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Dossier

Le patrimoine culturel immatériel comme outil d’étude et de valorisation d’un savoir-faire : la fabrication de terre cuite architecturale dans les Pyrénées-Orientales

From the prism of intangible cultural heritage as a tool for the study and promotion of know-how: the manufacture of architectural terracotta in the Pyrénées-Orientales
Christelle Nau

Résumés

L’unique briqueterie encore en activité dans les Pyrénées-Orientales, celle de Sainte-Marcelle, est installée depuis 1926 à Saint-Jean-Pla-de-Corts, dans le Vallespir. Spécialisée dans la production d’une centaine de modèles de terre cuite architecturale, elle perpétue un savoir-faire familial inspiré du XVIIIe siècle fortement inscrit dans le paysage architectural local. Modernisé suite à l’industrialisation du XIXe siècle puis mécanisé dans les années 1950, le procédé de fabrication comprend quatre étapes principales : de l’extraction de l’argile à la cuisson dans un vaste four Hoffmann. Environ six mois de travail sont nécessaires à la production annuelle de 1 200 tonnes de pièces dont le modèle-phare : le cayrou, brique pleine de grandes dimensions. Par l’intérêt qu’elle revêt, issu de sa permanence, de la spécificité d’une production revitalisée dans les années 70 et du lien avec les usages architecturaux, l’activité a été identifiée dans le cadre de la mission d’inventaire du patrimoine du Pays d’Art et d’Histoire transfrontalier Les vallées catalanes. L’enquête ethnographique menée pour cette étude permet de documenter l’usage des objets au-delà de la collecte de mémoire et du fonctionnement purement technique. Ainsi, peuvent être perçues la précision d’un geste transmis, une approche sensitive et une dextérité acquise par rapport à des outils et des machines qui conservent leur sens dans leur utilisation in-situ. Depuis mars 2019, la pratique est inscrite à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel sous l’intitulé « Les savoir-faire et usages constructifs de la terre cuite : le cayrou de la briqueterie Sainte-Marcelle à Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales) ».

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Texte intégral

Introduction

  • 1 - AD Pyrénées-Orientales, 6M733. Statistique industrielle et manufacturière du département des Pyré (...)
  • 2 - Centre de documentation de la terre cuite. Les produits de terre cuite, Guide de l’utilisateur. P (...)

1L’usage de la terre cuite architecturale, et sa fabrication, sont attestés dès l’époque romaine sur le territoire actuel des Pyrénées-Orientales, riche en eau et en gisements d’argile. Au XIXsiècle, son emploi se développe dans l’habitat traditionnel comme dans l’espace urbain influencé par des mouvements architecturaux régionalistes. L’accroissement de la demande de ce matériau économique ainsi que l’industrialisation du territoire entraînent alors la restructuration des fabriques. Les briqueteries et les tuileries vont se moderniser et se pérenniser à proximité des gisements d’argile de qualité comme dans la plaine du Roussillon (Perpignan), dans les Aspres (Thuir), le Riberal (Millas) jusqu’en Cerdagne (Saillagouse) et dans le Vallespir. Le marché est alors dominé par de grandes entreprises à la production diversifiée, dont celle de Chefdebien, réputée aussi pour son investissement dans le domaine de l’électricité et de la chimie. En 1816, 35 structures sont mentionnées dans une vingtaine de communes du département. Cent-dix ouvriers sont concernés par une activité qui reste saisonnière. L’exploitation annuelle par établissement est de l’ordre de 100 à 150 m3 de terre1. Celles-ci prospèrent au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale avant de subir la concurrence des nouveaux matériaux. L’emploi du béton, la production à grande échelle, la crise pétrolière plus tard signent progressivement le déclin de la fabrication de la terre cuite dans le département. Des huit entreprises mentionnées en 19522, il n’en reste qu’une seule en activité en 1979 : la briqueterie Sainte-Marcelle, située à Saint-Jean-Pla-de-Corts, dans le Vallespir. Le procédé de fabrication y est quasiment identique depuis les années 1950. Il comprend quatre étapes principales : de l’extraction de l’argile à la cuisson dans un immense four Hoffmann. Au moins six mois de travail sont nécessaires à la production annuelle d’environ 1 200 tonnes de pièces dont le modèle-phare est le cayrou, brique pleine de grandes dimensions (fig. 1).

Fig. 1

Fig. 1

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le cayrou de la briqueterie Sainte-Marcelle. Le marquage avec un tampon datant d’après-guerre est réalisé à la main avant les opérations de séchage et de cuisson.

© J.-B. Carrère

  • 3 - En cours d’extension, il est actuellement composé de quarante-quatre communes catalanes : vingt-q (...)

2La spécificité de cette activité a été identifiée dans le cadre de la mission d’inventaire du patrimoine matériel et immatériel du Pays d’Art et d’Histoire Les vallées catalanes3. Ce territoire transfrontalier est marqué par une histoire industrielle digne d’intérêt et un patrimoine lié à des activités diverses telles l’hydroélectricité, les exploitations minières, la métallurgie, le thermalisme et les industries agro-alimentaire (chocolat), du liège ou du textile.

  • 4 - VERNA, 2017.

3La vallée du Vallespir en particulier, qualifiée de « district industriel » par l’historienne Catherine Verna4, a développé dès l’époque médiévale une importante proto-industrie dans un contexte rural et agricole. Facilitée par des financements locaux, celle-ci est articulée autour des bourgs et des voies de circulation qui permettent l’approvisionnement en matières premières, l’exportation des produits et, surtout, les échanges techniques. Ce sont ces mêmes conditions qui favorisent l’essor industriel du XIXsiècle influencé par celui, précurseur et d’importance, de la province de Catalogne.

  • 5 - Ce patrimoine comprend d’anciennes usines parfois encore en activité (textiles et espadrilles à S (...)

4Ces activités ont été malmenées par les crises politiques et économiques du XXsiècle accentuées ici par les inondations massives d’octobre 1940, connues sous le nom d’« Aiguat de 40 ». Cette crue a provoqué des pertes humaines et d’importants dégâts matériels, des destructions d’usines et de liaisons de transport dont les infrastructures du chemin de fer. Malgré ces sinistres, les traces du patrimoine industriel sur le territoire sont diversifiées et remarquables5. Assorties aux éléments du quotidien, elles permettent d’élargir le champ d’étude du patrimoine technique et industriel en l’intégrant à la thématique du patrimoine culturel immatériel (PCI).

