Notes de la rédaction
Cette chronique est l’encart publié dans l’article de Liu Xiaobo de la version papier
Texte intégral
1Au mois de mai 2004, trois des plus importants quotidiens de Chine populaire dont le Quotidien du peuple (Renmin ribao), annonçaient qu’ils ne publieraient plus d’articles faisant l’éloge d’autorités locales et d’autres officiels1. Il s’agissait là d’une énième tentative pour lutter contre la corruption qui sévit dans les médias2. En effet, le phénomène atteint une ampleur inquiétante, si l’on en croit l’article que nous avons choisi de publier ci-contre, paru au début de cette année dans le mensuel hongkongais, Kaifang zazhi (Open)3. Son auteur, Liu Xiaobo, est un intellectuel connu pour son engagement en faveur de la démocratie et qui vit toujours en Chine, malgré les persécutions dont il est l’objet et bien qu’il ait eu l’opportunité de s’établir à l’étranger. En 1996, il a notamment cosigné un texte adressé aux dirigeants chinois, qui lui a valu une condamnation à trois ans de rééducation par le travail4.
2Cet article de Liu Xiaobo sur les médias chinois est d’autant plus intéressant après l’arrestation pour corruption de trois personnes du groupe de presse cantonais Nanfang5. Yu Huafeng, directeur du Nanfang dushibao (Southern Metropolis News), et Li Mingying, ancien rédacteur en chef du journal, arrêtés en janvier, ont été condamnés respectivement à douze ans et onze ans de prison au mois de mars6. Et le 19 mars était arrêté Cheng Yizhong, le rédacteur en chef du Nanfang dushibao, également accusé de détournements de fonds. Ces arrestations ont soulevé une vague de protestations en Chine, y compris au plus haut niveau7.
3C’est en effet le Nanfang dushi bao qui a révélé l’an dernier « l’affaire Sun Zhigang », du nom d’un jeune graphiste originaire de Wuhan, qui n’ayant pas ses papiers d’identité sur lui, a été battu à mort par la police à Canton. L’affaire a provoqué un tel émoi qu’elle a mené à l’abrogation du décret administratif qui permettait d’arrêter et de rapatrier les travailleurs migrants. Le même quotidien avait révélé à la fin de l’année dernière un cas de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) à Canton. Au mois de novembre, le groupe Nanfang a aussi lancé, avec le groupe de presse pékinois Guangming, un nouveau quotidien à Pékin, le Xin Jing bao, dont Cheng Yizhong était également rédacteur en chef.
4En réalité, ce seraient la conception de l’information et les pratiques journalistiques au sein du groupe Nanfang, passant outre les directives de censure des autorités, qui seraient à l’origine de l’arrestation des trois hommes. Ironie du sort, il semblerait que les journalistes qui courent le plus le risque de tomber sous l’accusation de corruption sont ceux qui font correctement leur travail, qui diffusent des informations véritables, et non pas les journalistes corrompus dont l’activité consiste à complaire aux autorités ou aux nouveaux riches en diffusant des fausses nouvelles pour leur bénéfice personnel.
Notes
Pour citer cet article
Référence électronique
Patricia Batto, « Contradictions », Perspectives chinoises [En ligne], 83 | Mai-juin 2004, mis en ligne le 24 janvier 2008, consulté le 24 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/perspectiveschinoises/1422
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