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Dossier

Avant-propos : repenser la déclinaison du château dans l’Occitanie médiévale

Foreword: rethinking the declination of the castle in medieval Occitania
Monique Bourin et Laurent Schneider

Texte intégral

1La tradition des études médiévales méditerranéennes est, dans le sillage du mouvement d’incastellamento, de mettre en valeur l’habitat per castra et d’observer les processus qui ont conduit au village aux maisons serrées les unes contre les autres, enfermé à l’intérieur d’une muraille collective, souvent perché, ou du moins dominant son terroir agricole. Au fil de la période dite « féodale », l’acception la plus commune du mot castrum désigne ce village enclos et finit même par désigner tout village groupé, même s’il n’est pas emmuraillé - ce qui est très rare à la fin de la période médiévale. Ce n’est pas à ce castrum-là qu’est dédié ce numéro de Patrimoines du Sud, mais à l’autre acception du mot castrum ou à son doublon le castellum, c’est-à-dire aux édifices - châteaux, palais et tours - où se concentrent les pouvoirs seigneuriaux, à leurs sites, à leurs formes architecturales, aux fonctions qui les modèlent, aux représentations sociales qu’ils incarnent et sous-tendent.

2Pour ce faire, nous avons contrevenu aux règles habituelles de fonctionnement et de composition des numéros de Patrimoines du Sud. Le « moyen-âgeux » est à la mode, mais plus dans le domaine des films fantastiques ou des fêtes populaires que dans une revue dont l’objet est le patrimoine architectural ou culturel. Ce n’est donc pas ce danger d’anachronisme fantaisiste qui nous a écartés de la pratique de l’appel à contribution. Car il nous faut avouer notre lourde responsabilité dans l’économie générale de ce dixième numéro consacré aux châteaux de l’Occitanie médiévale. Nous avons rompu avec la pratique participative, le crowdsourcing ou le bottom up ; nous avons sollicité des auteurs et imprimé au numéro une direction « autoritaire ». Tous ceux que nous avons sollicités n’ont pas répondu à nos vœux. Nous aurions aimé développer au moins deux points qui sont restés en pointillés, l’équilibre rompu entre murailles collectives et défenses du château dans le Languedoc royal et le retour en grâce du goût gothique dans la prospérité viticole du XIXe siècle finissant.

3Sciemment nous avons franchi les portes de l’Occitanie et celles de la langue française puisque ce numéro s’ouvre sur la voisine Catalogne. Au moment où Patrimoines du Sud identifiait l’intérêt de consacrer un numéro de la revue aux châteaux de l’Occitanie médiévale, le Museu d’Arqueologia de Catalunya et le Museu Etnològic del Montseny, La Gabella s’associaient pour consacrer une grande exposition à la splendeur des châteaux médiévaux catalans. Conscients de l’importance identitaire de ce patrimoine, mais aussi des fantasmes qui l’entourent et le peuplent aujourd’hui, ils ont réuni en une spectaculaire présentation les modifications qu’ont connues les forteresses dans le temps long du Moyen Âge, sur une terre de frontière, où se confrontent et se rencontrent deux cultures, musulmane et chrétienne. Partant des fortifications urbaines romaines récupérées, des quelques constructions wisigothiques ou carolingiennes et des fortes influences andalouses qui composent une première strate, ils retracent l’apparition du palais gothique combinant défense et résidence, et mènent l’enquête jusqu’aux transformations de la poliorcétique des XVe et XVIe siècles dans une Catalogne vivant des temps convulsifs. Le parallélisme des deux démarches, celle du MAC et celle de Patrimoines du Sud, était si clair que nous avons souhaité offrir à nos châteaux occitans la comparaison avec la Catalogne voisine.

Des élévations surtout conservées à partir du milieu du XIIe siècle

4Si l’exposition barcelonaise comme ce numéro de Patrimoines du Sud prennent en compte la longue durée médiévale, l’éclairage porte principalement sur la période centrale du Moyen Âge, entre l’an mil et le début du XIVe siècle, et même plus encore sur les XIIe et XIIIe siècles. Il s’agissait pour nous, comme pour bien d’autres avant nous, de tordre le cou à la fréquente identification de l’Occitanie au catharisme et au mythe du château cathare. On ne peut que se réjouir du succès touristique du concept de pays cathare, mais hélas ! les sites internet glissent couramment des châteaux du pays cathare aux châteaux cathares. Même si nous nous doutons bien que le lectorat de Patrimoines du Sud n’est pas tenté par cette glissade, il n’est pas inutile de rappeler haut et fort que les châteaux des Corbières sont, dans leur élévation actuelle, plus royaux que « féodaux », et que les châteaux d’Occitanie ont été repensés et largement reconstruits par des architectes formés au gothique capétien. On ne s’étonnera pas que faire le point sur le château de Montségur ait revêtu pour nous une importance particulière.

5Il s’agissait aussi d’insister sur la longue durée de gestation des châteaux. Non pas l’étirement des campagnes de travaux, car à la différence des édifices religieux dont la construction s’étale sur des décennies, celles des châteaux est en général brève, à l’échelle de quelques années. Mais le fait que chaque génération, chaque strate chronologique apporte sa part à un chantier en perpétuelle modernisation, qu’on cherche à y conserver des éléments de légitimation du pouvoir actuel ou à fonder par du neuf une nouvelle histoire. S’il reste peu de leurs premiers temps aux châteaux de la frontière aragonaise, ils n’en sont pas moins attestés dès le début du XIe siècle. L’histoire de Mauguio s’étend sur plusieurs siècles, des premiers amoncellements de la motte jusqu’aux splendeurs de la demeure épiscopale qui a succédé au château comtal, entourée d’une urbanisation que scelle le dessin des rues. Ou bien encore le château de Clermont-l’Hérault, forteresse remodelée selon les normes du château philippien et résidence d’une grande famille ; elle en garde la mémoire des phases les plus glorieuses. Tous les exemples retenus manifestent de cette longévité, mais bien d’autres aussi dans toute l’Occitanie.