  • 6 - Le Service de l’Inventaire général de la Région Occitanie a un projet d’inventaire en cours sur l (...)

5En complément de l’inventaire du patrimoine industriel amorcé avec différents organismes6, le Pays d’Art et d’Histoire transfrontalier Les vallées catalanes a répondu, en 2017, à l’appel à projets du ministère de la Culture pour la réalisation d’une fiche d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France. Cette nouvelle catégorie patrimoniale, formalisée par l’Unesco en 2003, définit l’ensemble des pratiques et connaissances reconnues, portées et transmises par une communauté dans différents domaines dont celui des savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Le choix s’est alors porté sur la fabrication, les usages et perceptions de la terre cuite architecturale par le prisme du cayrou. Ce modèle désigne une brique de terre pleine dont les dimensions imposantes (généralement de 5 x 22 x 44 cm) ont été fixées au XVIIIsiècle et dont l’utilisation s’est généralisée au siècle suivant avant de perdre en vitalité. C’est sa reprise en main dans les années 1970 par la briqueterie Sainte-Marcelle qui a permis le renouveau économique et la permanence de cette dernière (fig. 2). Dans un contexte de patrimoine industriel en territoire rural, peu perceptible et longtemps sous-évalué, porté en exemple ici par la dernière briqueterie du département et sa production, quelles sont les questions spécifiques posées dans le cadre de l’inventaire et de la définition du PCI ? Quel est l’intérêt d’une telle approche pour la connaissance d’une chaîne opératoire à travers l’usage et la perception des outils et des machines ?

Fig. 2

Fig. 2

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la construction en matériaux de terre cuite éclectiques et l’empilement anarchique des pièces de stockage créent « des ensembles graphiques pleins de poésie »

© pahtvalleescatalanes

La technique de fabrication d’une brique artisanale

6Héritière d’une longue tradition de production et d’usage constructif de la terre cuite sur le territoire des Vallées catalanes, la briqueterie Saint-Marcelle est installée depuis 1926 sur un ancien terrain viticole, dans la commune de Saint-Jean-Pla-de-Corts. Spécialisée dans la production artisanale d’une centaine de modèles, elle perpétue un savoir-faire familial inspiré de l’époque moderne, fortement inscrit dans le paysage architectural du territoire. Celle-ci a la particularité d’être dirigée par la même famille, les Colomines, depuis au moins 1735. La fabrication de tuiles et de briques se fait alors de manière beaucoup plus mobile, saisonnière et entièrement manuelle. La tuilerie est d’abord localisée dans un quartier perpignanais avant son installation à Céret à la fin du XIXe siècle. La transmission se fait de père en fils avant la reprise par une femme, Marcelle, née en 1907, qui sera à l’origine du nom actuel de l’entreprise. Jean Fite, son époux, donne une nouvelle dimension à l’entreprise en la transférant à son emplacement actuel dans les années 1920 et en la modernisant par le biais de l’électrification et de l’installation d’un système de cuisson de grande capacité grâce à un four Hoffmann.

7Les différentes étapes de la fabrication de la terre cuite sont réalisées au sein même de la briqueterie. Les dimensions imposantes et la commodité des bâtiments d’exploitation ainsi que la libre propriété des terrains d’extraction de l’argile permettent aux briquetiers de maîtriser toute la chaîne opératoire. Ces bâtiments, qui couvrent une surface actuelle de près de 1 000 m2, sont compartimentés entre les zones d’exposition-vente, celles du séchage et celles de la fabrication elle-même. Les parties destinées au façonnage et à la cuisson sont d’une hauteur imposante répondant ainsi aux dimensions nécessaires pour les machines et l’immense four comme aux besoins de ventilation lors des cuissons. Ceux destinés au séchage sont beaucoup plus bas et aérés. À l’ouest des bâtiments, un hangar abrite le mécanisme de broyage relié à l’intérieur de la structure principale par un élévateur. La charpente est soutenue par des piliers en cayrous surmontés d’une immense structure de bois dont certains éléments proviennent de la réutilisation des cintres d’un ancien pont de la commune (fig. 3).

Fig. 3

Fig. 3

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, hangar où se déroule le broyage

© pahtvalleescatalanes

8L’ensemble est dominé par une cheminée de trente mètres de hauteur construite en briques réfractaires sur une base quadrangulaire de seize mètres carrés. Prévue pour être accolée à l’édifice, comme il est plutôt d’usage, elle est, ici, décalée d’une vingtaine de mètres pour des raisons de stabilité de terrain. Elle est reliée par un conduit souterrain au four intérieur. Qualifiée d’« obélisque » par les briquetiers, elle sert de repère pour l’entreprise comme pour le village notamment lorsque la fumée qui s’en échappe signale une cuisson en cours (fig. 4).

Fig. 4

Fig. 4

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la cour de la briqueterie Sainte-Marcelle dominée par une cheminée de trente mètres de hauteur. La fumée qui s’en échappe signale une cuisson en cours.

© pahtvalleescatalanes

9Au nord et à l’ouest, cinq maisonnettes à vocation d’habitat ouvrier ont été construites dans les années 1960 parallèlement à l’agrandissement des bâtiments d’exploitation. L’une d’entre elles sert actuellement de bureau.

10Le site, judicieusement choisi, répond à différents critères contribuant au développement de l’activité. La surface plane est suffisamment importante pour l’implantation de vastes bâtiments bien orientés, ensoleillés et exposés au vent, qui est utile au séchage naturel. La tramontane, vent de nord-ouest, est ici plus forte qu’ailleurs. Le centre du village est à proximité mais suffisamment éloigné afin de limiter les risques d’incendie. L’approvisionnement en matières premières est facilité par la proximité de l’argilière et d’un cours d’eau. Enfin, l’entreprise est voisine des liaisons routières et, à l’origine, ferroviaires. L’ancienne voie de chemin de fer, entre Elne et Arles-sur-Tech, est ouverte à partir de 1889. La gare de la commune, actuellement détruite, originellement située près de la route nationale permettait d’acheminer les produits finis et d’importer le charbon alors nécessaire à la cuisson (fig. 5).

Fig. 5

Fig. 5

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, vue aérienne dans les années 1970.

