1Notre recherche a pour objet la relation que certains adverbes entretiennent avec des verbes appartenant à la catégorie des Source Introducing Predicates (Saurí & Pustejovsky, 2009), désormais SIPs. Ces derniers jouent un rôle fondamental pour l’interprétation de la proposition qu’ils accompagnent, car ils sont utilisés pour introduire une source d’information supplémentaire dans le discours ; cette source représente une indication sur la vérité de la complétive qu’ils introduisent (p). Ils peuvent intervenir individuellement ou dans des constructions plus larges englobant des adverbes aidant à préciser le rapport que le locuteur entretient avec p. Observons ces exemples :
[1] Je pense qu’on mange bien dans ce restaurant. Allons-y !
[2] Je pense vraiment qu’on mange bien dans ce restaurant. Allons-y !
2Dans ces deux exemples, le SIP penser est utilisé pour exprimer le point de vue du locuteur, qui se positionne vis-à-vis du contenu de p. Le SIP restreint ainsi la vérité de p à une vérité « du locuteur », la L-vérité (Berrendonner, 1981 : 67), et a pour fonction une modalisation de l’énoncé qu’il accompagne. Plus particulièrement, ces phénomènes relèvent de la modalité « épistémique », à savoir de l’évaluation par le locuteur des chances qu’un état de choses se réalise dans le monde (cf. Nuyts, 2000 : 103). Si dans [1], le locuteur avance une supposition sur la qualité de la cuisine du restaurant, l’intervention de l’adverbe vraiment dans [2] vient insister sur cette supposition en la qualifiant de « vraie », soit parce que le locuteur est très sûr de lui, soit parce qu’il a effectivement des preuves de ce qu’il affirme : la fiabilité de p devient moins discutable grâce à l’emploi de l’adverbe. Le choix du SIP lui-même peut influencer la crédibilité de p :
[3] Je trouve qu’on mange bien dans ce restaurant. Allons-y !
3Dans cet exemple, l’utilisation de trouver donne une légitimité majeure à l’opinion du locuteur, car ce prédicat exprime un jugement qui est basé sur une expérience (cf. les analyses de Ducrot (1975) et de Gosselin (2015)), tandis qu’avec un prédicat comme penser, le locuteur avance une simple hypothèse sur la vérité de p. On sera alors amené à suivre plus facilement la proposition (allons manger dans ce restaurant) formulée dans [2] ou dans [3] que celle formulée dans [1].
4Les SIPs étudiés dans cet article sont des prédicats français utilisés avec un morphème de première personne singulière, au présent de l’indicatif. Le paradigme qui nous intéresse contient des prédicats qui appartiennent à différentes classes sémantiques : je pense que, je crois que, je trouve que, je considère que, je dis que, je suis convaincu que, il me semble que. Notre but est de vérifier, à travers une démarche corpus-driven, la propension de ces SIPs à se combiner avec des adverbes en -ment et de nous intéresser aux effets sémantico-pragmatiques qui découlent de ces combinaisons. Par la suite, une perspective comparative sera adoptée, afin de vérifier si les observations effectuées pour le français peuvent se retrouver dans une autre langue de même souche, l’italien. Les verbes qui font partie du paradigme italien sont les suivants : penso che, credo che, trovo che, ritengo che, dico che, sono convinto che, mi sembra che. Ces verbes ont été choisis soit parce qu’il s’agit des équivalents morphologiques des verbes français, soit parce qu’ils ont été identifiés comme la traduction la plus fréquente dans les corpus parallèles consultés1.
5Les mécanismes et les marqueurs linguistiques qui permettent de véhiculer l’attitude ou l’évaluation personnelle du locuteur par rapport à un état de choses ont fait couler beaucoup d’encre tout au long des quatre dernières décennies. Les approches sont nombreuses et variées, tout comme les termes par lesquels on les caractérise : on parle entre autres de modalité (Nuyts, 2006 ; Gosselin, 2010), de hedges et marqueurs de discours (Lakoff, 1973 ; Andersen, 2007 ; Delahaie, 2015), d’(inter)subjectivité (Lyons, 1993 ; White, 2003 ; Traugott, 2010), de stance et appraisal (Biber & Finegan, 1989 ; Martin, 2000).
