Transhumanisme et santé parfaite
Résumés
Cet article examine divers textes du courant transhumaniste portant spécifiquement sur la question de la médecine, pour montrer qu’ils relèvent du paradigme de la « santé parfaite », et plus largement du biopouvoir. Dans ce mouvement, le corps devient le support d’un gouvernement de soi passant par la technique pour lutter contre un destin somatique jugé inacceptable. Étudié à nouveaux frais, ce transhumanisme apparaît comme une utopie réaliste, ou au moins raisonnable, où les technologies seraient au service du soin. Loin de la réception exclusivement critique dont elle fait l’objet en France, la dimension médicale du transhumanisme relève finalement du souci de soi et de la recherche d’un « bonheur biologique ».
Texte intégral
« Je n’ai jamais compris pourquoi l’accusation d’utopisme était nécessairement considérée comme une objection à la théorie de la politique »
Quentin Skinner, La liberté avant le libéralisme
- 1 Ce que fait par exemple le premier numéro du Magazine littéraire nouvelle formule consacré au révei (...)
- 2 Jean-Michel Besnier, « Posthumain », in Gilbert Hottois, Jean-Noël Missa et Laurence Perbal (dir.), (...)
- 3 Pour des perspectives bioéthiques critiques ou prudentes, cf. Yves Caseau (dir.), L’homme augmenté (...)
1Les premiers textes de ce qu’on nomme le courant transhumaniste aux États-Unis ont déjà plus de trente ans, mais leur réception française est plus tardive, et quasi uniformément critique. Le transhumanisme, qui prône un humain augmenté, via notamment son hybridation avec les machines (jusqu’à atteindre une « posthumanité »), un humain débarrassé du vieillissement et de la mort, capable de prendre en charge sa propre évolution pour pallier les limites de l’évolution naturelle, est paré de tous les maux. Rangé d’emblée au rayon des utopies dangereuses1 – sans que la clef de ce classement soit jamais clairement donnée –, il est disqualifié à des titres divers : il n’émane pas de scientifiques sérieux mais de gourous de la Silicon Valley inspirés par la science-fiction, il est une manifestation extrême de l’individualisme libéral – puisqu’il s’agit de persister dans son être, sans considération de ses semblables ou des ressources terrestres –, « anticipation d’une réalisation de soi solitaire », écrit, critique, Jean-Michel Besnier2, il nie le principe de l’évolution et de la reproduction sexuée, il réifie l’individu et le transforme en un ordinateur mutant, il est eugéniste, élitiste, et risque de créer une humanité à deux vitesses, entre humains augmentés, immortels et cognitivement supérieurs, et humains soumis à la biologie générale, bloqués à un stade antérieur de l’évolution de l’espèce3.
- 4 Pour une présentation générale, cf. Jean-Yves Goffi, « Contours et courants de la politique transhu (...)
- 5 Benjamin Bourcier, « Les théories politiques du transhumanisme », Raisons politiques, op. cit. p. 6 (...)
2Or, le transhumanisme est à la fois plus et moins que ce qu’en disent ses contradicteurs ; qui souvent d’ailleurs évoquent une vulgate plus que les textes eux-mêmes. Plus, parce qu’il n’est pas le tout homogène que la littérature sur le sujet a tendance à présenter. Il est porté par des auteurs différents, dont la pensée évolue depuis des décennies, et qui s’intéressent chacun à des volets variés de la question transhumaniste, depuis des perspectives politiques différentes (biolibéralisme, extropianisme, progressisme, transhumanisme démocrate, etc.)4. Certains sont des essayistes, d’autres des ingénieurs ou des informaticiens, dont les écrits se veulent souvent plus philosophiques qu’idéologiques. Par les questions qu’il traite, le transhumanisme relève du genre philosophie morale et politique5. Avec, en outre, des financements des recherches afférentes provenant de sources diverses, et dont on peut imaginer qu’ils brassent des montants importants : l’informaticien Raymond « Ray » Kurzweil, considéré comme un des pionniers de la pensée transhumaniste, est par exemple devenu directeur de l’ingénierie chez Google en 2012.
3Plus toujours, parce que certaines propositions transhumanistes n’ont pris leur véritable dimension qu’avec le développement d’Internet, des algorithmes, du big data, des nanotechnologies, et de l’Intelligence artificielle, qui à la fois familiarisent avec la présence domestique des machines et rendent plus concrètes les formes que pourraient prendre les inventions du transhumanisme (prothèses bioniques, mécanismes régénératifs, interfaces homme-machine renouvelées et simplifiées, etc.). C’est d’ailleurs déjà exploré dans plusieurs films ou séries récentes, de Minority Report (Steven Spielberg, 2002), à Black Mirror (2011 - en cours), en passant par une série française, Ad Vitam (Thomas Caillet & Sébastien Mounier, 2018), qui met en scène un futur proche d’anticipation où la régénération cellulaire, et donc l’immortalité potentielle, sont devenues des réalités qui troublent une société où le vieillissement est une étrangeté.
