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Les protestants lorrains et le protestantisme méridional du XVIe au XXe siècles

Lorraine Protestants and Southern Protestantism, from the 16th to the 20th century
Mireille-Bénédicte Bouvet

Résumés

Si avant la révolution, les contacts entre protestants lorrains et leurs coreligionnaires du sud-ouest sont informels et liés aux aléas de trajectoires individuelles, ils se structurent au cours du XIXe siècle dans le cadre d’une nouvelle géographie ecclésiastique née du Concordat et des articles organiques. Les lieux de formation eurent indubitablement un rôle dont l’importance sur ce point reste encore à quantifier. La création de la société de l’histoire du protestantisme français puis des lieux de commémoration qu’elle met en place, n’entraîne pas en Lorraine un intérêt pour l’histoire cévenole ou plus largement languedocienne du protestantisme avant le traumatisme de la première guerre mondiale. Concomitante avant le quatrième centenaire de la réformation (1917), le conflit suscita une forte expression du patriotisme des protestants français renforcée par le souci de se démarquer d’une image trop germanique d’un protestantisme lié à Luther. La référence huguenote principalement méridionale apparait surtout au XXe siècle et dans les milieux plus intellectuels. Elle est indéniablement liée au sentiment patriotique et républicain mais elle dénote aussi la volonté des protestants lorrains de se reconnaître dans l’histoire des protestants martyrs, victimes de la royauté puis héros de la liberté de conscience. Il faut cependant attendre la seconde partie du XXe siècle pour que ces nouvelles relations se matérialisent par des échanges artistiques.

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Index géographique :

Lorraine, Gard, Vosges, Saint-Dié, Thaon-les-Vosges, Mialet
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Texte intégral

1L’intérêt particulier accordé au Désert et plus largement à l’histoire du « croissant huguenot » par le protestantisme français se développa largement à partir de 1842 avec la publication par Napoléon Peyrat de l’Histoire des pasteurs du Désert depuis la Révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à la Révolution française, 1685‑1789. Le mouvement fut amplifié par la création de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français en 1852, qui y consacra de nombreux articles. Depuis, cette histoire méridionale constitue une part essentielle de la mémoire protestante, de tradition réformée, nourrie tant par un tourisme mémoriel attesté dès le milieu du XIXe siècle que par les nouvelles assemblées du désert depuis 1885 et la diffusion du motif de la croix dite huguenote à partir de 1910.

2Ce versant français est cependant assez éloigné géographiquement et historiquement du protestantisme lorrain, où se rencontrent Églises réformée et luthérienne d’une part, et des aires linguistiques francophone et germanophone d’autre part. À ceci s’ajoute à la fin du XIXe siècle, une recomposition et complexification de la géographie confessionnelle liée à l’Annexion de la Moselle à l’Empire allemand de 1870 à 1918. Des optants luthériens parfois germanophones vinrent s’installer en Lorraine non annexée, là où vivaient des communautés réformées. La mise en place d’une administration et d’une armée allemandes suscita l’arrivée en Moselle de nombreux luthériens qui vinrent s’ajouter ou plus se juxtaposer aux communautés déjà présentes. Pour les uns comme pour les autres, des temples nouveaux furent édifiés, se référant à des modèles français ou allemands.

  • 1 Cet article est une restitution partielle de l’étude sur le patrimoine protestant lorrain engagée p (...)

3Nous chercherons dans cet article à poser les premiers jalons permettant de comprendre comment les protestants lorrains se sont emparés peu à peu de l’histoire méridionale de leur Église. Nous prendrons en compte un large sud-ouest entre Rhône et Loire, vaste territoire au cœur duquel les Cévennes ont un rôle symbolique particulièrement fort1.

Avant le Concordat et les articles organiques de 1802 : des trajectoires individuelles

Le protestantisme lorrain à l’époque moderne

  • 2 Colloque du 3 et 4 novembre 2016, organisé par le CRULH (centre de recherche Universitaire Lorrain (...)

4La Lorraine est constituée d’une mosaïque politique, administrative et religieuse complexe à l’époque moderne et il ne saurait être question de dresser ici le résumé de l’histoire de son protestantisme à cette période. Un récent colloque, Les protestantismes en Lorraine (XVIe‑XXI siècle), tenu à Nancy du 2 au 4 novembre 2016, en dresse la synthèse2. Nous rappelons seulement qu’une partie du territoire est tenue par le très catholique duché de Lorraine qui refusa d’autoriser la pratique protestante dans son ressort et créa l’Université de Pont‑à‑Mousson de façon à former un clergé apte à lutter contre l’hérésie. Cela lui vaut d’être présenté, à la suite de Pierre Chaunu, comme une frontière de catholicité. Les réformés de la ville de Saint‑Mihiel en vinrent à se réfugier à Genève, comme le sculpteur Ligier Richier. Metz, ouverte aux idées de Luther dès les années 1520, sous protection française depuis 1552, compta jusqu’à 4 000 calvinistes avant que la révocation de l’Édit de Nantes ne conduisit la population protestante au Refuge, en Allemagne et en particulier à Berlin. L’Est de l’actuel département de la Moselle, le Westrich, bénéficia quant à lui de la Paix d’Augsbourg et du principe Cujus regio ejus religio. Les villes passèrent alors au luthéranisme suivant les convictions de leur seigneur. Selon les lieux et l’histoire des premières prédications, le protestantisme lorrain se partagea entre Église réformée (influence française) ou Confession d’Augsbourg (influence allemande ou franc‑comtoise). Mais de 1685 à 1787, hors le Westrich, il est absent à l’exception de quelques personnes, isolées.

