes. Cet héritage colonial a façonné les structures politiques, économiques et sociales des pays du Sud, influençant leur développement ultérieur et les défis auxquels ils continuent de faire face. La Guerre Froide a vu l’émergence du mouvement des Non-alignés formés par des pays du Sud global cherchant à se distancier des blocs Est-Ouest et à promouvoir une voie de développement indépendante. Le concept du "Tiers-Monde" a été utilisé pour désigner ces pays, soulignant leur position marginalisée dans l’ordre mondial.
38En conséquence, différentes approches au Sud global remettent en question l’approche libérale de la coopération Nord-Sud, qui cache les processus politiques, économiques et historiques ayant transformé les pays du Sud en pays pauvres et périphériques. Elles émergent en réponse aux violences épistémiques et au colonialisme, proposant des alternatives pour penser le Sud au-delà de la perspective eurocentrée. Parmi ces théories, on peut mentionner celles de :
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La « Southern Theory »4, de Raewynn Connell5 sociologue australien et professeure émérite à l’Université de Sydney, elle est connue depuis le milieu des années 1980 comme l’une des inspiratrices de ce qu’on appelle aujourd’hui les masculinity studies6 .
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- 7 Comaroff, Jean, and Comaroff, John L. (2012b), “Theory from the South: Or, How EuroAmerica Is Evolv (...)
La « Théorie du Sud »7, de John et Jean Comaroff. Les Comaroff sont d’anthropologues et professeurs d’anthropologie à l’Université de Chicago (Etats-Unis), originaires de l’Afrique du Sud, ont développés leur travails de recherche dans le cadre d’études africaines, afro-américaines, anthropologie historique et la « culture du capitalisme ».
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Les « Philosophies du Sud »8 de Enrique Dussel, qui était un universitaire, philosophe, historien et théologien argentin-mexicain. Dussel est l’une des figures principales, dans le mouvement philosophique appelé Philosophie de la Libération9.
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- 10 Tamayo, Juan José (2017), Teologías del Sur. El Giro Descolonizador. Madrid: Trotta.
Les « Théologies du Sud »10, de Juan José Tamayo est un théologien espagnol et professeur de théologie à l’Université Charles III de Madrid. Il se spécialise dans la hiérarchie catholique mais s’est élargi aux études islamiques.
39Ces théories partagent une volonté de décoloniser les épistémologies du Nord et de valoriser les savoirs et les luttes du Sud global, en les concevant non pas comme un "autre" inférieur (de Sousa Santos & Meneses, 2019) , mais comme des alternatives porteuses d’un autre monde possible. Ces théories visent à revitaliser les théories sociales dans les contextes du Sud.
40En somme, la généalogie du Sud Global est marquée par une quête de justice cognitive, de pluralisme épistémique et de réappropriation des savoirs locaux et autochtones. Ces différentes théories et épistémologies offrent des perspectives critiques et alternatives qui enrichissent le débat intellectuel et contribuent à une autre vision du monde.
41Les épistémologies du sud sont un courant de pensée qui remet en question les paradigmes dominants de la connaissance et de la recherche, en mettant en avant les perspectives et les savoirs issus des contextes du Sud Global. Ces textes fondamentaux ont contribué à nourrir la réflexion et le débat autour du Sud en tant que Sud épistémique en mettant en lumière les enjeux de la diversité des savoirs, des perspectives et des approches dans la recherche et la production de connaissances. Cert article rassemble e et offre de brefs commentaires à de textes fondamentaux qui ont contribué à l’émergence et à la diffusion des épistémologies du Sud, avec les liens électroniques correspondants, qui ont servi d’inspiration et de cadre de référence aux auteurs et aux autrices de ce numéro.
- 11 Les résumés des articles sont extraits des articles originaux publiés par les auteurs.
42Através de um percurso pela narrativa da modernidade, conclui-se que a equação moderna entre raízes e opções, com que aprendemos a pensar a transformação social, está a passar por um processo de profunda e aparentemente irreversível desestabilização. Partindo das teses sobre a filosofia da história de Walter Benjamin, configuram-se quatro essenciais imagens desestabilizadoras que condensam os perigos do presente – o sofrimento humano, o epistemicidio, o apartheid global e a tragédia dos comuns. Para sobreviver com dignidade a esses perigos, torna-se indispensável imaginar uma outra narrativa, para a qual se propõem quatro orientações – o conhecimento-emancipação, a hermenêutica diatópica, o governo humano e o patrimônio comum da humanidade.
43À travers un tour du récit de la modernité, il est conclu que l’équation moderne entre les racines et les options, avec laquelle nous avons appris à penser la transformation sociale, traverse un processus de déstabilisation profonde et apparemment irréversible. A partir des thèses de Walter Benjamin sur la philosophie de l’histoire, il y a quatre images déstabilisantes essentielles qui condensent les dangers du présent – la souffrance humaine, l’épistémicide, l’écart global et la tragédie des communs. Pour survivre dignement à ces dangers, il est essentiel d’imaginer un autre récit, pour lequel quatre orientations sont proposées : la connaissance, l’émancipation, l’herméneutique diatopique, le gouvernement humain et le patrimoine commun de l’humanité.
44Dans l’article « A queda do Angelus Novus », Boaventura de Sousa Santos discute de la répétition et de l’idée de la fin de l’histoire comme célébration du présent favorisée par les versions capitulationnistes de la pensée postmoderne. Il se demande si nous sommes confrontés à une situation vraiment nouvelle et remet en question l’équité entre les racines et les options en tant que sujet fort de la culture eurocentrique. Santos soutient que les platitudes fortes sont les principales prémisses de l’argumentation au sein d’une culture donnée, créant une illusion de complétude basée sur l’induction pars pro toto. Il introduit le concept d’herméneutique diatopique, qui vise à maximiser la prise de conscience de l’incomplétude réciproque des cultures par le dialogue entre différentes perspectives culturelles.
