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Comptes rendus

Documents internet sur les inondations des 15 et 16 juin 2010 dans le Var. Brice BOUDEVILLAIN : Risque hydrométéorologique, crues et inondations – CETE Méditerranée : Retour d’expériences sur les intempéries des 15 et 16 juin 2010 dans le Var

Université Joseph FOURIER / Diffusion des savoirs, Cours 1 : Introduction – http://www.lthe.fr/PagePerso/boudevil/ENS/DDS-364-cours1.pdf
Présentations de la journée technique du 15 mars 2011 – http://www.cete-mediterranee.fr/fr/breve.php3?id_breve=70
Claude Martin
p. 3-4

Texte intégral

1Les connaissances sur les inondations des 15 et 16 juin 2010 dans le Var, se sont enrichies par la mise en ligne de documents élaborés par des participants au Retour d'Expérience (REx) commandé par le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable.

2Le dossier préparé par Brice BOUDEVILLAIN correspond à l'introduction d'un module universitaire sur les crues et les inondations, dont le support est l'épisode varois. Le principal apport de cette présentation se trouve page 37, où sont notées les hauteurs d'eau mesurées à partir des laisses de crue et les débits de pointe de crue estimés à partir de ces mesures. Ainsi, à Trans-en-Provence (pour un bassin de 195 km2), la Nartuby aurait atteint, selon différentes estimations, un débit de pointe de crue entre 300 et 600 m3/s, alors que le plus fort débit enregistré depuis 1969, était de 124 m3/s seulement.

3Les communications présentées le 15 mars 2011 au CETE Méditerranée balaient tous les aspects traités dans le cadre du REx Var. Cette journée technique destinée aux services déconcentrés de l'État, a été organisée autour de deux volets, le premier consacré à l'analyse des phénomènes et des dégâts, et le second aux enseignements pour la prévision des inondations et la prévention des risques. Les documents mis en ligne apportent des informations et des éclairages intéressants. On peut cependant s'interroger sur les débits estimés comme sur les périodes de retour des pluies et des débits auxquels les participants au REx sont arrivés pour le moment.

4Pour les débits, dans leur communication intitulée "Estimation des débits et des périodes de retour", Patrick FOURMIGUÉ, Pierre JAVELLE et Olivier PAYRASTRE annoncent un débit de pointe de 360 à 600 m3/s sur la Nartuby à Trans. Or quelques kilomètres en aval (bassin de 215 km2 environ), la Nartuby est passée sans déborder sous le pont de La Motte, qui offre une section de 80 m2 environ et se trouve immédiatement en amont d'une courbe très marquée qui a ralenti l'écoulement. À mon sens, la borne basse de la fourchette proposée par le REx doit être proche du véritable débit. De la même façon, la borne haute de la fourchette retenue pour la Florièye près de Taradeau (380 à 600 m3/s – pour un bassin versant de 87 km2) apparaît bien généreuse. Plusieurs kilomètres en amont (bassin de 69 km2), sous un pont où le REx estime le débit de pointe entre 300 et 450 m3/s (in Brice BOUDEVILLAIN), les 300 m3/s n'ont sans doute pas été atteints. Dans ces conditions, une valeur à Taradeau de l'ordre de 350 m3/s a ma préférence. Mais l'hydrologie est loin d'être une science exacte, surtout pour l'évaluation des débits extrêmes.

