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Notes
De manière exemplaire, Décarie 1961, p. 153, fait du livre H un vague « résumé » de certains arguments du livre Z, là où Devereux 2003, p. 159-211, y voit quant à lui le vestige d’un état de la rédaction antérieure du livre Z.
On voit une multiplication de travaux allant dans ce sens depuis le début des années 2000. Pour ne citer qu’une approche, qui a certainement joué un rôle matriciel dans l’intérêt nouveau qu’a suscité ce livre de la Métaphysique, voir Burnyeat 2001, p. 68, qui affirme d’une part la continuité forte entre le dernier chapitre du livre Z et l’argumentation du livre H, et de l’autre la centralité du livre H dans le projet général de la Métaphysique d’Aristote.
En particulier Burnyeat 2001, p. 66-77, et de manière plus radicale Menn 2011, p. 161-202, voient dans cette requalification le cœur théorique des chapitres Metaphysica (Metaph.) Z 17-H 6. Plus récemment, on retrouve cette idée affirmée de manière originale chez Mié 2020, p. 59-82.
C’est le point sur lequel a insisté avec raison Morel 2015, p. 29-40 (et plus spécifiquement dans Morel 2016, p. 153-168), et qu’ont développé de manières différentes Mié 2018, p. 54-100, et, très récemment, Seminara 2022.
Metaph. Z 3, 1029a26-30.
De manière exemplaire, c’est ce qu’affirme Yu 1997, p. 119-145. Il y a selon lui une rupture nette dans le texte aristotélicien : à partir du chapitre 17 du livre Z jusqu’à la fin du livre Θ, le propos porterait sur l’être en puissance et en acte, alors que dans le reste du livre Z, il porte sur l’être par soi. Il tire de l’existence de cette « rupture » la conclusion selon laquelle la suite Metaph. Z 17-H-Θ ne relève pas de la philosophie première, comme le reste du livre Z, mais de la philosophie seconde et qu’elle aurait sa place dans la Physique (voir aussi, sur ce point, Yu 2003, p. 80). Nous sommes évidemment en désaccord avec cette conclusion, puisque le présent article vise précisément à établir une continuité entre les chapitres 10 et 11 du livre Z et le chapitre 2 du livre H.
Bostock 1994, p. 288 : « a very notable volte-face ».
Par exemple : Metaph. Z 10, 1035b31-1036a2.
Metaph. Z 11, 1036b21-32.
Nous reprenons ici le terme de « raffinement » pour qualifier la relation du livre H au livre Z à Morel 2015, p. 35 et passim. Ce dernier l’applique à la conception qu’Aristote se fait de la matière dans les deux livres. On le trouve repris par Mié 2018, p. 54-100 qui l’applique à la conception aristotélicienne de la substance sensible. Nous prétendons, pour notre part, l’appliquer à la théorie aristotélicienne de la définition, ce qui n’est nullement contradictoire avec les deux approches citées.
Metaph. Z 6, 1032a5-6.
Metaph. Z 7, 1032b1-2.
Metaph. Z 7, 1032b14 : τῆς ἄνευ ὕλης.
Metaph. Z 7, 1032b14 : τῆν ἔχουσαν ὕλην.
Voir également De interpretatione, 4, 16b26-33 ou Poetica, 20, 1457a23-24.
Metaph. Z 10, 1034b20-24.
Sur l’expression « partie de la forme », voir par exemple Metaph. Z 10, 1035a21. Il faut certainement faire coïncider ces parties strictement intelligibles de la forme avec le genre et la différence dernière qui permettent d’obtenir la définition de la forme par division. Il sera amplement question de ces parties au chapitre 12 du livre Z ; c’est la suggestion très convaincante de Ross 1924, vol. 2, p. 198.
Ceci en refusant l’ajout de Bonitz 1849, suivi à la fois par Jaeger 1957 et par Ross 1924 à la ligne 1035b32 de καὶ τῆς ὕλης entre τοῦ συνόλου τοῦ ἐκ τοῦ εἴδους καὶ τῆς ὕλης et αὐτῆς. Sur cette question, on consultera les arguments très convaincants en défaveur de l’ajout de Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 193-194.