4Le transhumanisme est cependant moins que la dimension qu’on lui prête. Il reste essentiellement doctrinal, et se décline en domaines variables qui, tous, n’aspirent pas à s’incarner. Ainsi, au fondement de la doctrine transhumaniste, il y a une réflexion médicale, qui a été largement éclipsée par les développements ultérieurs et plus spectaculaires du mouvement, notamment sur l’homme augmenté. L’ambition de cet article est d’une part de montrer que le transhumanisme est une déclinaison de l’aspiration à ce que Lucien Sfez avait appelé la « santé parfaite », avatar individualisé du biopouvoir foucaldien, et d’autre part, et surtout, qu’il permet d’explorer une forme très contemporaine de « bioréflexivité », où le corps devient le support d’un gouvernement de soi passant par la technique, pour précisément en absenter le biologique, ou en tout cas lutter contre un destin somatique jugé inacceptable. Ce transhumanisme désireux de soigner est-il si utopique ? Ne relève-t-il pas finalement d’un souci de soi et de la recherche d’un « bonheur biologique » ? Ses liens avec la « grande santé » permettent-ils de l’étudier à nouveaux frais comme une utopie réaliste, ou au moins raisonnable, où les technologies seraient au service du soin ?
La Grande Santé
- 6 Préambule de la Constitution de l’OMS. https://www.who.int/fr/about/who-we-are/constitution, consul (...)
- 7 Emmanuel Taïeb, « Traduction de la Lettre à Mère Nature de Max More », emmanueltaieb.fr, 17/09/2018 (...)
5Une partie non négligeable de la production transhumaniste est constituée de « lettres », « manifestes » et autres « déclarations », dont le contenu techno-futuriste, parfois prosaïque, ne doit pas masquer l’insistance originelle sur un bien-être corporel décuplé. À côté justement de la santé comme « état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », selon la définition générale de l’Organisation Mondiale de la Santé6, les tenants du transhumanisme considèrent que le « bien-être » dans sa version nominale est en fait très insuffisant, et que pour atteindre leur standard il faut une intervention humaine et machinique. À cet égard, la « Lettre à Mère Nature » de Max More (ancien culturiste, de son vrai nom Max O’Connor), publiée en 1999, est caractéristique d’une perception de l’humanité comme diminuée et handicapée de naissance, pour laquelle l’amélioration est un soin comme les autres. More écrit ainsi en préambule : « Tu nous a fait vulnérables aux maladies et aux blessures. Tu nous a voués au vieillissement et à la mort – juste au moment où nous atteignons la sagesse. Tu as été mesquine dans l’étendue de ce qui a trait à la conscience de nos processus somatiques, cognitifs et émotionnels. Tu nous a limités en donnant les sens les plus affutés aux autres animaux. » Avant d’indiquer l’horizon transhumaniste dans un « 1er amendement » qui en dit l’importance à ses yeux : « Nous ne tolérerons plus la tyrannie du vieillissement et de la mort. Via des altérations génétiques, des manipulations cellulaires, des organes synthétiques, nous allons nous doter d’une vitalité durable et supprimer notre date d’expiration. Chacun décidera pour lui-même du temps qu’il veut vivre7. »
6Le donné corporel apparaît donc notoirement insuffisant, et le nouveau bien-être ne sera obtenu que par une intervention humaine volontariste sur l’évolution naturelle – trop lente, trop hasardeuse, trop mortifère –, et par une action sur le corps lui-même : « Amendement N° 5 : Nous ne serons plus esclaves de nos gènes. Nous allons prendre en charge notre programmation génétique et achever la maîtrise de nos processus biologiques et neurologiques. Nous allons réparer les défauts individuels, et ceux de l’espèce, oubliés de l’évolution à cause de la sélection naturelle. Sans nous arrêter là, nous allons chercher à atteindre le choix complet de nos formes et fonctions corporelles, en affinant et en augmentant nos capacités physiques et intellectuelles au-delà de ce qu’avaient connu les hommes au cours de l’histoire. », écrit encore Max More. Sous cet aspect, la santé entendue dans son sens traditionnel doit être dépassée et améliorée par une santé interventionniste, qui n’attend pas l’affection mais l’empêche dès l’origine, puis tout au long de la vie, et considère le vieillissement même comme une maladie.
- 8 Robert A. Freitas Jr., « Welcome to the Future of Medicine », in Max More and Natasha Vita-More (ed (...)
- 9 Aurélien Ledent, Réformer la vie. Étude du projet biopolitique du transhumanisme de la Singularité (...)
- 10 Ray Kurzweil, « Singularity Q&A », décembre 2011 https://www.kurzweilai.net/singularity-q-a, consul (...)