© Famille Fite-Colomines

11Après une mise à l’arrêt durant la seconde guerre mondiale, l’entreprise connaît une reprise à plein-régime dans le cadre de la Reconstruction. C’est la période de la mécanisation, qui voit le procédé initial modifié, ce dernier restant, depuis, quasiment identique. La modernisation est surtout effective pour certaines phases de la fabrication et comme aide à la manutention. Ainsi, au moins 600 tonnes sont manipulées par les trois ouvriers présents sur site lors d’une cuisson sans compter le chargement et le déchargement des produits pour le moulage et le séchage. Plus denses qu’autrefois, les cayrous sont également plus lourds de l’ordre d’une dizaine de kg chacun une fois secs. Un chariot élévateur est utilisé pour les différents transports nécessaires.

12La carrière d’argile se situe à deux kilomètres de la briqueterie sur la commune limitrophe de Vivès (fig. 6). Ce vaste site d’extraction d’environ quatre hectares présente une grande variété d’argiles, ce qui permet de diversifier les réalisations mais nécessite de changer régulièrement de filon. Un quart seulement de la carrière est donc exploité, de préférence en période estivale lorsque les conditions météorologiques sont optimales. Ce qui se pratiquait manuellement avec de nombreux tâcherons est assuré actuellement par le briquetier qui extrait environ un millier de tonnes par an à l’aide d’une pelle mécanique à chenilles.

Fig. 6

Fig. 6

Vivès (Pyrénées-Orientales), l’extraction de l’argile dans les années 1970

© Famille Fite-Colomines

La production mécanisée

13Après le transport par camion vers la briqueterie (fig. 7) et le pourrissage éventuel in situ, la matière première est préparée en étant épurée dans un concasseur situé dans un hangar extérieur.

Fig. 7

Fig. 7

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le camion Berliet, représentatif de la période-phare de l’entreprise, permettait d’assurer le transport de la terre depuis la carrière et les livraisons. Il est toujours conservé dans les locaux

© J.-B. Carrère

14Épierrée puis émottée, la terre est broyée avant d’être acheminée vers un espace de stockage relié à des distributeurs. Au moment de la fabrication, elle est amenée par un tapis roulant vers un humidificateur puis pétrie dans un malaxeur afin d’obtenir une pâte compressée. Cette pâte est ensuite façonnée selon les besoins et les formes souhaitées dans une mouleuse-découpeuse (fig. 8).

Fig. 8

Fig. 8

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le cayrou à la sortie de la mouleuse-découpeuse

© J.-B. Carrère

15Elle est propulsée par une vis sans fin vers une filière, une pièce métallique en forme d’orifice, qui la transforme en ruban. Cette dernière est ensuite coupée à l’aide d’un fil d’acier à une fréquence réglée en fonction de la longueur souhaitée. Le briquetier est nécessairement présent à la sortie de la découpeuse afin d’en contrôler le fonctionnement, de récupérer les produits fournis et de les déposer sur des casiers de stockage. Lorsque c’est nécessaire, les ouvriers utilisent une presse manuelle afin d’obtenir les découpes complémentaires souhaitées ou l’impression d’une forme différente.

  • 7 - Un séchoir thermique avec ventilation mécanique a été, un temps, utilisé en complément du séchage (...)
  • 8 - DENACLARA, Franck, briquetier et gérant. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Visite pé (...)

16Les pièces sont ensuite transportées vers les espaces de séchage. Cette phase, exclusivement naturelle7, constitue une étape primordiale dans la chaîne opératoire. Elle se déroule dans de grands bâtiments conçus pour faciliter les courants d’air ici amplifiés par la présence d’une forte tramontane. L’évaporation superficielle peut être rapide de l’ordre d’une journée mais les faces en contact avec l’air ne doivent pas sécher trop rapidement et le séchage complet se faire « à cœur »8 . Selon les saisons, entre quatre mois et six mois d’attente sont nécessaires.

17Le savoir-faire du briquetier intervient ici dans l’évaluation du séchage, non seulement facilitée par le marquage de la date d’installation sur les claies mais également perçue de manière plus empirique. Ainsi, la qualité est évaluée par le toucher de la matière. Le séchage est réellement effectif lorsque les pièces se décollent facilement des châssis. Le savoir du briquetier réside également dans la manière d’installer, et de réinstaller après le séchage superficiel, les produits moulés pour accélérer le phénomène. Ainsi, ils sont d’abord empilés à hauteur d’homme puis mis dans des étagères métalliques et des palettes de manière variable selon leur poids, leurs dimensions et leur forme. Lorsque les pièces sont bien sèches, elles sont transportées vers l’espace de cuisson.

18Si elles ont été adaptées, les machines ne sont pas complétement automatiques et sont nécessairement réglées et contrôlées par les ouvriers qui en assurent également la maintenance (remplacement des courroies ou des fils de coupe etc.). Les briquetiers, polyvalents, sont également chargés de la gestion de la cuisson et de la fabrication manuelle.

La production manuelle

19Malgré la mécanisation du façonnage dans les années 1950, puis celle de l’extraction, les outils nécessaires à la fabrication des produits de terre cuite restent relativement peu élaborés et, surtout, quasiment identiques à ceux utilisés lors du façonnage à la main décrits dans les ouvrages anciens, en particulier ceux du XVIIIe siècle. Ainsi, deux simples planches de bois suffisent à manipuler les produits à la sortie de la mouleuse. Le nombre de modèles étant conséquent, il existe de multiples moules en bois ou en fer, refaits régulièrement ou créés in situ par le gérant lui-même en fonction des besoins et des commandes (fig. 9).

Fig. 9

Fig. 9

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, les moules et les châssis utilisés pour la production manuelle

© J.-B. Carrère

20La briqueterie conserve aussi de nombreux châssis en bois destinés au séchage des tuiles ainsi que des reposoirs auparavant destinés à déplacer les tuiles. Les autres objets sont essentiellement liés au sur-mesure et aux opérations manuelles de finition et de sablage. Environ 5 % de la production est consacrée à du sur-mesure s’inspirant d’anciens modèles, des échantillons ou des dessins originaux. En fonction de la demande, la pâte d’argile, nommée alors « pâte molle », peut être complètement travaillée à la main une fois extraite de la malaxeuse. Elle est transvasée dans des moules en bois existants ou réalisés sur mesure. Le briquetier remplit le gabarit en commençant d’abord par les angles puis arase l’excédent à l’aide d’une planche. Afin de faciliter son dégraissage, la terre est mélangée avec une légère quantité de sable de rivière ou de poussière d’argile cuite. Le mouillage et le sablage préalables du moule ainsi que l’ajout d’une arase de sable rendent le démoulage plus aisé. Des traces de doigts présentes sur les pièces finies témoignent de l’utilisation de cette technique.

