1Situé dans la partie orientale du Moyen Atlas central, le lac Sidi Ali (Aguelman Sidi Ali), dont la première citation bibliographique revient à J. BLACHE (1919), est l'un des plus importants lacs naturels du Maroc. En juin 1975, d'après les mesures réalisées par le Laboratoire Public d'Essais et d'Études, alors que le lac était bien rempli (cote à l'échelle de 1540 cm), la plus grande profondeur atteignait 43,4 m, la superficie du plan d'eau 337 ha et le volume d'eau stocké 35 millions de m3 (ABHS, document inédit).
2Entre 1980 et 2008, en rapport avec les déficits pluviométriques observés au Maroc (M.D. EL JIHAD, 2003 ; A. SAYAD, 2005 ; K. EL BOUQDAOUI et al., 2006 ; L. STOUR et A. AGOUMI, 2008), le lac Sidi Ali, comme d'autres lacs (S. EL JAMAL, 2006 ; M. LOUDIKI et al., 2008), a connu un fort abaissement de son niveau (A. AMHAOUCH, 1995 ; ABHS, 2007, 2009), ce qui n'a pas été sans conséquences négatives sur l'écosystème aquatique (J. FRANCHIMONT et al., 1994 ; A. AMHAOUCH, 1995). Dans le présent article, nous analyserons les fluctuations du niveau du lac, en les mettant en relation avec l'évolution des conditions climatiques.
3Le lac Sidi Ali se trouve à une altitude de 2070-2080 m (niveau d'eau à 2078 m en juin 1975). Il présente une forme allongée de direction nord-est - sud-ouest, avec des dimensions dépassant 3400 m en longueur et 1000 m en largeur lorsque son niveau est élevé. Dans un environnement montagneux (Fig. 1 et Photo 1), le lac est entouré par le Jbel Sidi Ali (2338 m), à l'est (Photo 2), par la coulée basaltique qui le sépare de la plaine de Taanzoulte, à l'ouest et au sud-ouest, par le volcan de Sidi Ali, au nord, et par le Jbel Bou Ikhitane (2308 m), au nord-est.
Figure 1 - Situation géographique (A) et cadre géologique (B) du lac Sidi Ali.
Le niveau atteint en 1963 est le plus haut qui soit connu.
Photo 1 - Le site du lac Sidi Ali vu de la RN 13 en direction du nord-est. [Cliché : A. SAYAD, mai 2009]
Photo 2 - Le lac Sidi Ali, vu vers le nord-est, depuis la partie moyenne du lac. [Cliché : A. SAYAD, mai 2009]
Cette vue montre, au fond, l'anticlinal du Jbel Sidi Ali, à l'extrême gauche, le plateau boisé du Jbel Bou Ikhitane et au premier plan, sous les pieds du photographe, la coulée basaltique.
4Situé à 55 km au Sud d'Azrou, le lac est accessible depuis la route nationale N13 (Meknès-Midelt), par une route goudronnée (RS 332) longue de 1,5 km (Fig. 1).
5Le secteur fait partie du Moyen Atlas plissé. Le bassin versant du lac Sidi Ali est constitué de calcaires et de dolomies liasiques, de marnes et de calcaires bajociens, et de basaltes plio-quaternaires (J. MARTIN, 1981 ; A. BAALI, 1998). Ce bassin apparent a une superficie de 15,6 km2, mais il est probable que le bassin d'alimentation souterrain soit plus étendu.
6De contour multilobé, avec en son fond des dépressions circulaires correspondant à des dolines, Aguelmam Sidi Ali serait assimilable à une ouvala (Fig. 2). Toutefois le fond du lac est recouvert de basaltes émis par le volcan de Sidi Ali. Sur les bords du lac, s'est déposé localement un sable blanchâtre issu de l'altération de ces roches (S. HINAJE, 2004). Le lac est longé par deux failles principales orientées NE-SO (Fig. 1), mais il existe aussi un important réseau de fractures subméridiennes (A. BAALI, 1998 ; S. HINAJE, 2004).
Figure 2 - Carte bathymétrique du lac Sidi Ali.
Carte dessinée par M. NORMAND d'après les levés du Laboratoire Public d'Essais et d'Études, in A. AMHAOUCH (1995), modifiée.