7Regrettant de n’avoir pas connu son grand-père, mort prématurément d’une encéphalite à 39 ans, le théoricien Robert Freitas prophétisait en 2009 que la nanomédecine serait généralisée dans les années 2020 et serait aussi profitable en termes de santé que le fut la pénicilline en son temps, sauvant chaque année 52 millions de gens d’une mort certaine8. De même, Ray Kurzweil évoque régulièrement le décès précoce de son père d’une maladie cardiaque pour expliquer son obsession de vaincre la mort. Les premiers appareils sur lesquels il a travaillé étaient une machine dédiée aux aveugles, capable de lire un texte à voix haute, et une puce auditive. La Kurzweil Foundation soutient le développement de technologies pour les personnes handicapées9, et d’une façon générale Kurzweil prône la thérapie génique, l’usage d’implants cérébraux, le remplacement d’organes défectueux par des nanobots, et « le rajeunissement de tous les tissus et les organes du corps par la transformation des cellules de la peau en une version rajeunie de tous les autres types de cellules10. »
8Une des dimensions premières du transhumanisme consiste donc à soigner le corps, y compris en « soignant » le vieillissement, c’est-à-dire en bloquant la dégradation des cellules, pour atteindre potentiellement l’immortalité. Maintenant que le « mode d’emploi » du corps humain, qui manquait tant aux hommes – ainsi que le déplore More dans le préambule de sa Lettre –, est connu, rien ne s’oppose à des interventions radicales sur le biologique, ni à son hybridation et à son augmentation par le biais des machines. Il s’agit là d’un soin non-thérapeutique, au sens où nous l’entendons habituellement, car la maladie subie n’émane pas d’une source extérieure, mais se confond avec le biologique lui-même et le condamne dès l’origine. « Soigner » au sens des transhumanistes revient non seulement à empêcher la survenue de maux au cours de la vie, mais également à « dépathologiser » le corps dès la naissance, voire dès avant la naissance.
- 11 Lucien Sfez, La santé parfaite. Critique d’une nouvelle utopie, Paris, Seuil, 1995, p. 20.
- 12 Ibid., p. 35.
- 13 En 1967, la série Star Trek consacrait un épisode au retour d’une race de surhommes génétiquement m (...)
- 14 Lucien Sfez, La santé parfaite, op. cit., p. 245.
9C’est tout un imaginaire technoscientifique de la modernité qui se déploie là, désireux de fabriquer « une machine parfaite, qui ne peut mourir (sauf par accident externe), hermaphrodite, autosuffisante et stérile, puisque parfaite, dotée d’une âme unique, puisque non reproductible », écrit Lucien Sfez11. Car l’immortalité et le remplacement machinique du corps relèguent la sexualité au rang des mécanismes reproductifs archaïques et, du reste, inutiles. La « Grande Santé » qu’identifie Sfez consiste alors à fabriquer un homme régénéré, en mettant fin à son assujettissement aux agents pathogènes et au temps biologique général. Si le transhumanisme est utopique, c’est alors dans sa quête millénariste d’une pureté originelle12, d’un corps qui ne subirait aucun outrage, quitte à produire son dépassement organique. D’un corps parfait aussi, performant et puissant, génétiquement supérieur13. Il s’agira aussi de changer la médecine même, de renforcer son usage déjà marqué des nouvelles technologies, pas uniquement pour soigner, mais pour recomposer entièrement le corps du patient à partir de l’image qu’en donnent les machines. Le corps disparaît dans sa matérialité pour devenir un objet de discours et une forme numérique, accessoire des machines qui l’auscultent puis le transforment. Dès lors la possibilité de l’augmentation par des artifices n’est que le prolongement de ce mouvement. « Car tout le réel est dans la machine, conclut Lucien Sfez. Frankenstein a ici tout gagné.14 »
Le bonheur biologique
- 15 Michel Foucault, « Il faut défendre la société », Cours au Collège de France (1975-1976), Paris, Ga (...)
- 16 Dominique Memmi & Emmanuel Taïeb, « Les recompositions du “faire mourir” : vers une biopolitique d (...)
- 17 Philippe Raynaud, « La santé est-elle un problème technique ? », in L. Sfez, L’utopie de la santé p (...)
10La préoccupation du transhumanisme pour la santé est inséparable d’abord de l’épidémie de sida qui, en reliant sexe et mort, pousse à dépasser l’idée d’une reproduction sexuée, désormais perçue productrice de maladies et mortifère, voire de la sexualité tout court. Ensuite, du recours massif aux appareillages médicaux à partir des années 1970, notamment le scanner, dont la capacité à proposer une vision interne inédite du corps, et à aider au diagnostic, paraît contradictoire avec la persistance de maladies endémiques ou nouvelles. Car la puissance des nouvelles technologies aurait dû mettre fin aux maladies, lesquelles sont jugées d’autant plus inacceptables qu’elles sont vues comme purement résiduelles. À ce contexte socio-technique de production de la doctrine transhumaniste, il faut enfin ajouter, dans un cadre historique plus large, le développement du biopouvoir, qui fait entrer la question de la vie et du corps dans le giron du pouvoir, mais aussi dans les agendas individuels. Cette nouvelle préoccupation politique pour l’espèce humaine, pour la prise en compte de sa santé et de sa survie, au service de la puissance du groupe, conduit au renversement que Michel Foucault observe, du « faire mourir et laisser vivre » au « faire vivre et laisser mourir15 ». Voire, comme nous avons pu l’observer, du « faire vivre et ne pas laisser mourir » ou « ne pas exposer à la mort16. » La responsabilité des autorités politiques et sanitaire se joue désormais dans leur capacité à favoriser la santé et l’espérance de vie des individus, à permettre un accès complet aux médicaments les plus pointus, à hygiéniser l’espace urbain et à l’expurger de toute matière dangereuse (amiante, radioactivité, etc.). Depuis plus d’un siècle, la santé publique est tournée vers la « protection » des individus, visible dans l’interdiction de l’absinthe, des stupéfiants, de la lutte contre le tabagisme et les conduites à risque, ou plus largement dans le combat contre les maladies17, par un gouvernement des conduites sanitaires généralisé.