21Quelle que soit la technique initiale de fabrication, les pièces peuvent également être sablées, leurs angles lissés à la main afin de leur donner un aspect vieilli ou irrégulier. L’usure artificielle peut se faire sur une ou plusieurs faces en fonction de l’utilisation future. Une barbotine, une pâte d’argile très délayée, est parfois ajoutée afin d’obtenir un effet patiné. Ces finitions manuelles permettent également une meilleure tenue de la pièce. Le sur-mesure, en s’adaptant à la demande pour la restauration des Monuments historiques, ainsi que l’adaptation des machines ont permis le maintien de la production de terre cuite dans ces conditions.

La phase de cuisson

  • 9 - FITE Jean, ancien briquetier. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 9 févri (...)

22Mis au point par un ingénieur autrichien dans les années 1860, les fours Hoffmann sont des structures maçonnées massives à feu mobile et à charge fixe. Ils procurent un feu continu et, par conséquent, une nette amélioration de la production. Ici, le système initial date de 1928. L’alimentation en combustible (alors de la poussière de charbon) se fait par le haut du four. Dans les années 1960, le four est alimenté sans interruption (« on faisait un tour par semaine9 ») afin d’économiser la chaleur et de produire en grande quantité. Quarante tonnes de briques creuses et de tuiles étaient alors fabriquées par jour, cinquante tonnes de charbon étaient nécessaires par mois et une trentaine d’ouvriers étaient présents (fig. 10).

Fig. 10

Fig. 10

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le four Hoffmann construit dans les années 1920

© pahtvalleescatalanes

23Dans les années 1970, le système est adapté : les deux galeries semi-circulaires sont supprimées, certaines portes d’accès latérales sont fermées et le système de chauffe modifié pour fonctionner au fuel, encore en usage.

24Deux galeries parallèles de 35 m de longueur chacune assortie d’une galerie perpendiculaire de 5 m sont utilisées actuellement. Les quatre entrées principales permettent d’enfourner et de défourner les pièces selon un déroulé très précis.

  • 10 - ETOGO-BASSALA Félix, ancien manœuvre. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du (...)

25Le chargement du four nécessite beaucoup de manutention et de l’habileté manuelle puisque les produits à cuire sont rangés et empilés selon une disposition particulière afin de faciliter la circulation homogène de l’air chaud entre les différentes pièces et éviter les pertes et les voilages. Les briquetiers évoquent la notion de « flux » (« comme de l’eau »10), de circulation, de feu qui doit pouvoir se frayer un passage par tous les interstices. Pour obtenir ce résultat, il existe un montage spécifique pour chaque type de pièce. Les produits plus lourds et volumineux sont placés sur le sol en terre battue. Les briques, par exemple, sont posées de champ par cinq et appareillées en alternance, chaque rang étant délimité par des assises horizontales (fig. 11).

Fig. 11

Fig. 11

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le chargement du four Hoffmann par le briquetier nécessite une dextérité particulière

© J.-B. Carrère

26Chaque pièce est séparée de l’autre par un espace correspondant au passage de la main du briquetier. L’ensemble occupe au maximum le volume de la galerie. Au sol, trois passages parallèles aux murs d’une hauteur approximative de quarante cm et d’une largeur de vingt cm sont aménagés afin de faciliter la circulation du feu. Différentes rangées de produits sont installées tous les quatre-vingts cm environ afin de créer des corps de chambres de combustion. Ces derniers correspondent à la distance entre les rampes à injection situées sur le toit du four (fig. 12).

Fig. 12

Fig. 12

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la couverture du four avec les trous d’injection

© J.-B. Carrère

27Un caillou lancé depuis chaque trou des injecteurs permet de repérer l’espace correspondant. Lorsque le four est rempli à son maximum, les quatre entrées sont maçonnées avant la cuisson. Les murs temporaires de briques creuses liées par du mortier d’argile et couvertes d’une feuille de papier gras empêchent l’air de circuler rendant ainsi l’intérieur étanche. Le four est alimenté par des injecteurs reliés à des brûleurs déplacés par les ouvriers lors de la cuisson qui se déroule en continu. Les ouvriers évoluent sur le dessus du four accessible par une rampe. Les cinq brûleurs de chaque injecteur sont déplacés progressivement d’un bout du four à l’autre formant un déplacement en forme de U. Le système nécessite plusieurs heures de préchauffage à 450 °C pendant environ sept heures avant la chauffe principale de sept à huit heures à près de 1 000 °C. La température, comme la durée de la cuisson, peuvent être variables en fonction des pièces à cuire. La chaleur maximale est atteinte en plusieurs paliers, les seuils étant contrôlés par des cannes pyrométriques. L’allumage est facilité par l’inflammation d’un tas de bois disposé au-dessus de la porte maçonnée de la première galerie. Un système de ventilation par des gaines permet l’activation de la chauffe et apporte l’air frais nécessaire au refroidissement. Enfin, une turbine évacue les gaz de combustion par un conduit souterrain menant à la cheminée extérieure. Environ deux jours sont nécessaires pour le préchauffage, cinq à sept jours en continu pour la cuisson et jusqu’à cinq jours pour un refroidissement progressif. Une fois la porte maçonnée temporaire détruite, les pièces sont défournées en commençant par la première galerie à avoir été chauffée. Outre le travail de manutention, le savoir-faire du briquetier intervient ensuite dans l’évaluation de la qualité des produits finis : les pièces parfaites sont classées en premier choix, les autres triées en fonction de leur rendu. Les briques bien cuites sont repérées à leur couleur, d’un rouge bien franc, et à leur son.

28Cette phase de cuisson est non seulement contraignante mais également préoccupante. Sa réussite, forcément hétérogène et aléatoire, est en partie liée au bon empilement préalable des pièces et, surtout, aux conditions climatiques. Ainsi, si l’air est humide, la combustion perd en efficacité ; la tramontane, au contraire, améliore le tirage. La production a lieu toute l’année même si la nature-même de l’activité est liée à la saisonnalité. Quant aux cuissons qui ont lieu deux à trois fois par an en fonction de la demande, elles se font plutôt au printemps et à l’automne afin d’économiser du combustible. Le caractère évolutif de ce savoir-faire correspond à l’un des critères du concept de patrimoine culturel immatériel.

Un patrimoine vivant

  • 11 - Unesco ; Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ; article 2. 2003.
  • 12 - DÉVANTHERY, 2018.

