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Dossier

Nouvelles découvertes sur le mobilier de l’église d’Espira-de-Conflent : l’inventaire au service de la connaissance historique

New discoveries on the furniture of the Espira-de-Conflent church: inventory at the service of historical knowledge
Catherine Rogé Bonneau

Résumés

Bien plus qu’un simple regard posé ou une connaissance comptable de son patrimoine, l’inventaire des objets mobiliers offre une mise en lumière des œuvres, du contexte de la commande au récit de l’histoire matérielle, livrant un à un, l’ensemble des protagonistes de l’embellissement d’un lieu (commanditaires, sculpteurs, doreurs ...), les techniques utilisées et tout un pan d’histoire aujourd’hui oublié qui liait autrefois pourtant toute une communauté d’habitants. L’inventaire réalisé depuis vingt ans par le Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine en Pyrénées-Orientales, offre également la chance de la sauvegarde des œuvres, la transmission et la mise en valeur de ce patrimoine. L’ensemble de ce travail, minutieux et au long-cours, a pour récompense souvent d’agréables surprises et même parfois des découvertes exceptionnelles, révélées et nourries par la confrontation des données d’inventaire récoltées in-situ et des sources d’archives. Ainsi, l’inventaire et l’étude du mobilier de l’église et ancien prieuré augustin d’Espira-de-Conflent, pourtant un lieu très connu des historiens pour la qualité exceptionnelle de ses œuvres, a révélé de nouvelles découvertes permettant une avancée de la connaissance historique. Leurs récits, nous propulsent au tout début du XVIIIe siècle, au moment de l’arrivée d’un prieur à la personnalité particulière et du renouvellement du mobilier, nous mènent à la rencontre de sculpteurs et doreurs d’exception, une mise en scène retraçant les collaborations et les différentes étapes de l’embellissement de cet édifice, devenu aujourd’hui le conservatoire du baroque en terre catalane.

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Texte intégral

Introduction

1Espira-de-Conflent, petit village des Pyrénées-Orientales près de Prades, saint Graal des initiés, maintes fois cité en exemple et photographié, petit joyau des historiens de notre territoire car l’église Sainte-Marie, autrefois ancien prieuré augustin, est aujourd’hui considérée comme le conservatoire du baroque en Pyrénées-Orientales. Cet édifice a en effet la particularité de conserver un mobilier d’une qualité exceptionnelle, exécuté au début du XVIIIe siècle par de grands artistes, qui ont laissé leurs empreintes, leurs savoir-faire, leurs indices... à qui sait les voir et les comprendre. Devant un édifice tant couru et recherché, nous ne pensions pas lors de la réalisation de l’inventaire, comme pour d’autres communes inexplorées, apporter une nouveauté, ou quelques informations inédites, tant l’église et son mobilier semblaient avoir été étudiés et plusieurs œuvres déjà restaurées.

2Or, c’est tout le contraire car la confrontation entre l’inventaire, les sources d’archives, la restauration des œuvres et l’expérience du Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CCRP) ont donné lieu à de nombreuses découvertes inédites, à de nouvelles réflexions sur certains artistes sculpteurs ou doreurs, sur le contexte des commandes du mobilier, à des avancées dans la connaissance historique et même de nouvelles interrogations. Plusieurs projets de valorisation ont également été initiés ou relancés. Cela démontre l’importance de la réalisation de l’inventaire, de cette étape et de ses conséquences. L’exemple d’Espira-de-Conflent est l’opportunité de transmettre l’expérience originale du CCRP et de révéler les découvertes et avancées historiques au travers d’un inventaire en pays catalan.

L’inventaire et la sauvegarde du patrimoine mobilier en Pyrénées-Orientales au service des œuvres d’Espira-de-Conflent

Le Plan-Objet 66 a 20 ans

  • 1 - Depuis 2006, la Région délègue au CCRP la réalisation de l’inventaire comme auparavant le faisait (...)
  • 2 - Lancé pour répondre aux besoins de conservation des retables des Pyrénées-Orientales, en partenar (...)
  • 3 - Les différentes interventions réalisées dans le cadre du « Plan-Objet 66 » sont entièrement gratu (...)

3Dans les Pyrénées-Orientales, l’inventaire n’est que la première étape d’un vaste programme de sauvegarde des objets mobiliers publics1 conservés dans ce territoire et dénommé le « Plan-Objet 66 ». Commencé en 20022 et conduit par le CCRP, service du conseil départemental, le Plan-Objet 66 consiste à réaliser en plusieurs étapes, l’inventaire exhaustif, l’évaluation sanitaire, les préconisations de traitement, puis les opérations de conservation qui sont nécessaires sur le mobilier conservé dans les édifices dont les communes sont propriétaires. Le but de ce programme est d’aider les communes à connaître, entretenir, valoriser, protéger et transmettre un riche patrimoine difficile à préserver, car il représente un nombre important d’œuvres conservées dans les églises, en bois polychrome pour la plupart, sensibles aux attaques des insectes xylophages et aux variations climatiques. Le Plan-Objet 66 est financé par le conseil départemental des Pyrénées-Orientales, avec une aide financière de la DRAC et du conseil régional3.

4Cette stratégie patrimoniale a permis au CCRP de réaliser à ce jour, dans les Pyrénées-Orientales, l’inventaire de plus de 22 000 objets ou groupe d’objets, dans 114 communes et 169 édifices, soit la moitié des communes du département, avec pratiquement 100 000 clichés numériques dont 15 000 professionnels, et la sauvegarde de près de 7 600 œuvres.

Une méthodologie originale

  • 4 - L’inventaire en Pyrénées-Orientales est réalisé depuis 2002 par deux chargées d’inventaire, Séver (...)
  • 5 - La catégorie orfèvrerie est la spécialité des chargées d’inventaire.

5L’inventaire est une étape essentielle permettant de connaître le mobilier d’un édifice mais aussi, son état de conservation, et de créer une dynamique de gestion de ce patrimoine. Au CCRP, une méthodologie particulière a été mise en place pour répondre à nos critères de fonctionnement et au « Plan-Objet 66 ». Ainsi, l’inventaire est réalisé de façon exhaustive, avec pour originalité, un fonctionnement en équipe in situ, composée d’une chargée d’inventaire et d’une restauratrice qui effectue le constat d’état et ponctuellement d’un photographe professionnel4. Ce travail d’inventaire a été réalisé à l’église et prieuré Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent (fig. 1), en 2019 par Catherine Rogé Bonneau, chargée d’inventaire accompagnée de restauratrices spécialistes des œuvres en bois polychrome, Isabelle Jubal Desperamont (responsable du CCRP), Christiane de Castaigner, et Evelyn Stier. Pour établir les constats d’état et répondre au mieux à la variété des matériaux, chacune a développé au fil des années une spécialité complémentaire (toiles peintes, textiles, structures bois, orfèvrerie5...).

Fig. 1

Fig. 1

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; vue générale extérieure de la façade sud

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

6L’inventaire est réalisé selon la méthodologie classique préconisée (dénomination, catégorie, matériaux constitutifs, dimensions de l’œuvre, datation, description iconographique, stylistique ...), mais avec en supplément une description technique et une fiche établissant un bilan sanitaire de l’œuvre accompagné si nécessaire d’une proposition de traitement. Pour chaque objet, un examen attentif et minutieux de l’état de conservation du support et de la surface a donc été réalisé. Ainsi, au-delà de la détermination des matériaux utilisés et des altérations présentes sur l’œuvre, une multitude d’éléments techniques ont été remarqués : comment l’œuvre a-t-elle été sculptée ? Existe-t-il des éléments refaits ? Quelles sont les techniques employées pour la polychromie d’origine ou le repeint (par l’observation des couches visibles), l’utilisation de la feuille d’or et les motifs représentés ? Autant d’indices précieux et d’informations importantes révélés qui nous renseignent sur l’histoire matérielle de l’œuvre et qui ont permis, à Espira-de-Conflent, de découvrir des dates dissimulées dans la polychromie, des blasons de commanditaires et l’attribution des œuvres à un sculpteur et un doreur en particulier (fig. 2).

Fig. 2

Fig. 2

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; vue intérieure vers le chœur

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 6 - Base de données informatique utilisant le logiciel File Maker Pro.
  • 7 - Certaines fiches d’inventaire existantes ont été enrichies (fiches d’objets classés au titre des (...)
  • 8 - L’expérience a démontré qu’il était plus profitable de réaliser la plus grande partie des recherc (...)
  • 9 - La responsable du CCRP, Isabelle Jubal Desperamont est également Conservatrice des Antiquités et (...)

7L’ensemble des données est consigné, dès l’inventaire sur le terrain, dans une base de données informatique6 du CCRP, nommée « Œuvres d’Art », spécifiquement liée au territoire, et enrichie tous les jours au fur et à mesure des campagnes d’inventaire, des examens ponctuels et des restaurations réalisées par le CCRP7. Les informations relevées in-situ sont complétées par les recherches en archives et bibliographiques8 effectuées par la chargée d’inventaire, qui indexe également l’ensemble des photographies réalisées, et établit un compte-rendu à l’attention de la commune, de la paroisse et de l’ensemble des partenaires. Les données de l’inventaire servent également à identifier les objets du département qui seront proposés pour une protection au titre des monuments historiques9 et sont reversées sur la base de données nationale POP du ministère de la Culture. Ainsi, les données de l’inventaire ont servi à l’élaboration d’une visite virtuelle de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent et de son mobilier, réalisée par le service régional de l’inventaire (fig. 3).

Fig. 3

Fig. 3

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, plan de l’édifice et localisation des principales œuvres

V. Marill © Région Occitanie - direction Culture et Patrimoine

Sauvegarde et valorisation des œuvres : un nouveau regard sur le patrimoine

  • 10 - Le CCRP a participé en amont à l’élaboration de la base de données « Œuvres d’Art » et de la « fi (...)

8Pour répondre aux besoins urgents de conservation, l’inventaire permet aussi d’établir un bilan de l’état sanitaire du mobilier et de mettre en évidence une échelle des urgences des objets à traiter afin de stopper les dégradations10. Cette étape justifie les interventions de conservation nécessaires à effectuer in situ sur les objets (phase II du « Plan-Objet 66 »). Une programmation annuelle est alors envisagée selon le budget alloué (parfois plusieurs tranches sont nécessaires pour un même édifice en raison du nombre important d’objets) et réalisée par des restaurateurs indépendants mandatés par le CCRP.

  • 11 - La statuette de petite taille, provenant d’un oratoire privé, ne disposait pas de socle de présen (...)
  • 12 - Œuvre restaurée en 2021 par Sylvie Richard et réalisation du socle par l’atelier de menuiserie du (...)

9Ces interventions sont suivies la plupart du temps d’actions de valorisation et ponctuellement de nouvelles présentations et restaurations d’œuvres par le CCRP. À Espira-de-Conflent, une sculpture représentant Tobie et l’ange Raphaël, datant du début du XVIIIe siècle, offerte à l’église par une famille du village mais conservée chez un particulier depuis plusieurs années, dans un souci de sécurité11, a pu réintégrer l’église Sainte-Marie, grâce à l’inventaire et la restauration de l’œuvre. Elle est aujourd’hui accessible au public, dans le transept sud, sur un socle réalisé pour elle12. De même, après l’opération de conservation préventive et curative des textiles liturgiques, un système spécialement conçu par le CCRP a permis la nouvelle présentation de deux bannières. Une discussion s’est engagée avec la commune afin de procéder à des aménagements de la sacristie comme le remplacement d’une armoire récente peu pratique par un nouveau meuble plus adapté.

  • 13 - Plusieurs restaurations d’œuvres ont été initiées depuis les années 1990, par la commune d’Espira (...)

10En effet, l’inventaire et l’ensemble du « Plan-Objet 66 » génèrent toujours un nouveau regard sur le patrimoine. Il permet aux habitants de le redécouvrir et de se le réapproprier, produisant ce que nous appelons « l’effet inventaire » : un regain d’intérêt voire un réel enthousiasme pour le patrimoine du lieu, la relance ou l’initiation de nouveaux projets par la commune, la paroisse ou les associations patrimoniales (travaux dans l’église, restaurations d’œuvres, entretien du mobilier, valorisations...), dans lesquels le CCRP apporte ses conseils et son aide ; une collaboration engagée souvent sur plusieurs années. Ainsi à l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent, depuis la restauration des toiles peintes du Monument de la Semaine Sainte, datant du XVIIIe siècle, redécouvertes dans un placard, la commune a décidé de présenter chaque année ces décors, de la semaine de Pâques jusqu’aux journées européennes du patrimoine13 (fig. 4). De même, le projet de restauration de la chapelle latérale de saint Jean-Baptiste et de son mobilier est désormais relancé. Les forts problèmes d’humidité de l’édifice, mis en évidence dans les conditions environnementales des œuvres, consignées dans l’inventaire, font aujourd’hui l’objet d’un intérêt particulier, et d’une réflexion globale engagée par la commune avec l’aide d’un architecte du patrimoine sur l’ensemble de l’édifice. En effet, il est important de souligner, qu’aucune intervention de conservation (phase II du « Plan-Objet 66 ») n’est réalisée par le CCRP, si l’édifice n’est pas sain et tant que des travaux sont programmés. Le programme de conservation est donc toujours en cours à Espira-de-Conflent.

Fig. 4

Fig. 4

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, toiles du Monument de la Semaine Sainte présentées devant le retable du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Inventaire et sources d’archives : les découvertes à Espira-de-Conflent et l’avancée dans la connaissance historique

  • 14 - L’exposition, réalisée par le CCRP, est présentée à la chapelle Notre-Dame des Anges de Perpignan (...)
  • 15 - ROGÉ BONNEAU, 2020, p. 194-205.
  • 16 - Je remercie Isabelle Jubal Desperamont, restauratrice et responsable du CCRP, pour la transmissio (...)

11La perspective de l’exposition « Autour d’une œuvre restaurée, le retable baroque du Mas Girvès de Llo »14 et la proposition de présentation de l’un des deux anges du retable du Christ conservé à l’église Sainte-Marie15, m’a permis de réaliser une recherche plus approfondie dans les archives d’Espira-de-Conflent. Cela a été l’occasion d’une étude confrontant l’observation et la stylistique16 aux recherches en archives, révélant des informations inédites sur le mobilier d’Espira-de-Conflent et au-delà sur le contexte de l’ensemble du mobilier de cette église.

Rafel Cruzat : un nom pour deux commanditaires et bienfaiteurs de l’église

Le prieur d’Espira-de-Conflent

  • 17 - AD Pyrénées-Orientales. 1J698/7 : notes du chanoine J. Borrallo, description de l’église Sainte-M (...)

Quand j’arrivai prieur dans cette église le 13 janvier de l’an 1607 elle était en plusieurs endroits détruite par la vieillesse et l’antiquité [...] et il y avait à l’intérieur des morceaux importants et en particulier des pierres taillées dans le chœur et la table de l’autel majeur était sur le point de s’effondrer [...]17.

12Au début du XVIIe siècle, le prieuré d’Espira-de-Conflent n’est plus que misère si l’on en croit les écrits de cette époque.

  • 18 - AD Pyrénées-Orientales. 2B656. Arrêts civils, Minutes 4 juillet-24 décembre 1695 : Nomination de (...)
  • 19 - Le mobilier de l’église sera entièrement renouvelé excepté le retable du maître-autel dédié à la (...)
  • 20 - BORRALLO, 1939, p. 25-26.

13En 1695, l’arrivée du nouveau prieur, Rafel Cruzat18, à Espira-de-Conflent, semble bouleverser les choses et sous son autorité le mobilier de l’église Sainte-Marie est presque entièrement renouvelé19. Un personnage, à qui le chanoine Borrallo, auteur de l’une des premières monographies sur Espira-de-Conflent, attribue dès 1939, la commande du retable de saint Joseph dit des Trois Archanges car l’archange Raphaël, dont le prieur porte le prénom, y est représenté (fig. 5) mais aussi, le retable du Rosaire et le panneau représentant le Massacre des Innocents20. La légende du Prieur Cruzat était née et reprise par tous les érudits et historiens afin d’apparaître au fil des ans comme vérité : il était devenu le commanditaire de l’ensemble du prestigieux mobilier de l’église Sainte-Marie mais sans explications précises ou références aux sources d’archives.

Fig. 5

Fig. 5

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant l’arrivée de Tobie et de l’archange Raphaël (détail du retable de saint Joseph dit des Trois Archanges)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

14Quelle est donc la personnalité de ce nouveau prieur ? A-t-il vraiment joué un rôle déterminant dans la genèse de ces pièces remarquables qui sont aujourd’hui devenues des œuvres majeures de notre territoire ?

  • 21 - AD Pyrénées-Orientales. 3E8/7. Transaction le 26 février 1693 entre quatre fils de Miquel Cruzat, (...)
  • 22 - Il est cité le 21 septembre 1682 dans le testament de son grand-père, Rafel Cruzat et qualifié de (...)
  • 23 - AD Pyrénées-Orientales. 3E9/95. Premier testament de Rafel Cruzat (futur prieur) rédigé le 19 mai (...)
  • 24 - BORRALLO, 1939, p. 25 et TOLLON, 1972, p. 35-36. Certains ouvrages ont été conservés : « Novena d (...)