6La capacité à franchir les étapes récentes de l’histoire n’est pas strictement corrélée à la force de l’édifice médiéval. On ne peut pas déduire des ruines actuelles (ou de leur restauration) l’ampleur et la vigueur de l’organisme médiéval. Les sites abandonnés, trop éloignés de l’économie moderne, ont encore fière allure. À l’inverse, parmi les « beaux » châteaux que décrit le Livre vert de l’archevêque de Narbonne, Pierre de la Jugie, dans les années 1360, celui de Montels fut une résidence particulièrement brillante et confortable où Bernard de Fargues reçut les plus grands personnages. Le château était ruiné dès le milieu du XVIe siècle et, repaire de rebelles, il dut être rasé. Un riche domaine et un vaste chais s’implantèrent sur le site au temps de la prospérité et noyèrent les traces du château archiépiscopal. Les affrontements entre catholiques et protestants ont accéléré la déchéance de bien des châteaux, mais l’évolution des goûts des élites aussi : parmi les vingt châteaux qu’ils possèdent, au XVIIe siècle, les archevêques de Narbonne ne fréquentent plus que leur palais urbain et le château de Canet réaménagé par François Fouquet.

Études de cas

7Nous souhaitions traiter du château dans son acception la plus large possible, en retenant des lieux et des formes distinctes. D’où une approche de type monographique : des châteaux urbains de rang comtal qui même fortifiés demeurent des palais, des résidences rurales et des châteaux parfois secondaires et souvent réduits à une tour maitresse protégée par un fossé et une modeste enceinte. Il s’agissait d’évoquer le château selon plusieurs approches, méthodes et sources propres à la complexité disciplinaire des études médiévales : évocation de l’imaginaire médiéval des châteaux et palais mais aussi de la fierté monumentale des ouvrages à travers l’analyse des sources littéraires, diversité des formules adoptées par les cours comtales dans les anciennes cités (Toulouse, Carcassonne) et les nouveaux sièges (Mauguio) ou à une autre extrémité de l’échelle sociale des derniers modèles de châteaux et fortins mis en place à la veille de la croisade contre les albigeois. Mais il fallait revenir aussi sur les forteresses proprement royales qui, dans les Corbières mais aussi dans la vallée du Rhône, comme à Beaucaire remodèlent les anciens sites seigneuriaux occitans, introduisent de nouveaux dispositifs architecturaux plus qu’elles ne créent de nouveaux lieux de contrôle et de domination (fig. 1 et 2).

Fig. 1

Fig. 1

Beaucaire (Gard), château, tour circulaire de flanquement du nouveau château royal découverte lors des fouilles de 1990

© Laurent Schneider, 1990

Fig. 2

Fig. 2

Beaucaire (Gard), château, l’une des premières adaptations des modèles philippiens en Occitanie (XIIIe siècle)

© Laurent Schneider, 1990

8Le modèle du château philippien a été largement répandu dans le Midi royal. Beaucaire est l’un des premiers pour lesquels ces normes, nouvelles en Occitanie, ont été adoptées.

9Revenir sur ce terrible XIIIe siècle méridional obligeait aussi à réinterroger le mythe de Montségur à partir de données historiques et archéologiques factuelles. Enfin deux contributions clôturent le dossier en présentant des analyses monographiques et des phasages de châteaux, exercice toujours difficile et pourtant indispensable dans l’étude de ces monuments complexes multiséculaires. Last but not least, il convenait sans doute au-delà du dossier constitué de réintroduire la question du fait castral dans le temps d’un « long Moyen Âge » où les derniers édifices ont écrasé, détruit et constamment remanié et adapté les constructions antérieures. C’est à cet exercice difficile et périlleux que se risque la contribution introductive.

Le tournant documentaire au milieu du XIIIe siècle

  • 1 - CHASTANG, 2006.
  • 2 - DEBAX, 2003. CHASTANG, 2006, p. 91-123.

10Ce faisant, nous enjambons le tournant documentaire du XIIIe siècle : les sources disponibles pour l’étude des châteaux de l’Occitanie médiévale se diversifient alors. Aux données archéologiques, maintenant plus familières, s’ajoutent désormais des sources écrites de plus en plus nombreuses. Au vrai, elles ne manquent pas pour les deux siècles précédents, mais aussi bien dans les textes narratifs de type hagiographique que dans les cartulaires1, il s’agit principalement de discours ou de formulaires d’origine ecclésiastique. Et l’on sait qu’hormis peut-être un Guifred, archevêque de Narbonne, la plupart des chapitres et abbayes, semble avoir peu participé à la construction ou au renforcement des édifices fortifiés. Certes à l’instar de cartulaires laïcs de la région occitane2, les cartulaires épiscopaux qui sont centrés sur les hommages et serments de fidélité, montrent que les réseaux de pouvoir s’organisent principalement autour des châteaux. Les œuvres littéraires, qu’elles soient poétiques, épiques, ou historiques - au premier rang desquelles les récits de la croisade des Albigeois - offrent aussi une lecture de l’Occitanie dont les castra sont les pôles principaux du pouvoir. Mais même si leurs registres n’ont pas été conservés en Languedoc aussi bien que dans les régions voisines, Provence ou Catalogne, la banalisation de l’écriture par le biais des notaires ouvre à une réalité plus descriptive et plus « quotidienne » des châteaux, ainsi qu’à une caractérisation plus large et plus variée de leurs fonctions, notamment plus économiques.

