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Notes
C’est le cas des meilleures ethnographies du travail policier, de l’ouvrage pionnier de William A. Westley, Violence and the Police. A Sociological Study of Law, Custom and Morality, Cambridge, MIT, 1970jusqu’au livre référence de la sociologie française de la police de Dominique Monjardet, Ce que fait la police. Sociologie de la force publique, Paris, La Découverte, 1996.
Dominique Linhardt, « L’État et ses épreuves. Éléments d’une sociologie des agencements étatiques », Clio@Themis, vol. 1, n° 1, 2009, en ligne : http://www. cliothemis.com/L-État-et-ses-épreuves.
Max Weber, économie et société, 1 : Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, 1995 [1920], p. 97.
Voir par exemple Alan Williams, The Police of Paris (1918-1789), Louisiana State University Press, 1979.
Comme dans le cas du régime de Vichy, cf. Patrice Mann, « Pouvoir politique et maintien de l’ordre. Portée et limites d’un débat », Revue française de sociologie, vol. 35, n° 3, 1994, p. 436.
Comme c’est le cas pour la police parisienne face aux Algériens entre 1944 et 1962. L’argument du livre d’Emmanuel Blanchard est plus riche que ne le laisse entendre ce rapide raccourci ; il n’en reste pas moins que l’auteur montre bien comment les pratiques policières de l’usage excessif de la violence ne résultent pas d’une dérive interne, mais qu’elles sont, au moins, accompagnées par les autorités policières et politiques. Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, Nouveau Monde éditions, 2011. Pour une systématisation plus discutable des rapports entre police et politique, voir Alain Dewerpe, Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, 2006.
Ibid., p. 320.
La figure pouvant se réfracter à nouveau au sein de l’institution policière : voir Didier Fassin, La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris, Seuil, 2011.
Patrice Mann, « Pouvoir politique et maintien de l’ordre… », art. cit., p. 436.
« L’appareil policier est conçu comme une instance autonome qui résiste victorieusement aux contraintes extérieures pour poursuivre son propre intérêt », Jean-Paul Brodeur, « Police : mythes et réalités », Criminologie, 1984, repris par Les Cahiers de la sécurité intérieure n° 6, 1991, p. 320.
Voir en particulier Johnvan Maanen, Peter K. Manning, Policing: A View from the Street, Goodyear Publishing Company, 1978.
Dominique Monjardet, « Le modèle français de police », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 13, 1993, pp. 61-82 ; Claude Journès, « Politiques de sécurité et syndicalisme policier en France et en Grande-Bretagne », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 31, 1998, pp. 239-257 ; Jean-Louis Loubet del Bayle, « L’État du syndicalisme policier », Revue française d’administration publique, n° 91, 1999, pp. 435-445.
Pour une présentation de l’approche pluraliste de l’État et des raisons pour lesquelles sa démonstration échoue, cf. Dominique Linhardt, « L’embarras de la sociologie avec l’État. Groupes sociaux et collectifs politiques au prisme de l’argument pluraliste », in Laurence Kaufmann, Danny Trom, Qu’est-ce qu’un collectif ? Du commun à la politique, Paris, éditions de l’école des hautes études en sciences sociales (« Raisons pratiques », n° 20), 2010, pp. 295-330.
Pour une présentation transversale de ces travaux, on se permet de renvoyer à Dominique Linhardt, Cédric Moreau de Bellaing, « Légitime violence ? Enquêtes sur la réalité de l’État démocratique », Revue française de science politique, vol. 55, n° 2, 2005, pp. 268-298.
Dominique Linhardt, « L’État et ses épreuves… », art. cité.
Sur la notion d’épreuve, voir Luc Boltanski, L’amour et la justice comme compétences. Trois essais de sociologie de l’action, Paris, Métailié, 1990 ;Bruno Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes suivi de Irréductions, Paris, La Découverte, 2001 [1984].
Cédric Moreau de Bellaing, La police dans l’État de droit. Les dispositifs de formation initiale et de contrôle interne de la police nationale dans la France contemporaine, thèse pour le doctorat de science politique, Institut d’études politiques de Paris, 2006, pp. 51-58.
Dominique Linhardt, La force de l’État en démocratie. La République Fédérale d’Allemagne à l’épreuve de la guérilla urbaine 1967-1982, thèse pour le doctorat de sociologie, école nationale supérieure des mines de Paris, 2004.