45Dans l’ensemble, l’article aborde les complexités de l’incomplétude culturelle, le rôle des clichés forts dans la formation des arguments et la nécessité d’un dialogue réciproque entre les cultures pour remettre en question les idéologies et les perspectives dominantes.
46Santos, Boaventura de Sousa (1996), "A queda do Angelus Novus : para além da equação moderna entre raízes e opções", Revista Crítica de Ciências Sociais, 45, 5-34 A_queda_do_Angelus_Novus_RCCS45.PDF (boaventuradesousasantos.pt)
47Procede-se a uma crítica do modelo de racionalidade ocidental – o modelo de uma razão indolente – propondo-se os prolegómenos de um outro modelo, o de uma razão cosmopolita. Procura-se fundar três procedimentos sociológicos nesta razão cosmopolita : a sociologia das ausências, a sociologia das emergências e o trabalho de tradução.
48Nous procédons à une critique du modèle occidental de rationalité – le modèle d’une raison indolente – en proposant les prolégomènes d’un autre modèle, celui d’une raison cosmopolite. Il cherche à fonder trois procédures sociologiques sur cette raison cosmopolite : la sociologie des absences, la sociologie des émergences et le travail de traduction.
49L’auteur souligne l’importance d’une sociologie des absences et d’une sociologie des émergences, ainsi que du travail de traduction, en tant que procédures sociologiques fondées sur une nouvelle rationalité. Santos affirme que la compréhension du monde va au-delà de la vision occidentale et qu’il est essentiel d’élargir le présent et de contracter l’avenir pour valoriser la diversité des expériences sociales existantes. Il critique la "raison indolente" présente dans la connaissance hégémonique occidentale des deux derniers siècles et souligne la nécessité d’une approche plus ouverte et inclusive. L’auteur aborde également la manière dont la raison indolente a influencé les débats philosophiques et épistémologiques au cours de l’histoire récente.
50Boaventura de Sousa Santos, « Para uma sociologia das ausências e uma sociologia das emergências », Revista Crítica de Ciências Sociais [Online], 63 | 2002, colocado online no dia 01 Outubro 2012, criado a 15 Julho 2015. URL : Para uma sociologia das ausências e uma sociologia das emergências | Estudo Geral (uc.pt)
51Este artigo trata da diversidade epistemológica do mundo. Procura mostrar as raízes históricas da sua negação, bem como o longo e controverso processo de transformação da ciência em única forma de conhecimento válido e, consequentemente, hegemônico. Toma como centralidade algumas questões que o tema suscita como, entre outros, a crítica feminista e a pluralidade de modos de conhecimento, apontando a biodiversidade como área de controvérsia. Formula teses sobre a diversidade epistemológica do mundo ao mesmo tempo em que discute a transição da monocultura do saber científico para a ecologia de saberes, como forma de tornar possível a substituição do conheci mento-regulação pelo conhecimento-emancipação. O texto foi, originalmente, publicado como introdução ao volume 5 da coleção « Reinventar a emancipação social », coordenada por Boaventura de Sousa Santos, intitulado « Semear Outras Soluções : os caminhos da biodiversidade e dos conheci mentos rivais” e tomado pelo autor como texto básico para a Aula Magna dos Programas de Pós-graduação da Universidade do Estado do Amazonas proferida em Manaus, em agosto de 2007.
52Cet article traite de la diversité épisthémologique du monde. Il cherche à montrer les racines historiques de sa négation, ainsi que le long et controversé processus de transformation de la science en la seule forme de connaissance valable et, par conséquent, hégémonique. Il prend pour central certaines questions que le thème soulève, comme, entre autres, la critique féministe et la pluralité des modes de connaissance, pointant la biodiversité comme un domaine de controverse. Il formule des thèses sur la diversité épistémologique du monde tout en discutant du passage de la monoculture des savoirs scientifiques à l’écologie des savoirs, comme moyen de rendre possible le remplacement de la régulation des savoirs par l’émancipation des savoirs. Le texte a été publié à l’origine comme introduction au volume 5 de la collection « Réinventer l’émancipation sociale », coordonnée par Boaventura de Sousa Santos, intitulée « Semer d’autres solutions : les chemins de la biodiversité et des connaissances rivales » et repris par l’auteur comme texte de base pour l’Aula Magna des programmes d’études supérieures de l’Université de l’État d’Amazonas donnée à Manaus, en août 2007.
53L’article fait partie du 6éme numéro du Hiléia Journal of Environmental Law en Amazonie. Il présente les réflexions de Boaventura de Sousa Santos, Maria Paula G. Meneses et João Arriscado Nunes sur la diversité des épistémologies dans le monde, la production de connaissances dans le contexte du colonialisme, les critiques de la science, les perspectives féministes et la pluralité des modes de connaissance. Les auteurs discutent de l’importance de passer d’une monoculture du savoir scientifique à une écologie des savoirs pour permettre le remplacement des connaissances réglementaires par des connaissances émancipatrices. Le document souligne l’importance de comprendre la région amazonienne, son histoire coloniale et les relations complexes entre les humains et la nature qui s’y déroulent.