15Le prieur Rafel Cruzat, est originaire de la ville d’Elne, fils de Miquel Cruzat, « pagès » et « batlle » du même lieu, et de Monserrada Oriol21. Il devient prêtre, d’abord desservant de l’église Saint-Jean de Perpignan en 168222 puis prêtre et chanoine du chapitre d’Elne en 168523. C’est également un homme de lettres, érudit et docteur en théologie, qui publie plusieurs ouvrages de piété24.

  • 25 - Œuvre qui est parvenue intacte jusqu’à nous et que l’on peut admirer encore aujourd’hui dans le t (...)
  • 26 - LUGAND, 2002, p. 167.
  • 27 - Le retable des saintes Julie et Eulalie, était destiné à l’ancienne chapelle sainte Pétronille, a (...)
  • 28 - LUGAND, 2002, p. 167-170. Les différentes étapes de l’édification du retable sont bien connues gr (...)
  • 29 - AD Pyrénées-Orientales. G 353 (Liasse), 1524-1677, Chapelle des saintes Julie et Eulalie. Contrat (...)
  • 30 - AD Pyrénées-Orientales. G 354. (1675-1688) Registre de comptes de l’œuvre du retable des saintes (...)
  • 31 - Le sculpteur disposait d’un délai de deux années et devait transporter les éléments dans des cais (...)
  • 32 - LUGAND, 2003, p. 155-180.
  • 33 - AD Pyrénées-Orientales. G 349 et DURLIAT, 1953, p. 269-270.
  • 34 - LUGAND, 2002, p. 169.
  • 35 - AD Pyrénées-Orientales. 3E9/95 : 1er testament de Raphaël Cruzat le 19 mai 1685 ; il est alors pr (...)

16À son arrivée à Espira-de-Conflent, il est déjà sensibilisé à l’art et familiarisé avec l’embellissement des églises pour avoir, semble-t-il, joué un rôle important dans l’édification du prestigieux retable des saintes Eulalie et Julie25 de la cathédrale Saint-Jean de Perpignan. Le 27 novembre 1675, à la suite du transfert de résidence de l’évêché à Perpignan26, le chapitre d’Elne commande au sculpteur de Carcassonne Jean-Jacques Melair un retable, destiné à l’ancienne chapelle sainte Pétronille27, afin d’accueillir les reliques des saintes Eulalie et Julie, patronnes du diocèse28. Parmi les chanoines commanditaires figure Rafel Cruzat29. De même, en mai 1677, c’est encore le chanoine Rafel Cruzat qui se rend à Carcassonne30 pour réceptionner les différents éléments sculptés du retable de J.-J. Melair mis en caisse pour le transport31, et pour les accompagner de son atelier carcassonnais vers Perpignan où le retable sera monté. Le 13 juillet 1678, malgré l’absence de la polychromie et des tableaux qui doivent orner le retable, le chapitre procède au transfert des reliques des saintes Eulalie et Julie. Les deux tableaux seront commandés à Rome32 et en 1682 un marché est conclu avec Joan Escribà33, grand peintre doreur de Perpignan pour réaliser la somptueuse polychromie du retable qui sera achevée en janvier 168634. La polychromie du retable n’est donc pas encore terminée lorsque Rafel Cruzat (futur prieur d’Espira) rédige le 19 mai 1685, son premier testament dans lequel il n’est pas surprenant de découvrir qu’il demande à être inhumé dans la chapelle des saintes Eulalie et Julie de la cathédrale Saint-Jean35.

  • 36 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : dernier testament du Prieur Rafel Cruzat, le 25 mai 1709. Joan (...)
  • 37 - DALMAU, 2020, p. 136.

17Lors de sa nomination comme prieur à Espira-de-Conflent, Rafel Cruzat est donc un personnage qui connaît déjà toutes les étapes de l’édification d’un retable. C’est un prieur qui fréquente probablement le milieu artistique des sculpteurs et doreurs, familiarisé à la sculpture de talent comme celle de Jean-Jacques Melair et la finesse de polychromie réalisée par Joan Escribà et son atelier. Il compte, parmi son entourage, son ami Joan Gendrillo36, curé de Joch, proche du village d’Espira-de-Conflent, intime de la famille du doreur Escribà37.

  • 38 - TOLLON, 1972, p. 35 : le prieuré d’Espira disposait de 5000 livres de revenu par an.
  • 39 - AD des Pyrénées-Orientales. Hp242.

18Aussi, dès les premières années et fort des revenus du prieuré, parmi les plus importants du diocèse38, Rafel Cruzat lance un vaste chantier de renouvellement du mobilier de l’église, d’agrandissement de l’édifice, suscitant une émulation dans son entourage. Même si les contrats n’ont pas été conservés, les dépenses consignées dans le registre de fabrique d’Espira-de-Conflent39, permettent d’affirmer que le chantier entrepris est de grande ampleur pour renouveler le mobilier, mais aussi ouvrir de nouvelles chapelles et aboutir à la réfection presque totale de l’intérieur de l’édifice.

  • 40 - Une découverte majeure à laquelle un paragraphe est consacré plus loin.
  • 41 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Ultime testament de Raphael Cruzat, Prieur d’Espira de Con (...)
  • 42 - AD des Pyrénées-Orientales. 57EDT8, registre paroissial 1700-1715, année 1714, f°5 : « Als quatre (...)
  • 43 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Ultime testament de Raphael Cruzat, Prieur d’Espira de Con (...)

19Un des premiers embellissements réalisés par le prieur Cruzat est la commande au « maître d’Espira » du magnifique retable de saint Joseph, dit aussi des Trois Archanges, installé en 1700 dans le transept sud de l’église (fig. 6). Cette importante information est connue grâce à une inscription peinte sur le retable40. D’ailleurs, le 4 août 1714, alors que dans son ultime testament, il souhaitait être enterré humblement dans le cimetière du village41, il est enseveli en présence de quatorze prêtres, dans la chapelle du retable des Trois Archanges42, son œuvre. Sa grande dévotion à saint Joseph est également visible dans le nombre de messes et rituel institués dans ses dernières volontés43.

Fig. 6

Fig. 6

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable de saint Joseph dit des Trois Archanges

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 44 - TOLLON, 1972, p. 36.

20En plus de ce retable, le prieur est certainement à l’origine d’autres commandes au même sculpteur : trois panneaux sculptés représentant l’Assomption, le couronnement de la Vierge (fig. 7), (sur lequel semble apparaître le prieur Cruzat44), et le Massacre des Innocents (polychromie datée de 1707) qui de par sa forme horizontale, peu commune mais adaptée à son emplacement, a sans doute toujours été placé dans la chapelle du retable des Trois Archanges et achève l’embellissement de cet espace (fig. 8). De même sous son influence, sont réalisés le retable du Rosaire (commande de la famille Pont de Cadell, 1702), la chaire à prêcher, les deux confessionnaux et la rambarde de la tribune.

Fig. 7

Fig. 7

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant le couronnement de la Vierge

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 8

Fig. 8

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Marie, Le Massacre des Innocents

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 45 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : testament du prieur Rafel Cruzat le 25 mai 1709 : "[...] j (...)

21Son intervention pour l’embellissement de l’église ne se limite pas seulement aux œuvres sculptées décorant les chapelles et la nef de l’édifice, mais il décide aussi de renouveler certaines pièces d’orfèvrerie et ornements sacerdotaux, dont il fait don à l’église et au futur prieur dans son ultime testament rédigé le 25 mai 170945. Enfin, il est probablement le commanditaire du tableau de saint Matthieu peint par Antoine Guerra le Jeune en 1709, de la Mise au tombeau et de certains panneaux sculptés des sept sacrements attribués stylistiquement au sculpteur Josep Sunyer.

  • 46 - AD des Pyrénées-Orientales. 57EDT 6, année 1714, f°70 ; et 57EDT8, année 1714, f°2.
  • 47 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Le prieur Rafel Cruzat meurt le 3 août 1714 ; cette mentio (...)
  • 48 - AD des Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707.
  • 49 - Date peinte sur le retable.

22D’ailleurs, en 1714, il supervise la réalisation de la polychromie de la mise au tombeau46 installée au fond de l’église, sous la tribune et sans doute des éléments sculptés de la tribune (fig. 9). Il meurt47 sans avoir pu achever le décor de la dernière chapelle du retable de saint Jean-Baptiste (qui porte la date sculptée de 1723) et dont la chapelle devait être dédiée à saint Thomas48, ni la polychromie du retable du Rosaire datée de 172549.

Fig. 9

Fig. 9

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, vue intérieure vers la tribune et la Mise au tombeau

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

L’oncle Cruzat bienfaiteur de l’église

  • 50 - Une découverte qui prouve la difficulté à distinguer les deux Rafel Cruzat, et savoir lequel des (...)
  • 51 - L’oncle est cité le 21 septembre 1682 dans le testament de son père (et grand-père du prieur d’Es (...)

23Un si beau parcours peut bien expliquer le raccourci réalisé par les historiens, mais il est bouleversé par la découverte inédite, en recoupant les différents documents d’archives existants, d’un détail d’importance50 : le prieur d’Espira porte le même nom que son oncle, Rafel Cruzat, lui-même prêtre et chanoine d’Elne51 et bienfaiteur de l’église d’Espira-de-Conflent.

  • 52 - Il est désigné comme l’un des exécuteurs testamentaires de son neveu, le prieur Rafel Cruzat (AD (...)
  • 53 - L’oncle Cruzat est peut-être aussi le commanditaire du confessionnal de la chapelle ou des deux c (...)
  • 54 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, Espira-de-Conflent, registre paroissial 1700-1715, année 1712, f° (...)
  • 55 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/600, Testament de Rafel Cruzat, prêtre et chanoine d’Elne (oncle du (...)
  • 56 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, année 1712, f°3-4. Un autre registre paroissial relatant égalemen (...)

24En effet, probablement encouragé par l’élan de renouveau insufflé par le prieur, dont il est proche52, son oncle et homonyme Rafel Cruzat contribue également à l’embellissement de l’église d’Espira-de-Conflent, mais aussi à l’agrandissement de l’édifice, en étant le commanditaire de la chapelle et du retable du Christ (fig. 10) (1708 et 1712 pour la polychromie)53. C’est le prieur lui-même qui livre cette information inédite dans l’acte de décès de son oncle Rafel Cruzat, qu’il signe le 7 mars 1712. Il précise en effet, que son oncle est le commanditaire de la chapelle du Christ de la première pierre à la dernière pierre (« que ell comenca y fíní per la prímera q[ue] ultíma pedra »54). Et ultime hommage pour ce chanoine d’Elne qui souhaitait être enterré dans l’église d’Espira-de-Conflent55, il est enseveli au pied de l’autel de la chapelle du Christ (« es estat enterrat en la peanya de l’altar de la capella del Sant Christo »56).

Fig. 10

Fig. 10

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 57 - Blason : "écu de gueules parti en chef aux deux soleils d’or à 8 pointes, en pointe à l’hexagramm (...)
  • 58 - J’ai remarqué la présence de ce blason lors de l’opération d’inventaire à Espira-de-Conflent. Il (...)

25Ainsi, le blason réalisé au sgraffito57 (fig. 11), découvert lors de l’inventaire sur le manteau de cheminée, dans la représentation de la Cène au niveau de la prédelle, et dont aucun historien n’avait fait mention jusqu’à présent, est très certainement celui du commanditaire du retable, le prêtre et chanoine Rafel Cruzat58. Une découverte inattendue sur un panneau sculpté qui attise pourtant la curiosité par son originalité.

Fig. 11

Fig. 11

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, blason du commanditaire ornant le manteau de la cheminée sculptée sur la prédelle du retable du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 59 - AD Pyrénées-Orientales. 54EDT3, f° 115 et Antoniazzi, 2013, p. 191-216 : "pour faire l’autel de S (...)

26Le fait d’ériger une chapelle et un retable est commun à plusieurs membres de la famille, car avant lui, son frère Miquel Cruzat (et père du prieur d’Espira-de-Conflent) décide en 1696, en remerciement à saint Sébastien de l’avoir sauvé de la peste en 1653, de faire ériger une chapelle dans l’église Saint-Jacques de la ville basse d’Elne59.

Qui est le « maître d’Espira » ? Révélation d’une inscription sur un sculpteur méconnu

Le « maître d’Espira » a désormais un nom : François Thierry

27C’est son style de sculpture si particulier qui permet d’abord de le repérer, l’identifier : la sculpture de la chevelure exagérément volumineuse et bouclée en mouvement de ses personnages, les yeux retombants, le petit menton saillant, la densité des personnages représentés avec force et nombreux détails sur les panneaux sculptés ; le maître d’Espira laisse sa signature bien visible sur l’œuvre (fig. 12).

  • 60 - CORTADE, 1983, p. 37.

28Mais qui est donc ce sculpteur de talent, longtemps dénommé le « maître d’Espira »60, et dont on ne conserve à ce jour, aucun contrat de sculpture connu en Pyrénées-Orientales ?

Fig. 12

Fig. 12

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, statue de Vierge à l’Enfant sculptée par François Thierry (détail du retable du Rosaire)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 61 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242 et TOLLON, 1972, p. 56-59.

29La recherche archivistique dans le registre ancien de comptes de la fabrique d’Espira-de-Conflent va éclaircir peu à peu ce mystère61 mais c’est surtout la découverte d’une inscription sur le retable de saint Joseph dit des Trois Archanges de l’église Sainte-Marie, qui va le mettre en lumière. Cette confrontation permet aujourd’hui de retracer son parcours et présenter l’ensemble de ses œuvres rencontrées au cours de nos inventaires.

  • 62 - Cette inscription inédite m’a été communiquée au début de l’inventaire par Isabelle Jubal-Despera (...)
  • 63 - Inscription visible uniquement à presque 6 m de hauteur et avec l’aide d’un échafaudage.
  • 64 - Intervention réalisée par Isabelle Jubal-Desperamont et Catherine Rogé Bonneau, le 3 mars 2022. L (...)

30L’inscription découverte lors de la restauration du retable en 200862, est peinte sur un livre ouvert tenu entre les mains de saint Étienne, et placé au couronnement du retable63. Une découverte restée inexploitée jusqu’à notre inventaire car les photographies existantes ne permettaient qu’une lecture partielle, occultant notamment le nom et surtout l’initiale du prénom du sculpteur peu lisible. Le livre était bien trop haut pour l’atteindre à nouveau. C’est ainsi qu’à la suite de l’inventaire, nous avons décidé, pour l’avancement de la connaissance historique, de remonter un échafaudage afin de reconstituer la mention dans son intégralité64.

31Elle révèle les dates, noms et lieux d’origine du sculpteur et du doreur, mais encore le nom du commanditaire et son origine (fig. 13) :

  • 65 - À noter que le « i » de « Paris(i)en » (Parisiensis en abrégé) semble être un repentir ou effacé (...)

Scultat per F Thÿerÿ / Paris(i)en. A. 1700 /
Dorat per Joan Esc / rivà Perpi A 1706 /
de ordre del / Prior Raffel / Cruzat elnen
65
(Soit, « Sculpté par F Thierry de Paris l’an 1700, Doré par Joan Escribà de Perpignan l’an 1706, sur ordre du Prieur Rafel Cruzat d’Elne ».)

Fig. 13

Fig. 13

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Marie, inscription peinte révélant les noms du sculpteur, doreur, commanditaire et les dates de réalisations du retable des Trois Archanges (détail du couronnement)

C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 66 - Joan Escribà est le même doreur perpignanais choisi pour réaliser la polychromie du retable des s (...)
  • 67 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°96 et f°104.

32Le « maître d’Espira » est donc un sculpteur prénommé F. Thierry (sans doute François de son prénom), vraisemblablement originaire de Paris, le doreur, le perpignanais Joan Escribà66 et le commanditaire le Prieur Rafel Cruzat d’Elne. C’est une avancée dans la connaissance historique, car ce nom « Thÿerÿ » qui apparaît (sous différentes orthographes « Thierí » ou « Thýerí »67) dans plusieurs paiements du registre de la fabrique d’Espira-de-Conflent, mais sans jamais mentionner le prénom ou associer son nom à sa profession, nous faisait espérer qu’il s’agissait bien d’un sculpteur nommé Thierry (fig. 14).

Fig. 14

Fig. 14

Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales, extrait du registre de la fabrique d’Espira-de-Conflent : paiement à « mr Thýerí » pour le retable du Christ (AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°104)

C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 68 - Archives de Paris. État civil reconstitué (XVIe–1859). Les fonds partiels de l’état civil parisie (...)
  • 69 - Le traité des Pyrénées qui signa le rattachement de notre territoire à la France en 1659, n’avait (...)

33Son origine parisienne au premier abord mise en doute, tant le petit village d’Espira-de-Conflent est éloigné de Paris, apparaît exceptionnelle68. On ne s’attend pas à rencontrer un sculpteur français à Espira, pourtant les échanges artistiques étaient fréquents à cette époque et la circulation des sculpteurs importante dans toute la France comme en Catalogne69. Sa présence apparaît également comme un témoignage de la réalité de ce temps, une activité artistique intense en pays catalan et notamment dans le secteur de Prades : à Espira-de-Conflent, Vinça, Marquixanes ... où des chantiers d’embellissement, parfois même à la suite de travaux de reconstructions, sont effectués.