6Un bon nombre de SIPs pris en compte dans cette étude ont été décrits, depuis le travail fondateur de Urmson (1952), en tant que parenthetical verbs, à cause de leur flexibilité syntaxique leur permettant d’apparaitre soit en début de phrase, soit en incise, soit à la fin. Dans le contexte francophone, ces verbes ont été étudiés par Blanche-Benveniste (1989) dans le cadre de sa théorie sur les verbes recteurs faibles, avec une attention particulière à je pense, je crois, je trouve (cf. Blanche-Benveniste & Willems, 2007). Ducrot (1968) les analyse au moyen de la présupposition et consacre une attention particulière à je trouve que (Ducrot, 1975). Plus récemment, Gosselin (2015) applique sa théorie de la Théorie Modulaire des Modalités (Gosselin, 2010) pour spécifier le sémantisme de certaines expressions de l’opinion personnelle. De par la fonction mitigatrice qui caractérise ces prédicats (cf. Schneider, 2007 ; Gachet, 2009), ils ont souvent été rapprochés des adverbes modaux : les deux ont en effet la propriété de perdre leur force assertive pour l’attribuer à la phrase qu’ils accompagnent (Borillo, 1976 : 81). Cette propriété a même mené certains auteurs à avancer l’hypothèse d’un processus de grammaticalisation concernant certains verbes d’opinion (Apothéloz, 2003 ; Andersen, 1997).
7Les études sur les adverbes utilisés pour exprimer une L-vérité ont également fait couler beaucoup d’encre dans le domaine francophone. Borillo (2004) s’intéresse à ceux qu’elle appelle les « adverbes d’opinion forte », que le locuteur utilise pour affaiblir la portée de ses propos en signalant le caractère subjectif de son énoncé. Appartiennent entre autres à cette catégorie des locutions telles que selon moi, pour moi, à mon avis, d’après moi, à mes yeux. Les trois premières ont également intéressé Coltier & Dendale (2004) qui montrent que, malgré l’apparente similarité, leur fonctionnement se distingue sur plusieurs plans (sémantique, discursif et pragmatique). Pour Molinier (2009), les adverbes « de conviction personnelle », qui recoupent en grande partie les adverbes d’opinion forte de Borillo (2004), font partie de la catégorie plus large des adverbes d’énonciation. Les adverbes de conviction personnelle concernent la source de l’information et servent au locuteur à marquer son adhésion à ce qu’il communique. Cette même fonction est attribuée aux adverbes distanciatifs (autant que je sache, à ma connaissance…), aux adverbes d’emprunt à une source extérieure (à ce que j’ai entendu dire, d’après N…) et aux adverbes d’individuation (personnellement, pour ma part…). De manière générale, tous les adverbes d’énonciation permettent au locuteur de faire entendre sa voix dans le discours, puisqu’ils servent à qualifier « l’énonciation dans laquelle l’énoncé est apparu » (Ducrot & Schaeffer, 1995 : 605) et à « rendre compte de conditions particulières de la production de l’énoncé » (Molinier, 2009 : 10). Hermoso Mellado-Damas (2009) se concentre de façon approfondie sur la différence entre franchement et personnellement et propose une distinction de leur comportement en se basant sur le cadre théorique de la polyphonie énonciative de Ducrot (1984). Si franchement renforce l’effet argumentatif de l’énoncé en opérant en tant que modificateur réalisant du verbe dire (cf. Ducrot, 1995), personnellement suit un autre procédé polyphonique en décrivant la prise de position du locuteur comme une parmi d’autres possibles (Hermoso Mellado-Damas, 2009 : 34).
8Malgré l’abondance des études sur les verbes et les adverbes utilisés pour exprimer une opinion personnelle, il manque pour le français une étude approfondie des emplois et des effets sémantico-pragmatiques d’un usage conjoint des deux. L’intérêt d’une telle étude est pourtant justifié par le fait que les deux formes font intervenir la subjectivité du locuteur dans son propre discours. Ainsi, dans des séquences telles que « Adv, je SIP que » ou « Je SIP adv que » le locuteur se met en scène à double titre, d’une part avec le verbe, d’autre part avec l’adverbe qui l’accompagne : se pose alors la question de l’effet argumentatif de cette association sur la complétive.
- 2 Le choix de limiter cette étude aux adverbes se terminant en -ment découle de contraintes méthodolo (...)
- 3 Le corpus PRES-FR est une version adaptée du corpus « Discours présidentiels français de 1958 à auj (...)
9Le but de cette recherche est de vérifier s’il existe des préférences de sélection entre les SIPs du paradigme et les adverbes en -ment2, et d’étudier les effets sémantico-pragmatiques découlant de ces combinaisons. Pour ce faire, nous utilisons une démarche corpus-driven qui s’intéresse aux cooccurrences statistiquement significatives entre SIPs et adverbes dans des corpus recouvrant deux genres discursifs différents, l’un de nature argumentative (les discours présidentiels), et l’autre de nature informative (la presse)3 :
– PRES-FR (2 843 577 items) : 733 discours présidentiels français, de 1958 à 2020.
– LM (17 895 009 items) : 37 030 articles de l’année 2010 du journal Le Monde, sélectionnés de façon aléatoire.
– PRES-IT (2 639 007 items) : 2 194 discours présidentiels italiens, de 1955 à 2021.
– REP (26 418 073 items) : 52 996 articles du journal La Repubblica, de 2010 à 2015, sélectionnés de façon aléatoire.
