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Notes de lecture
Technologies de l’information et de la communication

Yann Bertacchini, Intelligence territoriale - volet 2 - Mesurer la distance, penser la durée, mémoriser le virtuel

Toulon, Presses technologiques, coll. Les ETIC, 2004, 275 p.
Marie-Michèle Venturini
p. 522-524
Référence(s) :

Yann Bertacchini, Intelligence territoriale - volet 2 - Mesurer la distance, penser la durée, mémoriser le virtue, Toulon, Presses technologiques, coll. Les ETIC, 2004, 275 p.

Texte intégral

1Structuré en trois chapitres, cet ouvrage fait suite à Territoire & territorialités, publié en 2002 par le même auteur. Dans le premier chapitre, Yann Bertacchini présente le cadre général, la problématique et une introduction au débat qu’il souhaite mener. Dans le second – « Vers un nouveau paradigme » – il présente le cadre méthodologique et la démarche. Dans le troisième, il définit le processus d’articulation entre territoires physique et virtuel et caractérise l’intelligence territoriale.

2Selon l’auteur, même si les Technologies de l’information et de la communication (TIC) favorisent l’échange d’informations, la communication et la participation aux projets de territoires, elles se doivent de se transformer en échange participatif et intelligence collective pour aboutir à l’intelligence territoriale. Yann Bertacchini met en avant les avantages des TIC et précise que ces dernières sont un des acteurs essentiels du développement territorial. En effet, si elles permettent la diffusion et le partage de l’information, il semble qu’aujourd’hui, leur intérêt se situe davantage dans le champ de la communication. De ce point de vue, la concertation territoriale est une notion importante. Elle a pour objectif de régler les conflits éventuels dus à la gestion des ressources, et vise le consensus et la coordination des actions à mener. Yann Bertacchini la distingue de la « politique territoriale concertée ». La première est un processus de mise en commun d’objectifs que le groupe – qui a en charge l’aménagement – doit partager et faire sien. La seconde est l’aboutissement de cette réflexion et engage les acteurs dans une démarche de coordination, à partir de la rationalisation d’une vision du monde, appliquée au territoire. Ce processus associe les acteurs et les transforme en un acteur collectif. La pratique de la veille participe de cette politique concertée, mais elle est introduite en amont.

3La concertation territoriale est donc préalable à une politique concertée. Elle a pour but de trouver un accord sur une représentation territoriale et une reconnaissance explicite de la légitimité des acteurs qui ont le pouvoir d’agir sur elle. De ce point de vue, l’auteur définit les enjeux de la concertation en indiquant que les acteurs peuvent ou bien s’affronter pour affirmer des différences, ou bien rechercher le consensus pour garantir le partenariat. Quel que soit le cas de figure, la mise en commun d’objectifs engage les acteurs dans une action de coordination territoriale. Celle-ci s’appuie sur la définition des rôles et de la crédibilité des acteurs concernés, la clarification, l’approbation et l’appropriation des objectifs recherchés par les groupes, mais également sur l’accord des moyens à mettre en œuvre. Cependant, pour que cette concertation soit réellement efficace et puisse s’établir, il est important de créer un espace de communication, physique et virtuel, afin de former un capital relationnel. Pour cela, l’auteur s’appuie sur la définition de la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) : « Le développement territorial est une organisation à construire par de l’information en reliant des acteurs publics et privés, engagés dans une dynamique de projet sur un territoire » (Cultiver le développement industriel, Paris, Entreprises, Territoires, Développement, 1997, p. 172).

