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L’acceptabilité sociale, une doxa ? Évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Is social acceptability a doxa? Let’s not throw the baby out with the bathwater.
Corinne Gendron, Stéphanie Yates et Alice Friser
p. 207-220

Résumés

Résumé : L’acceptabilité sociale reste une expression controversée car elle a longtemps été utilisée par les promoteurs pour désigner des stratégies communicationnelles visant à éviter ou à réduire la controverse autour de certains projets. Pourtant, comme d’autres expressions avant elle, le sens que lui donnent les acteurs sociaux a évolué au fil des ans au point que l’expression peut être envisagée comme le lieu d’un véritable travail social concernant les conditions de légitimité des projets. En parallèle, des chercheurs se sont penchés sur les facteurs permettant d’expliquer l’attitude des populations à l’égard des projets ou des décisions publics, ouvrant la voie à une véritable théorisation de l’acceptabilité sociale, qui s’inscrit dans la perspective d’une démocratie plus participative. L’invocation de l’acceptabilité sociale à l’occasion de la pandémie peut être analysée comme discours, mais ne doit jamais se confondre avec l’analyse que peut en faire le chercheur sous le prisme du concept d’acceptabilité sociale. Au Québec, bien que l’expression ait été peu utilisée par les pouvoirs publics, l’anticipation d’une adhésion des populations aux mesures sanitaires fut un élément déterminant du niveau de restrictions imposé, ce qui s’explique aisément : sans acceptabilité sociale, les mesures n’auraient pas été respectées et seraient donc devenues inopérantes. Il s’agissait donc d’une condition première de leur effectivité.

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Texte intégral

1Dans son article, Caroline Ollivier-Yaniv (2023) critique la doxa de l’« acceptabilité sociale », mobilisée dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. L’autrice dénonce son idéologie paternaliste et son instrumentalisation des sciences sociales ; l’acceptabilité sociale serait ancrée dans le modèle du déficit, en colportant l’image d’un public indifférencié ignorant, et serait contraire à une approche participative respectueuse des populations et de leurs savoirs. En réponse à cette critique, nous arguons que, comme d’autres avant elle, l’expression « acceptabilité sociale » ne se résume pas aux discours des acteurs sociaux qui s’en emparent et ne peut être confondue avec les pratiques qu’elle accompagne. Or, la critique que développe C. Ollivier-Yaniv à propos de l’expression « acceptabilité sociale » concerne bien davantage la gestion de la crise à l’occasion de laquelle elle a été invoquée que l’expression elle-même, qu’elle qualifie de doxa sans vraiment en faire une exégèse en bonne et due forme.

  • 1 Les versions successives du guide du Conseil Patronal de l’Environnement du Québec – organisme qui (...)

2D’une part, loin de ses acceptions de départ en termes de stratégie de relations publiques et même de manipulation des publics, l’acceptabilité sociale traduit aujourd’hui un véritable souci des besoins et des préoccupations des populations1. En effet, au fil des ans, l’acceptabilité sociale comme catégorie sémantique a été le lieu d’un authentique travail social que le chercheur a pour tâche d’analyser. D’autre part, l’expression a été travaillée comme concept par plusieurs équipes de recherche, notamment en Amérique du Nord et plus récemment en Europe. Ces travaux ont donné corps à une théorisation des oppositions mais aussi des compromis sociaux que chapeaute le concept d’acceptabilité sociale. Loin de se résumer aux slogans brandis par les acteurs dans le cadre de débats sociaux, l’acceptabilité sociale constitue aujourd'hui un concept théorique fécond pour penser les dynamiques sociales entourant les décisions publiques ainsi que les grands projets.