7Le lac occupe une dépression endoréique (J. BLACHE, 1919 ; A. RUHLMANN, 1932), barrée en aval par une coulée basaltique, sans exutoire même quand son plan d'eau est à son niveau maximal (J. MARTIN, 1981). Ce lac permanent est alimenté essentiellement par des eaux météoriques reçues directement par la dépression lacustre, des cours d'eau intermittents situés principalement à l'est (Fig. 3) et des sources localiséesdans le même secteur (Aghbalou ou Mançour et Aghbalou Taddat). Une alimentation par des résurgences situées au fond du lac lui-même a été mise en évidence lors d'une étude physico-chimique de ses eaux profondes (A. AMHAOUCH, 1995). Le bassin d'alimentation des sources n'est pas connu, mais sans nul doute est-il plus étendu que le bassin versant apparent.
Figure 3 - Réseau hydrographique autour du lac Sidi Ali.
Le réseau hydrographique à l'ouest du point coté 2125 (au sud-ouest du lac) ne s'écoule pas vers le lac Sidi Ali, mais vers le nord à partir de la plaine de Taanzoulte.
8Sur le site même d'Aguelmam Sidi Ali, une station est gérée par l'Agence du Bassin Hydraulique du Sebou (Photo 3). Toutes les mesures sont effectuées quotidiennement par un observateur sur place. Elle offre une chronique de données relativement longue, les mesures pluviométriques ayant débuté en 1975, mais qui présente quelques lacunes, particulièrement gênantes dans le cas des précipitations.
Photo 3 - La station climatologique de Sidi Ali. [Cliché : A. SAYAD, mai 2009]
La vue porte vers le sud-ouest. La station est en rive nord du lac, près de l'ancien hôtel (visible en arrière de la station), sur la coulée basaltique.
9La station d'Ifrane, à 1640 m d'altitude, à une cinquantaine de km au nord d'Aguelmam Sidi Ali, est en service depuis 1934. Gérée par les services de la Météorologie Nationale, elle fournit des données de qualité.
10Le régime des précipitations est de type méditerranéen. La période humide dure d'octobre à mai, alors que la période sèche va de juin à septembre (Fig. 4).
Figure 4 - Précipitations mensuelles moyennes à Ifrane et Sidi Ali sur la période septembre 1975 - août 2010.
11À Sidi Ali, les précipitations mensuelles moyennes les plus fortes se placent en novembre (49 mm) et décembre (51 mm), devant avril (41 mm), mai (41 mm) et octobre (39 mm). La répartition apparaît différente à Ifrane, où les mois les plus arrosés sont, dans l'ordre de précipitations décroissantes, décembre (163 mm), février (137 mm), janvier (132 mm) et novembre (126 mm). Les mois de juillet et août sont les plus secs, mais avec parfois des averses orageuses brutales pouvant déclencher un écoulement dans les vallées sèches. Du fait de l'altitude, les précipitations neigeuses sont fréquentes à Sidi Ali, en hiver et au début du printemps.
12À l'échelle annuelle, les précipitations moyennes à Ifrane sont plus du double de celles mesurées à Sidi Ali (Tab. I). De 1975-76 à 2009-10, les précipitations annuelles (de septembre à août) manifestent une très grande irrégularité (Fig. 5). Le coefficient de variation (100 Écart-type / P moyennes) avoisine 33 % à Ifrane et 31 % à Sidi Ali.
Tableau I - Valeurs caractéristiques des précipitations annuelles à Ifrane et Sidi Ali sur la période septembre 1975 - août 2010.
* : N33°30' W05°08'. ** : N33°04' W05°00'. Moy. : moyenne. Méd. : médiane. E.T. : écart-type. Max. : maximum. Min. : minimum. Coef. var. : coefficient de variation. Étendue : Max. - Min.
Figure 5 - Précipitations annuelles à Ifrane et Sidi Ali sur la période septembre 1975 - août 2010.
13Les précipitations annuelles à Sidi Ali ne montrent pas de diminution nette entre 1975-76 et 2009-10 (Fig. 5). Certes, une certaine tendance à la baisse apparaît à Ifrane, mais ce sont les fluctuations interannuelles qui sont ici particulièrement évidentes. Les pluies à Ifrane ont été très fortes en 2009-10 (1851 mm – devant 1995-96 : 1691 mm) et faibles en 2006-07 (517 mm). À Sidi Ali, les valeurs extrêmes ont été atteintes respectivement en 2009-10 (810 mm – devant 1989-90 : 661 mm) et 1976-77 (212 mm).
14Les écarts cumulés des précipitations annuelles par rapport aux valeurs annuelles moyennes (Fig. 6) montrent des évolutions grossièrement synchrones à Ifrane et Sidi Ali.
Figure 6 - Cumul des écarts entre les précipitations annuelles et les précipitations moyennes sur la période septembre 1975 - août 2010.