Un cas singulier : Catherine de Bourbon

5La première présence réformée méridionale en Lorraine ne fut qu’éphémère. Bien que fort catholique, la famille ducale reçut en son sein une illustre protestante béarnaise, la sœur du roi Henri IV : la princesse Catherine de Bourbon (1559‑1604). Elle avait épousé en 1599, en application du traité signé l’année précédente à Saint-Germain-en-Laye, Henri, marquis de Pont-à-Mousson (1563‑1624), fils du duc Charles III de Lorraine (1567‑1607). Un petit groupe de protestants l’accompagna à la Cour de Lorraine, suscitant d’ailleurs quelques débats théologiques ; quasiment tous originaires du nord de la Loire, ils se dispersèrent à la mort de leur protectrice.

  • 3 LÉONARD, Julien. Être pasteur au XVIIe siècle, le ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669), Renne (...)

6Autre cas singulier, près d’un siècle plus tard, le futur pasteur messin Paul Ferry (1591‑1669) fit ses études à la faculté de Montauban de 1609 à 16113.

Les soldats venus du sud-ouest du royaume de France

  • 4 AC Épinal ; GG7 registre paroissial cité dans Les Cahiers de généalogie, sommaire du n° 3 du 3ème t (...)

7À partir de la fin du XVIIe siècle, les archives paroissiales signalent la présence de quelques soldats réformés venus d’Aquitaine ou du Languedoc en Lorraine au gré du mouvement des troupes auxquelles ils appartenaient. En 1686, à la chapelle des jésuites d’Épinal (Vosges) abjuraient ainsi Louis de Marolles de Vabres (Aveyron), Nicolas Leclerc de Blassac de Genes en Languedoc (Brassac, Tarn ?) et Jean-Philippe de La Roque de Lacaune (Tarn)4.

  • 5 VINCLER Jeanne. Calvinistes proscrits à Metz colons à Berlin. Éditions Ampelos, 2011, 338 p.

8Les recherches prosopographiques conduites sur le Refuge protestant en Allemagne après la Révocation de l’Édit de Nantes (1685)5 signalent des familles mi languedociennes mi messines mais dont l’union avait été célébrée le plus souvent en Allemagne, entre réfugiés protestants de langue française. Toutefois, est mentionné un certain Pierre Caillet natif de Béziers (Hérault) et fondeur de cloches qui séjourna à Metz (Moselle) avant de se réfugier à Berlin où il mourut en 1693.

  • 6 AC Épinal ; GG 13 registre paroissial cité dans Les Cahiers de généalogie, sommaire du n° 3 du 3ème (...)
  • 7 AC Mandres-Sur-Vair ; GG4.
  • 8 VALETTE, M.-S. « Décès des calvinistes protestants et camisards décédés à l’hôpital militaire de Na (...)

9Au XVIIIe siècle, les conversions, rares, sont régulièrement citées dans les registres : en 1742 et 1768 à Épinal6 ou en 1748 à Mandres-sur-Vair (Vosges)7. Il s’agit pour ce dernier cas d’un cavalier gascon de Nérac (Lot‑et‑Garonne). Enfin citons pour mémoire, les soldats morts à l’hôpital royal militaire de Nancy (Meurthe‑et‑Moselle)8.

10À la veille de la Révolution, il restait une présence protestante extrêmement minoritaire en Lorraine. Éparpillée et discrète, elle n’atteignait pas 1 % de la population et était composée de luthériens alsaciens ou allemands, de réformés suisses et de quelques foyers mennonites, mettant en culture des terres ingrates. Les liens entre protestants éloignés tenaient des histoires personnelles, souvent liées aux activités commerciales ou militaires ou aux aléas des rencontres sur la route du Refuge.

1802, la mise en œuvre des Articles organiques et les premières relations entre Églises

Constitution hétérogène des communautés lorraines

  • 9 Préparés par Portalis sous le Consulat, les Articles organiques des cultes protestants donnent un s (...)
  • 10 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V1.

11Après la promulgation des Articles organiques (1802)9, les communautés lorraines se recréèrent, réunissant des obédiences multiples et se confrontant à une triple influence réformée française, réformée suisse et luthérienne germanophone sans oublier les anglicans de passage dans les stations thermales (Vittel, Contrexéville dans les Vosges). Ajoutant de la complexité à cette diversité des pratiques, des fidèles calvinistes revendiquaient de suivre le culte en langue allemande (Lixheim, Moselle, 182010).

  • 11 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V 3.
  • 12 AD Meurthe-et-Moselle. Fonds du Consistoire de Nancy 25 J 17 (1822).
  • 13 AD Meuse. Fonds du Consistoire de Bar-le-Duc 146 J 10.

