Mobilité des formes et surfaces terrestres. Des changements passés aux changements actuels, sous la direction de Marie-Josée PENVEN, Hervé REGNAULD et Denis MERCIER, 2011
Mobilité des formes et surfaces terrestres. Des changements passés aux changements actuels, 2011 (http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2685, 220 p.)
Texte intégral
1L'édition 2009 des Journées des Jeunes Géomorphologues, organisée à Rennes par Marie-Josée PENVEN, Hervé REGNAULD et Denis MERCIER, sous l'égide du Groupe Français de Géomorphologie, a donné lieu, une fois n'est pas coutume, à la publication d'actes. Il s'agit là d'une très heureuse initiative. En effet, si les échanges oraux ont quelque intérêt, l'exercice écrit reste essentiel pour la structuration d'une pensée scientifique et le seul pertinent pour la diffusion des résultats de la recherche, quel que soit le support : papier, CD-Rom ou internet. Les jeunes auteurs, sans doute aidés par leurs encadrants, surtout quand ceux-ci sont cosignataires, ont pu en outre se confronter à un comité de lecture, dont le travail a permis d'aboutir à des articles de qualité homogène, du moins sur le plan de la forme.
2Les dix communications présentées sont regroupées en trois parties, précédées par une introduction ("La Jeune Géomorphologie au début du XXIème siècle", p. 9-16) dans laquelle les organisateurs de la Journée rappellent les champs scientifiques traditionnels de la géomorphologie et définissent la place en devenir de cette discipline dans le cadre de préoccupations au caractère non seulement scientifique, mais aussi de plus en plus politique, la dimension applicable étant aujourd'hui intégrée à beaucoup de recherches. Sans être vraiment convaincu qu'il existe une Jeune Géomorphologie, il faut bien admettre avec les auteurs qu'il existe, comme de tous temps, de jeunes géomorphologues à qui l'on doit accorder notre confiance, pour peu que la Géomorphologie ne soit pas dévoyée par d'autres disciplines et qu'elle bénéficie des moyens nécessaires à son développement.
3 La Première Partie ("Méthodes et techniques", p. 17-80) regroupe quatre articles : - sur l'apport du radar géologique pour l'étude d'un glacier rocheux des Pyrénées (T. FEUILLET et al.), - sur l'utilisation de données SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) pour l'étude paléoclimatologique du Nordeste brésilien (J. QUIRET), - sur la classification du réseau hydrographique du bassin amont des Gardons (M. FORRIEZ et al.), - et sur la notion de bassin versant fluvial et estuarien à travers le cas de la Bretagne (A. BOIGNÉ). Le premier (T. FEUILLET et al.) offre le double intérêt de l'utilisation d'un appareil dont la mise au point opérationnelle est récente et d'une application à une forme pour lequel il est de toute évidence bien adapté. Les trois autres articles s'appuient sur des approches bien rôdées en analyse spatiale, celui de J. QUIRET se distinguant à mes yeux tout particulièrement, par les données traitées (SRTM) et par l'exploitation réellement géomorphologique qui en est faite.
4La Deuxième Partie ("Paléoenvironnements", p. 81 à 139) est forte de trois articles : - sur la paléohydrologie pléistocène et sur l'effet de site dans l'étude du remplissage détritique de la grotte charentaise du Bois du Clos (G. DANDURAND et al.), - sur les divagations du cours de la Thielle par une approche géo-historico-archéologique (L. CHALUMEAU E. VERRECCHIA), et sur le site de la cité antique d'Avaris sur la branche pélusiaque du Nil (H. TRONCHÈRE et al.). Le premier (G. DANDURAND et al.) s'appuie sur une panoplie de techniques éprouvées (lever topographique du réseau karstique, analyses stratigraphiques et granulométriques, dosages géochimiques par spectrométrie de fluorescence X et microsonde électronique, datations U/Th) qui aboutissent une bonne perception des fonctionnements responsables de la mise en place des dépôts et des conditions de leur conservation. Le deuxième intéressera tous ceux qui ont apprécié l'article de L. CHALUMEAU et al., paru en 2012 dans Physio-Géo, sur ce que les cartes historiques apprennent sur l'évolution spatiale de la Thielle moyenne, article par rapport auquel il fournit des informations complémentaires. Enfin, celui de H. TRONCHÈRE et al., qui a bénéficié des sondages électromagnétiques réalisés antérieurement par une autre équipe, fait appel en propre à des carottages, des granulométries laser, des analyses morphoscopiques des sables et des datations 14C ; l'étude enrichit les connaissances sur le site archéologique, mais les résultats ne sont pas définitifs, des datations par luminescence stimulée optiquement étant encore attendues… et d'autres recherches étant certainement déjà programmées.
