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Les miroirs médiévaux : réflexions génériques et genrées

Clémentine Girault et Jeanne Mousnier-Lompré

Résumés

Dans Technologies of Gender (1987), Teresa de Lauretis propose de concevoir le genre comme un rapport engendré par des « technologies du social », parmi lesquelles le dispositif cinématographique. Cet article à quatre mains propose d’interroger un autre dispositif optique, aussi matériel que métaphorique, le miroir littéraire. Teresa de Lauretis a bien identifié la part des discours savants dans la (re)production du genre, et l’historiographie consacrée aux miroirs n’y échappe pas. Ignorant la question du genre, la critique produit une réception genrée, binaire et asymétrique, des textes à adresses masculines et féminines. Si ces textes cherchent bien à « engendrer » des sujets, en leur proposant par leur écriture prescriptive, les traités d’éducation du Moyen Âge, tant dans le corps du texte que dans leur matérialité, présentent de multiples facettes qui dépassent la répartition genrée de l’adresse initiale. C’est dans ce « hors-champ » des librairies, des manuscrits et du « public » des enseignements que les catégories de genre peuvent être dépassées.

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Texte intégral

  • 1 Le colloque s’est tenu du 13 au 15 mars 2024 à l’Université Rennes 2.
  • 2 Teresa de Lauretis, « The technology of gender », Technologies of Gender: Essays on Theory, Film, a (...)
  • 3 À savoir les discours et pratiques, interdits et normes contraignant la sexualité qui ont contribué (...)
  • 4 Le terme anglais technology recouvre les sens de deux mots français, technique et technologie. Le s (...)
  • 5 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p71.
  • 6 Ibid., p61.

1Au printemps dernier, le colloque « Les littératures médiévales dans l’atelier du genre1 » s’était ouvert sur une invitation à l’anachronie comme démarche épistémologique et heuristique, contre un historicisme que Sarah Delale avait qualifié, dans sa conclusion générale, de « technologie du genre ». La parenté du concept revient à la théoricienne du cinéma Teresa de Lauretis, développé dans le recueil Technologies of Gender paru en 19872. S’inscrivant dans une démarche foucaldienne, elle propose de renouveler le concept de « technologies du sexe3 » et de concevoir la construction du genre comme « une représentation ou une auto-représentation produite à travers des technologies4 de genre variées (le cinéma par exemple) et des discours institutionnels (la théorie par exemple) qui ont le pouvoir de contrôler le champ des significations sociales et donc de produire, de promouvoir et “implanter” des représentations du genre5 ». Elle montre ainsi que la construction cinématographique de la femme en tant qu’image, ainsi que les « discours psycho-sociaux, esthétiques et philosophiques qui sous-tendent cette représentation du corps féminin6 », est une de ces technologies du social qui édifie la féminité. Cherchant non seulement à mettre au jour les processus de construction des sujets masculins et féminins, eux-mêmes « engendrés » par ces technologies, elle interroge également les conditions de la possibilité d’existence d’un « sujet féministe » dans l’espace du « hors-champ ». En réponse à cette invitation, nous proposons de penser anachroniquement, et avec Teresa de Lauretis, un autre dispositif optique et métaphorique : le miroir littéraire médiéval.

  • 7 Fabienne Pomel, « Présentation : réflexions sur le miroir », Fabienne Pomel (dir.), Miroirs et jeux (...)
  • 8 Herbert Grabes, The Mutable Glass. Mirror-imagery in titles and texts of the Middle Ages and Englis (...)
  • 9 Einar Már Jónsson, Le miroir. Naissance d’un genre littéraire, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p.  (...)

2Le miroir, comme le rappelle Fabienne Pomel7, d’abord objet physique protégé par des valves sculptées, utilisé pour la toilette ou en parure sous forme plane, convexe ou concave, offre en lui-même une ambivalence entre connaissance et illusion. Celle-ci est à l’œuvre dans les usages multiples de la métaphore spéculaire dont le succès littéraire au Moyen Âge a notamment intéressé Herbert Grabes en 1973, qui en a étudié le déploiement dans les titres et à l’intérieur des textes entre le xiiie et le xviiisiècle, puis Einar Már Jónsson en 1995 qui s’est posé la question de la naissance et de l’évolution complexe d’un genre littéraire à partir de l’Antiquité8. Le terme speculum traduit en langue vernaculaire (miroir, espejo, espill, spiegel…) a été ainsi associé à une myriade de textes édifiants dont certains mobilisent effectivement la métaphore catoptrique, d’autres n’ont de miroir que le titre. Désormais, les derniers reçoivent aussi l’étiquette de la part de la critique. Jónsson pointait d’ailleurs déjà le risque de contagion de tout le champ d’étude consacré à la littérature didactique, se méfiant de la désignation de miroir pour « tout manuel de morale9 ». L’efficacité et la commodité du terme l’auront de fait amené bien au-delà des études sur la littérature édifiante : tendent à devenir « miroirs » tous les textes dans lesquels, selon la critique, un lectorat ou un auditoire est susceptible de se reconnaître.

  • 10 Louis Marin, Opacité de la peinture, Paris, Éditions de l’EHESS, 2006 [1991], p. 13-17. Voir aussi (...)
  • 11 Comme elle le fit dans sa critique du travail de Foucault sur l’époque victorienne. Elle a par aill (...)

3Ce succès foisonnant et la pluralité des définitions et lectures qu’il produit sont notre porte d’entrée. Il est tentant de voir également cet objet historique et littéraire comme un « objet théorique10 », au sens où non seulement cette dimension est portée autant par ce qu’on en dit que par l’objet lui-même, mais également parce qu’il est construit par les efforts de redéfinitions en tension qui le traversent. Encore aujourd’hui, ce miroir théorique n’est toutefois pas sans angles morts, notamment liés au genre, que la lecture de Teresa de Lauretis permet d’éclairer. Si elle ne remonte pas elle-même jusqu’au Moyen Âge, de Lauretis nous invite à historiciser le genre et ses rapports11.

4Nous nous pencherons sur un corpus de textes composés de part et d’autre des Pyrénées et diffusés à la fin du Moyen Âge, dédiés ou adressés à des aristocrates laïques, qui utilisent la métaphore spéculaire dans leur titre ou en leur sein ou qui y ont été rattachés par la critique en raison de leur caractère didactique et moral. Si ces textes ont tous été, à un moment ou à un autre, qualifiés de miroirs, peut-on y voir des technologies du genre à l’instar du cinéma étudié par Teresa de Lauretis ? Le miroir contenant dans son nom même son pouvoir esthétique et rhétorique de représentation, produit-il des sujets masculins et féminins ? Pour répondre à cette question, il faudra tant interroger les discours de la critique que le dispositif optique déployé, à différentes échelles, par les traités d’éducation médiévaux. La métaphore spéculaire permettant de réunir a posteriori des corpus de textes décrivant et prescrivant la conduite de la société médiévale, il nous faudra d’abord nous demander dans quelle mesure la critique ne nourrit pas elle-même une représentation binaire et inégale de l’objet d’étude qu’elle construit en privilégiant l’étude des miroirs à adresse masculine, notamment les miroirs aux princes, et sans interroger la dimension genrée de l’éducation proposées par les œuvres. Une fois seulement après avoir envisagé les angles morts de la construction de l’objet théorique qu’est le miroir, nous pourrons nous concentrer sur les modalités du dispositif optique que présentent les miroirs médiévaux. À première vue, les traités d’éducation, par leur titre et leur adresse, semblent bien opérer une répartition genrée de leur lectorat et participer par leur écriture prescriptive à la cristallisation binaire des genres, puisque le processus de lecture implique de se voir, de s’auto-représenter tel que l’on est ou tel que l’on devrait être. Cependant à travers la multiplicité des représentations mobilisées pour leurs enseignements, leur intertextualité, le contexte dans lequel ils ont été rédigés et la circulation de l’objet-livre, nous verrons que le miroir peut contenir ses propres fissures, voire atteindre un « hors-champ » qui constitue pour Teresa de Lauretis un ailleurs, invisible, du genre.

1. Le genre littéraire, technologie du genre ?

5L’engouement universitaire pour la métaphore spéculaire et la bibliographie incommensurable autour des miroirs aux princes depuis la première moitié du xxe siècle nous conduisent à interroger en premier lieu l’historiographie et la critique autour de notre corpus.

Dans l’angle mort12 des miroirs aux princes

  • 12 Teresa de Lauretis caractérise « d’angle mort que ne reflète pas le rétroviseur » les « espaces con (...)
  • 13 Nicolas Michel (dir.), Les Miroirs aux princes aux frontières des genres (viie-xve siècle), Paris, (...)
  • 14 Nicolas Michel, « Pour une redéfinition du “genre” des miroirs aux princes. Bilan et perspectives d (...)
  • 15 Alexandra Velissariou, Jean Devaux, « Introduction », op. cit., p. 15.
  • 16 Einar Már Jónsson, « Les “miroirs aux princes” sont-ils un genre littéraire ? », Médiévales 51, 200 (...)

6Après avoir été un temps délaissée, la littérature didactique de la fin du Moyen Âge fait l’objet d’un intérêt renouvelé ces dernières années, ce dont témoignent plusieurs publications collectives d’envergure récemment consacrées aux textes regroupés sous l’appellation de miroirs aux princes ou celle de miroirs aux dames13. Chacun de ces ouvrages commence par interroger la pertinence de ce vocable imposé par l’historiographie pour désigner ces ensembles littéraires normatifs, soulignant leur pluralité : traités, discours, mémoires, dialogues, sermons, recueils d’exempla etc. Nicolas Michel se demande si les miroirs aux princes constituent « un genre littéraire14 », de même que Jean Devaux et Alexandra Velissariou, à propos des les « miroirs aux dames15 ». La question n’est pas neuve et, dès les années 1990, Einar Már Jónsson interrogeait la cohérence du corpus des « miroirs aux princes » qui ne correspond pas à une catégorie médiévale, mais fut inventé par l’historiographie allemande16. Cette focalisation sur la définition d’un genre littéraire et ses limites semble avoir laissé dans l’ombre « l’autre » genre. En effet, d’une part les travaux antérieurs paraissent avoir jusqu’ici privilégié les études sur les miroirs aux princes et, d’autre part, on peut constater une faible intégration des outils épistémologiques des études de genre.

  • 17 Mirko Pinieri, « Soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires : Les miroirs de femm (...)

7Hors éditions et anthologies, rares sont les synthèses consacrées aux miroirs féminins. De fait, en français, on peut seulement citer la publication des actes sur les miroirs aux dames qui interrogent la pertinence de ce corpus, et la thèse en cours à Genève de Mirko Pinieri sur Les « miroirs » de femmes français et allemands destinés à l’éducation de jeunes dames qui s’intéresse aux ressorts cognitifs de la métaphore spéculaire17. Quand ces textes sont étudiés, ils sont parfois pensés comme le pendant féminin des miroirs aux princes. On lit ainsi dans la récente synthèse consacrée aux miroirs aux dames :

  • 18 Alexandra Velissariou, Jean Devaux, « Introduction », op. cit., p. 14.

Le Moyen Âge tardif et la première Renaissance voient toutefois s’épanouir, parallèlement à ces écrits [les miroirs aux princes], une autre forme de miroirs, centrés sur le bon « gouvernement » des femmes et connus sous l’appellation générique de « miroirs des dames ».18

  • 19 Murielle Gaude-Ferragu, La Reine au Moyen Âge : Le pouvoir au féminin, xive-xve siècle, Paris, Tall (...)
  • 20 Florence Xiangyun Zhang, « Du Miroir des Princes au Miroir des Princesses », Fifteenth Century Stud (...)
  • 21 Christine de Pizan, Le Livre de la Cité des dames, Claire Le Ninan (éd.), Anne Paupert (éd., trad.) (...)
  • 22 Cécile Codet, Femmes et éducation en Espagne à l’aube des temps modernes (1454-fin des années 1520) (...)
  • 23 Il semblerait que l’heure soit à l’exploration des pistes ouvertes par les approches comparatistes, (...)