L’acceptabilité sociale comme doxa

3Le texte de C. Ollivier-Yaniv (2023) s’intéresse avant tout à l’acceptabilité sociale comme « marqueur discursif » dans le cadre de la crise sanitaire et donc comme langage de l’acteur, ici institutionnel. Mais c’est en tant qu’expression porteuse d’idéologies qu’il critique en l'accollant à des méthodes et à des perspectives de la gestion publique que l’autrice juge problématiques. Ainsi, selon C. Ollivier-Yaniv, (ibid. : 197) « le recours à l’“acceptabilité sociale” apparaît comme la manifestation d’un ethos, politique ou expert, déniant le libre arbitre et la responsabilité des individus en société en matière de santé, mais aussi leur capacité réflexive, critique et délibérative en tant que citoyens ». Il serait aussi « significatif de la place accordée aux sciences de la société, souvent désignées par les formules globalisantes de “sciences humaines et sociales” (SHS) auxquelles on assigne une fonction instrumentale d’aide à la décision et à la production de l’“acceptabilité sociale” des décisions » (ibidem). L’autrice associe la rémanence de l’acceptabilité sociale à une verbalisation au sens coercitif et tangible, qui s’oppose à une verbalisation au sens langagier et immatériel et à la concertation (ibid. : 198). Ainsi, l’usage de cette expression empreinte de paternalisme correspond-il, selon l’autrice, à un manque de considération à l’égard de ceux qu’elle désigne. Elle réduit la population à un public et à une opinion qu’il s’agit de mesurer, tout en mettant en évidence l’ignorance et l’irrationalité de ces publics qu’il s’agit d’éduquer (ibid. : 200-201). Alors qu’elle rime avec défiance et instrumentalisation via une rhétorique de l’urgence, l’acceptabilité sociale en devient une catégorie surplombante et autoritaire qui fait fi des risques sanitaires et démocratiques majeurs (ibid. : 207-208). Bref, selon l’autrice, l’acceptabilité sociale s’inscrit dans un paradigme comportemental individuant et désocialisant, qui relève d’une conception fonctionnaliste et utilitariste des SHS (ibid. : 207).

4Pour mieux comprendre le sens de l’expression « acceptabilité sociale » mobilisée dans le texte, il a fallu consulter ce qui semble servir de référence centrale à l’autrice : l’entrée « Acceptabilité sociale » du Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique proposée par Patrick Chaskiel (2018). Cette notice retrace avec justesse les origines américaines du concept académique (Schindler et Brunson, 2004) et expose ensuite comment l’expression a pu être mobilisée à l’occasion de débats sociaux sur l’environnement ou plus largement, de controverses socio-techniques. Toutefois, au fil du texte, l’auteur glisse du concept, à la notion, puis à l’idéologie, sans clarifier la nature différenciée de l’expression lorsqu’elle est scandée par des acteurs sociaux, ou construite comme concept analytique par des chercheurs. Si bien qu’il attribue à la « notion » une idéologie particulière, en contradiction avec les fondements théoriques de base des travaux académiques qui ont cherché à en développer la version conceptuelle.

L’acceptabilité sociale comme concept analytique

5Qu’il s’agisse des travaux de Mark W. Brunson (1993), Carol Saucier (et al., 2009), Marie-José Fortin et Yann Fournis (2014), Corinne Gendron (2014), Alice Friser (et al., 2022) ou Stéphanie Yates (et al., 2023), le concept d’acceptabilité sociale ne repose pas sur la perspective d’un public indifférencié et fait droit au contraire aux jeux d’échelle et à la structuration des mouvements sociaux dans et hors du cadre institutionnel (Gendron et Yates, 2021). Les chercheurs qui se réclament de ce concept ont maintes fois réitéré que l’acceptabilité sociale ne peut être canalisée via des référendums ou calculée par sondage, car elle résulte d’une dynamique sociale à travers laquelle se forge une opinion partagée à propos d’une décision publique. L’horizon d’une co-construction qu’évoquent ces chercheurs, à commencer par le partage du diagnostic de départ, est aussi à l’opposé de l’idée d’un système entièrement « maître du jeu » évoqué par P. Chaskiel (2018). Enfin, les travaux académiques sur l’acceptabilité sociale n’opposent pas « grand public » et expertise : au contraire, ils situent cette dernière, et la science plus généralement, dans une dynamique sociale susceptible de les instrumentaliser et de les politiser, tout en reconnaissant qu’au sein du public se structure une science non institutionnelle, mettant au défi les structures conventionnelles (Gendron, 2016).