Il faudrait ici opérer un raffinement : si les enquêtes menées sur les patrouilles en France, aux États-Unis, au Canada et ailleurs, ont largement montré que l’action policière est avant tout guidée par des objectifs élaborés par les agents patrouilleurs, l’introduction des dispositifs de quantification de l’activité, Compstat en tête, semble avoir commencé à changer les pratiques. Voir Emmanuel Didier, « L’État néolibéral ment-il ? Chanstique et statistiques de police », Terrains, n° 57, 2011, pp. 66-81 ; « “Compstat” à Paris : initiative et mise en responsabilité policière », Champ pénal/Penal Field, vol. 8, 2011, en ligne : http://champpenal.revues. org/7971.
Bruno Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes…, op. cit., p. 244.
Que l’État soit habituellement rangé dans la catégorie des « macro-acteurs » n’implique en aucun cas, bien au contraire, qu’il ne puisse pas être mis à l’épreuve en tant que tel de situations aussi prétendument localisées qu’une affaire portée à la connaissance d’une instance de contrôle interne. Voir Michel Callon, Bruno Latour, « Le grand Léviathan s’apprivoise-t-il ? », in Madeleine Akrich, Michel Callon, Bruno Latour, Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Paris, Presses de l’École des Mines, 2006, pp. 11-32.
Paul Roux, « Contrôler la police », Esprit, n° 135, février 1988, p. 31. Voir aussi Roland Kessous, « L’enjeu : continuer à contrôler la police », Projet, n° 102, 1976, p. 193-198 ; Roger Le Doussal, « La prévention des fautes professionnelles : une nouvelle approche du contrôle interne de la police », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 14, 1993, pp. 49-56 ; Christian Vigouroux, « Le contrôle de la police », in Mélange Braibant, L’État de droit, Paris, Dalloz, 1996, pp. 743-760 ; Blandine Froment, « Les contrôles de la police », Pouvoirs, n° 102, 2002, pp. 43-56.
Pierre Bourdieu, « De la maison du roi à la raison d’État. Un modèle de la genèse du champ bureaucratique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 118, juin 1997, p. 67.
Pierre Bourdieu, Olivier Christin, Pierre-Édouard Will, « Sur la science de l’État », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 133, 2000, p. 7.
Sur ce point, cf. Bruno Latour, La fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État, Paris, La
« L’économie du sociologue ou penser (l’orthodoxie) à partir de Pierre Bourdieu », in Bernard Lahire (dir.), Le travail sociologique de Pierre Bourdieu. Dettes et critiques, Paris, La Découverte, 2001 [1999], p. 298 et suiv.
Pierre Bourdieu, Olivier Christin, Pierre-Édouard Will, « Sur la science de l’État », art. cit., p. 8.
Pour une présentation plus détaillée de l’IGS, voir Cédric Moreau de Bellaing, « Violences illégitimes et publicité policière », Politix, n° 87, 2009, pp. 119-141.
Sur le détail de ces différents matériaux empiriques, Cédric Moreau de Bellaing, « Enquêter sur la violence légitime », La Vie des idées, 21 mars 2011, en ligne : http://www.laviedesidees.fr/Enqueter-sur-la-violence-legitime.html.
Sur ces différentes distinctions, voir, de manière non exhaustive, Herman Goldstein, Police Corruption: a Perspective on its Nature and Control, Washington, Police Foundation, 1975; Victor E. Kappeler, Richard D. Sluder, Geoffray P. Alpert, Forces of Deviance: Understanding the Dark Side of Policing, Prospect Heights, Waveland Press, 1998; Kim M. Lersch, Policing and Misconduct, Upper Saddle River, Prentice Hall, 2002; Maurice Punch, Police Corruption: Deviance, Accountability and Reform in Policing, Portland, Willan Publishing, 2009.
Francis Chateauraynaud, « Vigilance et transformation », Réseaux, n° 85, 1997, pp. 101-127.
Egon Bittner, « Florence Nightingale à la poursuite de Willie Sutton. Regard théorique sur la police », Déviance et Société, septembre 2001, vol. 25, n° 3, pp. 285-305. De manière plus générale, voir Nicolas Dodier, « Les actes de l’inspection du travail en matière de sécurité : la place du droit dans la justification des relevés d’infraction », in Jacques Commaille (dir.), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ, 1991, pp. 189-203.
Sur la notion de police discretion, voir Kenneth Culp Davis, Police Discretion, St. Paul, West Pub. Co., 1975; Gregory Howard Williams, The Law and Politics of Police Discretion, Westport, Greenwood Press, 1984 et Robert Reiner (ed.), Policing v.2. Controlling the Controllers : Police Discretion and Accountability, Aldershot, Brookfield, Dartmouth, 1996.