29Depuis une quinzaine d’années, le patrimoine s’est enrichi d’une nouvelle catégorie : le patrimoine culturel immatériel (PCI) ou patrimoine vivant formalisé par l’Unesco, organisme international créé en 1945, dans le cadre de la Convention pour la sauvegarde du PCI. Cette convention a été finalisée en 2003 et ratifiée par la France trois ans plus tard. Le PCI y est présenté comme l’ensemble des « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel »11. Contrairement à ce que son qualificatif pourrait sous-entendre, ce patrimoine est indissociable de sa mise en espace et des éléments matériels qui lui sont rattachés d’où l’intérêt de valoriser les structures, les objets, les outils et les machines en ce qui concerne l’étude du patrimoine industriel. Comme le souligne Ariane Devanthéry, « Un élément matériel n’existe pas sans le savoir-faire qui a permis de le réaliser et l’utiliser »12 et inversement dans ce cas-là.

  • 13 - DENACLARA Franck, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 14 mars 2018.
  • 14 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

30Cinq domaines sont recensés : « les traditions et expressions orales (dont la langue comme vecteur) ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ; les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. » La fabrication de la terre cuite et ses usages constructifs rentrent logiquement dans cette dernière. L’élément regroupe un ensemble de savoirs qui peuvent être distingués en trois parties : les différentes terres et leurs usages, le séchage et la cuisson, l’adaptation et la mise en œuvre du produit. Cependant, la pratique renvoie à d’autres thématiques du PCI comme l’oralité avec l’utilisation d’un vocabulaire spécifique catalan ou les connaissances liées à la nature. Ainsi, la gestion des étapes de séchage ou de cuisson se fait en fonction des conditions météorologiques locales qu’il est nécessaire de connaître : « le nez sur le Canigó »13, le pic situé à proximité servant d’indicateur naturel. La qualité de la fabrication est également liée à celle de la matière première extraite d’une vaste carrière présentant une multitude d’argiles. La reconnaissance de la qualité de cette argile est nécessairement liée à la pratique et à l’usage sur le terrain faisant appel à différents sens comme le toucher, la vue (la couleur des différentes terres) ou même l’odorat. Une certaine « subtilité de l’odeur »14 permet de déterminer si elle est adéquate à sa future destination. S’ils sont catégorisés, les domaines de l’immatérialité sont nécessairement traités de manière transversale.

31Le patrimoine culturel immatériel a également pour particularité d’être inclusif. Il existe sur le territoire français, notamment dans la région Occitanie, une soixantaine de briqueteries artisanales ou semi-industrielles utilisant une chaîne opératoire similaire. Comme celles de Sainte-Marcelle, ces entreprises peuvent proposer des spécificités en termes de fabrication ou de production. L’exemple de la tradition ancienne de l’usage de la brique dite foraine dans la proche région toulousaine peut être cité. Cependant, une recherche dans le cadre du PCI n’est pas exclusivement consacrée à la connaissance de la chaîne opératoire ou de la spécificité de la production mais également à son usage sur un territoire donné, à la vision qu’en ont les praticiens et les usagers. L’étude peut aller jusqu’à la distinction entre réalités et représentations, entre pratiques effectives et imaginaires qui y sont liées. C’est aussi l’appréhension de l’ensemble du contexte de la fabrication (moyens humains, conditions de travail, transmission, etc.) et la perception des savoirs et des gestes nécessaires qui sont mis en avant. C’est donc un ensemble qui est étudié, avec une approche transversale, plus complexe et réflexive, à la croisée de différentes disciplines scientifiques (histoire, anthropologie etc.). Pour des raisons de praticité et de cohérence du propos, l’aire géographique concernée a été circonscrite au département des Pyrénées-Orientales, unique lieu de fabrication et de diffusion du cayrou.

  • 15 - VAN ZANTEN, Wim.

32Sans s’étendre ici sur la notion complexe, et variable, de communauté15 dans ses différentes acceptions, la définition du PCI sous-entend que l’élément reconnu comme tel doit nécessairement être perçu comme possédant une valeur patrimoniale par ceux qui le pratiquent et le diffusent. Ces derniers doivent également être au cœur de l’étude menée dans le cadre de l’inventaire qui s’effectue pour et par eux. L’étude en question ne correspond pas à une recherche documentaire exhaustive sur la technique mais se veut le reflet de la communauté dans sa multiplicité. Ici, alors qu’elle était au départ axée sur la famille des briquetiers, les gérants et les ouvriers, elle s’est étendue progressivement aux utilisateurs du produit fini (fig. 13).

Fig. 13

Fig. 13

Cabestany (Pyrénées-Orientales), exemple de façade traditionnelle avec emploi de terre cuite en assises alternées ainsi qu’au niveau des chaînes d’angle et des encadrements des baies

© pahtvalleescatalanes

  • 16 - DENACLARA Marcelle. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

33En l’occurrence, elle concerne ceux qui mettent en œuvre la brique fabriquée : les professionnels du bâtiment, les architectes et les conseillers en architecture et en restauration du patrimoine. Elle touche également les différents commanditaires, y compris les particuliers, qui peuvent exiger l’emploi d’un matériau, pratiquer eux-mêmes des travaux de rénovation ou simplement y voir une qualité décorative et une valeur culturelle associée. Ici, la briqueterie a aussi la particularité d’être une source de création. Certains sculpteurs et céramistes font ou ont fait cuire leurs œuvres dans le four profitant ainsi de conditions exceptionnelles pour créer des œuvres de grandes dimensions dont la qualité plastique est liée à l’aspect aléatoire de la cuisson. Cette pratique date du début du XXe siècle, la briqueterie se trouvant à proximité de la ville de Céret fréquentée par de nombreux artistes parfois de renommée internationale. Le sculpteur Gustave Violet, par exemple, a fait cuire ses œuvres à la briqueterie. Le centre de céramique d’art perpignanais, la Casa Sant Viçenç, longtemps fréquenté par Jean Lurçat, s’est, un temps, approvisionné en terre non laminée de la carrière de Vivès. D’autres artistes, dont des photographes, sont influencés par l’« esprit des lieux »16 souligné par les praticiens eux-mêmes.

34Le PCI doit être non seulement reconnu et identifié par ses détenteurs au sens large mais également être transmis de génération en génération même si le critère d’ancienneté n’est pas essentiel. Les briquetiers valorisent leur entreprise comme étant la plus ancienne du département à avoir gardé son activité d’origine. La famille Fite-Colomines exprime sa fierté d’avoir pu maintenir son savoir-faire depuis au moins huit générations et perçoit celui-ci et ses productions, à travers leur modèle principal, le cayrou, comme étant des éléments patrimoniaux (fig. 14).