6La richesse des travaux académiques sur l’acceptabilité sociale est bien reflétée dans plusieurs publications récentes (Alcantara et al., 2023 ; Boissonade et al., 2016). Reconnaissant que l’expression peut susciter l’embarras, la revue VertigO a fait le pari d’une mise à l’épreuve du concept dans deux livraisons spéciales publiées en 2015 et en 2016. Les textes qui y sont rassemblés illustrent le potentiel heuristique du concept d’acceptabilité sociale, pour peu qu’on le distingue du sens courant que les acteurs sociaux lui ont prêté au fil des ans. En effet, il ne saurait y avoir de juste appréciation du concept d’acceptabilité sociale sans distinction avec l’expression mobilisée par les acteurs sociaux : le langage de l’analyse n’est jamais celui de l’acteur, même si le langage de l’acteur doit toujours être pris en compte dans l’analyse (Touraine, 2003 : 116-117, 124). C’est ainsi que, dans toute démarche de recherche, même les termes les plus courants requièrent d’être déconstruits afin que l’analyse puisse mettre au jour les dynamiques sociales et leurs déterminants. Émile Durkheim (1894) invite à rompre avec les pré-notions afin de s’engager dans l’analyse tandis que Denise Jodelet (1989) précise comment les représentations sociales sont à la fois construites et agissantes. Considérant cela, le langage des acteurs sociaux apparaît comme un objet d’analyse distinct du concept à partir duquel le chercheur souhaitera comprendre une réalité sociale.

  • 2 À l’époque de la crise, plusieurs journalistes se sont d’ailleurs donné la mission d’en éclairer l (...)

7Une étude de l’épisode sanitaire s’intéressant à l’acceptabilité sociale doit donc choisir entre analyser les usages de l’expression dans le discours des différents acteurs – incluant leur contexte et les intentions qui l’accompagnent – et observer les dynamiques de contestation ou d’acceptation des mesures sanitaires à partir du concept d’acceptabilité sociale tel qu’il a été construit dans le champ académique. L’analyse proposée par C. Ollivier-Yaniv oscille entre les deux postures, sans s’engager résolument dans une compréhension approfondie des dynamiques à l’œuvre lorsque les acteurs institutionnels invoquent une « acceptabilité sociale » demeurée floue dans l’espace public2. Cherchant à mettre à l’épreuve le concept – selon les propos de Jérôme Boissonade (et al., 2016) – pour analyser la crise sanitaire, nous proposons ci-dessous de synthétiser le concept d’acceptabilité sociale tel que nous l’avons défini dans une série de textes et esquissons ensuite une lecture de la crise sanitaire au Québec à la lumière de ce concept.

Une théorie de l’acceptabilité sociale

  • 3 Nimby : « not in my backyard ; pas dans ma cour » ; Banana : « Build Absolutely Nothing Anywhere N (...)

8Le concept d’acceptabilité sociale tel qu’il a été structuré par des équipes de recherche successives est résolument ancré dans les transformations de la démocratie dépeintes par Pierre Rosanvallon (2008). Longtemps réduites à des contestations irrationnelles ou égoïstes des citoyens raillées par les acronymes Nimby et Banana3, ces contestations témoignent pourtant d’une volonté de participation à la chose publique en fonction de leurs valeurs ainsi que de leur évaluation des enjeux sociaux et économiques. Comme en témoignent les nombreux projets débattus dans l’arène publique, les citoyens cherchent à participer à la vie politique et à influencer les décisions publiques en dehors des rendez-vous électoraux. Plus éduqués et mieux informés, ils sont conscients des avantages et des inconvénients des décisions publiques et peuvent en évaluer la pertinence, si nécessaire avec l’aide d’une contre-expertise crédible. Porteurs de connaissances issues de leur expérience concrète d’un territoire, leur participation au processus décisionnel peut aussi améliorer une décision en la rendant plus adaptée à son environnement.