54Santos, Boaventura de Sousa ; Nunes, João Arriscado ; Meneses, Maria Paula (2006), "Conhecimento e Transformação Social : por uma ecologia de saberes", Hiléia - Revista de Direito Ambiental da Amazónia, 6, 11-113 00_hileia6_inicio.qxp :Layout 1 (uc.pt)
55Na primeira parte do ensaio, argumenta‑se que as linhas cartográficas “abissais” que demarcavam o Velho e o Novo Mundo na era colonial subsistem estruturalmente no pensamento moderno ocidental e permanecem constitutivas das relações políticas e culturais excludentes mantidas no sistema mundial contemporâneo. A injustiça social global estaria, portanto, estritamente associada à injustiça cognitiva global, de modo que a luta por uma justiça social global requer a construção de um pensamento “pós-abissal”, cujos princípios são apresentados na segunda parte do ensaio como premissas programáticas de uma “ecologia de saberes” ;
56Dans la première partie de l’essai, il est soutenu que les lignes cartographiques « abyssales » qui délimitaient l’Ancien et le Nouveau Monde à l’époque coloniale subsistent structurellement dans la pensée occidentale moderne et restent constitutives des relations politiques et culturelles d’exclusion maintenues dans le système mondial contemporain. L’injustice sociale globale serait donc étroitement associée à l’injustice cognitive mondiale, de sorte que la lutte pour la justice sociale mondiale nécessite la construction d’une pensée « post-abyssale », dont les principes sont présentés dans la deuxième partie de l’essai comme des prémisses programmatiques d’une « écologie des savoirs ».
57Cet article de Boaventura de Sousa Santos soutient que les distinctions abyssales présentes dans la pensée moderne occidentale, qui remontent à l’ère coloniale, continuent d’influencer les relations politiques et culturelles dans le système mondial contemporain. Santos propose la construction d’une pensée "post-abyssale" comme moyen de lutter contre l’injustice sociale mondiale, en présentant des prémisses pour une "écologie des savoirs".
58L’auteur discute de la manière dont la pensée abyssale se manifeste dans les domaines de la connaissance et du droit modernes, soulignant l’importance de reconnaître et de valoriser d’autres formes de savoir pour promouvoir une justice cognitive comme condition de la justice sociale globale
59Santos, Boaventura de Sousa (2007), "Para além do Pensamento Abissal : Das linhas globais a uma ecologia de saberes", Revista Crítica de Ciências Sociais, 78 Para além do Pensamento Abissal : Das linhas globais a uma ecologia de saberes (openedition.org)
60Los textos reunidos en esta compilación, y nuestra interpretación de los temas abordados, nos llevan a formular un conjunto de tesis que, en nuestra opinión, pueden orientar productivamente los debates sobre la naturaleza y el ámbito de la diversidad de conocimientos producidos en el mundo, y sobre el modo en que esta diversidad puede contribuir a la construcción de proyectos sociales de emancipación social.
61Les textes rassemblés dans cette compilation, et notre interprétation des thèmes abordés, nous amènent à formuler un ensemble de thèses qui, à notre avis, peuvent orienter de manière productive les débats sur la nature et la portée de la diversité des savoirs produits dans le monde, et sur la manière dont cette diversité peut contribuer à la construction de projets sociaux d’émancipation sociale.
62Le document est un texte de Boaventura de Sousa Santos, Maria Paula Meneses et João Arriscado Nunes sur la diversité épistémologique du monde.
63L’article mentionne que la diversité épistémologique du monde est potentiellement infinie, toute connaissance est contextuelle. La production de connaissances est une pratique sociale qui implique l’autoréflexivité. Ainsi, toute activité humaine a recours à une pluralité de types de connaissances, même si l’une d’entre elles prédomine.
64Le privilège épistémologique de la science moderne ne s’explique pas seulement par des raisons épistémologiques, mais aussi par des facteurs économiques, sociaux et politiques. C’est pour cette raison que la décolonisation de la science implique de reconnaître qu’il n’y a pas de justice sociale globale sans justice cognitive globale. Donc, les auteurs proposent de remplacer la monoculture de la connaissance scientifique par l’écologie de savoirs.
65Cela permettra de remplacer la régulation des connaissances par l’émancipation de savoirs, en récupérant le potentiel émancipateur de la science.
66Bref, l’article vise à reconnaître et à valoriser la diversité épistémologique existant dans le monde, démocratisant et décolonisant la science pour l’intégrer dans des constellations et des écologies de savoirs orientées vers l’émancipation sociale.
67Santos, Boaventura de Sousa ; Nunes, João Arriscado ; Meneses, Maria Paula (2007), "Tesis sobre la diversidad epistemológica del mundo", Educación Superior. Cifras y Hechos, 35-36, 27-32 https://estudogeral.sib.uc.pt/handle/10316/42196
68O objetivo deste artigo é analisar as raízes profundas e razões válidas para a reconfiguração dos métodos “tradicionais” de resolução de conflitos em Moçambique, através de uma perspectiva de desenvolvimento do Estado, tanto em contextos coloniais como pós-coloniais. Tomando como ponto de partida a constante referência a práticas de feitiçaria, procura‑se analisar estas acusações como parte de um contexto cultural mais amplo onde se entrecruzam múltiplas realidades culturais, numa rede complexa de competição pelo poder. Neste contexto, o privilégio epistemológico concedido ao direito moderno continua a funcionar como um instrumento de supressão de outras formas de legalidade e, simultaneamente, dos grupos sociais subalternos cujas práticas sociais se baseavam nessas formas. Deste modo, a análise das acusações de feitiçaria abre campo para uma discussão mais ampla e situada sobre a diversidade das “epistemologias do Sul”.
69L’objectif de cet article est d’analyser les racines profondes et les raisons valables de la reconfiguration des méthodes « traditionnelles » de résolution des conflits au Mozambique, dans une perspective de développement de l’État, dans des contextes coloniaux et postcoloniaux. En prenant comme point de départ la référence constante aux pratiques de sorcellerie, nous cherchons à analyser ces accusations dans le cadre d’un contexte culturel plus large où de multiples réalités culturelles se croisent, dans un réseau complexe de compétition pour le pouvoir. Dans ce contexte, le privilège épistémologique accordé au droit moderne continue de fonctionner comme un instrument de suppression d’autres formes de légalité et, en même temps, de groupes sociaux subalternes dont les pratiques sociales étaient fondées sur ces formes. De cette manière, l’analyse des accusations de sorcellerie ouvre le champ à une discussion plus large et plus située sur la diversité des « Epistémologies du Sud ».