Metaph. Z 10, 1035b32-1036a1 : μέρος μὲν οὖν ἐστὶ καὶ τοῦ εἴδους (εἶδος δὲ λέγω τὸ τί ἦν εἶναι) καὶ τοῦ συνόλου τοῦ ἐκ τοῦ εἴδους καὶ τῆς ὕλης <καὶ τῆς ὕλης> αὐτῆς. ἀλλὰ τοῦ λόγου μέρη τὰ τοῦ εἴδους μόνον ἐστίν, ὁ δὲ λόγος ἐστὶ τοῦ καθόλου (trad. Duminil et Jaulin). Sauf indication contraire, le texte de la Métaphysique est cité dans l’édition de Ross 1924.
Même si le genre de la forme est pour elle en un sens une « matière intelligible », comme le suggérera Metaph. Z 12, 1038a5-6 et le confirmera Metaph. H 6, 1045a34-35, il reste très clair que la forme est sans matière sensible, ce qui est la condition pour que le composé dont elle est la matière soit sujet à génération et corruption.
La réciprocité entre la matérialité des parties et le fait d’être sujet à la génération et à la corruption est précisément l’objet des chapitres 7 et 8. Cette réciprocité est clairement mise en avant dans l’incipit du chapitre 15 (Metaph. Z 15, 1039b20-31).
Metaph. Z 11, 1035a32-b1.
Metaph. Z 11, 1037a22-30 : καὶ διὰ τί τῶν μὲν ὁ λόγος ὁ τοῦ τί ἦν εἶναι ἔχει τὰ μόρια τοῦ ὁριζομένου τῶν δ’ οὔ, καὶ ὅτι ἐν μὲν τῷ τῆς οὐσίας λόγῳ τὰ οὕτω μόρια ὡς ὕλη οὐκ ἐνέσται – οὐδὲ γὰρ ἔστιν ἐκείνης μόρια τῆς οὐσίας ἀλλὰ τῆς συνόλου, ταύτης δέ γ’ ἔστι πως λόγος καὶ οὐκ ἔστιν· μετὰ μὲν γὰρ τῆς ὕλης οὐκ ἔστιν (ἀόριστον γάρ), κατὰ τὴν πρώτην δ’ οὐσίαν ἔστιν, οἷον ἀνθρώπου ὁ τῆς ψυχῆς λόγος (trad. Duminil et Jaulin). Dans la traduction, nous ajoutons le texte entre crochets.
Metaph. Z 3, 1029a20-21.
« Strictly speaking », Frede 1990, p. 129.
Metaph. H 1, 1042a24-26.
Metaph. H 1, 1042a27-28.
Metaph. H 2, 1043a5-14 : ὡς ἐν ταῖς οὐσίαις τὸ τῆς ὕλης κατηγορούμενον αὐτὴ ἡ ἐνέργεια, καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις ὁρισμοῖς μάλιστα. οἷον εἰ οὐδὸν δέοι ὁρίσασθαι, ξύλον ἢ λίθον ὡδὶ κείμενον ἐροῦμεν, καὶ οἰκίαν πλίνθους καὶ ξύλα ὡδὶ κείμενα (ἢ ἔτι καὶ τὸ οὗ ἕνεκα ἐπ’ ἐνίων ἔστιν), εἰ δὲ κρύσταλλον, ὕδωρ πεπηγὸς ἢ πεπυκνωμένον ὡδί· συμφωνία δὲ ὀξέος καὶ βαρέος μῖξις τοιαδί· τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. φανερὸν δὴ ἐκ τούτων ὅτι ἡ ἐνέργεια ἄλλη ἄλλης ὕλης καὶ ὁ λόγος· τῶν μὲν γὰρ ἡ σύνθεσις τῶν δ’ ἡ μῖξις τῶν δὲ ἄλλο τι τῶν εἰρημένων (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. H 3, 1043b30-33 : τὶ κατὰ τινὸς σημαίνει ὁ λόγος ὁ ὁριστικὸς καὶ δεῖ τὸ μὲν ὥσπερ ὕλην εἶναι τὸ δὲ ὡς μορφήν (trad. Duminil et Jaulin modifiée ; le μορφή de la ligne 1043b33 est synonyme de εἶδος). Il y a toutefois un débat sur la compréhension de ce passage, qui a souvent été lu comme essentiellement dialectique, raison pour laquelle il ne saurait constituer à lui seul une preuve suffisante pour notre démonstration. Sur les différentes interprétations possibles, voir Morel 2015, p. 152-153.
Metaph. H 2, 1043a14-21.
Notamment en Metaph. E, 1, 1025b30-1026a7 et De anima, I, 1, 403a29-b7, même si ce dernier texte ne porte pas sur la définition d’une substance, mais sur celle des passions de l’âme.