12Les enquêtes préfectorales et les archives paroissiales indiquent l’origine des fidèles : Hollande, Zélande, Angleterre et Suisse pour les étrangers accueillis en 1820 à Nancy11 et de temps à autre une famille suédoise12. Mais il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle, pour voir arriver des protestants méridionaux : à Bar‑le‑Duc (Meuse)13, les listes d’électeurs conservées dans le fonds du Consistoire mentionnent en 1856 quelques natifs des Deux-Sèvres, des Pyrénées‑Orientales et de Saint-Hippolyte (Gard) puis d’Alès (Gard), en 1862.

Premières manifestations de solidarité de part et d’autre de la France à partir de 1815

  • 14 PFISTER, Christian. Histoire de Nancy, Nancy, Berger-Levrault, 1909, t. II, p. 161.

13Des relations ténues sont néanmoins attestées dès les années qui suivirent les Articles organiques. Le premier acte concerté entre les églises méridionales et lorraines pourrait bien avoir été la manifestation de solidarité des protestants nancéiens envers leurs frères nîmois dont le Petit Temple avait été pillé en novembre 1815 durant la Terreur Blanche qui accompagna la Restauration. L’historien protestant Christian Pfister (1857‑1933), auteur en 1909 d’une magistrale histoire de Nancy14 fait état en effet de la lettre circulaire signée à Nancy en protestation de l’injure subie à Nîmes.

Fig. 1

Fig. 1

Saint-Dié (Vosges), temple ; vue extérieure de la façade

L.Gury © Région Grand Est -Inventaire général

  • 15 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V12.

14Peu après, lors d’un contentieux en 1825, Rodolphe Cuvier, pasteur de 1809 à 1830, sommé de justifier la pose de deux cloches à Nancy, développa l’argumentation selon laquelle l’usage des cloches est attaché au droit de professer publiquement notre culte … les protestants ont des cloches à Nîmes, dans toute l’Alsace et en beaucoup d’autres lieux15.

  • 16 AD Vosges. 7 V 16 et Anonyme. Notice historique sur l’église réformée de Saint-Dié, 1826-1926, publ (...)

15La solidarité entre les paroisses d’un bout à l’autre du territoire national se manifestait aussi lors des collectes pour le financement de la construction d’un temple. Celui de Saint‑Dié (Vosges) (fig.1) bénéficia ainsi en 1854‑1856 des dons des consistoires de Bordeaux, Marseille et Nîmes aux côtés de ceux de Paris, Caen, Strasbourg, Genève et de plusieurs églises alsaciennes16 (fig.2). Mais quelques années plus tard, les paroisses de Lunéville (Meurthe‑et‑Moselle), Toul (Meurthe‑et‑Moselle) et Raon-l’Étape (Vosges) ne semblent pas avoir profité d’une aide similaire.

Fig. 2

Fig. 2

Saint-Dié (Vosges), carte des donateurs pour la construction du temple

Dess. A. Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général

L’arrivée de pasteurs du sud-ouest dans la seconde moitié du XIXe siècle

  • 17 Elle eut alors une vocation mixte plus importante à Paris qu’à Strasbourg.
  • 18 Par exemple les pasteurs d’Épinal Georges Charles Bader, en place en 1848-1849 issu de la faculté d (...)

16La création de la faculté de théologie protestante à Montauban (Tarn‑et‑Garonne), par un décret impérial de septembre 1808, facilita sans aucun doute l’émergence de liens entre les communautés réformées de l’ensemble du territoire national. Jusqu’au transfert à Paris en 187717 de la faculté de théologie protestante de Strasbourg (Bas‑Rhin), la faculté montalbanaise fut l’un des principaux centres de formation des pasteurs réformés français, et le seul sur le territoire français, Strasbourg formant principalement les ministres de la Confession d’Augsbourg. Aux côtés de ministres du culte formés en Alsace ou en Suisse18, d’autres originaires du Midi ou issus de Montauban furent ainsi nommés en Lorraine.

  • 19 AD Meuse. Fonds du Consistoire de Bar-le-Duc 146 J 10.
  • 20 PFISTER, t. II, 161 (l’auteur cite sans les préciser les exactions commises à Nîmes).

17En 1875, Pierre Massot, né en 1819 à Vallon (aujourd’hui Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche) prit le poste de pasteur à Verdun (Meuse) où il mourut en 190419. À partir de 1903, la paroisse de Nancy compta parmi ses ministres du culte Léon Philippe Étienne Durand originaire de Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard)20. La même année,

  • 21 Archives paroissiales Thaon-les-Vosges. Registre des séances du Conseil presbytéral 1906 11 mars - (...)
  • 22 STROHL, op. cit. , p. 13-14.

18Thaon-les-Vosges accueillit le pasteur Jean-Frédéric Braesch né à Paris en 1879, sorti l’année précédente de la faculté de Montauban21 (fig.3). C’est comme aumônier militaire à Épinal en 1918, qu’Henry Cabanis22 sut se faire apprécier de l’église locale qui fit appel à lui en 1920. Né comme sa femme à Mialet (Gard) au cœur des Cévennes, il avait exercé à Anduze. Son fils, Charly Cabanis (1904- ?), fut « consacré » pasteur à Épinal. À partir des années 1930, la paroisse de Thaon-les-Vosges eut plusieurs ministres du culte originaires du sud-ouest ou qui y avaient séjourné pour leurs études ou un ministère antérieur. Parmi eux, Jean Casalis, qui y oeuvra de 1933 à 1944.

