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Innovazione linguistica e storia della tradizione. Casi di studio romanzi medievali, a cura di Stefano Resconi, et alii

Milano-Udine, Mimesis Edizioni, 2020
Andrea Giraudo
Référence(s) :

Innovazione linguistica e storia della tradizione. Casi di studio romanzi medievali, a cura di Stefano Resconi, Davide Battagliola, Silvia De Santis, Milano-Udine, Mimesis Edizioni, « Mirails » 3, 2020, 430 p.

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Texte intégral

1Cet ouvrage représente le résultat final d’un intéressant colloque organisé par l’Université de Milan en mai 2019, consacré à l’analyse d’une série de cas tirés de la littérature romane médiévale, tous caractérisés par la dialectique entre « innovation linguistique » et « histoire de la tradition ». Après un avant-propos de Maria Luisa Meneghetti (p. 9-12), le recueil est divisé en quatre sections. La première, intitulée Lingua del testo, lingue della tradizione, lingua dell’edizione (p. 15-104), contient trois essais qui, à partir de cas concrets, traitent de questions théoriques de grande pertinence.

2L’essai de Lino Leonardi, « L’innovazione linguistica fra storia della tradizione e critica del testo » (p. 15-33), s’appuie sur des exemples tirés de l’édition de Guittone d’Arezzo et du cycle de Guiron le Courtois. Ces cas, bien que presque aux antipodes pour de nombreuses raisons, permettent de réfléchir de manière fructueuse et à partir de points de départ différents sur la fonctionnalité des stemmata codicum et surtout sur ce qu’est la « forme linguistique » dans les textes. Le cas de Guittone met en évidence les potentialités (et la finesse) de l’analyse stratigraphique pour l’identification de la langue de l’auteur, analyse qui étend la réflexion au-delà de l’orthographe et de la phonétique, pour embrasser les domaines du lexique et de la syntaxe. La révision critique du concept de forme (et donc des critères qui permettent de la définir) est d’ailleurs un des résultats méthodologiques atteints par l’équipe d’éditeurs du cycle de Guiron : dans cette perspective, le concept de forme inclut non seulement l’aspect graphico-phonétique, mais « una più ampia fenomenologia linguistica, dalla fraseologia al lessico alla sintassi » (p. 31), avec les conséquences évidentes que cela implique lors du choix du manuscrit de référence linguistique.

3La contribution de Raymund Wilhelm, « Storia dei testi e cambiamento linguistico. Con appunti sulla legge Tobler-Mussafia in testi lombardi del Quattrocento » (p. 41-66), vise à explorer les conséquences d’une conception dynamique du texte en ce qui concerne la description des variétés linguistiques médiévales, c’est-à-dire : comment tenir compte de l’hétérogénéité qu’on trouve dans les textes médiévaux afin de « sfruttare tale eterogeneità per una riflessione sul cambiamento lingustico » (p. 45). Après un bref rappel des positions de Coseriu, Weinreich, Labov, Herzog et Varvaro à propos du changement linguistique, Wilhelm se propose d’évaluer comment l’étude des variantes de copie permet de mieux comprendre ce phénomène en tant que « processus ». Pour ce faire, il étudie le comportement, par rapport à la loi Tobler-Mussafia, d’une série de poèmes hagiographiques lombards copiés avant la fin du 1490 par Giovanni de’ Dazi. Son analyse montre que « la precisa regolarità dell’italiano antico […] non è più valida per Giovanni de’ Dazi » (p. 53) et que les tendances identifiées constituent des faits dynamiques attestant d’un changement linguistique, ou plutôt d’une perception de la norme qui avait désormais changé. Dans le domaine de nos études il faut donc, pour Wilhelm, « abbandonare […] la concezione del cambiamento linguistico come un susseguirsi di sistemi coerenti » (p. 57) pour penser les langues médiévales comme « lingue in fieri […] paragonabili a ciò che spesso si intende per koinè » (p. 58). Dans cette perspective, les variantes de copie nous permettent de « sorprendere il farsi della lingua » (p. 59) et donc d’aborder le changement linguistique en tant que « processus ».