9Le concept d’acceptabilité sociale reflète ces nouvelles dynamiques sociales entre les décideurs et la population à propos des projets et des décisions de nature publique, c’est-à-dire susceptibles d’impacter une large population. Il vise à comprendre pourquoi, et dans quelles circonstances, des décisions ou des projets suscitent la méfiance au point de nourrir une opposition paralysante. Dans la foulée des écrits de C. Gendron (2014 : 14), nous définissons l’acceptabilité sociale comme « l’assentiment de la population à un projet ou une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, y compris le statu quo ». Cette définition permet de comprendre l’attitude de la population à l’égard de la décision publique, car elle présente l’acceptabilité sociale comme le résultat d’un jugement collectif et dynamique ancré dans des valeurs, en plus de tenir compte des intérêts particuliers.

10Pour résumer, l’acceptabilité est tributaire de l’évaluation que la décision ou le projet sont jugés supérieurs aux alternatives connues, y compris le statu quo. Ce dernier, qui consiste à maintenir l’état actuel des choses, peut s’avérer l’option préférée lorsque les citoyens ne voient pas la nécessité d’une politique ou d’un projet. En d’autres termes, pour qu’une décision soit acceptable, elle doit s’ancrer dans un diagnostic commun du problème qu’elle prétend résoudre, lequel est hautement contextuel. Chaque décision implique des enjeux et des acteurs différents de sorte que ce qui est acceptable dans un endroit peut ne pas l’être dans un autre. L’acceptabilité sociale est une construction collective : il ne s’agit pas de l’agrégation d’opinions d’individus isolés. Les individus ont des liens avec leur famille, leurs amis, leur communauté et leurs collègues de travail, et c’est notamment à travers ces relations qu’ils se forgent une opinion sur une décision ou un projet. Ils peuvent aussi être influencés par l’opinion de figures publiques dont ils partagent la vision et les valeurs. Par ailleurs, les acteurs sociaux doivent construire leur légitimité s’ils souhaitent influencer le débat, qu’ils soient chercheurs, représentants d’organisations non-gouvernementales ou citoyens.

11De plus, l’acceptabilité sociale ne repose pas nécessairement sur un consensus strict de toute la population. Certains acteurs sociaux ne seront peut-être jamais d’accord avec une décision, ce qui a peu d’incidence s’ils ne réussissent pas à convaincre le reste de la population de la pertinence de leur point de vue. Cependant, tant que la controverse polarise la population, on ne peut pas dire qu’une décision est acceptable. La controverse s’estompe lorsque les opposants estiment que la question ne vaut pas l’effort d’une contestation ou lorsqu’ils deviennent une minorité négligeable. L’acceptabilité sociale ne renvoie donc pas qu’à une adhésion formelle : souvent, une politique ne suscite aucune opposition (ou une opposition négligeable), d’où une acceptabilité tacite. Mais cette acceptabilité tacite n’est réelle que si la population est informée de la décision et consciente de ses risques ainsi que de ses coûts. Cela ne requiert pas nécessairement un processus participatif formel, même si un tel processus est utile lorsque les préoccupations et points de vue des citoyens sont inconnus, ou lorsque l’on prévoit que la politique pourrait susciter une opposition. L’acceptabilité dépend alors en partie du respect des procédures décisionnelles, de la confiance dans les processus et, surtout, de celle suscitée par le décideur. Sa réputation et ses interventions passées ont ici toute leur importance, car plusieurs éléments peuvent saper la confiance des citoyens : conflit d’intérêts perçus ou avérés, manque de transparence, manque de reconnaissance de la légitimité des populations et controverses passées.