70L’article « Corpos de violência, linguagens de resistência : As complexas teias de conhecimentos no Moçambique contemporâneo » de Maria Paula G. Meneses analyse la reconfiguration des méthodes de résolution des conflits au Mozambique, en explorant les accusations de sorcellerie comme partie intégrante d’un contexte culturel plus large de compétition pour le pouvoir. L’auteure souligne la persistance de la sorcellerie comme une réalité dans la société mozambicaine contemporaine, tant dans les milieux ruraux qu’urbains, et son lien avec les changements sociaux, économiques et politiques instables. Son travail de recherche cherche à comprendre les accusations de sorcellerie comme faisant partie d’un réseau complexe de lutte pour le pouvoir, révélant les multiples couches de signification et les relations d’inégalité présentes dans le pays. L’analyse des accusations de sorcellerie ouvre la voie à une discussion plus large sur les épistémologies du Sud et les complexités des relations entre le pouvoir, le discours et les pratiques politiques.
71Meneses, Maria Paula (2008), "Corpos de violência, linguagens de resistência : as complexas teias de conhecimentos no Moçambique contemporâneo", Revista Crítica de Ciências Sociais, 80, 161-194 Corpos de violência, linguagens de resistência As complexas teias de conhecimentos no Moçambique contemporâneo.pdf (uc.pt)
72Este texto foi apresentado ao VIII Congresso Luso-Afro-Brasileiro de Ciências Sociais (CLABCS), realizado em Coimbra em Setembro de 2004, subordinado ao tema "A questão social no novo milénio", et publié dans la revue Travessias (6/7)
73Ce texte a été présenté au VIIIe Congrès luso-afro-brésilien des sciences sociales (CLABCS), qui s’est tenu à Coimbra en septembre 2004 sous le thème « La question sociale dans le nouveau millénium », et publié dans la revue Travessias (6/7)
74L’article « Do pós-moderno ao pós-colonial. E para além de um e de outro » traite du passage du postmodernisme au postcolonialisme, soulignant les principales différences entre les deux concepts. Il critique le salisme et les grands récits de l’histoire unilinéaire, mettant l’accent sur le rejet des projets de transformation sociale collective et considérant l’émancipation sociale comme un thèm contesté. Le texte signale les positions associées au post-moderne qui déclarent la fin de l’utopie, le scepticisme en politique et la parodie en esthétique. L’auteur plaide pour l’apprentissage avec les pays du Sud et la reformulation des cadres théoriques des sciences sociales. Le texte soutient que l’imposition de la modernité occidentale à l’échelle mondiale rend difficile la conception de ce qui se trouve au-delà. Boaventura propose de reconceptualiser l’émancipation sociale du point de vue des pays du Sud, suggérant un changement vers une compréhension plus postcoloniale que postmoderne.
75Santos, Boaventura de Sousa (2008), "Do pós-moderno ao pós-colonial. E para além de um e de outro", Travessias, 6/7, 15-36 Do pós-moderno ao pós-colonial. E para além de um e de outro | Estudo Geral (uc.pt)
76A procura especulativa do conhecimento é uma componente central da cultura humana. Mas o vasto campo das interrogações abrangidas pela reflexão filosófica excede em muito a racionalidade moderna, com as suas zonas de luz e sombra, as suas forças e fraquezas. Foi a partir desta constatação que, em 1995, Boaventura de Sousa Santos propôs o conceito de “epistemologia do Sul”, o qual veio a suscitar vários debates. Este número da Revista Crítica de Ciências Sociais ambiciona alargar a discussão sobre a diversidade epistemológica do mundo, apresentando algumas das controvérsias que o tema tem gerado.
77La recherche spéculative de la connaissance est un élément central de la culture humaine. Mais le vaste champ des questions englobées par la réflexion philosophique dépasse de loin la rationalité moderne, avec ses zones d’ombre et de lumière, ses forces et ses faiblesses. C’est sur la base de ce constat qu’en 1995, Boaventura de Sousa Santos a proposé le concept d’« épistémologie du sud », qui a donné lieu à plusieurs débats. Ce numéro de la Revista Crítica de Ciências Sociais vise à élargir la discussion sur la diversité épistémologique du monde, en présentant certaines des controverses que le thème a suscitées.
78Le document traite de l’importance de l’épistémologie du sud, qui se fonde sur trois orientations principales : reconnaître l’existence du Sud, aller vers le Sud et apprendre à partir du Sud. Boaventura de Sousa Santos a proposé ce concept en 1995, déclenchant des débats sur la diversité épistémologique du monde. Meneses aborde la persistance des relations hiérarchiques Nord-Sud qu’est attribuée à la colonialité du pouvoir, qui perpétue l’exclusion des savoirs non occidentaux. L’entrée dans le XXIe siècle nécessite une ethnographie plus complexe pour rendre visibles les alternatives épistémiques émergentes. Ainsi, la critique postcoloniale souligne la domination épistémique coloniale et la nécessité de décoloniser les connaissances. L’article introduit la discussion sur la diversité des savoirs, l’importance du dialogue interculturel et la critique des différences impériales et coloniales.
