1L’article de Lionel Obadia (2021), « Urgence de la recherche, recherche en urgence. Covid-19 et au-delà… » soulève de nombreuses questions sur la gestion de la recherche en France et en Europe. Ma réponse considère la place des sciences humaines et sociales (SHS) et le besoin urgent de les prendre au sérieux. Je démarre à partir de deux constatations issues du texte de L. Obadia (ibid. : 215) qui signale que
« elles [les SHS] étaient supposées (pour l’ensemble des acteurs du financement, les tutelles ministérielles et l’ANR elle-même) investir le champ des phénomènes visiblement considérés comme résiduels, c’est-à-dire les effets des pandémies sur les comportements sociaux et les représentations culturelles. Cette position subsidiaire dans tous les cas, et marginale souvent, n’est pas propre à cette situation : elle caractérise de fait les SHS dans l’ensemble des grands cadres de programmation française, européens et mondiaux (ce qu’une lecture rétrospective de leur place dans le Work Programme de la Commission européenne illustre de manière significative). »
- 1 Les discussions consacrées à présence des SHS dans le programme étaient âpres, la commission insis (...)
2C’est une situation bien connue, et les dangers de la subsidiarité étaient déjà soulevés en 2012 en réponse à la mise en place du programme de recherche de l’Union européenne Horizons 2020 (Williams et Galleron, 2012). Mis à part le peu de fonds alloués aux SHS dans un axe fourre-tout1, et la nature excessivement top-down des appels européens, les opportunités offertes aux SHS étaient maigres. Du côté de l’Agence nationale de la recherche (ANR), bien qu’elle propose des appels génériques, la situation des financements pour les SHS n’est guère mieux.
3Le deuxième point concerne la question même de l’urgence. Selon Bruno Canard, cité par L. Obadia (2021 : 226), « la science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate ». Cette réponse au texte va dans ce sens et soulève la question de l’impréparation permanente dans la structuration des SHS en France, impréparation engendrée entre autres facteurs par le manque d’une culture de l’évaluation, et donc d’une véritable valorisation des SHS qui se trouvent lésées par des visions technocratiques incapables d’aller au-delà d’une vision de la recherche considérée comme utile dans une temporalité de l’immédiat. En tant que chercheur qui s’intéresse à la valorisation et l’évaluation des SHS, ce qui inclut les arts, c’est cet effet sur les SHS que je vais développer, mais dans le moyen et long terme et pas uniquement dans le cadre de la pandémie. Je m’appuie sur mon expérience en tant que président, et maintenant président honoraire, de l’association européenne EvalHum (Research Evaluation, Innovation and Impact Analysis for the Social Sciences and Humanities), dorénavant European Network for Research Evaluation in the Social Sciences and the Humanities2 (ENRESSH) et co-instigateur, avec Ioana Galleron, chercheuse en humanités numériques, de l’action European Cooperation in Science and Technology (Cost) ENRESSH. Après une discussion du mot « urgence » d’un point de vue linguistique et lexicographique, j’aborde le fond de la question via la nature même des SHS, les aspects de la politique de la recherche ainsi que ses impacts rencontrés dans le cadre de l’ENRESSH et des travaux menés en collaboration avec l’association European Alliance for the Social Sciences et Humanities (EASSH). Plus précisément, la question est de savoir si l’urgence pour les SHS françaises n’est pas d’améliorer les leviers propre à une culture d’évaluation des SHS afin de mieux répondre aux besoins de la société au lieu de courir après l’urgence avec la création de commissions pour chaque sujet d’actualité.
4Avant de traiter de la notion d’urgence, il est intéressant de se pencher sur les significations du mot. Chaque discipline a sa propre analyse du phénomène, mais puisque nous parlons du mot en lui-même, les socles à partir desquels le concept est le mieux développé et exprimé sont en linguistique et en lexicographie, deux disciplines des SHS spécifiquement dédiées au langage. Commençons avec les dictionnaires, outils de référence essentiels.
5Dans sa version en ligne3, le dictionnaire Larousse donne quatre sens potentiels du mot « urgence » :
« 1. Caractère de ce qui est urgent, de ce qui ne souffre aucun retard. L’urgence d’une solution à la crise.
2. Nécessité d’agir vite. Des mesures d’urgence.
3. Situation pathologique dans laquelle un diagnostic et un traitement doivent être réalisés très rapidement.
4. Situation qui peut entraîner un préjudice irréparable s’il n’y est porté remède à bref délai et qui permet au juge de prendre certaines mesures par une procédure rapide (référé, assignation à jour fixe) ; la procédure elle-même ».