12Évaluer l’acceptabilité sociale d’une décision est un exercice en continu : elle peut évoluer en fonction des événements et des nouveaux développements rattachés à la décision. De surcroît, certaines décisions initialement acceptées peuvent susciter la controverse si les projets ne sont pas gérés comme prévu. Elles peuvent causer des préjudices ou encore ne pas apporter les bénéfices attendus. Par ailleurs, les valeurs, les attentes sociétales ou le contexte général peuvent changer, affectant directement la pertinence de la politique et l’évaluation que la population en fera. En regard de ces différentes remarques, on peut synthétiser les trajectoires d’acceptabilité sociale à travers quatre grands principes : la faisabilité, la pertinence, l’équité et la confiance.

13Une décision socialement acceptable est perçue comme réalisable et conforme au cadre institutionnel et réglementaire. La pertinence d’une décision concerne son objectif ou sa raison d’être par rapport à un diagnostic partagé et aux effets positifs et négatifs qu’elle est susceptible de générer. Les acteurs sociaux doivent être convaincus que la décision est la meilleure réponse à leurs problèmes et que ses coûts et ses risques en valent la peine. À cette fin, les décideurs doivent comprendre les besoins et les préoccupations générales de la population ainsi que les impacts de la décision sur tous ceux qu’elle pourrait affecter. S’il existe une opposition, il est nécessaire de comprendre l’objet du désaccord, la prépondérance des arguments et, finalement, d’évaluer le degré de mobilisation des acteurs mécontents. Les décideurs doivent être en mesure de construire et, si nécessaire, de co-construire la décision en s’assurant de sa justice pour les populations concernées. Enfin, les décisions acceptables renvoient à des décideurs et à des processus de prise de décision auxquels les gens font confiance. À cette fin, les décideurs doivent agir de manière prévisible et transparente. Établir la confiance nécessite d’être ouvert à la participation et à la cogestion lorsque cela est approprié.

14Cela établi, la définition de l’acceptabilité sociale proposée et ces principes récapitulatifs permettent-ils de jeter un regard pertinent sur la gestion de la crise sanitaire ?

La Covid sous le prisme de l’acceptabilité sociale (au Québec)

15Le cas de la gestion de la pandémie au Québec est emblématique d’une acceptabilité sociale sans participation publique. Malgré une montée des critiques, les mesures sanitaires sont demeurées bien accueillies et largement respectées. Il s’agit donc d’un cas particulièrement intéressant pour qui s’intéresse aux dynamiques d’acceptabilité sociale des politiques publiques.

  • 4 « Alors, si on réussit tout ça, si on est prudents, si on est dociles et si on est disciplinés, on (...)

16Réalisé en janvier 2022, soit près de 2 ans après le début de la pandémie alors que frappait la vague Omicron, un sondage de l’Institut national de la santé publique du Québec montre que pas moins de 62 % des répondants disaient toujours éviter les rassemblements privés et que 91 % d’entre eux portaient toujours un masque dans les lieux publics (Dubé et al., 2022) et ce alors que le Québec avait adopté les mesures parmi les plus sévères d’Amérique du Nord, allant de la fermeture des écoles et des commerces non-essentiels au couvre-feu ainsi qu’à l’arrêt des activités sportives et culturelles. Si cette forte adhésion, voire cette « docilité » des Québécois à l’endroit des mesures sanitaires, comme l’énonçait maladroitement la vice-première ministre au printemps 2020 (Elkouri, 2020), a parfois été expliquée par l’héritage catholique de la province (Poirier, 2020), une analyse sous le prisme de l’acceptabilité sociale, telle que nous la concevons, permet de saisir plus finement les dynamiques qui ont pu contribuer à cet assentiment général4.

  • 5 La CAQ est un parti politique fondé en 2011. Elle a été élue avec 37 % des voix en 2018 alors que (...)
  • 6 Le paternalisme en politique se traduit par une intention affichée d’agir pour le bien d’autrui, d (...)
  • 7 Pour un répertoire des citations les plus marquantes, voir notamment https://www.noovo.info/nouvel (...)