79Meneses, Maria Paula (2008), "Epistemologias do Sul", Revista Crítica de Ciências Sociais, 80, 5-10 Epistemologias do Sul.pdf (uc.pt)
80Ao longo das três últimas décadas, o projecto da epistemologia passou por um processo de crítica e de transformação, marcado, sucessivamente, pela transferência da soberania epistémica para o “social”, pela redescoberta da ontologia e pela atenção à normatividade constitutiva e às implicações políticas do conhecimento, chegando mesmo a ser postulado o abandono da epistemologia como projecto filosófico. Em contraponto a esse processo, foi ganhando contornos a proposta de uma outra epistemologia radicada nas experiências do Sul global. Procura-se neste artigo explorar as possibilidades de criação de um espaço de diálogo entre a crítica (“naturalista”, feminista, pós‑colonial, epistemográfica, epistópica…) da epistemologia como projecto filosófico e a proposta de uma epistemologia do Sul formulada por Boaventura de Sousa Santos, a partir de uma revisitação do pragmatismo filosófico enquanto forma mais radical de crítica da epistemologia convencional.
81Over the last three decades, the whole project of epistemology has been subjected to criticism and change. This process has been marked, successively, by the transfer of epistemic sovereignty to the “social” domain, by the rediscovery of ontology and by attention to constitutive normativity and the political implications of knowledge. Some have even suggested that epistemology should be abandoned altogether as a philosophical project. However, this process has been offset by a proposal for a new epistemology, rooted in the experiences of the global South. This article explores the possibilities of creating a space for dialogue between the various critiques (“naturalist,” feminist, postcolonialist, epistemographic, epistopic, etc) of epistemology as a philosophical project, and Boaventura de Sousa Santos’s proposal for an epistemology of the South, taking as a starting point a review of philosophical pragmatism as the most radical form of criticism of conventional epistemology.
82Au cours des trois dernières décennies, le projet de l’épistémologie a connu un processus de critique et de transformation, marqué, successivement, par le transfert de la souveraineté épistémique à la souveraineté « sociale », par la redécouverte de l’ontologie et par l’attention portée à la normativité constitutive et aux implications politiques de la connaissance, postulant même l’abandon de l’épistémologie comme projet philosophique. En contrepoint de ce processus, la proposition d’une autre épistémologie ancrée dans les expériences du Sud Global a gagné en contours. Cet article cherche à explorer les possibilités de créer un espace de dialogue entre la critique ( « naturaliste » , féministe, postcoloniale, épistémographique, épistopique...) de l’épistémologie en tant que projet philosophique et la proposition d’une épistémologie du Sud formulée par Boaventura de Sousa Santos, basée sur une revisite du pragmatisme philosophique comme forme plus radicale de critique de l’épistémologie conventionnelle.
83L’article de Joâo Arriscado Nunes (2008) fait partie d’un long dialogue intellectuel avec Boaventura de Sousa Santos, qui se consacre à l’exploration des débats épistémologiques et de leurs implications sociales, éthiques et politiques. Il propose une formulation d’une alternative à l’épistémologie eurocentrique, redéfinissant le concept d’épistémologie tel qu’il a été défini dans le contexte de la science moderne.
84Cette article conduit à la proposition d’une nouvelle épistémologie basée sur des expériences globales, en explorant les possibilités de créer un dialogue entre la critique de l’épistémologie en tant que projet philosophique et la proposition d’une épistémologie du Sud proposée par Boaventura de Sousa Santos. L’article vise à créer un espace de dialogue entre diverses critiques de l’épistémologie et la proposition de Santos, soulignant l’importance du pragmatisme philosophique dans la redéfinition de l’épistémologie conventionnelle et l’ouverture au dialogue avec d’autres savoirs et connaissances. Les points clés incluent la crise de l’épistémologie, la nécessité d’une épistémologie enracinée dans les expériences du Sud Global, le rôle du pragmatisme dans la refonte de l’épistémologie et la critique de la pensée abyssale associée à la modernité occidentale.
85Nunes, João Arriscado (2008), "O resgate da epistemologia", Revista Crítica de Ciências Sociais, Março, 80, 45-70 O resgate da epistemologia.pdf (uc.pt)
86Nunes, João Arriscado (2009), "Rescuing Epistemology", RCCS Annual Review, 1, September Rescuing Epistemology (openedition.org)
87In this article I argue that, in spite of the apparently unshakable hegemony of the historical, philosophical and sociological arguments invoked by the canonical history of Europe and the world to demonstrate the uniqueness of the West and its superiority, there is room to think of a non-Occidentalist West. By that I mean a vast array of conceptions, theories, arguments that, though produced in the West by recognized intellectual figures, were discarded, marginalized or ignored because they did not fit the political objectives of capitalism and colonialism at the roots of Western modernity. In the article I tackle specifically three topics: the conceptions of antiquity, modern science and a teleology of the future. Among many others who might be selected, I resort to three eccentric figures – Lucian of Samosata, Nicholas of Cusa and Blaise Pascal – to exemplify some of the paths that might guide us in the construction of a non-capitalist, non-colonialist intercultural dialogue. Such paths are here designated as those of learned ignorance, ecology of knowledge, wager on another possible world and artisanship of practices.
88Dans cet article, je soutiens que, malgré l’hégémonie apparemment inébranlable des arguments historiques, philosophiques et sociologiques invoqués par l’histoire canonique de l’Europe et du monde pour démontrer l’unicité de l’Occident et sa supériorité, il y a de la place pour penser à un Occident non-occidentaliste. J’entends par là un vaste éventail de conceptions, de théories, d’arguments qui, bien que produits en Occident par des figures intellectuelles reconnues, ont été rejetés, marginalisés ou ignorés parce qu’ils ne correspondaient pas aux objectifs politiques du capitalisme et du colonialisme aux racines de la modernité occidentale. Dans l’article, j’aborde spécifiquement trois sujets : les conceptions de l’Antiquité, la science moderne et une téléologie du futur. Parmi beaucoup d’autres qui pourraient être sélectionnés, j’ai recours à trois figures excentriques – Lucien de Samosate, Nicolas de Cues et Blaise Pascal – pour illustrer certaines des voies qui pourraient nous guider dans la construction d’un dialogue interculturel non capitaliste et non colonialiste. De telles voies sont ici désignées comme celles de l’ignorance savante, de l’écologie de la connaissance, du pari sur un autre monde possible et de l’artisanat des pratiques.