6Le Petit Robert en ligne4 ne donne que deux sens, ainsi que la locution adverbiale « d’urgence », avec des définitions similaires au Larousse, bien que dans un ordre différent. La première définition de Larousse est assez circulaire puisqu’il s’agit de ce qui est urgent. Quand nous regardons l’adjectif, « urgent » est simplement « dont on doit s’occuper sans retard ». Donc, nous sommes dans l’immédiat d’une situation qui demande une réponse rapide, voire une situation de crise. Pour une vision historique du mot, le Trésor de la langue française informatisé indique que le substantif signifiant une situation inattendue et imprévue n’est devenu courant qu’au milieu du xviiie siècle5. Effectivement, dans les dictionnaires de la fin xviie, nous ne trouvons cet adjectif que pour décrire ce « qui est pressé, qui ne souffre point de délai ou de remise6 » (Furetière, 1701). Nous passons donc d’un adjectif décrivant quelque chose de pressant à une situation de crise qui exige une réponse immédiate et d’envergure. Un dictionnaire ne pouvant que donner un aperçu des potentialités d’un mot, pour voir l’emploi effectif à un moment donné, un corpus de référence peut apporter plus de précisions7.
7Si l’on commence avec « urgent » sous sa forme la plus ancienne, nous trouvons soit « urgent » suivi d’un verbe à l’infinitif (par exemple, « urgent de faire »), soit l’injonction de faire « urgent ! », donc simplement une situation qui ne peut pas attendre. C’est avec la forme nominale « urgence » que les cooccurrences indiquent une situation de crise, une situation imprévue où il est impérieux d’agir très rapidement. L’urgence se trouve en compagnie de mots de la médecine comme « absolue », « médicale », « sanitaire », mais aussi « radiologique » et « sociale ». Au pluriel, c’est le médical qui domine avec « les urgences », l’unité hospitalière chargée précisément des situations médicales qui ne peuvent pas être prévues. On ne prend pas de rendez-vous aux urgences, ou tout du moins, pas encore. Hors monde médical, « urgence radiologique » fait mention des dangers de la production de l’énergie nucléaire et « urgence sociale », de la peur du chômage et ses conséquences. Il s’agit toujours de situations anxiogènes, qui concernent la société et les membres de la société civile en général. Aucune des situations n’est nouvelle, donc la question de la temporalité est de mise. Par conséquent, l’urgence est un domaine privilégié des SHS dans leur ensemble, et les SHS puisqu’en histoire et dans le monde littéraire, les bouleversements de la société sont des thématiques récurrentes.
8Retournons à l’article de L. Obadia (2021) avec les mêmes outils. Ainsi, en regardant ce texte dans un concordancier et en extrayant les mots clés statistiquement et par simple fréquence, le mot qui domine est-il « urgence ». Ce vocable, avec ses 173 occurrences, est le mot plein le plus fréquent, suivi par « recherche » et le champ lexical de « science ». Puisqu’un mot n’a pas de sens sans contexte, ce sont ses combinaisons qui en donnent l’usage. Par ordre de fréquence, nous trouvons les cooccurrences : « urgence scientifique » (7), « urgence climatique » (5), « urgence sanitaire » (4) et « urgence médicale » (3). En contrepartie, le Covid-19, la cause même de la situation d’urgence, ne parait que 23 fois. Par rapport au corpus de référence, la nouveauté est dans l’urgence scientifique, le besoin d’organiser rapidement la recherche et son financement afin de répondre à une situation de crise. La crise se trouve dans les effets du virus, puisque le problème des urgences hospitalières et climatiques existait déjà, mais ne semble toujours pas mériter le statut d’urgence véritable.
- 8 Accès : https://www.ccsd.cnrs.fr/principes-fair/
9Puisqu’une urgence sanitaire a été déclarée, l’article de L. Obadia (ibid.) décrit la réponse de l’ANR à une situation de crise. Les deux définitions du Larousse sont en jeu : le besoin d’agir face à une crise et la nécessité d’aller vite. L’urgence est de répondre rapidement à quelque chose qui n’a pas été prévu, dans ce cas précis, une pandémie provoquée par un virus. Des financements et des programmes spécifiques doivent être mis en place dans une situation inattendue et grave. Ceci est évidemment problématique, puisque les programmes de recherche sont réfléchis dans le temps et des « urgences » ont été modélisées par des réponses aux appels consacrés à la thématique sécurité globale de l’ANR. Dans ce cas, l’urgence est médicale, et donc ce sont surtout les disciplines relevant du biomédical qui sont appelées à la rescousse, bien qu’en même temps, d’autres disciplines peuvent être mobilisées. La question est de savoir si les disciplines concernées ont des moyens et la capacité de répondre, et pas uniquement des moyens financiers, mais aussi la capacité de faire jouer les communautés internationales et d’accéder aux réseaux de savoir par le biais de publications et d’autres ressources, ce qui implique de réfléchir également à la science ouverte avec les exigences du FAIR8 (findable, accessible, interoperable, reusable).