John van Maanen, Peter K. Manning, Policing…, op. cit.; Peter K. Manning, Policing Contingencies, Chicago, Chicago University Press, 2003.
« La signature et les montants consentis sont, d’une part, assez imprécis pour fournir au ministre qui l’émet le motif ultérieur d’une dénégation plausible de ce qui a été effectivement autorisé ; ils sont toutefois suffisamment lisibles pour assurer le policier qui reçoit le chèque d’une marge de manœuvre dont il pourra, lui aussi, plausiblement affirmer qu’elle lui a été explicitement concédée », Jean-Paul Brodeur, « Police : mythes et réalités », art. cité, p. 328.
Voir Dominique Monjardet, « Contrôler la police… », Panoramiques, n° 33, 1998, p. 78.
On laissera ici de côté la réflexion qu’il faut mener sur « l’importabilité » de la notion de police discretion dans le cas français. Il ne fait aucun doute que les processus sociaux, juridiques et politiques qui habilitent la police aux États-Unis et en France ne sont pas de même nature. Il n’en reste pas moins que, dans les deux cas, la police dispose d’une marge de manœuvre laissée à la discrétion de ses agents, et dont les frontières mouvantes sont des enjeux de définition permanents. Nous conserverons donc à des fins de simplicité l’expression de police discretion pour décrire le cas français.
Jean-Paul Brodeur, The Policing Web, Oxford, New York, Oxford University Press, 2010.
En connaisseur de l’institution policière, Dominique Monjardet estime que « l’intensité des sanctions est strictement proportionnelle à la place relative que tient la discipline dans la gestion des différents services », D. Monjardet, « Contrôler la police… », art. cit., p. 78. Ceci explique la sous-représentation de certains services marqués par une forte exigence disciplinaire comme celui des Compagnies Républicaines de Sécurité : le service central des CRS est ainsi celui qui prend le plus de sanctions directes à l’encontre de ses fonctionnaires, c’est-à-dire qui ne passent pas par l’IGS ou l’IGPN mais qui sont directement infligées par les directions d’emploi concernées.
Sur ces 303 dossiers, treize sont des doublons dont les faits sont traités ailleurs ; douze comptes rendus étaient manquants, sept se sont interrompus en pleine procédure parce que le fonctionnaire incriminé a démissionné ou est décédé (que ce soit de maladie ou par suicide) ; seize autres policiers ont été mutés ou radiés des cadres (mesures qui ne sont pas prises par le conseil de discipline) ; trois ont fait l’objet d’un sursis à statuer, la procédure n’étant pas terminée au moment du dépouillement ; cinq autres dossiers, enfin, se sont pour des raisons diverses, arrêtés avant le conseil de discipline (retour sur la décision, mise à fin du stage, etc.). Il reste, après ce décompte, 245 dossiers ayant effectivement abouti à un conseil de discipline.
À l’image du gardien de la paix Coridon qui dénonce une machination orchestrée par son chef de service à son encontre.
Comme les gardiens Plestan et Roux qui, à l’occasion d’une garde de nuit effectuée dans le cadre de Vigipirate, ont proposé des bières et des cigarettes à des militaires, procédé à des contrôles d’identité intempestifs et tenu des propos déplacés auprès d’une passante.
À l’instar du gardien de la paix Bonnart qui, après avoir été informé de la commission d’un crime, n’a pas dénoncé l’auteur des faits, empêchant ainsi l’ouverture d’une enquête judiciaire (il est révoqué).
Comme celles de l’inspecteur Veron qui a conservé personnellement divers objets pourtant placés sous scellés dans le cadre d’une procédure judiciaire.
Ce qui se concrétise par des pressions exercées sur les fonctionnaires placés sous l’autorité du policier incriminé.
Les autres motifs ne dépassent pas une occurrence : utilisation d’un véhicule administratif pour des convenances personnelles, non assistance à personne en danger par autre policier, dissimulation de son passé judiciaire, fausse déclaration lors de la perte de documents professionnels, négligences, propos racistes en service, état d’ébriété en service, utilisation abusive des fonctions d’un chauffeur pendant le service pour se rendre à titre personnel chez une gardienne de la paix, lettres anonymes à sa hiérarchie/collègue, tentative de dissimulation d’un accident, photocopie de correspondance personnelle d’autrui, photographie dans un véhicule de police avec des femmes nues, dissimulation d’informations ayant entraîné la mise en garde à vue d’un autre policier, graves accusations portées à tort sur l’usage de fonds policiers, propos calomnieux dans une copie d’examen professionnel, manque de franchise dans des déclarations auprès de supérieurs, dissimulation à la hiérarchie d’une procédure judiciaire en cours à son encontre, menace, injures et agressivité avec les enquêteurs de l’IGS.
