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Société

« Où sont passées toutes les jeunes filles ? ». La discrimination à l'égard des filles en Chine dans une perspective comparative

Marina Thorborg

Résumé

Cet article présente la discrimination à l’égard des filles en Chine, dans une perspective régionale. Pour trouver où cette discrimination s’exerce et pour quelles raisons, sont examinées différentes variables démographiques telles que les taux de mortalité infantile et juvénile, ou le taux de masculinité, dans les populations d’Asie de l’Est, du Sud-Est et du Sud. Cet article réfute l’idée selon laquelle le contrôle rigide de la démographie est la cause principale des déséquilibres dans les proportions par sexe. L’explication avancée est celle d’un ensemble de facteurs économiques et culturels : l’absence d’une prise en charge par l’Etat de l’aide aux personnes âgées et une culture dans laquelle la responsabilité de cette tâche incombe aux fils.

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Texte intégral

1La scène a lieu à Hong Kong, en 1972. Dans le quotidien South China Morning Post, une photo montre une mère en pleurs, entourée de ses filles. Son unique fils a disparu, peut-être kidnappé. Cette femme déclare : « Je donnerais toutes mes filles pour retrouver mon fils ». A Hong Kong, en 1972-1973, ce type de faits divers était fréquemment rapporté dans les journaux : les réactions des familles étaient identiques, indépendamment du nombre de filles.

2Ma première interrogation concernait les jeunes filles : étaient-elles blessées de ne représenter que la fraction d’un autre enfant aux yeux de leur mère ? Selon l’article, les jeunes filles, demeurées assises pendant l’interview, n’avaient manifesté aucune émotion, hormis de la tristesse à l’égard du frère disparu. Le vieux dicton chinois, « mieux vaut un fils handicapé que huit filles en bonne santé » conservait-il sa pertinence pour leur mère, leur famille et leurs proches ? Et si tel était le cas, pourquoi ?

3A en croire des données récentes, c’est toujours le cas : les avortements de filles se comptent en millions, non seulement en Chine, mais également dans les autres sociétés chinoises et en Asie du Sud-Est. En 1990, le futur lauréat du Prix Nobel d’économie, Amartya Sen, dénombrait 100 millions de femmes « manquantes », la plupart d’entre elles en Asie du Sud et en Chine1. Le nombre de naissances de filles avortées est si important qu’il est visible dans les proportions par sexe au sein de la population jeune2. Les médias chinois et internationaux ont à maintes reprises évoqué le problème de ces cinquante millions de jeunes hommes ne pouvant trouver de partenaire, alors que la plupart des organisations de femmes posent cette question essentielle : « pourquoi la discrimination sélective à l’égard des filles est-elle de retour en Chine ? »3.

4La valeur accordée par une société aux femmes, et notamment aux jeunes filles, est plus visible dans les données démographiques que dans les discours d’autocongratulation à l’occasion de la Journée de la femme, ou dans les quelques lois progressistes qui sont promulguées mais jamais appliquées4. Lorsque la moitié de la population – celle représentée par les femmes – est décimée, ou manifestement écartée, est révélée la véritable place que les femmes occupent dans la société5. Si une société continue d’élaborer un système de protection sociale, notamment des personnes âgées, fondé sur la responsabilité particulière des fils, nul doute qu’elle accorde peu de valeur aux filles et incite à la discrimination à leur encontre. L’organisation des soins aux personnes âgées est peut-être le facteur essentiel de la survie des fœtus filles, ainsi que du sort réservé aux jeunes filles et aux femmes, plus qu’un planning autoritaire des naissances. C’est ce que nous souhaitons montrer dans cet article, en comparant le cas chinois avec d’autres sociétés de la région qui n’ont pas mis en œuvre de politique autoritaire de planning familial, ainsi qu’avec d’autres sociétés plus développées.  

5Les données démographiques révèlent non seulement la discrimination entre les sexes dans le passé récent, mais dévoilent également l’impact cumulatif d’un traitement inégal et prolongé à l’égard d’un genre. Les dernières recherches indiquent qu’il n’existe pas de lien direct entre la modernisation économique en elle-même et une plus grande valeur accordée aux femmes ou à tout autre groupe défavorisé6. Il fut un temps supposé que le développement rapide et la croissance économique contribuaient à l’égalité des genres. Mais de récentes études parviennent à la conclusion inverse7.

Les sources démographiques

6Les spécificités nationales relatives aux définitions, concepts, procédés de recueil de l’information et méthodes d’estimation, limitent l’emploi des données démographiques pour procéder à des comparaisons internationales. Elles peuvent cependant être utilisées comme indicateurs de tendances. Par ailleurs, le manque de moyens de communications dans les pays en voie de développement constitue une difficulté supplémentaire : le niveau d’accessibilité des données influe sur leur qualité8, notamment dans des pays de l’échelle de la Chine ou de l’Inde9. Le degré de confiance accordé aux autorités dans une société contribue aussi à la qualité de l’information obtenue10. Enfin, il existe de nombreuses raisons pour dissimuler des données aux autorités : contourner l’impôt, le service militaire, les restrictions sur les naissances, ou bénéficier d’une prolongation d’allocations11.