On pourrait en réalité admettre qu’il existe une troisième voie qui consiste, dans le sillage des analyses génétiques de Werner Jaeger, à postuler, entre la rédaction de nos deux textes, un écart temporel durant lequel la pensée d’Aristote aurait « évolué ». C’est la solution qu’adopte Bostock 1994, p. 288, mais aussi, plus récemment, la conclusion de Devereux 2011, p. 195-196. Il nous semble que les nombreuses critiques qui ont ébranlé depuis plus d’un demi-siècle le paradigme généticien ne permettent plus de faire appel à ce type de solution pour expliquer une contradiction entre des textes aussi proches que ceux des livres Z et H, d’autant que des solutions moins coûteuses en hypothèses existent.
« The standard view », pour reprendre le terme de Frede 1990, p. 113.
Mié et Mittelmann 2022, p. 58-93.
Ross 1924, vol. 2, p. 69.
Metaph. Z 7, 1032b14.
Metaph. Z 10, 1035b14-16 : ἐπεὶ δὲ ἡ τῶν ζῴων ψυχή (τοῦτο γὰρ οὐσία τοῦ ἐμψύχου) ἡ κατὰ τὸν λόγον οὐσία καὶ τὸ εἶδος καὶ τὸ τί ἦν εἶναι τῷ τοιῷδε σώματι (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. Z 7, 1032b1-2 ; voir aussi Metaph. Z 10, 1035b32.
Metaph. Z 7, 1032a21-22 : καθ ̓ὅ. On trouve un texte parallèle en Metaph. Λ 3, 1069b36-1070a1.
Metaph. Z 17, 1041a27-30.
Frede 1990, p. 114-116.
Voir en particulier les lignes Metaph. H 1, 1042a18-21, qui « résument » Metaph. Z 10 et 11.
Le seul argument pour le dire pourrait précisément être qu’il propose une théorie de la définition qui inclut la matière dans l’énoncé ; il s’agit toutefois évidemment d’une pétition de principe qui ne résout en rien notre problème. A priori, il n’y a donc aucune raison de supposer que le cadre épistémique varie entre le livre Z et le livre H. Pour une lecture contraire, voir Yu 1997.
Morel 2015, p. 117-125.
Sur cette question, voir la note 4 du présent travail.
Morel 2015, p. 125.
Sur ce point, voir également Mié 2018, p. 75-76.
Comme y reviendra de manière très claire Metaph. H 6, 1045a23-33.
Brunschwig 1979, p. 131-158.
On pourrait s’étonner du fait que, dans ces textes, le definiens prenne la forme d’une prédication, notamment au regard du fameux passage de Analytica Posteriora, II, 3, 90b34-37, qui l’interdit explicitement. Toutefois, la prédication dont il est question ici est bien une « prédication hylémorphique », c’est-à-dire la prédication d’une forme à sa matière et non une prédication d’un attribut à une substance. Or, une telle structure peut être, selon nous, sans contradiction celle du definiens. Sur ce problème, voir Chaintreuil 2022.
Metaph. H 3, 1043b30-33.
Metaph. H 2, 1043a5 : τὸ ἀνάλογον (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. H 2, 1043a2-3 : αἰτία τοῦ εἶναι ἕκαστον (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. H 2, 1042b31-33 : ληπτέα οὖν τὰ γένη τῶν διαφορῶν (αὗται γὰρ ἀρχαὶ ἔσονται τοῦ εἶναι) (trad. Duminil et Jaulin).
C’est-à-dire les différences analogues à la substance formelle.
Metaph. H 2, 1043a3-4 : ὅτι ἐν τούτοις ζητητέον τί τὸ αἴτιον τοῦ εἶναι τούτων ἕκαστον (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. Z 17, 1041a7 : ἄλλην ἀρχὴν.
Metaph. Z 17, 1041b8-9 : τὸ αἴτιον τῆς ὕλης [τοῦτο δʹἐστὶ τὸ εἶδος], ᾧ τὶ ἐστίν. Nous suivons ici, par commodité, le texte de Jaeger 1957 qui, suivant la proposition de Christ 1885, supprime le τοῦτο δʹἐστὶ τὸ εἶδος. Pour notre propos, que cette expression soit considérée comme glose et donc à supprimer ou comme une incise d’Aristote et donc à mettre entre parenthèses, comme propose de le faire Ross 1924, ne change rien. Pour une restitution claire des termes de ce débat, qui tranche en faveur de la suppression, voir Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 317-318.
