Éditrices invitées

Caroline Jolly, IRSST

Marion Albert, Université Bretagne Sud

Nathalie Judon, INRS-France

Objet du numéro

Des démarches d’intervention mobilisent des approches et méthodes réflexives afin de favoriser la santé au travail. L’activité réflexive (Schön, 1983), ou activité dialogique, permettant un processus d’interaction entre le dialogue avec les autres, avec soi et le dialogue de l’autre en soi (Bakhtine, 1926/1981) est un des outils permettant de documenter les liens entre la santé et le travail. Dans cette perspective de « langage sur le travail » (Teiger, 1993; Boutet, 1995), cette activité réflexive vise, d’une part à expliciter les savoirs gouvernant les réflexions et les actions habituelles des personnes, et d’autre part à faciliter l’énonciation des savoirs et savoir-faire mobilisables dans l’activité de travail (Clot, 2008).

Pour permettre à la personne interviewée de mettre en mots ce qui est implicite au cours de l’activité, Vermersch (1994) propose l’entretien « d’explicitation ». Cette mise en mots est rendue possible par la mise en place de conditions nécessaires à l’évocation la plus fine possible de ce que la personne a fait réellement et de comment elle s’y est prise pour faire ce qu’elle avait à faire. Dans le même objectif d’explicitation sur une activité passée, différentes formes de confrontation à son activité et à celle d’autrui ont été développées. Les entretiens d’autoconfrontation placent la personne dans un contexte nouveau dans lequel elle devient l’observatrice extérieure de son activité et adopte une posture analytique en présence d’un tiers. Dans le cadre d’une auto-confrontation croisée, Clot (1999, 2008), inspiré des travaux de Vygotski (1934-1997) et Odonne, et al. (1981) utilise comme moyen, l’échange dialogique entre pairs et la possibilité de provoquer des débats, voire des controverses. Mollo et Falzon (2004) ont développé par la suite les entretiens individuels d’alloconfrontation dans lesquels la personne est amenée à verbaliser à propos de la présentation des traces de l’activité d’une autre personne. D’autres travaux conjuguent auto-confrontations individuelles et confrontations collectives afin de passer du discours général sur le travail à une verbalisation plus fine de l’activité. Ainsi, le dialogue permis par ces espaces réflexifs peut devenir un levier permettant aux personnes et aux organisations de se transformer.

Quels sont les ancrages épistémologiques sur lesquels s’appuient les méthodes d'entretien visant l'explicitation par la confrontation à sa propre activité ou celle d’autrui? Quelles sont les conditions nécessaires à leur mise en place? Quelles sont les traces matérielles à privilégier (vidéo, image, schéma, mesure…) pour les mener? À quel(s) niveau(x) ces méthodes ont permis d’envisager de nouvelles voies pour favoriser la santé au travail?

Ce numéro se veut ainsi complémentaire aux différentes publications existantes sur le sujet. Il vise à faire un portrait de la diversité des applications des méthodes de dialogue avec soi et avec les autres. Il présentera également les retours d’expériences des chercheur·e·s, et autres professionnel·le·s issus de disciplines des sciences humaines et sociales ayant mobilisés les méthodes d'entretien visant l'explicitation par la confrontation à sa propre activité ou celle d’autrui dans leurs travaux ou interventions.

Appel à résumé

Nous vous invitons à soumettre votre résumé à l’adresse caroline.jolly@irsst.qc.ca d’ici le vendredi 14 mars 2025.

Format des résumés :

• Document Word.

• 1000 mots maximum.

• 5 à 10 références.

• Contexte, objectif; ancrage épistémologique; méthodologie, résultats, discussion.

Calendrier anticipé

Date de réception des résumés – 14 mars 2025

Date de réception des articles – 1^er juin 2025

Date anticipée de publication – entre décembre 2025 et février 2026