4En outre, Yann Bertacchini présente les hypothèses qui traduisent le processus de transformation d’un territoire en territorialité. Pour un acteur, les éléments du territoire font intervenir trois dimensions d’appréciation : physique, pour ce qui est de la matérialité des objets territoriaux ; cognitive, pour leur dénomination et les interprétations des événements ; normative et symbolique pour ce qui caractérise les objets virtuels. Selon l’auteur, ces trois dimensions forment l’essence du phénomène informationnel, à savoir la territorialité. En somme, la territorialité serait une empreinte formée par l’acteur dans ces trois dimensions et qui permettent de distinguer les objets territoriaux spécifiques du territoire, de les identifier, de les caractériser et, éventuellement, de les associer dans un univers normatif pour permettre la création de règles. Ainsi peut-on qualifier la territorialité comme un processus capable de faire sens à partir de l’espace composé par les objets territoriaux.

5Mais, selon l’auteur, ce processus appelle un nouveau système de relations partenariales, de mobilisation des ressources, d’intelligence collective et de veille. Cette territorialisation implique la mise en réseau qui permettrait le partage des connaissances et des expertises. De ce fait, l’étude s’oriente vers une intelligence territoriale, à savoir « un processus informationnel et anthropologique, régulier et continu, initié par des acteurs locaux physiquement présents et/ou distants qui s’approprient les ressources d’un espace en mobilisant, puis en transformant l’énergie du système territorial en capacité de projet. De ce fait, l’intelligence territoriale peut être assimilée à la territorialité qui résulte de phénomènes d’appropriation des ressources d’un territoire, puis aux transferts des compétences entre des catégories d’acteurs locaux de cultures différentes. L’objectif de cette démarche est de veiller […] à doter l’échelon territorial ? ? ? à développer ce que nous avons nommé le capital formel territorial » (p. 245).

6Du point de vue des sciences de l’information et de la communication, ce processus informationnel suppose la conjonction de trois hypothèses : l’énergie, sachant que les acteurs se mobilisent en vue d’échanger de l’information ; l’information, car ils accordent de l’importance à l’information reçue ; le projet, puisque le processus de communication ainsi mis en place, les acteurs établissent les réseaux correspondant à leurs besoins et, de ce fait, transfèrent leurs compétences. Pour l’auteur, l’intelligence territoriale se construit également autour de deux axes fondamentaux : l’axe latéral qui concerne le territoire physique et dont l’objectif est de mesurer le réservoir de potentiel d’action local, et l’axe vertical qui organise les liaisons entre le territoire physique et ses représentations virtuelles. L’intelligence territoriale associe donc information et processus de communication, mais elle ne peut se résoudre à une action de veille territoriale. En effet, la création de contenus territoriaux relève des processus de communication. Ces contenus peuvent dépendre de pratiques institutionnelles, économiques ou citoyennes, comme par exemple la formation des élus, les fonctions des territoires ruraux, la valorisation culturelle et patrimoniale… En somme, il s’agit essentiellement de la formation et de la participation des acteurs locaux par la création d’une richesse collective et le partage des savoirs. Enfin, Yann Bertacchini défend l’idée que l’intelligence territoriale ne se réduit pas à l’intelligence économique puisqu’elle conjugue information et anthropologie. Elle se propose donc de créer une dynamique d’intercommunication locale. En ce sens, elle est moins un programme de planification qu’un processus qui consiste à repérer les compétences d’un territoire et à organiser leur transfert d’une catégorie d’acteurs vers une autre catégorie.

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Pour citer cet article

Référence papier

Marie-Michèle Venturini, « Yann Bertacchini, Intelligence territoriale - volet 2 - Mesurer la distance, penser la durée, mémoriser le virtuel »Questions de communication, 8 | 2005, 522-524.

Référence électronique

Marie-Michèle Venturini, « Yann Bertacchini, Intelligence territoriale - volet 2 - Mesurer la distance, penser la durée, mémoriser le virtuel »Questions de communication [En ligne], 8 | 2005, mis en ligne le 29 mai 2005, consulté le 19 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/questionsdecommunication/5986 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/questionsdecommunication.5986

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Auteur

Marie-Michèle Venturini

Université de Corse-Pascal Paoli Laboratoire I3M
mmpv@tiscali.fr

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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