8Aux côtés des miroirs aux dames, s’esquisse difficilement la possibilité de l’existence des miroirs aux princesses : le terme est employé par Murielle Gaude-Ferragu dans son ouvrage sur la reine médiévale19 et le Livre des trois vertus de Christine de Pizan est défini comme tel par Xiangyun Zhang20, ainsi que par Anne Paupert et Claire Le Ninan dans leur introduction à leur récente édition critique de la Cité des dames21. On trouve également cette dénomination dans la recherche hispanophone : Cécile Codet et Marta Haro Cortés qualifient d’espejo de princesas le traité du Jardín de nobles donzellas rédigé pour Isabelle de Castille22. Cet emploi reste ponctuel face à la profusion de textes consacrés aux miroirs aux princes, interrogeant autant leur contenu, leur support que leur circulation23.

  • 24 Rachel Stone, Morality and Masculinity in the Carolingian Empire, Cambridge, Cambridge University P (...)
  • 25 Christiane Raynaud, « L’apprentissage du genre par la guerre d’après Li livres du gouvernement des (...)
  • 26 Anne-Lydie Dubois, Former la masculinité. Éducation, pastorale mendiante et exégèse au xiiiesiècle, (...)
  • 27 Noëlle-Laetitia Perret, Les traductions françaises du « De regimine principum » de Gilles de Rome : (...)

9Par ailleurs, les travaux récents concernant les miroirs aux princes ne s’intéressent que peu aux questions de genre et de masculinité, à l’exception notable des études portant sur les miroirs carolingiens24. Ces textes ont à peine fait l’objet de travaux allant dans ce sens, et encore ceux-ci sont-ils extrêmement récents, comme l’article de Christiane Raynaud25 ou la thèse d’Anne-Lydie Dubois qui intègre le De regimine principum à son corpus de pastorale mendiante et à son étude sur la possibilité d’une masculinité hégémonique26. De même, si Noëlle-Laetitia Perret remarque bien la place réduite qu’accorde Gille de Rome à « l’éducation des filles » dans le De regimine principum, elle ne définit que peu l’apprentissage principal comme « masculin » (terme qu’elle n’utilise que deux fois)27.

  • 28 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 73.
  • 29 Didier Lett, « Les régimes de genre dans les sociétés occidentales de l’Antiquité au xviie siècle » (...)

10Face à la pluralité des miroirs médiévaux, la critique semble donc s’être majoritairement développée autour des miroirs aux princes, de manière disproportionnée par rapport aux traités d’éducation féminins, comportant pourtant aussi la métaphore spéculaire, et sans intégrer, ou encore peu, les enjeux liés au genre. Pour Teresa de Lauretis, la théorie devient une technologie du genre lorsqu’elle fait « l’impasse sur le genre » ou « est incapable de concevoir un sujet féminin », en raison d’un manque d’intérêt pour la question ou quand elle considère le genre comme une « différence sexuelle28 ». Quitte à interroger la pertinence du genre littéraire du miroir au prince, ou celui des miroirs aux dames, il faudrait peut-être reconnaître que le genre a été un élément prépondérant dans la composition de ce(s) corpus et que, tout en le conservant comme catégorie d’analyse, il semble impossible d’identifier les caractéristiques du « régime de genre29 » à l’œuvre dans ces textes sans prendre en compte sa dimension relationnelle.

Des miroirs sans tain : binarité et non mixité des corpus

  • 30 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p41-42.
  • 31 Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia, « Introduction », dans Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia (...)
  • 32 Michel Senellart, Les Arts de gouverner. Du « regimen » médiéval au concept de gouvernement, Paris, (...)

11Teresa de Lauretis insiste sur cette dimension relationnelle souvent ignorée : « le genre renvoie à la représentation d’une relation de l’appartenance à une classe, à un groupe ou à une catégorie [...], construit une relation entre une entité et d’autres entités qui sont déjà et cette relation est de l’ordre de l’appartenance30 ». Les travaux sur les miroirs manquent d’une part les relations d’appartenance, d’une part à une entité (le genre) et d’autre part entre les entités (masculine et féminine). De ces angles morts découle logiquement une rareté des études comparant les traités d’éducation masculin et féminin. Au cours des débats qui ont eu lieu autour de la catégorie même de miroirs aux princes, certain·es chercheur·euses ont choisi d’autres termes, comme celui de « littérature parénétique31 », ou d’« arts de gouverner32 ». Avec chaque appellation, le contour des corpus étudiés a légèrement fluctué, ne serait-ce que chronologiquement ou géographiquement. Malgré cela, force est de constater que, quel que soit l’ensemble de textes retenus, une frontière s’est maintenue : celle du genre. L’hétérogénéité des textes réunis sous cette étiquette de miroir au prince (lettres, traités, etc.) a, semble-t-il, moins posé de problèmes à la critique que la possibilité de réunir dans des études des textes aux adresses genrées différentes.

  • 33 Roberta L. Krueger, « Constructing Sexual Identities in the High Middle Ages : The Didactic Poetry (...)
  • 34 « It is revealing of these exclusionary categories that the only type of conduct book acknowledged (...)
  • 35 Ann Marie Rasmussen, « Fathers to Think Back Through : The Middle High German Mother-Daughter and F (...)
  • 36 On peut ainsi regretter la disparition du Livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement (...)
  • 37 Ils ne font l’objet d’études comparatives que sous forme d’articles, nous privant d’une synthèse de (...)

12Nous pouvons toutefois citer le remarquable travail de Roberta L. Krueger en 1990 sur la poésie didactique de Robert de Blois, à qui l’on doit l’étude comparative de L’enseignement des princes et du Chastoiement des dames33. Le premier renseignait son lecteur sur les dangers liés à la pratique du pouvoir en allégorisant l’armure du chevalier, le second se concentrait sur le corps féminin, instruisant par exemple les femmes sur la façon de se tenir à l’église. Bien que ces textes aient pu circuler de manière autonome, ils étaient le plus souvent présentés ensemble, Krueger remarquant qu’ils avaient, malgré cela, toujours été étudiés séparément. Dans son sillage, la publication collective Medieval Conduct a également essayé d’ébranler cette frontière du genre, en invitant à comparer les textes adressés aux uns et aux autres, critiquant la primauté des miroirs aux princes dans les travaux antérieurs34. Ann Marie Rasmussen y montre notamment comment la critique allemande du début du xxe siècle avait séparé les discussions sur Der Winsbecke et Die Winsbeckin, enseignements d’un père à son fils d’une part, d’une mère à sa fille de l’autre. Non seulement les travaux antérieurs opposent des textes pourtant souvent transmis dans les mêmes manuscrits, mais une primauté est donnée aux enseignements masculins35. S’il est vrai que l’histoire nous a privé de textes directement et aisément comparables36, il est troublant que l’appel de Krueger soit resté lettre morte et que la critique ne se soit pas davantage penchée sur des textes autrement plus connus (contemporains comme le De regimine principum de Gilles de Rome et le Speculum dominarum de Durand de Champagne ou issus d’une même main comme les enseignements de Louis IX ou les traités de Christine de Pizan37).

  • 38 Claudia Wittig, Learning to be Noble in the Middle Ages. Moral Education in North-Western Europe, T (...)
  • 39 Nombre de textes adressés aux femmes, qu’elles soient princesses ou d’extraction moins prestigieuse (...)
  • 40 Charles F. Briggs et Cary J. Nederman, « Western Medieval Specula, c. 1150–c. 1450 » dans Noëlle-La (...)

13Malgré ces silences, la question du genre affleure sans cesse, sans pour autant être clairement identifiée et traitée. Ainsi, dans le récent Learning to be Noble in the Middle Ages38, Claudia Wittig s’intéresse, entre autres, à la réception des textes d’éthique et de morale par les femmes, sans toutefois intégrer à sa discussion les textes qui leur sont directement adressés, comme si ceux-ci ne relevaient pas de l’exhortation morale, de cette fameuse littérature parénétique39. Son choix traduit en fait cette préférence donnée aux miroirs aux princes, à la forme littéraire considérée comme plus digne d’intérêt. De la même manière, on perçoit une certaine gêne dans la synthèse de Perret et Pequignot, dans laquelle Charles Briggs et Cary Nederman discutent les critères définitoires des miroirs aux princes européens. L’œuvre de Christine de Pizan est alors paradoxalement abordée à partir de La Cité des dames40. Dans le cadre d’une synthèse sur les miroirs aux princes, et alors que l’on attribue à l’autrice neuf textes de nature didactique – adressés à un genre comme à l’autre –, c’est à un texte à adresse féminine que l’on donne la primauté. Le genre de l’écrivaine semble ici supposer l’ordre, lui-même genré, dans lequel ses textes sont abordés. Les chercheur·euses qualifient ensuite de black sheep les cinq « miroirs aux princes » de Christine, au motif que ces œuvres rendent visibles les femmes dans l’entourage du prince. La conséquence est redoutable : Briggs et Nederman formulent ainsi un critère jusque-là resté implicite dans la définition des miroirs aux princes, ils seraient non-mixtes.

  • 41 Alice Hentsch, De la littérature didactique du Moyen Âge s’adressant spécialement aux femmes, Cahor (...)
  • 42 Albert Werminghoff, « Die Fürstenspiegel der Karolingerzeit », Historische Zeitschrift, 89, 1902, p (...)
  • 43 Déjà conçue comme objet d’études par Jules Michelet, Le Prêtre, la Femme et la Famille, Paris, Comp (...)
  • 44 Un objectif pour le moins inachevé, voir Charles F. Briggs et Cary J. Nederman, Art. cit., p160-1 (...)
  • 45 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », op. cit., p. 45.

14La rareté de travaux comparatistes peut en partie s’expliquer par la manière dont ces corpus ont été construits et discutés. En 1903, Alice Hentsch soutient et publie une synthèse pionnière intitulée De la littérature didactique du Moyen Âge s’adressant spécialement aux femmes41, au moment même où la catégorie de « miroirs aux princes » s’invente sous la plume d’Albert Werminghoff42. Hentsch conçoit les textes qu’elle inventorie comme « un faisceau », et ce faisceau comme un sous-genre de la littérature plus généralement consacrée à l’éducation des femmes43. Le mot clé ici, c’est bien « éducation » car, en regard, l’historiographie des miroirs aux princes a plutôt cherché à intégrer ces textes dans une histoire légitime de la pensée politique et non dans une histoire de l’éducation des hommes44. Pour Teresa de Lauretis, ces deux « sphères » n’ont pas à être séparées, mais pensées conjointement45.

  • 46 Ibid, p. 62.

15L’efficacité de l’expression « miroir aux princes » semble ainsi avoir écrasé les autres possibilités, au point que l’on pourrait dire que, la technologie du genre, ici, c’est le genre littéraire, dont l’un des critères définitoires est avant tout son ou sa destinataire, son « public ». De la même manière, les films mais également le « genre » cinématographique – en somme, tout l’« appareil cinématographique » – s’adressent à un·e spectateur·rice de façon explicitement genrée46. Dans le cas des miroirs, les conséquences sont doubles : non seulement les miroirs à adresse féminine sont sous-représentés et pensés comme découlant de textes à adresse masculine, mais la critique produit également une binarité dont on peut se demander si elle était véritablement au cœur de ces textes. À la manière dont sont réunis les corpus d’études critiques, les miroirs littéraires médiévaux semblent s’adresser à un lectorat genré, mais les miroirs médiévaux étaient-ils ces technologies du social qui « engendrent » des sujets ?

2. Les miroirs engendrent-ils des sujets ?

  • 47 Ibid., p. 43.
  • 48 Madeline H. Caviness, « Féminisme, Gender Studies et études médiévales », Diogène 225-1, 2009, p. 3 (...)
  • 49 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 43.

16Les miroirs offrent à leurs destinataires tant leur propre reflet – à corriger – qu’une image idéale vers laquelle il faut tendre à l’issue de l’éducation proposée, qu’il s’agira ensuite de présenter à d’autres. On pourrait premièrement se demander dans quelle mesure ce triple niveau de réflexion, correctif (individuel), idéal (chrétien), et exemplaire (public), est effectivement genré. Par ailleurs, et pour le dire avec Teresa de Lauretis, on pourrait vérifier dans quelle mesure les enseignements de ces textes proposent « une représentation des individus au sein d’une relation sociale qui leur préexiste, en l’occurrence fondée sur une conception du masculin et du féminin comme deux catégories complémentaires et mutuellement exclusives47 ». Il est vrai que, leur lectorat étant essentiellement laïque et donc, contrairement aux clercs, souvent voué au mariage reproductif, les miroirs s’adressent a priori à celles et ceux qu’il est nécessaire de construire comme féminins ou masculins48, d’engendrer tant par la représentation que l’autoreprésentation49.

