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Analyse cartographique et paysagère des transformations spatiales du couvert forestier des Mogods (Tunisie septentrionale)

Cartographic and landscape analysis of the spatial transformations of the forest cover of the Mogods (Northern Tunisia)
Brahim Jaziri
p. 1-27

Résumés

Cette étude s'appuie sur des outils de la télédétection et des indicateurs des changements paysagers. Elle a comme produit une cartographie de la dynamique paysagère aux Mogods entre 2000 et 2015. La dynamique paysagère est appréhendée au moyen de l'arbre de décision de J. BOGAERT et al. (2004). La dissection et la perforation des maquis ont conduit à leur fragmentation et à la réduction de leur connectivité spatiale. L'appropriation de nouveaux terrains agricoles s'effectue par l'ouverture de clairières et le grignotage des espaces boisés. Le feu constitue, à cet égard, un moyen efficace très employé. L'étude diachronique est toutefois en partie biaisée par l'amélioration de la résolution des images Landsat à partir de 2013.

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Texte intégral

I - Introduction

1Un espace forestier soumis à une pression humaine importante subit des transformations physionomiques qui se traduisent par une modification de la structure spatiale du paysage (S.K. COLLINGE, 1998). Pour rendre compte de ces évolutions en écologie du paysage, le modèle se fonde sur le paradigme matrice-tache-corridor introduit par les travaux fondateurs de R.T.T. FORMAN et M. GODRON (1981), R.T.T. FORMAN (1995­a, 1995-b), S.K. COLLINGE (1998), J.A.G. JAEGER (2000) et J. BOGAERT et al. (2004). L'espace s'organise en taches, éventuellement reliées par des corridors, sur une trame de fond qualifiée de matrice (H. DECAMPS et O. DECAMPS, 2009). Dans le vocabulaire de l'écologie du paysage, une tache désigne une unité élémentaire assez réduite, voire très petite, qui tranche dans l'espace environnant (A. DA LAGE et G. MÉTAILLÉ , 2000). La réduction d'un habitat sous forme de taches isolées est qualifiée de fragmentation. L'ouverture de voies de communication, les incendies, les défrichements... conduisent les surfaces boisées à une évolution de ce type.

2Une couverture forestière est rarement continue et homogène, du fait des conditions du milieu, spatialement variables, et du poids de la mise en valeur des terres par les sociétés rurales au cours de l'histoire (M. GALOCHET, 2009). Dans son article 3, le code forestier tunisien (DGF, 2010) définit "la forêt" comme une formation végétale d'origine naturelle ou artificielle composée d'une ou plusieurs espèces forestières d'arbres, d'arbustes ou de broussailles à l'état pur ou en mélange.

3M. LAARIBI (2015) considère que le terme "forêt", dans son sens biogéographique, jette un voile sur une composante importante des Mogods, le maquis. Ce dernier est considéré comme une dégradation du climax de la chênaie ou de l'oliveraie dans les stations les plus chaudes. Mais il peut néanmoins correspondre à une évolution progressive à la suite de l'élimination du couvert végétal, par des coupes notamment (C. ALLIER et A. LACOSTE, 1979).

4Les Mogods constituent un exemple de milieu fragile à structures forestières complexes, soumis à des pressions foncières et à des pratiques agricoles variées Les paysages y sont profondément marqués par le développement du maquis. Des efforts considérables de reboisement et de travaux de conservation des eaux et des sols ont abouti à une stabilisation, qui reste précaire, de certains terrains à haut risque d'érosion. Toutefois le couvert végétal continue à reculer. Dans cette étude, nous analyserons les transformations spatio-temporelles des paysages et le rôle des perturbations humaines sur le milieu forestier, d'abord en analysant la complexité de l'espace étudié en tant qu'objet géographique façonné et exploité par les hommes (M. GALOCHET, 2009), ensuite en appliquant des méthodes de métrique pour rendre plus faciles la description des mutations paysagères, enfin en nous appuyant sur une cartographie de la fragmentation des espaces boisés.

II - Présentation de la zone d'étude et des concepts

1 ) Le cadre géographique

5Située en bordure du littoral nord de la Tunisie, la zone d'étude (Fig. 1), d'une superficie de 176 km2, se trouve dans la partie orientale des "Mogods". Ce massif est essentiellement constitué de roches argileuses et gréseuses du Secondaire et du Tertiaire, notamment de flyschs numidiens (F. TALBI et al., 2008). Les dépôts quaternaires sont localisés en bord de mer et le long des cours d'eau.

Figure 1 - Localisation et topographie de la zone d'étude.

Figure 1 - Localisation et topographie de la zone d'étude.

6Le creusement de vallées assez profondes a créé un relief de collines. L'altitude moyenne avoisine 148 m et le plus haut sommet, le djebel Tourou, atteint 495 m. Le réseau hydrographique est dense. Le cours d'eau le plus important est l'oued Eddouimis qui s'écoule vers le sud-est et le lac Ichkeul.

7Selon l'indice climatique d'EMBERGER, la région se place dans la partie inférieure de l'étage méditerranéen humide. Au barrage de Sejnane, à 5 km au sud-ouest de la zone d'étude, les précipitations annuelles moyennes atteignent 869 mm sur la période 1997-2016. L'essentiel des pluies tombe en hiver (de décembre à février), qui, avec près de 400 mm, concentre 46 % du total annuel moyen. L'été est sec : 23,5 mm seulement de juin à août, soit 2,7 % des pluies annuelles moyennes. La température moyenne à Sidi-H'med, à 12 km à l'est de la zone d'étude, est de 17,7°C (1971-2000). Janvier est le mois le plus froid (11,1 °C en moyenne) et août le plus chaud (26,0°C). La région est caractérisée par des hivers doux.

2 ) Le cadre spatio-social de la population et les freins au développement

8Les Mogods ont toujours été un territoire répulsif. Les traits naturels montagneux et forestiers peu productifs expliquent en partie la faiblesse de leur peuplement. L'absence d'un tissu économique varié, les problèmes fonciers et les conditions de vie difficiles ont contraint une grande partie de la population à l'exode rural, notamment vers la ville de Bizerte. Administrativement, la zone d'étude s'étend sur une partie des imadas (ou unités administratives élémentaires) du gouvernorat de Bizerte, à savoir Hicher, Sidi Ameur, Teskraya et Amaden. La population s'élevait à 11485 habitants en 2014, enregistrant alors un léger solde positif (487 habitants) par rapport à 2004 (10998 habitants). Le caractère rural est dominant : la population rurale représentait 100 % de la population totale en 2004 et 75,7 % en 2014. L'imada de Hicher, le moins peuplé de la zone d'étude, a perdu 351 habitants entre 2004 et 2014. Il a commencé à se dépeupler dès le milieu des années 1970, passant de 2500 habitants en 1975 à 1991 habitants en 1994 et à 1378 habitants en 2014. Les trois autres imadas ont eu un solde positif entre 2004 et 2014 : +513 pour Sidi Ameur, +293 pour Teskraya et +32 pour Amaden (Tab. I). Pour l'ensemble constitué par ces quatre unités, la densité moyenne était de 66,3 habitants/km2 en 2014, donc égale à la moyenne nationale.