17Il ressort d’abord que, dès le début de la crise en mars 2020, le Premier ministre François Legault s’est imposé comme le leader qui allait guider la population à travers cette pandémie. D’emblée, ses interventions ont été accueillies, écoutées et respectées et ont su inspirer confiance. Il faut dire que le Premier ministre bénéficiait alors d’un fort capital de sympathie, lui qui avait été élu tout juste 15 mois auparavant lors d’un scrutin historique qui voyait son parti, la Coalition Avenir Québec (CAQ)5, prendre le pouvoir pour la première fois, mettant fin au traditionnel bipartisme prévalant dans la province. Dans ce contexte politique proche d’une « lune de miel » et en regard de la grande incertitude à l’aube de cette crise pandémique, son approche authentique, affable, voire paternaliste6, fut rassembleuse. D’ailleurs, celle-ci contrastait avec l’approche de son homologue au niveau fédéral canadien, Justin Trudeau, dont les sorties publiques semblaient, en comparaison, froides et scriptées, ce dernier réalisant ses points de presse dans un cadre plus solennel, debout derrière un podium, et en usant d’une « rhétorique du clip » plutôt que d’une approche conversationnelle (Feireisen, 2020). Le Premier ministre québécois était entouré d’une équipe expérimentée en matière de santé publique, incarnée par la ministre de la Santé, une ancienne gestionnaire du réseau, et le directeur national de la Santé publique, médecin et fonctionnaire ayant été à l’avant-plan lors de la gestion des crises du syndrome respiratoire aigu sévère (2003) et du H1N1 (2009) au Québec. Ce dernier se démarqua d’ailleurs par son approche directe, son sens de l’humour et son discours coloré7.

18Cette équipe rapprochée, qu’on a qualifiée de véritable « triumvirat », a rapidement imposé son rythme dans l’espace médiatique à coup de points de presse quotidiens. Ces derniers étaient structurés de manière similaire d’une journée à l’autre, ce qui a apporté une grande prévisibilité dans un contexte marqué par l’incertitude. Étaient successivement présentées les dernières données statistiques sur la pandémie, les nouvelles mesures à adopter ainsi que les dispositifs de soutien prévus pour différents groupes de la population, le tout se terminant par des remerciements dédiés aux travailleurs du secteur de la santé. Suivait une portion technique destinée à répondre à des questions plus spécifiques des journalistes de manière pédagogique. Les autorités ont mis en avant un discours centré sur des valeurs en phase avec celles de la population, notamment en insistant sur la solidarité et la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables. En ce sens, les mesures annoncées bénéficiaient d’une forte légitimité morale (Suchman, 1995). Au-delà de la personnalité des trois figures publiques associées à la gestion de la pandémie, cette approche à la fois humaine et très structurée a contribué à consolider la confiance de la population envers les décideurs.

  • 8 En Europe, le premier cas de Covid a été détecté en France le 27 janvier 2020 (Spiteri et al., 202 (...)
  • 9 Le 19 mars 2020, l’Italie compte 3 405 morts liés à la Covid-19, soit davantage que la Chine, cell (...)

19L’adhésion aux différentes mesures sanitaires, déployées de manière graduelle, a sans doute été plus facile dans un contexte où le Québec subissait les pics pandémiques avec un certain décalage par rapport à la situation de plusieurs pays européens8. La tournure tragique de la pandémie outre-Atlantique, en Italie par exemple – où les morts se multipliaient de manière exponentielle9 – a permis de concrétiser le potentiel d’aggravation de la situation. Les mesures annoncées semblaient alors d’autant plus pertinentes.