Le miroir, un foyer de représentations

  • 50 Mary Carruthers, Machina memorialis ; méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen Âge (...)
  • 51 Herbert Grabes, op. cit., p21.

17Malgré un enthousiasme certain pour la métaphore spéculaire, l’utilisation littéraire du miroir au Moyen Âge n’apparaît pas aussi systématiquement développée que d’autres allégories présentes dans les traités didactiques et fonctionnant comme loci mémoriels50, à l’instar de la maison qui représente l’âme dans la troisième partie du Speculum dominarum. Cependant Herbert Grabes se refuse à parler de « métaphore morte51 » (comme la catachrèse handbook), arguant que l’image se trouve sans cesse ressuscitée et justifiée par les auteur·ices dans leur prologue. Cette justification n’est pas présente dans l’original latin du Speculum dominarum, mais intervient dans sa traduction contemporaine anonyme, Le miroir des dames (nous soulignons) :

  • 52 Le miroir aux dames, manuscrit Cambridge, Corpus Christi College, 324, f. 2v.

Lequel livret puet estre apelé le Mireour des dames, afin que elle sache voaier et considerer comment, toute tache ostee de sa conscience, puisse estre bien ordonnee a Dieu et a ce que a li apartient, et comment ou gouvernement de sa personne, de son ostel, et de ses soubgiez elle se doit avoir, et comment avec touz senz nule reprehension doit honestement converser. Et apres par quels merites puisse venir a pardurable gloire et sens fin avec le souverain roy regner.52

18Le prologue du Miroir aux dames explique l’emploi de la métaphore spéculaire du titre pour désigner le livre et son processus correctif individuel entraîné par la lecture, mais le signifié a tendance à varier selon les œuvres. Le Miroir des bonnes femmes préfère faire des destinataires l’objet réfléchissant, devenues à leur tour des exemples une fois la lecture achevée :

  • 53 Le miroir des bonnes femmes, manuscrit Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2156, f. 2r-2v.

Ausi i veil je mestre celes que Diex loe, celes que je voudroie que vous resamblissiez, si que vous feussiez essamplaires et li patrons et li mirouers de toutes autres fames aimees de Dieu et prisiez de monde. Car tout ausins com nous veez que la leudeur ou la biauté de la creature apert plus en la face pource que ce est la plus haute partie de cors et la plus noble ausi pour voir est plus messeans en une grant personne une mause tache quan une plus petite persone, et li bons essamples i est trop mieuz assis et mieuz i apert que cele estoit de plus bas afaire.53

19Le miroir peut aussi représenter de manière plus spécifique les figures exemplaires proposées comme modèles à l’intérieur des traités, un emploi présent non dans le titre mais au sein du texte du Livre du Chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles qui prend pour source le Miroir des bonnes femmes :

  • 54 Le livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, éd. cit., p. 5.

Et c’est moult belle chose et moult noble que de soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires qui ont été escriptes de nos ancesseurs pour nous monstrer bons exemples et pour nous advertir comme nous véons le bien fait que ilz firent, ou de eschever le mal comme l’en puet veoir qui ilz eschevèrent.54

20Certains miroirs peuvent ne comporter qu’un seul exemplum, comme la version anonyme de Grisélidis qui circule sous le titre du Miroir des dames mariées (par exemple dans les manuscrits Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 24397 ou Londres, British Library, Royal, 19 C. VII) sans que le corps du texte apporte de justification dans l’emploi métaphorique.

  • 55 Fabienne Pomel, « Présentation : réflexions sur le miroir », Art. cit. p. 17-28.
  • 56 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 58. Teresa de Lauretis se fonde ici (...)

21Ainsi, plutôt qu’une esthétique qui se développerait à travers les textes sous forme allégorique ou symbolique, la métaphore intervient au seuil55 des œuvres afin d’annoncer un processus de lecture avec pour signifiés le livre, la personne destinataire de l’éducation ou les figures exemplaires qu’elle doit imiter. Les miroirs produisent une multitude de représentations, de reflets dont le lectorat – dédicataire direct ou non – doit opérer la synthèse afin de se reconnaître, reproduire l’éducation prescrite et devenir à son tour un modèle à suivre. En tant que dispositif optique réfléchissant, ils supposent dans leur fonctionnement l’auto-représentation du lectorat visé par « un processus grâce auquel une représentation sociale est acceptée et absorbée par un individu comme étant sa propre représentation (à elle, lui) et devient donc réelle pour cet individu toute imaginaire qu’elle soit56 ».

  • 57 Dhuoda, Manuel pour mon fils. Pierre Riché (éd.), Bernard de Vregille et Claude Mondésert (trad.), (...)

22Une première dimension genrée semble d’ailleurs se dessiner dans l’emploi même de la métaphore comme élément structurel des traités : en effet, la correction individuelle relevée dans les prologues ou au sein même des enseignements apparaît majoritairement, à notre connaissance, lorsque les ouvrages sont adressés aux femmes. Au contraire, à l’exception du célèbre traité de Dhuoda pour son fils datant du milieu du ixe siècle57, rares sont les miroirs aux princes qui présentent cet aspect performatif de la métaphore catoptrique, utilisée davantage dans sa dimension publique en désignant les destinataires comme miroirs exemplaires pour les autres, à l’image du Rosier des guerres de Pierre Choisnet qui prend la plume pour Louis xi à destination de son fils Charles :

  • 58 Pierre Choisnet, Le rosier des guerres, enseignements de Louis XI roy de France pour le dauphin son (...)

Et pour ce que tous ont plus loeil sus un prince que sus un autre et que ce qui est sur un hault lieu est plus tost congneu et contemplé que ce qui est en bas lieu, le Prince doit estre mirouer et exemple aux autres de toutes vertus se doit maintenir et gouverner en toutes choses comme son estat requiert.58

  • 59 Herbert Grabes, op. cit. p. 39 ; Einar Már Jónsson, Le miroir, naissance d’un genre littéraire, op. (...)
  • 60 Voir Marie-Claude Malenfant, Argumentaires de l’une et l’autre espèce de femme. Le statut de l’exem (...)

23Si s’opère une distinction de genre dans les adresses des miroirs et dans l’emploi de la métaphore, on peut évidemment se demander dans quelle mesure les préceptes sont également différenciés, ce que des études comparatives de traités à adresse masculine et féminine permettraient d’éclairer. Sans entrer dans le détail des enseignements, nous pouvons nous intéresser aux modalités des représentations que projette le miroir et qui émanent directement de l’écriture prescriptive. Einar Már Jónsson, Herbert Grabes et Margot Schmidt distinguent par exemple deux sortes de miroirs : d’une part le miroir « informatif » ou « cognitif » qui permet de montrer ce qui est, relevant davantage d’un savoir encyclopédique ; d’autre part le miroir « exemplaire » ou « normatif » permettant de montrer ce qui doit être et qui relèverait alors de l’écriture prescriptive59. L’on aurait plutôt tendance à classer les traités d’éducation qui nous intéressent comme des « miroirs exemplaires », mais force est de constater que les deux se mêlent et participent à la création d’un discours sur le genre : le miroir informatif pose les définitions du genre au moyen de l’exposé de savoirs théologiques et médicaux s’appuyant sur des arguments d’autorité, souvent masculins, tandis que le miroir exemplaire propose différents modèles à suivre60.

24Ainsi, le Jardín de nobles donzellas de Fray Martín de Córdoba, dans son chapitre « delas que ouiveron constancia en buen propósito de virtudes & dela fe cathólica », commence par citer Aristote, puis énonce la vérité générale selon laquelle certains défauts seraient spécifiques à la féminité avant de mettre en scène sa propre destinataire s’adressant à elle-même, au discours direct, et se prescrivant l’enseignement qu’elle doit suivre, à savoir apprendre à connaître ces vices féminins et s’en défaire. Le précepte est ensuite illustré par l’exemplum tiré de l’œuvre d’Ambroise de Milan d’une pythagoricienne se coupant la langue :

  • 61 Fray Martín de Córdoba, Jardín de nobles donzellas, Harriet Goldberg (éd.), Chapel Hill, University (...)

Dize Aristótiles que común las mugeres son inconstantes & se mueuen de vn propósito a otro [...]. Ay defectos contra la virtud [...] algunas vezes por la femenidad, ca las hembras tienen otras passiones que los varones [...]. Pues la muger que quiere ser virtuosa ha de consentir consigo y dezir : Yo soy mujer, enesto no he culpa ninguna, que ser muger me dio naturaleza así como a otro ser varón, pero pues que soy muger tengo que mirar las tachas que común mente singuen las mugeres & arredrarme dellas [...] esta constancia & firmeza en buen propositó le enseñarán muchas donzellas pasadas.61

25Cette structure rhétorique traditionnelle des traités d’éducation agence trois différentes « techniques » discursives pour construire la représentation de l’inconstance comme trait spécifiquement féminin : le discours informatif sous la forme d’une assertion énoncée par l’auteur et soutenue par l’auctoritas aristotélicienne citée, la mise en scène de la destinataire de l’éducation et enfin l’exemplum déductif. La destinataire s’adressant à elle-même, reconnaissant en elle la définition proposée et la correction à apporter illustre bien le dispositif d’auto-représentation que suppose le miroir, puisque la lecture du traité est censée produire ce même effet. Mirko Pinieri constate également la construction du genre à l’œuvre dans les miroirs en tant que processus et produit des représentations dans l’étude de ces miroirs à adresse féminine :

  • 62 Mirko Pinieri, « Soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires », op. cit.

Il s’agit donc de réfléchir sur la formation et la transmission littéraires de concepts abstraits, qui d’une part constituent une éthique féminine et qui, d’autre part, produisent des images ou catégories mentales dans l’esprit des destinataires [...] régissant une mosaïque de comportements louables à reproduire (ou blâmables à éviter) dans le but qu’ils « deviennent une manière d’être ».62

  • 63 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 61.

26Tout comme le dispositif optique qu’est le cinéma dont les « techniques cinématographiques (éclairage, cadrage, montage) [...] construisent la femme comme une image63 », les traités d’éducation sous le titre de « miroirs » ou usant pleinement de la métaphore, concentrent une prolifération de modèles et de contre-modèles pour la personne destinataire et/ou dédicataire des enseignements prescrits. Mais peut-être davantage que le public d’un film, la métaphore catoptrique désignant les traités d’éducation implique l’autoreprésentation du lectorat, qui contemple son reflet de manière simultanée dans le passé, le présent et dans un futur hypothétique élaboré par une écriture prescriptive nourrie par les auctoritates et les exempla.

Les « fissures et les défauts » du miroir

  • 64 Ibid., p. 86.
  • 65 Ibid., p. 74.
  • 66 Anne Paupert, « Les débuts de la Querelle : de la fin du xiiie siècle à Christine de Pizan », dans (...)

27S’ils peuvent être considérés comme des technologies sociales, les miroirs comportent en eux-mêmes ce que l’on peut appeler les « fissures et les défauts des appareils de savoir-pouvoir64 ». Pour Teresa de Lauretis, les discours hégémoniques par lesquels se construit le genre présentent des failles contre ou à partir desquelles peuvent se former des « points de résistance », notamment au niveau de l’autoreprésentation65. Les miroirs à l’étude, prescriptifs et performatifs, se multiplient conjointement au développement de la défense féminine lors de la querelle des femmes, certains textes intègrent les arguments de la défense des femmes au sein de leur éducation, dont Christine de Pizan est la première représentante66. Les débats pro et contra féminins, d’abord dans les milieux cléricaux puis dans les cercles lettrés à partir de la polémique sur le Roman de la Rose, s’articulent notamment autour de l’interprétation de la Genèse, des bienfaits ou méfaits du mariage, de la liste des vertus et vices féminins, de la place des femmes dans la société, voire de leur capacité à gouverner, thématiques qui s’incorporent aux textes didactiques.

  • 67 Henri de Gauchy, Li livres du gouvernement des rois, a XIIIth century French version of Egidio Colo (...)
  • 68 Sur ce thème du conseil des femmes, voir Misty Schieberle, Feminized Counsel and the Literature of (...)