Tableau I - Évolution de la population des imadas de Hicher, Sidi Ameur, Teskraya et Amaden selon le milieu entre 2004 et 2014.

Tableau I - Évolution de la population des imadas de Hicher, Sidi Ameur, Teskraya et Amaden selon le milieu entre 2004 et 2014.

Source : recensement général de la population et de l'habitat, Institut National de la Statistique (INS, 2005, 2015).

9La distribution spatiale de la population a été traduite sous forme d'une carte (Fig. 2). Trois dechras (ou secteurs habités) montrent une forte concentration des habitats : la principale autour de Teskraya, une autre autour de Douar Ghar Ouinkel et une dernière autour d'Al Houichette.

Figure 2 - Distribution spatiale et densité des habitats.

Figure 2 - Distribution spatiale et densité des habitats.

10La première offre des densités supérieures à 150 ménages par km2, en particulier près de Sidi Ghrib et Sidi Bou Zitouna. Ailleurs, la densité de population est faible dans cette imada, même si le nombre d'habitants y est passé de 1181 à 2223 habitants entre 2004 et 2014 (MEHAT, 2018). Cette augmentation s'explique par le développement des cultures irriguées dans la basse plaine de l'oued Sejnane. Elle s'est opérée sans effet de concentration, cette activité nécessitant une présence permanente sur site.

11Le second espace de concentration des habitats se trouve autour de Douar Ghar Ouinkel. Dans cette partie orientale du terrain d'étude, les terres sont consacrées à des cultures céréalières pratiquées sur de grandes parcelles en champs ouverts (openfield).

12La localité d'Al Houichette doit son importance, toute relative, à l'attrait de sa plage de sable. Depuis 2011, certains particuliers se sont orientés vers un écotourisme de front de mer. Des résidences secondaires ont été construites et de petits projets touristiques ou commerciaux ont été menés, souvent de manière illicite.

13En dehors de ces zones, le nombre de ménages ne dépasse pas 50 par km2. Même la frange littorale, hormis dans le secteur d'Al Houichette, n'a pas attiré beaucoup de monde du fait d'un relief assez difficile. Elle est restée largement à l'écart des projets immobiliers et touristiques qui ont fleuri à proximité de Bizerte depuis les années 2000. À l'ouest du terrain d'étude, (imada d'Amaden), la densité de population est faible partout ; les habitants s'y répartissent entre les sources d'eau douce, les coteaux et les bordures des clairières des collines boisées.

14Les activités agricoles sont extensives. À côté de cultures pluviales, l'élevage des ruminants exploite des parcours forestiers. La photo 1 donne une idée des paysages agricoles sur le terrain d'étude.

Photo 1 - Paysage agricole dans le secteur de Hanchir Teskraya dans la partie méridionale du terrain d'étude. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]

Photo 1 - Paysage agricole dans le secteur de Hanchir Teskraya dans la partie méridionale du terrain d'étude. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]

1 : alignement végétal. 2 : ilôt boisé. 3 : ravine végétalisée. 4 : parcelle agricole. 5 : arbre isolé.

15L'espace boisé subit une pression importante de la part d'une population essentiellement composée d'agriculteurs et de pasteurs.

16Le statut foncier des terres joue un rôle déterminant dans la distribution de la population. D'après la carte agricole de Bizerte (Ministère de l'Agriculture, 2007), sur les 92,9 km2 de surfaces boisées que comptait le terrain d'étude au moment de l'étude (soit 53,6 % de la superficie totale), 10,55 km2 relevaient du domaine forestier de l'État (dans le djebel Tourou, au centre-ouest de la zone d'étude) et 1,2 km2 du domaine privé. Pour les surfaces boisées, le statut dominant du foncier est la propriété à caractère collectif. Ce type représentait alors 87,7 km2 (88,2 % des surfaces boisées). En ce qui concerne les terres agricoles, la progression de la propriété collective fait que la friche domine et que les rendements restent faibles. À la situation foncière s'ajoute un autre facteur défavorable à l'accroissement de la population : le faible taux de raccordement de la zone aux réseaux publics d'eau potable. Le peuplement reste donc lâche, ce qui ne l'empêche pas d'être localement pressant sur l'espace naturel.

3 ) La complexité des formations boisées

a. Le choix terminologique

17Un vocabulaire précis est indispensable pour désigner les différentes composantes de l'espace forestier en évitant toute ambiguïté terminologique. Notre approche géographique est fondée sur le caractère structurel et non pas fonctionnel du paysage. La question d'échelle est donc essentielle pour le choix d'une terminologie adaptée. Sur le terrain d'étude, les surfaces boisées peuvent aller de touffes de végétation de moins de un hectare à des massifs continus de plus de 1000 ha. Des termes comme "tache boisée" ou "îlot boisé" sont ambigus, car ils ne définissent pas les seuils surfaciques ni la structure physionomique. Une tache correspond-t-elle à un arbre isolé, à un maquis ou à un lambeau de forêt ?

18Le présent travail porte sur les mutations des surfaces de végétation forestière et propose une cartographie des dynamiques, sans pour autant distinguer les transformations des différentes formations végétales. Un premier niveau de classification définit un paysage forestier binaire, composé de surfaces boisées et de surfaces non boisées. Les surfaces boisées regroupent les terrains occupés par une végétation forestière, spontanée ou artificielle, toutes typologies confondues. Les surfaces non boisées correspondent aux terrains cultivés, aux friches et aux dunes littorales. L'étude des clairières intra-forestières est essentielle pour saisir les processus de transformation paysagère. Ces espaces sont définis comme formant des enclaves ou des trouées dans une surface boisée. Leur apparition est considérée comme un premier stade de la destruction de la végétation naturelle. Le nombre de clairières renseigne sur la perméabilité de l'espace boisé. La plus grande surface forestière correspond à la surface forestière, relativement compacte, la plus étendue. Les lisières boisées se rapportent aux lignes de contact entre des entités paysagères différentes, le plus souvent entre des terres de culture et du maquis.

b. Les entités des paysages boisés

19Selon la carte phytoécologique de la Tunisie septentrionale (M. GOUNOT et A. SCHOENENBER, 1967), le maquis, formation arbustive dense, occupe l'essentiel de la zone d'étude. Les unités "forestières", telles qu'elles sont décrites dans la notice de la carte, montrent l'existence de trois séries de végétation (Fig. 3) :

  • Celle du chêne kermès, avec le groupement à Quercus coccifera, Juniperus oxycedrus subsp, Juniperus macrocarpa et Juniperus phoenicea.