Taux de mortalité infantile dans un cadre comparatif

7Certaines données démographiques mettent en jeu le prestige national plus que d’autres. C’est le cas du taux de mortalité infantile, puisqu’il est généralement considéré comme un indicateur du développement humain d’un pays. La rapidité avec laquelle un pays s’efforce d’infléchir la mortalité de sa composante la plus vulnérable, les enfants, fournit également des informations sur le traitement et la valeur qu’il réserve à leurs mères.

1. Evolution de la mortalité infantile (0-1 an)

1. Evolution de la mortalité infantile (0-1 an)

8Depuis les années 1960, Taiwan, Hong Kong et Singapour suivent de près le Japon, et accomplissent des progrès rapides dans la réduction de la mortalité infantile, parallèlement à leur décollage économique (voir tableau 1).

9En Chine, après 1949, la paix a contribué à la diminution du taux de mortalité infantile12. Puis la famine de 1954 et celle provoquée par le Grand Bond en avant (1959-1961) – responsable de la disparition de 43 à 60 millions de personnes – ont entraîné des pics de mortalité infantile supérieurs à ceux d’avant-guerre13. Toutefois, une tendance positive qui s’était amorcée pendant les années 1950 a repris au milieu des années 1960 grâce à l’amélioration des conditions de vie, permettant un infléchissement rapide de cette mortalité14 (voir tableau 1).

10Durant l’ère maoïste (1949-1976), la Chine s’est efforcée avec vigueur, au travers de nombreuses campagnes, de transformer les mentalités à l’égard des femmes15. Les campagnes de contrôle des naissances lancées avec peu d’enthousiasme durant les années 1950 et affectant essentiellement les zones urbaines, apparaissent à nouveau au début des années 1960, puis s’interrompent avec la Révolution culturelle avant d’être reconduites dans les années 1970. La famille idéale-type, qui compte deux enfants dans les années 1970, passe à un enfant en 1980 au terme d’une vigoureuse campagne. Ce changement coïncide avec la décollectivisation de facto des campagnes, entraînant la désagrégation du mince filet de protection sociale établi avec les communes populaires depuis 1958, et le retour de l’agriculture familiale. Dans la famille immédiate, la lignée mâle devient l’unique assurance d’une descendance pour ses membres : un schéma qui date de plus de deux millénaires, dans une culture patriarcale, patrilocale, et patrilinéaire.

11Tandis que la valeur des enfants mâles s’accroît – ils fournissent des bras au sein de la nouvelle agriculture familiale et assurent le soutien des paysans âgés –, de nouvelles techniques de visualisation prénatale sont introduites qui permettent des avortements sélectifs. Ces techniques contribuent à la fois à la dissimulation de naissances et à l’avortement des fœtus filles.

2. Mortalité infantile (0-1 an) par sexe

2. Mortalité infantile (0-1 an) par sexe

12Depuis 1980, un nombre important de naissances sont clandestines. Un rapport évalue à 33 % la sous-estimation des naissances au Sichuan en 1981, un autre compte 5 % de naissances non enregistrées dans le xian de Jingan à Shanghai16. La dissimulation des naissances permet d’échapper aux avortements forcés. Les sources chinoises évaluent à un tiers du nombre total d’accouchements de l’année 1990 le total des naissances non enregistrées, et à 12 % de leur nombre total les décès non enregistrés17. Tandis que le Bureau officiel des statistiques annonce 19,91 millions de naissances en 1998, l’Agence nationale du planning familial avance de son côté le chiffre de 13,83 millions18 !

13Une étude rapporte que plus des trois quarts des décès en maternité survenus dans la ville de Canton durant l’année 2000 concernent des femmes appartenant à la « population flottante », bien que cette population migrante représentait moins du tiers de la population totale. Une enquête officielle révèle par ailleurs que plus de la moitié de ces décès sont le fait de soins médicaux insuffisants19. Un rapport conclut « qu’il ne fait aucun doute que l’augmentation du taux de mortalité maternelle au sein de la population migrante est due au manque d’accès à des soins médicaux convenables »20. De nombreuses femmes ayant tenté d’accoucher dans le secret, ni la naissance ni la mort de leurs enfants n’auraient pu être enregistrées.

14Entre 1953 et 1970, la mortalité infantile par sexe respecte en Chine un schéma général à l’Asie et au reste du monde : elle est supérieure chez les garçons, ceux-là étant biologiquement plus fragiles (voir tableau 2)21. Toutefois, à partir de 1980, la mortalité infantile chez les filles est supérieure à celle des garçons, à l’instar de la Corée du Sud22. La discrimination à l’égard des filles est importante en Asie orientale et en Asie du Sud, mais n’apparaît ni en Asie du Sud-Est, ainsi qu’en témoigne la Birmanie, ni dans le reste du monde23. Il pourrait résulter d’un taux de mortalité infantile élevé (enfants de 0 à 1 an) un taux de mortalité juvénile (enfants de 1 à 5 ans) faible, signifiant que les décès – naturels ou non – ont lieu avant un an. Ceci pourrait expliquer que la Chine fut entre 1997 et 2000, l’unique pays avec un taux de mortalité juvénile inférieur à 10 (voir tableau 3), tandis que la mortalité des filles y était supérieure à celle des garçons. Mais les démographes étrangers considèrent qu’il s’agit là d’une sous-estimation24. Cette situation contraste avec celle l’Asie du Sud-Est, ainsi qu’en témoigne l’exemple des Philippines (voir tableau 2)25. En Asie du Sud-Est, le Sri Lanka constitue une exception, avec une réduction rapide de la mortalité infantile tandis que le reste de la région présente aujourd’hui encore un taux élevé (voir tableau 1).