  • 23 Bulletin de la SHPF, 1905, p. 315 note1.
  • 24 Archives paroissiales Thaon-les-Vosges. Registre du conseil presbytéral 1919 16 septembre -1961 13 (...)

19Les uns et les autres surent dès le début du XXe siècle susciter quelques dons des protestants lorrains : en 1905, la paroisse de Nancy offrit 40 francs pour le temple de Saint-Maixent-l’École (Deux-Sèvres)23, celle de Thaon‑les‑Vosges affecta 50 francs en 1920 pour les travaux du temple de Tonneins (Lot‑et‑Garonne) touché par un incendie24.

Fig. 3

Fig. 3

Thaon-les-Vosges (Vosges), le pasteur Braesch en chaire

Reproduction B. Drapier © Région Grand Est - Inventaire général

1911, le lent développement de la référence cévenole en Lorraine

De l’ouverture du Musée du Désert à l’assemblée annuelle au Désert

  • 25 Bulletin de la SHPF, 1909, p. 385.
  • 26 AD 54 fonds du Consistoire de Nancy 25 J 34.

20Le début du XXe siècle est marqué dans les milieux protestants français par une puissante vague commémorative orchestrée par la Société d’histoire du protestantisme français (SHPF) créée en 1852. Les paroisses lorraines furent surtout intéressées par le Monument international de la Réforme25 érigé à Genève par les sculpteurs Henri Bouchard (1875‑1960) et Paul Landowski (1875‑1961) : en 1909 les paroisses de Bar‑le‑Duc (Meuse), Metz (Moselle), Nancy et Saint‑Dié participèrent au financement. Ces dons marquent un intérêt croissant pour la sphère réformée qui contraste avec la pratique antérieure : un demi‑siècle plus tôt, lorsqu’il s’était agi d’acquérir à Nancy un portrait de protestant illustre, ce fut celui de Martin Luther qui s’était imposé26.

21En 1911, seul Armand Lederlin (Strasbourg 1836-Thaon-les-Vosges 1919) fit un don, à titre personnel, à la Société d’histoire du protestantisme français pour le Musée du Désert qui ouvrait ses portes au Mas Soubeyran à Mialet (Gard) (fig.4). Ingénieur alsacien, il avait opté pour la France en 1872 et créa la Blanchisserie teinturerie thaonnaise à Thaon‑les‑Vosges, petite localité rurale située à quelques kilomètres au nord d’Épinal (Vosges). Maire de sa commune, il présida le Conseil général des Vosges de 1907 à 1919. Il fut l’unique bienfaiteur de tout le quart nord‑est de la France à être mentionné dans le tableau des donateurs paru lors de l’ouverture du musée. Celui-ci se revendiquait aussi comme un lieu d’expression du patriotisme protestant, se drapant du drapeau tricolore lors de l’inauguration (fig.5).

Fig. 4

Fig. 4

Mialet (Gard), musée du Désert, tableau des donateurs

M. Kérignard © Région Occitanie - Inventaire général

Fig. 5

Fig. 5

Mialet (Gard), musée du Désert, carte des donateurs en faveur du musée

Dess. A. Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général

22Le 6 septembre 1925, sept ans après le retour de l’Alsace et de la Moselle dans le giron de la République française, eut lieu le premier pèlerinage au Désert des protestants lorrains associés à leurs coreligionnaires alsaciens. Leur intérêt pour le protestantisme méridional est dû à la volonté de se rattacher aux fondamentaux historiques de la Réforme française, permettant aux communautés de se démarquer du luthéranisme réputé d’autant plus germanique que Martin Luther est perçu depuis le début du XIXe siècle comme un héros national allemand.

  • 27 Est Républicain, 10/07/1926. Il y eut une délégation à Mialet en 1926 et 1927.

23Un compte-rendu en parut l’année suivante dans la presse, qui encourageait une nouvelle édition de ce voyage à la fois pieux et historique27 :

Environ quatre-vingt protestants d’Alsace et de Lorraine sont allés, l’an passé, prendre part à la grande assemblée du Désert qui réunit annuellement, le premier dimanche de septembre, quelques milliers de Cévenols au Mas Soubeyran, près de Nîmes. Leurs récits enthousiastes ont éveillé chez d’autres le désir d’entendre évoquer de grands souvenirs religieux dans le cadre auquel ils se rattachent. C’est pourquoi un nouveau voyage sera organisé cette année. Les participants qui pourront lui consacré (sic) quelques jours de plus visiteront, en outre, la Tour de Constance à Aigues-Mortes, Arles et quelques autres villes célèbres du Midi. Le programme détaillé sera envoyé à tous les pasteurs qui donneront volontiers tous les renseignements complémentaires.
L’organisation matérielle du voyage est confiée, comme l’an passé, à l’agence Vosges et Rhin (Strasbourg, 13. rue du 22 Novembre), qui enverra des circulaires à toutes les personnes qui en feront la demande, et recevra dès maintenant les adhésions. M. le professeur Strohl (rue Stoeber, 9, Strasbourg), accompagnera ses compatriotes et leur rappellera, comme l’a fait l’an passé M. le professeur Yvill sur les lieux visités dans l’histoire du christianisme et du protestantisme.