  • Celle du chêne liège, avec le groupement à Quercus coccifera, Juniperus oxycedrus subsp. et Macrocarpa, Juniperus phoenicea. Ce groupement occupe les dunes. Il comprend de ce fait de nombreuses espèces psammophiles.

  • Et celle de l'olivier et du lentisque, avec le groupement à Arbutus unedo, Quercus coccifera et Erica multiflora, faciès de dégradation du groupement à Quercus suber, Pistacia lentiscus et Quercus coccifera. Deux de ses principales espèces, aux côtés d'Arbutus unedo et Erica multiflora, sont Cistus monspeliensis et Pistacia lentiscus. Quelques lambeaux de formations à olivier et lentisque typiques, subsistent encore dans quelques stations, le plus souvent de faible superficie, à proximité de marabouts (Photo 1-b).

Figure 3 - Les groupements végétaux de la zone d'étude.

Figure 3 - Les groupements végétaux de la zone d'étude.

D'après M. GOUNOT et A. SCHOENENBERGER, 1967, carte redessinée.

20La partie est des Mogods, dans laquelle se trouve le terrain d'étude, abrite la végétation la plus dégradée du massif. En 1902, des incendies ont ravagé 8000 ha de formations végétales déjà dégradées. Ces incendies ont eu des conséquences dramatiques sur le couvert végétal (É. VIOLARD, 1906). Soumise ensuite à la récurrence des feux et à l'intensité des défrichements et du surpâturage, la végétation n'a jamais été à même de retrouver une dynamique progressive (M. LAARIBI, 2015). Depuis 1964, le Service des Forêts s'applique à reboiser les pentes inférieures à 15 % avec diverses espèces d'eucalyptus (M. GOUNOT et A. SCHOENENBERGER, 1967).

c. Les composantes de la couverture forestière

21Les contraintes naturelles et les interventions humaines ont déterminé des paysages végétaux en mosaïque (Fig. 4). La dégradation du couvert végétal naturel s'observe à toutes les échelles. Du fait de l'occurrence des incendies ajoutée aux pressions exercées par la population locale, nulle part la végétation dégradée ne parvient spontanément à évoluer vers une forêt. Dans le meilleur des cas, on observe un maquis arboré haut très dense, dans lequel les arbustes atteignent 3 m de hauteur et les arbres dépassent 5 m (Photos 2-a et 2-c).

Figure 4 - Carte de l'occupation du sol en 2015.

Figure 4 - Carte de l'occupation du sol en 2015.

Photos 2 - Des mosaïques végétales fragiles et instables aux Mogods. [clichés : Brahim JAZIRI, 2018]

Photos 2 - Des mosaïques végétales fragiles et instables aux Mogods. [clichés : Brahim JAZIRI, 2018]

a : maquis arboré à éricacées, arbousiers et cistes, dans lequel subsistent quelques chênes-lièges (djebel Tourou). b : conservation de quelques oléastres autour d'un marabout (Al Houichette). c : maquis bas dense avec un début de destruction du couvert végétal par un bulldozer (secteur de Al Houichette). d : maquis bas clair avec développement du ravinement (Ghar Wenkel). e : friche agricole (Teskraya).

22Dans les stations où subsiste un maquis arboré très dense, la strate haute est essentiellement formée de chênes lièges ou d'oléastres, auxquels s'ajoutent quelques lentisques et filaires de grande taille. Lorsque la dégradation est poussée, la végétation prend la forme d'un maquis peu dense de 1 à 1,5 m de hauteur, à base de Calycotome villosa (Poir.) Link., Cistus monspeliensis et même Juniperus oxycedrus. Les stades de dégradation les plus poussées aboutissent à des maquis bas touffus (Photo 2-d). À son maximum, la dégradation du couvert végétal conduit à des paysages d'ermes à asphodèle. Les friches agricoles sont formées par une végétation herbacée annuelle et bi-annuelle (Photo 2-e).

III - Approche méthodologique de la cartographie de la végétation et de l'analyse paysagère

1 ) SIG appliqué à l'analyse des paysages

23L'étude repose sur le traitement, par les outils de la télédétection, d'images satellitaires Landsat de haute résolution (Lansat 7 ETM, puis Landsat 8 OLI à partir de 2013). Seize images ont été retenues couvrant une période allant de 2000 à 2015. La plupart des images choisies ont été prises en été, saison au cours de laquelle la nébulosité est très faible et où les terres de culture sont à nu ou labourées. Les dates de prise de vue sont précisées au bas du tableau II (voir infra).

24La bande panchromatique des images Landsat 8 OLI/TIRS permet d'améliorer la résolution par Pansharping (fusion des images multispectrales et panchromatiques haute résolution et basse résolution pour créer une seule image couleur haute résolution). La taille des pixels passe ainsi de 30 m à 15 m.

25Les images Landsat 7 ETM+ comportent des pixels noirs qui gênent leur interprétation. Ce problème a été en partie corrigé par remplissage des vides à l'aide de l'extension Gap-Fill Procedure d'ENVI 5.3.

26Les plateformes à accès libre TERRA MODIS (lien 1) et NOAA VIIRS (lien 2) fournissent des informations géo-spatiales sur les départs de feu à l'échelle journalière. Mais leurs données doivent être utilisées avec prudence, car le moindre point chaud, une chaudière d'usine par exemple, peut être pris pour un incendie. L'exportation des données sur l'application Google Earth Pro permet de rapporter les points chauds observés à l'occupation des sols.

27Le traitement des images satellitaires nécessite un étalonnage radiométrique initial (A. BANNARI et al., 1999). Cette calibration a été effectuée à l'aide du logiciel ENVI 5.3. Le couvert boisé est mis en évidence à travers les bandes rouge et infrarouge. Il peut être ainsi distingué des terrains non boisés. Ainsi, après reclassification du raster, est-il possible de connaître la superficie de chaque classe à partir du nombre de pixels, mais aussi de déterminer le nombre de polygones correspondant à une classe particulière, ainsi que la superficie et le périmètre de chaque polygone.