La masculinité chez les enfants de 0 à 4 ans

15Le taux de masculinité (nombre d’hommes pour 100 femmes dans une population donnée) varie en fonction des naissances, mais également de la croissance de la population, des comportements migratoires, de l’espérance de vie, du taux de mortalité (supposé neutre entre les sexes).

16La norme biologique est de 105 garçons pour 100 filles pour les naissances, puis cette proportion tend à s’égaliser. Une comparaison des taux de masculinité dans le monde révèle que c’est en Asie que les déséquilibres sont les plus importants26.

17La discrimination à l’égard des filles est généralement considérée comme une pratique des populations pauvres. Mais grâce à la technologie moderne de l’échographie, le phénomène a gagné les classes moyennes urbaines27. Ce phénomène ne provient pas d’une quelconque exception raciale à la norme biologique générale, ce qui fut parfois suggéré28. Entre 1950 et 1980, le taux de masculinité, traditionnellement élevé en Chine, diminua quelque peu, coïncidant avec la mise en place d’une protection sociale rudimentaire dans les campagnes29. Quand la Chine est revenue à une forme de métayage au début des années 1980, le filet de protection sociale établi dans le cadre du système collectiviste s’est décomposé et la distribution par sexe des plus jeunes (0 à 4 ans) s’est rapidement déséquilibrée (voir graphique 4)30.

3.Mortalité juvénile (1 à 5 ans) par sexe

3.Mortalité juvénile (1 à 5 ans) par sexe

18Les réticences à l’égard de l’avortement furent sans doute annihilées par la crainte qu’inspirait la sévère politique de l’enfant unique, avec ses avortements forcés jusqu’au dernier trimestre de la grossesse. Dans pareil contexte, l’avortement d’un fœtus du « mauvais » sexe peut sans doute apparaître comme un ajustement nécessaire à la politique en vigueur. Lorsque l’Etat, par l’entremise de ses représentants locaux, falsifie les chiffres et force à l’avortement, il est difficile d’empêcher les populations de penser qu’elles peuvent agir de même, au gré de leurs préférences. Dans ce domaine, l’Etat a déjà perdu tout autorité morale.

19Quelle que soit la politique officielle, l’important demeure la pratique locale31.

20Selon les sources officielles chinoises, le taux de masculinité dans la cohorte des 0-4 ans était de 106 entre la fin des années 1950 et la fin des années 1970, et s’est élevée à 120 en 2001 (voir graphique 4) et à 121 en 200332. Pourtant, en 2000, ce taux dans la cohorte des 15-19 ans, nés entre 1981 et 1985, était seulement de 105. Si le taux de masculinité dans cette cohorte d’âge est de 108 lorsqu’elle a entre 0 et 4 ans au début des années 1980, et diminue par la suite jusqu’à 105, soit un nombre important de filles a surgi de nulle part (c'est-à-dire n’ont pas été enregistrées), soit des garçons sont morts en telle quantité que la proportion par sexe en est altérée, ce qui improbable étant donné le taux de mortalité supérieur pour les filles. Voilà qui suggère avec quelles précautions les estimations doivent être utilisées.

21La Chine présente aujourd’hui, à son échelle nationale, la proportion par sexe la plus déséquilibrée du monde (voir graphique 4)33, avec certaines conséquences imprévues. Une étude révéla en 1982 que 9 % des hommes âgés entre 30 et 34 ans n’avait jamais été mariés, contre 1 % des femmes du même âge. Cette première cohorte née sous le régime communiste (entre 1948 et 1952) reflétait en partie le déficit de femmes caractéristique de la Chine ancienne34. Cette situation dramatique se reproduit aujourd’hui, alors que plus du quart des jeunes hommes ne peuvent trouver de femme et connaissent « une catastrophe plus effrayante que la guerre »35.

4. Taux de masculinité des enfants ente 0 et 4 ans

4. Taux de masculinité des enfants ente 0 et 4 ans

22La partie occidentale de la Chine – les provinces du Tibet, du Xinjiang et du Yunnan – présente la distribution par sexe la plus naturelle, tandis les régions les plus industrialisées le long des côtes du Sud-Est, à l’exception de la province du Zhejiang, connaissent des déséquilibres. Les régions du Centre-Sud sont celles qui révèlent les déséquilibres les plus sérieux (voir carte 5).

5. Taux de masculinité des naissances en Chine en 1999

5. Taux de masculinité des naissances en Chine en 1999

23Il apparaît que les zones où le peuplement han est le plus important sont celles dans lesquelles les filles ont le moins de chance de vivre. La politique de l’enfant unique, qui ne fut pas appliquée aux minorités dans les années 1980, ne le fut par la suite qu’avec une grande prudence, expliquant en partie ce phénomène. Par ailleurs, les couples mixtes choisissaient auparavant de s’enregistrer comme « han », afin d’obtenir davantage d’aides sociales. La politique de l’enfant unique semble avoir entraîné une diminution de cette pratique, les couples mixtes conservant ainsi la possibilité d’avoir plusieurs enfants36.