- 9 Accès : https://0-direct-mit-edu.catalogue.libraries.london.ac.uk/qss/article/1/4/1381/96111/Coronavirus-research-before-2020-is-more (...)
10Les situations de crise ne sont pas une nouveauté. Depuis vingt ans maintenant nous sommes face à une crise provoquée par le terrorisme international, et nous sommes depuis février 2022 confrontés à une guerre en Europe suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dans les urgences sanitaires, nous avions déjà vécu le choc du Sida, maladie qui existe depuis les années 1970, mais pour laquelle à ce jour aucun vaccin n’a été trouvé. Les dangers des coronavirus étaient connus avant 2020, mais le danger d’une pandémie n’a pas été pris en considération. Les grands organismes de recherche et les systèmes politiques qui les financent, ont baissé leur garde sur les virus et la vaccination comme remède potentiel9. Il a donc fallu rattraper une situation en urgence, mais aussi avoir le recul nécessaire afin de comprendre la situation et ses effets sur la société. C’est sur cette dernière partie que les SHS jouent un rôle primordial puisqu’il s’agit de leur terrain d’étude. L. Obadia évoque une urgence sanitaire, mais aussi une urgence d’État, cette dernière, en particulier, exige un appel aux SHS, mais ces sciences ne sont pas supposées travailler en urgence, bien qu’elles peuvent essayer d’appréhender comment une société va comprendre, réagir et même accepter les solutions mises en œuvre. Pour que cela soit possible, il est nécessaire de fournir aussi des financements spécifiques, mais également de réfléchir aux conditions pour rendre de telles recherches pérennes.
11La réponse à la question de l’urgence de la reconnaissance de l’importance de la recherche en SHS peut être vue à travers trois optiques : les institutions de recherche publiques et privées, le système universitaire, et le financement de la recherche et de son évaluation. Sur la question d’urgence de la recherche, comme déjà indiqué, L. Obadia (ibid. : 226) cite le commentaire du scientifique Bruno Canard qui se lamente que, pour reprendre le verbe employé : « La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate ». S’il a raison pour les sciences en général, sa remarque est encore plus juste dans les SHS. Répondre à une situation de crise n’est possible que si les moyens humains, matériels et immatériels sont déjà en place et ne sont pas assujettis en permanence à une vision purement technocratique et top-down, ce qui est malheureusement trop souvent le cas de ce qui émane, ou imite, la gestion de financement de la recherche vue de Bruxelles en adoptant le même système de défis et de piliers. La subsidiarité des SHS est notée par L. Obadia (ibid. : 215) qui commente ainsi :
« Cette position subsidiaire dans tous les cas, et marginale souvent, n’est pas propre à cette situation : elle caractérise de fait les SHS dans l’ensemble des grands cadres de programmation français, européens et mondiaux (ce qu’une lecture rétrospective de leur place dans le Work Programme de la Commission européenne illustre de manière significative). ».
12La Commission européenne n’aime pas les appels génériques, et même si ceux-ci prétendent qu’ils sont à l’écoute des chercheurs, nous avons davantage l’impression qu’ils s’écoutent dans une volonté de tout contrôler. C’est pour contrecarrer cette situation lors de la lancée du programme Horizons 2020 que l’association EvalHum est née et que l’action Cost ENRESSH a été proposée afin d’avoir une vision plus large des réalités de la recherche en SHS en Europe grâce à des travaux comparatifs du terrain, avec une série d’études par pays membres de l’action.
13Le besoin d’accroître la visibilité des SHS s’est fait sentir en 2012, quand les organismes de recherche ont constaté le peu de financement qui leur était alloué dans le projet en négociation. Sur suggestion d’un responsable de la British Academy, avec l’appui du recteur de l’Université de Leiden Carel Stolker, et suite à la publication d’une tribune dans la revue Research Europe (Williams & Galleron, 2012), il a été proposé l’organisation d’un événement à la British Academy à Londres. Un groupe de travail de chercheurs en SHS et spécialistes des études des SHS – évaluation, valorisation, impact – s’est mis en place et a créé une association, avec comme mission centrale, la valorisation de l’ensemble des SHS :
- 10 Accès : http://www.evalhum.eu/mission.html.
« Cette association a pour objet de susciter, favoriser et coordonner toutes études et recherches sur l’évaluation de la recherche en sciences humaines et sociales, dans tous ses aspects : représentations de la qualité, études bibliométriques, analyses qualitatives, impact intra- et extra-académique, rôle sociétal, effets et usages des évaluations, etc. Elle se fixe tout particulièrement pour mission de servir, sur le plan international, d’organe d’information et de liaison entre les différents chercheurs, ainsi qu’entre les différents centres ou instituts d’étude de l’évaluation de la recherche, portant un intérêt particulier aux SHS.
Son but est de contribuer à une meilleure connaissance et reconnaissance de la valeur de la recherche en sciences humaines et sociales, par les chercheurs des autres domaines scientifiques, par ses partenaires, comme par la société dans son ensemble.10 ».