4En conclusion de la première section, l’essai de Fabio Zinelli, « Attrito, resistenza e fluidità nella ricodificazione linguistica dei testi romanzi (con particolare attenzione per le tradizioni in contatto) » (p. 67-104), propose une application très intéressante des concepts de friction, résistance, fluidité et convergence à la tradition manuscrite des textes, en étudiant, avec une approche empruntée à la sociolinguistique et à la linguistique de contact, une série de cas tirés de différents domaines. Dans la Vida de Sant Honorat et dans la lauda O Battista glorioso, les copistes sont des locuteurs des langues des textes (L1), à savoir provençal et italien. Par contre, les textes composés dans la scripta d’outre-mer (L1) sont transmis à la fois par des témoins composés dans des contextes L1 (Bible d’Acre) et par des manuscrits issus de contextes L1 et L2 (ici l’italien ; voir la Continuation d’Acre, dont un témoin vient de l’atelier de Gênes, et l’Histoire ancienne, qui présente trois manuscrits copiés en Italie). Toujours dans cette sphère, il est possible d’apprécier la résistance d’un arabisme (farize ‘femelle du cheval’) dans la tradition du Trésor de Brunetto Latini et du Sidrac. Un autre cas encore est offert par les textes qui se retrouvent à passer entre les mains de copistes qui parlent une autre langue . À ce propos, Zinelli réfléchit sur deux groupes de poèmes français pour musique, copiés tout d’abord en occitan (L1) et ensuite transcrits dans un témoin italien (L2 : Magliabechiano VII 1040 de la Bibliothèque nationale de Florence) et dans un autre catalan (L2 : Vega-Aquiló). Il s’agit de manuscrits qui contiennent respectivement des œuvres italiennes des xiiie et xive siècles et des textes d’auteurs catalans « scritti in una lingua coincidente con quell’occitanico a vario grado di ibridazione che è la lingua della poesia in Catalogna fino all’avvento di Auzias March » (p. 90). C’est précisément la présence de ces textes de contrôle en L2 (italien et catalan) qui permet d’observer les interférences linguistiques en cours, compte tenu de l’existence de phénomènes de koinè.

5La deuxième section, intitulée Tradizioni liriche romanze (p. 107-223), rassemble quatre contributions qui portent respectivement sur la tradition galicienne-portugaise, l’occitane et la française.

6Dans leur essai, « La lengua de la lírica gallego-portuguesa en el devenir de la tradición manuscrita » (p. 107-152), Mercedes Brea et Pilar Lorenzo Gradín analysent les variantes de la première et deuxième personne du parfait fort des verbes aver, dizer, fazer, poder et querer dans les cantigas communes aux chansonniers d’Ajuda (A), de la Bibliothèque de Lisbonne (B) et/ou de la Bibliothèque Apostolique du Vatican (V). Cette analyse révèle, comme on pouvait s’y attendre, « un cierto polimorfismo » (p. 141) des chansonniers. Cela peut s’expliquer à la fois par la coexistence habituelle de variantes « en un sistema lingüístico en fase de consolidación » (p. 142), à la fois en tenant compte du processus d’homogénéisation de sources d’origines différentes, dans lesquelles des micro-normes linguistiques pouvaient déjà avoir été établies. Au-delà de cela, est très évidente la volonté de « construir un modelo lingüístico específico para la lengua literaria » (p. 142) : malgré leurs différences, les chansonniers plus orientés vers le galicien (comme A) et ceux plus proches du portugais (comme B et V) constituent « todo juntos […] ese universo poético que conocemos como ‘lirica gallego-portuguesa’«  (p. 142), où, d’après Brea et Lorenzo Gradín, les différentes couches linguistiques configurent un diasistema.

7La contribution de Riccardo Viel, « Stratigrafia linguistica dei primi trovatori. Note e sondaggi su alcuni fatti di rima » (p. 153-174), se concentre sur une phase précise de la tradition des troubadours, à savoir la période comprise entre Guillaume IX et la date de composition du chansonnier provençal D. Viel essaie de déterminer « l’aspetto originario, perlopiù còlto nella sua evoluzione, della scripta di questi testi » (p. 153). En basant son analyse sur quelques faits de rimes, il arrive à se demander si, au lieu des irrégularités, il ne faut pas penser aux traces d’un « più antico e sommerso sistema grafico » (p. 169). Sur cette base, il suggère que le point de départ de la première poésie troubadouresque doit être la tradition de la littérature aquitaine du xie siècle et des premiers monuments vernaculaires. La normalisation de la scripta troubadouresque, à mettre en relation avec la constitution de la forme-chansonnier en Italie du Nord entre 1230 et 1250, aurait ainsi occulté la langue des premiers poètes en langue d’oc, qui ne peut aujourd’hui être appréciée que dans la varia lectio.