  • 3 - DEBAX, 2012. L’ouvrage étend l’enquête bien au-delà de l’Occitanie, mais part de l’expérience que (...)

11Cette information d’un type nouveau laisse pourtant dans l’obscurité des points essentiels du fonctionnement des châteaux tels que la pratique concrète de la co-seigneurie. Depuis l’étude qu’en a proposée Hélène Debax3, la co-seigneurie, si répandue dans le Midi occitan, n’est plus perçue comme la ruine de l’aristocratie, mais comme l’une des manières d’assurer la continuité du patrimoine familial. Comme le fait remarquer Hélène Debax, les co-seigneuries ne sont devenues pléthoriques que lorsqu’elles disposaient de ressources particulièrement rémunératrices, telles que péage ou district minier. Ainsi s’explique peut-être la genèse de l’agglomération castrale de Mourcairol (Les Aires, Hérault) dans la haute vallée de l’Orb évoquée dans l’une des contributions. Ailleurs, une régulation s’est imposée. La gestion de l’espace du château n’est donc pas, ou du moins pas toujours, celle d’un appauvrissement subi, mais l’aménagement d’un espace partagé, organisé selon le principe hiérarchique de l’ordre vassalique, et exprimant aussi les rapports horizontaux qui structurent cette société de « pariers ». Hélène Debax y voit un trait si fort de la société aristocratique occitane qu’elle suggère même que le mot paratge avec ses valeurs de courage, de loyauté, de largesse et de fidélité dérive de parier. Si l’on souscrit bien à cette co-seigneurie « prototype de la société par actions » pour le partage des revenus seigneuriaux, il serait précieux d’en connaître le fonctionnement à la fois spatial et temporel. Dans quelle mesure la co-seigneurie influence-t-elle l’architecture du château ? Pour la tour maîtresse qu’on peut appeler donjon en utilisant un vocabulaire étranger, la gestion est-elle collective et indivise au quotidien, ou selon une alternance ou bien encore selon un partage des lieux ? Et cette question se pose déjà depuis les dernières décennies du Xe siècle si l’on suit l’exemple de la tour de Teulet au Pouget dont la possession ou l’héritage est déjà divisé en parts.

12À côté des informations qu’on peut espérer des archives du sol, en termes de localisation des foyers, des espaces de stockage, des objets abandonnés ou perdus, une enquête textuelle systématique dans les actes notariés serait susceptible de fournir quelques données sur la désignation et l’occupation des lieux qui compléteraient, certes modestement, les informations plus riches, mais géographiquement plus floues des textes littéraires. Elle participerait d’une approche anthropologique des châteaux.

13Cette présentation globale et introductive à un ensemble d’études consacrées aux châteaux de l’Occitanie médiévale n’est pas le lieu d’un recensement des innombrables sources textuelles par lesquelles ils s’entrevoient et des quelques-unes, plus rares, dont ils sont l’objet principal. Pas même d’en proposer une typologie. Mentionnons pourtant que c’est tout à la fois l’écriture comptable et la machine archivistique des principautés et au premier rang des services administratifs du roi de France qu’il est désormais loisible de convoquer, ainsi que celles des communautés urbaines et villageoises.

Palatium, castellum, forcia

14Si l’on définit le château comme un point fort à partir duquel s’exerce le contrôle d’un territoire, le nombre de châteaux s’est fortement accru de part et d’autre des années 1200. Entre les seigneuries majeures et les principaux châteaux, de jeunes lieux fortifiés, couramment désignés comme fortiae et munitiones se sont installés. C’est cette création de « châteaux intercalaires » peu étudiée, qu’à travers cinq exemples des environs de Béziers et de Montpellier, un groupe d’archéologues étudie dans ce numéro de Patrimoines du Sud, sous le titre « Rendre plus fort ». Dans le même temps, les principaux châteaux ne cessent de se renforcer aussi, tant dans leur appareil défensif que dans leur puissance économique. Se produit donc une dynamique spatiale complexe, à la fois centralisation autour des pôles châtelains et démultiplication des lieux forts. Avec la fin des guerres méridionales et sans doute aussi une certaine saturation de l’espace, le temps des créations, des bourgeonnements de tours, des essais de nouvelles formes fortes, est clos. Le maillage du réseau est achevé, et au-delà. D’incessants réajustements concurrentiels le retouchent, au détriment des uns, au bénéfice des autres. Néanmoins dans une dynamique de vive croissance démographique et économique, même les plus improbables nids d’aigle survivent dans les reliefs de l’arrière-pays. Il faut attendre les sombres coupes de la peste noire, l’essor de nouvelles productions et les réorientations des échanges pour que périclite un Mourcairol ou un Neyran.

15En simplifiant à outrance, le réseau de châteaux comprend trois niveaux. Au plus bas, les jeunes châteaux intercalaires, issus d’une sorte de dernière poussée de fortification. Au-dessus, les plus nombreux, viennent les sièges des seigneuries villageoises, dont les premières mentions s’échelonnent pour l’essentiel entre l’extrême fin du Xe siècle et les années 1160-70 ; leur essor fut parfois très rapide, en quelques décennies à peine, parfois plus poussif. Pour ceux-là, les écrits hésitent encore entre castellum et castrum, comme si le côté monumental était peu à peu absorbé par les fonctions seigneuriales de contrôle des populations et du territoire. L’ensemble est couronné par quelques palais. Les scribes hésitent rarement : l’archevêque a un palais à Narbonne, mais à Capestang, son grand château n’est qu’exceptionnellement qualifié de palatium. Le château de Clermont (l’Hérault) est un castellum, même s’il est la résidence d’une branche de la famille des Guillelmides et s’il contrôle toute une petite région dite in Locuesio (fig. 3 et 4).

