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42 | 2021
Les études médiévales face à Gérard Genette

Sous la direction de Isabelle Arseneau, Véronique DOMINGUEZ-GUILLAUME, Sébastien DOUCHET et Patrick Moran
Les études médiévales face à Gérard Genette
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Crédits : S. Douchet

Le décès de Gérard Genette en mai 2018 a donné lieu à de nombreuses rétrospectives sur son œuvre critique, toutes confrontées à un paradoxe : celui d’une œuvre ayant eu la chance et le malheur de devenir une doxa. Elle incarne, aux yeux de nombreux chercheurs, dans le monde francophone et au-delà, une norme poétique et formaliste, offrant à qui veut commenter la littérature dans ses fonctionnements et ses mécanismes internes une grammaire à la typologie aussi précise qu’exhaustive. Cependant, depuis la fin des années 1980, la recrudescence des études contextuelles et le renouveau de l’historicisme ont provoqué une perte de vitesse des approches formalistes ; et l’œuvre de Genette en est venue, pour certains, à symboliser des décennies structuralistes perçues comme froides et desséchantes. « Genette » est ainsi devenu un enjeu épistémologique, pratiquement synonyme du mot « poétique », voire du mot « théorie » ; c’est une étiquette assumée ou rejetée, et qui entraine dans son sillage un ensemble de significations, de parti-pris et de présupposés sur le fait littéraire. Ce numéro de Perspectives Médiévales se propose de prendre place parmi ces rétrospectives, paradoxes compris. Il offre un examen du rapport que les études médiévales  entretiennent  avec l’œuvre de Gérard Genette, en partant d’un premier paradoxe, qui leur est propre : comme la plupart des théoriciens de sa génération, Genette néglige presque entièrement la période médiévale, contribuant à perpétuer l’idée tenace que le Moyen Âge ne peut être traité avec l’apparat théorique approprié aux autres textes littéraires – peut-être parce que la littérature médiévale n’est pas vraiment une littérature. La réflexion paraît pourtant bienvenue, tant les travaux de Genette ont trouvé des échos multiples dans la médiévistique, et ce, bien au-delà de la période structuraliste : ainsi, le Discours du récit dans Figures III a profondément influencé l’approche narratologique des œuvres médiévales, tandis que Palimpsestes modifiait la réflexion autour de l’intertextualité et de la parodie, sans oublier l’apport de Seuils pour l’étude des œuvres dans leur contexte codicologique.

Véronique Dominguez-Guillaume et Sébastien Douchet

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