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De l’autorité à la référence

Paris, École nationale des Chartes, 2014
Patricia Victorin
Édité par Isabelle Diu et Raphaële Mouren
Référence(s) :

De l’autorité à la référence, dir. Isabelle Diu, Raphaële Mouren, Paris, École nationale des Chartes, 2014, 140 p.

Texte intégral

1L’ouvrage De l’autorité à la référence dirigé par Isabelle Diu et Raphaële Mouren se propose d’examiner, dans une approche transversale et transdisciplinaire, la question de l’autorité et de l’auctorialité à un moment charnière, celui « où le discours médiéval fondé sur l’auctoritas fait place au dialogue humaniste », moment qui va de pair avec une circulation accrue des idées (correspondances, échanges de manuscrits, éditions collectives, etc.). Désormais la notion d’autorité se voit supplantée par celle de référence. Comment s’opère un tel glissement ? Quels en sont les enjeux et les implications ? Voici ce qui est analysé dans ces huit contributions.

2La première partie intitulée « Éditer et étudier les Anciens » envisage tout d’abord cette « relecture des textes classiques ou patristiques, grecs et latins, à la lumière de cette notion de référence », à travers la circulation des œuvres de médecine grecque antique dans l’Italie de la première moitié du xvie siècle : c’est le propos de Paola Degni ; Raphaële Mouren analyse l’éditeur scientifique de textes antiques en s’intéressant aux paratextes/péritextes et pages de titres. L’étude érudite de Stefano Martinelli Tempesta s’attache à établir un stemma editionum de trois auteurs majeurs, Platon, Plutarque et Isocrate afin de cerner le phénomène qui confère à une édition l’autorité nécessaire pour devenir le texte de référence. Pour clore ce premier mouvement, Isabelle Diu, après une subtile mise au point théorique sur les notions d’autorité qui « se fonde sur un corpus défini, transmis par une tradition manuscrite conservatrice d’un état reçu des textes » et de référence, « concept ouvert » (p. 56) compare la lecture des Pères de l’Église au Moyen Âge qui relèverait d’une « construction théologique » (p.70) au renouvellement du rapport du lecteur au texte sacré qui s’instaure à la Renaissance, qui s’accompagne de l’émergence d’une édition de référence.

3La seconde partie intitulée « Usages de la référence entre le Moyen Âge et époque moderne » s’ouvre sur la contribution de Joëlle Ducos qui porte sur l’autorité au Moyen Âge dans le corpus artistotélicien. Elle souligne notamment l’ambiguïté de la relation à l’autorité, « le savoir se construisant autour du nom de l’autorité plutôt que de la lettre ». Martine Furno étudie deux éditions vénitiennes du dictionnaire Calepin (circa 1550) qui se distinguent du procédé traditionnel de glose des entrées latines ; deux expériences inédites mais qui resteront sans suite et qui mêlent corpus savant et fixe à un corpus ouvert et mobile. Olivier Christin propose une stimulante étude de la question de l’exigence critique dans le corpus disparate de la controverse religieuse des xvie-xviie siècles, en s’appuyant sur des textes peu connus de Luther et de Calvin. Enfin, la contribution d’Eliana Carrara clôt le volume sur la transmission et la circulation de Pline dans l’Italie du xvie siècle, envisageant les rapports complexes des artistes et écrivains italiens à l’autorité antique.

4On ne peut que se féliciter que les auteurs aient choisi d’envisager le glissement qui s’opère du Moyen Âge à la Renaissance. On regrettera que l’ouvrage ne soit pas assorti d’une bibliographie synthétique sur le sujet. Ce volume appelé à devenir un ouvrage de référence sur ces notions d’autorité et de référence, sujet encore neuf, mêle avec bonheur approches théoriques et érudition, en faisant la part belle à un corpus varié et en croisant les approches (philologie, linguistique, histoire des textes, histoire du livre). On saluera enfin, outre la richesse des contributions, le fait que l’ouvrage échappe à l’écueil fréquent dans les recueils d’articles, le disparate des contributions. Rien de tel ici mais des approches qui s’enrichissent l’une l’autre.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Patricia Victorin, « De l’autorité à la référence »Perspectives médiévales [En ligne], 37 | 2016, mis en ligne le 01 janvier 2016, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/peme/9994 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/peme.9994

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