28Les miroirs peuvent se répondre implicitement entre eux. Christine s’inspire par exemple de Gilles de Rome dans ses traités d’éducation, mais certains passages du Livre des trois vertus vont à l’encontre de la description du comportement féminin que fait le théologien dans le De regimine principum : alors que ses traductions expliquent que l’on ne peut faire confiance aux conseils des femmes à cause de leur complexion molle et chaude67, l’autrice associe au contraire l’élément physiologique de la chaleur aux hommes et fait de la « mollesse » féminine une vertu, le tout en s’appuyant sur l’autorité biblique des Proverbes68 :

  • 69 Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, Charity Cannon Willard, Eric Hicks (éd.), Paris, Hon (...)

Mais nature de femme est plus paoureuse et aussi de plus doulce condicion, et pour ce, se elle veult et elle est saige, estre puet le meilleur moyen a pacifier l’omme, qui soit. Et ad ce propos dist Salemon es Proverbes, ou .xxve. chapitre : Doulceur et humilité assouagist le prince et la langue mole (c’est a dire la doulce parole) flechist et brise sa durté, tout ainsi comme l’eaue par sa moisteur et froidure estaint la chaleur du feu.69

29Du côté espagnol, on peut voir dans le Jardín de nobles donzellas une valorisation de la parole féminine avec les mêmes arguments développés par Christine dans la Cité des dames. Par l’exégèse biblique, le pédagogue fait à son tour de la parole féminine un élément essentialisé, mais vertueux :

  • 70 Fray Martín de Córdoba, op. cit., p. 156 : « L’autre propriété vient du fait que la côte résonne, c (...)

La otra propiedad enla costilla es que suena ; & significa que la muger habunda enla lengua & en palabras más quel varón [...]. Enesto dezir dellas, no se tengan por desonrradas, ca Dios por esto sabiendo que heran parleras, primero que alos varones les reueló su resurrección porque por sus lenguas fuese publicada.70

  • 71 Helen Swift, Writing, and Performance: Men Defending Women in Late Medieval France (1440-1538), Oxf (...)
  • 72 Teresa de Lauretis qualifie ce renversement qui reste « au sein de la différence de genre » d’ « an (...)

30Helen Swift, qui étudie les écrits de défense de la querelle sous l’angle de la performance à partir des travaux de Jacques Derrida, John L. Austin et Judith Butler, inclut dans son corpus les traités d’éducation comme le Livre des trois vertus. Elle voit dans l’écriture de Christine un « trouble dans le genre » lorsque les personnages féminins se « travestissent » non seulement par le vêtement mais en se dotant de caractéristiques masculines et notamment « hardiesce d’homme » comme les châtelaines des Trois vertus. Cela rompt selon elle la matrice des binarités cohérentes qui oppose le masculin et du féminin en faveur de l’hégémonie masculine71. Pourtant, Christine tout comme Fray Martín semblent se maintenir dans cette matrice tant en valorisant des propriétés dites féminines qu’en inversant les attributs masculins et féminins, restant ainsi dans une logique duelle72.

31La défense du genre féminin qui émerge au moment de la querelle des femmes et qui s’intègre à certains de nos miroirs propose en effet un contre-discours intertextuel, mais se maintient dans la logique rhétorique de la disputatio. Teresa de Lauretis souligne la difficulté d’échapper à cette binarité, présente même dans les discours féministes qui paradoxalement peuvent reconduire la construction du genre et devenir eux-mêmes technologies du social. Pour en sortir, elle nous invite à effectuer un « mouvement vers le hors-champ » qu’elle définit ainsi :

  • 73 Ibid., p. 87.

Je ne parle pas d’un mouvement qui se produirait d’un espace vers un autre pour passer au-delà ou atteindre un dehors [...] Le mouvement dont je parle est plutôt un mouvement qui part de l’espace représenté par/dans une représentation, par/dans un discours, par/dans un système sexe/genre et va vers un espace qui n’est pas représenté mais qui lui est implicite (invisible).73

32Si nous avons pu constater les fissures subtiles de la représentation genrée et de la répartition du lectorat à l’intérieur de traités d’éducation à l’étude, peut-on discerner un espace « hors-champ », invisible dans le texte ?

3. Le hors-champ dé-genré des miroirs

  • 74 Nicolas Michel, « Pour une redéfinition du “genre” des miroirs aux princes. Bilan et perspectives d (...)
  • 75 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 86.

33Dans l’introduction du collectif Les miroirs aux princes aux frontières des genres, l’une des solutions proposées pour mieux cerner la nébulosité de ce regroupement de textes était l’étude des « lectures et usage du texte médiéval74 ». Les pratiques de lecture ne seraient-elles pas en effet à considérer comme hors-champs pour rompre la binarité apparente des contenus des œuvres didactiques ? C’est en effet dans les « pratiques de la vie quotidienne » qu’elle considère « micropolitique » Teresa de Lauretis décèle « la capacité d’agir75 ». Nous cheminerons ici des bibliothèques aux manuscrits qu’elles abritent, puis de ces manuscrits à leurs lecteur·rices.

Les miroirs et le genre des bibliothèques

  • 76 Jehan Bonost et Jacques de Templeuve, Inventaire de la librairie de Philippe le Bon, Georges Doutre (...)
  • 77 Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Anne-Marie Legaré (éd.), Tur (...)
  • 78 Les femmes, la culture et les arts en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Cynthia J. Brown et An (...)
  • 79 Colette Beaune et Élodie Lequain, « Marie de Berry et les livres », Livres et lectures de femmes en (...)
  • 80 S. C. Kaplan, Womens Libraries in Late Medieval Bourbonnais, Burgundy, and France : A Family Affai (...)
  • 81 Arturo Jiménez Moreno, La incorporación de la mujer a la cultura escrita en el siglo XV : análisis (...)

34Les travaux sur le genre des bibliothèques ne sont pas nouveaux et ont participé à la reconnaissance du rôle des femmes dans la constitution des librairies royales et nobles, longtemps considérées comme masculines par défaut76. Par exemple, les ouvrages collectifs Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance77 et Les Femmes, la culture et les arts en Europe, entre Moyen Âge et Renaissance78 rassemblent de nombreuses études sur les bibliothèques des femmes de la noblesse, comme celle de Colette Beaune et Élodie Lequain consacrée à Marie de Berry, de Delphine Jeannot à Marguerite de Bavière ou de Samuel Gras à Jeanne de France79. À travers l’examen des marques de possessions, des dédicaces, des commandes, des inventaires et des testaments, s’est posée la question des tendances de lecture et de la possibilité d’une bibliothèque féminine « type ». Dans Women’s Libraries in Late Medieval Bourbonnais, Burgundy, and France : A Family Affair paru en 2022, S. C. Kaplan compare les apports féminins aux trois bibliothèques ducales et invite à prendre en compte non seulement toutes les traces écrites de leur contributions, mais également les indices non matériels tels que les liens familiaux et les relations de cour, la proximité physique au sein d’une même maison ou les visites rendues à tel ou tel membre de la noblesse à un moment donné pour en déduire les lectures et échanges littéraires probables et surtout déconstruire les stéréotypes de genre concernant les genres littéraires privilégiés80. De la même manière, Arturo Jiménez Moreno propose de dépasser les catégories de la possession des manuscrits par leur mise à disposition (disposición) pour évaluer leurs potentialités de lectures81.

  • 82 S. C. Kaplan, Appendix C, « The Library at Moulins (c. 1400-c. 1523) », Art. cit., p. 197-302.
  • 83 Colette Beaune, Élodie Lequain, « Marie de Berry et les livres » , art cit.
  • 84 Anne-Marie Legaré, « Charlotte de Savoies Library and Illuminator », Journal of Early Book Society (...)

35La cohabitation des traités à adresse masculine et féminine au sein des bibliothèques princières nous permet d’envisager une mise à disposition mixte des traités, au-delà de leur adresse genrée. La reconstitution de la bibliothèque de Moulins par S. C Kaplan à entre 1400 et 1523 à partir de l’inventaire de 1523 montre la coexistence de nos œuvres didactiques82. Par exemple, les livres reçus en testament par Marie de Berry de la part de son père Jean de Berry correspondent à ceux que l’on retrouve dans la bibliothèque de Moulins, parmi lesquels Le livre de l’information des roys et princes (Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1210), le Miroir des dames (Londres, British Library, Add. MS 29986), arrivés probablement en 1416 et présents jusqu’à l’inventaire de 152383. L’inventaire réalisé en 1484 nous informe également de l’arrivée, probablement grâce à Charlotte de Savoie, des œuvres suivantes : Le livre du Gouvernement des roys et des princes (NE 50, Legaré), Le livre du Chevalier de la Tour a l’enseignement des dames (NE 60, Legaré), Le livre des Trois vertuz a l’enseignement des dames (NE 46, Legaré), Le Espitres Othea (NE 74, Legaré)84. Ainsi, non seulement la bibliothèque de Moulins contient bien des traités d’éducation à adresse masculine et féminine, mais ils y prennent place par le biais de femmes de l’aristocratie médiévale.

  • 85 Jehan Bonost et Jacques de Templeuve, op. cit.

36Le système de classement des bibliothèques tend également à amoindrir la distinction genrée de la réception. Dans la librairie des ducs de Bourgogne d’après l’inventaire après décès de Philippe le Bon rédigé entre 1467-1469, les manuscrits inventoriés sont classés en plusieurs rubriques dont « Bonnes meurs, étiques et politiques » qui, en plus d’être la plus fournie, ne fait pas de distinction genrée entre les destinataires. Parmi les 192 items conservés à Bruxelles on retrouve ainsi, aux côté d’encyclopédies et de textes hagiographiques, les textes déjà présents à Moulins, avec quatre exemplaires de l’Epistre Othéa dont la version de Jean Miélot, quatre exemplaires du Livre du gouvernement des rois et des princes, deux exemplaires du Livre de l’instruction d’un jeune prince / comment un jeune prince se doit gouverner, trois exemplaires du Livre de l’information des rois et des princes / informations des princes, deux exemplaire du Miroir aux dames et un exemplaire du Livre des trois vertus à l’enseignement des dames85.

  • 86 Arthur-Michel de Boislille, « Inventaire des bijoux, vêtements, manuscrits et objets précieux appar (...)

37On pourrait enfin signaler que des bibliothèques dites féminines contiennent certains textes à adresse masculine, comme celle de Gabrielle de la Tour, connue par l’inventaire qui est dressé de ses biens en 1474, qui contient entre autres une copie du prologue du Livre du gouvernement des rois et des princes de Gilles de Rome dans la traduction d’Henri de Gauchy, ou encore l’Epistre Othea86.

Des manuscrits mixtes : compilation et réception

  • 87 Londres, British Library, Royal, 19 C. VII, f. 1-122 ; Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2687 ; Par (...)

38L’implicite des miroirs, outre les lieux qui les accueillent, ce sont également les manuscrits qui les conservent et ce, souvent, sous forme de recueils et associés à d’autres textes. Les compilations présentent, de prime abord, une répartition genrée entre les enseignements adressés respectivement aux hommes et aux femmes. Par exemple, la tradition manuscrite des Enseignements du Chevalier de la Tour Landry est souvent accompagnée de l’exemplum de Grisélidis aussi intitulé Le miroir des dames mariées87 ou, ponctuellement, du Livre des trois vertus (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 3356).

  • 88 Le Secret des secrets n’a pas pu être pleinement intégré dans cette étude qui ne prétend pas à l’ex (...)
  • 89 Sur ce manuscrit fascinant : Marleen Marynissen, « The Epître Othéa in ms. 4373-76 : an enigma in t (...)
  • 90 Roberta L. Krueger, Art. cit.