- 18 Emmanuel Taïeb, « Individuation et pouvoir politique », Labyrinthe, 22, 2005, p. 37-46 https://jou (...)
- 19 David Le Breton, « L’incision dans la chair. Marques et douleur pour exister », Quasimodo, 7, Print (...)
- 20 Salomé Bour, « Le corps augmenté, nouveau lieu d’expression de soi. Les conceptions transhumaniste (...)
- 21 Dominique Memmi, Faire vivre et laisser mourir. Le gouvernement contemporain de la naissance et de (...)
- 22 Comme en témoigne le succès pendant vingt ans d’une émission comme Le Magazine de la santé (France (...)
- 23 Témoin de ces mutations, la série Nip/Tuck (2003-2010) met en scène deux chirurgiens qui actent gén (...)
11À ce souci collectif fait écho un souci de soi individuel18, qui prend la forme à la fois d’un intérêt pour la manipulation corporelle et les limites de ce que peut endurer le corps (body-building, tatouages, piercings, scarifications, sports et sexualités extrêmes, etc.)19, de ce que les transhumanistes appellent la « liberté morphologique20 », et d’une « bioréflexivité21 ». Dans le domaine de la santé, cette bioréflexivité s’incarne dans la revendication qualitative d’une information sur les soins et les médicaments22, dans l’accès libre aux machines et protocoles médicaux, et dans un libre usage de son corps avant et après la mort (régimes alimentaires divers, PMA, congélation d’ovules, stérilisation volontaire, possibilité d’avorter, de changer de sexe, de subir une transplantation, ou d’être donneur d’organes soi-même23). Il s’agit pour l’individu d’imaginer une politique de santé et une biopolitique personnelles, et de prendre en charge tout au long de sa vie ce qu’on pourrait appeler son « autobiographie médicale ».
- 24 Émilie De Pauw, « Better than well » (à propos de l’ouvrage éponyme de Carl Elliott), in G. Hottois (...)
- 25 Lucien Sfez, « L’utopie de la santé parfaite », in L. Sfez, L’utopie de la santé parfaite, op. cit.(...)
- 26 Dominique Memmi, La revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l’identité, Paris, Seu (...)
- 27 Marina Maestrutti , « Cyborg identities and contemporary techno-utopias : adaptations and transfor (...)
12C’est dans ce mouvement que s’inscrit la doctrine médicale du transhumanisme lorsqu’elle propose d’assurer la Grande Santé par l’hybridation du corps et des machines, et par son amélioration chimique ou technique. Pas seulement être « bien », mais être « mieux que bien24 », pour atteindre un état réel de « bonheur biologique », c’est-à-dire sentir qu’on possède un corps augmenté et désormais résistant aux maladies voire à la mort. Sentir aussi que le contrôle personnel de son corps, et la capacité à s’abstraire de l’évolution naturelle, ouvre des potentialités infinies, et au fond envoie dans les limbes de l’histoire l’idée même d’être en « mauvaise santé ». Ce « corps post-naturel » assure ainsi la fin de l’assignation à la nature et à l’incarnation, au profit d’une assignation autre aux machines. « La technique instaure un monde à son image. Le hasard est exclu. C’est un monde sans aléa, sans impureté, sans mort ni décomposition, sans poussières ni étrangeté. », écrit Lucien Sfez25. Sous cet aspect, la promesse du transhumanisme de dépasser la nature, de pallier à ses limites et ses lenteurs, à ses injustices aussi, participe de la lutte contre le destin biologique, mise en évidence par Dominique Memmi26. Les progrès médicaux permettent désormais de refuser ce que la nature impose, de la stérilité à l’impossibilité d’enfanter après un certain âge, par exemple. Le corps devient le support de la « carrière » d’un individu responsable de sa construction, de sa reconstruction, de sa redéfinition, et de sa transformation27.
- 28 Francesco Paolo Adorno, Le désir d’une vie illimitée. Anthropologie et biopolitique, Paris, éditio (...)