10Ces corpus sont consultés et analysés grâce au logiciel TXM (Heiden et al., 2010), qui permet de calculer des indices de cooccurrence (Lafon, 1981) entre le pivot (dans notre cas, les SIPs) et ses cooccurrents (dans notre cas, les adverbes en -ment/-mente). Ce calcul fournit une probabilité et repose sur les quatre éléments suivants : la fréquence d’apparition du cooccurrent au sein d’un empan de texte donné, la fréquence totale d’apparition du cooccurrent dans l’ensemble du corpus, la taille de l’empan et la taille du corpus complet. L’indice seuil dans TXM est fixé à 2. Une rencontre entre un pivot et son cooccurrent marquée par cet indice signifie que le cooccurrent avait moins d’une chance sur cent d’apparaitre dans l’empan choisi avec une fréquence aussi élevée. L’indice de cooccurrence permet donc d’identifier une relation statistiquement importante entre deux formes linguistiques ; plus l’indice est élevé, plus cette association est forte.
11Puisque notre question de recherche est de vérifier s’il existe des préférences de sélection entre les SIPs et des adverbes donnés, nous avons exploré les contextes de nos pivots, qui correspondent aux séquences « pronom de 1re personne + SIP + que ». Pour le contexte gauche, nous avons repéré tous les adverbes en -ment qui cooccurrent avec nos pivots dans un empan de 4 items. L’empan est volontairement réduit puisque ce sont les adverbes utilisés pour introduire les SIPs qui nous intéressent, et non pas ceux qui sont utilisés dans un énoncé précédent. À titre d’exemple, nous avons gardé l’adverbe en [4], mais nous l’avons exclu en [5], car simplement ne se réfère pas à je trouve que, mais au verbe dire présent dans l’incise :
[4] Aujourd’hui, c’est un peu difficile, je le reconnais. Personnellement, je crois que c’est une bonne façon de faire. (PRES-FR)
[5] J’ajoute enfin, et je voudrais le dire à la justice très simplement, que je trouve que nous avons tendance en France à abuser de la détention provisoire. (PRES-FR)
12Tous les adverbes qui ne sont pas liés syntaxiquement et sémantiquement aux SIPs ont été systématiquement triés et exclus. La recherche ne s’est pas limitée au contexte gauche, car il est possible que des adverbes apparaissent à droite des SIPs, comme dans l’exemple suivant :
[6] Les bâtiments construits à HQE — haute qualité environnementale — devraient être à un taux de TVA réduit. Je pense également que sur les produits culturels il faut aller plus loin. (PRES-FR)
- 4 Pour je suis convaincu que, nous avons interrogé à nouveau le contexte gauche, dans un empan de 2 i (...)
13Pour que ces types de construction soient repérés également, le pivot a dû être adapté, en excluant la conjonction que. Un contexte droit de seulement 2 items a été examiné, car dans ces constructions l’adverbe peut suivre directement le SIP ou il peut juste y avoir une virgule entre les deux4. Les mêmes recherches ont été effectuées pour les SIPs italiens, en gardant uniquement les adverbes se terminant en -mente. Le pronom personnel de 1sg io a été exclu du pivot, car il est souvent sous-entendu ; le morphème mi a été inclus pour la recherche des cooccurrents de mi sembra che, car indispensable pour pouvoir sélectionner uniquement les formes à la première personne.
Tableau 1 : Résultats pour PRES-FR dans l’empan droit
Tableau 2 : Résultats pour PRES-FR dans l’empan gauche
14Dans cette section, nous commentons les tableaux récapitulatifs de nos résultats : ceux-ci présentent, pour les deux empans, tous les adverbes en -ment qui ont été repérés comme étant des cooccurrents spécifiques de nos SIPs. À côté de chaque adverbe se trouve la valeur de l’indice de cooccurrence.