L’activité toulousaine de François Thierry

  • 70 - TOLLON, 1992, p. 585-596.
  • 71 - Une sculpture en pierre peut lui être attribuée dans les Pyrénées-Orientales, celle de sainte Bas (...)
  • 72 - AD Haute-Garonne. GG265, GG269, GG273 (octobre 1689-septembre 1698) et TOLLON, 1989, p. 589, 595. (...)
  • 73 - Cette signature explique l’orthographe du nom retenu pour désigner le sculpteur : « Thierry ».

34Selon Bruno Tollon, il s’agirait du sculpteur François Thierry, en activité à Toulouse de 1689 à 169870, auteur d’œuvres en stuc71. L’inscription découverte en haut du retable des Trois Archanges semblent en effet confirmer les rapprochements stylistiques et nominatif de l’historien. Ce François Thierry était marié à Jeanne de Vox et habitait alors la paroisse Saint-Étienne de Toulouse où naissent trois enfants : Françoise en 1689, Antoine (1693-1695) et François (1696-1698)72. Les actes de baptêmes portent sa signature73.

  • 74 - SARTRE, 2000, p. 166.
  • 75 - TOLLON, 1989, p. 589. Les marchés s’échelonnent entre le 1er janvier 1690 et le 8 mars 1691. Thie (...)
  • 76 - TOLLON, 1989, p. 589. Thierry doit suivre le modèle du retable exécuté par le sculpteur Philippe (...)
  • 77 - Je tiens à remercier particulièrement Clara Lajarrige et Pierre Bonneau, étudiants, pour leurs in (...)

35En 1689, François Thierry est déjà maître sculpteur car il prend en apprentissage Jean-Marc Ferrère (de 1689 à 1693), le fils du sculpteur Jean Ferrère fondateur d’une dynastie de sculpteurs implantés dans les Hautes-Pyrénées74. Entre 1690 et 1691, Thierry travaille à Toulouse avec le grand sculpteur Antoine Guépin, à la réalisation du baldaquin de l’église Notre-Dame de la Dalbade75. En 1694, grâce au legs d’un chanoine, il reçoit commande pour la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, d’un retable destiné à recevoir une grande toile peinte, à exécuter selon le modèle d’un retable existant en pendant. Thierry réalise le décor et figures en stuc et s’associe pour les éléments en marbre76. Seuls les angelots du registre supérieur semblent de sa main. Leur chevelure exubérante, dotée de petites mèches rebelles, le petit menton marqué et les membres potelés rappellent les personnages d’Espira-de-Conflent. Même si les yeux sont moins retombants (comme nous avons pu le constater également sur les personnages des registres supérieurs à Espira), et malgré la différence des matériaux utilisés pour la sculpture, les indices semblent désormais suffisants, pour affirmer qu’il s’agit bel et bien du même sculpteur Thierry77 (fig. 15).

Fig. 15

Fig. 15

Toulouse (Haute-Garonne), Cathédrale Saint-Étienne, retable dédié à saint Jean et angelot du couronnement (détail). Le décor et les figures en stuc sont l’œuvre du sculpteur François Thierry

© P. Bonneau

  • 78 - SARTRE, 2000, p. 167 : La formation acquise à l’Académie royale de peinture et de sculpture de Pa (...)
  • 79 - Inscription et date peinte sur le retable des Trois Archanges. Deux années est une durée raisonna (...)

36Une origine parisienne pour le sculpteur n’est pas évoquée, en revanche, elle ne serait pas surprenante car dans cette fin du XVIIe siècle à Toulouse, Paris ou l’Italie s’imposent comme les grands lieux de formation artistique78. Après le décès de son deuxième fils en septembre 1698, le sculpteur Thierry ne semble plus mentionné à Toulouse. En revanche, cela correspond à la période probable où le « maître d’Espira » F. Thierry conclut le marché avec le prieur Rafel Cruzat, pour la sculpture du retable de saint Joseph dit des Trois Archanges achevé en 170079 (fig. 16).

Fig. 16

Fig. 16

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant Saint Michel terrassant le dragon (détail du retable des Trois Archanges)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 80 - Leurs noms ne sont pas connus, mais Bruno Tollon émet l’hypothèse que l’un d’eux fut Thierry (TOL (...)
  • 81 - Le sculpteur Jean-Jacques Melair emploie plusieurs compagnons dans son atelier carcassonnais de d (...)
  • 82 - AD Haute-Garonne. GG269 et TOLLON, 1989, p. 589. La marraine de l’un des enfants de François Thie (...)

37Même si l’on ne peut l’affirmer, cette rencontre entre les deux personnages a pu se réaliser par l’intermédiaire du sculpteur Jean-Jacques Melair, lors de son voyage à Carcassonne ou au cours du montage du retable des saintes Eulalie et Julie à Perpignan par le sculpteur et deux de ses compagnons80. En effet, Jean-Jacques Melair avait un important atelier à Carcassonne, et travaillait avec des compagnons et des sculpteurs venus de toute la France, dont certains de Toulouse et son neveu, Pierre Capella, était sculpteur dans la même ville81. De plus, François Thierry avait dans son entourage intime des personnes en lien avec Jean-Jacques Melair82, qui décédé en 1698, ne pouvait pas, de toute évidence, être choisi pour la sculpture du retable de Rafel Cruzat à Espira-de-Conflent.

Un sculpteur de talent à Espira-de-Conflent

38Visiblement satisfait du travail de sculpture de François Thierry au retable des Trois Archanges, le prieur Cruzat et son entourage lui confient la réalisation de nombreuses œuvres dans l’église. Ainsi sa production à Espira-de-Conflent est assez impressionnante et orne l’édifice du chœur jusqu’au fond de l’église, suivant une chronologie qu’il est possible de reconstituer. Mais contrairement aux œuvres rencontrées à Toulouse, ce sont essentiellement des bois polychromes.

  • 83 - Inscription peinte sur le retable. La date de 1706 apparaît deux fois sur le retable : sur le liv (...)
  • 84 - Les dates de 1702 (gravée) et 1725 (peinte) sur le retable indiquent l’achèvement de la sculpture (...)
  • 85 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, Prieuré augustin d’Espira-de-Conflent, f°96, dépenses pour la scul (...)

39En 1700, Thierry a achevé la sculpture du retable de saint Joseph dit des Trois archanges commandé par le prieur Rafel Cruzat (dont la polychromie sera ajoutée en 170683). Une réalisation qui a du succès puisqu’il poursuit son œuvre par l’exécution du retable du Rosaire (fig. 17), commandé en grande partie par la famille Pont de Cadell dont le blason est sculpté sur le retable et achevé en 170284. Thierry est alors mentionné dans un paiement pour son travail au retable du Rosaire « […] item donat a mr Thierí per treball del retaula del roser (14 livres 8 sous)85 » : de même donné à maître Thierry pour le travail du retable du Rosaire.

40Cependant, le retable demeure sans polychromie pendant plus de vingt ans (jusqu’en 1725) (fig. 18).

Fig. 17

Fig. 17

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable du Rosaire

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 18

Fig. 18

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau du martyre de sainte Apollonie avec la date de sculpture (1702) et de polychromie (1725) (prédelle, détail du retable du Rosaire)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 86 - Fiche inventaire de la statue de Tobie et l’ange Raphaël de l’église paroissiale d’Espira-de-Conf (...)

41Dans les premières années probablement, le même sculpteur réalise la statuette de Tobie et l’ange Raphaël redécouverte lors de l’inventaire, répondant sans doute à une commande privée, contemporaine du retable des Trois Archanges, pour un oratoire86 (fig. 19).

42Cette œuvre est importante car elle témoigne du travail de commandes complémentaires qu’a pu réaliser le sculpteur François Thierry, auprès de particuliers, de grandes familles du lieu pour des sculptures de petites tailles, ici destinée à un oratoire de chemins (placé sur un terrain appartenant toujours aux descendants de la famille commanditaire) et d’autres, sans doute pour des autels privés.

Fig. 19

Fig. 19

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, statuette représentant Tobie et l’ange Raphaël

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 87 - S’agit-il des deux Rafel Cruzat, prieur et oncle ?
  • 88 - Selon le chanoine Borrallo, le massacre des Innocents d’Espira-de-Conflent est inspiré du tableau (...)
  • 89 - Date inscrite en sgraffito sur l’œuvre.

43Dans l’église d’Espira-de Conflent, trois panneaux peuvent également être attribués à Thierry. Deux sont en pendant, présentés de part et d’autre du chœur dédié à la Vierge, représentant l’Assomption et le couronnement de la Vierge. Sur ce dernier panneau, on perçoit la commande réalisée auprès du sculpteur, dans la représentation du village fortifié d’Espira-de-Conflent, et un groupe de personnages, deux hommes et deux chanoines, peut-être les visages des commanditaires ?87(fig. 20). Le troisième panneau sculpté relate le Massacre des Innocents, une œuvre inspirée par une gravure d’après Rubens88 (polychromie de 170789) (fig. 21).

Fig. 20

Fig. 20

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le couronnement de la Vierge

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 21

Fig. 21

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau représentant le Massacre des Innocents inspiré de l’œuvre du peintre Rubens

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  • 90 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707 : « […] Item donat al Pistolet per Jornals de p (...)
  • 91 - Contrairement au sculpteur Jean-Jacques Melair, le sculpteur Thierry s’installe sur place, où il (...)

44Le chantier d’embellissement de l’église se poursuit la même année, avec l’édification de la chaire à prêcher, conjointement à la construction de deux nouvelles chapelles latérales, accolées au bras du transept, l’une dédiée au Christ et l’autre à saint Thomas (aujourd’hui saint Jean-Baptiste). Ainsi, en 1707, la chaire attribuée au sculpteur Thierry est achevée et mise en place (fig. 22) par un maçon nommé Pistolet, ainsi que l’atteste une dépense de la fabrique d’Espira-de-Conflent90. À cette date, le sculpteur reçoit de la fabrique d’Espira un paiement en nature (des haricots), équivalent à 2 livres 6 sous et 8 deniers : « Item al escultor de Vinça dos mesuras mongetas per ob[ras] de la Iglesía […] ». Cette mention semble indiquer qu’il est installé à Vinça, où en effet, plusieurs œuvres de l’église lui sont attribuées91.

Fig. 22

Fig. 22

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, chaire à prêcher (détail) : décor floral sculpté caractéristique du sculpteur François Thierry

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 92 - Bien que l’oncle du prieur finance l’édification de cette chapelle, certains frais restent assumé (...)
  • 93 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707.
  • 94 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°98 : « Josep Tubert Me fuster [...] » et f°103 : année 1707.

45Les travaux de construction de la chapelle du Christ, dont le commanditaire est l’oncle du prieur, débutent également en 170792. Le registre de comptes de la fabrique de l’église mentionne alors plusieurs dépenses pour le chantier : l’achat de 200 clous utilisés vraisemblablement pour réaliser le coffrage de la voûte de la chapelle et de l’arc de l’entrée (« per 200 claus barcarols per ensostrar la capella del St Sant Christo ý entrada ») ; le paiement des scieurs (« cerradors ») des planches (« postas ») de la chapelle (« Item als cerradors per las postas de la capella del St Xyo [Sant Christo] ý entrada ») ; ou encore le bois de peuplier dans lequel sont faites les planches (« Item per compra del pull ques ferem las postas per cobrir lo predit »)93. Le menuisier semble être Josep Tubert, « mestre fuster »94 d’Espira-de-Conflent à qui plusieurs paiements sont versés et le maçon, « paýrer », un certain Pistolet déjà rencontré pour l’installation de la chaire.

  • 95 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°104, achat de planches et paiement au sculpteur pour le retable (...)
  • 96 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°105, année 1709 : « exídas ... Item lo acaptírí del cistellet ha (...)
  • 97 - Attribués par la stylistique, et dont le commanditaire est peut-être également Rafel Cruzat, l’on (...)
  • 98 - Attribution inédite ; la croix n’est pas d’origine.

46En 1708, Thierry a terminé la sculpture du retable du Christ commandé par l’oncle du prieur Rafel Cruzat, qui est installé dans la chapelle. En effet, La fabrique d’Espira-de-Conflent verse alors 18 livres 19 sous et 4 deniers, provenant de la collecte du pain bénit et de la quête (« cistellet »), pour l’achat de planches et un paiement à « mr Thýerí » pour le retable du Christ95. En 1709 encore, le sculpteur reçoit un dernier paiement par la fabrique96. Thierry a également sculpté les deux confessionnaux97, installés dans les nouvelles chapelles latérales, et qui conservent encore aujourd’hui les gravures de l’époque. Une croix d’autel dont le Christ présente les traits significatifs de la main du sculpteur Thierry, peut également lui être attribuée98. Cette œuvre inédite démontre que le sculpteur exécute également la garniture des retables (fig. 23).

Fig. 23

Fig. 23

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, Christ en croix attribué au sculpteur Thierry

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 99 - Probablement exécutée en dernier puisque les réalisations datées s’échelonnent, du chœur vers le (...)

47Le fond de l’église semble être son ultime projet avec la réalisation de la rambarde de la tribune99 dont le décor floral sculpté permet une attribution à Thierry (fig. 24).

Fig. 24

Fig. 24

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, rambarde de la tribune ornée du décor floral sculpté attribuable à Thierry

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Collaboration et itinéraire d’un sculpteur français en pays catalan

  • 100 - ROGÉ BONNEAU, 2020, p. 194-205. L’un des anges est actuellement présenté à l’exposition « Autour (...)
  • 101 - Josep Sunyer sculptera le retable du Rosaire à Vinça entre 1710 et 1712 (AVELLI, 2020, p. 100).
  • 102 - Il est nommé en 1707 dans le registre de la fabrique d’Espira-de-Conflent « el escultor de Vinça  (...)

48L’observation et l’expérience sont des atouts essentiels dans l’inventaire d’œuvres. À Espira-de-Conflent, le style reconnaissable du sculpteur Thierry sur l’ensemble des décors et éléments sculptés, a permis d’identifier sur le retable du Christ la main d’un autre sculpteur et non des moindres : le grand sculpteur catalan Josep Sunyer (anges ailés et les quatre médaillons sculptés)100. Cette collaboration entre le sculpteur Josep Sunyer101 et le sculpteur Thierry se devine dans le village proche de Vinça, où Thierry, nommé « el escultor de Vinça » est vraisemblablement installé102.

  • 103 - Fiche inventaire du retable du Christ de l’église paroissiale de Vinça, rédigée par Catherine Rog (...)

49En effet, l’église paroissiale de Vinça conserve un retable du Christ comparable à celui d’Espira-de-Conflent. Là aussi, on retrouve la même présentation de deux anges ailés qui encadrent le retable et la présence de médaillons sculptés avec des scènes de la Passion. La stylistique nous autorise à attribuer ce retable aux deux mêmes sculpteurs : le couronnement, les colonnes avec l’entablement, et les médaillons sculptés, sont attribuables au sculpteur Thierry ; tandis que le Christ avec Marie-Madeleine semble être l’œuvre de Josep Sunyer, ainsi que les grands anges debout et les bustes103 (fig. 25).

Fig. 25

Fig. 25

Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, vue d’ensemble du retable du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

50Dans la même église, il ne fait guère de doute que trois statues en bois polychrome, provenant d’un retable disparu, sont de François Thierry. Ces sculptures dont l’attribution révélée par l’inventaire est inédite, isolées à une très grande hauteur sur les piliers de la nef, avec une polychromie attribuable à l’atelier Escribà, représentent saint Sébastien, saint Jean et une sainte (sainte Lucie ?) tenant un attribut aujourd’hui manquant (fig. 26).

Fig. 26

Fig. 26

Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statues de saint Jean l’Évangéliste, saint Sébastien et sainte Lucie (?) attribuées au sculpteur François Thierry

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

51De même au couronnement du retable de sainte Catherine, se tient une statue de Vierge debout tenant l’Enfant sur son bras gauche (fig. 27). Leurs traits avec un menton marqué semblent de la main du sculpteur Thierry. Les yeux plus ouverts de la Vierge et de l’Enfant ont été observés à Espira-de-Conflent sur les personnages placés au couronnement du retable du Rosaire, retable du Christ, angelots des confessionnaux, ainsi qu’à Toulouse.

Fig. 27

Fig. 27

Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statue de Vierge à l’Enfant située au couronnement du retable dédié à sainte Catherine ; Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, angelot sculpté par Thierry (détail : couronnement du confessionnal situé dans la chapelle de saint Jean-Baptiste)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

52Une autre sculpture à laquelle personne n’avait prêté attention, est la statue en pierre de sainte Baselisse sculptée par Thierry et placée au-dessus du portail d’entrée de l’église paroissiale de Vinça. Disparue à la Révolution et retrouvée en 1940, sainte Baselisse a repris sa place de gardienne, au côté d’un saint Julien, sans doute à l’origine œuvre du sculpteur Thierry, mais qui a été remplacé par une sculpture moderne du XXe siècle afin de combler la niche vide à ses côtés. C’est pour l’instant l’unique sculpture en pierre connue du sculpteur Thierry (fig. 28).

Fig. 28

Fig. 28

Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statue en pierre de sainte Baselisse située au-dessus du portail d’entrée de l’église

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

53La trace du sculpteur Thierry a été retrouvée également à l’ancien hospice de Vinça, dont la sacristie de la chapelle dédiée à saint Sébastien, conserve à l’abri des regards, un panneau sculpté de sa main. Entièrement redoré, ce panneau provenant sans doute de la prédelle d’un ancien retable, illustre une scène biblique, probablement la décapitation des saints Côme et Damien (fig. 29).

