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Lectures critiques

Shi Li et Hiroshi Sato, Jingji zhuanxing de daijia (Unemployment, Inequality, and Poverty in Urban China)

Pékin, China Financial Economics Publishing House, 2004, 4+413 p.
Ying Chu Ng

Notes de la rédaction

Traduit de l’anglais par Elsa Chalaux

Texte intégral

1Cet ouvrage1 aborde un vaste éventail de thèmes liés à la transition économique dans la Chine urbaine. Les grandes questions soulevées par la dernière phase de transformation économique y sont mises en lumière par les contributions de treize chercheurs, chinois ou étrangers. L’ouvrage peut être divisé en quatre grandes parties, dont la première est consacrée à la pauvreté dans la Chine urbaine et la deuxième au chômage. La troisième partie aborde l’indemnisation des travailleurs, les inégalités de revenus et la mobilité de la main-d’œuvre. Enfin, une série de textes étudiant le rôle du capital humain et du capital social sur le marché du travail forment la dernière partie.

2Avant toute étude empirique, Jingbei Hu pose l’argumentation théorique adaptée à l’étude de la pauvreté urbaine dans la Chine post-réformes. L’exposé rigoureux souligne les caractéristiques du cas chinois par rapport aux expériences d’autres pays en voie de développement. Sur les bases ainsi jetées par Hu, Jinjun Shi et Zhong Wei analysent les liens entre chômage, pauvreté et inégalités de revenus à partir des enquêtes sur les revenus des ménages urbains de 1988, 1995 et 1999. Le taux de chômage est réévalué. L’estimation du taux de pauvreté et de l’inégalité de revenu par type de ménage met en évidence le rôle du chômage dans la pauvreté et les inégalités de revenu.

3Le lien entre chômage et pauvreté est étudié en détail dans deux articles, l’un de de Shi Li, l’autre de Shi Li et John Knight. Li établit le seuil de pauvreté et décrit la structure de la pauvreté pour six provinces à l’aide de l’enquête sur les revenus des ménages urbains de 1999. Il démontre que la situation par rapport à l’emploi est un facteur déterminant de la probabilité pour un individu de tomber dans la pauvreté. Le recours à un modèle logistique appliqué aux données de 1999 permet à Li et à Knight d’observer les probabilités de tomber dans trois types de pauvreté : pauvreté permanente, temporaire et touchant une population particulière. En étudiant plus particulièrement les deux derniers types, Li et Knight reviennent sur le rôle des comportements de consommation.

4Pendant la période de transition, la Chine urbaine a connu une forme particulière de chômage touchant plus particulièrement les employés des entreprises d’Etat. Ces derniers, bien que sans emploi, continuaient de percevoir des indemnités de la part des entreprises. Les chapitres quatre à huit sont consacrés à ces xiagang (WW). Appleton s’appuie sur l’enquête sur les revenus des ménages urbains de 1999 pour identifier quel type de travailleur est le plus susceptible d’être touché par ce phénomène. La durée de chômage des travailleurs xiagang est étudiée à l’aide du modèle semi-paramétrique de Prentice-Gloeckler. John Knight et Shi Li (chapitre 6) décrivent le retour à l’emploi des xiagang pour la période 1994-1999 après en avoir présenté le modèle théorique. Une fois évaluée la durée de chômage, l’effet de cette dernière sur les revenus de ceux qui ont retrouvé du travail est également décrit.

5C’est un point de vue différent des autres contributeurs que propose Hiroshi Sato sur le chômage et le retour à l’emploi. Pour lui, capital humain, politique et relationnel interagissent dans la détermination des revenus des travailleurs et dans la probabilité de chômage. Ses analyses prennent en compte l’âge, le niveau d’éducation et l’appartenance ou non au Parti communiste. Le dernier chapitre consacré aux chômeurs est celui de Xin Meng. Divers types de comportements de consommation sont analysés à partir du modèle d’estimation utilisé par Li et Knight précédemment. La théorie du revenu permanent est testée.

6Le second chapitre proposé par Meng traite des inégalités de revenus. Sur la base des enquêtes de 1988, 1995 et 1999, neuf mesures d’inégalités de revenus indiquent clairement leur augmentation. Trois estimations transversales indiquent que le facteur déterminant était l’environnement familial en 1988, l’effet régional en 1995 et la réforme économique en 1999. La décomposition au cours du temps du coefficient de Gini suggère que l’augmentation des inégalités de revenus entre 1988 et 1995 est causée par un effet lié à la propriété d’entreprise. Entre 1995 et 1998, les premières causes de l’accroissement des inégalités de revenus sont le chômage et le déficit chronique de certaines entreprises.

7Le chapitre de John Knight et Shi Li est probablement la première étude à traiter des conséquences de la situation financière des entreprises sur les salaires des travailleurs à partir de données nationales En collaboration avec Shi Li, Yaohui Zhao étudie la probabilité de recevoir des paiements en nature pour la période 1988-1999. Cette étude permet de comprendre pourquoi les paiements en nature ont diminué au fil du temps. S’appuyant sur deux enquêtes supplémentaires menées auprès des ménages, John Knight et Linda Yueh abordent la mobilité du travail chez les travailleurs urbains et les travailleurs ruraux résidant temporairement en ville. La probabilité de changer d’emploi, le nombre de changements (volontaires ou subis) et les salaires compte tenu de la probabilité de mobilité sont autant de points abordés.

8Les quatre derniers chapitres sont consacrés au rôle du capital humain et du capital social sur le marché du travail. Ainsi, l’appartenance au Parti communiste a un effet positif sur les salaires. Linda Yueh souligne le fait que les femmes détiennent moins de capital social que les hommes. Dans la lignée de son précédent chapitre sur les trois types de capitaux, Hiroshi Sato examine la probabilité de mobilité des travailleurs urbains et ruraux. L’effet de revenu de ces trois types de capitaux est l’un des propos central du chapitre. Les commentaires sur les études de cas réalisées dans cinq entreprises japonaises viennent utilement compléter l’analyse. L’ouvrage s’achève par une étude du taux de rendement de l’éducation pour 1994 et 1999. Ce dernier augmente parallèlement aux niveaux d’éducation, bien que le rendement décline pour tous les niveaux d’éducation au fil du temps (Li et Ding).

9Au final, ces seize contributions enrichissent nos connaissances sur le fonctionnement du marché chinois du travail et la pauvreté dans la Chine urbaine. Le cadre analytique est rigoureux et les techniques d’estimation adaptées. Mettant à profit des données collectées sur des périodes suffisamment longues, les auteurs peuvent décrire les évolutions du marché du travail urbain et aborder un certain nombre de questions sociales. Le lecteur peut ainsi mieux appréhender l’effet des réformes économiques sur le bien-être des travailleurs.

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Notes

1 Disponible également en anglais : Unemployment, Inequality and Poverty in Urban China, New York, Routledge, 2006, 336 p.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Ying Chu Ng, « Shi Li et Hiroshi Sato, Jingji zhuanxing de daijia (Unemployment, Inequality, and Poverty in Urban China) »Perspectives chinoises [En ligne], 95 | Mai-juin 2006, mis en ligne le 28 mai 2007, consulté le 22 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/perspectiveschinoises/987

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