39Mais certains manuscrits témoignent d’une certaine mixité dans leur composition, comme le manuscrit Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. lat. 1514 qui s’ouvre sur Le Secret des secrets intitulé par la rubrique Le livre du gouvernement des rois et des princes88, mais qui contient également Le miroir des dames mariées. Autre exemple, le manuscrit Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 4373-4376 contient l’Epitre Othéa, texte parfois qualifié de miroir au prince (il est joint au De Regimine principum de Gilles de Rome dans le Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 6482) qui y coexiste avec La Justification de Jean Sans Peur de Jean Petit ainsi qu’avec un ensemble de textes féminins tels le Doctrinal des filles à marier et Les Enseignements de Louis IX à sa fille89. Par ailleurs, Roberta L. Krueger avait déjà pointé la nécessité de considérer les textes didactiques en regard de ceux qui les accompagnaient. Prenant pour exemple le manuscrit Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 24301, l’un des quatre manuscrits à conserver les enseignements de Robert de Blois, elle a mis au jour la façon dont l’encadrement de L’enseignement des princes et du Chastoiement des dames par d’autres textes comme le conte de Beaudous, chevalier auquel sa mère enseigne les vertus, ou celui de Floris et Lyriopé, en altérait les leçons. Ainsi Robert présente, produit et reproduit des modèles extrêmement genrés, qu’il fait lui-même vaciller90.

  • 91 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2156.
  • 92 Dijon, Bibliothèque municipale, 213. Il s’agit du prologue de la traduction française par Jean de V (...)
  • 93 Philadelphia, University of Pennsylvania, Kislak Center for Special Collections, Rare Books and Man (...)

40De la même manière, Le miroir des bonnes femmes, composé par un franciscain anonyme dans la seconde moitié du xiiie siècle, s’inscrit dans une assez grande hétérogénéité didactique dans deux des trois manuscrits qu’il nous reste de l’œuvre. S’il est transmis seul dans le manuscrit parisien91, celui conservé à Dijon l’associe au prologue d’un traité de bon gouvernement militaire92. Dans le manuscrit de Philadelphie, le Miroir des bonnes femmes est associé à la Somme le roi93, commanditée par Philippe III et achevée en 1280, qui se présente comme un manuel d’instruction religieuse à l’usage des laïcs – non genrés – via des préceptes moraux et, essentiellement, un traité des vices et des vertus. Le grand succès de ce texte (plus de quatre-vingt-dix manuscrits conservent ses différentes versions) entraîne logiquement son association à de nombreux autres au sein de recueils.

  • 94 La Somme le roi par Frère Laurent, Edith Brayer et Anne-Françoise Leurquin-Labie (éd.), Paris, Soci (...)

41L’association de certains textes paraît en effet récurrente. La Somme le roi circule d’abord volontiers avec des textes à caractère religieux puis, à partir du début du xve siècle, avec des œuvres plus diversifiées94. Elle côtoie ainsi aussi bien le Miroir des bonnes femmes, l’anonyme Miroir aux dames, ou le Livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles que le De cura rei familiaris (la lettre du pseudo-Bernard de Clairvaux à Raimon de Chastel Ambroise) ou les Enseignements moraux d’un père à son fils. Si la rédaction de la Somme le roi est motivée par une commande masculine, sa circulation témoigne d’une certaine fluidité de genre (Tableau 1). Il n’est pas le seul écrit dans ce cas et nous proposons de qualifier d’« entremetteurs » ces textes associés à la tradition manuscrite d’écrits didactiques orientés vers l’éducation masculine ou féminine. Nous pouvons également inclure parmi ces textes le Livre des IIII vertus, la traduction du pseudo-Sénèque par Jean Courtecuisse dédiée au duc Jean de Berry en 1403, bien que l’œuvre soit moins largement diffusée que la Somme le roi. Le texte est souvent associé au Livre des trois vertus de Christine de Pizan, sans doute en raison de son titre. En accord avec le genre de son premier dédicataire, Jean de Berry, le texte de Courtecuisse est également associé avec des « miroirs aux princes », comme dans le manuscrit de la vaticane déjà évoqué (Tableau 2).

  • 95 Jérôme Baschet, Chapitre 3 « Masculin et féminin : dualité de la personne et distinction de sexe », (...)

42Que ces textes entremetteurs soient premièrement des enseignements plus spirituels ne doit pas nous surprendre. Comme le montrait Jérôme Baschet dans son ouvrage Corps et âmes, « les conceptions de la personne dans l’Occident médiéval » sont « duelles mais non dualistes » ; « on ne saurait trop insister sur l’affirmation selon laquelle il n’existe pas, dans l’âme, de distinction de sexe95 ». Relevons toutefois que cela n’est pas systématiquement le cas : nous pouvons citer parmi les textes « entremetteurs » la traduction par Renaut de Louhans de l’Ars loquendi et tacendi d’Albertano da Brescia, le Livre de Mellibee et de Prudence sa femme, que l’on connaît car il est intégré au Mesnagier de Paris, mais qui côtoie aussi des textes à adresse masculine comme le traité de chevalerie de Ramon Llull ou la lettre au chevalier pour la bonne tenue de sa maison du pseudo-Bernard de Clairvaux (Tableau 3).

  • 96 Ce texte a été édité récemment : Jean de Vignay, Le Jeu des échecs moralisés, Antoine Ghislain (éd. (...)

43On compte également la traduction par Jean de Vignay du traité de morale Liber de moribus hominum et officiis nobilium sive super ludum scacchorum sous le titre du Jeu des échecs moralisés (Tableau 4) réalisé pour le roi Jean II entre 1332 et 1350 développant l’allégorie du jeu de plateau comme une représentation de la société médiévale96. Il se trouve aux côtés de nos textes didactiques et d’autres entremetteurs, par exemple dans le manuscrit Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 580 avec les Enseignements du Chevalier de la Tour Landry ou le manuscrit Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 10394-10414 avec les Enseignements de Louis IX à son fils.

  • 97 Kathleen Ashley, « The Miroir des bonnes femmes : not for women only ? », Kathleen Ashley et Robert (...)
  • 98 Dijon, Bibliothèque municipale, 213, f. 139r-140r, v. 1405.
  • 99 Hanno Wijsman, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownershi (...)
  • 100 Nous renvoyons à la contribution dans le présent volume de Bénédicte Milland-Bove, et aux réactions (...)

44Comme on le constate, la perception du genre des œuvres se fluidifie quand on règle la focale sur la matérialité de l’objet, qu’elle se fasse sur la composition de la bibliothèque ou du manuscrit. C’est enfin le cas au cœur même de ces objets : pour Teresa de Lauretis, la possibilité d’existence du sujet féministe se trouve dans le « hors-champ », dans les marges et les interstices. Or c’est justement depuis les marges que peut être pensé, par exemple, la réception masculine d’un texte à adresse féminine comme le Miroir des bonnes femmes, étudiée par Kathleen Ashley97. Le manuscrit de Dijon qui conserve ce texte présente les annotations de ses possesseur·euses, issu·es de la bourgeoisie bourguignonne. On y rencontre Louise de Beaumont, puis les sœurs Jacquette et Huguette de Thésut, mais également Jacques de Beaumont, l’époux de Louise, qui parsème le codex de sa signature et l’utilise à la façon d’un livre de raison, en y inscrivant les dates de faits familiaux marquants98. Autre exemple, le cas du manuscrit Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 9235-9237, qui contient La Cité des dames, Le livre des trois vertus ainsi que le Mélibée et Prudence de Renaut de Louhans. L’héraldique et l’inscription finale suggère qu’il a été réalisé pour Walburge de Meurs, tandis que les inscriptions marginales reprennent les devises – des cloches et le mot « Moy seul » – de son époux Philippe de Croy99. Cette réception conjugale des manuscrits, révélée par l’étude des marges, comme l’appelait de ses vœux Teresa de Lauretis, est cette fois très littérale. Les marges sont comme le lieu de cette prise de conscience du genre100.

Le peuple des miroirs

  • 101 Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, « TEL », 1978, p. 174.

45Cette réception multiple n’est pas seulement à envisager par la preuve matérielle. Lors de la lecture d’un traité d’éducation à adresse masculine ou féminine, on peut supposer un « horizon d’attente » au sens où l’entend Hans Robert Jauss, à savoir un « système de relations objectivable des attentes qui résultent pour chaque œuvre au moment historique de sa parution des présupposés du genre, de la forme et de la thématique d’œuvres connues auparavant et de l’opposition entre langue poétique et langue pratique101 ». Le genre peut s’intégrer à cet horizon d’attente comme un système de références attendu de la part du lecteur ou de la lectrice (le « public » chez de Lauretis), mais peut également être ébranlé.

  • 102 Glenn Burger, Conduct Becoming. Good Wives and Husbands in the Later Middle Ages, Philadelphie, Uni (...)
  • 103 Inversement, on pourrait se demander quel rôle et quelle place tiennent les femmes dans les miroirs (...)

46Un premier aspect à prendre en compte, pour aborder le genre de la réception, est d’accepter que ce type de texte à visée didactique et morale renseigne sur des modèles de comportements au-delà du genre de son adresse. Comme l’a récemment montré Glenn Burger dans Conduct Becoming, les livres de conduite à adresse féminine participent autant à la construction d’un modèle de l’époux que de celui de l’épouse102. Autrement dit, la lectrice supposée du texte apprend non seulement son rôle, mais aussi celui qu’elle peut espérer attendre de son conjoint103.

  • 104 Voir note 34.
  • 105 Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, éd. cit., p. 9.
  • 106 Ibid.
  • 107 Christine de Pizan, op. cit., p. 30.
  • 108 Gómez Manrique, Regimiento de príncipes y otras obras, Augusto Cortina (éd.), Madrid, Coleccion Aus (...)
  • 109 Fray Íñigo de Mendoza, « Coplas [...] en que declara cómo por el advenimiento destos muy altos seño (...)

47Les conseils peuvent également s’adresser de manière plurielle et élargir l’adresse genrée du traité. On l’a dit, Christine de Pizan étend souvent ses préceptes au-delà des classes et au-delà des genres104. Dans le Livre des trois vertus, outre la tripartition, les enseignements s’adressent au niveau microstructural à toutes les femmes, au « colliege feminin105 », mais également parfois aux hommes : « ceulx et celles, tant femmes comme hommes que Dieux a establiz es haulz sieges de poissance et dominacion [...] si comme mirouer et exemple de toutes bonnes meurs106 », « aux princes et princepces ou poissans personnes107 ». Du côté espagnol, les poètes de la cour de Castille s’adressent au couple royal formé par les rois catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, comme le El Regimiento de príncipes de Gomez Manrique108 et Las Coplas pour le bon gouvernement du royaume de Fray Iñigo de Mendoza : al muy alto y muy poderoso príncipe, rey y señor el rey don Fernando de Castilla y de León y de Cecilia [e] príncipe de Aragón. E a la muy esclarescida reina doña Isabel su muy amada muger, nuestro naturales señores, en que declara cómo por el advenimiento destos muy altos señores es reparada nuestra Castilla109.

48Outre ces adresses, Laura Baldacchino dans son étude du Libro de las donas, version castillane du premier traité d’éducation à adresse féminine de la Péninsule ibérique, a bien montré l’hétérogénéité du peuple des miroirs :

  • 110 Laura Baldacchino, Étude et édition critique du Libro de las donas, traduction castillane du Llibre (...)

Les protagonistes [des exempla] sont aussi bien des hommes que des femmes, puisque le traité déploie un miroir non seulement des femmes mais aussi des hommes dans leurs rapports avec les femmes, en tant que filles (pères), épouses (maris), mères (pères), et religieuses (religieux)110.

  • 111 Alonso Ortiz, Diálogo sobre la educación del Príncipe don Juan, hijo de los Reyes Católicos, siglos (...)

49En effet, les autorités, les comparaisons exemplaires et les personnages des exempla offrent différentes facettes que le lecteur ou la lectrice doit suivre ou fuir. La princesse de Christine de Pizan se reconnaît par exemple dans la figure de Blanche de Castille, mais également de Louis IX. On pourrait arguer que le personnel masculin est souvent plus présent dans les textes à adresse féminine que l’inverse (si Christine de Pizan présente un personnel mixte dans Le livre des trois vertus, ce n’est pas le cas dans Le livre du corps de policie dédié au dauphin), mais on trouve des exceptions. Par exemple, dans le traité d’éducation dédié à l’héritier du trône de Castille111, le prince Don Juan, Alonso Ortiz choisit la forme discursive pour transmettre son enseignement, créant un dialogue entre un clerc et une reine. Isabelle de Castille se trouve à la fois commanditaire, dédicataire et personnage du traité didactique encadrant l’éducation du prince.

Conclusion

  • 112 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », op. cit., p. 88.