Fig. 3

Fig. 3

Clermont-l’Hérault (Hérault), avec son donjon circulaire assez rare et sa grande enceinte du XIIIe siècle, flanquée de tours circulaires le château de Clermont-l'Hérault coiffe la petite ville éponyme développée en hémicycle sur ses pentes à partir du XIIe siècle.

© CNRS, photo aérienne Laurent Schneider 2001

Fig. 4

Fig. 4

Montpeyroux (Hérault), à seulement une douzaine de km de Clermont, le château de Montpeyroux qui fut tout aussi brillant connut un autre destin et conserve aujourd'hui une grande enceinte (XIIIe siècle ?) dépourvue de flanquement et garnie par la suite d'un crénelage tandis que le bourg formé sur ses pentes a été abandonné à la fin du Moyen Âge. Au seuil du XIIIe siècle, la mention de nombreuses « maisons élitaires » présente la partie haute du castrum comme une cour chevaleresque

© CNRS, photo aérienne Laurent Schneider 2001

Les palais entre imaginaire et réalité

16Parmi les contributions réunies ici, quatre concernent les palais, à la mesure du rôle qu’ils jouent dans l’imaginaire aristocratique et la réalité politique. Toulouse et Carcassonne assurément, Mauguio sans doute après que le comte de Toulouse l’a acquis. La place éminente du palais apparaît dans les pages qu’Éléonore Andrieu consacre au Midi épique de Guillaume d’Orange, un midi vu du Nord. Les notations descriptives sont réduites au minimum, à ce qui a du sens, la richesse plus que les lieux, places et rues. Le monde idéal du palais est au cœur d’une cité entourée de hauts murs resplendissants, aux tours inexpugnables, Le palais, point d’arrivée des héros, est le centre de l’espace seigneurial, l’espace idéal d’une société aristocratique laïque exemplaire, bien différente de la violence que lui prête le discours ecclésiastique. Les scènes de palais disent le raffinement fait de jeux d’échec, de parfums, du rituel de l’eau proposée avant les repas, de la concorde, de la joie, de l’amitié entre ses membres. Histoire d’un espace crestien où les rites de la messe, du baptême et du mariage s’enchâssent dans des scènes de groupe qu’abrite la sala, où les gestes et les paroles sont beauté. La chambre d’où surgit la dame est voisine ; tout y est spiritualité.

17Combinant trois approches, la représentation littéraire de la Canso, les campagnes archéologiques datant d’une vingtaine d’années et l’analyse de l’empreinte sigillaire, Laurent Macé restitue la « fierté monumentale » des comtes raimondins. Les extraits de la Canso viennent en écho des remarques d’Éléonore Andrieu : la tour maîtresse, la grande salle dallée, les fenêtres voûtées. C’est Raimond V qui fait du château de la porte de Narbonne, sans doute dans une certaine hâte, un palais forteresse en terre toulousaine, utilisant le dispositif de deux tours antiques, bloc compact à l’aspect résolument militaire. Mais c’est principalement son autorité judiciaire qu’affirment le sceau et la légitimité du pouvoir raimondin, que dit tout ce que le palais conserve de l’appareil antique.

18À Carcassonne, c’est à peu près au même moment, dès le milieu du XIIe siècle, que le cartulaire des Trencavel mentionne le palais. En en reprenant l’historique, Dominique Baudreu montre qu’il avait été précédé, dès la première moitié du XIe siècle, par deux châteaux, l’un à l’est, qui disparut et l’autre à l’ouest de la cité, celui-ci amené à devenir le palais vicomtal. Aussitôt, une chapelle fut élevée, sans doute au sein même du palais. Contemporaines aussi, ou peut-être légèrement postérieures, encore largement énigmatiques, malgré leur restauration récente, des peintures ornaient la salle dite « rotunda » : le fond de ciel d’un bleu uni qui couvrait la voûte est bordé par une large frise représentant un combat chevaleresque. Il est si rare que subsistent des éléments de décor de cette période, que nous avons souhaité demander à Anne Rigaud, qui en fit l’étude avant restauration, de présenter cette œuvre de grande dimension, d’un graphisme très sûr, d’une technique avancée, dont les pigments verts et bleus, ceux-ci de lapis-lazuli, disent la haute valeur.

19Quant à Mauguio, même s’il fut aussi palais de Raimond, c’est à un autre titre qu’il nous parut devoir figurer dans les études de cas de ce numéro de Patrimoines du Sud. C’est un siège comtal plus récent et les résultats d’une fouille commencée dès 1990 et réactivée tout récemment, ont révélé une histoire plus complexe qu’on aurait pu le penser, entrecoupée de phases d’érosion et surtout le gigantisme de la motte : 4 ha, l’une des plus vastes d’Europe, dans une région qui n’en compte guère. Quelle armada d’ouvriers pour bâtir ce monstre ! D’où viennent ces sédiments accumulés ? Le creusement d’un port et d’un canal ? Quelle puissance - de courte durée - à ces comtes de Melgueil !

Les fonctions du château

20Le modèle du château à cour, resserré autour d’une tour maîtresse, ne naît pas avec le Moyen Âge. Dans une contribution d’ensemble précédant les études de cas des périodes suivantes, Laurent Schneider analyse à la fois la naissance du château à cour et les formes qui l’ont précédée ; à lui aussi d’observer la genèse de modèles complexes, notamment dans le cas de co-seigneuries.