15Une première tendance se dégage dans le corpus des discours présidentiels : dans l’empan gauche, un seul adverbe apparait : il s’agit de personnellement, qui est spécifique à je pense que (12,98), à je trouve que (3,15) et à je considère que (2,72). Prenons ces deux exemples :
[7] Doit-on passer à la phase suivante, c’est-à-dire tout simplement à l’envoi d’armées, d’avions qui bombardent, de fantassins et d’artilleurs qui se déplacent sur le terrain ? Il faut aborder ce problème avec une extrême prudence. Une guerre de plus, et sur quel terrain ? Et dans quelles conditions ? Moi, personnellement je pense qu’il faut maintenir le blocus, la coalition internationale pour parvenir à convaincre la Serbie, le cas échéant la Croatie, le cas échéant les autres, qu’il convient d’en arriver à la discussion pacifique. (PRES-FR)
[8] Moi je souhaite qu’il y ait le maximum de syndicalisation parce qu’il faut qu’on sache à qui l’on parle mais personnellement je considère que cet accord est une bonne chose. Si cela vous froisse, j’en serai très triste car je n’ai pas l’intention de vous blesser, mais c’est ce que je pense. (PRES-FR)
16Dans chacun de ces exemples, l’adverbe aide à identifier le point de vue du locuteur dans son discours. Dans [7], le locuteur traite du conflit yougoslave et fait appel à une discussion pacifique. Pour ce faire, il crée d’abord un point de vue externe et favorable à la guerre, à travers une suite d’interrogations génériques et rhétoriques établissant une forme de préaccord (Doit-on passer à la phase suivante… ? Une guerre de plus, et sur quel terrain ? Et dans quelles conditions ?). Ensuite, il le réfute grâce à la mise en scène de son opinion personnelle : à travers le SIP je pense que il exprime sa position favorable au blocus, et cette opinion est soutenue par le recours à l’adverbe personnellement et au pronom tonique moi, qui viennent appuyer ses propos. Le procédé dans [8] est semblable : le locuteur effectue des concessions et met en jeu sa sensibilité envers des visions différentes de la sienne (Moi je souhaite…), mais le recours au verbe considérer, introduit par mais personnellement, l’aide néanmoins à défendre et appuyer davantage son propre point de vue, sur lequel il revient d’ailleurs à la fin de l’extrait avec le verbe penser. L’adverbe personnellement a, dans tous les exemples relevés dans notre corpus, une fonction d’adverbe d’individuation d’un actant humain (Molinier, 2009 : 19). La tendance de cet adverbe à accompagner des verbes d’opinion ou de jugement (Molinier, 2009 : 20) est ici validée statistiquement pour les verbes penser, trouver et considérer. Les autres SIPs n’ont pas tendance à être introduits par cet adverbe et aucun autre adverbe ne semble être susceptible d’accompagner les SIPs dans ce corpus.
17En ce qui concerne l’empan droit, nous remarquons que je pense que et je crois que sont les SIPs qui attirent une plus grande variété d’adverbes en -ment. De plus, ils en partagent deux, à savoir profondément et également. L’indice de spécificité de profondément est extrêmement élevé pour je crois que (50,00), qui est d’ailleurs accompagné d’un autre adverbe qui a un indice plutôt élevé, vraiment (16,32). Je crois que semble donc plutôt enclin à s’associer avec des adverbes dits « quantifieurs » (Molinier & Levrier, 2000) ou « marquant le degré » (Guimier, 1996 : 29), comme dans les exemples suivants :
[9] Toutes ces idées cheminent, et notre pays apparaît comme ayant la préoccupation de ce qui devrait être fait pour que l’organisation internationale et collective progresse. Il faut continuer. Je crois profondément que l’on peut aboutir au plein emploi à un niveau élevé de ressources, à condition de rechercher et de développer des activités nouvelles. (PRES-FR)
[10] Vous savez, j’ai l’habitude que l’on m’oppose le général de Gaulle et, je ne dis pas cela pour vous d’ailleurs, ceux qui l’ont combattu quand il était au pouvoir sont ceux qui me l’opposent le plus fréquemment. Je crois vraiment que, dans cette affaire, le général de Gaulle doit être laissé en dehors. Le général de Gaulle ne mettait certainement pas au centre de ses préoccupations la durée du mandat. (PRES-FR)
18Dans l’exemple [9], l’adverbe profondément renforce le prédicat croire et l’effet qui en découle est celui de donner une image d’un locuteur qui a foi dans les capacités de son pays à s’améliorer et développer ses ressources. Le fait que le locuteur se présente comme ayant une croyance profonde dans les possibilités de son pays lui confère de la légitimité pour demander à ses interlocuteurs de partager ses idées et d’accepter ainsi sa volonté de continuer à agir pour le pays. Dans 44 % des exemples de PRES-FR, l’adverbe profondément est accompagné de très, ce qui vient renforcer ultérieurement le prédicat. L’exemple [10] met en scène le même mécanisme, mais cette fois avec l’adverbe vraiment. Ceci vient renforcer la force rhétorique du SIP et ce pattern permet au locuteur d’appuyer sa prise de position personnelle quant à la nécessité de ne pas impliquer le général de Gaulle dans la discussion. Ces remarques sur les adverbes de degré convergent avec la description que De Cesare (2003) propose pour les adverbes italiens davvero et veramente, qui servent à confirmer une valeur épistémique primaire (dans notre cas, celle exprimée par les SIPs). Ces adverbes sont, du point de vue pragmatique, des « renforceurs illocutoires » avec une fonction qui « consiste à insister sur la validité de ce qui est dit, typiquement dans le but de convaincre un allocutaire dubitatif » (De Cesare, 2003 : 46).