- 11 Pour éviter la confusion, je garderai le nom EvalHum pour l’association et ENRESSH pour l’action C (...)
14Fondée sous l’égide de la loi 1901 en 2014, l’association organise des événements (par exemple, le cycle de colloques Research Evaluation in the Social Sciences and Humanités [RESSH]) – et elle est l’instigatrice de l’action Cost ENRESSH11. Avec la fin de l’action Cost en 2019, il a été décidé de fusionner l’association et l’action sous le nom ENRESSH et de se concentrer sur les études plutôt que sur l’action militante en faveur des SHS au sein de l’Europe. Pour celle-ci, elle se poursuivra au sein de l’association EASSH, dont l’ENRESSH est membre.
15Le leitmotiv d’EvalHum et de l’ENRESSH est que l’évaluation de la recherche peut être une action de valorisation de l’ensemble des SHS en instaurant de bonnes pratiques et en étudiant l’impact des disciplines dans toute leur diversité. En s’attaquant à la notion même d’évaluation, certains chercheurs la confondent avec la notion de classement, qui effectivement peut être nocive, et, de fait, écartent les SHS à leur détriment faute d’indicateurs clairs. L’évaluation de la recherche existe et a toujours existé. Pour valoriser les SHS, il faut faire en sorte que les outils d’évaluation soient adaptés ; ce qui signifie que les chercheurs en SHS doivent être acteurs de l’évaluation au lieu de simplement la subir. La qualité ne peut pas être décrétée sans référence à des indicateurs clairs, surtout du fait que la notion de qualité varie d’une discipline à une autre (Ochsner, Hug et Daniel 2013). Il faut donc comprendre l’ensemble des mécanismes en prenant en compte les disciplines et les contextes européens et nationaux.
16Afin d’analyser les objectifs et mécanismes d’évaluation à travers l’Europe, et pour pouvoir comparer avec d’autres continents, l’ENRESSH a été organisé en quatre axes de travail : les cadres conceptuels de l’évaluation, l’impact social, les bases de données et leur emploi, la dissémination. Il ne s’agit donc pas de regarder uniquement les problèmes d’évaluation, mais d’analyser et évaluer l’ensemble du système et, ainsi, d’évaluer les systèmes d’évaluation.
- 12 Accès : https://enressh.eu/working-group-1/objectives/.
- 13 « Les évaluations sont réalisées pour des raisons différentes, dans une variété de buts et sous de (...)
- 14 « Les différences et les similitudes entre les procédures d'évaluation de la recherche en SHS dans (...)
- 15 « Certaines procédures d'évaluation sont bien documentées tandis que pour d'autres, peu de choses (...)
17L’axe 1 a pour objet de comprendre à la fois des systèmes d’évaluation et les attitudes des différents acteurs – gestionnaires, chercheurs en SHS… – vis-à-vis des outils en place12, y compris les notions de qualité, les questions de genre et d’emploi des chercheurs, et du peer review. Parmi les tâches, le groupe analyse les structures juridiques, puisque « evaluations are carried out for different reasons, with a variety of goals and under different legal preconditions »13. De plus, « the differences and similarities between the SSH research evaluation procedures in the participating countries and develops a typology of evaluation procedures in the SSH. A special focus will be put on criteria used in evaluations. »14 On ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable, par conséquent, des profils de chaque pays participant ont été réalisés afin de décrire le cadre légal pour chaque pays pour comparer des réalités au lieu des a priori. Les systèmes d’évaluation sont fortement liés à la structuration de la recherche et le contexte politique. Ainsi est-il impossible de comprendre le Research Excellence Framework (REF) britannique (Research Excellence Framework, 2011), le Strategy Evaluation Protocol (SEP) des Pays-Bas (Association of Universities in the Netherlands et al., 2014), ou le protocole d’évaluation polonais, actuellement sur la sellette (Kość, 2022), sans connaitre l’histoire et l’infrastructure de chaque pays. Le site de l’ENRESSH note que « some evaluation procedures are well documented while for others not much is known to the international scientific community »15. Les systèmes d’évaluation de la Grande-Bretagne et des pays du nord de l’Europe sont très bien documentés avec de nombreuses études sur leur efficacité. L’évaluation en Italie, très disputée par les chercheurs en SHS et notamment par les juristes, a été le sujet de plusieurs études (Bonaccorsi, 2018), mais le développement de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES)/du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcérès) est peu documenté. Le point de vue des chercheurs ne doit pas être écarté,
- 16 « Attitudes et comportement des chercheurs en sciences humaines vis-à-vis de l'évaluation. Afin d' (...)
