Giovanni Tabacco, L’Italie médiévale
Giovanni Tabacco, L’Italie médiévale, trad. Colette Orsat, Chambéry, Université de Savoie, « Laboratoires Langages, Littératures, Sociétés », 2005, 310 p.
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1L’ouvrage, écrit en 1974 (« La Storia politica e sociale. Dal tramonto dell’Impero alle prime formazioni di stati regionali », Storia d’Italia, vol. 2, Dalla caduta dell’Impero romano al secolo XVIII, Einaudi, Torino, 1974, p. 3-274 ; republié dans Giovanni Tabacco, Egemonie sociali e strutture del potere nel Medioevo italiano, Piccola Biblioteca Einaudi, Torino, 1999) traduit en français en 2005 par Colette Orsat, est préfacé par Pierre Toubert qui rappelle le parcours professionnel et scientifique de Giovanni Tabacco (1914-2002).
2Au ve siècle, la chute de l’empire romain a été préparée par l’expansion germanique. L’influence byzantine décroît. L’Italie lombarde parvient, à partir du viie siècle, à construire « un système social où la classe des propriétaires s’identifiait avec la classe militaire et politique » (p. 73). Les immenses propriétés des Lombards leur assurent une suprématie politique certaine, avec la construction d’une monarchie de type catholique.
3Au viiie siècle, les Francs étendent leur influence jusqu’en Italie. En l’an 800, Charlemagne est couronné empereur romain. La domination politique du pape s’exerce alors sous la protection des Francs. À la différence des Lombards, les Francs s’installent en Italie en s’implantant par petits groupes armés dans des zones stratégiques. Ils importent en Italie le rapport de vassalité, qui concerne surtout les guerriers. L’essentiel de la population est constituée de cultivateurs subordonnés à l’aristocratie laïque ou aristocratique. L’Empire franc tente de mettre en place une administration publique parallèle aux institutions ecclésiastiques – mais n’empêche pas un effritement de l’ordre public ou la fragmentation du territoire.
4À la fin de la dynastie carolingienne, les grandes familles militaires se disputent le trône royal en Italie pendant un demi-siècle. L’organisation publique se disloque au profit de centres de pouvoirs locaux et la protection territoriale n’est plus guère assurée. De nombreuses incursions hongroises ajoutent au discrédit du pouvoir royal et comtal incapable de protéger le territoire, favorisant le soulèvement de l’aristocratie et les querelles pour la couronne, tandis que des groupes de propriétaires, des communautés religieuses, des populations représentées par des évêques prennent l’initiative de construire des fortifications, s’arrogeant de ce fait le droit de lever l’impôt. Entre le xe et le xiie siècle, la formation spontanée de centres de pouvoir s’accompagne de la transmission privée des territoires et des pouvoirs par testament, vente, location, dot, ou par tout contrat privé. La désintégration de la fonction publique suit la dispersion de la propriété foncière.
5Dans ce contexte, les ecclésiastiques augmentent leur influence en milieu urbain tandis que la société civile s’organise autour des consuls des communes, qui sont alternativement en convergence ou en conflit avec les archevêques, dans ce qui s’apparente souvent à une opposition de classes. Dans les zones rurales, des forteresses s’organisent autour de domaines fonciers en centres de pouvoirs qui émergent et s’effritent au gré des conflits, pour se constituer au fil en temps en véritables communes rurales. Au xiie siècle, la multiplication des formes de pouvoirs locaux est telle que le besoin d’une coordination féodale s’affirme, reposant toutefois plus sur la possession patrimoniale que sur la délégation d’une charge par un pouvoir central toujours aussi faible malgré les tentatives de Barberousse d’imposer une organisation vassalique autour de l’Empire discrédité par des interventions punitives violentes sur certaines villes.
6Dans l’Italie du sud, un royaume s’organise à partir de 1130 avec Roger II autour des groupes d’aventuriers venus de Normandie avec une production législative et une organisation qui étonne les historiens, puis évolue en autocratie monarchique avec Frédéric II Staufen, petit-fils de Barberousse, dans la première moitié du xiiie siècle. En 1266, Charles d’Anjou, à la tête d’une coalition guelfe, s’empare de la couronne dans un royaume assez riche pour qu’il s’engage à payer un cens énorme à la papauté en reconnaissance de la supériorité féodale de l’Eglise romaine. Mais en 1282, les Vêpres siciliennes entraînent la perte de la Sicile au profit des dynasties d’origine aragonaise. Le royaume de la maison d’Anjou, de Naples, accumule alors des dettes qui ne seront résorbées qu’au début du xive siècle sous le règne de Robert d’Anjou. Mais sitôt la mort de Robert, les guerres dynastiques grèvent de nouveau les finances publiques, si bien que le Pape Innocent VI excommunie en 1355 la reine Jeanne Ière, fille de Robert, ainsi que le roi, et interdit le royaume qui perdure cependant. Dans le nord, le xiiie et le xive siècle voient les puissantes villes communales s’organiser pour mettre fin à l’instabilité des territoires ruraux et développer les liens de subordination des pouvoirs locaux. Parallèlement se dessine une coordination entre les centres urbains, notamment au travers des deux grandes factions de parties qui traversent l’Italie toute entière, les guelfes et les gibelins, préfigurant ainsi l’avènement d’une Italie organisée en États régionaux.
Pour citer cet article
Référence électronique
Hélène Gallé, « Giovanni Tabacco, L’Italie médiévale », Perspectives médiévales [En ligne], 35 | 2014, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/peme/6972 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/peme.6972
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