15Si l'on considère l'ensemble de la chronique pluviométrique de la station d'Ifrane, plusieurs périodes s'individualisent (Fig. 7). Alors que les précipitations annuelles moyennes sont de 983 mm de 1934-35 à 2009-10, les valeurs atteignent 950 mm de 1934-35 à 1957-58, 1083 mm de 1958-59 à 1981-82 et 865 mm de 1982-83 à 2007-08, avant les pluies abondantes de 2008-09 et 2009-10. Ainsi la période allant de septembre 1982 à août 2008 a bien connu une sécheresse marquée.
Figure 7 - Précipitations annuelles à Ifrane de 1934-35 à 2009-10.
16Pour l'étude des températures, seule la station de Sidi Ali est prise en compte. Les valeurs moyennes pour la période allant de 1975-76 à 2009-10 montrent que janvier est le mois le plus froid (2,5 °C), alors que juillet et août sont les plus chauds (19,1 et 19,7 °C) (Fig. 8). La température moyenne s'établit à 10,4°C, avec des valeurs moyennes annuelles comprises entre 9,25 °C (en 1975-76) et 11,34 °C (1980-81) (Tab. II).
Figure 8 - Températures mensuelles moyennes à Sidi Ali de 1975-76 à 2009-10.
Tableau II - Valeurs caractéristiques des températures annuelles moyennes à Sidi Ali de 1975-76 à 2009-10.
Coef. var. : coefficient de variation. Étendue : Maximum - Minimum (mm).
17La figure 9 présente l'évolution des températures annuelles moyennes (de septembre à août). Il en ressort que les valeurs fluctuent sensiblement d'une année à l'autre (coefficient de variation de 5,8 %). L'écart entre les valeurs extrêmes approche 2,1 °C. (Tab. II). Une tendance à la hausse des températures se manifeste sur la période d'observation, mais celle-ci est sans doute trop courte pour que l'évolution soit nette au regard des variations interannuelles.
Figure 9 - Températures annuelles moyennes à Sidi Ali de 1975-76 à 2009-10.
18L'évapotranspiration potentielle (ETP) a été estimée (Tab. III) à l'aide de la formule empirique de C.W. THORNTHWAITE (1948). La valeur annuelle moyenne s'établit à 629 mm.
Tableau III - Valeurs mensuelles moyennes à Sidi Ali de la température et de l'ETP, selon la formule de THORNTHWAITE, de septembre 1975 à août 2010.
19Fortement influencée par la température de l'air, l'évapotranspiration potentielle a bien sûr manifesté une tendance à la hausse au cours de la période 1975-2010 (Fig. 10).
Figure 10 - Valeurs annuelles de l'ETP à Sidi Ali, selon la formule de THORNTHWAITE, de 1975-76 à 2009-10.
20Les valeurs mensuelles moyennes de l'évapotranspiration dépassent celles des précipitations de mai à octobre (Fig. 11). Le déficit atteint ses valeurs moyennes maximales en juillet (103 mm) et en août (99 mm). À l'échelle annuelle, le déficit moyen s'établit à 234 mm.
Figure 11 - Bilans hydriques mensuels moyens (P - ETP) à Sidi Ali de 1975-76 à 2009-10.
21Les observations sur le niveau d'eau du lac sont effectuées par l'Agence du Bassin Hydraulique de Sebou (ABHS – Photo 4). Les données mensuelles moyennes sont portées sur la figure 12. Par suite d'un problème matériel (manque de réglettes mobiles nécessaires aux mesures), les observations ont été interrompues en décembre 2009 et n'ont repris qu'en 2011.
Photo 4 - Le lac Sidi Ali au niveau du dispositif de mesure limnimétrique. [Cliché : A. SAYAD, juillet 2010]
Le dispositif est constitué d'un ensemble de supports fixes sur lesquels l'observateur adapte une réglette mobile pour effectuer la mesure. Les risques de dégradation sont ainsi minimisés. Ce cliché pris le 4 juillet 2010 montre les deux éléments les plus hauts, juste en contrebas de la route (RS 332). Cette vue témoigne de la remontée du niveau du lac à la suite des années humides 2008-09 et 2009-10.
Figure 12 - Évolution du niveau du lac Sidi Ali de septembre 1975 à août 2009.
22Sur la période allant de septembre 1975 à août 2009, la valeur moyenne du niveau du lac est de 1092 cm, avec des valeurs moyennes annuelles comprises entre 1506 cm (en 1976-77) et 848 cm (en 2007-08). Les niveaux moyens mensuels extrêmes atteignent 1539 cm (en avril 1977) à 822 cm (en août 2008).
