Les Mouvements de la traduction. Réceptions, transformations, créations
Les Mouvements de la traduction. Réceptions, transformations, créations, éd. Annick Ettlin et Fabien Pillet, MétisPresses, Genève, 2012, 176 p.
Entrées d’index
Mots clés :
traductionKeywords:
translationParole chiave:
traduzioneŒuvres, personnages et lieux littéraires :
De Casibus virorum illustrium, Décaméron, Divin Narcisse, Livre des Cent NouvellesIndex des modernes :
Jenaro Talens, Loucine Dessingy, Valeria Wagner, Dagmar Wieser, Lance Hewson, André Hurst, Monica Pavani, Mathilde Vischer, Yasmina Foehr-Janssens, Sor Juana Inès de la Cruz, Marcel Proust, Sylviane Dupuis, Pierre Lepori, Christine LombezTexte intégral
1L’ouvrage rassemble dix articles autour du désir de penser la créativité de la traduction littéraire face à la place réduite et injuste qu’on lui laisse dans notre culture. Il n’y est pas question des altérations opérées, mais de processus de maturation ou de croissance de l’œuvre. La traduction est présentée dans les diverses contributions du volume comme une activité créatrice, sur le plan esthétique, philosophique ou culturel, ce qui n’empêche pas de prendre en compte les difficultés que le traducteur doit surmonter ou les compromis qu’il doit accepter, d’où les deux parties du recueil : « Contre la trahison : actions et pouvoirs de la traduction » et « Rééquilibrages : pour une pratique harmonieuse ».
2Les sujets abordés à partir de la question centrale de la traduction littéraire sont extrêmement divers comme le montrent les intitulés des articles de la première partie : « Le “Sens Babel”, ou la traduction comme écriture » (Jenaro Talens), « La traduction au sein de la littérature et de l’histoire arménienne : entre sauvegarde des textes et maintien des traditions » (Loucine Dessingy), « De la traduction à la conversion culturelle : une lecture du Divin Narcisse de Sor Juana Inès de la Cruz (Valeria Wagner), « La traduction au miroir du temps : à propos de Marcel Proust » (Dagmar Wieser).
3La seconde partie aborde les difficultés de la pratique de la traduction à partir d’expériences particulières : « Traduire : les limites de la créativité « (Lance Hewson), « L’obscur et le limpide : observations sur les traductions du “Mallarmé de l’Antiquité” et du Voltaire de l’Antiquité » (André Hurst), « Quand les poètes s’autotraduisent : un cas-limite de traduction » (Christine Lombez), « Résurrections musicales dans la poésie de Sylviane Dupuis traduite en italien » (Monica Pavani) et « De Qualunque sia il nome à Quelque soit le nom de Pierre Lepori : une expérience de traduction (Mathilde Vischer).
4Situé dans le premier volet et unique contribution portant sur la littérature médiévale, l’article de Yasmina Foehr-Janssens, « Le Livre des Cent Nouvelles en latin et en langage de France : Laurent de Premierfait traduit le Décaméron au 15e siècle » s’intéresse à la traduction dans le cercle des premiers humanistes français, avec la traduction française du Décaméron que Laurent de Premierfait achève en 1414 et dédie au prince Jean de Berry. Laurent de Premierfait est un traducteur professionnel, il a traduit des œuvres de Cicéron, ainsi qu’une œuvre latine de Boccace ; il est lui-même l’auteur de vers latins. Avec le Décaméron, il s’attaque donc à une œuvre de divertissement qu’il entreprend de traduire de l’italien en français – ce qui est totalement inhabituel pour lui. D’ailleurs, ne connaissant pas l’italien, il doit faire appel à un intermédiaire qui lui fournit une traduction latine du texte de Boccace. La matière joyeuse de l’ouvrage le surprend également. Le résultat est fort décevant, car sa traduction est docte et emphatique. Le prologue du traducteur est très éloigné de la légèreté de l’original. Le projet de Boccace s’inscrit ironiquement dans la tradition de la consolation philosophique en en réduisant la portée au cadre courtois qui sera celui des nouvelles et au public féminin, incapable d’atteindre les hautes méditations philosophiques. Mais son traducteur, Laurent de Premierfait, en s’adressant non plus à de faibles femmes, mais à un prince, élargit le thème de la consolation en l’offrant à tout homme, dont la fragilité vient du péché originel, comme Boccace le soulignait lui-même dans son De Casibus virorum illustrium, également traduite par Laurent de Premierfait. En fait, sous l’allure sérieuse et pédante de la traduction française, le clerc montre une connaissance pleine de finesse des enjeux de l’œuvre plaisante de Boccace, en offrant dans son prologue une défense du rire et du comique, à vocation universelle.
Pour citer cet article
Référence électronique
Sylvie Bazin-Tacchella, « Les Mouvements de la traduction. Réceptions, transformations, créations », Perspectives médiévales [En ligne], 35 | 2014, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/peme/6477 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/peme.6477
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page