89Dans cet article Boaventura de Sousa Santos montre la tragédie des biens communs, où même l’air a été rempli de connaissances inutiles générées par un mode de pensée qui néglige de plus en plus les besoins des personnes que se trouvent de l’autre côté de la ligne abyssale. L’auteur réitère la nécessité de problématiser les orthodoxies et, par conséquent, d’identifier plus de complémentarités et de complicités, moins de rivalités et de contradictions. Le texte souligne l’importance des théories et des disciplines révélant à la fois ce qu’elles montrent et ce qu’elles cachent. Pour atteindre ces objectifs, le texte suggère de s’engager dans des expériences qui poussent les théories et les disciplines à répondre de manière non théorique et de les proposer métaphoriquement à la vente pour évaluer leur utilité. Le texte aborde également l’épuisement, le malaise et la colère ressentis par les individus en raison de l’endoctrinement, de l’absence de raison et de la régulation sociale déguisée en émancipation.
90de Sousa Santos, B. (2009). A Non-Occidentalist West? Theory, Culture Society, 26(7-8), 103–125. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1177/0263276409348079
91A constituição mútua do Norte e do Sul globais e a natureza hierárquica das relações Norte-Sul permanecem cativas da racionalidade moderna, geradora não apenas da ciência e da técnica, mas também da lógica capitalista, impessoal e devastadora e causadora de uma ordem política e económica desigual e assumidamente monocultural. Enquanto desafio ético, a justiça cognitiva é uma condição para a mudança radical da monocultura da ciência, no sentido em que esta, em lugar de ser fundamentalista, é absorvida, negociada e dialogada com outros saberes, de forma a criar um mundo plural e dinâmico de infinitas possibilidades cognitivas, e em que a ênfase está centrada na interacção/tradução de práticas e saberes (Santos, 2006).
92La constitution mutuelle du Nord et du Sud Global et la nature hiérarchique des relations Nord-Sud restent captives de la rationalité moderne, qui génère non seulement la science et la technologie, mais aussi la logique capitaliste, impersonnelle et dévastatrice, et la cause d’un ordre politique et économique inégal et certes monoculturel. En tant que défi éthique, la justice cognitive est une condition du changement radical de la monoculture de la science, en ce sens qu’au lieu d’être fondamentaliste, elle est absorbée, négociée et dialoguée avec d’autres savoirs, afin de créer un monde pluriel et dynamique aux possibilités cognitives infinies, et dans lequel l’accent est mis sur l’interaction/traduction des pratiques et des connaissances (Santos, 2006).
93Ce texte intègre un livre collectif qui cherche à rassembler des concepts et des approches alternatifs à la pensée économique dominante de diverses régions du monde, en particulier du Sud. Son objectif est de décoloniser et de pluraliser l’économie, en donnant la parole à des épistémologies et à des pratiques économiques subordonnées et rendues invisibles par la rationalité eurocentrique moderne.
94Des notions clés telles que l’économie solidaire, la consommation solidaire, le commerce équitable, le coopérativisme, l’autogestion, l’émancipation sociale, l’éthique économique, la justice cognitive, l’anti-utilitarisme et la connaissance du travail associé, entre autres, sont abordées. La prétendue universalité de concepts tels que capital, travail, développement, progrès, typique de l’économie capitaliste hégémonique, est remise en question.
95En bref, c’est un dictionnaire qui rassemble les points de vue critiques du Sud pour construire une « autre économie » plurielle, participative, émancipatrice et décolonisée, dépassant la logique d’exclusion du capitalisme et ouvrant la voie à l’emploi en laissant place à des économies populaires, féministes, locales et alternatives.
96Meneses, Maria Paula (2009), Justiça Cognitiva, in António Cattani, J. L. Laville, Luis Inácio Gaiger e Pedro Hespanha (org.), Dicionário Internacional da Outra Economia. Coimbra : Editora Almedina, 231-236 Justica cognitiva.pdf (uc.pt)
97Cet article traite du contexte intellectuel et social qui génère le questionnement sur les alternatives aux épistémologies occidentales . A cet égard, l’auteur énumère les défis qui attendent la tradition critique occidentale : l’ancien et le nouveau ; la perte des termes critiques ; la relation fantomatique entre la théorie critique et la transformation sociale ; la fin du capitalisme sans fin ; la fin du colonialisme sans fin. Il oppose « la sociologie des émergences » , c’est-à-dire l’accroissement des connaissances , des pratiques et des agents, à « la sociologie des absences », c’est-à-dire les formes de non-existence (« l’ignoré », « le résiduel » , « l’inferieur », « le local », « l’improductif »). Enfin, à propos des nouvelles orientations épistémologiques, il suggère que les épistémologies du sud sont fondées sur « l’écologie des savoirs » et sur « la traduction interculturelle ».
98Dans l’article « Épistémologies du sud » Boaventura de Sousa Santos (2011), propose le concept d’« Epistémologies du Sud » pour valoriser et apprendre des connaissances et des pratiques des groupes sociaux subalternisés par le capitalisme et le colonialisme.
99Il cherche à contribuer à la décolonisation des connaissances, en articulant des perspectives critiques de l’épistémologie moderne à partir d’approches contre-disciplinaires. Ainsi, l’auteur propose d’examiner de manière critique la structure disciplinaire des savoirs modernes qui divise et hiérarchise les savoirs, rendant invisibles les « autres épistémologies ».