50Interroger le miroir comme technologie du genre nous a permis d’observer à quels niveaux la métaphore spéculaire appliquée aux traités d’éducation médiévaux pouvait participer de la production de représentations genrées, sans pour autant lui retirer ses propres capacités de déconstruction. La valeur heuristique de ce concept plastique réside dans les allers-retours qu’il autorise entre la critique et ses objets, ainsi qu’entre les personnages et les spectateur·rices-lecteur·rices. Le travail historiographique a mis en lumière la prévalence des miroirs aux princes dont les études ont eu tendance à éclipser les autres types de miroirs au point d’être rassemblés sous la bannière d’un « genre littéraire » qui, en tant que discours, agit comme une technologie du genre. Si la multiplication des traités d’éducation à la fin du Moyen Âge semble bien montrer une polarisation du genre, celle-ci se trouve reconduite par la critique. La distinction n’est certes pas entièrement factice : les miroirs médiévaux aux adresses genrées engendrent une (auto)représentation des sujets via tout un ensemble de choix littéraires, mais contiennent en eux-mêmes leur propre contre-discours, sans pour autant échapper à une logique binaire, contrairement peut-être à d’autres œuvres médiévales. Longtemps angle-mort de la critique, l’étude de la matérialité de ces œuvres ouvre une porte vers le « hors-champ » de Teresa de Lauretis. L’étude de la réception et des pratiques de lecture nous offre en effet la possibilité de nuancer quelque peu la répartition genrée des destinataires : à travers la mise à disposition des ouvrages dans les bibliothèques, les réceptions plurielles et la multiplicité des destinataires secondaires et des exempla, les discours se propagent vers des lieux autres, impensés : « ce qui revient à dire, ailleurs112 ».

  • 113 Roberta L. Krueger, Art. cit., p. 105.

51Roberta L. Krueger, que nous avons déjà citée, ne mobilise pas directement Teresa de Lauretis. Pourtant, on ne peut manquer de l’entendre quand elle se demande à propos des enseignements de Robert de Blois : « by what complex mechanisms are subjects engendered ?113 » Trente-cinq ans après elle, nous ne pouvons que rejoindre sa conclusion, quand elle suggère que, comme dans les textes de Robert de Blois, les identités de genre sont peut-être plus au travail que l’on ne le pense dans les livres de conduite. Avec Paul Zumthor, Krueger invitait à penser la « mouvance » des identités de genre ; avec de Lauretis, nous pouvons reconnaître cette « mouvance » dans, justement, le mouvement vers le hors-champ, celui des médiévistes comme celui des médiévaux.

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Bibliographie

Œuvres à l’étude (textes édités, pour les manuscrits voir annexes)

Alonso Ortiz, Diálogo sobre la educación del Príncipe don Juan, hijo de los Reyes Católicos, siglos XV-XVI, éd. Giovanni Maria Bertini (éd.), Madrid, Turanzas Ediciones, 9, 1983, 250 p.

Laura Baldacchino, Étude et édition critique du Libro de las donas, traduction castillane du Llibre de les dones de Francesc Eiximenis (chapitres 1 à 100), thèse de doctorat préparée sous la direction de Hélène Thieulin-Pardo à Sorbonne Université et Carlos Heusch à l’ENS de Lyon, soutenue le 6 octobre 2023.

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Annexe

Tableau 1 : Laurent d’Orléans, La somme le roi (1280)

Texte « entremetteur »

Laurent d’Orléans, La somme le roi (1280)

Textes associés

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 9628, f. 1

Geoffroy de la Tour Landry, L’enseignement des femmes, f. 90

Philadelphia, University of Pennsylvania, Kislak Center for Special Collections, Rare Books and Manuscripts, Lawrence J. Schoenberg Collection, 659, f. 1r-64v

Anonyme, Le miroir des bonnes femmes, f. 65r-84v

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 9555-58, f. 165v-171r

Anonyme, Le miroir des dames, f. 1-148

Londres, British Library, Add MS 29986, f. 164v-166r

Anonyme, Le miroir des dames, f. 1r-146v

Paris, Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, nouvelles acquisitions françaises, 5232, f. 184-190r

Anonyme, Le miroir des dames, f. 1-163v

Saint Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, fr. 4° v. III. 0001, f. 207r-213v

Anonyme, Le miroir des dames, f. 1r- 187v

Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms-2071, f. 3v-16v

Anonyme, Dialogue d’un père et de son fils, f. 34r - 38r

Anonyme, Enseignements moraux d’un père à son fils, f. 38-61

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 461, f. 86r-95v

Anonyme, Dialogue d’un père et de son fils, f. 108v-130r

Anonyme, Enseignements moraux d’un père à son fils, f. 108-130

Soissons, Bibliothèque municipale de Soissons, 224, f. 35v-114v

Anonyme, Dialogue d’un père et de son fils, f. 1-35

Tours, Bibliothèque municipale, 402, f. 3r-13r

Anonyme, Enseignements moraux d’un père à son fils, f. 28r- 52v

Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. lat. 1668, f. 82r- 82v

Anonyme, Enseignements moraux d’un père à son fils, f. 64r-73v

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1551, f. 81-108

Christine de Pizan, Enseignements à son fils, f. 52-60

Anonyme, De cura rei familiaris, Lettre à Raimon de Chastel Ambroise, f. 76r-79r

Troyes. Médiathèque du Grand Troyes, 630, f. 6-151

Anonyme, De cura rei familiaris, Lettre à Raimon de Chastel Ambroise, f. 1r-5v

Troyes. Médiathèque du Grand Troyes, 751, f. 1-89

Anonyme, De cura rei familiaris, Lettre à Raimon de Chastel Ambroise, f. 89r-91r

Tableau 2 : Jean Courtecuisse, Le Livre des IIII vertus (1403)

Texte « entremetteur » :

Jean Courtecuisse, Le Livre des IIII vertus (1403)

Textes associés

Lille, Bibliothèque municipale, Godefroy 57, f. 1

Christine de Pizan, Livre des troys vertus, f. 18r

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1091, f. 1

Christine de Pizan, Le livre des III vertus a l’enseignement des dames et de toutes fames et de tous estas, f. 15r

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 581, f. 253

Jean Golein, Le livre de l’informacion des roys et des princes f. 1r

Gilles de Rome, Le livre du gouvernement des roys et des princes, trad. Henri de Gauchy, f112r

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 9559-9564, f. 76r-96v

Christine de Pizan, L’epistre Othea, f. 1r-74r

Saint Louis, Public Library, 50, f191r-202v

Jean Golein, Le livre de l’informacion des roys et des princes, f. 1r-160r

Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. lat. 1514, f. 42r-62r

Gilles de Rome, Le livre du gouvernement des princes, trad. Henri de Gauchy, f. 1r-34r

L’istoire du miroir des dames mariées (Grisélidis), f. 100r-111r

Tableau 3 : Renaut de Louhans, Melibée et Prudence (1336)

Texte « entremetteur » :

Renaut de Louhans, Melibée et Prudence (1336)

Textes associés

Beauvais, Bibliothèque Municipale, 9, f. 53

Christine de Pizan, l’Epistre Othéa, f. 1r

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 9551-9552

Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, f. 1r-87v

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 9235-9237, f. 226r-246v

Christine de Pizan, la Cité des dames, f. 1-134r

Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, f. 135r-225r

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 10394-10414, f. 151r-162v

Enseignements de saint Louis, roi de France, à son fils, f. 211r-224v

Genève, Bibliothèque de Genève, Supp. 104, f. 255r-281r

Epistola sancti Bernardi ad quemdam militem de cura et modo rei femiliaris utilius gubernande, f. 282r-283v

London, British Library, Royal 19. C. VII, f. 123

Geoffroi de la Tour Landry, Les Enseignements à ses filles f. 1r-122r

L’istoire du mirouer des dames mariees (Griseldis), f. 150r-163v

Oxford, Saint John’s College Library, 102, f. 1r

Le livre de l’ordre de chevalrie, traduction en prose française du Llibre de l’orde de cavalleria de Ramon Llull, f. 105r

L’istoire de Griseldis, marquise de Saluces, f. 137r

Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, fr. 3356, f. 105v

Geoffroi de la Tour Landry, Le livre que fit le chevalier de La Tour pour l’enseingnement des dames et damoiselles

Christine de Pizan, Le livre des troys vertuz a l’enseignement des dames, f. 129r

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 580, f. 41r-52r

Christine de Pizan, L’epistre a la reine, f. 53r-54v

Geoffroi de la Tour Landry, Le livre que le chevalier de La Tour est fait pour l’enseignement de ses filles et cetera etc, f. 55va-122v

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1165, f. 66

Histoire […] de la constance et pacience merveilleuse d’une femme nommee Grisillidis, laquelle translata de lombart en latin un tres vaillant homme appellez François Petrach, f. 85r

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1972, f. 43

Le livre de l’ordre de chevalrie, traduction en prose française du Llibre de l’orde de cavalleria de Ramon Llull, f. 1r-42r

Tableau 4 : Jean de Vignay, Jeu des échecs moralisés (1332-1350)

Texte « entremetteur » :

Jean de Vignay, Jeu des échecs moralisés (1332-1350)

Textes associés

Besançon, Bibliothèque municipale, 434, f245-290

Le livre d’érudition des princes, traduction du De eruditione principum par Guillaume Peyraut, f. 1r-102r

Gilles de Rome Le livre du gouvernement des rois et des princes, trad. par Henri de Gauchy, f. 103r-244r

Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 10394-10414, f. 151r-162v

Enseignements de saint Louis, roi de France, à son fils, f. 211r-224v

New York, Columbia University, Rare Book and Manuscript Library, Plimpton, 282, f. 1r-78r

Le livre de l’ordre de chevalrie, traduction en prose française du Llibre de l’orde de cavalleria de Ramon Llull, f. 79r-104v

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 580, f. 41r-52r

Christine de Pizan, L’epistre a la reine, f. 53r-54v

Geoffroi de la Tour Landry, Le livre que le chevalier de La Tour est fait pour l’enseignement de ses filles et cetera etc, f. 55v-122v

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1165, f. 85

Histoire […] de la constance et pacience merveilleuse d’une femme nommee Grisillidis, laquelle translata de lombart en latin un tres vaillant homme appellez François Petrach, f. 85

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1728, f. 156v-220r

Le livre de l’erudicion des princes, traduction du De eruditione principum par Guillaume Peyraut, f. 1r-156v

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Notes

1 Le colloque s’est tenu du 13 au 15 mars 2024 à l’Université Rennes 2.

2 Teresa de Lauretis, « The technology of gender », Technologies of Gender: Essays on Theory, Film, and Fiction, Bloomington, Indiana University Press, 1987, p. 1-30. Nous utilisons la traduction française de l’essai introductif proposée dans Teresa de Lauretis, Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, trad. Sam Bourcier, Paris, La Dispute, 2023, p. 35-88. « La technologie du genre » offre une définition du genre étayée par quatre propositions que nous pouvons résumer ainsi : « 1. Le genre est une représentation […] 2. La représentation du genre est sa construction […] 3. La construction du genre se poursuit de manière aussi active aujourd’hui que ce fut le cas dans des temps plus anciens […] 4. Paradoxalement donc, la construction du genre est aussi affectée par sa déconstruction. », p. 39-40.

3 À savoir les discours et pratiques, interdits et normes contraignant la sexualité qui ont contribué à en faire un objet d’analyse, une « affaire d’État ». Michel Foucault, Histoire de la sexualité, vol. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 154.

4 Le terme anglais technology recouvre les sens de deux mots français, technique et technologie. Le second désigne étroitement l’étude, ou les discours sur la première. Nous suivons ici la traduction “technologie” car les miroirs usant de la métaphore catoptrique, explicitement ou non, portent justement un discours sur la spécularité.

5 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p71.

6 Ibid., p61.

7 Fabienne Pomel, « Présentation : réflexions sur le miroir », Fabienne Pomel (dir.), Miroirs et jeux de miroirs dans la littérature médiévale, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 17-26.

8 Herbert Grabes, The Mutable Glass. Mirror-imagery in titles and texts of the Middle Ages and English Renaissance, Cambridge, Cambridge University Press, 1982 [Tübingen, 1973], p. 14.

9 Einar Már Jónsson, Le miroir. Naissance d’un genre littéraire, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 11.