8Stefano Resconi, dans son essai « Le doppie trascrizioni nei canzonieri francesi : implicazioni ecdotiche e linguistiche » (p. 175-196), identifie sept étiologies de la double transcription de textes des trouvères (réorganisation partielle des sources ; intervention de différentes mains ; valorisation de textes musicaux alternatifs ; variantes d’incipit ; variantes éditoriales ; divergences attributives ; erreurs du copiste ou du compositeur), en recherchant et en étudiant dans chaque cas les implications linguistiques possibles.

9La contribution de Maria Sofia Lannutti, « I testi in francese nelle antologie dell’Ars Nova : primo approccio complessivo » (p. 197- 223), dresse un premier bilan sur les caractéristiques linguistiques des textes français de l’Ars Nova. À partir du constat que le répertoire de l’Ars Nova présente « un insolito multilinguismo » (p. 199), Lannutti signale que le premier facteur à prendre en compte, dans l’étude des textes en français, est l’origine des polyphonistes (qui peuvent aussi être les auteurs des textes). Dans cette perspective, la chercheuse note la coprésence possible d’au moins quatre systèmes linguistiques : la koinè de la poésie lyrique française du xive siècle (francien avec des traits picards) ; des traits dûs à la langue des auteurs (français ou italiens) ; la langue des copistes (du Nord de l’Italie ou de la Toscane) ; d’autres interférences possibles, héritées de modèles perdus. Le cas des textes français, bilingues ou trilingues mis en musique par des polyphonistes italiens (encore une fois provenant du Nord ou de la Toscane), habitués à entonner des textes italiens est encore différent : ici, la scripta présente un plus grand nombre de formes italiennes, ce qui amène à se demander s’il s’agit d’une langue mixte d’auteur ou de l’interférence des copistes.

10Le français est le protagoniste absolu de la troisième et plus grande section du volume, intitulée Spazi e confini del francese nelle scriptae medievali : indagini stratigrafiche (p. 225-354), qui rassemble six essais.

11Le premier, de Laura Minervini, s’intitule « Due copisti al lavoro : il caso del manoscritto W della Chanson d’Aspremont » (p. 227-242) et se concentre sur le ms. Nottingham, University Library, WLC/LM/6 ( = W), situé dans le Nord-Est et rédigé par deux copistes (W1 et W2) qui se relaient au niveau de la laisse 178 de la Chanson d’Aspremont. À partir d’un modèle « che presumiamo orientale ma derivato da una canzone occidentale » (p. 232), W1 et W2 tendent à accentuer les traits graphico-phonétiques et morphologiques nord-orientaux, tout en étant prudents à l’égard de la composante lexicale occidentale : en faisant cela, ils créent un texte linguistiquement hybride dans lequel les particularités de chaque copiste sont assez clairement identifiables.

12Silvia De Santis, dans sa contribution intitulée « I testimoni W e C del Roman de Troie di Benoît de Sainte-Maure : rapporti ecdotici e aspetti linguistici » (p. 243-270), se concentre sur les témoins W (Wien, Österreichische Nationalbibliothek, Cod. 2571) et C (Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 782) du Roman de Troie. La qualité de descriptus de C, démontrée par De Santis, permet de mener les analyses ecdotiques et linguistiques dans une condition très particulière. Puisqu’il est possible de « distinguere i fenomeni ereditati dai modelli da quelli introdotti dai singoli copisti », on peut « collocare le innovazioni nella diacronia della trasmissione testuale » (p. 258). L’analyse linguistique conduit à deux hypothèses principales : d’une part, elle met en évidence un processus d’italianisation du texte qui, déjà en cours dans W, est plus accentué dans C ; d’autre part, en excluant un atelier vénitien pour les deux témoins, De Santis peut avancer avec prudence une localisation des deux copistes à Bologne dans la première moitié du xive siècle.

13L’essai de Fabrizio Cigni, « Scriptorium o tradizione regionale ? Questioni aperte intorno al “gruppo pisano-genovese” » (p. 271-286) part de la difficulté à voir, derrière tous les manuscrits du groupe « pisano-genovese », un seul atelier et une seule équipe de travail. La conclusion à laquelle arrive Cigni, après avoir examiné plusieurs manuscrits et fait des observations intéressantes sur les souscriptions et le rôle des mécènes, porte sur la position et l’importance de Gênes, qui demeure centrale « a patto però che la sua centralità debba essere assunta di volta in volta in maniera dinamica e varia » (p. 279).