  • 28 Article de la revue Évangile et Liberté du 21 novembre 1914, p. 363-364, cité par ENCREVE André, «  (...)

24En mémoire de cette visite, une plaque fut posée au musée du Désert, dans l’extension édifiée en 1921 afin de servir de Mémorial (fig.6). Le geste est éminemment symbolique car toute visite ne donna pas lieu à la pose d’une telle plaque commémorative en ce lieu dédié à la mémoire des camisards, des galériens et des prédicants. En affirmant descendre des camisards persécutés au XVIIIe siècle, le texte s’inscrivait dans une filiation patriotique, proclamant le rattachement intellectuel du protestantisme alsacien et lorrain aux martyrs français et non pas aux églises historiques de l’Est. Le contexte politique s’y prêtait car le conflit de 1914‑1918 avait vu renaître des polémiques antiprotestantes attribuant par exemple la responsabilité de la destruction de la cathédrale de Reims à Luther28.

Fig. 6

Fig. 6

Mialet (Gard), musée du Désert, plaque apposée dans le musée

M. Kérignard © Région Occitanie - Inventaire général

  • 29 Est Républicain, 26/06/1935. 30 -

25Le musée du Désert inspira des artistes lorrains et la galerie Thiébault de Nancy exposa en 193529 une eau-forte sous le nom de « Mas Soubeyran ». L’année suivante, l’Est Républicain annonçait :

  • 30 Est républicain, 28/08/1936.

l’assemblée traditionnelle du Musée du Désert aura lieu le dimanche 6 septembre 1936, au Mas-Soubeyran, commune de Mialet, près d’Anduze (Gard), dans le vallon qui vient d’être classé par le ministre des beaux-arts parmi les sites pittoresques. Elle sera présidée par M.-F. de Witt-Guizot et consacrée à la commémoration des forçats pour la foi. Le matin, la prédication sera donnée par M. le pasteur Lauril de Nîmes. Le soir on entendra après M. de Witt-Guizot, les allocutions du professeur Jacques Monod et du pasteur Henri Eberhardt. Et on chantera de vielles et rares complaintes de galériens. Toute cette cérémonie sera radio- diffusée par la station de Montpellier-Languedoc et différents relais. On inaugurera, ce jour‑là, une série de panneaux contenant les noms de trois mille galériens identifiés et également une scène de la lecture de la Bible au dix-huitième siècle, avec des personnages de cire dans d’authentiques costumes30.

  • 31 Église réformée d’Épinal, centenaire du temple, 1873-1973, catalogue d’exposition, tapuscrit, Épina (...)

26Le voyage au Mas Soubeyran devint dès lors une activité récurrente et les paroisses manifestèrent le désir de retrouver la pratique des assemblées du Désert, y compris dans leur région. En 1959, sous la conduite du pasteur Pierre Joudrier (1912‑2013), la paroisse protestante d’Épinal se rendit ainsi à la Roche des Huguenots à Passavant (Haute‑Saône), dans un site qui aurait servi au XVIIe siècle de lieu de rassemblement aux protestants vosgiens31. C’était un moyen de rappeler une communion de souffrance.

La diffusion de la croix huguenote

  • 32 En 1918 par exemple.
  • 33 Témoignage oral, bijouterie Jacquot à Nancy.
  • 34 Collectée dans une famille lorraine originaire de Clairegoutte (Haute-Saône).
  • 35 Dans une collection de psautiers remontant au XVIIIe siècle et ayant appartenu à cette même famille (...)

27Après l’ouverture du musée du Désert, le bijou féminin appelé « croix huguenote » commença à se diffuser dans toute la France. Dès 1912, sa vente fut assurée par la librairie générale et protestante de Paris à grand renfort de publicité dans le Bulletin de la société d’histoire du protestantisme français. Ces derniers les nommaient parfois croix du Languedoc32. Les bijoutiers lorrains les vendirent à partir de la fin de l’entre-deux guerres33 (fig.7). Un témoignage oral34 mentionne que la première génération à avoir porté ce bijou était celle d’une femme née en 1911. La croix dut lui être offerte pour sa confirmation, juste avant la déclaration du second conflit mondial et n’était portée que pour les grandes occasions. Auparavant, le principal bijou était un cœur en or suspendu à une chaînette. Le motif même de la croix huguenote est utilisé pour orner les objets de la piété individuelle à partir de l’après seconde guerre mondiale35.

Fig. 7

Fig. 7

Nancy (Meurthe-et-Moselle), croix huguenote en métal doré vendue par la bijouterie Jacquot

G. André © Région Grand Est - Inventaire général / coll. part

  • 36 Connu pour avoir créé S.O.S Amitié avec sa femme et Georges Lillaz, à Boulogne-Billancourt (1960)
  • 37 Archives paroissiales de Thaon-les-Vosges : registre des séances du Conseil presbytéral, 19 septemb (...)
  • 38 Cf. également le musée virtuel du protestantisme.
  • 39 À l’occasion des 90 ans de notre sœur Jeanne Laruelle et des 90 ans de la fondation de notre associ (...)