« SSH scholar’s attitudes towards and behaviour regarding evaluation.In order to prevent negative steering effects, knowledge is needed regarding as to how scholars react to evaluations and how evaluations affect their working behaviour. Knowledge on the scholars’ attitudes towards evaluation on the other hand helps to design evaluation practices that are accepted by the scholars because they reflect their values and relate to their work »16.
18Le recours aux questionnaires et aux focus groups peut apporter des informations sur la perception des chercheurs en SHS (Galleron et Williams, 2016), mais ce travail demande un financement et du temps, et les deux manquent.
19Un autre aspect de l’évaluation, sujet de l’axe 2 de l’ENRESSH, est la notion d’impact social, un facteur clé pour l’obtention d’un financement européen puisque, selon leurs critères, il faut prouver la valeur de la recherche pour la société. L’impact fait partie des critères du REF et du SEP, qui, dans le SEP en cours, déclare que « the societal relevance of the unit’s research in terms of impact, public engagement and uptake of the unit’s research is assessed in economic, social, cultural, educational or any other terms that may be relevant17 » (Association of Universities in the Netherlands et al., 2020). Les travaux constituant le SEP néerlandais sont le fruit d’analyses menées au sein des universités, mais aussi de travaux de recherche effectués par l’Académie royale néerlandaise (KNAW18), et sont par conséquent bien argumentés et en lien avec les ambitions de l’université néerlandaise, mais ne sont pas nécessairement transposables dans d’autres contextes. Pour certains, la pertinence sociétale est un outil essentiel pour sortir les universités de leur tour d’ivoire (van Bergeijk et Johnson, 2014), mais pour d’autres, l’impact social de la recherche est trop souvent réduit à l’impact socio-économique, où ce qui compte est uniquement de voir comment les disciplines peuvent être mises à contribution par les entreprises. Ceci est mis en évidence par l’existence des associations comme University Industry Innovation Network (UIIN)19 et les appels à l’entrepreneuriat au sein de l’université française, processus qui est considéré par certains comme une marchandisation de l’université (Harari-Kermadec, 2019) et comme contraire à la mission de base qu’est l’éducation et le développement d’un esprit critique. Par conséquent, le deuxième axe de l’ENRESSH a une vision plus large de la pertinence sociétale, et donc de la valorisation de la recherche. L’impact est largement qualitatif puisque compter le nombre d’articles dans la presse ou le nombre de visiteurs d’un blog est purement artificiel et, en réalité, n’est que l’ajout d’indicateurs bureaucratiques qui prend le temps des chercheurs. Il est plus intéressant de commencer par les opinions et les aspirations des chercheurs eux-mêmes et les différentes parties prenantes, ce qui a été fait par l’ENRESSH via des rencontres et un questionnaire dont les résultats sont en cours d’étude (Ochsner et Bulaitis, s. d.). Une enquête a aussi été organisée dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, dont les résultats sont également à l’étude.
- 20 « Les bases de données bibliographiques internationales comme Web of Science et Scopus ont une cou (...)
- 21 « Réfléchir à la normalisation et à l'interopérabilité des systèmes actuels d'information sur la r (...)
20Le troisième axe de l’ENRESSH s’intéresse aux bases de données et aux indicateurs associés à la scientométrie. Les bases de données peuvent être liées à l’évaluation ou simplement être des dépôts de publications, comme est le cas de la base française HAL-SHS, ou être une base de suivi comme Ribac, utilisée par le CNRS (Dassa et Sidéra, 2011). Le REF britannique et le SEP néerlandais n’utilisent plus la bibliométrie pour les SHS, plus du tout dans le cas de la SEP, mais d’autres comme le Current Research Information System in Norway (Cristin) en Norvège ou le Flemish Academic Bibliographic Database for the Social Sciences and Humanities (VABB-SHW) en Flandres sont un outil majeur pour la distribution des financements aux universités. D’autres bases, comme le Web of Science (WOS) ou Scopus, sont commerciales et entrent dans de nombreuses études d’évaluation ou de recrutement. Elles sont aux fondements de systèmes de classements. Il y a donc pléthore de bases de données des produits de la recherche et pléthore d’applications. Le rôle de l’axe 3 est d’explorer les modalités des bases dans l’espoir de pouvoir faire la lumière sur de bonnes pratiques. Ainsi le point de départ est-il la constatation que « international bibliographic databases like Web of Science and Scopus are limited in their coverage of SSH research (even if said coverage has been improving in the last decade). Hence, careless use of these databases for evaluation of SSH research is bound to yield misleading results. For similar reasons, SSH research is often underrepresented and underused in, e.g., rankings of universities »20. Afin d’améliorer les bases, et de rendre leurs méthodologies transparentes, l’objectif de l’axe est d’analyser les systèmes d’information afin d’améliorer l’interopérabilité, dans leurs mots, « reflect upon the standardisation and the interoperability of current research information systems (CRIS) dedicated to research outcomes from the social sciences and humanities (SSH)21 ».