13Ces bricolages profanes fonctionnent comme un transhumanisme pratique, qui a perdu toute dimension utopique. Alors même qu’en France le courant transhumaniste a été accueilli avec les outils et les inquiétudes de la bioéthique, l’appropriation médicale de soi est désormais largement pratiquée et ne suscite pas nécessairement d’inquiétude morale. La perspective d’être produit artificiellement, mais en même temps augmenté, dans l’évitement littéral du déclassement socio-corporel, de retrouver là une identité, une pureté ou une authenticité, l’emporte sur nombre de réserves « bioconservatrices ». Francesco Paolo Adorno note ainsi que « l’hybridation de l’organique et de l’inorganique (…) est considérée et acceptée aussi parce qu’elle est conçue comme une réponse adaptative à un milieu chimiquement et biologiquement en mutation28. » L’augmentation ou la prothèse ne semblent plus réservés aux individus handicapés, et les pilules capables de booster la mémoire ou la concentration sont déjà couramment consommées.
- 29 John Harris, « “Enhancement” et éthique », Journal international de bioéthique, « L’amélioration hu (...)
- 30 Pour une présentation synthétique de l’état du débat, cf. Jean-Noël Missa, « Prolongation de la vie (...)
14Loin de la perspective française, le bioéthicien américain John Harris rappelle que l’usage d’un télescope ou de jumelles vise à amplifier les capacités d’un individu valide, sans que leur usage soit jugé immoral. Plus invasif, mais tout aussi mélioratif, le vaccin est bien l’incorporation d’un médicament par quelqu’un de bien portant, et, s’il fait peur à une minorité, c’est moins dans son principe que dans la manière dont il a été produit. Il est difficile aujourd’hui, poursuit John Harris, de distinguer dans notre pharmacopée ce qui relève du thérapeutique et ce qui relève de l’augmentation. L’augmentation biologique devient alors recommandable, non pas parce qu’elle conférerait un avantage à certains et pas à d’autres, mais simplement parce qu’elle est bonne pour le corps29. Il n’y a pas de différence morale entre des technologies permettant de sauver des vies et des technologies permettant de les prolonger30. On voit mal dès lors pourquoi la perspective transhumaniste sur la médecine serait par essence immorale.
Un transhumanisme raisonnable ?
- 31 Max More, « The Philosophy of Transhumanism », in Max More and Natasha Vita-More (eds.), The Trans (...)
15Souci du soin, souci du corps et bioréflexivité permettent d’envisager différemment le transhumanisme, et de noter certains points aveugles de la critique qui l’accompagne. À commencer par le fait que nombre de textes transhumanistes s’inscrivent dans la tradition humaniste occidentale, et placent l’humain, son histoire, sa culture, toutes ses connaissances acquises, au cœur des enjeux contemporaines. La façon dont les transhumanistes se désolent de la disparition d’un être et de tout le savoir qu’il a accumulé – d’où les propositions pour transférer le cerveau dans un ordinateur –, témoigne bien de la valeur accordée à la trajectoire biographique des individus. De même, la façon dont le transhumanisme entend assurer la survivance de l’espèce humaine, en l’améliorant ou en l’hybridant, fait signe vers une forme renouvelée d’humanisme, qui croit en le progrès humain et en un triomphe de la raison scientifique, face à la montée du créationnisme et de l’obscurantisme religieux. C’est explicitement revendiqué par Max More qui affirme la désirabilité d’un progrès raisonnable et le rôle central de la science au service de la créativité humaine31.
- 32 Céline Granjou & Isabelle Mauz, « Gouverner par les scénarios ? Comment les institutions environne (...)
- 33 Régis Meyran, « Les théories de l’effondrement sont-elles solides ? », Alternatives économiques, 07 (...)
- 34 C’est visible dans la critique de la collapsologie que peut porter l’anticapitalisme, cf. par exemp (...)
- 35 Gérald Bronner, « Cette écologie qui oublie de sauver la planète », Le Point, 09/01/2019, modifié l (...)
16À cet égard, le transhumanisme propose à sa manière une solution aux tensions entre l’homme et la nature. Sa dimension programmatique, et peut-être utopique, est à trouver là, mais avec l’idée que c’est un scénario optimiste qui est proposé, qui verrait l’humanité assurer à tout prix sa perpétuation. Cette dynamique doctrinale s’écrit à rebours des scénarios de la catastrophe32, notamment la « collapsologie » et les récits de l’effondrement à venir33, développés pour mobiliser sur la question écologique, et qui, en pratique, stérilisent toute ambition des forces sociales traditionnelles34, neutralisent toute projection utopique et paralysent l’action politique en multipliant les incendies écologiques à éteindre35. Un des éléments concourant à la mauvaise réception française du transhumanisme tient précisément à ce qu’il heurte de plein fouet les scénarios pessimistes, et qu’en proposant de dépasser la nature infirme de l’homme, il le place au-dessus de la nature, sans s’intéresser à l’épuisement des ressources ou à la surpopulation que ne manquerait pas d’entraîner la multiplication d’individus en parfaite santé, ne vieillissant ni ne mourant.
- 36 Beverley Clack, « Constructing Death as a Form of Failure. Adressing Mortality in a Neoliberal Age (...)