24Bien que les variations régionales soient importantes en Chine, l’Inde présente des dissemblances encore plus sensibles (voir carte 6).

6. Taux de masculinité des enfants entre 0 et 6 ans en Inde en 2001

6. Taux de masculinité des enfants entre 0 et 6 ans en Inde en 2001

25Les données par régions indiquent clairement un déficit de filles important dans les provinces du Nord-Ouest, tandis que le reste de l’Inde, et notamment sa partie orientale et méridionale, présentent une distribution par sexe plus équilibrée37. Ainsi, en 1981, le Kérala connaît un taux de masculinité de 97, quand au Pendjab, il est de 114 et dans l’Haryana de 115, les deux derniers Etats étant les plus prospères38. Ici encore, la richesse ne protège pas d’une plus forte discrimination à l’égard des filles39.

Le déficit de jeunes femmes

26Il convient de rappeler qu’en situation de crise, les enfants ont été tout au long de l’Histoire victimes de leurs parents. L’Europe, à cet égard, a une longue et terrible histoire de l’infanticide, institutionnalisé au XIXe siècle avec les « faiseuses d’anges »40. En Chine, les empereurs comme les dirigeants de l’époque moderne ont fréquemment essayé de pénaliser l’infanticide41. Il manque aujourd’hui plus de 100 millions de femmes, principalement en Asie du Sud et en Chine, du fait des négligences, des infanticides et des avortements42. L’une des causes de cette criante inégalité des sexes serait une dévalorisation des filles, exprimée par l’avortement sélectif des fœtus filles, devenu plus largement accessible depuis les années 1970.

27Autrefois, aussi bien en Chine qu’au Japon, les populations pauvres choisissaient le sexe de leur enfant après la naissance – en tuant ou en abandonnant le bébé fille43. Depuis les années 1980, une part croissante des classes moyennes et privilégiées, notamment en Chine et en Inde, a recours à l’avortement sélectif. Bien qu’il soit interdit par la loi, il est largement pratiqué, d’où les déséquilibres de la distribution des sexes à la naissance44. La pauvreté, naguère présentée comme l’explication aux traditionnelles noyades de bébés filles dans la Chine impériale, ne serait donc pas un facteur déterminant. La rigueur de la politique de l’enfant unique pourrait offrir une explication, mais pour les zones urbaines uniquement. Dans les zones rurales, cette politique – qui fut modifié ensuite – fut appliquée par moins de 1 % de la population et les proportions par sexe y sont moins déséquilibrées que dans les zones urbaines45.

28Avec le délitement du secteur d’Etat et du « bol de riz en fer », l’insécurité du troisième âge est réapparue dans la Chine urbaine. De nouvelles réformes concernant le troisième âge sont expérimentées, mais avoir un fils représente une précieuse garantie pour une personne âgée46. La préférence à l’égard des fils, envisagée comme un résidu de la tradition patrilinéaire, peut certes offrir une explication. Mais pour la génération qui a connu l’agriculture collective et une protection sociale rudimentaire entre les années 1950 et les années1980, le phénomène reste peu visible – les taux de masculinité les plus faibles sont enregistrés au milieu des années 196047. L’absence de protection sociale dans les zones rurales, notamment pour les personnes âgées, explique mieux qu’un fils soit préférable à une fille mariée : en l’absence d’autres alternatives, un fils marié continue d’être responsable de ses parents, ainsi qu’en attestent des études locales48. Une politique démographique rigide, ayant recours aux avortements forcés, jointe à une politique sociale qui favorise les zones urbaines, expliquerait donc une part du problème, la discrimination à l’égard des filles augmentant à mesure que le taux de natalité est sommé d’infléchir49. Par suite, la politique sociale discriminante à l’égard des populations rurales représenterait une cause essentielle de l’accroissement des déséquilibres dans les campagnes.

29En témoigne ce rapport de 2005, qui révèle que « les politiques actuelles du gouvernement […] provoquent des migrations par leur extrême négligence des zones rurales »50, et souligne que « les politiques chinoises de développement impliquent le sous-développement délibéré et systématique des zones rurales »51. Si l’on considère les contraintes des familles rurales, la discrimination sélective à l’égard des filles peut apparaître comme une solution rationnelle dans la mesure où 90 % de cette population ne bénéficient d’aucune aide pour le troisième âge52.

30De récentes études ont révélé qu’en Chine, les personnes âgées vivant en zone rurale continuent de travailler tant qu’elles sont encore valides, malgré l’assistance d’un fils – 80 % des hommes et la moitié des femmes de moins de 69 ans, parmi lesquels 38 % sont gravement malades. Les femmes qui n’ont pas d’enfant travaillent toutes. Lorsqu’elles en ont, elles travaillent moins et leur niveau de vie est d’autant plus élevé qu’elles vivent proches de leur fils. Par ailleurs, la plupart d’entre elles travaillent le plus longtemps possible, afin de retarder la dépendance à l’égard d’un fils53.