5Les évaluations des périodes de retour pour les pluies et pour les débits de pointe suscitent quelques réticences. Pour les précipitations journalières, Patrick FOURMIGUÉ et al. indiquent des périodes de retour entre 100 et 500 ans pour la quasi-totalité du secteur Draguignan-Vidauban-Le Muy (transparent 12). Seul le secteur des Arcs, où 397 mm ont été mesurés, est considéré avec une période de retour supérieure à 500 ans. La carte établie avec les lames d'eau radar (Panthère) et les quantiles SHYREG reste un document provisoire, puisque le secteur de Lorgues, où il a été relevé des totaux journaliers de 393 mm (poste amateur) et 456 mm (poste CIRAME), est figuré pour une période de retour entre 20 et 50 ans. Le transparent 10, qui visualise la relation entre la hauteur d'eau précipitée et sa période de retour pour les pluies journalières à la station de Draguignan, est particulièrement instructif : une lame d'eau de 150 mm (jamais observée depuis 1958) aurait une période de retour de l'ordre d'une quinzaine d'années tout au plus. Il ne fait donc guère de doute que l'épisode du 15 juin 2010 a été intégré à la chronique pour établir la courbe. C'est du reste l'option retenue par André MARTIN dans sa présentation des "Observations hydrométéorologiques". Pour le poste de Canjuers (304 mm le 15 juin 2010), il obtient ainsi, par la loi GEV, une période de retour de 300 ans. Cette approche attribue à la valeur de 192 mm (record journalier à Comps sur la période 1939-2010) une période de retour de 43 ans (contre 72 ans sans les précipitations du 15 juin 2010 à Canjuers). Par les méthodes utilisées comme par le choix de prendre en compte un épisode aussi exceptionnel que celui du 15 juin 2010 dans les chroniques de référence, les périodes de retour sont évidemment tirées vers le bas en comparaison de ce que l'on trouverait par la loi de GUMBEL sans intégrer 2010.

6Néanmoins c'est la "tentative de qualification fréquentielle" des débits de pointe de crue qui laisse le plus sur la réserve. Patrick FOURMIGUÉ et al. distinguent trois classes pour les périodes de retour : inférieures à 100 ans (Argens en amont de la confluence avec la Florièye ; Endre), proches de 100 ans (Argens entre les confluences avec la Florièye et l'Aille ; Argens entre l'Endre et la mer) et supérieures à 100 ans (Florièye ; Réal ; Aille ; Nartuby ; Argens entre l'Aille et l'Endre). Si l'on ne peut être que d'accord dans le cas de l'Argens en amont de la Florièye, on peut se demander si les périodes de retour ne sont pas sous-estimées pour l'Argens entre la Florièye et l'Aille, comme pour l'Endre et pour la partie aval de l'Argens. Cette classification est d'autant plus surprenante qu'elle s'appuie sur des estimations très fortes des débits. Là encore, il est probable que l'épisode du 15 juin 2010 est intégré à la chronique pour définir la relation entre la période de retour et le débit. Quant à l'indication > 100 ans, on ne peut pas dire qu'elle renseigne beaucoup.

7Pourtant l'épisode hydrologique me semble clairement pluri-centennal. Ainsi, pour la Nartuby à Trans, une fois recalés les débits références déterminés par la méthode du Gradex pour le Plan de Prévention des Risques de Draguignan (2005), en prenant pour base le débit de pointe vicennal fourni par la loi de GUMBEL, la période de retour du débit maximal en juin 2010 (estimé par prudence à 320-350 m3/s seulement) apparaît supérieure à 400 ans – et la méthode du Gradex ne tend certainement pas à la surestimer. Ajoutons que si les débordements sérieux ont débuté bien avant que le débit maximal ait été atteint, la période de retour correspondant à ce début des graves problèmes est au moins de 200 ans, que l'on considère le débit (de l'ordre de 250 m3/s) ou les précipitations (200 mm, avec des intensités très fortes dans les dernières heures).

8C'est donc avec curiosité et intérêt qu'il faudra se pencher sur la prochaine fourniture du REx, dont une réunion scientifique est programmée en juin 2011.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claude Martin, « Documents internet sur les inondations des 15 et 16 juin 2010 dans le Var. Brice BOUDEVILLAIN : Risque hydrométéorologique, crues et inondations – CETE Méditerranée : Retour d’expériences sur les intempéries des 15 et 16 juin 2010 dans le Var »Physio-Géo, Volume 5 | -1, 3-4.

Référence électronique

Claude Martin, « Documents internet sur les inondations des 15 et 16 juin 2010 dans le Var. Brice BOUDEVILLAIN : Risque hydrométéorologique, crues et inondations – CETE Méditerranée : Retour d’expériences sur les intempéries des 15 et 16 juin 2010 dans le Var »Physio-Géo [En ligne], Volume 5 | 2011, mis en ligne le 25 avril 2011, consulté le 10 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/1652 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/physio-geo.1652

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Auteur

Claude Martin

UMR 6012 "ESPACE", Université de Nice-Sophia-Antipolis et CNRS, Département de Géographie, 98 Boulevard Édouard Herriot, BP 3209, 06204 NICE Cedex 03.
Courriel : claude.martin0156@orange.fr

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