28En juin 1942, en pleine guerre, le pasteur de Thaon-les-Vosges, Jean Casalis36 informa le conseil presbytéral du don d’un vitrail représentant une croix huguenote qui fut placé sur la façade du temple37. Le donateur protestant, M. Geisler, était maître‑verrier à Nancy. Il s’agit de la première représentation identifiée de la croix huguenote dans un édifice lorrain (fig.8). Il pourrait bien aussi s’agir d’une discrète référence à l’activité de résistant du pasteur Casalis. En effet, d’après les indications du pasteur Franck Christol, aumônier des troupes françaises en Angleterre depuis juin 1940, la croix huguenote figurait sur le deuxième modèle de l’insigne des protestants de la France libre réalisé à Londres par la maison Cartier 38. Elle y côtoyait la silhouette de la Tour de Constance et l’inscription « Résister » selon le propos de la plus célèbre des prisonnières, Marie Durand. La tradition orale rappelle également que le pasteur Casalis mit à l’abri de la vindicte nazie plusieurs résistants qu’il aurait caché dans la partie inférieure de la chaire pastorale du temple de Thaon !39

  • 40 PIGNON-FELLER Christiane. Architecture protestante, Moselle XVIIe–XXe siècles. Metz, éd. Serpenoise (...)

29Depuis, la croix huguenote se généralisa dans l’ornement d’architecture, soit comme décor rapporté à l’occasion de travaux de construction (Amnéville40, Moselle, 1953), en verrière comme à Contrexéville (Vosges) ou plus sobrement en applique à l’intérieur du chœur comme à Vittel (Vosges) ou Niederstinzel (Moselle). À Vittel et Contrexéville, il s’agissait d’anciennes chapelles anglicanes passées à l’Église réformée de France, le nouveau décor affirmant le changement ecclésial. Plus rarement le motif se trouve brodé sur les parements de chaire (Yutz, Moselle) ou de lutrin.

  • 41 GROJEANNE, Paul. Le temple de l’Église réformée de Reims, Reims, tapuscrit, 1991, p. 43.

30Les églises lorraines ne se distinguent toutefois pas de la pratique française : les cinquante dernières années ont vu la diffusion générale du motif de la croix huguenote dans toutes ses mises en œuvre : applique extérieure à Épernay (Marne), ferronnerie de porte à Cannes (Alpes‑Maritimes), enseigne extérieure à Marseille (Bouches‑du‑Rhône)… On notera cependant la présence particulièrement précoce de croix huguenote dans le décor peint par Gustave-Louis Jaulmes (Lausanne, 1873-Paris, 1959) à l’intérieur du temple de Reims (Marne) reconstruit après le bombardement allemand de septembre 1914.41

Fig. 8

Fig. 8

Thaon-les-Vosges (Vosges), temple, vue d’une verrière avec croix huguenote

A.George © Région Grand Est - Inventaire général

La circulation des œuvres et des artistes

31La circulation des hommes et notamment des pasteurs et la construction d’un attachement spirituel entre protestantisme de l’Est et Cévennes furent l’occasion d’échanges artistiques dont le plus significatif est la peinture d’une Ascension du Christ à Saint‑Dié. Alors que le protestantisme cévenol affirme une sobriété décorative dans l’architecture de ses temples, c’est à Henri Lindegaard (1925‑1996), un confrère gardois, que fait appel le pasteur Pierre Vallotton (1916‑2015). Né à Lausanne en 1916 dans une famille d’artistes qui s’installa à Strasbourg à partir de 1921, Valloton fut pasteur à Reims (1942‑1947) puis dans le Gard (1947‑1950), avant de prendre la charge de Saint-Dié de 1955 à 1973. Il rencontra probablement Lindegaard lors de son séjour pastoral en Languedoc. Celui-ci était le fils d’un danois, pasteur de la communauté protestante de Madrid et avait quitté l’Espagne franquiste pour se réfugier dans le sud de la France. Ministre à Vézenobres (Gard) ; il résidait à une trentaine de kilomètres, précisément à Mialet tout près du Mas Soubeyran. Très influencé par l’œuvre d’Albert Gleizes (1881‑1953), un peintre cubiste converti à l’âge mûr au catholicisme, il peignait avec une touche angulaire des sujets bibliques ou des paysages cévenols de formats rectangulaires, procédant par aplats successifs, le plus souvent noir et blanc. Il illustra aussi plusieurs ouvrages liturgiques ou de piété dont deux publiés chez Oberlin à Strasbourg, l’un sur le baptême (1990), l’autre intitulé Prières pour mon village avec la coopération de la communauté de Pomeyrol (1982). À Saint-Dié, il réalisa une Ascension du Christ, nimbé et les mains et les pieds marqués des clous, dans des aplats, blancs et ocres, sur un fond gris, ensemble plus coloré que ces œuvres publiées (fig.9).

Fig. 9

Fig. 9

Saint-Dié (Vosges), temple, peinture monumentale de l’Ascension du Christ

L. Gury © Région Grand Est - Inventaire général

32Outre les relations artistiques entre Lorraine et Languedoc, dues surtout à des contacts personnels, la peinture de Lindegaard témoigne aussi de la diversité de la provenance des objets servant dans les temples lorrains. L’exemple de Saint‑Dié est particulièrement représentatif, sans toutefois être une exception : le patrimoine mobilier est le reflet de l’hétérogénéité d’une communauté qui puise ses références, nous l’avons vu, depuis ses origines, dans différents courants du protestantisme (fig.10).