Fig. 29

Fig. 29

Vinça (Pyrénées-Orientales), chapelle Saint-Sébastien de l’ancien Hospice, panneau de prédelle représentant la décapitation des saints Côme et Damien

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 104 - Fiches inventaire de l’église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse de Vinça et de la chap (...)

54Ces nouvelles attributions peuvent être proposées grâce à l’inventaire du CCRP réalisé à l’église Saint-Julien et Sainte-Baselisse et la chapelle Saint-Sébastien de l’hospice de Vinça104. D’autres œuvres inventoriées, attribuables au sculpteur François Thierry, indiquent qu’il intervient de façon certaine plusieurs fois encore dans les Pyrénées-Orientales.

  • 105 - TOLLON, 1972, p. 58. Il apparente ce retable à celui des Trois Archanges d’Espira-de-Conflent. Au (...)

55À Marquixanes, l’église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie reconstruite en 1646, nécessitait probablement au début du XVIIIe siècle l’ornementation d’une chapelle : le sculpteur Thierry exécute le retable de saint Sébastien105 (avec une polychromie de l’atelier Escribà) (fig. 30).

Fig. 30

Fig. 30

Marquixanes (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie, vue du retable de saint Sébastien, attribuable au sculpteur Thierry

E. Dandel © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 106 - Fiche inventaire du retable de la transfiguration de sainte Thérèse de l’église paroissiale de Pe (...)
  • 107 - Il semble opportun de préciser que des indications erronées attribuent d’autres œuvres à Thierry (...)

56Dans cette première moitié du XVIIIe siècle, François Thierry œuvre également pour le couvent des Grands Augustins de Perpignan, en sculptant un retable dédié à la transfiguration de sainte Thérèse. Depuis le transfert révolutionnaire accordé en août 1791, ce retable est présenté dans la chapelle latérale nord de l’église paroissiale Saint-Jean l’Évangéliste de Peyrestortes106 (fig. 31). Il s’agit de l’ultime œuvre connue à ce jour du sculpteur Thierry en Pyrénées-Orientales107.

Fig. 31

Fig. 31

Peyrestortes (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Jean l’Évangéliste, vue d’ensemble du retable de la transfiguration de sainte Thérèse, commande du couvent des Grands Augustins de Perpignan

C. Bodin © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Les doreurs d’Espira-de-Conflent

  • 108 - JUBAL DESPERAMONT, 2020, p. 154-173. I. Jubal Desperamont a étudié la technique et les motifs car (...)

57Le prestigieux mobilier de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent est aussi apprécié pour sa somptueuse polychromie d’origine avec un abondant usage du sgraffito qui l’embellit encore. C’est un sanctuaire qui permet l’étude des techniques notamment de l’atelier Escribà dont la majeure partie des polychromies, peut lui être attribuée108 (fig. 32). Ces observations ont amené des découvertes (dates, blasons) dissimulés dans l’ornementation, qui confrontées aux sources d’archives, permettent de renseigner la réalisation des commandes, leurs datations et au-delà, précisent le fonctionnement de l’atelier Escribà.

Fig. 32

Fig. 32

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau de prédelle représentant Gabriel invitant Joseph à fuir le tyran Hérode avec Marie et l’Enfant Jésus (détail du retable des Trois Archanges), orné de riches motifs de sgraffito caractéristiques de l’atelier Escribà.

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Une collaboration de doreurs et la datation inédite de plusieurs polychromies

  • 109 - LUGAND, 2004, p. 485.
  • 110 - Inscription peinte en haut du retable. Rafel Cruzat avait pu déjà admirer le travail du peintre e (...)

58Au moment de la mise en place du retable du Christ en 1708, le choix du doreur Félix Escribà semble évident. En effet, travaillant dans l’atelier de son oncle, le doreur Joan Escribà, auprès de qui il s’est certainement formé109, Félix Escribà a probablement déjà œuvré dans l’église d’Espira-de-Conflent sur la polychromie de plusieurs œuvres : le retable des Trois archanges en 1706 (signé Joan Escribà110), le haut-relief représentant le Massacre des Innocents en 1707, les deux panneaux sculptés de l’Assomption et du couronnement de la Vierge, ainsi que la chaire datée de 1710 (fig. 33).

Fig. 33

Fig. 33

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) détail du panneau représentant le Massacre des Innocents avec la date de polychromie « 1707 » inscrite en sgraffito au-dessus de la scène ; b) date de « 1710 » peinte sur le livre ouvert devant saint Marc (détail, chaire à prêcher)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 111 - Le doreur Joan Escribà meurt le 20 septembre 1710 (DALMAU, 2020, p. 130).
  • 112 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT 8, registre paroissial 1700-1715, année 1712, f°2 (verso).
  • 113 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/600 : Testament de Rafel Cruzat, prêtre et chanoine d’Elne rédigé le (...)
  • 114 - LUGAND, 2004, p. 449.

59Après la disparition, la même année, du doreur Joan Escribà111, Félix continue le travail de son oncle à l’église Sainte-Marie, et perdure son atelier. D’ailleurs sa présence à Espira-de-Conflent est attestée le 31 janvier 1712, dans les registres paroissiaux d’Espira-de-Conflent, lors du baptême de Ramon Vicera, dont il devient le parrain : « lo honor[able] Felix Scríbà dorador »112. Cependant à cette période, il n’est pas le seul « dorador » à Espira-de-Conflent ; la présence d’un autre doreur est avérée. Il s’agit de Joan Casadevall, doreur de Perpignan, qui fait partie des témoins du testament de l’oncle du prieur, signé le 10 février 1712 (« Joan Casadevall doreur de Perpignan »)113. Notons que lui aussi a probablement effectué son apprentissage chez Joan Escribà114 et a donc pu participer à des travaux de polychromie au sein de l’atelier, en compagnie de Félix Escribà.

  • 115 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, année 1712, f°3-4 ; et ADPO, 57EDT6, année 1712, f°69v.

60La présence de Félix Escribà et de Joan Casadavall, dès janvier-février 1712, laisse penser qu’ils sont certainement à l’œuvre à l’église d’Espira-de-Conflent, en train de réaliser la polychromie du retable du Christ (fig. 34). Le 7 mars 1712, Rafel Cruzat, oncle du prieur d’Espira-de-Conflent et commanditaire du retable du Christ, gravement malade, décède. Lors de ses funérailles, son neveu et exécuteur testamentaire lui rend un bel hommage et note le récit de son enterrement. Sa dépouille, accompagnée de dix prêtres est portée par quatre personnes dont les doreurs Félix Escribà et Joan Casadevall, jusqu’à sa sépulture aménagée dans la chapelle du Christ, sous le parquet ou « peanya », devant l’autel, sous le regard bienveillant des deux anges115.

Fig. 34

Fig. 34

Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales, acte de décès de Rafel Cruzat (oncle du prieur d’Espira-de-Conflent), le 7 mars 1712, avec la signature des doreurs Félix Escribà et Joan Casadevall (AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8)

C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 116 - Joan Casadevall qui est sans doute l’élève du doreur Joan Escribà, est cité comme témoin du codic (...)

61Cet épisode révèle la date de polychromie du retable du Christ, attribuée stylistiquement de façon certaine à Félix Escribà. Cependant, on ne peut apporter de précisions sur l’intervention de Joan Casadevall (motifs spécifiques ou techniques le caractérisant), tant la carrière éphémère de celui-ci (1710-1724)116, ne permet que très peu d’études. Celle de Félix Escribà est mieux connue mais ayant appris le métier de doreur dans le même atelier, il est possible qu’ils aient utilisés les mêmes techniques et motifs particuliers.

  • 117 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT 6, année 1714, f°70 ; et 57EDT8, année 1714, f°2 : acte de décès de (...)
  • 118 - Le reste de la mise au tombeau est repeinte.

62Après la polychromie du retable du Christ, les doreurs Escribà et Casadevall poursuivent leur collaboration à Espira-de-Conflent. C’est le récit détaillé, tragique et inédit de la disparition de Pere Marques qui révèle leur premier travail effectué en tant que maîtres doreurs (ils intègrent tous les deux le collège en décembre 1713). Le 10 janvier 1714, Pere Marques meurt noyé alors qu’il travaillait au fond du puits de la place du village. Lors des funérailles, Félix Escribà et Joan Casadevall qui étaient présents dans l’église, en train de dorer le sépulcre (« actualment doraben lo sepulcre baix lo cor de la iglesia »117), sont pris à témoins par le prieur Rafel Cruzat pour attester la disparition tragique et signer l’acte de décès du malheureux. Le sépulcre ou mise au tombeau est toujours présenté dans son emplacement d’origine, à l’opposé du chœur de l’église, sous la tribune des chantres (fig. 35). Il s’agit d’une œuvre majeure et rare, constituée de sculptures en bois et toile empesée, attribuée au sculpteur Josep Sunyer, et au doreur Félix Escribà, dont le style est identifiable par les motifs réalisés au sgraffito sur le périzonium du Christ118. La lecture des archives paroissiales d’Espira-de-Conflent a permis de découvrir la datation et les auteurs de la polychromie du retable du Christ et de la Mise au tombeau, mais surtout cette recherche a mis en évidence pour la première fois, la collaboration des doreurs Félix Escribà et Joan Casadevall, simplement soupçonnée auparavant.

Fig. 35

Fig. 35

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) vue d’ensemble de la Mise au tombeau ; b) détail du périzonium du Christ (polychromie d’origine datée de 1714) orné du motif de sgraffito typique du doreur Félix Escribà

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 119 - Fiche inventaire du haut-relief du baptême du Christ de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent (...)
  • 120 - Catherine Rogé Bonneau, fiche inventaire du retable de saint Jean-Baptiste : « a7 de juny 1730 », (...)

63Après la disparition de Joan Casadevall et du prieur Rafel Cruzat, Félix Escribà réalise la polychromie de certains panneaux sculptés des sept sacrements, dont la Pénitence, le mariage de la Vierge et le haut-relief du baptême de Jésus (fig. 36) (la date de polychromie 1724 est gravée dans la préparation119), la polychromie et la dorure du retable du Rosaire (1725) et enfin la polychromie du retable saint Jean-Baptiste, avec la date du 7 juin 1730 découverte dans la dorure du socle de la statue de saint Gaudérique120 (fig. 37), son ultime intervention à Espira-de-Conflent.

Fig. 36

Fig. 36

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant le Baptême du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 37

Fig. 37

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) statue de saint Gaudérique (du retable de saint Jean-Baptiste) ; b) date du 7 juin 1730, gravée dans la dorure du socle, découverte lors de l’inventaire

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Le jardin de Versailles sur la tunique des anges : caractéristique du doreur Félix Escribà ?

  • 121 - JUBAL DESPÉRAMONT, 2020, p. 154-173.

64La délicatesse de la polychromie des œuvres, la technique utilisée et les différents motifs des sgraffiti121 confirment ces attributions à Félix Escribà, l’un des plus talentueux doreurs de notre territoire en ce début du XVIIIe siècle, dont le travail magnifie les sculptures. Sur de nombreuses représentations exécutées par le doreur, il en est une qui a attiré mon attention à Espira-de-Conflent et qui a fait l’objet de peu de remarques jusqu’à présent : cette manière bien particulière de peindre sur la tunique des Anges (fig. 38).

Fig. 38

Fig. 38

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail de l’ange du panneau en haut relief du Baptême du Christ

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

65En effet, le doreur semble choisir un personnage sur la composition sculptée qui sera traité différemment des autres, dans la couleur, singulière et les motifs représentés, des fleurs naturalistes, afin d’attirer l’attention. Ce personnage, représentant un ange ailé la plupart du temps, est destiné à présenter l’essentiel de la scène sculptée, qu’il désigne souvent d’un geste délicat, le message à comprendre délivré par l’œuvre.

66Ainsi l’ange présent sur le haut-relief du Baptême, œuvre de Josep Sunyer, à Espira-de-Conflent, tend entre ses mains un linge précieux, destiné à essuyer les eaux du Jourdain, tandis que son regard amène le spectateur vers la scène centrale : le baptême du Christ.

67De même, les deux anges ailés, de part et d’autre du retable du Christ, interpellent du regard et présentent d’un geste gracieux, quatre médaillons sculptés des scènes majeures de la Passion (fig. 39).

Fig. 39

Fig. 39

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, vue d’ensemble de l’ange du retable du Christ, situé à droite, présentant deux médaillons sculptés de scènes de la Passion

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 122 - Une date pourtant déjà bien visible sur la prédelle (1725) avec la date sculptée (1702).

68Sur le retable du Rosaire, dans le médaillon représentant l’Annonciation, une représentation de très petite taille, l’ange semble désigner l’indice laissé par le doreur : la date de la polychromie du retable « 1725 » peinte sur le livre de la Vierge122 (fig. 40).

Fig. 40

Fig. 40

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, médaillon sculpté représentant l’Annonciation avec la date de polychromie du retable « 1725 », peinte sur le livre de la Vierge (détail, retable du Rosaire)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 123 - Sur le retable du Rosaire, figure le blason sculpté de la famille de Pont de Cadell et un second (...)

69Enfin, au premier registre, dans la composition du panneau sculpté représentant saint Roch, l’ange montre du doigt la blessure, comme pour porter l’attention sur la deuxième lecture à effectuer sur ce retable (fig. 41). Il est pourtant dédié au Rosaire, et la Vierge à l’Enfant ainsi que les mystères sont placés au centre, mais il présente plusieurs saints guérisseurs autour. Ainsi, ce retable a sans doute été édifié en remerciements d’avoir été épargné d’une épidémie ou pour éloigner la peste, conjurer le mauvais sort, commandé par la famille Pont de Cadell et peut-être la communauté d’Espira-de-Conflent, comme le suggère le deuxième blason sculpté123.

Fig. 41

Fig. 41

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) panneau sculpté représentant saint Roch montrant ses plaies et guéri par un ange ; b) blason des armoiries d’Espira-de-Conflent (détails, retable du Rosaire)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

70Le personnage choisi pour cette polychromie particulière par Félix Escribà n’est pas toujours un ange. Sur le panneau représentant le Mariage, il s’agit exceptionnellement d’un personnage féminin, probablement sainte Anne, qui désigne le Mariage de la Vierge de sa main gauche, tandis qu’elle retient son large manteau-voile de l’autre main (fig. 42).

Fig. 42

Fig. 42

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le Mariage de la Vierge

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 124 - JUBAL DESPERAMONT, 2020, p. 154-173.

71Ces personnages sont vêtus le plus souvent d’une longue tunique dont l’ensemble ou l’intérieur du vêtement est orné de sgraffiti sur or représentant un semis de fleurs peint sur fond blanc ou pastel. La finesse d’exécution du sgraffito est là encore un indice, révélant la main du doreur Félix Escribà et sa manière bien particulière de varier le motif gratté selon celui qui est peint et créer ainsi une grande variété de brillance, de couleurs et de densité124.

  • 125 - Fleurs du roi, p. 45-54.

72Les fleurs représentées sont celles en vogue, cultivées dans le jardin du roi Louis XIV au château de Versailles, adulées par la cour et que les passionnés fortunés cultivent et dupliquent en secret, revendant à prix d’or les bulbes les plus rares des variétés que l’on retrouve à Espira-de-Conflent : tulipes, anémones, œillets, renoncules... Ce sont les « fleurs de curieux »125 diffusées par des représentations peintes auprès des riches amateurs passionnés de botanique et d’exotisme.

  • 126 - La tulipe provenant à l’origine de Turquie et surnommée également, la fleur des Sultans, avait sé (...)
  • 127 - Je remercie Pascale Rogé Albafouille, horticultrice, pour ses connaissances et son implication da (...)

73Ces fleurs à la mode sont également des symboles et délivrent un message supplémentaire. Les fleurs peintes par Félix Escribà sont toutes des fleurs de printemps (fig. 43), plantes à bulbes pour la plupart (ou vivaces), signe du renouveau (Résurrection), représentées épanouies, et quelques-unes en boutons (symboles du cycle de la vie et du temps qui passe). Les tulipes sont très présentes126 (fleurs de la Passion), ainsi que les œillets (symbole du Christ), les anémones, renoncules, narcisses, lys, marguerites... Également présentes, les fleurs à quatre pétales, les crucifères (type giroflées), souvent encore utilisées pour la procession de la Sanch à Perpignan et qui sont les premières fleurs du printemps à fleurir. La plus rare des tulipes, et la plus recherchée, était une tulipe blanche flammée de rouge sang comme celle représentée sur les anges du retable du Christ127.

Fig. 43

Fig. 43

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, motifs de fleurs peintes et sgraffito sur la tunique de l’ange droit du retable du Christ : tulipe, œillet, renoncule (de gauche à droite)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 128 - Fleurs du roi, p. 54-69 et BESLER, 1987.

74La finesse de l’exécution, fidèle aux planches de gravures128 mais aussi à la réalité, qui paraît s’affirmer au fil des ans, semble indiquer un penchant certain et une réelle connaissance de la botanique par Félix Escribà.

  • 129 - BODIN, DE CASTAIGNER, 2020, p. 12-49. Le retable du Mas Girvès de Llo est une œuvre attribuée au (...)
  • 130 - L’année « 1715 » est peinte sur le livre tenu par la Vierge dans le médaillon représentant l’Anno (...)