14Davide Battagliola, dans sa contribution « Sulla sezione francese del Pluteo 41.42 » (p. 287-303), travaille sur la section finale du chansonnier provençal P, qui contient le Blasme des fames et le Livre de moralitez. Partant de la « dimostrata unità codicologica » (p. 289), Battagliola fait l’hypothèse convaincante d’une unité thématique du codex, donnée par la consonance entre les tons moralisateurs des textes français avec les autres unités textuelles du manuscrit, en particulier les coblas esparsas. Sur le plan linguistique, c’est le Livre qui permet l’analyse la plus fructueuse. Au français du Nord-Est du modèle, en effet, s’ajoute un provençalisme (ieu), des italianismes du Nord et d’autres traits propres au copiste (italien aussi, mais du Centre). Il est donc aisé pour Battagliola d’associer ces éléments aux données linguistiques de l’Italie du Nord recueillies par Stefano Resconi et Giuseppe Noto dans d’autres parties du codex, et d’arriver ainsi à l’hypothèse que le Pluteo a joué « un ruolo determinante nella traduzione del trattato morale francese [il Livre] in lingua italiana » (p. 297), alors que pour son scriptorium on entrevoit un rôle « nevralgic[o] per la produzione in francese e provenzale nell’Italia tra Due e Trecento » (p. 298).

15Giovanni Palumbo, dans son essai « Stratigrafia linguistica e testimone unico : il “francese di Napoli” nel ms. BnF, fr. 4274 » (p. 305-324), propose l’analyse linguistique du seul témoin conservé des Statuts de l’Ordre du Saint-Esprit, à savoir un excellent reflet des problèmes posés par le phénomène complexe du « français de Naples ». De l’analyse de Palumbo (qui prend également en compte le français de la source, les Statuts de l’Ordre de l’Étoile) ressort l’italianité non seulement du copiste et du décorateur, mais aussi de l’auteur du texte, dont « la conoscenza del francese, senz’altro di buon livello, s’innesta […] sul fondo di una varietà italo-romanza » (p. 315). Une analyse plus approfondie dans cette direction permet à Palumbo d’émettre l’hypothèse de l’origine toscane de l’auteur des Statuts, en proposant ainsi un aspect « tosco-napolitain » du « français de Naples ».

16La contribution « Per la tradizione dell’Eracles : copie occidentali di modelli oltremarini », de Massimiliano Gaggero (p. 325-353), conclut cette section. Gaggero analyse le « moto di ritorno » (p. 325) de la tradition de l’Eracles, d’outre-mer vers l’Occident. Son enquête, menée sur quatre manuscrits (Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 2634 et 9082 ; Amiens, Bibliothèque municipale, 483 ; Berne, Burgerbibliothek, 25), tient compte de deux facteurs principaux : le « grado di compatibilità tra le forme del francese di Oltremare e la scripta del copista » et la « transizione dal francese della fine del XIII secolo a quello del XIV o del XV » (p. 327). De cette analyse détaillée, il ressort que les copistes (fr. 2634 : Île-de-France ; fr. 9082 : Rome, mais de formation française ; Amiens 483 : Flandres ; Berne 25 : France du Nord) tendent à supprimer les traits d’outre-mer qui leur sont étrangers, en particulier ceux que l’on trouve dans la scripta française d’Occident, pour viser au contraire une langue peu caractérisée, « che prediligeva ormai altre soluzioni grafiche rispetto a quelle selezionate oltremare » (p. 347).

  • 1 Il manoscritto Saibante-Hamilton 390. Edizione critica diretta da Maria Luisa Meneghetti, coordinam (...)

17La quatrième et dernière section du volume, intitulée Le stratificazioni del codice Saibante-Hamilton 390 (p. 357-407), rassemble trois contributions de membres de l’équipe qui a travaillé sur le célèbre recueil de textes latins et poésie didactique vernaculaire de l’Italie du Nord du xiiie siècle, le ms. Berlin, Staatsbibliothek, Hamilton 390 (le travail a été publié récemment1).