31De fait, « les autorités centrales ont rechigné à établir un système national de pensions de retraite, car le gouvernement central n’est pas préparé financièrement à garantir les revenus des travailleurs urbains âgés, sans même mentionner les travailleurs ruraux »54. Même dans les zones les plus riches, comme à Canton, la couverture du système de retraites reste insuffisant. Pour la majorité de la population, il n’existe pas d’autre alternative dans un futur immédiat que de travailler aussi longtemps que possible, puis de s’appuyer sur son fils55.

32Un calcul des jeunes femmes manquantes, établi à partir d’une norme générale – en comparant des sociétés dont les espérances de vie et les taux de mortalité infantile sont similaires – révèle que des sociétés aussi urbanisées et prospères que Taiwan, la Corée du Sud et Singapour, présentent les mêmes types de discriminations, bien qu’elles n’aient connu que de très souples campagnes de planning familial (voir tableau 7).

7. Déficit de jeunes femmes en 2001

7. Déficit de jeunes femmes en 2001

33Dans ces sociétés, la mise en place d’une aide sociale généralisée pour les personnes âgées n’a pas été l’objet d’une priorité – elle est en cours à Taiwan56. A Singapour, la notion de piété filiale fut à nouveau d’actualité lorsqu’une loi sur l’assistance due aux parents âgés fut promulguée en 1995. De vifs débats eurent lieu en 2000, quand fut révélé que les personnes âgées constituaient la majeure partie de la population pauvre, tandis que le niveau de vie du reste de la société augmentait. Dans un pays aussi riche et avancé que le Japon, le nouveau Premier ministre a reconnu lors de sa prise de fonctions en 2001 que le vieillissement rapide de la population constituait l’un des problèmes majeurs du pays.

34En Chine, le rôle primordial des fils dans le soin des personnes âgées, peut être considéré comme une cause majeure de la discrimination sélective à l’égard des filles. En Inde, les chercheurs attribuent généralement au matérialisme grandissant de la classe moyenne – qui s’exprime dans les dépenses et les exigences excessives pour la dot – les différents meurtres des femmes, des fœtus comme des jeunes mariées (voir tableau 7). Ces déséquilibres importants entre les sexes n’apparaissent pas dans les classes les plus pauvres en Inde. La valeur de la femme dans la famille y est plus importante, car elle représente une contribution économique indispensable57.

35En Asie du Sud-Est, l’aide sociale aux personnes âgées n’existe guère, mais c’est un système de parenté bilatéral qui prévaut – les parents de chaque côté sont d’égale importance. Par suite, les différentes variables indiquant une discrimination sexuelle y sont de nature différente et plus proche des tendances présentes dans le reste du monde58.

36Ce sont donc des raisons économiques, à travers le prisme de la culture – le soutien filial aux parents âgés –, qui contribuent à tuer des filles de tout âge (fœtus, bébés, enfants, et adolescentes) dans les régions pauvres ou riches d’Asie orientale ou méridionale.

37Il a fallu plus d’un siècle à l’Europe occidentale pour développer une sécurité sociale destinée aux personnes âgées, alors que sa population connaissait un vieillissement lent. En Suède, par exemple, le pourcentage des personnes âgées de 65 ans et plus dans la population est passé de 7 % à 14 % en quatre-vingt-cinq ans, alors qu’au Japon cela s’est fait en vingt-cinq ans. Les prévisions sont de trente ans pour la Chine, vingt ans pour la Corée et seulement dix-huit ans pour Singapour59. Les problèmes sont d’une toute autre ampleur. La politique de l’enfant unique aura certainement pour conséquence démographique un nombre accru de travailleurs âgés dans les campagnes et dans les villes. Si la piété filiale s’affaiblit, sans que les filles aient un rôle équivalent à celui des garçons, le futur immédiat des personnes âgées paraît bien sombre. Le vieillissement aura-t-il pour conséquence de diminuer la discrimination à l’égard des filles ? Une fille née après le début des années 1980 pourra vraisemblablement se marier et avoir un enfant si elle le souhaite. Un garçon né au même moment risque en revanche de faire partie du quart de jeunes hommes en surplus ne trouvant personne pour se marier, membre d’une armée de prétendants évaluée à 50 millions de personnes.

38La prospérité et le développement économique rapide n’ont nullement modifié les déséquilibres démographiques entre les sexes en Asie orientale. L’économie fournissait naguère une explication aux déséquilibres démographiques des pays d’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, le prix de la vie des femmes est toujours inférieur en Asie orientale et méridionale. L’Asie du Sud-Est présente, elle, une conjoncture plus favorable aux femmes.

39La Chine maoïste a essayé avec vigueur de modifier les mentalités. Mais tandis que l’idéologie politique apparaît d’une moindre importance, un facteur économique essentiel – l’assistance aux personnes âgées – conduit, au travers du prisme de la culture, à une discrimination sélective à l’égard des filles, comme l’attestent les évolutions démographiques de différentes sociétés.