75Cette polychromie caractéristique du doreur est visible également sur l’ange du retable de l’Annonciation du Mas Girvès de Llo (datée 1714)129 (fig. 44) et sur certains anges du retable du Rosaire de Vinça (1715)130. Elle apparaît également de façon magnifique sur les anges musiciens du Camaril de Font-Romeu (fig. 45).

Fig. 44

Fig. 44

Llo (Pyrénées-Orientales) ; a) panneau sculpté central du retable du Mas Girvès de Llo représentant l’Annonciation ; b) détail de tulipes peintes (l’une très épanouie) sur un fond de sgraffito (détail, tunique de l’ange Gabriel)

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 45

Fig. 45

Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), chapelle de l’Ermitage ; a) statue d’ange musicien du camaril (après restauration) ; b) détail des fleurs peintes sur fond de sgraffito et décor de poinçons sur les fleurs dorées de la tunique de l’ange

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

76Cette représentation de fleurs peintes sur la tunique des anges semble être une piste de recherche sérieuse en l’absence d’archives et de dates peintes sur l’œuvre afin de distinguer les travaux d’exécution des doreurs Joan et Félix Escribà jusqu’en 1710 (car Félix travaillait dans le même atelier que son oncle Escribà et utilise après son décès des motifs de sgraffito similaires et bien caractéristiques). En effet, on ne semble pas rencontrer cette manière bien particulière de peindre un foisonnement de fleurs naturalistes sur les œuvres attribuées à Joan Escribà.

  • 131 - DALMAU, 2020, p. 140.

77De même, il s’agit bien d’une caractéristique de l’art de Félix Escribà, et non de celui du doreur Joan Casadevall, dont nous avons mis en évidence la collaboration à Espira-de-Conflent, puisque les magnifiques anges musiciens du Camaril de Font-Romeu datent des années 1730-1734131, dix ans après le décès de Casadevall.

Comment l’inventaire remet en question des données établies depuis plusieurs décennies : les sept sacrements d’Espira-de-Conflent, œuvres de Josep Sunyer ?

  • 132 - CARBONELL, 1971, p. 200. Première suite de peintures représentant les sept Sacrements, réalisées (...)
  • 133 - TOLLON, 1972, p. 92-95. De nombreuses gravures des œuvres de Poussin ont été réalisées par son be (...)

78L’église et prieuré Sainte-Marie conserve parmi les œuvres les plus considérées et citées en référence par les historiens, un ensemble de panneaux sculptés représentant les sept sacrements : la Pénitence, la Confirmation, l’Eucharistie, l’Extrême-onction, l’Ordre (cinq panneaux verticaux présentés sur les piliers de la nef), le Mariage et le Baptême (deux panneaux horizontaux, disposés en pendant sous la tribune). Ils sont inspirés de la première série des compositions du célèbre peintre Nicolas Poussin (1594-1665)132, diffusées auprès des artistes par des gravures133.

  • 134 - TOLLON, 1972, p. 82 et p. 108 ; AVELLI, 2003, p. 23.

79Il est établi par les historiens depuis des décennies que cet ensemble est l’œuvre du grand sculpteur Josep Sunyer134, auteur de la Mise au tombeau, des anges et des médaillons du retable du Christ, déjà rencontrés dans l’église d’Espira-de-Conflent. En l’absence de sources d’archives explicites concernant la commande de cet ensemble, voici comment l’inventaire peut parfois remettre en cause les idées acquises.

L’observation et la découverte d’un blason

80L’observation des œuvres rencontrées dans de nombreuses églises du département, permet de reconnaître dans cette série de panneaux sculptés qui semble homogène, la main de deux sculpteurs différents et de penser que seuls trois panneaux sont l’œuvre de Josep Sunyer. Il s’agit des deux panneaux horizontaux représentant le Baptême et le Mariage (fig. 46) et le panneau vertical de la Pénitence (fig. 47).

Fig. 46

Fig. 46

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, scène centrale du panneau sculpté représentant le sacrement du Mariage

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 47

Fig. 47

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant la Pénitence

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 135 - TOLLON, 1972, p. 95.

81Les quatre autres panneaux représentant la Confirmation, l’Eucharistie (fig. 48), l’Extrême-onction, et l’Ordre (fig. 49) sont l’œuvre d’un autre sculpteur, certes de talent également, mais dont la stylistique est différente (quelques maladresses dans l’exécution de certains personnages, des nez droits, effilés...) (fig. 50). De plus, ses compositions semblent un peu moins fidèles à celles de Poussin135.

Fig. 48

Fig. 48

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; panneaux sculptés en haut relief représentant la Confirmation et l’Eucharistie

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 49

Fig. 49

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneaux sculptés représentant l’Ordre et l’Extrême-onction. Dans la niche centrale, tableau de saint Matthieu peint par Antoine Guerra en 1709.

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

Fig. 50

Fig. 50

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau représentant l’Extrême-onction

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  • 136 - Isabelle Jubal Desperamont décrit cette économie par l’application des carrés de feuille d’or esp (...)

82De même, si la polychromie des panneaux attribués à Josep Sunyer (le Baptême, le Mariage, la Pénitence) est l’œuvre, sans aucun doute, du doreur Félix Escribà, en revanche, la polychromie des quatre autres panneaux a été exécutée par un autre doreur. Ce dernier utilise une technique de sgraffito différente avec une économie de la feuille d’or136 (fig. 51), d’autres motifs représentés, et l’utilisation plus large de la feuille d’argent (ces parties sont aujourd’hui noircies). D’autre part, la polychromie de l’ensemble de ces quatre panneaux n’est pas homogène, certains ne comportant presque pas de feuilles d’or, d’autres plus richement dotés.

Fig. 51

Fig. 51

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant l’Ordre : technique d’économie de la dorure pour réaliser le sgraffito, en appliquant les carrés de feuille d’or espacés les uns des autres

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  • 137 - Fiche inventaire du haut-relief du baptême de Jésus de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent, (...)
  • 138 - ANTONIAZZI, 2011, p. 153-168 et TOSTI, 1989, p. 60.

83Un autre détail d’importance permet de dater le moment de la polychromie du premier groupe de panneaux attribués au doreur Félix Escribà : la découverte d’une date inscrite dans la couche de préparation de la polychromie du panneau représentant le sacrement du Baptême (fig. 52). Elle est passée inaperçue auparavant, car bien dissimulée et difficilement lisible137. Certains avancent la date de 1714 pour sa lecture138. Dans ce cas, la réalisation de la polychromie du Baptême, et probablement de son pendant le Mariage, aurait été réalisée en même temps que la polychromie de la Mise au tombeau, sous le commandement du Prieur Rafel Cruzat. Cependant la comparaison avec le graphisme utilisé pour la date de 1710 figurant sur la chaire de l’église (et d’autres exemples par ailleurs, où le 1 est toujours représenté « I » à l’intérieur de la date), semble indiquer : 1724 ; la réalisation de la polychromie s’effectuant alors que Joan Gendrillo, ami de Rafel Cruzat, le remplace en tant que prieur. Une période qui donne suite à l’achèvement d’autres œuvres commencées sous Cruzat comme la polychromie du retable du Rosaire en 1725, effectuée par le même doreur Félix Escribà.

Fig. 52

Fig. 52

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le Baptême : une date inscrite dans la couche de préparation indique le moment de la polychromie du panneau

Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

84Cette troublante constatation d’une différence d’exécution entre deux groupes de panneaux sculptés représentant les sept sacrements est confirmée par l’observation des cadres, notamment les verticaux. En effet, il ne faut pas s’y tromper, c’est le rajout en partie supérieure d’un décor de volutes végétales et d’une corbeille à fruits sculptée qui rend l’ensemble des cadres homogène. Car, les décors gravés dans la préparation de la dorure des cadres verticaux sont différents, pour l’un d’entre eux, celui représentant la Pénitence, attribué à Josep Sunyer. Ceux des quatre autres panneaux (la Confirmation, l’Eucharistie, l’Extrême-Onction, et l’Ordre, attribués au deuxième sculpteur) représentent des motifs de volutes végétales et des fleurs, et sont beaucoup plus denses.

  • 139 - Découverte réalisée par Isabelle Jubal Desperamont et Catherine Rogé Bonneau lors de l’inventaire (...)

85Mais, le plus spectaculaire est que ce riche décor, conjugué avec l’emplacement élevé des cadres et la pénombre de l’église, a longtemps dissimulé un indice d’importance, jamais aperçu ou du moins évoqué par les historiens auparavant. En effet, grâce au nouvel examen des cadres lors de l’inventaire, nous avons découvert un blason, gravé symétriquement quatre fois autour de chaque panneau vertical139 : un blason de gueules au chevron d’or accompagné de 3 croissants (fig. 53).

Fig. 53

Fig. 53

Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, blason du commanditaire gravé autour des quatre panneaux sculptés représentant la Confirmation, l’Eucharistie, l’Extrême-onction et l’Ordre (détail, panneau de l’Extrême-Onction)

C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

86Ainsi, tous les panneaux verticaux (attribués au deuxième sculpteur) portent la représentation de ce blason, gravé dans la préparation de la dorure du cadre, excepté un seul panneau, celui représentant le sacrement de l’Ordre qui porte le blason peint à l’aide d’un glacis rouge (expliquant la disparition du blason en partie basse du cadre à l’intérieur du cartouche, dû probablement à l’usure).

87La découverte inédite de ces armes, renforçant l’affirmation de l’existence d’un autre sculpteur et doreur pour ces quatre panneaux, venait de révéler également de toute évidence le commanditaire de ces œuvres.

La révélation : Joseph Roudil, prieur et commanditaire de quatre panneaux sculptés

  • 140 - CAZES, 1985, p. 57.
  • 141 - AD Pyrénées-Orientales. 2B709 (8 janvier – 30 juin 1728) : extrait de baptême de Gabriel Vigo, né (...)

88Un sceau portant le blason de gueules au chevron d’or accompagné de 3 croissants pouvait correspondre à celui aperçu sur les cadres d’Espira-de-Conflent140. Il était conservé sur un document qu’il a été possible de retrouver aux archives départementales. Ces armes correspondent au curé d’Olette, Joseph Roudil, qui signe et appose son sceau sur un extrait de baptême datant de 1728 de Gabriel Vigo, fils du notaire d’Olette : « j’ai signé le present extrait et lai sellé du sceau de mes armes [...] Roudil pre et curé dollette »141 (fig. 54).

Fig. 54

Fig. 54

Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales ; a) extrait de baptême de Gabriel Vigo, rédigé par Joseph Roudil, curé d’Olette, le 2 mai 1728 ; b) sceau portant les armes de Joseph Roudil (détail de l’extrait de baptême) (AD Pyrénées-Orientales. 2B709)

C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

  • 142 - AD Pyrénées-Orientales. G.937 (liasse) 17 pièces papier (latin, catalan, français), 1598-1769, ég (...)
  • 143 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT881-882, B.M.S. (1722-1725), f°119 : acte de mariage de Maria R (...)
  • 144 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT847, B.M.S. (1685), f°29 : acte de mariage entre François Roudi (...)
  • 145 - SALSAS, 1905 : François Roudil, inscrit à la demande du Roi, est nommé le 16 juin 1688.
  • 146 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/646. En 1751, Raymond de Roudil est déjà décédé.
  • 147 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT881-882, B.M.S. (1722-1725), f°119 : acte de mariage de Maria R (...)
  • 148 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT893-894, B.M.S. (1744-1745), f°39 - Mariage de Jacques Roudil ( (...)

89Joseph Roudil, nommé curé d’Olette en 1727142, auparavant prêtre bénéficier de la Cathédrale Saint-Jean de Perpignan143, est le fils de François Roudil originaire de Pont-Saint-Esprit (Gard) et de Maria Lancira, de Perpignan, à peine âgée de 15 ans lors de la célébration du mariage le 9 mars 1685. À 31 ans, François Roudil est « conseiller du Roi » et « greffier chef du civil et criminel du conseil supérieur du Roussillon »144 et deviendra plus tard « Trésorier de France de la Généralité de Montpellier ». En 1688, inscrit à la demande du Roi, François Roudil est également nommé bourgeois honoré de Perpignan145. Le curé d’Olette a au moins deux frères et une soeur évoluant dans la haute société : « Raymond de Roudil »146, Maria Roudil (marié en 1725 à Marc Antoine De Belissen seigneur Dhermenis147) et Jacques Roudil, avocat au Conseil Souverain du Roussillon (marié à Catherine d’Hugues, le 21 avril 1745148), nés à Perpignan.

  • 149 - AD Pyrénées-Orientales. G.920 (liasse) 36 pièces et 2 dossiers brochés papier (latin, catalan, fr (...)
  • 150 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/646, le 8 février 1751 : « Monsieur Jacques de Roudil Conseiller d’h (...)

90Joseph Roudil, docteur en théologie, ne demeure que peu d’années à Olette car le 6 septembre 1729, il devient le nouveau prieur d’Espira-de-Conflent149 où il reste jusqu’à sa mort en 1751. L’inventaire de ses biens, ainsi que de ceux hérités de son père, est présenté à son frère Jacques, le 8 février 1751. Cet exceptionnel document décrit les différents appartements privés d’habitation du prieuré d’Espira-de-Conflent et nous livrent des renseignements supplémentaires anecdotiques sur la vie personnelle du prieur, Joseph Roudil, qui vivait de manière assez aisée150.

  • 151 - AVELLI, 2003, p. 65-66.

91Les différentes observations relevées sur l’ensemble des représentations des sept sacrements et les découvertes en archives, semblent donc indiquer que la série des panneaux sculptés d’Espira-de-Conflent s’est réalisée en deux temps. D’abord, les trois panneaux représentant le Baptême, le Mariage et la Pénitence, attribués au sculpteur Josep Sunyer (en activité sur notre territoire jusqu’en 1718151) et la polychromie à Félix Escribà (1724), sous l’influence probable ou la commande du prieur Rafel Cruzat (1695-1714), ou de son successeur Joan Gendrillo. Puis dans un second temps, la commande du prieur Joseph Roudil (1729-1751), dont le blason est représenté sur les cadres des panneaux de la Confirmation, l’Eucharistie, l’Extrême-onction, et l’Ordre, venue compléter la série des 7 sacrements, dont les panneaux verticaux seront rendus homogènes par le rajout du décor sculpté en partie supérieure.

  • 152 - Une attribution de l’ensemble des sept panneaux à J. Pardines, sculpteur qui travaille à Catllar (...)

92Visiblement Joseph Roudil, avec une certaine aisance financière, complète la série inachevée (?) ou en partie disparue (?). Une question qui reste posée. La mort de Rafel Cruzat en 1714 a-t-elle interrompu la réalisation de l’ensemble des panneaux des 7 sacrements ? Une chose est certaine, Josep Sunyer ayant définitivement quitté notre territoire en 1718, ne pouvait pas être le sculpteur choisi pour la réalisation des quatre derniers panneaux par le nouveau prieur, Joseph Roudil, arrivé à Espira-de-Conflent en 1729. De même, le sculpteur de ces quatre panneaux demeure encore un mystère152.

Conclusion

93Vingt ans déjà d’inventaire, d’expérience, de découvertes et de connaissances engrangées pour la sauvegarde du patrimoine mobilier en terre catalane. Mais en réalité bien plus encore, car le CCRP, avant le programme « Plan-Objet 66 », existait et cumule une expérience de plus de trente années au service des œuvres du département : inventaires ponctuels et examen diagnostics, restaurations d’œuvres avec ses découvertes et conclusions, archivage de données, ouvrant vers une connaissance toujours plus importante du patrimoine local. La délégation de l’inventaire depuis 2002, et l’avènement des nouvelles technologies ont poussé plus loin cette connaissance en permettant le rassemblement de la documentation et des sources d’archives éparpillées. De plus, l’inventaire devenu exhaustif permet désormais avec la base informatique et le regroupement des données, la comparaison de milliers d’œuvres du département.

  • 153 - Colloque : Premières Rencontres Méditerranéennes sur les décors de la Semaine Sainte, organisé pa (...)
  • 154 - Colloque transfrontalier et international : Vierges médiévales de Catalogne : mises en perspectiv (...)
  • 155 - DALMAU, ROGÉ BONNEAU, 2013, p. 179-487.
  • 156 - Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo, 2020.
  • 157 - Exposition « Autour d’une œuvre restaurée, Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo » : de mai 202 (...)

94Cette conjoncture favorable a permis la confrontation entre l’observation (technique et stylistique) et la recherche en archives ; le lien entre le récit de l’histoire matérielle de l’œuvre et les découvertes et révélations des sources d’archives. Une complémentarité parfaite pour une équipe passionnée, qui a généré au fil des ans de manière scientifique et rigoureuse des recherches en marge de l’inventaire sur les thèmes du patrimoine mobilier, des collaborations avec des universitaires, chercheurs, étudiants, collaborations transfrontalières notamment avec la Catalogne sud, des expositions, des colloques et des publications réalisés par le CCRP dont plusieurs font références : comme par exemple, l’étude sur les monuments de la Semaine Sainte153, ou encore celle sur les statues de Vierges à l’Enfant médiévales du département154 et son corpus d’œuvres (XIIe- XVe siècles) réalisé155, et tout dernièrement l’étude et la mise en lumière du grand sculpteur, Josep Sunyer et surtout du peintre doreur, Félix Escribà, méconnu jusque-là156, au travers de notre exposition actuelle « Autour d’une œuvre restaurée, Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo »157 (fig. 55).