19L’adverbe simplement apparait dans l’empan droit de je pense que (6,86) et de je dis que avec un indice extrêmement élevé (87,66) :
[11] Toutes ces mesures ont été prises pour aider, et cela était nécessaire. Sur le plan social, on n’a pas fait assez mais, sur le plan économique, on ne pouvait faire plus. Je veillerai à ce que l’on n’aggrave pas cette situation déjà désastreuse. Je pense simplement qu’il faut, d’une façon générale, examiner le problème du chômage avec plus de scrupule et de sérieux. Il faut savoir exactement ce que peuvent devenir chacun de ceux qui se trouvent frappés par ce mal. Il s’agit d’un mal immense. (PRES-FR)
[12] Mais si on considère, d’une part, que le latin est une façon de mieux connaître le français, d’imposer une meilleure connaissance de la grammaire et de la syntaxe, de faire comprendre la langue française précisément parce qu’elle est différente de la langue latine, si l’on considère, d’autre part, que la version latine est un exercice de raisonnement, presque incomparable à cause du passage permanent d’une langue synthétique à la langue analytique par excellence qu’est le français, alors le latin au contraire, à mon sens, devrait être enseigné dès la 6. Je ne choisis pas, je dis simplement que je voudrais qu’on pose le problème et qu’on le pose en termes réels. Je dirai la même chose du bachot. Qu’est-ce qu’on veut faire du bachot ? (PRES-FR)
20Simplement est, dans ces deux contextes, utilisé comme adverbe de degré qui peut être remplacé par uniquement/juste (cf. Lamiroy & Charolles, 2004 : 57). On peut alors parler d’un adverbe « restrictif » (Molinier & Levrier, 2000) qui redimensionne et recadre la prise de position du locuteur. Dans [11], le locuteur met en avant la nécessité de comprendre pleinement les implications du chômage, qui est défini comme un problème social important (ce mal, mal immense). L’association de je pense que avec simplement sert à adoucir ses critiques face à l’inefficacité des mesures prises auparavant — notamment le fait que le chômage n’ait pas été examiné de façon scrupuleuse et sérieuse — pour éviter que son discours soit perçu comme trop polémique. Le procédé est semblable dans [12] : le locuteur met en avant l’importance de l’enseignement du latin dans les écoles et son souhait qu’il soit enseigné dès la classe 6. Il revient ensuite sur ses propos, en prenant du recul et en affirmant ne pas vouloir imposer ses choix, mais juste entamer une discussion par rapport au sujet (je ne choisis pas, je dis simplement que). Dans cet exemple, je dis simplement que acquiert une valeur oppositive par rapport au contexte précédent : le locuteur prend de la distance par rapport à ses propos qui peuvent être perçus comme excessivement égocentriques et autoritaires.
21Enfin, dans notre paradigme, deux SIPs ne se combinent avec aucun adverbe, que ce soit dans l’empan gauche ou droit : je suis convaincu que et il me semble que. Vérifions maintenant les tendances dans l’autre corpus français, Le Monde, en analysant les tableaux correspondants.
Tableau 3 : Résultats pour LM dans l’empan droit
Tableau 4 : Résultats pour LM dans l’empan gauche
22En ce qui concerne l’empan gauche, nous retrouvons l’adverbe personnellement qui apparaît, cette fois-ci, uniquement avec je pense que (6,31). Les autres SIPs ne sont pas, dans LM, associés de façon statistiquement significative à cet adverbe. L’adverbe personnellement apparait également dans l’empan droit de je pense que (4,29), comme dans l’exemple suivant :
[13] L’érable est blessé mais pas abattu. « Nous jouons pour survivre ». Délicat, l’entraîneur américain, Ron Wilson, a apporté un peu de baume au cœur de la nation hôte. « Je pense personnellement que le Canada est la meilleure équipe, avec la Russie pas loin », a-t-il déclaré. (LM)
23Dans l’exemple [13], l’entraineur de l’équipe américaine de hockey reconnait la force de l’équipe canadienne tout en plaçant la Russie en compétition étroite avec celle-là. Le SIP penser est accompagné de personnellement, qui précise que l’opinion du locuteur n’est pas forcément universelle. L’analyse des exemples dans LM révèle que, quelle que soit sa position syntaxique (dans l’empan gauche ou droit du SIP), personnellement a toujours un emploi d’adverbe d’individuation. Notons également que l’attraction significative entre personnellement et je pense que, relevée dans les deux corpus par des indices plutôt élevés (12,98 dans PRES-FR ; 6,31 et 4,29 dans LM), confirme statistiquement les analyses qualitatives de Blanche-Benveniste & Willems (2007 : 239), qui mettaient en lumière la tendance de je pense à apparaitre souvent à côté de personnellement dans des corpus oraux.