21Puis, les châteaux des Corbières, tout aussi bien que celui de Clermont et les châteaux intercalaires des alentours de Montpellier et Béziers, sont l’occasion d’approfondir les formes « modernes » des défenses châtelaines, de dater les archères d’après leur forme, d’observer la protection des portes et des poternes, de décrire les circulations. On ne doute pas des fonctions militaires du château, encore que... Pour les derniers siècles du Moyen Âge, c’est à cet avant-propos qu’il revient de rassembler quelques éléments, avant que Frédéric Mazeran ne suive les avatars du château médiéval à la Renaissance et au début du XVIIe siècle, combinant survivances et modernités.

22Le château résume le droit du seigneur sur les hommes et les terres. Si les documents ne mentionnent guère le lieu où ses sujets, directement ou à travers leurs représentants, lui prêtent serment de fidélité, lorsqu’il reçoit la seigneurie, ses armes sont alors hissées et le vivat retentit trois fois. La garde de la porte et des clefs est l’objet d’une vigilance jalouse : mais il s’agit probablement la porte du castrum villageois.

  • 4 - En subsiste la copie commanditée par l’archevêque Claude de Rebé à son secrétaire en 1649 (archiv (...)
  • 5 - À Gruissan, le château est aussi une prison.

23Le château est bien plus qu’un point élevé d’où fondre sur l’ennemi ou lui résister au sein de la forteresse. L’inventaire que Pierre de la Jugie a fait faire de sa seigneurie aux premiers temps de l’époque pesteuse, désigné comme Livre vert de l’archevêché de Narbonne4, offre une vision globale des fonctions du château. Reprenons l’exemple du château de Montels, situé sur une toute petite hauteur, à une dizaine de kilomètres de Narbonne, au bord de l’étang salé de Capestang, sur la route menant de Narbonne à Capestang, au croisement de la traversée de l’étang par l’ancienne voie Domitia, par le viaduc de Pontserme. Résidence prisée par les archevêques du XIIIe siècle, Montels n’abrite qu’un tout petit nombre d’habitants. Les artisans qui viennent travailler pour Monseigneur sont installés au village voisin, à Capestang ou, rarement, à Narbonne. La première mention de la notice concernant Montels affirme que le lieu est entièrement à l’archevêque. Traduisons : ce n’est pas une co-seigneurie. En font partie, directement décrits après la résidence de l’archevêque : un moulin, un silo, un four, un pré, huit condamines, ces vastes et plantureuses parcelles que les archevêques devaient contempler avec fierté et contentement. Plus loin, deux vignes. Une multitude de revenus, en argent, en froment, en orge. À Montels, l’archevêque possède aussi l’encan et les bans, la justice (cour temporelle avec les compositions et les amendes) et la notairie. Justicier5, il tient les écritures et l’approvisionnement en grains par le moulin.

24Le château de Montels règne sur un minuscule mais riche terroir. Il en extrait, aussi et surtout, une formidable richesse à travers son bayle : le réseau administratif s’est, peu à peu, à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, calqué sur celui des châteaux.

  • 6 - castrum pulchrum.

25Le château de Montels est aussi la résidence de l’archevêque. Ou plutôt l’une des résidences, car il voyage presque sans cesse. Devoirs de pasteur ? Sans doute, mais la vie de la noblesse laïque est au même moment tout aussi itinérante, partagée entre les résidences castrales et les demeures urbaines. À Montels, dans son beau château6, l’inventaire note l’existence d’annexes, sans précision hormis la présence de garennes. L’archevêque a aussi une grande et belle demeure, avec elle aussi des annexes, en contrebas du château, contigüe au moulin ; une étable, un fenil et un beau verger.

  • 7 - Item habet unum hospitium magnum et pulchrum subtus castrum cum annexis ;
  • 8 - Le clavaire tient les registres de comptes et les clés.

26Le Livre vert montre toute une gradation dans l’appréciation des châteaux, certains sont beaux, d’autres mêmes très beaux, la plupart se contente de lui appartenir7. Comme d’autres documents, le Livre vert confirme que dans l’univers pierreux du village, la résidence aristocratique se distingue par sa taille et le voisinage de son verger. Mais cette dualité n’est pas de tous les châteaux et on aurait tort de séparer la résidence, la gestion et la gouvernance. Au château de Capestang, tout proche, le bayle a sa chambre, de même que le clavaire8, le chapelain, le juge et le clerc. Bien évidemment, au milieu d’eux, le château abrite aussi la camera de l’archevêque et une vaste salle (aula) que Jean d’Harcourt subdivisa.

Château seigneurial et murailles communes : quel rôle pour la défense ?

27L’espace résidentiel du château ne cesse de se développer. Le château de Pieusse, près de Limoux, ne comporte guère qu’un énorme donjon roman de 11 m sur 7 m et une grande enceinte. Il est probablement construit par l’archevêque de Narbonne, Pierre Amiel ou Guillaume de la Broue, lorsque son droit sur la seigneurie est solidement confirmé, après la croisade des Albigeois, au milieu du XIIIe siècle : quatre niveaux avec un accès extérieur au second, au troisième une fenêtre géminée avec coussiège et un décor peint sur les murs et au plafond. Un siècle plus tard, Pierre de la Jugie n’en change pas les dispositions générales, mais complète le décor du plafond. Pourtant l’évolution globale du logis seigneurial va rapidement vers des volumes plus complexes, où des cloisons séparent les espaces et les fenêtres donnent une lumière plus vive.

  • 9 - Archives du Vatican, Introitus et Exitus 249, f° 1-64.
  • 10 - F° 43 v° pro faciendo quamdam vicem seu escalerium iuxta coquina.
  • 11 - F° 44 v°.
  • 12 - pro reparatione dictorum edificiorum et fortificando castrum si opus esset cum timeretur de guerr (...)