40Les sociétés d’Asie orientale et méridionale partagent une même conception de responsabilité filiale à l’égard des personnes âgées. Celle-ci est présente dans la culture, et perpétuée par le manque d’alternatives, y compris dans des sociétés relativement prospères. Ce qui explique le phénomène apparemment contradictoire d’une natalité décroissante – indiquant la modernisation –, accompagnée d’une discrimination à l’égard des filles – considérée comme signe d’arriération. Toutefois, un planning démographique rigide ne conduit pas seul à une telle discrimination. Lorsqu’il est associé à une culture d’où sont absentes toutes alternatives réalistes – à l’exception de la prise en charge des personnes âgées par leurs fils –, il se transforme alors en un cocktail léthal pour les jeunes femmes.

41Dans une culture semblable, même en l’absence d’une planification autoritaire des naissances et dans le cadre d’une relative prospérité, les jeunes femmes continuent de subir de fatales inégalités, ainsi qu’en témoignent les cas de Taiwan, de Singapour et de la Corée du Sud. Aucune campagne ne parvient à ébranler cette valeur inférieure que leur accordent la société et leurs parents. Puisqu’il existe de nombreuses sociétés, pauvres ou riches, dans lesquelles ces phénomènes sont absents, le facteur essentiel semble donc la manière dont l’assistance aux personnes âgées est envisagée. Celle-ci doit donc être réorganisée et recevoir toute l’attention qu’elle mérite, si l’on considère le vieillissement rapide des populations japonaises et chinoises.