Contre ce qu’affirme Michael Frede (Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 209-213 et Frede 1990, p. 117-122), qui fait de ce passage une défense de « l’individualité » de la forme.
Metaph. Z 11, 1036a26.
Et non trois, comme le suggèrent Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 204. Le fait que nous ayons affaire à deux cas est la compréhension communément admise (par exemple, Ross 1924, vol. 2, p. 201). Voir notamment, contre la lecture de Michael Frede et Günther Patzig, les arguments particulièrement convaincants de Bostock 1994, p. 162-163. Comme l’explique Chiaradonna 2014, p. 378-380, les motifs théoriques qui poussent Frede et Patzig à cette compréhension découlent de l’interprétation qu’ils veulent donner de la critique de Socrate le Jeune.
Metaph. Z 11, 1036a33-34.
Sur ce point, voir les explications éclairantes de Ross 1924, vol. 2, p. 202.
Sur ce passage d’une grande difficulté, voir les explications claires de Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 207-209 et de Bostock 1994, p. 160-162.
Metaph. Z 11, 1036b28 : τὸ δ᾽ οὐχ ὅμοιον (trad. Duminil et Jaulin).
Le cœur de l’interprétation de Frede (dans Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 209-213, et Frede 1990 p. 117-122) consiste à considérer que la distinction que veut faire Aristote porte uniquement sur le statut ontologique des formes et non pas sur la manière de les définir. Il est pourtant explicitement question de définition à la ligne 1036b29, comme en témoigne l’usage du verbe ὁρίζει.
Metaph. Z 11, 1036b22-32 : διὸ καὶ τὸ πάντα ἀνάγειν οὕτω καὶ ἀφαιρεῖν τὴν ὕλην περίεργον· ἔνια γὰρ ἴσως τόδ’ ἐν τῷδ’ ἐστὶν ἢ ὡδὶ ταδὶ ἔχοντα. καὶ ἡ παραβολὴ ἡ ἐπὶ τοῦ ζῴου, ἣν εἰώθει λέγειν Σωκράτης ὁ νεώτερος, οὐ καλῶς ἔχει· ἀπάγει γὰρ ἀπὸ τοῦ ἀληθοῦς, καὶ ποιεῖ ὑπολαμβάνειν ὡς ἐνδεχόμενον εἶναι τὸν ἄνθρωπον ἄνευ τῶν μερῶν, ὥσπερ ἄνευ τοῦ χαλκοῦ τὸν κύκλον. τὸ δ’ οὐχ ὅμοιον· αἰσθητὸν γάρ τι τὸ ζῷον, καὶ ἄνευ κινήσεως οὐκ ἔστιν ὁρίσασθαι, διὸ οὐδ’ ἄνευ τῶν μερῶν ἐχόντων πώς. οὐ γὰρ πάντως τοῦ ἀνθρώπου μέρος ἡ χείρ, ἀλλ’ ἢ δυναμένη τὸ ἔργον ἀποτελεῖν, ὥστε ἔμψυχος οὖσα· μὴ ἔμψυχος δὲ οὐ μέρος (trad. Duminil et Jaulin).
De anima, II, 1, 412a28-b1.
Physica, II, 9, 199b39 : ἐξ ὑποθέσεως.
Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 210-213.
Metaph. Z 11, 1036b21 : τινὰ ἀπορίαν τὰ περὶ τοὺς ὁρισμούς (trad. Duminil et Jaulin).
Metaph. Z 11, 1036b29, nous soulignons ὁρίσασθαι dans notre traduction.
Cet élément de la lecture Michael Frede et Günther Patzig a été critiqué de manière convaincante par Chiaradonna 2014, p. 381-387, auquel nous renvoyons pour une analyse plus détaillée, et dont nous nous contentons de citer la conclusion : « Aristote ne dit pas, comme le suggèrent Frede-Patzig, (1) qu’il existe un lien interne et nécessaire entre la forme des êtres humains et la matière d’un certain type, car un humain ne peut pas exister sans ses parties, mais (2) que la forme demeure entièrement distincte des parties matérielles et qu’il n’y a aucune mention de ces parties dans la définition. Aristote semble plutôt suggérer que la présence de parties fonctionnelles doit être comprise dans la définition formelle d’un animal comme l’humain » (p. 388).