28Pour autant la fonction militaire du château demeure : tout archevêque qu’il soit, le prélat narbonais garde dans chacun de ses châteaux une « salle d’armes » où sont entreposés cervelières, spallières, gorgerins, arbalètes, carreaux et lances. Et pour le compte de Gausbert du Val, en 1346, il est procédé à des travaux au château de Montels9. Certains portent sur ce que les comptes appellent in hospicio inferiori, sans doute le bâtiment cité quelques années plus tard comme le « logis ». Certains sont de l’ordre du confort, à la mode : l’escalier en vis10 ou la toile cirée pour les fenêtres de la chambre du bayle. Il faut aussi réparer les souches des cheminées du tinel. Mais les travaux entrepris sur la barbacane11 consolident le château et les réparations sont destinées à fortifier les bâtiments car on craignait la guerre12.

  • 13 - Une enquête coordonnée par les services de l’Inventaire régional et l’Université de Toulouse a do (...)
  • 14 - FOURNIER, 2011.
  • 15 - BAUDREU, 2004, p. 103-140 ; BAUDREU, 2016.

29Pourtant, dans la majorité des villages, l’équilibre défensif se déplace du château seigneurial vers les murailles collectives13, même si la tour demeure comme symbole du pouvoir. Le processus a été étudié en Auvergne par Gabriel Fournier14 ; dans la déprise démographique violente des temps de peste, des villages ont aménagé un quartier fort, comportant un habitat temporaire et des réserves. L’Occitanie aussi a connu quelques forts villageois15 ; une enquête d’ampleur a été conduite pour les étudier. Mais ce n’est pas la forme essentielle de l’organisation villageoise de la défense.

  • 16 - DESPLAT, 2002. Et pour l’Occitanie, CHALLET, 2007, p. 111-122. Le Tuchinat et l’insécurité des an (...)

30Les communautés ont d’abord renâclé à construire et à réparer leurs murs. Dans la partie aquitaine du Languedoc, les villages sont rarement enclos, tandis que dans la partie littorale, la plupart a déjà une enceinte, mais elle est plus souvent un anneau de maisons aveugles sur l’extérieur qu’une construction indépendante. Les villages se sont étalés dans des « barris » à l’extérieur de cette fortification. Fortifier le village est une opération coûteuse. Est-elle bien nécessaire ? En 1355, la chevauchée du Prince Noir jusqu’aux portes de Narbonne sème la terreur, mais il faut encore beaucoup de temps pour que soit décidé le tracé des nouvelles murailles, que les financements soient trouvés et les travaux lancés16. Mais villes et villages se mettent ensuite à se fortifier de murs, hourds et fossés, non sans ardeur. Si ponctuellement, les seigneurs ont voulu s’opposer à ces travaux et en tout cas les contrôler, si le choix du capitaine est parfois objet de conflit, l’intérêt commun l’a emporté.

31Un siècle plus tard, la fin de la guerre de Cent Ans ne sonne pas le désintérêt des communautés pour leur enceinte. Bien au contraire, elle est devenue un signe identitaire de la communauté et les portes sont tout particulièrement l’objet de leur soin et de leur ostentation. Mais les guerres de religion et leur violence en Occitanie redonnent tout son prix à l’enceinte villageoise, jusqu’au XVIIIe siècle et parfois au-delà.

De beaux logis autour d’une tour maîtresse

32À partir de la fin du XVe siècle, la modernisation des châteaux s’accélère. Il ne suffit plus de modifier les circulations, de remplacer le vieux grand degré par un escalier en vis, de hérisser les toits de cheminées et même d’ouvrir des croisées et de multiplier les pièces. Il ne suffit plus de décorer la salle d’apparat et de l’orner de tapisseries. De nouveaux modèles font basculer l’architecture des châteaux vers les modèles propres à la Renaissance : on ne peut plus la qualifier désormais de castrale. La grammaire des hôtels urbains s’impose partout. Dans un jeu de points de vue qui s’emboîtent, Frédéric Mazeran situe le mouvement dans l’ensemble de l’Occitanie, se focalise sur le Biterrois et au sein du Biterrois en développe les modalités pour deux exemples. Cette « modernisation » qui s’impose surtout à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle touche des châteaux en plein cœur des villages. Malgré leur caractère fondamentalement résidentiel, ils s’équipent de canonnières. Leur reconstruction modifie partiellement ou totalement la volumétrie de l’époque précédente. Mais la révolution est plus radicale encore dans les châteaux qui s’élèvent dans d’anciens villages, désormais hameaux, qui n’ont pas retrouvé un second souffle après les pertes démographiques du XVe siècle. L’espace y est plus aisé pour développer de vastes édifices. Pourtant, tous conservent d’importantes parties médiévales, fragments d’enceinte, ailes médiévales, mais plus encore l’ancienne tour-donjon, ce symbole de légitimité seigneuriale. Il faut attendre un XVIIe siècle avancé pour que s’affirme la rupture complète avec la tradition médiévale. Quant aux châteaux qui n’ont pas connu cet aggiornamento, notamment ceux que leur site rend d’un accès difficile, l’heure de l’abandon est proche.

Le renouveau moyen-âgeux dans le style éclectique des châteaux « pinardiers »

  • 17 - FERRAS, 1987, (ex. dact.). FERRAS, 1984, 1-2 p. 1-6.
  • 18 - DANTARRIBE, 2002, p. 122.
  • 19 - Commune de Laurens (Hérault).