Ainsi le gardien de la paix Vasco, à proximité d’une route où se trouvaient deux dames, âgées de plus de 70 ans, a baissé son pantalon de survêtement et s’est masturbé. Il a ensuite pris sa voiture pour rattraper ces femmes et les aborder verbalement en leur proposant de « passer un bon moment avec lui ». Autre exemple, le gardien de la paix Lemoine a été sanctionné d’une exclusion temporaire de douze mois dont six avec sursis pour s’être exhibé et masturbé devant la fenêtre de son appartement à la vue d’une voisine.
La liste des motifs à une occurrence est la suivante : différend d’ordre privé requérant l’intervention de la police, visite sans autorisation à un gardé à vue et agressivité à l’égard des effectifs présents, poursuite de son ex-époux dans son commissariat, dénonciation de sa hiérarchie dans une manifestation, déflagration à son domicile, violation de domicile, comportement suspect, violation du contrôle judiciaire.
Que les accidents soient matériels, corporels et – dans un cas – mortel. Nous avons aussi intégré un accident en infraction avec plusieurs éléments du code de la route sans que soit précisé l’état éthylique du policier fautif.
En voici la liste complète : utilisation de la qualité de policier pour l’obtention de facilités, utilisation des fonctions policières en vue d’une escroquerie, falsification de justificatif, abus de pouvoir, vol facilité par la fonction, corruption active et passive, délivrance indue de documents policiers, détournement ou vol de documents policiers, falsification de documents policiers, perte de ses effets policiers, port illégal de décorations, témoignage de complaisance, tentative d’utilisation de la carte de crédit de l’administration pour régler le carburant d’un véhicule personnel, mésusage de l’arme administrative, possession de deux cartes de réquisition, pressions usant de la qualité de policier, établissement de fausses contraventions, exhibition indue de la carte professionnelle, utilisation de son réseau de connaissances professionnelles pour démarcher des fonctionnaires de police, harcèlement téléphonique mentionnant sa qualité de policier.
Révocation, exclusion définitive du service, mise à fin de stage, mise à la retraite d’office.
Abaissement d’un échelon, déplacement d’office, rétrogradation.
Avertissement, blâme.
Les numéros valent pour la catégorie de décisions prises par le conseil de discipline.
Cédric Moreau de Bellaing, La police dans l’État de droit…, op. cit., pp. 561-590.
Cédric Moreau de Bellaing, « Violences illégitimes et publicité de l’action policière », art. cit., p. 138.
Dans la mesure où les violences policières ont d’autant plus de chances d’avoir lieu en situation de face-à-face. Fabien Jobard, Bavures policières ? La force publique et ses usages, Paris, La Découverte, 2002.
Ibid., pp. 127-134.
Si la plupart des dossiers que nous avons eu l’occasion de dépouiller ne fournissent aucune prise à cette accusation, elle ne peut pas être définitivement écartée : il est arrivé que, ponctuellement, un dossier ne bénéficie pas de toute l’attention et de tous les soins que son traitement aurait mérité.
Interrogation qui, jouant du flou des conditions pratiques de l’utilisation de la violence légitime et de l’imprécision de ses délimitations juridiques et judiciaires, aboutit généralement, dans les cas des dossiers de l’IGS, sauf violence d’une extrême gravité, à considérer qu’on est bien en présence d’une violence légitime, ne serait-ce par défaut.
Egon Bittner, « Florence Nightingale à la poursuite de Willie Sutton… », art. cit.
Au sens employé par Bruno Latour dans « From Realpolitik to Dingpolitik – An Introduction », in Bruno Latour, Peter Weibel (eds.), Making Things Public: Atmospheres of Democracy, Boston, MIT Press, 2005, pp. 4-31.
C’est-à-dire la carte attestant de l’appartenance à la police nationale.
Paolo Napoli, La naissance de la police moderne. Pouvoir, normes, société, Paris, La Découverte, 2003, pp. 207 et 236.
John Dewey, Logique. La théorie de l’enquête, Paris, Presses Universitaires de France, 1993 [1967], p. 169 et suiv.
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