42 | 2021
Les études médiévales face à Gérard Genette
Le décès de Gérard Genette en mai 2018 a donné lieu à de nombreuses rétrospectives sur son œuvre critique, toutes confrontées à un paradoxe : celui d’une œuvre ayant eu la chance et le malheur de devenir une doxa. Elle incarne, aux yeux de nombreux chercheurs, dans le monde francophone et au-delà, une norme poétique et formaliste, offrant à qui veut commenter la littérature dans ses fonctionnements et ses mécanismes internes une grammaire à la typologie aussi précise qu’exhaustive. Cependant, depuis la fin des années 1980, la recrudescence des études contextuelles et le renouveau de l’historicisme ont provoqué une perte de vitesse des approches formalistes ; et l’œuvre de Genette en est venue, pour certains, à symboliser des décennies structuralistes perçues comme froides et desséchantes. « Genette » est ainsi devenu un enjeu épistémologique, pratiquement synonyme du mot « poétique », voire du mot « théorie » ; c’est une étiquette assumée ou rejetée, et qui entraine dans son sillage un ensemble de significations, de parti-pris et de présupposés sur le fait littéraire. Ce numéro de Perspectives Médiévales se propose de prendre place parmi ces rétrospectives, paradoxes compris. Il offre un examen du rapport que les études médiévales entretiennent avec l’œuvre de Gérard Genette, en partant d’un premier paradoxe, qui leur est propre : comme la plupart des théoriciens de sa génération, Genette néglige presque entièrement la période médiévale, contribuant à perpétuer l’idée tenace que le Moyen Âge ne peut être traité avec l’apparat théorique approprié aux autres textes littéraires – peut-être parce que la littérature médiévale n’est pas vraiment une littérature. La réflexion paraît pourtant bienvenue, tant les travaux de Genette ont trouvé des échos multiples dans la médiévistique, et ce, bien au-delà de la période structuraliste : ainsi, le Discours du récit dans Figures III a profondément influencé l’approche narratologique des œuvres médiévales, tandis que Palimpsestes modifiait la réflexion autour de l’intertextualité et de la parodie, sans oublier l’apport de Seuils pour l’étude des œuvres dans leur contexte codicologique.
Véronique Dominguez-Guillaume et Sébastien Douchet
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Études et travaux
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Introduction [Texte intégral]
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Questions de narratologie
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Seuils et paratextes
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Transtextualités médiévales
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Reading “Guillelme l’Amïable”: Hypertextuality and La Prise d’Orange [Texte intégral]
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Repenser la textualité du Moyen Âge
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En marge de l’histoire : les fictions médiévales et Gérard Genette [Texte intégral]
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État de la recherche
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Ouvrages collectifs
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Essais
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Éditions & traductions
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Veille Bibliographique
Veille assurée par Catherine Nicolas (Université Paul Valéry Montpellier 3) et Francesco Montorsi (Université Lumière Lyon 2). Les ouvrages de la veille bibliographique peuvent faire l'objet de comptes rendus. Les demandes d'ouvrage sont à adresser conjointement à catherine.nicolas@univ-montp3.fr et montorsi.francesco@gmail.com-
Veille bibliographique 2021 [Texte intégral]
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Thèses soutenues
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Thèse de doctorat préparée sous la direction de M. Dominique Boutet, soutenue le 3 décembre 2018 à Sorbonne Université, faculté des Lettres
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Prunelle Deleville, Métamorphose des Métamorphoses, édition critique et étude littéraire des manuscrits Z de l’Ovide moralisé [Texte intégral]Thèse de doctorat soutenue le 13 juin 2019 à l’Université Lumière Lyon 2, sous la direction d’Olivier Collet et de Marylène Possamaï-Pérez, cotutelle Université de Genève-Université Lumière Lyon 2
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Claire Donnat-Aracil, Dire et penser la joie dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci et dans la première Vie des Pères [Texte intégral]Thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme le professeur Catherine Croizy-Naquet, soutenue le 27 novembre 2020 à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris III
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Marie Guérin, Les dames de la Morée franque (xiiie-xve siècle). Représentation, rôle et pouvoir des femmes de l’élite latine en Grèce médiévale [Texte intégral]Thèse de doctorat soutenue le 27 novembre 2014, Paris VII, sous la direction de Monsieur Jean-Claude Cheynet, Professeur, Université Paris Sorbonne – Paris IV
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