100En résumé, il expose la nécessité de reconnaître et d’apprendre de la pluralité épistémologique mondiale, à partir de différentes propositions qui portées par les « épistémologies du sud » et à élargir l’écologie des savoirs.
101Santos, Boaventura de Sousa (2011), "Épistémologies du Sud", Études Rurales, 187, 21-50 Épistémologies du Sud (openedition.org)
102A cozinha constitui-se como um imenso laboratório que nos interroga sobre como e de onde interpelamos o mundo, na procura de ligações epistemológicas e estéticas. A preparação de alimentos, o ato de cozinhar, combina conhecimentos e práticas mutuamente inteligíveis para diferentes sociedades, grupos identitários. O sabor, as texturas e as sequências de pratos são fundamentais para recuperar a história, a geografia e outros saberes partilhados dentro e entre culturas. Neste sentido a cozinha detém um potencial imenso para ampliar a ecologia de saberes, a partir dos desafios colocados pelas críticas pós-coloniais e das Epistemologias do Sul, como este texto procura debater.
103La cuisine constitue un immense laboratoire qui nous interroge sur la forme dont nous interpellons le monde et à quel niveau, lors de recherche de liens épistémologiques et esthétiques. La préparation d’aliments et l’acte de cuisiner combine des connaissances et des pratiques intelligibles mutuellement par différentes sociétés et groupes identitaires. La saveur, les textures et les séquences de plats sont fondamentales pour rétablir l’histoire, la géographie et d’autres savoirs partagés à l’intérieur et entre les cultures. En ce sens, elle a un immense potentiel pour augmenter l’écologie de savoirs, à partir des défis établis par les critiques post-coloniales et les épistémologies du sud, dont ce texte cherche à débattre.
104L’article « Amplifier les épistémologies du sud : verbaliser les saveurs et révéler les luttes » de Maria Paula Meneses aborde la nécessité de changement dans les projets épistémiques au XXIe siècle, soulignant l’épuisement du modèle intellectuel et politique global prédominant. L’auteure discute de la relation entre le colonialisme et la colonisation épistémique, soulignant l’importance de reconnaître et de valoriser les connaissances des peuples colonisés. À partir des expériences de lutte au Mozambique, Meneses explore le potentiel épistémique des connaissances alimentaires et l’importance d’élargir la construction contemporaine des connaissances. Elle souligne la nécessité de surmonter les différences abyssales et de construire des épistémologies qui respectent la diversité, évitant les visions superficielles et acritiques. L’auteure analyse également le rôle de la cuisine comme un champ de production de connaissances et souligne l’importance culturelle et sociale de l’alimentation au Mozambique et dans d’autres régions du monde.
105Maria Paula Meneses, « Para ampliar as Epistemologias do Sul : verbalizando sabores e revelando lutas », Configurações [Online], 12 | 2013, posto online no dia 09 Outubro 2014, consultado o 31 Dezembro 2014. URL : http://configuracoes.revues.org/1948
106Muito do que sabemos sobre o Sul global, espaço de violentos encontros coloniais, reflete ainda representações de matriz eurocêntrica. A persistência destas representações resulta particularmente visível na contínua afirmação de uma hierarquia de saberes, apoiada em instituições, vocabulário, saberes, imagens, doutrinas. Esse posicionamento teórico e metodológico, marcadamente monocultural, é a afirmação de uma única ontologia, de uma epistemologia, de uma ética, de um pensamento único, cujos processos de universalização importa estudar. É possível uma reflexão mais ampla, com base em outros posicionamentos epistêmicos ? O Sul global, na sua imensa diversidade, assume-se hoje como um vasto campo de inovação econômica, social, cultural e política, um espaço de diálogo entre os saberes locais e os saberes de natureza universal, como este artigo discute.
107Une grande partie de ce que nous savons du Sud Global, un espace de rencontres coloniales violentes, reflète encore des représentations d’une matrice eurocentrique. La persistance de ces représentations est particulièrement visible dans l’affirmation continue d’une hiérarchie des savoirs, soutenue par des institutions, du vocabulaire, des connaissances, des images, des doctrines. Ce positionnement théorique et méthodologique, nettement monoculturel, est l’affirmation d’une ontologie unique, d’une épistémologie, d’une éthique, d’une pensée unique, dont les processus d’universalisation sont importants à étudier. Une réflexion plus large est-elle possible, basée sur d’autres positions épistémiques ? Le Sud, dans son immense diversité, est aujourd’hui un vaste champ d’innovation économique, sociale, culturelle et politique, un espace de dialogue entre les savoirs locaux et les savoirs à caractère universel, comme le montre cet article.
108L’article de Maria Paula Meneses (2014), discute de la nécessité d’élargir les dialogues de savoirs dans le Sud Global, qui a historiquement été dominé par des représentations eurocentristes. La persistance d’une hiérarchie des connaissances qui renforce la vision monoculturelle et hégémonique du monde, limitant la diversité épistémique, est soulignée. Le texte propose une réflexion sur la possibilité d’adopter d’autres positions épistémiques, promouvant un dialogue horizontal entre les savoirs locaux et les savoirs qui se présentent comme universels. De plus, il aborde l’importance de valoriser les savoirs qui ont résisté à l’intervention capitaliste-coloniale et souligne la nécessité de construire une société plus démocratique et participative.