24L’aptitude de je pense que et je crois que à être renforcés, dans PRES-FR, par des adverbes de degré, s’observe également dans LM. Je pense que est accompagné de façon statistiquement significative par sérieusement (3,83) et je crois que présente une fois de plus une association avec vraiment (4,13). Nous retrouvons ici l’adverbe simplement qui modifie je dis que (6,31), comme relevé dans PRES-FR, et je crois que (2,92), alors que dans PRES-FR, c’était je pense que qui était en association spécifique avec cet adverbe. Un autre point commun aux deux corpus est l’imperméabilité de il me semble que à tout type d’adverbe, à gauche comme à droite, et l’insensibilité de je trouve que et je considère que aux adverbes dans le contexte droit. Enfin, une différence entre les deux corpus réside dans l’emploi de je suis convaincu que : dans LM, il est accompagné, comme je pense que et je crois que, d’un adverbe renforceur (fermement : 5,17) et d’également, alors que dans PRES-FR ce n’est pas le cas.
- 5 Voici les traductions en français des adverbes apparaissant dans les tableaux italiens, en ordre al (...)
25Nous allons à présent exposer les résultats pour l’italien et les commenter à la lumière des analyses pour le français5.
Figure 5 : Résultats pour PRES-IT dans l’empan gauche
Tableau 6 : Résultats pour PRES-IT dans l’empan droit
Tableau 7 : Résultats pour REP dans l’empan droit
Tableau 8 : Résultats pour REP dans l’empan gauche
26Dans le corpus des discours présidentiels (PRES-IT), pour le contexte gauche, seulement un SIP présente une relation spécifique avec un adverbe : c’est le cas de credo che qui est introduit par francamente (4,78). Dans le corpus journalistique (REP), le contexte gauche est plus riche. Penso che est introduit par onestamente (5,96) et personalmente (2,47) ; credo che est introduit par personalmente (11,09), francamente (5,02) et difficilmente (2,0) ; dico che est également en association spécifique avec personalmente (3,65). Dans les deux corpus, c’est donc le pattern francamente credo che qui est partagé, comme le montrent les exemples suivants :
[14] Per esempio, sappiamo che c’è discussione sui dati statistici relativi all’incidenza degli incidenti sul lavoro […]. Sappiamo che qualche commentatore straniero ha addirittura eccepito che drammatizziamo troppo, perché quello che accade sarebbe considerato normale dovunque in Europa. Francamente, credo che non possiamo correre dietro a comparazioni di questa natura : è bene essere il più possibile precisi e puntuali, anche nel rivedere anno per anno – rispetto a fasi precedenti – l’andamento di questo fenomeno, ma che sia un fenomeno di per sé gravissimo (…), non può essere messo in dubbio. (PRES-IT)
[Par exemple, nous savons que les statistiques sur l’incidence des accidents au travail font l’objet de discussions […]. Nous savons que certains commentateurs étrangers ont même objecté que nous dramatisons trop, car ce qui se passe serait considéré comme normal partout en Europe. Franchement, je crois que nous ne pouvons pas courir après des comparaisons de cette nature : c’est bien d’être aussi précis et ponctuel que possible, même en examinant année par année — par rapport aux phases précédentes — la tendance de ce phénomène, mais le fait qu’il s’agisse d’un phénomène très grave en soi […], ne peut pas être remis en question.]
[15] Questa cordata è formata da diverse persone che da anni lavorano assieme proprio in questo settore. Ovviamente sono cauto perché i conti li faremo alla fine. Però francamente credo che non potessimo sperare di meglio. (REP)
[Ce groupe est composé de plusieurs personnes qui travaillent ensemble depuis des années dans ce domaine. Bien sûr, je suis prudent car nous ferons les comptes à la fin. Mais franchement, je crois que nous n’aurions pas pu pas espérer mieux.]
27Dans 75 % des exemples tirés de nos deux corpus, francamente credo che est utilisé pour introduire un énoncé négatif. Ceci montre que cet adverbe a tendance à apparaitre dans un espace discursif polémique (Donaire, 2006 : 67), parfois même dans des contextes marquant l’indignation (Schlyter, 1977 : 127), comme dans [14].
28En ce qui concerne le contexte droit, credo che se comporte comme son pendant français concernant l’attraction avec des adverbes renforceurs : il est en association spécifique avec veramente (7,00) et effettivamente (4,27) dans PRES-IT et avec fermamente (20,28) dans REP. L’analyse des exemples nous permet toutefois de préciser ces données quantitatives. Observons ces deux exemples :
[16] Il 2010 sarà un anno difficile, dal momento che nel Campionato corrono ottimi piloti e team. Tuttavia, credo fermamente che BMW potrà fare un grande passo avanti nel corso del prossimo anno. (REP)
[L’année 2010 sera une année difficile, étant donné qu’il y a de très bons pilotes et de très bonnes équipes dans le championnat. Toutefois, je crois fermement que BMW peut faire un grand pas en avant durant l’année prochaine.]