10 Louis Marin, Opacité de la peinture, Paris, Éditions de l’EHESS, 2006 [1991], p. 13-17. Voir aussi la synthèse que Giovanni Careri propose de ce concept, également travaillé par Hubert Damisch : Giovanni Careri, « “L’objet théorique” entre structure et histoire », La part de l’œil, Revue de pensée des arts plastiques 32, 2018, p. 13-23.

11 Comme elle le fit dans sa critique du travail de Foucault sur l’époque victorienne. Elle a par ailleurs étendu sa question au médiévalisme en s’interrogeant sur le narcissisme auctorial à partir d’Umberto Eco, en définissant les « sagas médiévales » comme productrices de « fantasmes publics », ou encore en faisant des références ponctuelles au jardin d’Éden.

12 Teresa de Lauretis caractérise « d’angle mort que ne reflète pas le rétroviseur » les « espaces conceptuels » encore impensés dans la critique. Elle cite notamment l’exemple des travaux de Monique Wittig : Teresa de Lauretis, « Quand les lesbiennes n’étaient pas des femmes », dans Sam Bourcier et Suzette Robichon (dir.), Parce que les lesbiennes ne sont pas des femmes. Autour de l’œuvre politique, théorique et littéraire de Monique Wittig, Paris, Éditions gaies et lesbiennes, 2002, p. 35-65.

13 Nicolas Michel (dir.), Les Miroirs aux princes aux frontières des genres (viie-xve siècle), Paris, Classiques Garnier, « Rencontres », 2022, 336 p. ; Noëlle-Laetitia Perret et Stéphane Péquignot (dir.), A Critical Companion to the “Mirrors for Princes” Literature, Leyde, Brill, « Reading Medieval Sources », 2022, 562 p. ; Alexandra Velissariou, Jean Devaux et Matthieu Marchal (dir.), « Les Miroirs des dames au tournant du Moyen Âge et de la Renaissance », Cahiers de recherches médiévales et humanistes 42-2, 2021, 480 p.

14 Nicolas Michel, « Pour une redéfinition du “genre” des miroirs aux princes. Bilan et perspectives de recherches », op. cit., p. 8.

15 Alexandra Velissariou, Jean Devaux, « Introduction », op. cit., p. 15.

16 Einar Már Jónsson, « Les “miroirs aux princes” sont-ils un genre littéraire ? », Médiévales 51, 2006, p. 153-166. La question est d’autant plus épineuse qu’un ouvrage aussi emblématique pour la critique que le De regimine principum de Gilles de Rome ne comporte aucune référence spéculaire, que ce soit dans le titre ou au sein même du texte.

17 Mirko Pinieri, « Soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires : Les miroirs de femmes français et allemands destinés à l’éducation de jeunes dames », thèse de doctorat en cours, sous la direction des Pr. René Wetzel et Emmanuel Sander, Université de Genève, débutée en 2021.

18 Alexandra Velissariou, Jean Devaux, « Introduction », op. cit., p. 14.

19 Murielle Gaude-Ferragu, La Reine au Moyen Âge : Le pouvoir au féminin, xive-xve siècle, Paris, Tallandier, 2014, p. 36, 79, 250.

20 Florence Xiangyun Zhang, « Du Miroir des Princes au Miroir des Princesses », Fifteenth Century Studies 22, 1996, p. 55, 59, 62.

21 Christine de Pizan, Le Livre de la Cité des dames, Claire Le Ninan (éd.), Anne Paupert (éd., trad.), Paris, Honoré Champion, 2023, p. 127, n. 2.

22 Cécile Codet, Femmes et éducation en Espagne à l’aube des temps modernes (1454-fin des années 1520), thèse de doctorat préparée sous la direction de C. Heusch à l’ENS de Lyon, soutenue le 28 novembre 2014, p. 175, 210, 281, 552, 656 ; Marta Haro Cortés, « Mujer, corona y poder en un espejo de princesas El jardín de nobles doncellas de Fray Martín de Córdoba » dans María Pilar Celma Valero et Mercedes Rodríguez Pequeño (dir.), Vivir al margen : mujer, poder e institución literaria, Ségovie, Junta de Castilla y León. Instituto de la Lengua Castellano y Leonés, 2009, p. 43-57.

23 Il semblerait que l’heure soit à l’exploration des pistes ouvertes par les approches comparatistes, dans le temps ou dans l’espace, notamment en adoptant les approches des global studies. Noëlle-Laetitia Perret et Stéphane Péquignot (dir.), op. cit. ; Regula Forster et Neguin Yavari (dir.), Global Medieval : Mirrors for Princes Reconsidered, Boston, Ilex Foundation, 2015, 228 p.

24 Rachel Stone, Morality and Masculinity in the Carolingian Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, 399 p. ; Andrew Romig, Be a Perfect Man : Christian Masculinity and the Carolingian Aristocracy, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, « The Middle Ages Series », 2017, 264 p.

25 Christiane Raynaud, « L’apprentissage du genre par la guerre d’après Li livres du gouvernement des rois de Gilles de Rome » dans Marc-Jean Filaire et Isabelle Ortega (dir.), Le legs des pères et le lait des mères ou comment se raconte le genre dans la parenté du Moyen âge au xxie siècle, Turnhout, Brepols, 2014, p. 17-27.

26 Anne-Lydie Dubois, Former la masculinité. Éducation, pastorale mendiante et exégèse au xiiiesiècle, Turnhout, Brepols, 2022, 460 p.

27 Noëlle-Laetitia Perret, Les traductions françaises du « De regimine principum » de Gilles de Rome : parcours matériel, culturel et intellectuel d’un discours sur l’éducation, Leiden, Brill, « Education and Society in the Middle Ages and Renaissance » 39, 2011, p. 202 et p. 297-304.

28 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 73.

29 Didier Lett, « Les régimes de genre dans les sociétés occidentales de l’Antiquité au xviie siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales 67-3, 2012, p. 563-572.

30 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p41-42.

31 Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia, « Introduction », dans Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia (dir.), Le Prince au miroir de la littérature politique de l’Antiquité aux Lumières, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2007, p. 13.

32 Michel Senellart, Les Arts de gouverner. Du « regimen » médiéval au concept de gouvernement, Paris, Seuil, 1995, 320 p.

33 Roberta L. Krueger, « Constructing Sexual Identities in the High Middle Ages : The Didactic Poetry of Robert de Blois », Paragraph 13-2, 1990, p. 105-131.

34 « It is revealing of these exclusionary categories that the only type of conduct book acknowledged in most literary histories has been the male, aristocratic Mirror for Princes.” » Kathleen Ashley et Robert L. A. Clark (dir.), Medieval Conduct, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2001, p. x.

35 Ann Marie Rasmussen, « Fathers to Think Back Through : The Middle High German Mother-Daughter and Father-Son Advice Poems Known as Die Winsbeckin and Der Winsbecke », Kathleen Ashley et Robert L. A. Clark. (dir.), op. cit., p. 106-134.

36 On peut ainsi regretter la disparition du Livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses fils, que l’auteur mentionne dans le texte adressé à ses filles. Le livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles publié d’après les manuscrits de Paris et de Londres par M. Anatole de Montaiglon, Paris, Jannet, 1854, p. 4.

37 Ils ne font l’objet d’études comparatives que sous forme d’articles, nous privant d’une synthèse de grande ampleur : Rina Lahav, Constant J. Mews, « Wisdom and Justice in the Court of Jeanne of Navarre and Philip IV : Durand of Champagne, the Speculum dominarum, and the De informatione principum », Viator, 45, 2, 2014, p. 173-200. Le De informatione n’a pas eu la fortune du Speculum, resté dans l’ombre du texte de Gilles de Rome. Kathleen Ashley, « The French Enseignemenz a Phelippe and Enseignement a Ysabel », dans Mark D. Jonston (dir.), Medieval Conduct Literature : An Anthology of Vernacular Guides to Behaviour for Youths with English Translations, Toronto, University of Toronto Press, 2009, p. 3-22 ; ainsi que, pour Christine de Pizan, Kate Langdon Forhan, The Political Theory of Christine de Pizan, Ashgate, Women and Gender in the Early Modern World, 2002, 204 p. ; Florence Xiangyun Zhang, « Du Miroir des Princes au Miroir des Princesses », Art. cit. ; ainsi qu’une discrète invitation dans la récente édition de la Cité des dames à propos du Livre de corps de policie et du Livre des trois Vertus : « les deux ouvrages, composés à peu près à la même époque, sont à mettre en parallèle. » Le Livre de la Cité des dames, éd. cit., p. 127, n. 2.

38 Claudia Wittig, Learning to be Noble in the Middle Ages. Moral Education in North-Western Europe, Turnhout, Brepols, 2022, 296 p.

39 Nombre de textes adressés aux femmes, qu’elles soient princesses ou d’extraction moins prestigieuse, proposent des commentaires sur les vices et les vertus et sont étroitement associés à d’autres textes qui ne sont pas particulièrement adressés aux femmes : le Speculum Dominarum de Durand de Champagne aurait inspiré le Speculum morale attribué à Vincent de Beauvais (Anne Flottès-Dubrulle, Speculum dominarum, Paris, École nationale des chartes, « Mémoires et documents de l’École des chartes », 2018, p. 51), le Mesnagier de Paris contient un présentation en septénaire des vices et des vertus qui a souvent été rapprochée de la Somme le roi composée par frère dominicain Laurent du Bois (voir notamment les travaux de Karin Ueltschi). C’est d’ailleurs La Somme le roi que l’on retrouve dans la copie conservée à Philadelphie du Miroir des bonnes femmes (University of Pennsylvania, Kislak Center for Special Collections, Lawrence J. Schoenberg Collection, Ms. 659, f. 65r-84v).

40 Charles F. Briggs et Cary J. Nederman, « Western Medieval Specula, c. 1150–c. 1450 » dans Noëlle-Laetitia Perret et Stéphane Péquignot (dir.), op. cit., p. 186-188.

41 Alice Hentsch, De la littérature didactique du Moyen Âge s’adressant spécialement aux femmes, Cahors, Imprimerie A. Coueslant, 1903, 238 p.

42 Albert Werminghoff, « Die Fürstenspiegel der Karolingerzeit », Historische Zeitschrift, 89, 1902, p. 193-214. La formule connaît vite le succès dans le champ allemand, repris par Ernst Booz (Die Fürstenspiegel des Mittelalters bis zur Scholastik, Fribourg, C.A. Wagner, 1913) et popularisée par Wilhelm Berges dans sa thèse, Die Fürstenspiegel des hohen und späten Mittelalters, 1938.

43 Déjà conçue comme objet d’études par Jules Michelet, Le Prêtre, la Femme et la Famille, Paris, Comptoir des Imprimeurs-Unis, impr. Ducessois, 1845, puis par Charles Jourdain, « Mémoire sur l’éducation des femmes au Moyen Âge », Mémoires de l’Institut national de France, t. 28, 1ère partie, 1874, p. 79-133 et Paul Rousselot, Histoire de l’éducation des femmes en France, Paris, Didier et Cie, 1883.

44 Un objectif pour le moins inachevé, voir Charles F. Briggs et Cary J. Nederman, Art. cit., p160-197.

45 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », op. cit., p. 45.

46 Ibid, p. 62.

47 Ibid., p. 43.

48 Madeline H. Caviness, « Féminisme, Gender Studies et études médiévales », Diogène 225-1, 2009, p. 33-54.

49 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 43.

50 Mary Carruthers, Machina memorialis ; méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen Âge, Paris, Gallimard, 2002, 464 p.

51 Herbert Grabes, op. cit., p21.

52 Le miroir aux dames, manuscrit Cambridge, Corpus Christi College, 324, f. 2v.

53 Le miroir des bonnes femmes, manuscrit Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2156, f. 2r-2v.

54 Le livre du chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, éd. cit., p. 5.

55 Fabienne Pomel, « Présentation : réflexions sur le miroir », Art. cit. p. 17-28.

56 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 58. Teresa de Lauretis se fonde ici sur la définition d’« interpellation » développée par Louis Althusser.