23D'août 1979 à août 2008, le niveau du lac s'est abaissé de 6,9 mètres. Les fluctuations annuelles sont faibles par rapport à cette évolution interannuelle. Compte tenu des précipitations, de l'évaporation, mais aussi des apports par les cours d'eau temporaires et par les sources, il est possible que le lac subisse des pertes alimentant des circulations profondes vers l'extérieur du bassin versant. A. RUHLMANN a du reste émis cette hypothèse dès 1932, en envisageant un écoulement des eaux vers le sud-ouest, sous le barrage de la coulée basaltique.
24La figure 13 met en relation les valeurs mensuelles moyennes du niveau du lac et des précipitations à Sidi Ali. Le niveau est maximal en mai et minimal en novembre. Les précipitations d'automne ne se traduisent par aucune élévation du niveau, bien au contraire. En revanche, le lac se remplit en hiver – avec une réponse qui reste modeste en décembre – et au printemps, avant de commencer à baisser dès le mois de juin. Le printemps bénéficie à la fois de pluies assez abondantes et de la fonte du tapis neigeux.
Figure 13 - Valeurs mensuelles moyennes des précipitations à Sidi Ali et du niveau du lac sur la période septembre 1975 - août 2009.
25En considérant les niveaux moyens mensuels en août, nous avons calculé la variation annuelle au cours de chaque année climatique (Fig. 14). Les valeurs ainsi déterminées sont comprises entre -108 cm (en 1984-85) et +218 cm en 2008-09 (devant 98 cm en 1995-96).
Figure 14 - Variation de la cote du lac Sidi Ali entre le début et la fin de chaque année de 1975-76 à 2008-09 (en prenant pour base les niveaux moyens mensuels en août).
26Le remplissage du lac s'est poursuivi en 2009-10 (Photo 5), année qui fut particulièrement pluvieuse (1851 mm à Ifrane, 810 mm à Sidi Ali).
Photo 5 - Le lac Sidi Ali vu de sa rive nord, devant l'ancien hôtel, le 31 mai 2009. [Cliché : A. SAYAD]
Le cliché est pris face à l'échancrure qui affecte l'anticlinal du Jbel Sidi Ali. Avec la poursuite de la remontée du niveau du lac, lors d'un passage sur le site le 24 avril 2010, l'eau arrivait exactement à la base des supports du panneau.
27Sur la période 1975-2009, la régression linéaire entre les variations annuelles du niveau du lac et les précipitations à Sidi Ali a un coefficient de détermination de 0,196 (0.290 sans 2008-09). La valeur s'élève à 0,558 en utilisant les pluies à Ifrane. Ici se pose la question de la représentativité des stations et de la qualité des mesures. Même si l'aire d'alimentation des sources qui participent à l'alimentation du lac Sidi Ali n'est pas connue, il est vraisemblable que la station de Sidi Ali est mieux placée que celle d'Ifrane. Mais la qualité des données y est sans doute inférieure : peut-être quelques mesures manquantes non signalées, mais surtout neige fréquente, dont l'équivalent pluie est difficile à déterminer avec les moyens disponibles... En partant de l'hypothèse que les précipitations à Sidi Ali sont sous-estimées, nous avons utilisé les pluies à Ifrane en leur appliquant un coefficient multiplicateur de 0,55 (soit un peu supérieur au rapport P Sidi Ali / P Ifrane sur la période commune d'observation).
28Avec les données pluviométriques retenues, la relation entre les variations du niveau du lac et le "déficit hydrique" (P - ETP) est à peine légèrement meilleure (r2 = 0,561) que celle avec les pluies (r2 = 0,558).
29Devant le problème complexe posé par un bassin d'alimentation non délimité, des pertes par sous-écoulement inconnues et une pluviométrie spatialement mal définie, l'approche fondée sur la notion d'écoulement potentiel (C. MARTIN et V. MARC, 1993) nous a semblé pertinente : au niveau mensuel, les précipitations disponibles pour un "écoulement potentiel" (PEP) sont égales à la différence entre les hauteurs d'eau précipitées et l'évapotranspiration potentielle. L'écoulement potentiel annuel (EP) correspond à la somme des PEP mensuelles d'une série de mois consécutifs choisie de manière à obtenir la plus forte valeur possible.