28Sous Qgis, il a en outre été possible de créer une couche des points situés au centroïde d'une clairière. Cette couche d'information a permis une représentation cartographique de la densité des clairières.

2 ) Indices de structure spatiale et échelles d'analyse

29Dans une analyse du paysage, il est primordial de distinguer l'échelle d'observation à laquelle la composante physique est traduite en données et l'échelle à laquelle les tendances sont révélées par les données obtenues (H. LI et J. WU, 2004). Si la première renvoie au protocole de collecte des données (mesures ou enquêtes), la deuxième est déterminée par l'échelle spatiale d'observation. Dans ce cadre, la vérification du degré de concordance entre le raster traité et la réalité de terrain représente une lourde tâche, mais qui est essentielle. L'irrégularité des lisières boisées et la mosaïque paysagère (bâti-bois-culture) expliquent en partie cette difficulté. La détection automatique des clairières est possible grâce à l'existence de surfaces non boisées dans une matrice boisée.

30De nombreux indices paysagers (landscape metrics) permettent de quantifier la structure et l'organisation d'un paysage (C.D. HARGIS et al. ; 1997 ; J.A.G. JAEGER 2000 ; J. BOGAERT et al., 2004).

a. Les métriques paysagères

31Les métriques paysagères reposent sur trois paramètres essentiels, à savoir le nombre, la superficie et le périmètre des éléments paysagers.

32L'indice de forme
Cet indice est le rapport multiplié par 100 entre le périmètre total de la classe considérée et sa superficie. Il peut renseigner sur le degré d'artificialisation du couvert végétal. En effet, les terres agricoles et les forêts de plantation sont très polygonales, alors que les formations naturelles, telles que les maquis, ont souvent un contour plus complexe (I. MOUHAMADOU et al, 2012). Plus les surfaces boisées ont des formes allongées ou irrégulières, plus la valeur de l'IFj est élevée ; à l'inverse, les formes circulaires présentent les valeurs les plus faibles (J. BOGAERT et al, 2004).

33L'indice de dominance
La dominance correspond, pour une classe considérée, au pourcentage représenté par le plus grand massif forestier par rapport à la superficie totale de cette classe. Plus la valeur de la dominance est grande, moins la classe est fragmentée.

34L'indice de densité des clairières
La densité des clairières (nombre/100 ha) a été calculée globalement. Mais elle a aussi été déterminée à l'échelle de mailles hexagonales de 100 ha. Une représentation en "taches d'huiles" a ensuite été produite par la technique du Krigeage mise en œuvre à l'aide du logiciel Philcarto (http://philcarto.free.fr).

b. L'arbre de décision de J. BOGAERT et al.

35Les perturbations subies sont le moteur de la dynamique du paysage. Elles agissent à toutes les échelles spatiales et temporelles (A. FARINA, 2000). En se référant au constat établi par J. BOGAERT et al., (2004), dix processus de transformation spatiale ont été proposés (Fig. 5).

Figure 5 - Modèle d'identification des processus de transformation spatiale inspiré de l'arbre de décision de J. BOGAERT et al. (2004).

Figure 5 - Modèle d'identification des processus de transformation spatiale inspiré de l'arbre de décision de J. BOGAERT et al. (2004).

IV - Données annuelles et processus des transformations paysagères

36Les valeurs annuelles caractéristiques des espaces boisés et des clairières sont présentées dans le tableau II.

Tableau II - Nombre, superficie et périmètre déterminés chaque année pour les taches boisées et les clairières de l'ensemble des taches forestières et de la plus grande d'entre elles.

Tableau II - Nombre, superficie et périmètre déterminés chaque année pour les taches boisées et les clairières de l'ensemble des taches forestières et de la plus grande d'entre elles.

Date d'acquisition des images : 23 septembre 2000, 26 août 2001, 18 juin 2002, 8 août 2003, 10 août 2004, 13 août 2005, 15 juillet 2006, 3 août 2007, 20 juillet 2008, 24 août 2009, 11 août 2010, 1er octobre 2011, 24 août 2012, 1er octobre 2013, 22 août 2014 et 8 juillet 2015.

1 ) Les évolutions interannuelles

37La figure 6 fait ressortir la relative stabilité de la superficie totale de l'espace forestier (taches boisées + clairières) sur la période d'étude : valeurs moyenne de 10899 ha, minimale de 10286 ha en 2008 et maximale de 11464 ha en 2011. Mais elle révèle aussi une très légère tendance à la diminution de la superficie totale des taches boisées : valeurs moyenne de 9464 ha, minimale de 8874 ha en 2008 et maximale de 9775 ha en 2010. Les plus grandes taches forestière et boisée montrent la même évolution générale, en particulier pour la tache boisée, mais avec des fluctuations interannuelles plus marquées, notamment dans les dernières années.

Figure 6 - Valeurs annuelles des superficies des taches forestières (TF) et boisées (TB) et des plus grandes taches forestière (PGTF) et boisée (PGTB).

Figure 6 - Valeurs annuelles des superficies des taches forestières (TF) et boisées (TB) et des plus grandes taches forestière (PGTF) et boisée (PGTB).

Tache forestière : tache boisée + clairières incluses dans la tache.

38La plus grande tache forestière représente l'essentiel des espaces forestiers. De même, la plus grande tache boisée est largement dominante parmi l'ensemble des taches boisées (Fig. 7). On note cependant une légère diminution du poids de ces plus grandes taches au cours de la période d'étude, avec, in fine, deux régressions bien marquées, en 2013 et 2015.

Figure 7 - Part (en % de la superficie) de la plus grande tache forestière par rapport à l'ensemble des taches forestières et de la plus grande tache boisée par rapport à l'ensemble des taches boisées.

Figure 7 - Part (en % de la superficie) de la plus grande tache forestière par rapport à l'ensemble des taches forestières et de la plus grande tache boisée par rapport à l'ensemble des taches boisées.

39La même prédominance de la plus grande tache forestière se retrouve, bien évidemment, pour le nombre et la superficie des clairières (Tab. II). Sur la période d'étude, la plus grande tache forestière, qui a représenté de 93,8 % (en 2001) à 83,2 % (en 2015) de la superficie forestière totale, a compté de 96,5 % (en 2001) à 73,9 % (en 2013) du nombre des clairières et de 93,1 % (en 2001) à 81,3 % (en 2015) de leur superficie totale. Pour l'ensemble des taches forestières, le nombre des clairières a varié de 471 (en 2006) à 918 (en 2015) et leur superficie totale de 1197 ha (en 2006) à 1874 ha (en 2011). Leur superficie moyenne est restée comprise entre 1,73 ha en 2008 et 3,41 ha en 2011. En dehors de la plus grande tache forestière, le nombre des clairières n'a dépassé 89 qu'à deux reprises, en 2013 (210 ‒ superficie moyenne de 0,95 ha) et en 2015 (139 ‒ superficie moyenne de 0,83 ha). En dehors de la tache forestière principale, la superficie moyenne des clairières ne s'est élevée au-dessus de 1,0 ha qu'en 2002 (1,91 ha) et 2005 (3,36 ha).