Fig. 55

Fig. 55

Perpignan (Pyrénées-Orientales), chapelle Notre-Dame des Anges, l’ange du retable du Christ de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent présenté en 2022 dans le cadre de l’exposition « Autour d’une œuvre restaurée, Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo »

G. Dalmau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales

95Un ensemble de projets qui ont amené des actions de valorisation sur le prestigieux mobilier de l’église et prieuré d’Espira-de-Conflent, mais également une avancée de la connaissance et un nouveau regard sur ce patrimoine. Mais qu’en serait-il sans l’inventaire ? Sans cette appréhension nécessaire des objets dans sa globalité, que leur connaissance conduit à mieux comprendre et à valoriser ? L’inventaire d’Espira-de-Conflent a été particulièrement fructueux, mais il est le reflet de nos opérations en Pyrénées-Orientales, toujours surprenantes de découvertes, même si parfois les œuvres sont moins prestigieuses, les sources d’archives moins prolixes, avec une recherche simplifiée (même si c’est toujours plus passionnant) en raison du temps déjà particulièrement important consacré à l’inventaire in-situ, au suivi du « Plan-Objet 66 », et à la lutte incessante pour la sauvegarde des œuvres.

  • 158 - Date sculptée sur le gradin du retable.
  • 159 - Les attributions aux sculpteurs Pau Sunyer et Lluis Baixa (TOLLON, 1972, p. 83), ou celle au scul (...)
  • 160 - Le retable du maître-autel dédié à la Vierge, est l’œuvre du célèbre sculpteur Lluis Genérès à la (...)

96La mise en lumière d’une inscription sur un retable, une date dissimulée dans la polychromie ou une mention dans un texte d’archives font opérer la magie des découvertes de l’inventaire. Autant d’indices, qui comme un jeu de pistes, permettent la reconstitution comme à Espira-de-Conflent, du chantier d’embellissement de l’église au début du XVIIIe siècle, la révélation d’un sculpteur, François Thierry, la collaboration de doreurs et la datation de plusieurs polychromies d’œuvres, l’influence de la mode pour la botanique à la cour du Roi Soleil qui s’exprime sur les tuniques des anges peintes par Félix Escribà, ou encore la remise en questions d’attributions par la découverte d’un blason de commanditaire. Autant de découvertes qui génèrent de nouvelles interrogations, de nouveaux sujets à développer, pour une connaissance historique aux limites toujours repoussées. Ainsi le mystère du retable de saint Jean-Baptiste d’Espira (1723158) qui devait être dédié à saint Thomas, demande à être résolu : des dessins interrompus par la disparition du prieur Rafel Cruzat en 1714 ? De même, l’énigme sur l’identité du sculpteur demeure159. Et qu’en est-il de la polychromie d’origine du maître-autel dissimulée sous le repeint du XIXe siècle (1876) mais dont la datation grâce aux mentions d’archives, permet de situer aux alentours de 1675-1683160 ? L’ancien prieuré Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent n’a pas encore livré tous ses secrets.

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Bibliographie

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SALSAS, Albert. Catalogue des bourgeois honorés de Perpignan. Perpignan : Imp. de J. Payret, 1905.

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Notes

1 - Depuis 2006, la Région délègue au CCRP la réalisation de l’inventaire comme auparavant le faisait l’État (DRAC Languedoc-Roussillon).

2 - Lancé pour répondre aux besoins de conservation des retables des Pyrénées-Orientales, en partenariat avec la DRAC Languedoc-Roussillon, puis la Région. Des opérations du Plan-Objet se sont déroulées par la suite dans les autres départements du Languedoc-Roussillon. Le Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine est un service du conseil départemental des Pyrénées-Orientales, une structure départementale unique en France.

3 - Les différentes interventions réalisées dans le cadre du « Plan-Objet 66 » sont entièrement gratuites pour les communes depuis vingt ans.

4 - L’inventaire en Pyrénées-Orientales est réalisé depuis 2002 par deux chargées d’inventaire, Séverine Massegu et Catherine Rogé Bonneau et en 2022, quatre restauratrices : Isabelle Jubal Desperamont (Responsable du CCRP), Christiane de Castaigner, Syvie Richard et Chloé Bodin ; interviennent ponctuellement, Jérôme Leborgne (assistance technique) et Guillaume Dalmau (chargé de médiation) ; tous sont salariés du département. Les photographies d’inventaires sont réalisées par les chargées d’inventaire ou les restauratrices et ponctuellement, par un photographe professionnel indépendant, mandaté par le CCRP, Dinh Thi Tien.

5 - La catégorie orfèvrerie est la spécialité des chargées d’inventaire.

6 - Base de données informatique utilisant le logiciel File Maker Pro.

7 - Certaines fiches d’inventaire existantes ont été enrichies (fiches d’objets classés au titre des monuments historiques, fiches descriptives d’inventaire réalisées par E. Laurenceau en 1999 pour le Pays d’Art et d’Histoire de la Vallée de la Têt...).

8 - L’expérience a démontré qu’il était plus profitable de réaliser la plus grande partie des recherches après, pour ne pas passer à côté d’informations, dans les registres de comptes de fabrique notamment. De plus, une bonne connaissance de l’édifice et du mobilier, ainsi que les différentes observations réalisées in situ, permettent d’orienter les recherches et facilitent les découvertes.

9 - La responsable du CCRP, Isabelle Jubal Desperamont est également Conservatrice des Antiquités et Objets d’Art du département des Pyrénées-Orientales.

10 - Le CCRP a participé en amont à l’élaboration de la base de données « Œuvres d’Art » et de la « fiche examen diagnostic » afin de pouvoir réaliser le constat de l’état sanitaire d’un objet, quelle que soit sa catégorie, et établir un bilan global de conservation sur l’ensemble du mobilier d’un édifice.

11 - La statuette de petite taille, provenant d’un oratoire privé, ne disposait pas de socle de présentation sécurisé et pouvait être facilement volée.

12 - Œuvre restaurée en 2021 par Sylvie Richard et réalisation du socle par l’atelier de menuiserie du conseil départemental.

13 - Plusieurs restaurations d’œuvres ont été initiées depuis les années 1990, par la commune d’Espira-de-Conflent et M. le maire Roger Paillès en collaboration avec la DRAC, sur une partie du mobilier classé au titre des monuments historiques. Certaines restaurations ont été réalisées par le CCRP : les toiles du Monument (2006-2008), la mise au tombeau (2010-2011), et une statue de Christ en croix (2018).

14 - L’exposition, réalisée par le CCRP, est présentée à la chapelle Notre-Dame des Anges de Perpignan jusqu’en septembre 2022.

15 - ROGÉ BONNEAU, 2020, p. 194-205.

16 - Je remercie Isabelle Jubal Desperamont, restauratrice et responsable du CCRP, pour la transmission de ses connaissances sur les sculpteurs Josep Sunyer, le « maître d’Espira », et le doreur Felix Escribà, issues de ses observations sur le terrain et restaurations d’œuvres.

17 - AD Pyrénées-Orientales. 1J698/7 : notes du chanoine J. Borrallo, description de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent au début du XVIIe siècle par le prieur Pierre Nicolau, né à Millas, historien et poète, professeur de théologie à l’université de Perpignan.

18 - AD Pyrénées-Orientales. 2B656. Arrêts civils, Minutes 4 juillet-24 décembre 1695 : Nomination de Raphaël Cruzat, prieur d’Espira-de-Conflent le 5 septembre 1695. Rafel est la forme du prénom retenue car apparaissant dans la majorité des textes d’archives.

19 - Le mobilier de l’église sera entièrement renouvelé excepté le retable du maître-autel dédié à la Vierge, sculpté par Lluis Generès (1663-1664) à la demande de la communauté d’Espira-de-Conflent (AD Pyrénées-Orientales. 3E19/486) et une statue de Vierge à l’Enfant remarquable du début du XIIIe siècle, également conservée dans l’église.

20 - BORRALLO, 1939, p. 25-26.

21 - AD Pyrénées-Orientales. 3E8/7. Transaction le 26 février 1693 entre quatre fils de Miquel Cruzat, mentionné à cette date, « batlle » (représentant du seigneur au niveau de la communauté d’habitants) d’Elne. Miquel est le fils de Rafel Cruzat (grand-père du futur prieur d’Espira-de-Conflent), lui aussi « batlle » d’Elne en 1656 (AD Pyrénées-Orientales. 65CCM5. Elne, registre paroissial) et de Rosa. Marié à Monserrada, le couple Cruzat-Oriol a plusieurs enfants dont : Rafel (futur prieur d’Espira), Francisco, « pagès » (cultivateur) et « batlle » de Saint-Cyprien (né en 1664 et marié à Marianna Delshoms – AD Pyrénées-Orientales. 3E1/6780 : contrat de mariage le 26/07/1686), Miquel, « pagès » de la ville d’Elne, et Geronim le plus jeune. Rafel est l’aîné des quatre fils mais la fratrie est plus importante.

22 - Il est cité le 21 septembre 1682 dans le testament de son grand-père, Rafel Cruzat et qualifié de : « Reverent Rafel Cruzat Prevere ӱ domer curat de la iglesia major de Sant Joan de la dita vila de Perpi[ny]a mon net […] » : Révérend Rafel Cruzat, prêtre et semainier de l’église majeure Saint-Jean de la dite ville de Perpignan, mon petit-fils. (AD Pyrénées-Orientales. 3E1/6775).

23 - AD Pyrénées-Orientales. 3E9/95. Premier testament de Rafel Cruzat (futur prieur) rédigé le 19 mai 1685 : « Jo Rafel Cruzat pbre ӱ canonge de la Sa Iglesia de elna […] Miquel Cruzat pages de la ciutat de elna mon pare […] Francisco Cruzat Miquel Cruzat y Geronim Cruzat tres germans meus carnals fills legitims y naturals de la Sa Montserada Cruzat q[uondam] la primera muller [...] ». Rafel Cruzat est chanoine du chapitre d’Elne transféré à la Cathédrale Saint-Jean de Perpignan.

24 - BORRALLO, 1939, p. 25 et TOLLON, 1972, p. 35-36. Certains ouvrages ont été conservés : « Novena del glorios patriarca Sant Josep » (1711) et « Novena en veneracio del Glorios Sant Antoni de Padua » (1714).

25 - Œuvre qui est parvenue intacte jusqu’à nous et que l’on peut admirer encore aujourd’hui dans le transept nord de la cathédrale Saint-Jean de Perpignan. Le lien entre le nom de Rafel Cruzat qui joue un rôle dans l’édification de ce retable, le futur prieur et l’incidence probable sur l’embellissement d’Espira-de-Conflent, n’ont jamais été relevés par aucun historien auparavant.

26 - LUGAND, 2002, p. 167.

27 - Le retable des saintes Julie et Eulalie, était destiné à l’ancienne chapelle sainte Pétronille, affectée en 1675 à la sépulture des chanoines du chapitre d’Elne (CARBONELL, 1971, p. 78).

28 - LUGAND, 2002, p. 167-170. Les différentes étapes de l’édification du retable sont bien connues grâce à une documentation d’archives abondante (différents marchés, quittances) et surtout un document unique et précieux, le livre de compte du retable, dans lequel tous les dons et dépenses pour sa construction sont détaillés.

29 - AD Pyrénées-Orientales. G 353 (Liasse), 1524-1677, Chapelle des saintes Julie et Eulalie. Contrat de sculpture pour le retable, 1675 : « Pactes fets entre lo molt illustre capitol de Elna, de una part, y Joan Jaume Meler, scultor de Carcassona, de part altra, en y acerca la construcio del retaula de santas Eulalia y Jullia, fahedor en la iglesia de Sant Joan, 1675 » (titre au dos : Pactes passés entre le très illustre chapitre d’Elne, d’une part, et Jean-Jacques Melair, sculpteur de Carcassonne, d’autre part, concernant la construction du retable des saintes Eulalie et Julie, réalisé dans l’église Saint-Jean, 1675).
« Die 27 novembris 1675, Perpiniani. De et super infrascriptis, per et inter illustres admodum reverendos dominos Hyeronimum Perarnau, archidiaconum Vallespirii, Josephum de Trobat, sachristam, Franciscum Faget, Josephum Celles, Joannem Bassedes et de Viure, Cruzat Raphaellem […] omnes presbiteros et canonicos sanctae Elnensis ecclesiae et Joannem Jocabum Meler, architectorem civitatis Carcassonae [...] » : Le 27 novembre 1675, Perpignan. Entre les soussignés, les très illustres révérends seigneurs Hyeronim Perarnau, archidiacre du Vallespir, Josep de Trobat, sacristain, Francesc Faget, Josep Celles, Joan Bassedes et de Viure, Cruzat Rafel [...] tous prêtres et chanoines de la sainte église d’Elne et Jean-Jacques Melair, sculpteur de la cité de Carcassonne. DURLIAT, 1953, p. 269-270. Rafel Cruzat : prieur ou oncle (?), nous y revenons plus loin.

30 - AD Pyrénées-Orientales. G 354. (1675-1688) Registre de comptes de l’œuvre du retable des saintes Eulalie et Julie. Cortade et Durliat citent son nom mais aucun historien ne fait le lien avec le prieur d’Espira de Conflent ou son oncle (CORTADE, 1973, p. 130 ; DURLIAT, 1953, p. 228).

31 - Le sculpteur disposait d’un délai de deux années et devait transporter les éléments dans des caisses de Carcassonne à Perpignan, car son atelier demeurait sur place. (CORTADE, 1973, p. 128).

32 - LUGAND, 2003, p. 155-180.

33 - AD Pyrénées-Orientales. G 349 et DURLIAT, 1953, p. 269-270.

34 - LUGAND, 2002, p. 169.

35 - AD Pyrénées-Orientales. 3E9/95 : 1er testament de Raphaël Cruzat le 19 mai 1685 ; il est alors prêtre et chanoine de l’église d’Elne : « Jo Rafel Cruzat prebere y canonge de la Santa Iglesia de Elna […] deix y llego a Francisco Cruzat, Miquel Cruzat y Geronim Cruzat tres germans meus carnals fills legitims y naturals de dit Miquel Cruzat de la senyora Montserrada Cruzat quondam sa primera muller [...] » : Moi Rafel Cruzat prêtre et chanoine de la sainte église d’Elne [...] laisse et lègue à Francesc Cruzat, Miquel Cruzat et Hieronim Cruzat mes trois frères charnels, fils légitimes et naturels du dit Miquel Cruzat et de feue Montserrada Cruzat, sa première épouse.
Raphaël Cruzat souhaite alors être enterré dans le tombeau des chanoines situé dans la chapelle des saintes Eulalie et Julie de l’église Saint-Jean de Perpignan : « en la capella de las gloriosas Santas Eularia y Julia patronas del present Bisbat de elna erigida en la Iglesia major de Sant Joan Baptista de dita present Vila de Perpinya » : dans la chapelle des glorieuses Saintes Eulalie et Julie patronnes du présent Evêché d’Elne érigée dans l’église majeure Saint-Jean Baptiste de la dite et présente ville de Perpignan.
Testament de Rafel Cruzat, fils de Miquel Cruzat pagès et de Monserrada (décédée, sa première épouse), neveu de Victoria veuve d’Anton Lafont et frère de Francisco, Miquel et Geronim. Notaire Coll François Perpignan.

36 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : dernier testament du Prieur Rafel Cruzat, le 25 mai 1709. Joan Gendrillo est mentionné exécuteur testamentaire. Il le remplace en tant que prieur à sa mort en 1714.

37 - DALMAU, 2020, p. 136.

38 - TOLLON, 1972, p. 35 : le prieuré d’Espira disposait de 5000 livres de revenu par an.

39 - AD des Pyrénées-Orientales. Hp242.

40 - Une découverte majeure à laquelle un paragraphe est consacré plus loin.

41 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Ultime testament de Raphael Cruzat, Prieur d’Espira de Conflent, rédigé le 25 mai 1709. Il demande à être enterré dans le cimetière d’Espira-de-Conflent « en le cimetiere de l’eglise du dit lieu de Spirá et tout proche la maison de l’œuvre de la meme Eglise ordonnant que mon dit cadavre soit enseveli sans caisse ou atout ».

42 - AD des Pyrénées-Orientales. 57EDT8, registre paroissial 1700-1715, année 1714, f°5 : « Als quatre del mes de agost dia disapte del anӱ mil cet sens catorse jo baix firmat confesso aver sepultat en la capella del gloríos patriarche sanct Joseph de la Iglesia de nostre senӱora de Spirá en Conflent al molt Reverent Raphel Cruzat Prior de nostre senӱora de spira en Conflent ab asistentia de catorse sacerdots honrres ӱ enterro a un matex dia asistint testimonis [...] » : Le samedi quatre août de l’an mil sept cent quatorze, je, sousigné, déclare avoir enterré dans la chapelle du glorieux patriarche saint Joseph de l’église de Notre-Dame d’Espira-de-Conflent, le très révérend Rafel Cruzat, prieur de Notre-Dame d’Espira-de-Conflent, avec l’assistance de quatorze prêtres, honneurs et enterrement le même jour assisté de témoins [...].

43 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Ultime testament de Raphael Cruzat, Prieur d’Espira de Conflent, rédigé le 25 mai 1709.