30Toutefois la régression entre les valeurs annuelles de l'écoulement potentiel et de la variation du niveau du lac (r2 = 0,631) est d'une qualité bien peu supérieure à celles trouvées en utilisant les précipitations ou le "déficit hydrique". Nous avons donc recherché une équation faisant également intervenir d'autres facteurs. En complément de l'écoulement potentiel de l'année (EPa), nous avons testé l'écoulement potentiel de l'année précédente (EPp), les précipitations annuelles, les précipitations mensuelles maximales, l'évapotranspiration annuelle (ETP) et la cote moyenne du lac au mois d'août de l'année précédente (C). L'équation suivante a finalement été retenue (Fig. 15) :
Variation (cm) = (0,3325 EPa) + (0,1073 EPp) - (0,7158 ETP) - (0,0957 C) + 422,85
où EPa, EPp et ETP sont exprimées en mm et C en cm.
Figure 15 - Relation entre les valeurs mesurées et calculées des variations annuelles du niveau du lac Sidi Ali sur la période septembre 1975 - août 2009.
31Par rapport à la relation établie avec le seul écoulement potentiel de l'année considérée (r = 0,794 – r2 = 0,631), le gain d'information est sensible (r = 0,871 – r2 = 0,759).
32 Nous avons également considéré les variations du volume d'eau stocké :
Var. (Mm3) = (0,00627 EPa) + (0,00222 EPp) - (0,0128 ETP) - (0,0226 C) + 7,88.
Dans ce cas, le coefficient de détermination est de 0,720 (r = 0,848), donc légèrement inférieur à celui trouvé pour les variations du niveau.
33La difficulté à reconstituer les variations du niveau est illustrée par la comparaison des années 1995-96 et 2008-09. Sur toute la période d'observation, 2008-09 est la seule année au cours de laquelle le niveau du lac a été maximal en août (Fig. 16 – cote : 1070 cm). En 199596, pour des précipitations de1686 mm à Ifrance et de 645 mm à Sidi Ali, les valeurs calculée et mesurée atteignent respectivement +127 et +81 cm. Au contraire, en 2008-09, année un peu moins arrosée (1543 mm à Ifrance et 475 mm à Sidi Ali), le calcul (+162 cm) sous-estime nettement la montée du niveau (+248 cm). Pour 2009-10, l'équation indique une élévation du niveau de 188 cm. Il est dommage que la valeur réelle n'ait pas été mesurée.
Figure 16 - Valeurs moyennes mensuelles du niveau du lac Sidi Ali et précipitations mensuelles à Ifrane et Sidi Ali d'août 1995 à août 1996 et d'août 2008 à août 2009.
34Le niveau du lac Sidi Ali fluctue en fonction des conditions climatiques, et tout particulièrement des précipitations et de l'évapotranspiration.
35À l'échelle annuelle, alors que la période pluviométrique sèche dure en moyenne de juin à septembre et la période humide de mars à octobre, le niveau du lac diminue de juin à octobre et augmente de novembre à mai. Ainsi apparaît un décalage entre les pluies et les effets sur le niveau du lac.
36Marquée par des précipitations relativement faibles, la période allant d'août 1979 à août 2008 a connu une diminution du niveau du lac de 6,9 m. La superficie du lac est ainsi tombée à 198 ha. Une situation au moins équivalente a peut-être été observée autour de 1930, puisque A. RUHLMANN (1932) évaluait alors la superficie du lac entre 150 ha (en basses eaux) et 180 ha (en hautes eaux).
37Le niveau a commencé à remonter en 2008-09 et cette évolution s'est accentuée en 200910, deux années très arrosées. La relation établie entre les valeurs annuelles des variations du niveau du lac (d'août à août) et différents facteurs (facteurs climatiques et cote initiale) est d'assez bonne qualité (r2 = 0,759). Mais se posent malgré tout un certain nombre de questions, relatives, en particulier, à la représentativité des données pluviométriques utilisées et à l'influence des précipitations neigeuses et de leur fonte au printemps.
38Des recherches complémentaires seront nécessaires, d'une part, pour délimiter le bassin d'alimentation du lac en vue de définir les conditions climatiques à prendre en considération et, d'autre part, pour déterminer dans quelle mesure les eaux du lac alimentent des circulations profondes conduisant à des exutoires situés à l'extérieur du bassin versant.
Remerciements : Nos adressons nos vifs remerciements aux personnels de l'Agence du Bassin hydraulique du Sebou à Fès, notamment à Messieurs Samir RHAOUTI et Abdellah BOURAK, pour leur contribution à la réalisation de ce travail à travers leur chaleureux accueil et la mise à disposition de données. Nous remercions également les réviseurs de l'article (François GAZELLE et deux relecteurs anonymes) pour leurs remarques et suggestions.