[17] E ho avuto il piacere di accogliere il Presidente Turk alle celebrazioni del 150° anniversario dell’unità d’Italia. Insomma, credo che veramente sia cambiato molto in questi anni. E abbiamo davanti una prospettiva come non mai positiva, luminosa, di sviluppo delle relazioni bilaterali tra i nostri due Paesi […]. (PRES-IT)
[Et j’ai eu le plaisir d’accueillir le président Turk lors des célébrations du 150e anniversaire de l’unification de l’Italie. En somme, je crois que beaucoup de choses ont vraiment changé au cours de ces années. Et nous avons devant nous une perspective plus brillante et plus positive que jamais, une perspective de développement des relations bilatérales entre nos deux pays […].]
29Dans [16], l’adverbe fermamente vient renforcer le SIP, de la même façon que le fait l’adverbe profondément ou vraiment avec je crois que dans les corpus français (cf. ex. [9] et [10]). Toutefois, dans [17] — et il en va de même dans toutes les occurrences de veramente dans le contexte droit de credo che dans PRES-IT — l’adverbe veramente ne modifie pas le prédicat, mais l’énonciation introduite par le prédicat même. Ce sont deux types différents de stratégies rhétoriques : dans les cas comme [16], l’adverbe renforce le SIP et cela permet de donner du poids aux opinions du locuteur, de mettre en relief le fait que ses croyances sont sincères (« c’est mon opinion, ma croyance, et elle est forte »). On a donc un renvoi à l’univers intellectuel du locuteur : ce procédé est à mettre en relation avec une fonction descriptive des verbes d’opinion (cf. Benveniste, 1966 : 264), où credo che reçoit une lecture assertive (cf. Schneider, 2007 : 196). Dans les cas comme [17], l’adverbe ne renforce pas directement le SIP, mais porte plutôt sur l’état de choses introduit par ce dernier. Le focus est alors mis sur p et non sur la croyance même du locuteur. Nous ne pouvons donc pas faire un parallélisme direct entre l’association de vraiment avec je crois que dans l’empan droit des deux corpus français et l’association qui ressort entre veramente et credo che dans l’empan droit dans PRES-IT : ceci montre l’importance primordiale du retour au texte pour confirmer les résultats quantitatifs. L’effet renforçant de veramente n’est pas perdu, mais il déplace son objet du prédicat en lui-même à l’énoncé plus général.
30Sono convinto che est le SIP qui attire le plus d’adverbes dans PRES-IT, à savoir fermamente (24,61), profondamente (6,44) et egualmente (3,26). L’association entre sono convinto che et fermamente est partagée dans REP avec un indice qui est aussi très élevé (26,12) :
[18] Ebbene, è stato grazie a un percorso personale che ho scoperto perché mi sono ammalato proprio in quella parte del corpo, e sono fermamente convinto che la psiche giochi un ruolo determinante nel mantenere buono il livello di salute o nel deteriorarlo. (REP)
[Eh bien, c’est grâce à un cheminement personnel que j’ai découvert pourquoi je suis tombé malade dans cette partie même du corps, et je suis fermement convaincu que le cerveau joue un rôle décisif dans le maintien ou la détérioration de la santé.]
31Dans cet exemple, le locuteur exprime une forte conviction basée sur son expérience personnelle de la maladie. Le mécanisme de renforcement du SIP est semblable à celui de credo fermamente/effettivamente che, mais qui, dans ce cas précis, a plus de force rhétorique, du moment que le verbe sono convinto contient dans son sémantisme même l’idée de preuve et donc d’opinion légitime, alors que ce n’est pas le cas de credo, qui renvoie plutôt à une supposition.
- 6 Les associations de dico che avec semplicemente et solamente dans PRES-IT sont à remettre en perspe (...)
32Finalement, les deux corpus partagent les mêmes adverbes associés à dico che, à savoir semplicemente (3,74 dans PRES-IT et 2,50 dans REP) et solamente (3,25 dans PRES-IT et 3,21 dans REP)6 :
[19] Su questa vicenda posso parlare solo come giurista, senza invadere altri campi che non abbiano attinenza con l’istituto giudiziario. Ebbene, da giurista dico semplicemente che le sentenze rese definitive vanno rispettate, eseguite e non contrastate. (REP)
[Je ne peux parler de cette question qu’en tant que juriste, sans envahir d’autres domaines qui ne sont pas liés à l’institution judiciaire. Eh bien, en tant que juriste, je dis simplement que les jugements rendus définitifs doivent être respectés, exécutés et non contestés.]
33Comme son pendant français, dico che a donc une forte propension à se combiner avec des adverbes restrictifs. Dans cet exemple, le locuteur ne veut pas parler d’autres sujets qui ne sont pas en lien avec l’institution judiciaire, son domaine de compétence. Par conséquent, il s’exprime uniquement sur le fait que, à son avis, les jugements ne doivent pas être contestés mais, au contraire, respectés (fonction restrictive). Cette affirmation fait d’ailleurs écho avec un contexte précédent dans lequel lesdits jugements ont été remis en question (fonction oppositive).