Fig.14

Fig.14

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), en-tête de facture de la Briqueterie-Tuilerie de Joseph Colomines

© Famille Fite-Colomines

  • 17 - DENACLARA Franck, briquetier, gérant, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du (...)
  • 18 - idem.

35Même s’il y a une transmission essentiellement familiale, l’apprentissage des savoirs se fait « sur le tas », un certain nombre de techniques s’acquérant avec l’expérience : du « patron » au gérant, de l’ancien contremaître au nouveau, entre ouvriers. Ces derniers soulignent ici une façon de travailler avec les quatre éléments, oubliée dans les modes de production industrielle actuels « où l’on ne touche pas la terre »17. Les quatre éléments naturels : la terre et l’eau en tant que matières premières, le feu pour la cuisson et l’air pour le séchage sont nécessaires à la fabrication de la brique auxquels on pourrait adjoindre un cinquième : le briquetier lui-même qui va participer à leur assemblage et les mesurer. Cette évaluation se fait essentiellement de manière sensitive « à l’œil et au toucher »18, par le toucher direct de l’argile, par l’adaptation et l’utilisation de machines anciennes qui ont près de soixante-dix ans pour les plus anciennes ainsi que la manipulation d’outils dont certains sont identiques depuis trois siècles. Le facteur du temps est aussi primordial. En comptant le séchage optimal, l’enfournement, le refroidissement et le défournement ainsi que la durée de la cuisson, jusqu’à neuf mois peuvent être nécessaires pour fabriquer une pièce de terre cuite. Environ 1 200 tonnes sont produites par an, ce qui correspond à la production quotidienne d’une entreprise industrielle actuelle.

Une démarche d’inventaire

36L’article 12 de la convention de 2003 de l’Unesco enjoint aux 176 États-parties qui l’ont ratifiée à ce jour d’inventorier les pratiques culturelles immatérielles. En France, c’est le ministère de la Culture qui, chargé de sa mise en œuvre, gère l’inventaire national de cette catégorie. Il participe également à sa mise en perspective notamment par le biais de l’emblème « Patrimoine culturel Immatériel en France » utilisable par les détenteurs afin de « valoriser leur implication dans la démarche de sauvegarde et de transmission de leurs traditions vivantes »19 (fig. 15).

Fig. 15

Fig. 15

Emblème « Patrimoine culturel immatériel en France »

© ministère de la Culture

  • 20 - Les archives conservées au sein de l’entreprise (livres de compte, factures etc.) nécessiteraient (...)

37C’est dans le cadre de cet inventaire qu’a été menée la recherche concernant le savoir-faire de la briqueterie selon les thématiques recensées dans la fiche nationale : description de la pratique, éléments matériels inhérents, modes d’apprentissage, évolution, viabilité et mesures de sauvegarde et de valorisation. La méthodologie employée est le fruit de la combinaison d’une recherche documentaire associée à un travail d’enquête orale, d’observation et de constitution d’archives notamment audiovisuelles. Préalable à tout travail d’inventaire, la connaissance du sujet débute par une recherche classique assortie ici de l’étude des archives : articles de presse, ouvrages, publicités, études diverses, photographies, etc.20 Certains membres de la famille ont mené des recherches généalogiques manifestant ainsi leur intérêt pour la valeur patrimoniale de leur bien. Ils sont les conservateurs de la mémoire de leur savoir-faire également par le bais de la collection de différents objets : ils possèdent des exemples de chaque produit (environ cent-vingt modèles, plus les sur-mesure), des outils anciens qui ne sont plus en usage (pour la fabrication manuelle des tuiles par exemple), des objets publicitaires jusqu’à des œuvres d’art. Ainsi, les espaces de bureau et d’exposition-vente proposent un amoncellement de produits divers. Des œuvres artistiques, issues des différentes cuissons, et données en remerciement par leurs créateurs, y sont, en partie, conservées, mêlées de manière hétéroclite aux modèles fabriqués et aux archives de l’entreprise. On y trouve notamment des moulages de visages des briquetiers ou de leurs proches par l’artiste Pascale Aguilhon ou des représentations religieuses (fig. 16).

Fig. 16

Fig. 16

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, œuvres en attente de cuisson

© pahtvalleescatalanes

  • 21 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

38Cette base documentaire et ces objets permettent non seulement de traiter de l’historique de l’entreprise, de l’évolution de sa pratique mais également de la manière dont elle est commercialisée et dont elle est perçue. Ce qui existe et a été conservé au sein de la famille et de l’entreprise et la façon dont les détenteurs en parlent donnent une image vivante, plus exhaustive, du savoir-faire, au-delà de ce qui est peut-être « mis en scène ». En complément, et au cœur de la démarche d’inventaire, l’enquête orale, par des entretiens menés sur place ou à domicile, documente la pratique d’aujourd’hui, ici forcément inspirée et adaptée de celle d’hier. Au-delà d’une collecte de mémoire, la connaissance de ce passé est prétexte à mettre en perspective le présent. Une enquête plus ethnographique permet alors de recueillir des informations d’ordre empirique, de mieux cerner l’élément par le biais de détails pas forcément perçus par le détenteur lui-même qui exécute les gestes de manière instinctive ou sans en avoir pleinement conscience, de rendre compte de la complexité de la pratique, de la justesse d’un geste par rapport à l’outil et du doigté nécessaire au fonctionnement d’une machine. Ainsi, au moment de la préparation de la pâte, lors du malaxage, une humidification maîtrisée de la terre est nécessaire. L’ajout de l’eau par le briquetier se fait alors sans instrument de contrôle, simplement en fonction du toucher de la matière et de son expérience. Lors de la cuisson, les ouvriers parlent d’une « atmosphère »21 particulière du four.

39Celle-ci n’est pas paradoxalement déterminée par la sensation de chaleur mais par le bruit sourd de l’inflammation et le cliquetis des mécanismes. Durant la période de contrôle, y compris la nuit, le briquetier doit être en permanence à l’écoute de ce phénomène. Il doit non seulement vérifier les températures et les durées de chauffe, déplacer les injecteurs en fonction de l’avancée de la cuisson dans les galeries, procéder à l’alimentation en carburant mais également détecter et réparer les pannes mécaniques éventuelles. Régulièrement, l’ouvrier observe par les trous des injecteurs l’intérieur du four, l’avancée de la cuisson, le déplacement éventuel des pièces. Il saura par avance les écroulements éventuels et peut déterminer la réussite de la cuisson selon l’emplacement dans la galerie. C’est souvent au bruit que le repérage se fait, la fabrication elle-même étant rythmée par celui des machines.