20Au fil de l’évolution de la crise et des apprentissages liés au virus de la Covid, l’à-propos de certaines des mesures fut questionné. L’ambivalence à l’égard du port du masque, non recommandé parce que potentiellement inefficace pour devenir tout à coup obligatoire en juillet 2020, constitue vraisemblablement la première brèche dans l’apparent contrôle de la crise par le gouvernement. Par la suite, plusieurs mesures ont fait l’objet de contestations. Furent critiquées les mesures de distanciation, dont l’usage de panneaux de plexiglas dans les commerces, inefficaces en regard de la contamination par les aérosols (Radio-Canada, 2021). L’annonce d’un couvre-feu sans qu’aucune étude n’ait documenté les effets d’une telle mesure fut ouvertement dénoncée – entre autres par la Ligue des droits et liberté, dénonçant le caractère liberticide de cette mesure (Durand Folco et Pierre, 2021) –, de même que le statut de « commerce essentiel » apparemment arbitraire sur lequel était fondé le droit pour un commerce de rester ouvert au public : la Société des alcools du Québec et la Société québécoise du cannabis purent continuer leurs opérations alors que les bars et restaurants durent fermer leurs portes pour de longues périodes, et ce, à plusieurs reprises. En somme, alors que la crise entrait dans sa phase chronique, le manque de transparence lié à certaines décisions publiques, leur décalage par rapport aux savoirs scientifiques (Cossette et Simard, 2022), le caractère arbitraire de certaines politiques, et enfin, le sentiment d’un manque d’équité dans les règles de confinement ont peu à peu miné la confiance dont les autorités publiques bénéficiaient jusque-là. La prépondérance des épidémiologistes pour décider des mesures à privilégier fut aussi progressivement questionnée au vu des impacts psychologiques, pédagogiques et sociétaux de la gestion sanitaire. Furent par exemple dénoncées les inégalités générées par les mesures de confinement, mettant en lumière les effets de la fermeture des écoles sur les enfants les plus vulnérables (Société royale du Canada, 2021), ou encore ceux du confinement sur les femmes violentées (Conseil du statut de la femme, 2021). En somme, au fur et à mesure que la crise s’éternisait, la justice des mesures devint une préoccupation de plus en plus prégnante. Constatant ces critiques, l’émergence d’une certaine « fatigue pandémique » et le risque que l’adhésion aux mesures ne s’effrite à l’approche de la saison des fêtes de 2020, les autorités avaient adouci les mesures en permettant les rassemblements familiaux d’un maximum de dix personnes. Devant l’accueil très négatif de cette décision par les épidémiologistes, le gouvernement se ravisa, en laissant dans son sillage un sentiment d’improvisation qui tranchait avec la gestion du début de la crise.

21Malgré la montée d’un mouvement anti-mesures sanitaires en contexte québécois, alimenté entre autres par le chef d’un nouveau parti politique (le Parti conservateur du Québec) qui se fit le porte-voix des citoyens sceptiques devant l’approche gouvernementale, l’adhésion aux mesures sanitaires est demeurée très forte dans la province. Les données sur les taux de vaccination sont révélatrices : en 2023, 92 % de la population éligible avait reçu au moins une dose de vaccin et plus de 30 % de la population en avait reçu quatre ou cinq doses (VaccinTrackerQC, 2023). Il faut dire que les autorités gouvernementales ont rapidement discrédité les doutes formulés par ceux qui questionnaient la pertinence du vaccin ou des différents confinements en les taxant de « conspirationnistes » ou de « complotistes » (Rémillard, 2020), une rhétorique largement reprise par les médias (Champagne, 2021) qui se sont fait le relai des autorités politiques, en mettant en sourdine leur rôle critique jusqu’à la sortie de crise (Papineau, 2020).

Conclusion

  • 10 À titre illustratif, 47 personnes sont décédées entre mars et mai 2020 au sein d’un seul centre ho (...)

22Comme on peut le voir, le concept d’acceptabilité sociale peut être pertinent pour analyser l’accueil des mesures sanitaires par la population dans le cadre de la pandémie de Covid-19. L’analyse fait ressortir que l’acceptabilité sociale très large des mesures sanitaires fut nourrie par la grande confiance de la population envers un nouveau gouvernement qui sut convaincre du sérieux avec lequel il gérait la situation. Autrement dit, l’acceptabilité s’est construite autour de la confiance accordée aux autorités publiques pendant la phase aiguë de la crise, à la faveur d’un contexte politique spécialement favorable au gouvernement en place. Même si la pertinence de certaines des mesures adoptées a fini par être questionnée, notamment en regard de leur iniquité, les voix les plus critiques ont été marginalisées, entre autres avec le concours des médias (Lacroix, 2021). Encore aujourd’hui, alors qu’on pourrait croire que l’heure des bilans a sonné, surtout après l’hécatombe survenue dans les centres d’hébergement pour personnes âgées10, les pressions de groupes et de citoyens peinent à imposer une commission d’enquête en bonne et due forme (Chouinard, 2022).