Physica, II 9, 200b78 : ἔστι γὰρ καὶ ἐν τῷ λόγῳ ἔνια μόρια ὡς ὕλη τοῦ λόγου (« Car dans la définition aussi il y a certaines parties qui sont comme la matière de la définition. » trad. Pellegrin).
Pour une synthèse récente des interprétations de ce texte et de son rôle dans l’économie générale des chapitres 10 et 11 du livre Z, voir Meister 2020, p. 132. Le problème principal à propos de ce texte est de savoir si et jusqu’à quel point il remet en question ce que Samuel Meister appelle la « pureté de la forme » (« purity of form »), c’est-à-dire le fait que les « parties de la forme » dont il est question au chapitre 10 soient uniquement des parties intelligibles. Pour résumer, certains interprètes considèrent que ce passage permet d’affirmer que la forme est « impure » : cela signifie qu’elle possède des parties matérielles, que celles-ci soient uniquement la « fonction » de la matière sensible dans laquelle la forme est instanciée (Whiting 1991, p. 631-632 ; Devereux 2011, p. 167-210), que ce soit la « forme » des parties matérielles (Chiaradonna 2014, p. 375-388) ou que ce soit, dans une version plus forte, la matière prochaine elle-même (Peramatzis 2011, p. 73, 98-99 et passim ; Peramatzis 2015, p. 194-216). À l’opposé, la majorité de la littérature défend la « pureté » de la forme, c’est-à-dire l’immatérialité de ses parties, que cette immatérialité implique l’exclusion définitive de toute mention de la matière dans la définition entendue au sens strict (Frede et Patzig 1988, vol. 2, p. 211-213 et Frede 1990, p. 113-129) ou l’articulation de la forme immatérielle à sa matière (de façon assez différente : Ross 1924, vol. 2, p. 197 ; Gill 1989, p. 111-144 ; Morrison 1990, p. 131-144 ; Ferejohn 1994, p. 291-318 ; Heinaman 1997, p. 283-298). Notre travail se rallie à cette dernière option, que nous construisons toutefois non pas à partir du chapitre 11 du livre Z, qui ne fait, selon nous, que l’esquisser, mais à partir du chapitre 2 du livre H.
Metaph. H 2, 1043a8.
Metaph. H 2, 1043a8-9.
Metaph. H 2, 1043a10.
L’importance de cette formule est également soulignée par Seminara 2022, p. 258 dont il note bien la présence à la fois en Metaph. Z 11 et en Metaph. H 2. Voir également ibid. p. 116.
Metaph. Z 11, 1036b22-23.
Metaph. Z 5, 1030b18 : σιμότης τὸ ἐκ τῶν δυοῖν λεγόμενον τῷ τόδε ἐν τῷδε (trad. Duminil et Jaulin modifiée ; nous explicitons le renvoi entre crochets). Voir également De anima, III, 4, 429b14, où le camus est décrit comme le paradigme de la réalité τόδε ἐν τῷδε.
Metaph. Z 8, 1034a6 : τὸ τοιόνδε εἶδος ἐν ταῖσδε ταῖς σαρξὶ καὶ ὀστοῖς (trad. Duminil et Jaulin).
Physica, IV, 3, 210a21 : « on dit <qu’une chose est dans une autre> au sens où la santé est dans les choses chaudes et froides, et d’une façon générale la forme dans la matière », ὡς ἡ ὑγίεια ἐν θερμοῖς καὶ ψυχροῖς καὶ ὅλως τὸ εἶδος ἐν τῇ ὕλῃ (trad. Pellegrin). Voir également, en un sens similaire, Metaph. Θ, 6, 1048b7-8 et De partibus animalium, I, 1, 640b26-27.
Néanmoins, il faut noter, comme nous l’avons évoqué plus haut dans notre propos, que la formule τόδ’ ἐν τῷͅδε a de facto droit de cité dans la pensée aristotélicienne, puisque Aristote lui-même l’utilise fréquemment pour désigner les composés hylémorphiques, ce qui ne veut pas dire que ce soit ni la seule, ni la plus pertinente des formules aux yeux d’Aristote. En effet, à notre connaissance, Aristote ne fait jamais de la formule τόδ’ ἐν τῷδε la structure du definiens du composé. On peut faire l’hypothèse que cette expression est reprise des cercles académiques et qu’Aristote l’emploie notamment dans des contextes où il a besoin de désigner le composé sans nécessairement avoir besoin d’éclairer le détail de la manière dont il envisage sa structure.
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