57 Dhuoda, Manuel pour mon fils. Pierre Riché (éd.), Bernard de Vregille et Claude Mondésert (trad.), Paris, Éditions du Cerf, « Sources chrétiennes », 225bis, 1997, p. 80-83 : « Comme aussi certaines femmes ont l’habitude d’examiner leur visage dans leur miroir pour en nettoyer les taches et en faire ressortir l’éclat dans l’intention de plaire à leur mari ; ainsi je souhaite que toi, pressé par la foules des occupations du monde et du siècle, tu ne négliges pas de lire souvent en souvenir de moi ce petit livre, comme s’il s’agissait d’un miroir et d’un jeu de table […] Tu y trouveras aussi un miroir dans lequel tu pourras contempler sans hésitation le salut de ton âme, en sorte que tu puisses en tout plaire, non seulement au monde mais à Celui qui t’a formé du limon de la terre. »

58 Pierre Choisnet, Le rosier des guerres, enseignements de Louis XI roy de France pour le dauphin son fils, Maurice Diamantberger, Paris, Bernouard, 1925, p. 64.

59 Herbert Grabes, op. cit. p. 39 ; Einar Már Jónsson, Le miroir, naissance d’un genre littéraire, op. cit., p. 169 ; Margot Schmidt, « Miroir », Dictionnaire de la spiritualité. Ascétique et mystique. Doctrine et histoire, Paris, Beauchesne, t. 10, col. 1290-1303, 1980.

60 Voir Marie-Claude Malenfant, Argumentaires de l’une et l’autre espèce de femme. Le statut de l’exemplum dans les discours littéraires sur la femme (1500-1550), Laval, Les Presses de l’Université de Laval, 2003, 548 p. qui analyse au tournant de la Renaissance les stratégies rhétoriques et argumentatives des discours de la querelle des femmes qui prennent leurs sources au Moyen Âge et décrit « les autorités philosophiques, théologiques, juridiques ou médicales » comme une « armature épistémique » tant dans les discours pro que contra féminins.

61 Fray Martín de Córdoba, Jardín de nobles donzellas, Harriet Goldberg (éd.), Chapel Hill, University of North Carolina department of romance languages, 1974 : « Aristote dit que les femmes sont généralement inconstantes & passent sans cesse du coq à l’âne [...] Parfois, c’est la féminité qui en est la cause, car les femmes ont d’autres passions que les hommes. Ainsi la femme qui veut être vertueuse doit se mettre en accord avec elle-même et se dire : comme je suis une femme, je dois regarder les défauts qui généralement concernent les femmes et y prendre garde [...] Les dames du passé nous enseigneront cette constance et cette fermeté d’intention. » (traduction de Jeanne Mousnier-Lompré).

62 Mirko Pinieri, « Soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires », op. cit.

63 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 61.

64 Ibid., p. 86.

65 Ibid., p. 74.

66 Anne Paupert, « Les débuts de la Querelle : de la fin du xiiie siècle à Christine de Pizan », dans Armel Dubois-Nayt, Nicole Dufournaud et Anne Paupert (dir.), Revisiter la querelle des femmes 3 : Discours sur l’égalité-l’inégalité des sexe, de 1400 à 1600, Saint-Étienne, L’école du genre. Nouvelles recherches, 2013, p. 23-37 ; Ana Martinez Vargas, La querella de las mujeres en los reinos hispánicos : Los textos en defensa de las mujeres (siglo XV), Madrid, Fundamentos, « Ciencia », 2016, 370 p.

67 Henri de Gauchy, Li livres du gouvernement des rois, a XIIIth century French version of Egidio Colonna’s treatise De regimine principum, Samuel Paul Molenaer (éd.), New-York et Londres, MacMillan, 1899, p. 183 : « ele a le cors mauvesement complexioné, et la molesce de la char ne prove pas bone complexion en li, ainz proeve en li grant abundance de chalour, de il covient les femmes avoir defaite de reson et avoir conseil de petite value ».

68 Sur ce thème du conseil des femmes, voir Misty Schieberle, Feminized Counsel and the Literature of Advice in England, 1380-1500, Turnhout, Brepols, 2014, 244 p.

69 Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, Charity Cannon Willard, Eric Hicks (éd.), Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque du xve siècle », 50, 1989, p. 35.

70 Fray Martín de Córdoba, op. cit., p. 156 : « L’autre propriété vient du fait que la côte résonne, ce qui signifie que la femme abonde en paroles et en mots plus que l’homme [...] Que l’on ne voie pas dans ce portrait la volonté de les déshonorer, car Dieu savait bien qu’ils les avaient créées volubiles, tout d’abord parce qu’elles ont révélé aux hommes la résurrection de Jésus et parce que, par leur langue, ce miracle a été rendu public. »

71 Helen Swift, Writing, and Performance: Men Defending Women in Late Medieval France (1440-1538), Oxford, Oxford University Press, « Oxford Modern Languages Monographs », 2008, p. 199: « Christine appears to be trying to disrupt this matrix of coherent binarity which opposes masculine to feminine, and which branches out to embrace gendered oppositions between qualities that are weighted in favour of a male hegemony ».

72 Teresa de Lauretis qualifie ce renversement qui reste « au sein de la différence de genre » d’ « androgynisation », à savoir « revendiquer la même expérience des conditions matérielles pour les deux genres dans une classe, une race ou une culture données ». Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », op. cit., p. 57.

73 Ibid., p. 87.

74 Nicolas Michel, « Pour une redéfinition du “genre” des miroirs aux princes. Bilan et perspectives de recherches », op. cit., p. 7-66. C’est d’ailleurs le seul moment où les femmes sont envisagées comme destinataires potentielles des miroirs aux princes, en tant que princes territoriaux.

75 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Art. cit., p. 86.

76 Jehan Bonost et Jacques de Templeuve, Inventaire de la librairie de Philippe le Bon, Georges Doutrepont (éd.), Genève, Slatkine, 1977 [Paris, Champion, 1906] ; Pierre Champion, La librairie de Charles d’Orléans, Genève, Slatkine, 1975 [1910] ; Jules Guiffrey, Inventaire de Jean duc de Berry (1401-1416), 2 vols, Paris, E. Leroux, 1894-1896.

77 Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Anne-Marie Legaré (éd.), Turnhout, Brepols, 2007, 392 p.

78 Les femmes, la culture et les arts en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Cynthia J. Brown et Anne-Marie Legaré (dir.), Turnhout, Brepols, 2016, 568 p.

79 Colette Beaune et Élodie Lequain, « Marie de Berry et les livres », Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Anne-Marie Legaré (dir.), Turnhout, Brepols, 2007, p. 49-66 ; Delphine Jeannot, « Les Bibliothèques de princesses en France du temps de Charles VI : l’exemple de Marguerite de Bavière », art cit., p. 191-210 ; Samuel Gras, « Les Manuscrits enluminés pour Jeanne de France, duchesse de Bourbon », Les femmes, la culture et les arts en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols, 2016, p. 55-71.

80 S. C. Kaplan, Womens Libraries in Late Medieval Bourbonnais, Burgundy, and France : A Family Affair, Liverpool, Liverpool University Press, 2022, 304 p.

81 Arturo Jiménez Moreno, La incorporación de la mujer a la cultura escrita en el siglo XV : análisis contextual y censo de lectoras en Aragón, Castilla y Portugal, Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, 2023, p. 37 : « Por ese motivo, prefiero usar el término disposición que me parece más útil y ajustado, antes que el de la mera propiedad ».

82 S. C. Kaplan, Appendix C, « The Library at Moulins (c. 1400-c. 1523) », Art. cit., p. 197-302.

83 Colette Beaune, Élodie Lequain, « Marie de Berry et les livres » , art cit.

84 Anne-Marie Legaré, « Charlotte de Savoies Library and Illuminator », Journal of Early Book Society for the Study of Manuscripts and Printing History, 2001, « Women and Book Culture in Late Medieval and Early Modern France » 4, p. 32-87.

85 Jehan Bonost et Jacques de Templeuve, op. cit.

86 Arthur-Michel de Boislille, « Inventaire des bijoux, vêtements, manuscrits et objets précieux appartenant à la comtesse de Montpensier (1474) », Annuaire Bulletin de la Société de l’histoire de la France 17, 1880, p. 269-309. Notons que, si Gabrielle hérite d’ouvrages de son père, ce n’est pas le cas pour ces deux-là.

87 Londres, British Library, Royal, 19 C. VII, f. 1-122 ; Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2687 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1190 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1505 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 24397 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 24398.

88 Le Secret des secrets n’a pas pu être pleinement intégré dans cette étude qui ne prétend pas à l’exhaustivité.

89 Sur ce manuscrit fascinant : Marleen Marynissen, « The Epître Othéa in ms. 4373-76 : an enigma in the Royal Library », In Monte Artium 5, 2012, p. 95-106.

90 Roberta L. Krueger, Art. cit.

91 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 2156.

92 Dijon, Bibliothèque municipale, 213. Il s’agit du prologue de la traduction française par Jean de Vignay des enseignements de Théodore Paléologue, connus en latin sous le titre De regimine principis, lesquels sont donc considérés comme relevant des miroirs aux princes.

93 Philadelphia, University of Pennsylvania, Kislak Center for Special Collections, Rare Books and Manuscripts, Lawrence J. Schoenberg Collection, 659.

94 La Somme le roi par Frère Laurent, Edith Brayer et Anne-Françoise Leurquin-Labie (éd.), Paris, Société des anciens textes français, 2008, p. 27-30.

95 Jérôme Baschet, Chapitre 3 « Masculin et féminin : dualité de la personne et distinction de sexe », Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, « Au fil de l’histoire », 2016, p. 103.

96 Ce texte a été édité récemment : Jean de Vignay, Le Jeu des échecs moralisés, Antoine Ghislain (éd.), Louvain, Presses Universitaires de Louvain, 2023, 262 p.

97 Kathleen Ashley, « The Miroir des bonnes femmes : not for women only ? », Kathleen Ashley et Robert L. A. Clark (dir.), op. cit., p. 86-105.

98 Dijon, Bibliothèque municipale, 213, f. 139r-140r, v. 1405.

99 Hanno Wijsman, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Turnhout, Brepols, 2010, p. 323.

100 Nous renvoyons à la contribution dans le présent volume de Bénédicte Milland-Bove, et aux réactions indignées des lecteur·rices inscrites dans les marges des manuscrits conservant l’histoire de Grisélidis.

101 Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, « TEL », 1978, p. 174.

102 Glenn Burger, Conduct Becoming. Good Wives and Husbands in the Later Middle Ages, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2018, 272 p.

103 Inversement, on pourrait se demander quel rôle et quelle place tiennent les femmes dans les miroirs aux princes.

104 Voir note 34.

105 Christine de Pizan, Le livre des trois vertus, éd. cit., p. 9.

106 Ibid.

107 Christine de Pizan, op. cit., p. 30.

108 Gómez Manrique, Regimiento de príncipes y otras obras, Augusto Cortina (éd.), Madrid, Coleccion Austral, 2006, 165 p.

109 Fray Íñigo de Mendoza, « Coplas [...] en que declara cómo por el advenimiento destos muy altos señores es reparada nuestra Castilla », Cancionero, Julio Rodríguez-Puértolas (éd.), Madrid, S. A. Espasa-Calpe, 1968, p. 318-346.

110 Laura Baldacchino, Étude et édition critique du Libro de las donas, traduction castillane du Llibre de les dones de Francesc Eiximenis (chapitres 1 à 100), thèse de doctorat préparée sous la direction de Hélène Thieulin-Pardo et Carlos Heusch à Sorbonne Université et l’ENS de Lyon, soutenue le 6 octobre 2023, p. 92.

111 Alonso Ortiz, Diálogo sobre la educación del Príncipe don Juan, hijo de los Reyes Católicos, siglos XV-XVI, Giovanni Maria Bertini (éd.), Madrid, Turanzas Ediciones, 9, 1983, 250 p.

112 Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », op. cit., p. 88.

113 Roberta L. Krueger, Art. cit., p. 105.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Clémentine Girault et Jeanne Mousnier-Lompré, « Les miroirs médiévaux : réflexions génériques et genrées »Perspectives médiévales [En ligne], mis en ligne le 31 décembre 2024, consulté le 16 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/peme/54220

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Auteurs

Clémentine Girault

Doctorante contractuelle et chargée d’enseignement en histoire médiévale – Université de Paris Cité – I CT (EA 337) – France

Jeanne Mousnier-Lompré

Doctorante contractuelle en langue et littérature médiévales – Université Grenoble-Alpes – France

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Droits d’auteur

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