40La figure 8 présente les valeurs annuelles de la superficie et du nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières et pour la plus grande d'entre elles. Le nombre des clairières évolue, parfois fortement, d'une année à l'autre. Sur la période 2000-2015, elles ont été particulièrement nombreuses en 2003, 2008, 2013 (sauf dans la plus grande tache forestière), 2014 et 2015. Les valeurs les plus faibles ont été trouvées pour 2005 et 2006, puis dans une moindre mesure pour 2011 et 2012. En dépit de fluctuations interannuelles parfois assez fortes, on peut déceler une augmentation de la superficie des clairières entre les années 2000-2007 et la fin de la période d'étude. Ces évolutions sont également sensibles si l'on rapporte les valeurs aux superficies forestières (Fig. 9).

Figure 8 - Valeurs annuelles de la superficie et du nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières et pour la plus grande d'entre elles.

Figure 8 - Valeurs annuelles de la superficie et du nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières et pour la plus grande d'entre elles.

S' et N' : superficie totale et nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières. s' et n' : superficie totale et nombre des clairières pour la plus grande tache forestière.

Figure 9 - Part des clairières (en %) et nombre de clairières pour 100 ha pour l'ensemble des taches forestières (S' et N' respectivement) et pour la plus grande d'entre elles (s' et n' respectivement).

Figure 9 - Part des clairières (en %) et nombre de clairières pour 100 ha pour l'ensemble des taches forestières (S' et N' respectivement) et pour la plus grande d'entre elles (s' et n' respectivement).

2 ) Les causes anthropiques de l'évolution des zones forestières

41Le défrichement est une pratique courante aux Mogods, qui se traduit par une expression locale : "casser la forêt" (Kasser el ghaba) pour toute destruction du couvert végétal. Un système pastoral peu rationnel et le statut foncier de terrains où domine la propriété collective expliquent la dégradation avancée de la végétation spontanée. Les Mogods sont soumis à des défrichements en vue de créer de nouvelles terres agricoles. Ils consistent, d'une part, à ouvrir ou agrandir des clairières au sein des espaces boisés et, d'autre part, à grignoter les espaces boisés à leur périphérie, par recul des lisières. Les terrains en pente faible et peu caillouteux sont évidemment les plus recherchés.

42Au cours de la période précoloniale, les sociétés pastorales utilisaient le feu pour entretenir les pâturages ou pour préparer le sol à des cultures sporadiques (A.M. GAMMAR, 1999). Aujourd'hui, la population, s'étant sédentarisée, les brûlages sont destinés à étendre les surfaces cultivées aux dépens de la végétation spontanée.

43L'emploi du feu, moyen à la fois rapide et efficace de dénuder les sols, n'est pas systématique par rapport au défrichement mécanique. Mais il a pris de l'ampleur au cours de la dernière décennie. En effet, l'application d'une réglementation stricte (code forestier et textes d'application de 2010) se heurte à un défaut de surveillance dû à la faiblesse des structures de l'État. Les espèces très inflammables des maquis (Pistacia lentiscus, Arbutus unedo, Juniperus oxycedrus ssp. Macrocarpa, Juniperus phoenicea, Quercus coccifera, Erica multiflora, Cistus monspeliensis, etc.) facilitent la propagation du feu.

44Les archives, fournies gratuitement, des satellites TERRA MODIS et VIIRS donnent, hors année 2009, un cumul de 309 départs de feu sur la période 2004-2015 (Fig. 10). Dans la plupart des cas, la cause des feux reste officiellement inconnue. 73,5 % ont été allumés à l'intérieur d'une zone boisée, contre 22 % en lisière (moins de 100 m à l'intérieur d'une tache boisée) et 4,5 % dans un champ de culture (Fig. 11). Les départs de feu dans les zones boisées ont été particulièrement nombreux en 2013 (87 en cœur de forêt, 14 en lisière). Ils sont restés fréquents en 2014 (43 et 15 respectivement) et en 2015 (41 et 14 respectivement), mais sans que les surfaces touchées soient étendues. La photo 3 donne l'exemple d'un maquis incendié en bordure d'une parcelle agricole.

Figure 10 - Carte des départs de feu (2004-2015) et des surfaces incendiées (2000-2015).

Figure 10 - Carte des départs de feu (2004-2015) et des surfaces incendiées (2000-2015).

Surfaces incendiées : cartographie personnelle à partir des images satellitaires.

Figure 11 - Nombre annuel des départs de feux selon l'emplacement sur la période 2004-2015.

Figure 11 - Nombre annuel des départs de feux selon l'emplacement sur la période 2004-2015.

Source des données : archives des satellites TERRA MODIS et VIIRS.

Photo 3 - Exemple de maquis incendié. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]

Photo 3 - Exemple de maquis incendié. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]

1 : maquis. 2 : maquis dégradé. 3 : parcelle agricole. 4 : pelouse. 5 : végétation récemment incendiée

45De 2000 à 2015, 2871 ha ont été parcourus par le feu. Avant 2011, 493 ha ont brûlé, soit 5,3 % de la superficie boisée en 2000. La surface brûlée a atteint 2432 ha de 2011 à 2015, soit 26,1 % de la superficie référence. Les incendies de 2013, les plus nombreux et les plus étendus, ont parcouru 1493 hectares (évaluation personnelle), soit 16,0 % de la superficie référence. Celui des 7 et 8 août, par exemple, a détruit 150 ha de broussailles et 100 ha de forêts d'eucalyptus, de pin d'Alep et de chêne-liège.

46Au cours des premières années suivant leur ouverture, les clairières sont utilisées le plus souvent comme parcours pour le bétail, qui y trouve des plantes herbacées. Le travail agricole commence par le ramassage des pierres (effectué manuellement) et la correction des pentes (réalisée à l'aide d'engins), afin de faciliter les labours ultérieurs. Selon l'état initial du terrain, cette préparation peut durer plusieurs années (Photos 4) avant que ne débutent les cultures céréalières ou oléicoles.