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Notes

1 Amartya Sen, « More Than 100 Million Women Are Missing », The New York Review, 20 décembre 1990.
2 Elisabeth Croll, Endangered Daughters Discrimination and Development in Asia, Londres, Routledge, 2000.
3 On peut citer en particulier Gilles Pison, « Moins de naissances mais un garçon à tout prix : l´avortement sélectif des filles en Asie », Population et Sociétés, Paris, n° 404, septembre 2004, et Annika Danielsson, « Mansöverskott besvärlig följd av Kinas befolkningspolitik » (Le surplus masculin comme conséquence néfaste des politiques démographiques chinoise), TT, 23 avril 2004. Voir également TT-Reuters, « Kina försöker få stopp på aborter av flickfoster » (La Chine essaie de stopper l’avortement des filles), Pékin, 12 août 2004, ainsi que Martin King Whyte, cité par Valerie M. Hudson et Andrea M. den Boer, Bare Branches Security Implications of Asia Surplus Male Population, MIT Press, Cambridge, Mass., Londres, 2004, p. 27, et Wang Qiangzhuang, « China´s Population: Imbalance of Gender Proportions », FBIS-CHI-98-042, 11 février 1998.
4 Amartya Sen, Development as Freedom, Londres, Oxford University Press, 1999.
5 Lawrence Haddad, « Women´s Status: Levels, Determinants, Consequences for Malnutrition, Interventions, and Policy », Asian Development Review, vol. 17, n° 1, 1999.
6 Marina Thorborg, « Research on Women in the Chinese Economy », Theoretical and Methological Problems in Research on Women in developing Countries, n° 5/82, Centre de recherches en sciences sociales sur les femmes, Copenhague, 1982, et Marina Thorborg, Identification of Priority Research Issues on Women in Asia and the Pacific - A Report on Research and Research Organizations with Bibliography, SAREC Documentation, Stockholm, 1985 (1ère édition) et 1986 (2e édition). Voir également Marina Thorborg, Chinese Women An Annotated Bibliography, Autorité suédoise pour le développement international, Stockholm, 1995.
7 Stephanie Seguino, « Gender, quality of life, and growth in Asia 1970-90 », The Pacific Review, vol. 15, n° 2, 2002.
8 Thorborg, 1982, op. cit.
9 Marina Thorborg, « Befolkningspolitik i Kina från Confucius till våra dagar » (Les politiques démographiques en Chine, de Confucius à nos jours ), Den Ny Verlden, Copenhague, Centre de recherche sur le développement, 1987.
10 Marina Thorborg, « Confidence, Corruption and Culture – the Role of Media in Developing Civil Society », in The Role of Mass-Media and of the New Information and Communication Technologies in the Democratisation Process of Central and Eastern European Countries, Ioan Horga et Renaud de Brosse (éds.), Institut international d’études administratives, Bruxelles, 2002.
11 Marina Thorborg, « Comment on ‘China: End of Population Dynamics’ », in PRC Tomorrow: Development under the Ninth Five-Year Plan, Université nationale Sun Yat-Sen, Taiwan, 1996.
12 Concernant les campagnes, il existe une relecture de l’enquête menée par J. L. Buck dans les années 1929-1931, mais l’original et sa réinterprétation tardive font l’objet de débats. Néanmoins, les démographes de Princeton parviennent à un taux de mortalité infantile avoisinant les 30 %. Voir Judith Banister, China´s Changing Population, Stanford University Press, 1987, pp. 3-7.
13 Dali L. Yang, Calamity and Reform in China State, Rural Society, and Institutional Change Since the Great Leap Famine, Stanford University Press, 1996, et Jasper Becker, Hungry Ghosts China´s Secret Famine, Londres, An Owl Book, 1996. Voir également Kenneth Hill Demographic Trends in China from 1950 to 1982, World Bank Discussion Papers 22, The World Bank, Washington D.C., 1988.
14 Marina Thorborg, « Women under Maoism, The Struggle to End Discrimination Against and to Introduce Welfare for Women Workers », in Cheng Ying et al. (éds.), Frauenstudien, Munich, K.G. Saur Verlag, 1992.
15 Ibid. Voir également, Marina Thorborg, « Chinese Employment Policy in 1949-78 With Special Emphasis on Women in Rural Production », in Chinese Economy Post-Mao, Joint Economy Committee, Congress of the United States, novembre 1978, U.S Government Printing Office, Washington D.C.
16 Mary E. Young, André Prost, Child Health in China, World Bank Staff Working Papers, n° 767, Washington D. C., 1985, pp. 5 et suiv.
17 Thomas Scharping, Birth Control in China 1949-2000 Population policy and demographic development, Londres, RoutledgeCurzon, 2003, chap. 10-12.
18 U.S. Department of State, China, 2000, consulté sur http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2000/eap/684.htm le 21 mars 2003.
19 Human Rights in China (HRIC), « Institutionalized Exclusion: The tenous legal status of internal migrants in China´s major cities, A report by Human Rights in China », 6 novembre 2002.
20 « Institutionalized Exclusion », China Rights Forum, n° 1, 2003.
21 En Chine du Nord, le nombre de filles décédées pendant les années 1930 est supérieur à celui des garçons. La Chine du Sud connaît une situation inverse. Voir Banister, 1987, chap. 4, op. cit.
22 En temps de crise, durant la période d’avant guerre, Singapour et Hong Kong enregistrèrent des excès de mortalité infantile chez les filles. A Singapour, jusqu’aux derniers temps de l’occupation japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale, le taux de mortalité infantile était supérieur chez les filles. En 1944 et 1945, ils étaient de 295 et 222, et ceux des garçons de 284 et 210. Après l’occupation, en 1946, le taux redevint supérieur chez les garçons. Hong Kong connut également des taux élevés de mortalité féminine entre 1948 et 1953, mais aucune des villes n’atteint par la suite des taux si élevés pour les femmes. Il semble donc qu’à Singapour, en temps de crise et d’insécurité, la traditionnelle préférence qui va aux enfants mâles – ils représentent une garantie de soutien des personnes âgées, ce qui est une autre manière de nommer la discrimination à l’égard des filles – soit plus importante. La même explication vaudrait pour Hong Kong dans les années 1940 et 1950, avec une importante population de réfugiés. Voir United Nations Demographic Yearbook (UNDY), 1948, Tableau 26 pour Singapour. Pour Hong Kong avant 1949, se référer à 1948 dans UNDY, 1949/50 tableau 27. Pour la Corée du Sud, voir UN, The World´s Women Trends and Statistics, New York, 2000, graphique 3.3.
23 UN, The World’s Women, 2000, graphique 3.3.
24 Hudson, Boer, 2004, chap. 4, op. cit., qui cite Banister.
25 Banque mondiale, Indicateurs du développement mondial (IDM), 2000, tableau 2.18, et 2004, tableau 2.19.
26 UN, The World’s Women, 2000.