21Loin de l’urgence, le travail de l’ENRESSH est d’analyser les systèmes d’évaluation et de proposer des améliorations en comparant les systèmes d’évaluation et les politiques de recherche dans les pays européens. En effet, les variations sont importantes avec une grande différence d’approche entre des systèmes formels comme le REF Britannique, qui sont liés aux financements importants, les systèmes bibliométriques et les systèmes lourds et bureaucratiques qui continuent à exister dans les pays européens de l’ex-Union soviétique. Dans tous les cas, les chercheurs ne doivent pas être obligés de s’adapter au système plutôt que de voir des systèmes adaptés au besoin des disciplines. L’urgence est donc de faire en sorte que les spécificités des SHS soient prises en considération, mais cette urgence soulève une autre question : les SHS existent-elles ?
- 22 En termes d’évaluation, la notion des SHS est largement artificielle. Nous le traitons comme un co (...)
22Les statistiques sur la place donnée aux SHS sont le plus souvent trompeuses parce qu’elles donnent l’impression qu’il existe un ensemble homogène au lieu d’un amalgame de disciplines très diverses dans leurs méthodes et attentes. Cet amalgame permet de justifier un taux de financement ou des opportunités de participation aux projets qui sont le plus souvent limités aux domaines de SHS jugés utiles par la commission – notamment l’économie, la sociologie et la science politique (pour la place des SHS dans Horizon 2020, voir Austrian Research Promotion Agency, 2017). L’analyse des bases de données peut révéler des stratégies de publication, même s’il y a de fortes distorsions provoquées par le peu de couverture des domaines des SHS dans des bases comme WOS et Scopus (Van Leeuwen, 2013 ; Sivertsen, 2014). Il y a une rupture assez évidente entre les sciences sociales et les sciences humaines 22, les premières privilégiant des revues internationales avec facteur d’impact, et une forte internationalisation avec une tendance à publier en anglais (Sivertsen, 2016). Ceci renforce leur image de « sciences utiles », et donc leur capacité de trouver des financements. Ainsi est-il urgent de faire en sorte que les indicateurs de performance soient adaptés aux sciences humaines afin de les valoriser, mais aussi faut-il fournir les conditions pour que les sciences humaines puissent remplir les critères pour accéder aux financements, ce qui nous ramène au texte de L. Obadia (2021 : 225) où celui-ci note que,
« à l’exception d’enjeux déjà préalablement identifiés, les grandes orientations de la recherche en SHS, qui sont livrées à l’exercice du “bilan” ou du “rapport”, sont soumises à d’identiques effets conjoncturels ainsi qu’à des contraintes structurelles qui étaient déjà à l’œuvre : massification de l’enseignement et démocratisation de la recherche, pression à la publication, dans un contexte de compétition internationale… et une invite à̀ accélérer le rythme de son internationalisation, de sa restructuration et de son adéquation à une demande sociale encore peu satisfaite (ce qui est l’occasion d’étendre la voilure des secteurs de la recherche). »
23Ces facteurs sont communs à l’ensemble des SHS, mais il reste important de différencier les sciences sociales et les sciences humaines, puisque ces contraintes sont vécues différemment. Il continue en soulignant que « l’urgence s’opère concrètement à plusieurs niveaux : d’une part, celui de l’organisation des cadres institutionnels selon plusieurs modalités agissant conjointement, mais pas concertées ; d’autre part, les lancements d’“alertes” qui constituent une forme de dynamique bottom up et qui sont devenus des leviers actifs de la réorganisation des priorités de la recherche » (ibid.). Autrement dit, en haut, nous avons plusieurs tours d’ivoire qui ne communiquent pas, et les chercheurs en SHS qui ne sont ni consultés et certainement pas écoutés. Le parisianisme règne. Il n’y a pas de politique de recherche claire. L’ANR, dont la gestion de l’évaluation des projets est excellente, ne fait que suivre le modèle de l’Europe, sans prendre en considération la manque de préparation des laboratoires et le manque d’ingénieurs d’études et de recherche. Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) n’a pas de dents et n’a pas d’indicateurs clairs, et pas de base de référence en recherche sur l’évaluation, à la différence de la plupart des autres pays européens. Les chercheurs sont évalués par un conseil national des universités (CNU) sans indicateurs, mais simplement avec des approximations afin de gérer la pénurie. La France était aux abonnés absent et l’analyse de la situation dans le pays n’a pas été possible faute de participation et d’outils d’analyse de la production scientifique. Il y a urgence dans la gestion de la recherche française, et surtout une urgence dans les SHS, les grands oubliés.