44 - TOLLON, 1972, p. 36.

45 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : testament du prieur Rafel Cruzat le 25 mai 1709 : "[...] je laisse et legue a la œuvre de la dite eglise du dit lieu de Espirà tous les ornements sacerdotaux que je tiens en un tiroir ou calaix qui est dans la sacristie de la meme Eglise comme assi un Calice d’argent, un bassin d’argent, avec ses canadalls d’argent, una palmatoria aussi d’argent, et un petit vas d’argent qui sert pour la purification les jours qu’on dit deux messes toutes lesquelles choses sont dans le dit tiroir duquel je tins la clef, laquelle clef je veux et ordonne qu’elle soit baillée et livrée au Reverend Prieur de la dite Eglise affin qu’il puisse sen servir quand il voudrà [...]". Les ornements et pièces d’orfèvrerie mentionnés n’ont malheureusement pas été conservés.

46 - AD des Pyrénées-Orientales. 57EDT 6, année 1714, f°70 ; et 57EDT8, année 1714, f°2.

47 - AD des Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : Le prieur Rafel Cruzat meurt le 3 août 1714 ; cette mention est rajoutée au dos de son ultime testament rédigé le 25 mai 1709.

48 - AD des Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707.

49 - Date peinte sur le retable.

50 - Une découverte qui prouve la difficulté à distinguer les deux Rafel Cruzat, et savoir lequel des deux, participe à la commande et accompagne les pièces sculptées du retable des saintes Eulalie et Julie de Perpignan (1675-1677). Même s’il semble probable qu’un si grand événement ait été suivi de près ou de loin par les deux personnages, avec une influence sur l’embellissement du mobilier à Espira-de-Conflent.

51 - L’oncle est cité le 21 septembre 1682 dans le testament de son père (et grand-père du prieur d’Espira), qui porte lui-aussi le nom de Rafel Cruzat : « Rnt Rafel Cruzat prevere ӱ canonge de Elna » : Révérend Rafel Cruzat prêtre et chanoine d’Elne. (AD des Pyrénées-Orientales. 3E1/6775). Dans la famille Cruzat, trois personnes portent le même nom : le grand-père, l’oncle et le prieur d’Espira-de-Conflent.

52 - Il est désigné comme l’un des exécuteurs testamentaires de son neveu, le prieur Rafel Cruzat (AD Pyrénées-Orientales. 3E19/597 : testament du prieur Rafel Cruzat le 25 mai 1709).

53 - L’oncle Cruzat est peut-être aussi le commanditaire du confessionnal de la chapelle ou des deux confessionnaux de l’église.

54 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, Espira-de-Conflent, registre paroissial 1700-1715, année 1712, f°3-4.

55 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/600, Testament de Rafel Cruzat, prêtre et chanoine d’Elne (oncle du Prieur d’Espira-de-Conflent) rédigé le 10 février 1712 à Espira-de-Conflent. Il demande, s’il décède à Espira-de-Conflent, à être enterré dans l’église paroissiale : « [...] Et j’elis la sepulture a mon cadavre savoir si je mourré en le lieu de Spirá de Conflent dans la parroissialle Eglise du dit lieu [...] ».

56 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, année 1712, f°3-4. Un autre registre paroissial relatant également la sépulture indique de même « S[epulture]. de Raphael Cruzat pretre et chanoine du chapitre d’Elne il a été enterré au parquet ou peanya du Christ chapelle que lui commença a bâtir et la lui-même achevée ». L’acte rédigé par le vicaire Ver précise également : « C’est sans doute quelque frère ou oncle du prieur actuel » (AD Pyrénées-Orientales. 57EDT6, Espira-de-Conflent, registre paroissial 1635-1727, f°69v).

57 - Blason : "écu de gueules parti en chef aux deux soleils d’or à 8 pointes, en pointe à l’hexagramme d’or centré d’une croix latine du même " (interprétation du blason par M. Marc Jubal, spécialiste de l’héraldique).

58 - J’ai remarqué la présence de ce blason lors de l’opération d’inventaire à Espira-de-Conflent. Il n’a jamais été mentionné auparavant. Ce blason est à associer au donateur du retable. Il s’agit donc probablement du blason de la famille Cruzat.

59 - AD Pyrénées-Orientales. 54EDT3, f° 115 et Antoniazzi, 2013, p. 191-216 : "pour faire l’autel de Saint-Sébastien en exécution du vœu qu’a fait ledit Cruzat en temps de contagion à l’année 1653 [...] ledit Cruzat en avait parlé à un sculpteur pour faire ledit retable lequel a demandé trentecinq doubles ». Le nom du sculpteur n’est malheureusement pas précisé dans le texte, mais ce témoignage démontre encore une fois la prédisposition de la famille Cruzat à l’embellissement d’édifices religieux et qui a dans son entourage proche des artistes.

60 - CORTADE, 1983, p. 37.

61 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242 et TOLLON, 1972, p. 56-59.

62 - Cette inscription inédite m’a été communiquée au début de l’inventaire par Isabelle Jubal-Desperamont, qui l’avait découverte grâce à M. Alain Sanchez (assistant de conservation et responsable de l’Hospica d’Illa), élu à la commune d’Espira-de-Conflent. Celui-ci avait pu, lors d’une visite du chantier de restauration du retable en 2008 par M. Langlois, photographier l’inscription lorsque la sculpture avait été déposée au sol mais une partie n’était pas lisible. De même les photographies du restaurateur ne permettaient pas de restituer les informations en intégralité et la barrière de la transcription avait empêché sa lecture lorsque l’inscription était accessible.

63 - Inscription visible uniquement à presque 6 m de hauteur et avec l’aide d’un échafaudage.

64 - Intervention réalisée par Isabelle Jubal-Desperamont et Catherine Rogé Bonneau, le 3 mars 2022. La lecture de l’inscription a été effectuée à l’aide de différentes lumières dont celle UV qui a permis de lire le mieux l’initiale du prénom du sculpteur.

65 - À noter que le « i » de « Paris(i)en » (Parisiensis en abrégé) semble être un repentir ou effacé par une altération. Une petite lacune est située à côté de l’initiale du prénom « F ». Enfin, le « v » de « Escrivà » se prononce [b] en catalan et il est commun de trouver le nom d’Escribà sous cette orthographe dans les textes d’archives.

66 - Joan Escribà est le même doreur perpignanais choisi pour réaliser la polychromie du retable des saintes Eulalie et Julie de la Cathédrale de Perpignan en 1682.

67 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°96 et f°104.

68 - Archives de Paris. État civil reconstitué (XVIe–1859). Les fonds partiels de l’état civil parisien de cette époque ne m’ont pas permis de retrouver la trace de ce sculpteur.

69 - Le traité des Pyrénées qui signa le rattachement de notre territoire à la France en 1659, n’avait pas arrêté la circulation des sculpteurs toujours aussi nombreux venus de catalogne sud, comme en témoignent les contrats.

70 - TOLLON, 1992, p. 585-596.

71 - Une sculpture en pierre peut lui être attribuée dans les Pyrénées-Orientales, celle de sainte Baselisse située au-dessus du portail d’entrée de l’église paroissiale de Vinça.

72 - AD Haute-Garonne. GG265, GG269, GG273 (octobre 1689-septembre 1698) et TOLLON, 1989, p. 589, 595. Les deux derniers enfants meurent en bas âge. L’épouse de François Thierry apparaît également sous l’orthographe du nom « Jeanne de Vaux ».

73 - Cette signature explique l’orthographe du nom retenu pour désigner le sculpteur : « Thierry ».

74 - SARTRE, 2000, p. 166.

75 - TOLLON, 1989, p. 589. Les marchés s’échelonnent entre le 1er janvier 1690 et le 8 mars 1691. Thierry, aidé du tailleur de pierre Raymond Mercier, doit sculpter chapiteaux et corniches d’un retable à colonnes de marbre et y ajouter angelots et pots à feu ; il utilise pour cela le bois et le stuc. Les éléments sculptés par François Thierry à Notre-Dame de la Dalbade de Toulouse n’ont malheureusement pas été conservés.

76 - TOLLON, 1989, p. 589. Thierry doit suivre le modèle du retable exécuté par le sculpteur Philippe Chaillou en 1680. Pour le réaliser il est aidé par un tailleur de pierre, François Mercier (parrain de l’un de ses enfants) et fait appel au marbrier de Caunes Minervois, Jean Cauquil (colonnes, panneaux et balustrade de la chapelle). Ce retable est encore conservé dans la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse.

77 - Je tiens à remercier particulièrement Clara Lajarrige et Pierre Bonneau, étudiants, pour leurs investigations à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse et la réalisation des photographies.

78 - SARTRE, 2000, p. 167 : La formation acquise à l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris devient aussi prestigieuse et nécessaire que l’expérience italienne.

79 - Inscription et date peinte sur le retable des Trois Archanges. Deux années est une durée raisonnable pour la sculpture d’un retable. Ce délai a été constaté également à Espira-de-Conflent entre l’achèvement du retable des Trois Archanges (1700) et celui du retable du Rosaire (1702).

80 - Leurs noms ne sont pas connus, mais Bruno Tollon émet l’hypothèse que l’un d’eux fut Thierry (TOLLON, 1972, p. 59.).

81 - Le sculpteur Jean-Jacques Melair emploie plusieurs compagnons dans son atelier carcassonnais de différentes origines, comme la Picardie, la Bourgogne, la Rochelle ou Toulouse (Raymond Ayrios). De plus la ville de Carcassonne parait être à cette époque, une ville particulièrement active, attirant de nombreux sculpteurs (CARBONELL, 1971, p. 77-78 ; p. 180-181).

82 - AD Haute-Garonne. GG269 et TOLLON, 1989, p. 589. La marraine de l’un des enfants de François Thierry (Antoine né en 1693), est Marie Fayet, l’épouse d’un peintre toulousain Jean II Michel, que semble avoir fréquenté le sculpteur Toussaint qui travailla dans l’atelier de Jean-Jacques Melair en 1685.

83 - Inscription peinte sur le retable. La date de 1706 apparaît deux fois sur le retable : sur le livre tenu par saint Étienne et en sgraffito sur le vêtement de la sculpture en pendant représentant saint Jean- Baptiste.

84 - Les dates de 1702 (gravée) et 1725 (peinte) sur le retable indiquent l’achèvement de la sculpture et le moment de la polychromie.

85 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, Prieuré augustin d’Espira-de-Conflent, f°96, dépenses pour la sculpture et mise en place du retable du Rosaire de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent en 1702. Les dates de 1702 (gravée) et 1725 (peinte) sur le retable indiquent également l’achèvement de la sculpture et le moment de la polychromie.

86 - Fiche inventaire de la statue de Tobie et l’ange Raphaël de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent, rédigée par Catherine Rogé Bonneau et Isabelle Jubal Desperamont en 2019 (base de données du CCRP). Le descendant actuel de la famille commanditaire probable de l’œuvre est M. Roger Paillès, maire d’Espira-de-Conflent.

87 - S’agit-il des deux Rafel Cruzat, prieur et oncle ?

88 - Selon le chanoine Borrallo, le massacre des Innocents d’Espira-de-Conflent est inspiré du tableau de Rubens peint en 1611-1612, et conservé au musée de Munich. (BORRALLO, 1939, p. 77-81). Bruno Tollon rappelle cette source d’inspiration probable qui pourrait être une gravure de Marcantonio Raimondi inspirée par Raphaël. (TOLLON, 1972, p. 58).

89 - Date inscrite en sgraffito sur l’œuvre.

90 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707 : « […] Item donat al Pistolet per Jornals de paýrer a la capella de St Thomas ý pulpit de la Iglesía sinquanta dos franchs dívuýt sous (52 livres 18 sous) […] ». La polychromie de la chaire est datée de 1710 (date peinte).

91 - Contrairement au sculpteur Jean-Jacques Melair, le sculpteur Thierry s’installe sur place, où il a sans doute son atelier (comme auparavant Lluis Généres, le sculpteur du maître-autel d’Espira-de-Conflent).

92 - Bien que l’oncle du prieur finance l’édification de cette chapelle, certains frais restent assumés par la fabrique d’Espira-de-Conflent, ce qui nous permet de retracer la chronologie de la construction de la chapelle et celle de l’édification du retable du Christ, commandé également auprès du "maître d’Espira".

93 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103 : année 1707.

94 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°98 : « Josep Tubert Me fuster [...] » et f°103 : année 1707.

95 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°104, achat de planches et paiement au sculpteur pour le retable du Christ de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent en 1708 : « lo acaptírí del pa beneýt se es donat a mr Thýerí ý les deu franchs sís sous del cistellet han servít per comprar bastarda per lo retaula del St Christo (18 livres 19 sous et 4 deniers) » : la quête du pain béni a été donné à maître Thierry et les dix francs six sous du petit panier [servant à quêter] ont servi pour acheter des planches pour le retable du Saint Christ. Dans ce registre, le prénom du sculpteur Thierry n’est jamais mentionné.

96 - AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°105, année 1709 : « exídas ... Item lo acaptírí del cistellet ha servit per Mr Thíerí (10 livres 13 sous et 4 deniers » : dépenses [...] De même la quête du petit panier [servant à quêter] a servi pour maître Thierry.

97 - Attribués par la stylistique, et dont le commanditaire est peut-être également Rafel Cruzat, l’oncle du prieur commanditaire du retable mais aussi de la chapelle du Christ et du décor qui l’orne.

98 - Attribution inédite ; la croix n’est pas d’origine.

99 - Probablement exécutée en dernier puisque les réalisations datées s’échelonnent, du chœur vers le fond de l’église.

100 - ROGÉ BONNEAU, 2020, p. 194-205. L’un des anges est actuellement présenté à l’exposition « Autour d’une œuvre restaurée, le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo ».

101 - Josep Sunyer sculptera le retable du Rosaire à Vinça entre 1710 et 1712 (AVELLI, 2020, p. 100).

102 - Il est nommé en 1707 dans le registre de la fabrique d’Espira-de-Conflent « el escultor de Vinça » (AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°103).

103 - Fiche inventaire du retable du Christ de l’église paroissiale de Vinça, rédigée par Catherine Rogé Bonneau et Isabelle Jubal-Desperamont en 2012 (base de données du CCRP) : La date de sculpture n’est pas connue (1er quart XVIIIe siècle). La sculpture est attribuée aux sculpteurs Thierry et Josep Sunyer et la polychromie, à l’atelier Escribà (cf. Isabelle Jubal-Desperamont). Dans son testament de 1715, Charles Peytavi, brassier de Vinça, lègue 11 livres à la confrérie du Précieux Sang de Jésus-Christ, payables "d’abord qu’on commencera à peindre le retable de dite confrérie".

104 - Fiches inventaire de l’église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse de Vinça et de la chapelle de l’hospice de Vinça, rédigées par Catherine Rogé Bonneau et Isabelle Jubal Desperamont en 2012 (base de données du CCRP). En 2018, dans le cadre du « Plan-Objet 66 » phase II, les sculptures de la nef ont été descendues à l’aide d’un échafaudage pour réaliser le traitement de conservation et les examiner de près.

105 - TOLLON, 1972, p. 58. Il apparente ce retable à celui des Trois Archanges d’Espira-de-Conflent. Aujourd’hui cette attribution ne fait aucun doute.

106 - Fiche inventaire du retable de la transfiguration de sainte Thérèse de l’église paroissiale de Peyrestortes, rédigée par Catherine Rogé Bonneau et Isabelle Jubal Desperamont en 2022 (base de données du CCRP).

107 - Il semble opportun de préciser que des indications erronées attribuent d’autres œuvres à Thierry (retable de saint Antoine à Marquixanes ; œuvre non précisée à Montalba-le-Château) citées par l’abbé Cortade (CORTADE, 1983, p. 35-41) et B. Tollon (TOLLON, 1989, p. 596). Ces œuvres ne sont pas du sculpteur François Thierry.

108 - JUBAL DESPERAMONT, 2020, p. 154-173. I. Jubal Desperamont a étudié la technique et les motifs caractéristiques utilisés par le doreur Félix Escribà.

109 - LUGAND, 2004, p. 485.

110 - Inscription peinte en haut du retable. Rafel Cruzat avait pu déjà admirer le travail du peintre et doreur Joan Escribà et de son atelier lors de la réalisation de la polychromie du retable des saintes Eulalie et Julie de Perpignan, commandée en 1782.

111 - Le doreur Joan Escribà meurt le 20 septembre 1710 (DALMAU, 2020, p. 130).

112 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT 8, registre paroissial 1700-1715, année 1712, f°2 (verso).

113 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/600 : Testament de Rafel Cruzat, prêtre et chanoine d’Elne rédigé le 10 février 1712.

114 - LUGAND, 2004, p. 449.

115 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8, année 1712, f°3-4 ; et ADPO, 57EDT6, année 1712, f°69v.

116 - Joan Casadevall qui est sans doute l’élève du doreur Joan Escribà, est cité comme témoin du codicille de ce maître en 1710 et qualifié de garçon doreur (LUGAND, 2004, p. 449). Le 21 décembre 1713, il devient maître doreur en même temps que Félix Escribà (né en 1681) et épouse le 14 septembre 1717, Rosa Prats (la nièce de la veuve de Joan Escribà). Joan Casadevall décède le 22 avril 1724 à Thuir, sans descendance (DALMAU, 2020, p. 133 et note 34 p. 147).