40L’enquête orale est assortie d’une observation sur le terrain durant les différentes phases de la fabrication mais également dans le cadre de la relation au public au sens large : le client comme le visiteur qui est reçu dans le cadre de manifestations culturelles ou patrimoniales (visites guidées tout public ou à destination des scolaires). Elle permet une approche plus sensitive allant jusqu’à la description de l’ambiance sonore. Une collecte audiovisuelle est issue de cette phase d’observation et d’enquête et constitue l’un des éléments possibles de restitution de l’immatériel identifié.

41L’image filmée permet également de rendre compte de la manière dont le praticien parle de son activité. Ses gestes, les expressions de son visage et les mots qu’il emploie ont forcément leur importance. L’inventaire est l’occasion de s’interroger sur le rendu (notamment écrit) possible de ces données, sur le choix du vocabulaire à adopter, y compris dans un domaine technique. Ainsi, la recherche peut rendre compte du vocabulaire spécifique employé par les praticiens, des néologismes utilisés pour désigner un outil. Par exemple, lorsque les produits sont voilés lors du séchage, on dit que « ça tuile ». Pour l’éviter, des briques cuites peuvent être déposées sur des éléments plus fins. Les rangées disposées dans le four pour la cuisson sont ici nommées « blègues » sans que l’origine, ni même l’orthographe du mot soit réellement connues, il en va de même pour le nom des machines (le concasseur nommé ici « désagrégateur ») ou des produits. Certains mots sont empruntés au catalan. Ils correspondent à des graphies roussillonnaises. Par exemple, le mot cayrou est issu du catalan cairó qui signifie carré alors que le terme francisé désigne un produit rectangulaire. Même si cette brique est bien représentée dans le paysage architectural du territoire, la limitation actuelle de sa fabrication et de son usage en a changé - voire en a fait oublier - le sens. Le mot « cayrou » n’a pas forcément la même signification selon les personnes qui l’emploient ; on tend à l’utiliser pour désigner une brique ancienne ou un produit de terre cuite artisanal en général sans référence à des dimensions particulières. En tout cas, elle est l’expression de l’attachement au territoire que l’on retrouve dans le choix du nom des galeries du four Hoffmann qui correspondent chacune à un élément marquant du paysage local : « Canigou », « Aspres », « Vallespir », « Albères » et le « Canigoulin » (fig. 17).

Fig. 17

Fig. 17

Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, panneau des chargements à l’entrée de la galerie du four nommée « Canigou »

© pahtvalleescatalanes

  • 22 - Depuis 2005, il en existe deux certificats de qualification professionnelle, celui de « conducteu (...)
  • 23 - Sous-entendu ici la rédaction de la fiche d’inventaire national et l’enquête préalable.
  • 24 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

42L’étude du patrimoine industriel par le prisme du patrimoine culturel immatériel permet de donner une autre perception de l’utilisation des machines et des outils, moins technique, grâce au geste ou au regard des praticiens et des usagers eux-mêmes. L’objet conserve ainsi tout son sens d’autant plus qu’il est ici encore utilisé. Ces connaissances nécessaires à l’utilisation des machines ont d’autant plus d’intérêt dans le cadre de la sauvegarde d’un savoir-faire pour lequel il n’existe pas de formation professionnelle spécifique ou qui corresponde à la réalité d’un terrain de fabrication semi-artisanale22. En revanche, cette recherche et l’étendue de la connaissance peut être limitée par la durée du projet23 de l’ordre ici d’une année avec des conditions d’observation d’un processus encore en activité. Le temps mis à disposition par les détenteurs est forcément limité ; certains éléments de fabrication sont, à juste titre, conservés en interne. L’inventaire peut donc être considéré comme un témoignage transversal à un moment et sur un temps donnés, reflet d’une certaine vision de la communauté sur un patrimoine recréé en permanence et, donc, forcément évolutif. Il peut être aussi une forme d’interprétation de celui qui retranscrit, même si cette vision est révisée par la communauté, le rédacteur conservant un statut d’observateur, n’étant pas lui-même praticien. Comme dirait un ancien manœuvre de la briqueterie Sainte-Marcelle : « c’est simple à comprendre la marche de la fabrication d’une brique, mais c’est faire, ce n’est pas tout de dire, c’est de faire, faire bien les choses… »24

Conclusion

43Située au sein du Pays d’Art et d’Histoire Transfrontalier Les vallées catalanes, la briqueterie Sainte-Marcelle propose un procédé de fabrication de terre cuite architecturale, de briques en particulier, remarquable de par sa permanence et sa capacité d’adaptation.

44L’enquête ethnographique ainsi que l’observation menées dans le cadre de son inventaire en tant que patrimoine culturel immatériel permettent de documenter l’usage des objets utilisés, au-delà de la collecte de mémoire et du fonctionnement purement technique. Ainsi, peuvent être perçus la précision d’un geste transmis, une dextérité acquise par rapport à des outils et des machines qui conservent leur sens dans leur utilisation in situ. En contrepartie, l’activité pose des questions particulières de valorisation d’un patrimoine qui reste vivant, nécessairement adapté aux contraintes actuelles, et exposé à des questions de viabilité.

45La pratique est inscrite à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis mars 2019 sous l’intitulé « Les savoir-faire et usages constructifs de la terre cuite : le cayrou de la briqueterie Sainte-Marcelle à Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales) ». Cette liste comprend actuellement 451 éléments (janvier 2020) dont un quart correspond aux savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. C’est le premier élément de la Région Occitanie à avoir été inscrit en tant que savoir-faire.

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Bibliographie

Exposition [Perpignan, Université Via Domitia, 2016]. CASTANER-MUNOZ Esteban et SOULIER Virginie (dir). Exposer l’industrie de la Catalogne française. Perpignan : Trabucaire, 2016, 115 p.

Les produits de terre cuite, Guide de l’utilisateur. Centre de documentation de la terre cuite, Paris, 1952.

DÉVANTHERY, Ariane. Recensement, inventaire et collections : quand le matériel rencontre l’immatériel. PatrimoineS. Collections cantonales vaudoises [en ligne], n° 3, 2018. [consulté le 27 janvier 2020], p. 176-183.

NAU, Christelle. Fiche d’inventaire national PCI n° 431 : « Les savoir-faire et usages constructifs de la terre cuite : le cayrou de la briqueterie Sainte-Marcelle à Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales) ».