Photos 4 - Exemples de clairières intra-forestières préparées pour une mise en culture. [cliché Brahim JAZIRI, septembre 2018]

Photos 4 - Exemples de clairières intra-forestières préparées pour une mise en culture. [cliché Brahim JAZIRI, septembre 2018]

1 : clairière. 2 : maquis dégradé. 3 : parcelle agricole. 4 : érosion.

47À partir des clairières ou des champs en lisière des terrains boisés, les agriculteurs pratiquent le grignotage (par le feu ou par défrichement mécanique). Les avancées parallèles aux limites des champs de culture sont difficilement perceptibles sur le terrain par les agents forestiers, surtout dans les maquis non aménagés où les limites entre les domaines privé et public sont confuses. Une autre pratique consiste à effectuer localement des percées rectangulaires vers l'intérieur de l'espace boisé (défrichement en couloir). L'objectif est toujours le même : gagner des terres cultivables, faire se rejoindre des clairières et/ou des champs.

48Les figures 12 et 13 illustrent les dynamiques de l'évolution des clairières et du grignotage en couloir des lisières.

Figure 12 - Dynamique des clairières dans la zone d'étude.

Figure 12 - Dynamique des clairières dans la zone d'étude.

Fond de l'illustration : Image Google Earth Pro du 31 octobre 2018.

Figure 13 - Exemples de défrichements en couloir dans la zone d'étude.

Figure 13 - Exemples de défrichements en couloir dans la zone d'étude.

Fond des illustrations : Image Google Earth Pro du 31 octobre 2018.

49Pour autant, l'évolution ne se traduit pas par une réduction des espaces boisés. Certes, la tache principale a subi un sensible recul en 2013 et en 2015, en raison de nombreux incendies, mais la superficie boisée sur l'ensemble du terrain d'étude n'a pas diminué (voir Tab. II). La figure 14 donne l'exemple d'une revégétalisation spontanée dans un secteur incendié en 2013. Dès l'année suivante, chêne-liège et eucalyptus se sont régénérés par la production de rejets et de drageons. Les essences principales du sous-bois, filaire, lentisque et bruyère arborescente, ont développé des rejets de souche. L'abandon de parcelles agricoles, celles peu productives ou soumises à une forte érosion, conduit également à une dynamique progressive. À cela s'ajoutent les opérations de reboisement menées par les services forestiers. Elles ont abouti au développement de forêts artificielles sur les champs dunaires, sur les versants en pente forte des djebels As-Sma, Chitana et Haddada, et sur les versants sud des reliefs, notamment des djebels Tourou et Henchir Tramis.

Figure 14 - Régénération de la végétation après un incendie sur le djebel Tourou.

Figure 14 - Régénération de la végétation après un incendie sur le djebel Tourou.

50La figure 15 synthétise les relations entre les situations et les actions impliquées dans l'évolution de l'occupation des sols.

Figure 15 - Processus conduisant à la transformation de l'occupation du sol dans la zone d'étude.

Figure 15 - Processus conduisant à la transformation de l'occupation du sol dans la zone d'étude.

V - Cartographie de la dynamique des transformations paysagères entre 2000 et 2015

51L'analyse s'appuie sur l'étude diachronique des surfaces boisées entre les deux dates.

52La dynamique de la végétation est entendue ici comme l'évolution de l'organisation de la couverture du sol par la végétation et non comme la succession physionomique et floristique de formations ou de groupements végétaux (de la friche jusqu'à la forêt climacique ou l'inverse). Cette dynamique peut prendre trois formes : régressive, progressive ou stable. Ces distinctions ne doivent être appliquées qu'à des périodes assez longues, même si les résultats sont toujours potentiellement tributaires de conditions particulières aux bornes de la période d'étude.

53Pour les formations basses du maquis, M. LAARIBI (2015) adopte le terme de "blocage" plutôt que celui de stabilité. Il considère, en effet, que c'est un blocage dynamique qui empêche leur évolution vers des formations plus hautes et plus denses. Les termes "perte" et "amélioration" sont employés dans notre analyse pour évoquer, le premier, une ouverture de la couverture végétale et, le second, une fermeture. Les termes "blocage" et "stabilité" indiquent, quant à eux, une absence de changement du milieu boisé entre les dates référence.

54La figure 16 présente les évolutions mises en évidence entre 2000 et 2015.

Figure 16 - Dynamique de la végétation dans la zone d'étude entre 2000 et 2015.

Figure 16 - Dynamique de la végétation dans la zone d'étude entre 2000 et 2015.

1 ) La réduction des surfaces boisées

55Le nombre de surfaces boisées, leur aire et leur périmètre sont identifiés en tant que éléments principaux pour la description de la configuration paysagère (R.H. GILES et M.K. TRANI, 1999 ; J. BOGAERT et al., 2004). Dans notre analyse, nous retenons également les clairières.

a. Les surfaces boisées

56Entre 2000 et 2015, le nombre des surfaces boisées a augmenté de 17,4 % (771 en 2000 ; 905 en 2015). Leur superficie totale est restée stable (9331 ha en 2000 ; 9294 ha en 2015), mais la somme de leurs périmètres a plus que doublé (454 km en 2000 ; 950 km en 2015). Le plus grand massif forestier s'est réduit de 913 ha (8471 ha en 2000 ; 7558 ha en 2015), soit une diminution de 10,8 %, alors que son périmètre est passé de 231 km à 305 km.

57La structure par taille des surfaces boisées (Fig. 17) montre la prépondérance des surfaces inférieures à 1 ha. Toutes les classes ont vu leur nombre augmenter entre 2000 et 2015, sauf celle > 1000 ha, qui est restée stable avec une unité. Le nombre des surfaces inférieures à 1 ha est passé de 678 à 779 et celui des surfaces de 1 à 10 ha, de 78 à 108. Les surfaces plus étendues ne représentent que peu de choses (2 surfaces en 2000 et 5 en 2015).

Figure 17 - Structure par taille des surfaces boisées en 2000 et 2015.

Figure 17 - Structure par taille des surfaces boisées en 2000 et 2015.

58L'indice de dominance montre une tendance à l'émiettement et à l'isolement des surfaces boisées. En effet, la part de la plus grande tache boisée dans l'ensemble des superficies boisées a régressé de 90,8 à 81,3 %. Cette réduction de la dominance traduit une accentuation de la fragmentation des espaces boisés. Elle est d'autant plus manifeste que la plus grande tache boisée a sensiblement régressé (8471 ha en 2000 ; 7560 en 2015), alors que la superficie de l'ensemble des taches boisées est restée relativement stable (9331 ha en 2000 ; 9294 ha en 2015). En 2014, sa superficie était pourtant remontée à 8137 ha et sa part dans l'ensemble des taches boisées à 87,9 %.