- 37 Cité dans Sébastien Mauge & Isabelle Poitte, « L’immortalité, pure fiction ? », Télérama, 3590, 31/ (...)
17De même, le refus de la mort, qui est au centre de la santé parfaite, place les critiques du transhumanisme dans une position paradoxale. S’ils n’ont aucune réserve morale sur le fait de se soigner au cours de sa vie, d’avoir accès à des soins et à des médicaments, ou d’éviter d’être exposé à des matières dangereuses, pour justement prolonger son existence, leur identification du transhumanisme à un projet amoral les conduit à défendre la mortalité, ou en tout cas à accepter la vulnérabilité puis la mort, de façon résigné, comme caractéristique de l’humain 36. Jean-Michel Besnier refuse ainsi qu’on vise l’immortalité : « Si l’on tue la mort, on tue le désir avec ce qu’il comporte de déchirements de souffrances, d’exaltation37. » Ainsi, il faudrait prendre soin de soi tout au long de sa vie, pour repousser la mort, mais lui céder finalement. Or, moralement et techniquement, il n’y a pas de différence entre mettre tout en œuvre pour lutter contre une maladie mortelle donnée, par le biais de médicaments, de chimiothérapies, d’appareillages divers, et considérer qu’il faut le faire pour toutes les maladies, comme pour le vieillissement des cellules, et prolonger longtemps ou indéfiniment la vie. En défendant la mortalité, la critique du transhumanisme ne fait au fond que réintroduire de la fatalité et du pessimisme, prônant la nécessité de l’effondrement corporel individuel.
- 38 Nick Bostrom, « Why I Want to be a Posthuman When I Grow Up » (2008), in Max More and Natasha Vita- (...)
- 39 Nicolas Le Dévédec, La société de l’amélioration. La perfectibilité humaine des Lumières au transhu (...)
18La promotion de la santé parfaite s’inscrit, selon le philosophe transhumaniste Nick Bostrom, dans un désir commun d’être en bonne santé et de mourir le plus tard possible, qui nous fait installer des airbags dans les voitures ou consulter un médecin à la moindre alerte38. Le transhumanisme contient cependant certaines idées et projections qui ne laissent pas d’inquiéter, comme celles de Ray Kurzweil de remplacer quasi complètement le corps, sauf le squelette, la peau (qui serait rendue plus résistante), le cerveau, les organes sexuels, la bouche et la partie haute de l’œsophage. Même lecture pour le transfert complet du cerveau dans une machine, qui en assurerait la survie non-organique. Ce devenir-cyborg est le stade ultime du transhumanisme, sans qu’on puisse d’ailleurs imaginer à quoi ressemblerait un corps tant absenté. Mais les perspectives de santé ouvertes par ce même transhumanisme s’avèrent, elles, plus envisageables et plus désirables, à commencer par l’augmentation forte de l’espérance de vie. À condition d’accepter que le soin ne soit plus dans une extériorité, mais soit abrité dans le corps lui-même : pilule régulant les nutriments, vaccin universel, ou puces et nanobots mesurant l’activité interne du corps et relâchant une cure adaptée. À condition d’acter que la médecine contemporaine passe de la guérison à l’optimisation39, qu’elle est devenue une anthropotechnie, et que la frontière est socialement labile, donc incertaine, entre le normal et le pathologique. Et si la santé parfaite était alors une utopie réaliste ?
Notes
1 Ce que fait par exemple le premier numéro du Magazine littéraire nouvelle formule consacré au réveil des utopies, en considérant, classiquement, que le transhumanisme ferait advenir une humanité à deux vitesses (n° 1, janvier 2018, p. 45).
2 Jean-Michel Besnier, « Posthumain », in Gilbert Hottois, Jean-Noël Missa et Laurence Perbal (dir.), Encyclopédie du transhumanisme et du posthumanisme. L’humain et ses préfixes, Paris, Vrin, 2015, p. 107.
3 Pour des perspectives bioéthiques critiques ou prudentes, cf. Yves Caseau (dir.), L’homme augmenté conduit-il au transhumanisme ?, Paris - Les Plans-sur-Bex (Suisse), Collège des Bernardins – Université catholique de Lyon, Parole et Silence Éditions, 2016. Sur une critique de l’homme améliorée en fait « diminué d’une partie du pouvoir d’être soi », cf. Thierry Magnin, qui est enseignant-chercheur à l’Université Catholique de Lyon et prêtre : Penser l’humain au temps de l’homme augmenté, Paris, Albin Michel, 2017, p. 79. Julien Cueille voit lui une « dissolution de soi », cf. « De l’homme augmenté à l’individu incertain. Éléments pour une biopolitique du sujet contemporain », in Vincent Calais (dir.), Le corps des transhumains, Toulouse, ERES, 2019, §27 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/le-corps-des-transhumains--9782749263489-page-165.htm consulté le 23/08/2019. Dans une veine pamphlétaire, on verra Mathieu Terence, Le transhumanisme est un intégrisme, Paris, éd. du Cerf, 2016. Sur l’élision du politique dans le transhumanisme, cf. Nicolas Le Dévédec, « La grande adaptation. Le transhumanisme ou l’élusion du politique », Raisons politiques, « Théories politiques du transhumanisme », 74, 2019, p. 83-97 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-raisons-politiques-2019-2-page-83.htm, consulté le 16/07/2019. Sur la divinisation de la technique, notamment dans le cas du transhumanisme, cf. Marc Chopplet, « Se prendre pour Dieu. Une ambition technologique ? », Études digitales, « Religiosité technologique », 5, 2018, p. 29-52 https://0-classiques--garnier-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudes-digitales-2018-1-n-5-religiosite-technologique-se-prendre-pour-dieu.html, consulté le 11/11/2019. On verra enfin le texte de Pierre Musso dans ce numéro.