18Le premier essai, toujours de Davide Battagliola et intitulé « De ramo a radice : infiltrazioni volgari nel latino del codice Saibante-Hamilton 390 » (p. 357-366) se développe à partir du recueil des formes de l’édition. Pour étudier la « patina volgareggiante » (p. 357) qui caractérise souvent la langue des textes latins et « l’interscambio tra volgare e latino » (p. 358) Battagliola part des légendes dans lesquelles le nombre de vulgarismes est très élevé ; il mentionne ensuite les cas inverses, où c’est le latin qui agit sur la physionomie des textes italiens, pour terminer son analyse en se concentrant sur les influences vernaculaires au niveau des structures phonétiques et morphologiques du latin, avec une attention particulière au système verbal. La considération que « la degradazione […] di questo latino [ha] determinato scelte non banali in sede di interventi editoriali » (p. 363) amène Battagliola à réfléchir sur un texte des Exempla (XI, 5) : ici, la stratification culturelle d’une expression (à l’origine biblique, puis devenue proverbiale et attestée également dans deux poèmes occitans), lui permet de localiser avec prudence le manuscrit dans le milieu culturel de Trévise, notoirement ouvert à la littérature gallo-romane.

19La contribution de Giuseppe Mascherpa, « Sulla lingua dei Disticha Catonis e del Pamphilus volgari : tangenze, distanziamenti e una proposta interpretativa » (p. 367-386), est consacrée à l’analyse des deux textes bilingues latin-italien qui respectivement ouvrent et ferment le manuscrit Saibante. Tous deux « capisaldi dell’insegnamento del latino » (p. 367), les textes font penser, par leur traduction servile et par la disposition sur des colonnes côte à côte ou en rangées alternées, à la reprise de matériaux scolaires, où la traduction était conçue comme une aide didactique, avec toutefois quelques différences : une intention principalement propédeutique pour le traducteur des Disticha, quelques tentatives d’élaboration stylistique dans le cas du Pamphilus. L’analyse linguistique approfondie, à partir de la localisation vénitienne proposée par Adolf Tobler en 1883 et 1886, permet à Mascherpa non seulement de certifier la provenance des deux textes du milieu des « maestri di grammatica attivi in Laguna intorno alla metà del Ducento » (p. 380), mais aussi de détecter des traits différentiels, probablement attribuables à différents copistes, et des traits du Nord-Est de l’Italie que, par contre, il faut attribuer à la main qui a fusionné les textes, juste en amont du Saibante.

20Le dernier essai de la section, de Roberto Tagliani, s’intitule « Stratificazioni di lingua, d’edizione e di commento nella storia critica dei Proverbia que dicuntur super natura feminarum » (p. 387-401) et est consacré à l’identification de quelques formes de stratification abordées dans l’édition du texte. D’abord, la difficulté à reconnaître le philosophe Antipato dans le quatrain XXXI (Virgile ? Aristote ? Antipater ?) permet à Tagliani d’explorer de nombreux « cortocircuiti letterari » (p. 392) ; dans le quatrain CLVI, on trouve l’hapax moutó (« mouton »), peut-être dû à la culture gallo-romane de l’auteur ou développé pendant dans la chaîne de copie ; enfin, le dernier hémistiche (v. 592) du quatrain CXLVIII permet à l’éditeur de retracer et d’évaluer diverses possibilités d’intervention.

21Le volume, qui est complété par un Indice dei nomi e delle opere anonime par Davide Battagliola, a fait l’objet d’une relecture approfondie (seules quelques erreurs insignifiantes ont été relevées). Il se recommande à l’attention des chercheurs – surtout en domaine français et italien, alors que l’espace consacré à l’occitan et à l’Iberoromania est plus réduit – pour une complémentarité judicieuse entre discours sur la méthode (qui caractérise surtout, mais pas seulement, la première section) et travail sur et avec les textes. Cette double perspective permet de relancer, avec de nouvelles approches, la réflexion sur l’un des problèmes les plus anciens de la discipline, à savoir le rapport entre la forme et la substance textuelle.

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Notes

1 Il manoscritto Saibante-Hamilton 390. Edizione critica diretta da Maria Luisa Meneghetti, coordinamento editoriale di Roberto Tagliani, con saggi, edizioni, formario e indici di M. G. Albertini Ottolenghi, D. Battagliola, S. Bertelli, M. Gaggero, R. E. Guglielmetti, S. Isella Brusamolino, G. Mascherpa, M. L. Meneghetti, L. Sacchi, R. Tagliani, Roma, Salerno Editrice, 2019.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Andrea Giraudo, « Innovazione linguistica e storia della tradizione. Casi di studio romanzi medievali, a cura di Stefano Resconi, et alii »Perspectives médiévales [En ligne], 44 | 2023, mis en ligne le 15 février 2023, consulté le 14 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/peme/48726 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/peme.48726

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