34Ces remarques nous amènent à nous interroger sur la tendance particulière des adverbes de degré avec une fonction restrictive à intervenir de façon récurrente et presque exclusive avec je dis que/dico che. Ceci s’explique par le sémantisme même du verbe, qui possède une force rhétorique plus élevée que celle des prédicats épistémiques tels que je pense/crois que, penso/credo che. Le verbe dire implique une moindre idée de réflexion et de supposition : on dit les choses telles qu’elles sont, de façon plus directe. On aura alors plus tendance à prendre du recul et à adoucir rétroactivement adoucir les propos véhiculés par un verbe de parole que par un verbe épistémique.
- 7 La forte attraction statistique partagée dans plusieurs corpus, entre un SIP et un adverbe donné, p (...)
35Dans cet article, nous avons étudié l’usage conjoint des SIPs avec des adverbes en -ment/-mente dans des corpus écrits. Les outils statistiques utilisés ont permis de mettre en relief des résultats qu’il n’aurait pas été possible d’obtenir par une approche purement qualitative, à savoir le fait que chaque SIP est plus enclin à accepter certains types d’adverbes7.
36Pour le français, nous avons relevé le cas de personnellement, qui montre une tendance très nette à accompagner je pense que par rapport à d’autres verbes, surtout dans des contextes dialogiques où le locuteur souhaite mettre en avant son opinion en la faisant contraster avec d’autres points de vue. Ce résultat peut être mis en relation avec l’analyse des structures je pense que et je crois que effectuée par Rendulić & Kanaan-Caillol (2016) dans le corpus oral ESLO : si je crois que couvre majoritairement des valeurs d’incertitude ou d’atténuation socio-interactionnelle, je pense que se spécialise pour exprimer une argumentation subjective. Cette valeur est également celle que nous retrouvons dans tous les exemples lorsque je pense que est accompagné par personnellement. Pour l’italien, ce pattern n’apparait pas de façon constante, mais c’est plutôt l’association francamente credo che qui a tendance à être systématique et qui recouvre la valeur d’argumentation subjective.
37En ce qui concerne les adverbes intraprédicatifs, nous avons relevé l’occurrence statistiquement significative de certains adverbes renforceurs (vraiment/profondément) avec je crois que et celle de simplement avec je dis que. Ces patterns particuliers peuvent s’expliquer tout d’abord par des facteurs sémantiques. Le fait que nous ne retrouvions pas ce phénomène d’attirance entre je dis que et les adverbes renforceurs est dû à l’impossibilité d’un « dire » à être décrit comme « vrai » ou « profond », alors qu’une croyance peut être questionnée en termes de légitimité. Le contexte situationnel et pragmatique peut également expliquer ces choix de sélection. Dans des contextes où le locuteur se sent en devoir de soutenir ses propos, il adoptera des procédés linguistiques qui vont argumenter en faveur de sa prise de position : c’est dans ces cas de figure qu’il sera amené à renforcer le verbe d’opinion au moyen d’adverbes qui appuient l’expression de son opinion. D’autres marqueurs linguistiques du même type interviennent d’ailleurs dans ces types de contextes, comme, souvent, des verbes modaux (cf. [10] où on retrouve le je crois vraiment que accompagné d’un devoir déontique). Inversement, dans d’autres cas, le locuteur aura besoin de prendre de la distance d’un acte qui peut être perçu comme menaçant pour la face de son interlocuteur (cf. Brown & Levinson, 1990 : 61), ce qui l’amènera à utiliser des procédés de mitigation. Nous avons notamment traité le cas de l’adverbe restrictif simplement, qui permet de recadrer la force rhétorique de je dis que qui, lorsqu’il est utilisé individuellement, peut être perçu comme trop direct (cf. [12] où le locuteur accompagne, en plus, le je dis simplement d’un conditionnel pour avancer des propositions). La perspective comparative avec l’italien nous a permis d’observer qu’il existe plusieurs points communs entre les patterns relevés pour les deux langues, notamment l’utilisation des adverbes renforceurs/affaiblisseurs avec credo che et dico che.
38Ces résultats préliminaires démontrent à quel point l’étude des adverbes peut aider à révéler les propriétés sémantico-pragmatiques des SIPs et à cerner leur fonctionnement en discours. Un approfondissement des recherches dans ce domaine demeure néanmoins nécessaire, notamment en orientant la recherche vers l’élargissement du paradigme des adverbes, en dehors de ceux se terminant en -ment/-mente. Un éclairage supplémentaire pourra également être apporté en prenant en compte d’autres corpus écrits, afin de vérifier si les tendances sont stables ou si le genre discursif exerce une influence sur l’utilisation de ces séquences. De même, il serait intéressant d’explorer des corpus oraux, pour voir si des stratégies différentes se mettent en place à l’oral.