59L'indice de forme des surfaces forestières (IFj) est passé de 4,87 en 2000 à 10,22 en 2015. Leur géométrie est donc devenue globalement plus irrégulière. L'indice de forme du plus grand massif forestier a lui aussi presque doublé, passant de 2,72 à 4,03. On peut invoquer ici le changement de résolution des images Landsat. Mais cette évolution peut aussi résulter en partie de la destruction volontaire de la végétation, au cœur ou en bordure des espaces boisés, sur des surfaces dont les contours gardent encore des angles vifs.

b. La dynamique des clairières et les effets du changement de résolution des images Landsat

60Les données présentées dans ce paragraphe sont également, pour certaines, et pour la même raison que dans le paragraphe précédent, d'une interprétation délicate.

61Sur l'ensemble du terrain d'étude, le nombre des clairières est passé de 598 en 2000 à 918 en 2015 (augmentation de 53,5 %). Leur superficie totale s'est également accrue : 1706 ha en 2015, contre 1273 ha en 2000. On notera que les espaces forestiers (= espaces boisés + clairières) se sont étendus entre 2000 (10604 ha) et 2015 (11000 ha). La part des clairières dans cette somme est passée de 12,0 à 15,5 %.

62Dans le plus grand massif forestier, qui compte le plus de clairières, leur nombre a évolué de 552 (92 % du total) à 779 (85 % du total) et 360 ha se sont ajoutés, leur superficie passant de 1232 ha à 1591 ha entre les deux dates. Les périmètres ont en outre doublé de longueur : 463 km en 2015, contre 225 km en 2000. Ici, la somme "espaces boisés + clairières" a diminué (9703 ha en 2000 ; 9149 ha en 2015) et la part des clairières dans cette somme a fortement augmenté (12,7 % en 2000 ; 17,4 % en 2015).

63Dans le plus grand massif forestier, l'indice de forme des clairières (IFj) s'établit à 18,3 pour 2000 et 29,1 pour 2015 (augmentation de 60 %). Ces valeurs élevées, et tout particulièrement en 2015, attestent les atteintes portées à cet espace... ou les effets du changement de résolution des images Landsat.

64Le nombre de mailles de 100 ha contenant au moins une clairière a évolué de 134 en 2000 à 152 en 2015. La densité moyenne des clairières dans l'espace forestier a progressé de 5,6 pour 100 ha à 8,4 pour 100 ha entre les deux dates (Fig. 18-a et 18-b).

Figure 18 - Densité des clairières (nombre / 100 ha) en 2000 (a) et 2015 (b) et évolution entre les deux dates (c).

Figure 18 - Densité des clairières (nombre / 100 ha) en 2000 (a) et 2015 (b) et évolution entre les deux dates (c).

65En 2015, la valeur la plus élevée par maille hexagonale de 100 hectares atteint 22 clairières, contre 15 en 2000. Les densités les plus élevées en 2000 sont observées entre Fajjet Errih et Hanchir Dar Al Wassat, ainsi qu'à l'est de Al Houichette. Ailleurs, les valeurs sont inférieures à 5 clairières pour 100 ha. En 2015, la densité des clairières s'est accrue sur presque tout l'espace forestier, notamment sur les collines littorales de la région d'Al Houichette, qui ne cesse d'accueillir des constructions avec vue sur la mer (voir Photo 2-c). Mais il apparaît, sur la figure 18-c, que la densité des clairières a surtout augmenté dans trois secteurs : les djebels Tourou à l'ouest, Awinat Bir-Rayis au centre et Sonkar à l'est de la zone d'étude. Une diminution de la densité des clairières, signe d'une revégétalisation, s'observe de façon ponctuelle, surtout à l'ouest de Fajjet Errih, avec des valeurs atteignant -13 clairières pour 100 ha. On note aussi que la végétation a été préservée ou s'est même développée le long de certaines vallées, comme celle de l'oued Eddouimis.

2 ) Processus des transformations paysagères

66En se référant à l'arbre de décision de J. BOGAERT et al. (2004), on peut conclure que la plus grande tache boisée a subi une perforation : nombre de la tache évidemment identique, diminution sensible de la superficie entre 2000 et 2015 et augmentation du périmètre de la tache. Les deux images au bas de la figure 19 donnent une idée de la manière dont se traduit le processus de perforation.

Figure 19 - Mode de transition des paysages dans certains secteurs de la zone d'étude entre 2000 et 2015

Figure 19 - Mode de transition des paysages dans certains secteurs de la zone d'étude entre 2000 et 2015

67En ce qui concerne l'ensemble des taches boisées, on observe que si le nombre de taches a considérablement augmenté entre 2000 et 2015, l'aire totale n'a légèrement diminué, le rapport a2015/a2000 étant égal à 0,99. Le processus d'évolution dominant serait donc ici la dissection (images du haut de la figure 19).

VI - Conclusion

68L'étude de la transformation paysagère récente aux Mogods, que nous avons menée à l'aide des approches de l'analyse spatiale et des méthodes de l'écologie du paysage, a fourni des résultats contrastés.

69Dans une région assez peu densément peuplée, la pression anthropique sur le milieu forestier, essentiellement pour l'agriculture et l'élevage, est restée globalement limitée de 2000 à 2012. Au delà des fluctuations interannuelles des différentes valeurs, on constate que la superficie des surfaces forestières et boisées n'ont pas reculé pour l'ensemble des taches comme pour la plus grande d'entre elles. Le nombre des clairières ne semble pas avoir augmenté. En revanche, leur superficie totale s'est accrue, pour l'ensemble des taches comme pour la tache la plus grande. L'extension des clairières a donc été compensée par des gains de surfaces boisées. Le périmètre total des clairières, lui, n'a pas bougé de manière significative.

70La situation a changé en 2013, en relation avec les incendies qui ont ravagé le terrain d'étude. Mais 2014 a marqué un retour à des superficies proches de celles du début des années 2010. Les nombres de taches et de clairières, ainsi que les périmètres pour les taches comme pour les clairières, sont restés élevés pour l'ensemble des taches et ont augmenté pour la plus grande d'entre elles. À cet égard, on peut se demander si la meilleure résolution des images Landsat 8 OLI utilisées à partir de 2013 n'est pas en cause.