33À l’abandon complet de tout ce qui fut le château médiéval, succède un retour « moyen âgeux » : il parsème aujourd’hui les campagnes languedociennes qui connurent la tonitruante prospérité de la monoculture viticole à la fin du XIXe siècle, principalement le département de l’Hérault et une partie de celui de l’Aude17. Érigés par une richissime bourgeoisie dont ils transcrivent les succès, ils sont le pendant occitan des châteaux bordelais. Les Garros, pères et fils, architectes bordelais, ont été les acteurs de ce transfert culturel qui s’amorce dans les années 1860 et atteint son paroxysme après 1880. Mais Léopold Carlier et d’autres architectes moins célèbres ont aussi largement participé au développement de ce style. L’impression est celle d’une conversion au néo-gothique, mais la grammaire stylistique de ces architectes et de leur clientèle est composite. À côté des éléments gothiques, le classique demeure, la renaissance ligérienne est bien présente, mais le néo-élisabéthain l’emporte, en Languedoc plus qu’en Bordelais18. On « castellise » la demeure, construite ou restaurée par une surabondance de tours d’angles, d’échauguettes, de poivrières, voire de merlons. L’influence de Viollet-le-Duc est évidente : ainsi le château de Grézan19, proche de Béziers, semble inspiré par les remparts de Carcassonne (fig. 5).

Fig. 5

Fig. 5

Laurens (Hérault), château de Grézan, des murs inspirés des murailles de Carcassonne ?

N. Abriat © Inventaire général Région Occitanie

  • 20 - VIOLLET-LE-DUC, 1863, p. 376. Cité par Cécile Dantarribe (DANTARRIBE, 2002, p. 122).

34Sans convaincre Viollet-le-Duc : « Lorsqu’un particulier est possédé de la fantaisie de construire sa maison des champs d’après ce qu’il croit être le « style » du Moyen-Âge, son architecte ne trouve rien de mieux que d’appliquer sur une façade - qui pourrait présenter tel autre style - des ornements empruntés à quelque manoir du XVe siècle ; de poser symétriquement sur une façade des baies plus ou moins « gothiques » ; de monter des pignons aigus et d’ouvrir par-ci par-là quelques « ogives ». Tout cela est fort gênant le plus souvent, et toujours ridicule »20.

35Des châteaux prétendus cathares aux splendeurs ostentatoires des châteaux pinardiers de l’œnotourisme, le château médiéval, si malheureusement, il n’est plus vraiment au cœur des thématiques de la recherche historique et archéologique, est l’un des atouts actuels du patrimoine de l’Occitanie.

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Bibliographie

BAUDREU, Dominique et LOPPE, Frédéric. Types de forts villageois dans le bassin moyen de l’Aude durant la guerre de Cent Ans. Archéologie du Midi Médiéval, 2004, t. 22, p. 103-140.

BAUDREU, Dominique. Les forts villageois du bas Moyen Âge dans le Midi aquitain et méditerranéen, Archéologie du Midi Médiéval, 2016, t. 34, p. 235-270.

CHALLET, Vincent. Villages en guerre : les communautés de défense dans le Midi pendant la guerre de Cent Ans. Archéologie du Midi Médiéval, 2007, t. 25, p. 111-122.

CHASTANG, Pierre. Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe siècles). Paris : CTHS, 2001.

CHASTANG, Pierre. La préface du Liber instrumentorum memorialis des Guilhem de Montpellier ou les enjeux de la rédaction d’un cartulaire laïque méridional. In LE BLEVEC, Daniel (dir.) [Colloque, Béziers, 2002]. Les cartulaires méridionaux. Paris : École des Chartes, 2006, (Études et rencontres de l’École des Chartes), p. 91-123.

DANTARRIBE, Cécile. Le « Château Garros » en Médoc et Biterrois dans la seconde moitié du XIXe siècle. Livraisons d’histoire de l’architecture, 2e semestre 2002, n° 4, p. 107-130.

DEBAX, Hélène, La Féodalité languedocienne - XIe-XIIe siècles, Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel. Toulouse : Presses universitaires du Midi, (col. Tempus), 2003.

DEBAX, Hélène. La seigneurie collective. Pairs, pariers, paratge, les coseigneurs du XIe au XIIe siècle. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2012.

DESPLAT, Christian (éd.). [Colloque, Flaran, 2000] Les villageois face à la guerre (XIVe–XVIIIe siècle). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, 2002.

FERRAND, Guilhem (coord.). Des hommes et des murs. Pour une approche de la mise en défense des communautés dans le Sud-Ouest à la fin du Moyen Âge. Actes du séminaire d’archéologie des espaces médiévaux du laboratoire TRACES, tenu à Toulouse le 20 avril 2007. Archéologie du Midi Médiéval, 2007, t. 25, p. 105-155

FERRAND, Guilhem. Communautés et insécurité en Rouergue à la fin du Moyen Âge. Thèse de doctorat, Université Toulouse 2-Le Mirail, 2009.

FERRAS, Catherine. Architecture privée au XIXe siècle : les « châteaux » du vignoble en Bas-Languedoc occidental. Thèse d’université, Montpellier III, 1987, (ex. dact.).

FERRAS, Catherine. Un exemple d’éclectisme architectural en Bas-Languedoc : Les « Châteaux du Biterrois ». Études héraultaises, 1984, 1-2 p. 1-6.

FOURNIER, Gabriel. Les villages fortifiés et leur évolution. Contribution à l’histoire du village en Auvergne et sur ses marges. La Salvetat : Association des forts villageois d’Auvergne, 2011.

JALABERT, Marie-Laure. Le Livre vert de Pierre de la Jugie. Une image de la fortune des archevêques de Narbonne au XIVe siècle. Perpignan : Presses universitaires de Perpignan, 2009.