4 Pour une présentation générale, cf. Jean-Yves Goffi, « Contours et courants de la politique transhumaniste », Raisons politiques, « Théories politiques du transhumanisme », 74, 2019, p. 51-71 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-raisons-politiques-2019-2-page-51.htm, consulté le 11/11/2019 ; Id., « Transhumain », in G. Hottois, J.-N. Missa et L. Perbal (dir.), Encyclopédie du transhumanisme et du posthumanisme, op. cit. ; et Id., « Nature humaine et amélioration de l’être humain à la lumière du programme transhumaniste », Journal international de bioéthique, « L’amélioration humaine », 2-3, 2011, p. 19-32.
5 Benjamin Bourcier, « Les théories politiques du transhumanisme », Raisons politiques, op. cit. p. 6 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-raisons-politiques-2019-2-page-5.htm, consulté le 16/07/2019.
6 Préambule de la Constitution de l’OMS. https://www.who.int/fr/about/who-we-are/constitution, consulté le 16/08/2019.
7 Emmanuel Taïeb, « Traduction de la Lettre à Mère Nature de Max More », emmanueltaieb.fr, 17/09/2018 http://emmanueltaieb.fr/2018/09/traduction-de-la-lettre-a-mere-nature-de-max-more/
8 Robert A. Freitas Jr., « Welcome to the Future of Medicine », in Max More and Natasha Vita-More (eds.), The Transhumanist Reader, Chichester, Wiley-Blackwell, 2013.
9 Aurélien Ledent, Réformer la vie. Étude du projet biopolitique du transhumanisme de la Singularité porté par Raymond Kurzweil, Mémoire de M2, Master Histoire de la pensée politique, Sciences Po Lyon-ENS de Lyon, sous la dir. d’Emmanuel Taïeb, 2016, p. 99.
10 Ray Kurzweil, « Singularity Q&A », décembre 2011 https://www.kurzweilai.net/singularity-q-a, consulté le 20/08/2019.
11 Lucien Sfez, La santé parfaite. Critique d’une nouvelle utopie, Paris, Seuil, 1995, p. 20.
12 Ibid., p. 35.
13 En 1967, la série Star Trek consacrait un épisode au retour d’une race de surhommes génétiquement modifiés, animés de pulsions conquérantes et lançant des « guerres eugéniques » sur Terre entre 1992 et 1997 (selon la chronologie de la série). S01E22, Space Seed (Les derniers tyrans).
14 Lucien Sfez, La santé parfaite, op. cit., p. 245.
15 Michel Foucault, « Il faut défendre la société », Cours au Collège de France (1975-1976), Paris, Gallimard/Seuil, 1997, p. 214.
16 Dominique Memmi & Emmanuel Taïeb, « Les recompositions du “faire mourir” : vers une biopolitique d’institution », Sociétés contemporaines, 75, 2009, p. 5-15 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-societes-contemporaines-2009-3-page-5.htm, Emmanuel Taïeb, « Du biopouvoir au thanatopouvoir », Quaderni, 62, Hiver 2006-2007, p. 5-15 https://www.persee.fr/doc/quad_0987-1381_2006_num_62_1_1697
17 Philippe Raynaud, « La santé est-elle un problème technique ? », in L. Sfez, L’utopie de la santé parfaite, Colloque de Cerisy, Paris, PUF, 2001.
18 Emmanuel Taïeb, « Individuation et pouvoir politique », Labyrinthe, 22, 2005, p. 37-46 https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/labyrinthe/1032
19 David Le Breton, « L’incision dans la chair. Marques et douleur pour exister », Quasimodo, 7, Printemps 2003 http://www.revue-quasimodo.org/PDFs/7%20-%20Tatouage%20Marques%20Douleur.pdf, relu le 23/08/2019.
20 Salomé Bour, « Le corps augmenté, nouveau lieu d’expression de soi. Les conceptions transhumanistes du corps humain », in Vincent Calais (dir.), Le corps des transhumains, op. cit., p. 31-56 https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/le-corps-des-transhumains--9782749263489-page-31.htm, consulté le 23/08/2019.
21 Dominique Memmi, Faire vivre et laisser mourir. Le gouvernement contemporain de la naissance et de la mort, Paris, La découverte, 2003, p. 202.