109Meneses, Maria Paula (2014), "Diálogos de saberes, debates de poderes : possibilidades metodológicas para ampliar diálogos no Sul global", Em Aberto, 27, 91, 90-110 Diálogos de saberes, debates de poderes : possibilidades metodológicas para ampliar diálogos no Sul global | Estudo Geral (uc.pt)
110Este artigo procura, a partir de uma análise multidisciplinar, problematizar os sentidos da descolonização a partir do estudo da produção de conhecimento em Moçambique, à luz das epistemologias do Sul, conceito avançado por Boaventura de Sousa Santos. O texto problematiza a dimensão epistêmica do colonialismo moderno, mostrando como a imagem predominante do continente africano, parte do Sul global, é ainda reflexo de representações forjadas no centro de um saber de matriz eurocêntrica, que reforçam a permanência das perspectivas do Norte sobre o Sul. Como o artigo discute, descolonizar o conhecimento passa por uma revisão crítica de conceitos centrais, como o espaço e o tempo, hegemonicamente definidos pela racionalidade moderna – estrutura de saber que legitima a expansão do projeto civilizacional moderno ocidental no mundo. No campo ontológico, a descolonização passa pela renegociação das definições do ser e dos seus sentidos, aliando a democratização à descolonização. Esse desafio cognitivo contesta o privilégio epistêmico do Norte global, abrindo o mundo a outros saberes, narrativas e lutas, contadas a múltiplas vozes.
111Cet article cherche, à partir d’une analyse pluridisciplinaire, à problématiser les significations de la décolonisation à partir de l’étude de la production de connaissances au Mozambique, à la lumière des épistémologies du sud, concept avancé par Boaventura de Sousa Santos. Le texte problématise la dimension épistémique du colonialisme moderne, montrant comment l’image prédominante du continent africain, faisant partie du Sud Global, est encore le reflet de représentations forgées au centre d’une connaissance de la matrice eurocentrique, qui renforcent la permanence des perspectives du Nord sur le Sud. Comme l’article l’explique, la décolonisation de la connaissance implique un examen critique des concepts centraux, tels que l’espace et le temps, définis hégémoniquement par la rationalité moderne – une structure de connaissance qui légitime l’expansion du projet civilisationnel occidental moderne dans le monde. Dans le champ ontologique, la décolonisation implique la renégociation des définitions de l’être et de ses significations, combinant démocratisation et décolonisation. Ce défi cognitif conteste le privilège épistémique du Nord, ouvrant le monde à d’autres connaissances, récits et luttes, racontés à plusieurs voix.
112Cet article (2018) examine les significations de la décolonisation à travers une analyse multidisciplinaire de la production de connaissances au Mozambique, en utilisant le cadre des épistémologies du Sud de Boaventura de Sousa Santos. Il met en lumière la dimension épistémique du colonialisme moderne, soulignant comment les connaissances eurocentristes continuent de façonner les perspectives du continent africain au sein du Sud Global. L’article soutient que la décolonisation des connaissances implique de revoir de manière critique des concepts fondamentaux comme l’espace et le temps, en remettant en question les définitions hégémoniques imposées par la rationalité moderne occidentale. Le texte souligne l’importance de s’engager avec de multiples voix et perspectives pour contrer le privilège épistémique du Nord global, en soulignant l’importance d’embrasser des épistémologies diverses et de remettre en question les structures de pouvoir existantes dans la production de savoirs.
113Meneses, Maria Paula (2018), Os sentidos da descolonização : uma análise a partir de Moçambique, in Maria Paula Meneses ; Karina Bidaseca (org.), Epistemolgías del Sur. Buenos Aires : CLACSO ; CDS, 63-84 Os sentidos da descolonização : uma análise a partir de Moçambique | Estudo Geral (uc.pt)
114En intégrant les concepts et les approches dans la recherche et la production de connaissances décrits dans les différents textes fondateurs, les épistémologies du Sud visent à promouvoir une conception plurielle, inclusive et émancipatrice des épistémologies qui contribuent à une transformation sociale et politique en faveur de la justice cognitive et de la diversité épistémique. En mettant en lumière la richesse et la diversité des savoirs locaux et des perspectives alternatives, les épistémologies du Sud contribuent à une vision plus inclusive et pluraliste de la production et la co-production du savoirs de permettant ainsi une meilleure compréhension et une transformation des rapports de pouvoir et de domination en faveur du dialogue interculturel et de la co-construction des savoirs à partir de la multiplicité des perspectives.
115Ces textes qui peuvent être considérés comme des pièces qui fondent la perspective des épistémologies du Sud jouent un rôle crucial dans la recherche en offrant une perspective alternative et critique aux paradigmes dominants issus des contextes occidentaux. Leur importance réside dans plusieurs aspects et concepts clés, comme par exemple, la décolonisation de savoirs, qui met en question les structures de pouvoir et les hiérarchies de savoir qui ont historiquement marginalisé les connaissances et les perspectives des régions non occidentales. Les différents textes montrent comme les épistémologies du Sud visent à décoloniser le savoir en reconnaissant et en valorisant les multiples formes de savoirs locaux et autochtones. Les auteurs et autrices proposent un pluralisme épistémologique en reconnaissant la diversité des approches et des savoirs qui existent à travers le monde. Cela enrichit la recherche en permettant une plus grande variété de perspectives et en favorisant le dialogue interculturel (Dacheux, 2017).
116Ainsi, ils valorisent les connaissances ancrées dans les contextes culturels et environnementaux spécifiques, mettant en lumière les savoirs locaux et autochtones, souvent ignorés ou marginalisés dans les discours académiques dominants.
117Finalement, ces textes sur les Épistémologies du Sud, encouragent et promeuvent l’innovation, la créativité et l’engament social. Tout en proposant de nouvelles manières de penser et d’aborder les questions de recherche. Ils stimulent la réflexion critique et la remise en question des cadres conceptuels établis (Sousa Santos, Arriscado Nunes & Meneses, 2022). De cette façon, les épistémologies du sud peuvent être associées à un engagement social et politique en faveur de la justice sociale et cognitive, de l’égalité et de la transformation des structures inéquitables qui contribuent à la construction d’un monde plus juste et inclusif et qui sous-tendent la co-production et la co-création des savoirs.