Fig. 10

Fig. 10

Saint-Dié (Vosges), temple, carte de la provenance des œuvres conservées au temple de Saint-Dié

Dess. A.Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général

  • 42 Témoignage oral, 2009.

33Il n’en reste pas moins que depuis la seconde moitié du XXe siècle, des signes ténus mais réguliers montrent l’attachement des communautés protestantes lorraines aux Cévennes protestantes. Durant l’exposition « Juste une ligne bleue de l’Alsace aux Vosges, 1871‑2011 » à Épinal, aux côtés d’objets liés à l’histoire du protestantisme dans la cité, fut présentée une « Bible de chignon ». Quand la paroisse de Senones (Vosges) souhaita se séparer de la cloche du temple provisoire de la Petite-Raon, c’est à la communauté de Pomeyrol (Valleraugue, Gard) qu’elle en fit don42. Il est vrai que cette communauté de diaconesses avait noué au lendemain de la seconde guerre mondiale des liens solides avec les diaconesses de Strasbourg et leur maison de Rothau (Bas‑Rhin), distante d’à peine une vingtaine de kilomètres.

Conclusion

34En cinq siècles, les liens entre protestants du sud-ouest et de Lorraine ont évolué au fur et à mesure de l’intégration de la communauté protestante dans la société française dont la vie religieuse était réorganisée par le Concordat et les Articles organiques. Aux pasteurs venus de Suisse ou de Strasbourg, succédèrent des ministres formés en France du Sud-Ouest, à Montauban.

35L’autre élément fondateur de ces relations est la constitution d’une identité protestante qui fit de la guerre des camisards et plus largement des Cévennes et du Languedoc, des éléments structurants de la conscience communautaire.

36C’est après la première guerre mondiale que la référence à l’histoire française du protestantisme français s’impose en usant de symboles comme le musée du Désert. Le choix par les protestants de la France Libre de reprendre le « Résister » de Marie Durand comme devise de leur action contre l’horreur nazie ancra encore davantage, s’il le fallait, le lien entre lutte contre l’intolérance, patriotisme et symbole protestant.

37Ces premiers éléments permettent surtout de voir l’étendue des questions qui restent ouvertes sur le territoire lorrain :

  • La formation et la carrière des ministres du culte lorrain et le rôle de l’Université de Montauban au regard de celui des universités de Suisse, de Strasbourg, et de Paris ;

    • 43 Selon l’expression de SCHOLL, Sarah, « Mémoire d’un lieu d’histoire, la SHPF vu au travers de ses c (...)

    L’adhésion (ou non) des élites intellectuelles protestantes lorraines à la Société d’histoire du protestantisme français, lieu de mémoire et lieu d’histoire43 ;

  • La pratique (ou non) du voyage au Désert comme tourisme de mémoire ou tourisme spirituel par les lorrains ;

  • La référence au Désert dans les écrits apologétiques et les sermons prononcés en Lorraine ;

  • La diffusion du thème iconographique mais surtout symbolique de la croix huguenote, en particulier dans la sphère privée lorraine ;

  • La diffusion (ou non) de « la Cévenole », cantique chanté pour la première fois en 1885 sur une composition de Ruben Saillens (1855‑1942) né à Saint‑Jean‑du‑Gard et des chants composés dans ce contexte du réveil évangélique autour du Désert, ou encore de la « Complainte des prisonnières » ;

    • 44 CARBONNIER-BURKARD Marianne, « L’invention d’un lieu de mémoire identitaire du protestantisme franç (...)

    La perception de cet ancrage méridional : les pasteurs lorrains manifestèrent-ils leur désaccord face à un exercice qui pouvait être taxé de passéisme, teinté d’hagiographie voire de contre-exemple du pardon44.

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Notes

1 Cet article est une restitution partielle de l’étude sur le patrimoine protestant lorrain engagée par l’Inventaire général du patrimoine culturel du Grand Est (site de Nancy), étude aujourd’hui élargie dans le cadre d’une opération nationale et la rédaction d’un volume de la collection « Principes d’analyse scientifique » sur le patrimoine protestant.

2 Colloque du 3 et 4 novembre 2016, organisé par le CRULH (centre de recherche Universitaire Lorrain d’histoire) au laboratoire de l’Université de Lorraine. Parution des actes en 2017.

3 LÉONARD, Julien. Être pasteur au XVIIe siècle, le ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669), Rennes, presses universitaires de Rennes, 2014, p. 40.

4 AC Épinal ; GG7 registre paroissial cité dans Les Cahiers de généalogie, sommaire du n° 3 du 3ème trimestre 1983.

5 VINCLER Jeanne. Calvinistes proscrits à Metz colons à Berlin. Éditions Ampelos, 2011, 338 p.

6 AC Épinal ; GG 13 registre paroissial cité dans Les Cahiers de généalogie, sommaire du n° 3 du 3ème trimestre 1983.

7 AC Mandres-Sur-Vair ; GG4.

8 VALETTE, M.-S. « Décès des calvinistes protestants et camisards décédés à l’hôpital militaire de Nancy », Les Cahiers de généalogie n° 67, 1999, 3e trimestre, p. 165.