24Quelles sont des priorités de la recherche pour les SHS ? Certes, il y a des situations de crise, comme le climat, la santé, la guerre, mais ce sont des événements et l’urgence est réduite à une réaction à ces urgences, immédiate dans le cas du Covid-19, mais loin d’être aussi convaincante pour le climat qui est probablement l’urgence absolue. Pour faire vraiment du bottom up, il faut un état des lieux, et en ce qui concerne les SHS, cela n’a pas été fait. Les piliers et les défis de la Commission européenne sont le fruit d’une réflexion purement technocratique et sont désespérément top-down. Est-il possible, au lieu de réorganiser les priorités, de reprioriser des actions en faveur de la recherche dans les SHS, et surtout dans les sciences humaines, pour qu’ils répondent mieux aux besoins de la société de comprendre à la fois leur passé et leur présent ?
25En se penchant sur les spécificités des SHS, les analyses de l’ENRESSH ont pointé les modalités de la recherche qui peuvent être améliorées. Si nous trouvons des constantes dans les différents pays de l’Europe, les solutions commencent par les politiques nationales. Les spécificités sont souvent traitées comme des faiblesses puisqu’ils ne conforment pas aux normes des sciences. Il est donc urgent de traiter ces spécificités comme des forces.
26Parmi les soi-disant faiblesses des SHS, se trouvent l’individualisme et un certain esprit d’entre-soi. En se fondant sur les sciences dites dures, souvent regroupées sous le vocable de Stem (science, technology, engineering, and mathematics), on dit que les scientifiques travaillent et publient en équipe et que dans les sciences humaines, la recherche est individuelle avec une seule signature sur les publications. Un laboratoire en sciences s’organise autour de projets, en sciences humaines, il est rare d’avoir une homogénéité thématique, surtout dans les petites universités. De plus, les publications avec plusieurs auteurs sont mal vues par certaines disciplines au sein du CNU qui ne valorisent que le travail individuel. Les Current Research Information Systems (Cris) sont utilisés dans de nombreux pays et, bien qu’ils jouent un rôle en évaluation, ils peuvent surtout avoir un rôle de valorisation et de promotion de bonnes pratiques. La recherche individuelle n’est pas un mal, le problème est le danger d’un entre-soi des petits colloques qui empêche de créer les réseaux nécessaires pour une véritable ouverture à l’échelle internationale, et qui empêche aussi de pouvoir former des groupes pouvant prétendre à des financements. De telles pratiques peuvent être partiellement disciplinaires, mais peuvent être aussi provoquées par un manque de financement et un besoin d’adaptation à une recherche fondée et financée sur projet. La recherche sur projet est surtout un modèle anglo-saxon, et, en Grande-Bretagne par exemple, il existe des financements individuels et par équipes mono-institutionnel qui sont spécifiques aux sciences sociales – Economic and Social Research Council (ESRC)23 – et aux sciences humaines – Arts and Humanities Research Council (AHRC)24. En plus d’une grande expérience, le suivi administratif est assuré, ce qui est important puisqu’on ne monte pas un projet seul et que les chercheurs doivent être accompagnés par des ingénieurs formés qui possèdent une expérience pratique, et pas uniquement théorique, du montage de projets. Dans d’autres pays, avec une tradition de financements par projets moindre, les financements individuels proposés au niveau postdoctoral sont un précieux outil de formation. Par exemple, dans le cas de la Lituanie, le Conseil de la recherche de Lituanie25 propose des financements qui sont évalués selon les normes internationales par un panel d’évaluateurs expérimentés internationaux, mais surtout qui, dans leurs évaluations, s’efforcent de fournir des réponses qui peuvent guider les chercheurs à améliorer leurs projets. De cette manière, proposants et évaluateurs lituaniens bénéficient des échanges avec des experts en évaluation et dans leur domaine. Par ailleurs, le format international permet de garder l’anonymat, essentiel dans l’analyse de projets. Pour promouvoir la recherche dans les SHS, il ne suffit donc pas de simplement proposer des financements, il faut aussi une structuration adéquate, des aides au montage de projet et, surtout, des formations de jeunes chercheurs permettant l’apprentissage du montage de projet.
27Le continuum des SHS montre une grande variation entre disciplines dans les modes de publication, mais surtout dans les sciences humaines, et malgré une place de plus importante des articles, les monographies représentent un élément essentiel pour la publication de la recherche. L’urgence est de valoriser ces publications, et pour les revues et les monographies, l’accès ouvert permet de grandes possibilités. Déjà, la base de données European Reference Index for the Humanities (Erih Plus) (Lavik et Sivertsen, 2017) référence davantage de revues savantes dans les SHS que les bases commerciales avec comme critère essentiel d’inclusion l’existence d’un système d’évaluation par les pairs au lieu des facteurs d’impacts imposés par d’autres systèmes. Le même processus peut être appliqué à des monographies (Giménez-Toledo, 2016), ce qui permet de valoriser l’ensemble des productions des SHS.