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Bibliographie

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Notes

1 Les versions successives du guide du Conseil Patronal de l’Environnement du Québec – organisme qui représente le milieux des affaires à propos des questions d’environnement et de développement durable – illustrent bien cette évolution, ne serait-ce que par les changements apportés à son titre : le Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets publié en 2012 s’intitule désormais Guide pour des projets socialement acceptables (2022).

2 À l’époque de la crise, plusieurs journalistes se sont d’ailleurs donné la mission d’en éclairer la signification ; (voir Deprieck, 2020 ; Gevin, 2021 ; Perragin, 2021a et 2021b).

3 Nimby : « not in my backyard ; pas dans ma cour » ; Banana : « Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anything ; ne construisez absolument rien, nulle part, à proximité de rien ».

4 « Alors, si on réussit tout ça, si on est prudents, si on est dociles et si on est disciplinés, on va réussir ce plan de réouverture des régions comme on va réussir les autres plans de réouverture de d'autres secteurs du Québec sans relancer la pandémie ». Voir la retranscription officielle du point de presse, accès : https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-59857.html?appelant=MC, (consulté le 7 juin 2024).

5 La CAQ est un parti politique fondé en 2011. Elle a été élue avec 37 % des voix en 2018 alors que les partis traditionnels obtenaient moins de 25 % chacun.

6 Le paternalisme en politique se traduit par une intention affichée d’agir pour le bien d’autrui, de manière à la fois bienveillante et autoritaire (à l’image d’un père de famille) dans le but d’exercer de l’influence, voire un rapport de dépendance (Donegani, 2011). Dans la gestion de la pandémie de Covid-19 au Québec, cette posture du Premier ministre se traduisait entre autres par la référence à « nos enfants » ou à « nos aînés », ou encore par la mise en avant, en début de crise, de la formule rassurante du « ça va bien aller » (Feireisen, 2020).

7 Pour un répertoire des citations les plus marquantes, voir notamment https://www.noovo.info/nouvelle/le-dr-horacio-arruda-en-quelques-citations-marquantes.html, (consulté le 7 juin 2024).

8 En Europe, le premier cas de Covid a été détecté en France le 27 janvier 2020 (Spiteri et al., 2020) ; un mois plus tard, on détectait le premier cas au Québec, soit le 27 février 2020 (Institut national de la santé publique, 2022).

9 Le 19 mars 2020, l’Italie compte 3 405 morts liés à la Covid-19, soit davantage que la Chine, celle-ci comptant, à pareille date, 3 245 morts liés au virus (Agence France presse, 2020).

10 À titre illustratif, 47 personnes sont décédées entre mars et mai 2020 au sein d’un seul centre hospitalier et de soins de longue durée, le CHSLD Herron (Kamel, 2020).

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Pour citer cet article

Référence papier

Corinne Gendron, Stéphanie Yates et Alice Friser, « L’acceptabilité sociale, une doxa ? Évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain. »Questions de communication, 45 | -1, 207-220.

Référence électronique

Corinne Gendron, Stéphanie Yates et Alice Friser, « L’acceptabilité sociale, une doxa ? Évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain. »Questions de communication [En ligne], 45 | 2024, mis en ligne le 22 août 2024, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/questionsdecommunication/35318 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11wxc

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Auteurs

Corinne Gendron

Université du Québec à Montréal, CAN-H3C 3P8 Montréal, Canada

Stéphanie Yates

Université du Québec à Montréal, CAN-H3C 3P8 Montréal, Canada

Alice Friser

Université du Québec en Outaouais, CAN-J8X 3X7 Québec, Canada

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Droits d’auteur

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