27 Banque mondiale, Compte-rendu du séminaire de recherche politique, 2140, Monica Das Gupta et Li Shuzhuo, « Gender Bias in China, the Republic of Korea, and India 1920-90, Effects of War, Famine, and Fertility Decline », juin 1999, Washington D.C., p. 1.
28 Les registres des hôpitaux chinois, transmis par les missionnaires chrétiens au tournant du siècle dernier n’indiquent aucune déviance par rapport à la norme biologique mondiale (voir Thorborg, 1987, op. cit.). Voir également Ma An et Zha Ruichuan, « Analysis and Discussions of Data from China´s 1982 Census – A Report on the International Seminar on China´s 1982 Census », in Social Sciences in China, printemps 1985, n° 1, p. 36 , à propos de possibles différences raciales.
29 Marina Thorborg, Women in Non-Agricultural Production in Post-Revolutionary China (thèse de doctorat), Université d’Uppsala, 1980, 230 p. 
30 Thorborg, 1996, op. cit.
31 Steven Mosher, Broken Earth: The Rural Chinese, New York, Free Press, 1983, et Dali L. Yang, 1996, op. cit.
32 B.R. Mitchell, International Historical Statistics Africa, Asia & Oceania 1750-1993, 3e édition, 1998. Voir également Bureau national des statistiques (BNS), China Statistical Yearbook 2003 (CSY), China Statistics Press, Pékin, 2004, tableau 4-6.
33 Voir Amy Tai, « Sex Imbalances Rising », in « News Update », China Rights Forum, n° 3, 2002, ainsi que BNS, CSY, 2003, tableau 4-6, et Wang Qiangzhuang, FBIS-CHI-98-042. Lors du recensement de 1912, les taux de masculinité les plus faibles sont enregistrés dans les provinces du Guizhou (102) et du Hunan (103), et le plus élevé dans le Shanxi (162) – la moyenne est de 121. Dans quelle mesure les femmes furent omises de ce recensement, cela est difficile à reconstruire. Le bandage des pieds aurait tué un dixième des femmes. En outre, le concubinage pratiqué par une partie des classes privilégiées contribua également à déséquilibrer la proportion des sexes. Voir UNDP, China Human Development Report 1999, Oxford University Press, 2000, ainsi que Marina Thorborg, « The Movement Towards Eradication of Poverty in China », in the XXXth European Conference of Chinese Studies, Rome, 1988, et Hudson, Boer, 2004, op. cit.
34 Judith Banister, « An Analysis of Recent Data on the Population of China » réimpression dans Population and Development Review, vol. 10, n° 2, juin 1984, tableau 2.
35 Wang Qiangzhuang, FBIS-CHI-98-042.
36 Hudson, Boer, 2004, op. cit.chap. 4.
37 Ibid,chap. 3.
38 Au début du siècle dernier, la proportion par sexe dans la population totale était de 103, puis s’éleva jusqu’à 105 en 1941, et à 108 en 1981, et ce malgré une espérance de vie en augmentation, ce qui tend normalement à diminuer cette proportion. Voir Geraldine Forbes, Women in Modern India, Cambridge University Press, 1999.
39 Hudson, Boer, 2004, op. cit., et Gilles Pison, 2004, op. cit.
40 Hudson, Boer, 2004, op. cit.chap. 1.
41 Ho Ping-ti, Studies on the Population of China, 1368-1953, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1959 et Thorborg, 1996, op. cit.
42 UNDP, HDR 2002, 2002,chap. 1, et John Ward Anderson et Molly Moore, « The Burden of Womanhood: Third World, Second Class », Washington Post, 25 avril 1993, consultable sur http://acc6.its.brooklyn.cuny.edu/~phalsall//texts/chinwomn.html.
43 Thorborg, 1988, op. cit., et Kiyoko Kinjo, « Legal Challenges to the Status Quo », in Kumiko Fujimura-Fanselov et Atsuko Kameda (éds.), Japanese Women: New Feminist Perspectives on the Past, Present, and Future, The Feminist Press, New York, 1995.
44 Hudson, Boer, 2004, op. cit., chap. 3 et 4, et Das Gupta et Li Shuzhuo,1999, op. cit.
45 Human Rights Correspondence School, China: Study Shows Female Infanticide « On A Grand Scale », consulté sur http://www.hrschool.org/theme/child_rights/resources/infanticide le 21 mai 2003.
46 Voir Thorborg, 2003, op. cit., ainsi que Nelson Chow et Yeubin Xu, Socialist Welfare in a Market Economy, Ashgate, 2001,chap. 10, et Vanessa L. Fong, Only Hope Coming of Age Under China´s One-Child Policy, Stanford University Press, 2004,chap. 4.
47 Voir Thorborg, 1978, op. cit. ainsi que Das Gupta et Li Shuzhao, 1999, op. cit., graphique 1.
48 Voir Thorborg, 2003, op. cit., ainsi que Azizur Rahman Khan et Carl Riskin, Inequality and Poverty in China in the Age of Globalization, Oxford University Press, 2001,chap. 5, ou encore Chen Shichuang et Xu Liya, « Survey Sheds Light on Changing Attitudes Towards Marriage and Childbearing », Chinese Population Today, juin 2002, et Lihua Pang, Alan de Brauw et Scott Rozelle, « Working Until You Drop: The Elderly of Rural China », The China Journal, n° 52, juillet 2004, et UNDP, China Human Development Report 1999, pp. 25-70.
49 Hudson, Boer, 2004, op. cit., et Gilles Pison, 2004, op. cit.
50 China Rights Forum, 2003, op. cit.
51 HRIC, 2002, op. cit.
52 Hudson et Boer, 2004, , op. cit.,chap. 4.
53 Pang, Brauw et Rozelle, 2004, op. cit.
54 Cité par Mark Frazier, « China´s Pension Reform and Its Discontents », The China Journal, n° 51, janvier 2004.
55 Ibid., et Pang, Brauw et Rozelle, 2004, op. cit.
56 Christian Aspalter, Democratization and Welfare State Development in Taiwan, Aldershot, Ashgate, 2002,chap. 1.
57 Forbes, 1999, op. cit.,chap. 8, et Amartya Sen, 1990, op. cit.
58 Voir Hudson, Boer, 2004, op. cit. ; Gilles Pison, 2004, op. cit. ; UN, The World´s Women, 2000.
59 Baker, 2003, op. cit.
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Titre 1. Evolution de la mortalité infantile (0-1 an)
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Titre 2. Mortalité infantile (0-1 an) par sexe
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Titre 3.Mortalité juvénile (1 à 5 ans) par sexe
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Titre 4. Taux de masculinité des enfants ente 0 et 4 ans
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Titre 5. Taux de masculinité des naissances en Chine en 1999
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Titre 6. Taux de masculinité des enfants entre 0 et 6 ans en Inde en 2001
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Titre 7. Déficit de jeunes femmes en 2001
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Référence électronique

Marina Thorborg, « « Où sont passées toutes les jeunes filles ? ». La discrimination à l'égard des filles en Chine dans une perspective comparative »Perspectives chinoises [En ligne], 86 | novembre-décembre 2004, mis en ligne le 15 mars 2007, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/perspectiveschinoises/700

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Marina Thorborg

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