28À part le fait de publier dans les revues nationales non référencées par les bases commerciales, l’autre question concerne la publication dans les langues autres que l’anglais. Critiquée comme une faiblesse, la diversité est pourtant une richesse, comme l’a déjà souligné l’auteur autrichien Stefan Zweig (2018 [1922] : 34) : « La beauté de l’Europe c’est précisément la diversité de ses nations, la diversité de ses modes de vivre, l’individualisme de ses races et de ses personnalités. »
29Il y a donc aussi un besoin de renforcer le multilinguisme, d’accepter que même si l’utilité d’une lingua franca est évidente, il est important de continuer à publier dans d’autres langues. Comme le souligne Jacques Dubucs (à paraitre), le multilinguisme n’est pas le rejet de l’anglais, ce n’est pas d’imposer une autre langue, c’est d’accepter toutes les langues de la recherche sans nécessairement demander une traduction qui trahira les intentions de l’auteur. En gros, une communauté de recherche qui est multilingue et qui vante le multilinguisme comme une richesse. Cette importance est soulignée par l’initiative d’Helsinki sur le multilinguisme dans la communication savante26 et a été l’objet d’une communication importante signée par plusieurs membres de l’ENRESSH (Kulczycki et al., 2020).
30Le problème est le peu de participation de la France dans des actions comme l’ENRESSH. Les projets Cost sont surtout un regroupement d’individus et pas d’institutions et, dans le cas de l’ENRESSH, le manque de recherche en évaluation et un manque d’intérêt des autorités a rendu la France peu présente jusqu’à ce que le Hcéres organise un colloque pour relancer le débat, une fois l’action Cost terminé (Dubucs, à paraître).
31Les sciences humaines n’ont jamais négligé les situations de crise du passé que ce soit des guerres, des catastrophes naturelles ou sanitaires. Un bon exemple est constitué par les travaux de Thomas Labbé (2017) où il a analysé les catastrophes naturelles au Moyen Âge. En ce qui concerne les désastres sanitaires, de très nombreuses études existent sur la peste à différentes époques, maladie qui a eu des conséquences catastrophiques sur les populations de par le monde avec une mortalité nettement supérieure à la pandémie en cours. L’histoire nous fournit des aperçus essentiels, la littérature également. Ce n’est pas la même maladie, mais les leçons sont là. En littérature, le début de la crise du Covid-19 en France a coïncidé avec les commémorations du décès de l’écrivain Albert Camus. La situation de crise a conduit beaucoup de personnes à lire ou relire l’œuvre majeure d’A. Camus, La Peste, ainsi que les commentaires sur l’auteur et sur l’œuvre. La classification des librairies comme commerces non essentiesl lors des premières mesures a créé un scandale, puisque de nombreuses personnes avaient besoin de lire et de comprendre. Les sciences humaines sont apparues immédiatement comme essentielles, et comme elles ne peuvent pas répondre à des demandes en urgence, il est urgent de reconnaitre l’importance de leur place dans la société. Il est intéressant de noter que la thématique actuellement traitée par Humanities in the European Research Area (Heranet)27 est précisément la question des crises et la possibilité de réponse des sciences humaines dans le programme de financement intitulé : « Humanities in Crisis, Crisis in Humanities »28.
32L’ANR s’est montrée parfaitement capable de mettre en place et de gérer des fonds d’urgence avec une réactivité exemplaire et une gestion de l’évaluation et de sélection des projets en adéquation avec sa mission durant la pandémie du Covid-19 depuis 2020. Cependant, même si la pandémie a été largement oubliée pendant l’été, l’urgence climatique est revenue sur le devant de la scène avec la sècheresse et les incendies de l’été 2022. Le problème des catastrophes naturelles n’est pas nouveau, mais il semble que le climat n’est pas une urgence d’État et qu’il sera géré dans la foulée des appels génériques, et les SHS, en particulier les sciences humaines, seront oubliées. Cependant, les SHS traitent des problèmes de société et de l’humanité, et donc il sera plus qu’utile de non seulement les financer, mais aussi d’aider à les structurer pour qu’elles puissent répondre aux appels, qui ne seront pas des appels d’urgence puisqu’une vision globale de la recherche sera enfin assurée. Pour cela, l’ANR et le Hcéres auront un rôle à jouer. Pour l’instant, les institutions françaises ont peu participé à l’ENRESSH, mais la situation à bien évoluée avec les rencontres organisées dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne (Dubucs, ibid.). Puisque la France ne possède pas d’un système Cris, que Ribac ne couvre que le CNRS et que HAL-SHS a une couverture très partielle, il est urgent de mettre en place un état des lieux afin de voir comment mieux valoriser les SHS et mieux les faire participer aux actions menées à l’échelle international. Les SHS ne sont pas faites pour répondre à des situations d’urgence, mais elles sont parfaitement capables d’apporter une vision humaine pour que les solutions scientifiques et techniques puissent être éclairées et mieux comprises par la société en général.