117 - AD Pyrénées-Orientales. 57EDT 6, année 1714, f°70 ; et 57EDT8, année 1714, f°2 : acte de décès de Pere Marques le 10/01/1714.

118 - Le reste de la mise au tombeau est repeinte.

119 - Fiche inventaire du haut-relief du baptême du Christ de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent, rédigée par Catherine Rogé Bonneau et Christiane de Castaigner en 2019 (base de données du CCRP).

120 - Catherine Rogé Bonneau, fiche inventaire du retable de saint Jean-Baptiste : « a7 de juny 1730 », le 7 juin 1730, date gravée de façon manuscrite sur le socle de la statue de saint Gaudérique.

121 - JUBAL DESPÉRAMONT, 2020, p. 154-173.

122 - Une date pourtant déjà bien visible sur la prédelle (1725) avec la date sculptée (1702).

123 - Sur le retable du Rosaire, figure le blason sculpté de la famille de Pont de Cadell et un second blason qui est devenu celui d’Espira-de-Conflent, mais dont la signification n’apparaît dans aucun texte d’archives.

124 - JUBAL DESPERAMONT, 2020, p. 154-173.

125 - Fleurs du roi, p. 45-54.

126 - La tulipe provenant à l’origine de Turquie et surnommée également, la fleur des Sultans, avait séduit toutes les cours d’Europe en ce début du XVIIe siècle, et particulièrement celle du Roi Soleil Louis XIV dont les parterres des jardins en étaient recouverts. Cette folie connaît un rebond à la fin de ce siècle et au début du XVIIIe siècle avec la création du jardin particulier du Roi et du développement du jardin espace privé (LAMY, 2015).

127 - Je remercie Pascale Rogé Albafouille, horticultrice, pour ses connaissances et son implication dans cette étude.

128 - Fleurs du roi, p. 54-69 et BESLER, 1987.

129 - BODIN, DE CASTAIGNER, 2020, p. 12-49. Le retable du Mas Girvès de Llo est une œuvre attribuée au sculpteur Josep Sunyer avec une polychromie réalisée par Félix Escribà (date de 1714 peinte sur le retable). Provenant de la chapelle privée du Mas Girvès de Llo, le retable est aujourd’hui propriété du conseil départemental des Pyrénées-Orientales, mais pourrait être présenté à nouveau sur son territoire d’origine.

130 - L’année « 1715 » est peinte sur le livre tenu par la Vierge dans le médaillon représentant l’Annonciation, présenté par l’un des anges à la tunique caractéristique de Félix Escribà.

131 - DALMAU, 2020, p. 140.

132 - CARBONELL, 1971, p. 200. Première suite de peintures représentant les sept Sacrements, réalisées par Nicolas Poussin.

133 - TOLLON, 1972, p. 92-95. De nombreuses gravures des œuvres de Poussin ont été réalisées par son beau-frère Gaspard Dughet.

134 - TOLLON, 1972, p. 82 et p. 108 ; AVELLI, 2003, p. 23.

135 - TOLLON, 1972, p. 95.

136 - Isabelle Jubal Desperamont décrit cette économie par l’application des carrés de feuille d’or espacés les uns des autres sous la peinture du sgraffito ; une technique qui permet néanmoins de donner une brillance satisfaisante. Ce choix peut être imposé par les moyens financiers du commanditaire.

137 - Fiche inventaire du haut-relief du baptême de Jésus de l’église paroissiale d’Espira-de-Conflent, rédigée par Catherine Rogé Bonneau et Christiane de Castaigner en 2019 (base de données du CCRP).

138 - ANTONIAZZI, 2011, p. 153-168 et TOSTI, 1989, p. 60.

139 - Découverte réalisée par Isabelle Jubal Desperamont et Catherine Rogé Bonneau lors de l’inventaire de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent en 2019.

140 - CAZES, 1985, p. 57.

141 - AD Pyrénées-Orientales. 2B709 (8 janvier – 30 juin 1728) : extrait de baptême de Gabriel Vigo, né le 12 octobre 1700, fils d’Anton Vigo notaire d’Olette, par Roudil, prêtre et curé d’Olette (2 mai 1728).

142 - AD Pyrénées-Orientales. G.937 (liasse) 17 pièces papier (latin, catalan, français), 1598-1769, église Saint-André d’Olette.

143 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT881-882, B.M.S. (1722-1725), f°119 : acte de mariage de Maria Roudil avec Marc Antoine de Belissen Dhermenis, le 08 mai 1725. Joseph Roudil qui officie est « prebere Doctor en Santa Theologia Beneficiat de la iglesia major de Sant Joan Baptista de la vila de perpinyà ».

144 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT847, B.M.S. (1685), f°29 : acte de mariage entre François Roudil et Maria Lancira célébré à Perpignan – Saint-Jean le 9 mars 1685. En 1725, François et Maria sont déjà décédés (AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT881-882, B.M.S. (1722-1725), f°119 : acte de mariage de Maria Roudil (leur fille) avec Marc Antoine de Belissen Dhermenis, le 08 mai 1725).

145 - SALSAS, 1905 : François Roudil, inscrit à la demande du Roi, est nommé le 16 juin 1688.

146 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/646. En 1751, Raymond de Roudil est déjà décédé.

147 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT881-882, B.M.S. (1722-1725), f°119 : acte de mariage de Maria Roudil avec Marc Antoine de Belissen Dhermenis, le 08 mai 1725.

148 - AD Pyrénées-Orientales. 9NUM112EDT893-894, B.M.S. (1744-1745), f°39 - Mariage de Jacques Roudil (40 ans) et de Catherine D’Hugues (23 ans). Le prieur Joseph Roudil est témoin.

149 - AD Pyrénées-Orientales. G.920 (liasse) 36 pièces et 2 dossiers brochés papier (latin, catalan, français), 1519-1773, église Notre-Dame d’Espira-de-Conflent : prise de possession de l’église paroissiale dite prieuré par Joseph Roudil, docteur en théologie, pourvu par autorité ecclésiastique, le 6 septembre 1729.

150 - AD Pyrénées-Orientales. 3E19/646, le 8 février 1751 : « Monsieur Jacques de Roudil Conseiller d’honneur au Conseil Souverain de Roussillon lequel fait procéder à l’inventaire non seulement comme successeur aux biens de [...] joseph Roudil pretre Docteur en Sainte Theologie et Prieur de l’Eglise de notre Dame du dit lit d’Espira [...] dans le Prieuré du dit lieu ou est descedé le dit feu mr joseph Roudil Prieur les meubles et effets suivants [...] ».

151 - AVELLI, 2003, p. 65-66.

152 - Une attribution de l’ensemble des sept panneaux à J. Pardines, sculpteur qui travaille à Catllar en 1687-1688, avait été avancée en 1971 par Yvette Carbonell-Lamothe (CARBONELL, 1971, p. 200), mais cette hypothèse ne peut être retenue sur le plan de la stylistique et de la datation.

153 - Colloque : Premières Rencontres Méditerranéennes sur les décors de la Semaine Sainte, organisé par le CCRP les 23, 24, 25 novembre 2006, au Palais des Rois de Majorque, à Perpignan ; et ALBERT-LORCA, 2006.

154 - Colloque transfrontalier et international : Vierges médiévales de Catalogne : mises en perspective, à l’Université de Perpignan, le 1er et 2 décembre 2011, en parallèle de l’étude et exposition des Vierges romanes et gothiques des Pyrénées-Orientales proposées par le CCRP.

155 - DALMAU, ROGÉ BONNEAU, 2013, p. 179-487.

156 - Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo, 2020.

157 - Exposition « Autour d’une œuvre restaurée, Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo » : de mai 2021 à septembre 2022.

158 - Date sculptée sur le gradin du retable.

159 - Les attributions aux sculpteurs Pau Sunyer et Lluis Baixa (TOLLON, 1972, p. 83), ou celle au sculpteur Francesc Negre (TOSTI, 1989, p. 65) apparaissent peu probables, d’un point de vue stylistique.

160 - Le retable du maître-autel dédié à la Vierge, est l’œuvre du célèbre sculpteur Lluis Genérès à la demande de la communauté d’Espira-de-Conflent. Le contrat signé le 26 juillet 1663 stipule que le sculpteur s’engageait à terminer l’œuvre pour la fête de Notre-Dame du mois d’août de l’année suivante, 1664. (AD Pyrénées-Orientales. 3E19/486). Plusieurs dépenses pour la dorure du retable du maître-autel sont mentionnées entre 1675 et 1683 (AD Pyrénées-Orientales. Hp 242, non folioté (1615-1697) et AD Pyrénées-Orientales. 57EDT6, Espira-de-Conflent, registre paroissial 1635-1727, f° 143.).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; vue générale extérieure de la façade sud
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 2
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; vue intérieure vers le chœur
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Fichier image/jpeg, 97k
Titre Fig. 3
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, plan de l’édifice et localisation des principales œuvres
Crédits V. Marill © Région Occitanie - direction Culture et Patrimoine
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Fichier image/jpeg, 59k
Titre Fig. 4
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, toiles du Monument de la Semaine Sainte présentées devant le retable du Christ
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 5
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant l’arrivée de Tobie et de l’archange Raphaël (détail du retable de saint Joseph dit des Trois Archanges)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 6
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable de saint Joseph dit des Trois Archanges
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 7
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant le couronnement de la Vierge
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 8
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Marie, Le Massacre des Innocents
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 9
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, vue intérieure vers la tribune et la Mise au tombeau
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 10
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable du Christ
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 11
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, blason du commanditaire ornant le manteau de la cheminée sculptée sur la prédelle du retable du Christ
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 12
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, statue de Vierge à l’Enfant sculptée par François Thierry (détail du retable du Rosaire)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 13
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Marie, inscription peinte révélant les noms du sculpteur, doreur, commanditaire et les dates de réalisations du retable des Trois Archanges (détail du couronnement)
Crédits C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 14
Légende Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales, extrait du registre de la fabrique d’Espira-de-Conflent : paiement à « mr Thýerí » pour le retable du Christ (AD Pyrénées-Orientales. Hp242, f°104)
Crédits C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 15
Légende Toulouse (Haute-Garonne), Cathédrale Saint-Étienne, retable dédié à saint Jean et angelot du couronnement (détail). Le décor et les figures en stuc sont l’œuvre du sculpteur François Thierry
Crédits © P. Bonneau
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Titre Fig. 16
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant Saint Michel terrassant le dragon (détail du retable des Trois Archanges)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Fichier image/jpeg, 339k
Titre Fig. 17
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, le retable du Rosaire
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 18
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau du martyre de sainte Apollonie avec la date de sculpture (1702) et de polychromie (1725) (prédelle, détail du retable du Rosaire)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 19
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, statuette représentant Tobie et l’ange Raphaël
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 20
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le couronnement de la Vierge
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 21
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau représentant le Massacre des Innocents inspiré de l’œuvre du peintre Rubens
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Titre Fig. 22
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, chaire à prêcher (détail) : décor floral sculpté caractéristique du sculpteur François Thierry
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 23
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, Christ en croix attribué au sculpteur Thierry
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 24
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, rambarde de la tribune ornée du décor floral sculpté attribuable à Thierry
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 25
Légende Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, vue d’ensemble du retable du Christ
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 26
Légende Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statues de saint Jean l’Évangéliste, saint Sébastien et sainte Lucie (?) attribuées au sculpteur François Thierry
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 27
Légende Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statue de Vierge à l’Enfant située au couronnement du retable dédié à sainte Catherine ; Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, angelot sculpté par Thierry (détail : couronnement du confessionnal situé dans la chapelle de saint Jean-Baptiste)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 28
Légende Vinça (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Baselisse, statue en pierre de sainte Baselisse située au-dessus du portail d’entrée de l’église
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 29
Légende Vinça (Pyrénées-Orientales), chapelle Saint-Sébastien de l’ancien Hospice, panneau de prédelle représentant la décapitation des saints Côme et Damien
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 30
Légende Marquixanes (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Sainte-Eulalie et Sainte-Julie, vue du retable de saint Sébastien, attribuable au sculpteur Thierry
Crédits E. Dandel © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 31
Légende Peyrestortes (Pyrénées-Orientales), église paroissiale Saint-Jean l’Évangéliste, vue d’ensemble du retable de la transfiguration de sainte Thérèse, commande du couvent des Grands Augustins de Perpignan
Crédits C. Bodin © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 32
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau de prédelle représentant Gabriel invitant Joseph à fuir le tyran Hérode avec Marie et l’Enfant Jésus (détail du retable des Trois Archanges), orné de riches motifs de sgraffito caractéristiques de l’atelier Escribà.
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 33
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) détail du panneau représentant le Massacre des Innocents avec la date de polychromie « 1707 » inscrite en sgraffito au-dessus de la scène ; b) date de « 1710 » peinte sur le livre ouvert devant saint Marc (détail, chaire à prêcher)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 34
Légende Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales, acte de décès de Rafel Cruzat (oncle du prieur d’Espira-de-Conflent), le 7 mars 1712, avec la signature des doreurs Félix Escribà et Joan Casadevall (AD Pyrénées-Orientales. 57EDT8)
Crédits C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 35
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) vue d’ensemble de la Mise au tombeau ; b) détail du périzonium du Christ (polychromie d’origine datée de 1714) orné du motif de sgraffito typique du doreur Félix Escribà
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Titre Fig. 36
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant le Baptême du Christ
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Titre Fig. 37
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) statue de saint Gaudérique (du retable de saint Jean-Baptiste) ; b) date du 7 juin 1730, gravée dans la dorure du socle, découverte lors de l’inventaire
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Titre Fig. 38
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail de l’ange du panneau en haut relief du Baptême du Christ
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Titre Fig. 39
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, vue d’ensemble de l’ange du retable du Christ, situé à droite, présentant deux médaillons sculptés de scènes de la Passion
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Titre Fig. 40
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, médaillon sculpté représentant l’Annonciation avec la date de polychromie du retable « 1725 », peinte sur le livre de la Vierge (détail, retable du Rosaire)
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Titre Fig. 41
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; a) panneau sculpté représentant saint Roch montrant ses plaies et guéri par un ange ; b) blason des armoiries d’Espira-de-Conflent (détails, retable du Rosaire)
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Titre Fig. 42
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le Mariage de la Vierge
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Titre Fig. 43
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, motifs de fleurs peintes et sgraffito sur la tunique de l’ange droit du retable du Christ : tulipe, œillet, renoncule (de gauche à droite)
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Titre Fig. 44
Légende Llo (Pyrénées-Orientales) ; a) panneau sculpté central du retable du Mas Girvès de Llo représentant l’Annonciation ; b) détail de tulipes peintes (l’une très épanouie) sur un fond de sgraffito (détail, tunique de l’ange Gabriel)
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 45
Légende Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), chapelle de l’Ermitage ; a) statue d’ange musicien du camaril (après restauration) ; b) détail des fleurs peintes sur fond de sgraffito et décor de poinçons sur les fleurs dorées de la tunique de l’ange
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Titre Fig. 46
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, scène centrale du panneau sculpté représentant le sacrement du Mariage
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Titre Fig. 47
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneau sculpté représentant la Pénitence
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 48
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie ; panneaux sculptés en haut relief représentant la Confirmation et l’Eucharistie
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 49
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, panneaux sculptés représentant l’Ordre et l’Extrême-onction. Dans la niche centrale, tableau de saint Matthieu peint par Antoine Guerra en 1709.
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 50
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau représentant l’Extrême-onction
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 51
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant l’Ordre : technique d’économie de la dorure pour réaliser le sgraffito, en appliquant les carrés de feuille d’or espacés les uns des autres
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 52
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, détail du panneau sculpté représentant le Baptême : une date inscrite dans la couche de préparation indique le moment de la polychromie du panneau
Crédits Dinh Thi Tien © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 53
Légende Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), église Sainte-Marie, blason du commanditaire gravé autour des quatre panneaux sculptés représentant la Confirmation, l’Eucharistie, l’Extrême-onction et l’Ordre (détail, panneau de l’Extrême-Onction)
Crédits C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 54
Légende Perpignan (Pyrénées-Orientales), archives départementales ; a) extrait de baptême de Gabriel Vigo, rédigé par Joseph Roudil, curé d’Olette, le 2 mai 1728 ; b) sceau portant les armes de Joseph Roudil (détail de l’extrait de baptême) (AD Pyrénées-Orientales. 2B709)
Crédits C. Rogé Bonneau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Titre Fig. 55
Légende Perpignan (Pyrénées-Orientales), chapelle Notre-Dame des Anges, l’ange du retable du Christ de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent présenté en 2022 dans le cadre de l’exposition « Autour d’une œuvre restaurée, Le Retable Baroque du Mas Girvès de Llo »
Crédits G. Dalmau © CCRP / département des Pyrénées-Orientales
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Pour citer cet article

Référence électronique

Catherine Rogé Bonneau, « Nouvelles découvertes sur le mobilier de l’église d’Espira-de-Conflent : l’inventaire au service de la connaissance historique »Patrimoines du Sud [En ligne], 16 | 2022, mis en ligne le 01 septembre 2022, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/8875 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.8875

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Auteur

Catherine Rogé Bonneau

Chercheur à l’Inventaire du patrimoine mobilier du département des Pyrénées-Orientales, Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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