LACROIX, Camille. La défense collective en Toulousain à la fin du Moyen Âge (vers 1350-vers 1550). Thèse de doctorat, Université Toulouse 2-Le Mirail, 2016.

LACROIX, Camille (coord.). La défense des communautés d’habitants à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne. Annales du Midi, avril-juin 2014, t. 126, n° 286, p. 129-226.

LE BLEVEC, Daniel (dir.) [Colloque, Béziers, 2002]. Les cartulaires méridionaux. Paris : École des Chartes, 2006, (Études et rencontres de l’École des Chartes).

VIOLLET-LE-DUC, Eugène. Entretiens sur l’architecture. Paris : Morel, 1863, rééd. Bruxelles : Mardaga, 1979.

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Notes

1 - CHASTANG, 2006.

2 - DEBAX, 2003. CHASTANG, 2006, p. 91-123.

3 - DEBAX, 2012. L’ouvrage étend l’enquête bien au-delà de l’Occitanie, mais part de l’expérience que l’auteur en a.

4 - En subsiste la copie commanditée par l’archevêque Claude de Rebé à son secrétaire en 1649 (archives départementales de l’Aude, G2). Elle a été éditée par Pierre Laurent à Paris en 1886. L’étude en a été menée, en comparaison avec les données des fragments de comptabilités conservés aux archives du Vatican, par Marie-Laure Jalabert. JALABERT, 2009. M-L. Jalabert a trouvé des indices permettant de dater l’ouvrage originel de la décennie 1360.

5 - À Gruissan, le château est aussi une prison.

6 - castrum pulchrum.

7 - Item habet unum hospitium magnum et pulchrum subtus castrum cum annexis ;

Item unum pulcrum viridarium dicto hospitio contiguum ;

Item unum molendinum dicto hospitio contiguum ;

Castrum proprium ;

8 - Le clavaire tient les registres de comptes et les clés.

9 - Archives du Vatican, Introitus et Exitus 249, f° 1-64.

10 - F° 43 v° pro faciendo quamdam vicem seu escalerium iuxta coquina.

11 - F° 44 v°.

12 - pro reparatione dictorum edificiorum et fortificando castrum si opus esset cum timeretur de guerra.

13 - Une enquête coordonnée par les services de l’Inventaire régional et l’Université de Toulouse a donné naissance à une série de belles thèses qui permettent de voir toutes les nuances de ces travaux de fortification, tant dans la réalisation matérielle que dans la gestion des travaux et de la garde des murs. Parmi elles, on peut citer FERRAND, 2009 ; LACROIX, Camille, 2016. Voir aussi LACROIX, 2014, p. 129-226. Et FERRAND, 2007, t. 25, p. 105-155.

14 - FOURNIER, 2011.

15 - BAUDREU, 2004, p. 103-140 ; BAUDREU, 2016.

16 - DESPLAT, 2002. Et pour l’Occitanie, CHALLET, 2007, p. 111-122. Le Tuchinat et l’insécurité des années 1379-1383 tiennent aussi leur place dans le changement d’atmosphère et le développement des peurs collectives.

17 - FERRAS, 1987, (ex. dact.). FERRAS, 1984, 1-2 p. 1-6.

18 - DANTARRIBE, 2002, p. 122.

19 - Commune de Laurens (Hérault).

20 - VIOLLET-LE-DUC, 1863, p. 376. Cité par Cécile Dantarribe (DANTARRIBE, 2002, p. 122).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Beaucaire (Gard), château, tour circulaire de flanquement du nouveau château royal découverte lors des fouilles de 1990
Crédits © Laurent Schneider, 1990
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/2629/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 212k
Titre Fig. 2
Légende Beaucaire (Gard), château, l’une des premières adaptations des modèles philippiens en Occitanie (XIIIe siècle)
Crédits © Laurent Schneider, 1990
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/2629/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 424k
Titre Fig. 3
Légende Clermont-l’Hérault (Hérault), avec son donjon circulaire assez rare et sa grande enceinte du XIIIe siècle, flanquée de tours circulaires le château de Clermont-l'Hérault coiffe la petite ville éponyme développée en hémicycle sur ses pentes à partir du XIIe siècle.
Crédits © CNRS, photo aérienne Laurent Schneider 2001
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/2629/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 504k
Titre Fig. 4
Légende Montpeyroux (Hérault), à seulement une douzaine de km de Clermont, le château de Montpeyroux qui fut tout aussi brillant connut un autre destin et conserve aujourd'hui une grande enceinte (XIIIe siècle ?) dépourvue de flanquement et garnie par la suite d'un crénelage tandis que le bourg formé sur ses pentes a été abandonné à la fin du Moyen Âge. Au seuil du XIIIe siècle, la mention de nombreuses « maisons élitaires » présente la partie haute du castrum comme une cour chevaleresque
Crédits © CNRS, photo aérienne Laurent Schneider 2001
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/2629/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 568k
Titre Fig. 5
Légende Laurens (Hérault), château de Grézan, des murs inspirés des murailles de Carcassonne ?
Crédits N. Abriat © Inventaire général Région Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/2629/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 361k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Monique Bourin et Laurent Schneider, « Avant-propos : repenser la déclinaison du château dans l’Occitanie médiévale »Patrimoines du Sud [En ligne], 10 | 2019, mis en ligne le 02 septembre 2019, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/2629 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.2629

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Auteurs

Monique Bourin

Professeur émérite, Université de Paris –Panthéon-Sorbonne

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Laurent Schneider

Directeur de recherche, CNRS et directeur d’Études, EHESS

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Droits d’auteur

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