5La Troisième Partie ("Dynamiques passées et actuelles. Des processus géomorpho-logiques aux risques", p. 141-193) offre également trois articles : - sur la compréhension à partir des observations en carrières souterraines, des dynamiques géomorphologiques des plateaux de calcaires tertiaires du Bassin de Paris (C. SOSSON et al.), - sur les dynamiques sédimentaires de deux sites de Bretagne Sud, l'un dunaire et l'autre associant dune et plage (S. PIAN), - sur la modélisation prédictive d'une dune littorale de l'Île d'Oléron (J. MUSEREAU). L'article sur le Bassin de Paris (C. SOSSON et al.) constitue l'esquisse d'un texte plus développé, publié en 2012, dans Physio-Géo, par A. DEVOS et al. Les deux autres, tout en présentant des exemples d'évolutions littorales, mettent surtout en avant des essais méthodologiques en vue de la modélisation du fonctionnement géomorphologique des côtes de Bretagne Sud ou de l'érosion des dunes littorales. Ainsi posée, la problématique conduit les auteurs à mettre en évidence les limites de leur approche. Celles-ci sont particulièrement manifestes dans le cas des évolutions modélisées pour la tempête Klauss (janvier 2009) sur la plage de Vert de Bois (Île d'Oléron), ce qui pose le problème de "la pertinence de l'approche analytique dans le domaine de la prédiction des aléas littoraux" (J. MUSEREAU), alors que la modélisation sur un temps plus long de l'évolution du trait de côte, s'il n'est pas toujours satisfaisant, donne globalement de meilleurs résultats.
6Vient ensuite un historique du GFG : "En conclusion. Retour sur la genèse du GFG", par J.J. DUFAURE et B. DUMAS (p. 195-203), bien utile aux jeunes chercheurs.
7In fine, apparaissent les résumés, puis les abstracts. Le fait qu'ils soient ainsi séparés des articles n'est pas une mauvaise chose, et l'idée pourra être reprise. Regrettons toutefois que la pagination de l'article ne soit pas indiquée avec chaque résumé ou abstract, ce qui empêche de faire le choix d'un article à lire sans avoir à consulter la table des matières ou à feuilleter l'ouvrage.
8Au total, il faut se réjouir de la publication de cet ouvrage que l'on doit aux organisateurs de la Journée et aux Presses Universitaires de Rennes. Certes, le format du livre (16,5 24 cm), imposé à des figures manifestement dessinées pour du format A4, ne facilite pas la lecture de certaines illustrations. Mais les dix articles présentés, tous de bonne qualité, témoignent de la vitalité de la Géomorphologie française.
Pour citer cet article
Référence papier
Claude Martin, « Mobilité des formes et surfaces terrestres. Des changements passés aux changements actuels, sous la direction de Marie-Josée PENVEN, Hervé REGNAULD et Denis MERCIER, 2011 », Physio-Géo, Volume 6 | -1, 19-20.
Référence électronique
Claude Martin, « Mobilité des formes et surfaces terrestres. Des changements passés aux changements actuels, sous la direction de Marie-Josée PENVEN, Hervé REGNAULD et Denis MERCIER, 2011 », Physio-Géo [En ligne], Volume 6 | 2012, mis en ligne le 12 décembre 2012, consulté le 25 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/2792 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/physio-geo.2792
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