71L'année 2015, enfin, se démarque à son tour, par une augmentation du périmètre de l'ensemble des taches boisées, du nombre et du périmètre des clairières de l'ensemble des taches forestières et par une forte diminution de la superficie de la plus grande tache boisée, qui dépasse de peu la valeur trouvée pour 2013, mais sans que l'on puisse évoquer des incendies et sans que la superficie de l'ensemble des taches boisées soit affectée. L'étude diachronique, qui a conclu à une perforation pour la plus grande tache boisée et à une dissection pour l'ensemble des taches, fait appel aux données de cette année peut-être particulière. Afin de lever les doutes sur la pérennité des mutations paysagères mises en évidence, une extension des recherches aux années suivantes doit être envisagée.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 - Localisation et topographie de la zone d'étude.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Tableau I - Évolution de la population des imadas de Hicher, Sidi Ameur, Teskraya et Amaden selon le milieu entre 2004 et 2014.
Légende Source : recensement général de la population et de l'habitat, Institut National de la Statistique (INS, 2005, 2015).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 100k
Titre Figure 2 - Distribution spatiale et densité des habitats.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Titre Photo 1 - Paysage agricole dans le secteur de Hanchir Teskraya dans la partie méridionale du terrain d'étude. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]
Légende 1 : alignement végétal. 2 : ilôt boisé. 3 : ravine végétalisée. 4 : parcelle agricole. 5 : arbre isolé.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 168k
Titre Figure 3 - Les groupements végétaux de la zone d'étude.
Légende D'après M. GOUNOT et A. SCHOENENBERGER, 1967, carte redessinée.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 228k
Titre Figure 4 - Carte de l'occupation du sol en 2015.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 404k
Titre Photos 2 - Des mosaïques végétales fragiles et instables aux Mogods. [clichés : Brahim JAZIRI, 2018]
Légende a : maquis arboré à éricacées, arbousiers et cistes, dans lequel subsistent quelques chênes-lièges (djebel Tourou). b : conservation de quelques oléastres autour d'un marabout (Al Houichette). c : maquis bas dense avec un début de destruction du couvert végétal par un bulldozer (secteur de Al Houichette). d : maquis bas clair avec développement du ravinement (Ghar Wenkel). e : friche agricole (Teskraya).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 484k
Titre Figure 5 - Modèle d'identification des processus de transformation spatiale inspiré de l'arbre de décision de J. BOGAERT et al. (2004).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 436k
Titre Tableau II - Nombre, superficie et périmètre déterminés chaque année pour les taches boisées et les clairières de l'ensemble des taches forestières et de la plus grande d'entre elles.
Légende Date d'acquisition des images : 23 septembre 2000, 26 août 2001, 18 juin 2002, 8 août 2003, 10 août 2004, 13 août 2005, 15 juillet 2006, 3 août 2007, 20 juillet 2008, 24 août 2009, 11 août 2010, 1er octobre 2011, 24 août 2012, 1er octobre 2013, 22 août 2014 et 8 juillet 2015.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-9.jpg
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Titre Figure 6 - Valeurs annuelles des superficies des taches forestières (TF) et boisées (TB) et des plus grandes taches forestière (PGTF) et boisée (PGTB).
Légende Tache forestière : tache boisée + clairières incluses dans la tache.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-10.jpg
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Titre Figure 7 - Part (en % de la superficie) de la plus grande tache forestière par rapport à l'ensemble des taches forestières et de la plus grande tache boisée par rapport à l'ensemble des taches boisées.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-11.jpg
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Titre Figure 8 - Valeurs annuelles de la superficie et du nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières et pour la plus grande d'entre elles.
Légende S' et N' : superficie totale et nombre des clairières pour l'ensemble des taches forestières. s' et n' : superficie totale et nombre des clairières pour la plus grande tache forestière.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-12.jpg
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Titre Figure 9 - Part des clairières (en %) et nombre de clairières pour 100 ha pour l'ensemble des taches forestières (S' et N' respectivement) et pour la plus grande d'entre elles (s' et n' respectivement).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 80k
Titre Figure 10 - Carte des départs de feu (2004-2015) et des surfaces incendiées (2000-2015).
Légende Surfaces incendiées : cartographie personnelle à partir des images satellitaires.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 256k
Titre Figure 11 - Nombre annuel des départs de feux selon l'emplacement sur la période 2004-2015.
Légende Source des données : archives des satellites TERRA MODIS et VIIRS.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-15.jpg
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Titre Photo 3 - Exemple de maquis incendié. [cliché : Brahim JAZIRI, septembre 2018]
Légende 1 : maquis. 2 : maquis dégradé. 3 : parcelle agricole. 4 : pelouse. 5 : végétation récemment incendiée
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 252k
Titre Photos 4 - Exemples de clairières intra-forestières préparées pour une mise en culture. [cliché Brahim JAZIRI, septembre 2018]
Légende 1 : clairière. 2 : maquis dégradé. 3 : parcelle agricole. 4 : érosion.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Titre Figure 12 - Dynamique des clairières dans la zone d'étude.
Légende Fond de l'illustration : Image Google Earth Pro du 31 octobre 2018.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-18.jpg
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Titre Figure 13 - Exemples de défrichements en couloir dans la zone d'étude.
Légende Fond des illustrations : Image Google Earth Pro du 31 octobre 2018.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 284k
Titre Figure 14 - Régénération de la végétation après un incendie sur le djebel Tourou.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 256k
Titre Figure 15 - Processus conduisant à la transformation de l'occupation du sol dans la zone d'étude.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 184k
Titre Figure 16 - Dynamique de la végétation dans la zone d'étude entre 2000 et 2015.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Titre Figure 17 - Structure par taille des surfaces boisées en 2000 et 2015.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 64k
Titre Figure 18 - Densité des clairières (nombre / 100 ha) en 2000 (a) et 2015 (b) et évolution entre les deux dates (c).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Titre Figure 19 - Mode de transition des paysages dans certains secteurs de la zone d'étude entre 2000 et 2015
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/docannexe/image/10556/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 267k
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Pour citer cet article

Référence papier

Brahim Jaziri, « Analyse cartographique et paysagère des transformations spatiales du couvert forestier des Mogods (Tunisie septentrionale) »Physio-Géo, Volume 15 | -1, 1-27.

Référence électronique

Brahim Jaziri, « Analyse cartographique et paysagère des transformations spatiales du couvert forestier des Mogods (Tunisie septentrionale) »Physio-Géo [En ligne], Volume 15 | 2020, mis en ligne le 02 janvier 2020, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/physio-geo/10556 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/physio-geo.10556

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Auteur

Brahim Jaziri

Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Unité de Recherche "Geomatics & Geosystems" 02/UR/10-01, 94 boulevard du 9 avril 1938, 1007 - TUNIS, TUNISIE.
Courriel : brahimjaziri@yahoo.fr

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