VALAISON, Marie-Claude et François et GREIVELDINGER, Aurélia. Pyrénées-Orientales, 100 lieux pour les curieux. Baume-les-Dames : Bonneton, 2011. p. 174

VAN ZANTEN, Wim (dir). Glossaire du patrimoine culturel immatériel. La Haye : Unesco, 2002.

VERNA, Catherine. L’industrie au village, essai de micro-histoire (Arles-sur-Tech, XIVe et XVe siècles). Paris : Les Belles Lettres, 2017

Lien vidéo vers :

« Le dernier briquetier des Pyrénées-Orientales », Météo à la carte, Le Mag, produit par France 3, janvier 2017, 5’43. https://www.youtube.com/watch ?v =1WBD0HqIOYI

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Notes

1 - AD Pyrénées-Orientales, 6M733. Statistique industrielle et manufacturière du département des Pyrénées-Orientales, 1816.

2 - Centre de documentation de la terre cuite. Les produits de terre cuite, Guide de l’utilisateur. Paris, 1952.

3 - En cours d’extension, il est actuellement composé de quarante-quatre communes catalanes : vingt-quatre dans les Pyrénées-Orientales et vingt en Espagne.

4 - VERNA, 2017.

5 - Ce patrimoine comprend d’anciennes usines parfois encore en activité (textiles et espadrilles à Saint-Laurent-de-Cerdans, liège au Boulou et à Céret, papier à Amélie-les-Bains) mais également habitat (colonies industrielles en Catalogne du Sud, différenciation des quartiers et maisons de maître des patrons au nord), espaces de vie et de sociabilité : cafés, cinémas, anciens commerces coopératifs. Ce sont autant de lieux qui sont le reflet de la vie artisanale et industrielle, de l’histoire sociale des ouvriers et de leurs loisirs (fêtes, danses, bals, pratiques musicales).

6 - Le Service de l’Inventaire général de la Région Occitanie a un projet d’inventaire en cours sur le territoire. De 2015 à 2018, le PAHT a également co-dirigé des projets sur le thème du patrimoine industriel en partenariat avec l’Université de Perpignan Via Domitia. L’inventaire PCI, quant à lui, s’est déroulé de novembre 2017 à février 2019.

7 - Un séchoir thermique avec ventilation mécanique a été, un temps, utilisé en complément du séchage naturel.

8 - DENACLARA, Franck, briquetier et gérant. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Visite pédagogique du 26 juin 2018.

9 - FITE Jean, ancien briquetier. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 9 février 2018.

10 - ETOGO-BASSALA Félix, ancien manœuvre. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

11 - Unesco ; Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ; article 2. 2003.

12 - DÉVANTHERY, 2018.

13 - DENACLARA Franck, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 14 mars 2018.

14 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

15 - VAN ZANTEN, Wim.

16 - DENACLARA Marcelle. Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

17 - DENACLARA Franck, briquetier, gérant, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 14 mars 2018.

18 - idem.

19 - « Qu’est-ce que le PCI ?  ».

20 - Les archives conservées au sein de l’entreprise (livres de compte, factures etc.) nécessiteraient une étude historique approfondie.

21 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

22 - Depuis 2005, il en existe deux certificats de qualification professionnelle, celui de « conducteur d’installation tuiles et briques » et celui de « préparateur de la terre ».

23 - Sous-entendu ici la rédaction de la fiche d’inventaire national et l’enquête préalable.

24 - ETOGO-BASSALA Félix, Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales). Entretien du 3 avril 2018.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le cayrou de la briqueterie Sainte-Marcelle. Le marquage avec un tampon datant d’après-guerre est réalisé à la main avant les opérations de séchage et de cuisson.
Crédits © J.-B. Carrère
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Fichier image/jpeg, 352k
Titre Fig. 2
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la construction en matériaux de terre cuite éclectiques et l’empilement anarchique des pièces de stockage créent « des ensembles graphiques pleins de poésie »
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig. 3
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, hangar où se déroule le broyage
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig. 4
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la cour de la briqueterie Sainte-Marcelle dominée par une cheminée de trente mètres de hauteur. La fumée qui s’en échappe signale une cuisson en cours.
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig. 5
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, vue aérienne dans les années 1970.
Crédits © Famille Fite-Colomines
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Titre Fig. 6
Légende Vivès (Pyrénées-Orientales), l’extraction de l’argile dans les années 1970
Crédits © Famille Fite-Colomines
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Titre Fig. 7
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le camion Berliet, représentatif de la période-phare de l’entreprise, permettait d’assurer le transport de la terre depuis la carrière et les livraisons. Il est toujours conservé dans les locaux
Crédits © J.-B. Carrère
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Titre Fig. 8
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le cayrou à la sortie de la mouleuse-découpeuse
Crédits © J.-B. Carrère
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Titre Fig. 9
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, les moules et les châssis utilisés pour la production manuelle
Crédits © J.-B. Carrère
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Titre Fig. 10
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le four Hoffmann construit dans les années 1920
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig. 11
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, le chargement du four Hoffmann par le briquetier nécessite une dextérité particulière
Crédits © J.-B. Carrère
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Titre Fig. 12
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, la couverture du four avec les trous d’injection
Crédits © J.-B. Carrère
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Titre Fig. 13
Légende Cabestany (Pyrénées-Orientales), exemple de façade traditionnelle avec emploi de terre cuite en assises alternées ainsi qu’au niveau des chaînes d’angle et des encadrements des baies
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig.14
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), en-tête de facture de la Briqueterie-Tuilerie de Joseph Colomines
Crédits © Famille Fite-Colomines
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Titre Fig. 15
Légende Emblème « Patrimoine culturel immatériel en France »
Crédits © ministère de la Culture
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Titre Fig. 16
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, œuvres en attente de cuisson
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Titre Fig. 17
Légende Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), briqueterie Sainte-Marcelle, panneau des chargements à l’entrée de la galerie du four nommée « Canigou »
Crédits © pahtvalleescatalanes
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Pour citer cet article

Référence électronique

Christelle Nau, « Le patrimoine culturel immatériel comme outil d’étude et de valorisation d’un savoir-faire : la fabrication de terre cuite architecturale dans les Pyrénées-Orientales »Patrimoines du Sud [En ligne], 11 | 2020, mis en ligne le 10 mars 2020, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/3637 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.3637

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Auteur

Christelle Nau

Chargée de mission, Pays d’Art et d’Histoire Les vallées catalanes

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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