22 Comme en témoigne le succès pendant vingt ans d’une émission comme Le Magazine de la santé (France 5).
23 Témoin de ces mutations, la série Nip/Tuck (2003-2010) met en scène deux chirurgiens qui actent généralement les demandes chirurgicales de leurs patients, même les plus improbables.
24 Émilie De Pauw, « Better than well » (à propos de l’ouvrage éponyme de Carl Elliott), in G. Hottois, J.-N. Missa et L. Perbal (dir.), Encyclopédie du transhumanisme et du posthumanisme, op. cit.
25 Lucien Sfez, « L’utopie de la santé parfaite », in L. Sfez, L’utopie de la santé parfaite, op. cit., p. 13.
26 Dominique Memmi, La revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l’identité, Paris, Seuil, 2014 ; David Le Breton, « Du corps brouillon au corps parfait de la santé parfaite », in L. Sfez, L’utopie de la santé parfaite, op. cit.
27 Marina Maestrutti , « Cyborg identities and contemporary techno-utopias : adaptations and transformations of the body in the age of nanotechnology », Journal international de bioéthique, « Nanotechnologies », 1-2, 2011, p. 71-88.
28 Francesco Paolo Adorno, Le désir d’une vie illimitée. Anthropologie et biopolitique, Paris, éditions Kimé, 2012, p. 48.
29 John Harris, « “Enhancement” et éthique », Journal international de bioéthique, « L’amélioration humaine », op. cit.
30 Pour une présentation synthétique de l’état du débat, cf. Jean-Noël Missa, « Prolongation de la vie », in G. Hottois, J.-N. Missa et L. Perbal (dir.), Encyclopédie du transhumanisme et du posthumanisme, op. cit.
31 Max More, « The Philosophy of Transhumanism », in Max More and Natasha Vita-More (eds.), The Transhumanist Reader, op. cit.
32 Céline Granjou & Isabelle Mauz, « Gouverner par les scénarios ? Comment les institutions environnementales anticipent l’avenir de la biodiversité », Quaderni, 76, Automne 2011, p. 5-11.
33 Régis Meyran, « Les théories de l’effondrement sont-elles solides ? », Alternatives économiques, 07/01/2019 https://www.alternatives-economiques.fr/theories-de-leffondrement-solides/00087553, consulté le 17/08/2019. Sauf à aller vers un « catastrophisme éclairé » permettant d’envisager toute les catastrophes possibles, et pas seulement les plus annoncées. Cf. Jean-Gabriel Ganascia, Le mythe de la Singularité. Faut-il craindre l’intelligence artificielle ?, Paris, Seuil, 2017.
34 C’est visible dans la critique de la collapsologie que peut porter l’anticapitalisme, cf. par exemple Daniel Tanuro, « La plongée des “collapsologues” dans la régression archaïque », Contretemps. Revue de critique communiste, 06/03/2019 http://www.contretemps.eu/critique-collapsologie-regression-archaique/, consulté le 17/08/2019. Et dans une perspective rationaliste, cf. Océane Herrero, « Gérald Bronner : “Les collapsologues ne veulent pas voir les innovations technologiques qui pourraient changer la donne” », L’Opinion, 06/08/2019 https://www.lopinion.fr/edition/politique/gerald-bronner-collapsologues-ne-veulent-pas-voir-innovations-193400, consulté le 17/08/2019.
35 Gérald Bronner, « Cette écologie qui oublie de sauver la planète », Le Point, 09/01/2019, modifié le 14/03/2019 https://www.lepoint.fr/debats/gerald-bronner-pour-une-ecologie-rationnelle-09-01-2019-2284574_2.php, consulté le 17/08/2019.
36 Beverley Clack, « Constructing Death as a Form of Failure. Adressing Mortality in a Neoliberal Age », in Michael Cholbi (ed.), Immortality and the Philosophy of Death, London-New York, Rowman & Littlefield, 2016.
37 Cité dans Sébastien Mauge & Isabelle Poitte, « L’immortalité, pure fiction ? », Télérama, 3590, 31/10/2018. À l’occasion de la diffusion de la série Ad Vitam. Plus loin dans le numéro, l’interview du réalisateur Thomas Cailley porte un titre explicite : « La vie éternelle ? Plutôt mourir ! »
38 Nick Bostrom, « Why I Want to be a Posthuman When I Grow Up » (2008), in Max More and Natasha Vita-More (eds.), The Transhumanist Reader, op. cit.
39 Nicolas Le Dévédec, La société de l’amélioration. La perfectibilité humaine des Lumières au transhumanisme, Montréal, Liber, 2015.
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Référence papier
Emmanuel Taïeb, « Transhumanisme et santé parfaite », Quaderni, 99-100 | 2020, 125-135.
Référence électronique
Emmanuel Taïeb, « Transhumanisme et santé parfaite », Quaderni [En ligne], 99-100 | Hiver 2019-2020, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/quaderni/1571 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/quaderni.1571
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