9 Préparés par Portalis sous le Consulat, les Articles organiques des cultes protestants donnent un statut aux Églises protestantes (Confession d’Augsbourg et Église réformée) et en organisent le fonctionnement.

10 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V1.

11 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V 3.

12 AD Meurthe-et-Moselle. Fonds du Consistoire de Nancy 25 J 17 (1822).

13 AD Meuse. Fonds du Consistoire de Bar-le-Duc 146 J 10.

14 PFISTER, Christian. Histoire de Nancy, Nancy, Berger-Levrault, 1909, t. II, p. 161.

15 AD Meurthe-et-Moselle. 7 V12.

16 AD Vosges. 7 V 16 et Anonyme. Notice historique sur l’église réformée de Saint-Dié, 1826-1926, publiée en souvenir des fêtes de son centenaire, 6 juin 1926. Saint-Dié, éd. Weick, non paginé.

17 Elle eut alors une vocation mixte plus importante à Paris qu’à Strasbourg.

18 Par exemple les pasteurs d’Épinal Georges Charles Bader, en place en 1848-1849 issu de la faculté de théologie de Strasbourg, ou Albert Goguel, actif de 1878 à 1911, formé à Strasbourg et qui passa sa thèse de théologie à Genève. (STROHL, Jacques. Église réformée d’Épinal, centenaire du temple, 1873-1973, Épinal, tapuscrit, p. 6 et 9).

19 AD Meuse. Fonds du Consistoire de Bar-le-Duc 146 J 10.

20 PFISTER, t. II, 161 (l’auteur cite sans les préciser les exactions commises à Nîmes).

21 Archives paroissiales Thaon-les-Vosges. Registre des séances du Conseil presbytéral 1906 11 mars - 1919 14 mars.

22 STROHL, op. cit. , p. 13-14.

23 Bulletin de la SHPF, 1905, p. 315 note1.

24 Archives paroissiales Thaon-les-Vosges. Registre du conseil presbytéral 1919 16 septembre -1961 13 septembre. Il semble ne s’agir en fait que d’une réparation.

25 Bulletin de la SHPF, 1909, p. 385.

26 AD 54 fonds du Consistoire de Nancy 25 J 34.

27 Est Républicain, 10/07/1926. Il y eut une délégation à Mialet en 1926 et 1927.

28 Article de la revue Évangile et Liberté du 21 novembre 1914, p. 363-364, cité par ENCREVE André, « l’hebdomadaire protestant libéral Évangile et Liberté face aux premiers mois de la guerre (août-décembre 1914) ». In Xavier. Boniface et François Cochet (éd). Foi, religions et sacré dans la Grande Guerre, Artois, Presse Université, 2014, p. 188.

29 Est Républicain, 26/06/1935. 30 -

30 Est républicain, 28/08/1936.

31 Église réformée d’Épinal, centenaire du temple, 1873-1973, catalogue d’exposition, tapuscrit, Épinal, 1973, p. 9.

32 En 1918 par exemple.

33 Témoignage oral, bijouterie Jacquot à Nancy.

34 Collectée dans une famille lorraine originaire de Clairegoutte (Haute-Saône).

35 Dans une collection de psautiers remontant au XVIIIe siècle et ayant appartenu à cette même famille de Haute-Saône proche des Vosges, le premier volume à être pourvu d’une liseuse en cuir ornée de la croix huguenote date de 1945.

36 Connu pour avoir créé S.O.S Amitié avec sa femme et Georges Lillaz, à Boulogne-Billancourt (1960)

37 Archives paroissiales de Thaon-les-Vosges : registre des séances du Conseil presbytéral, 19 septembre 1936-13 septembre 1961.

38 Cf. également le musée virtuel du protestantisme.

39 À l’occasion des 90 ans de notre sœur Jeanne Laruelle et des 90 ans de la fondation de notre association, 1906-1996, tapuscrit, Thaon-les-Vosges, 1996, p. 18.

40 PIGNON-FELLER Christiane. Architecture protestante, Moselle XVIIe–XXe siècles. Metz, éd. Serpenoise, 2006, p. 33. La croix huguenote figurant sur le dessin d’Isler vers 1953 (archives municipales) semble n’avoir jamais été réalisée.

41 GROJEANNE, Paul. Le temple de l’Église réformée de Reims, Reims, tapuscrit, 1991, p. 43.

42 Témoignage oral, 2009.

43 Selon l’expression de SCHOLL, Sarah, « Mémoire d’un lieu d’histoire, la SHPF vu au travers de ses commémorations ». In BENEDICT Philip, DAUSSY Hugues et LECHOT Pierre-Olivier (dir.). L’Identité huguenote, faire mémoire et écrire l’histoire (XVI-XXIe siècle), Genève, éd. Droz, 2014, p. 487.

44 CARBONNIER-BURKARD Marianne, « L’invention d’un lieu de mémoire identitaire du protestantisme français, le Musée du désert », dans BENEDICT Philip, DAUSSY Hugues et LECHOT Pierre-Olivier (dir), op. cit, p. 563.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Saint-Dié (Vosges), temple ; vue extérieure de la façade
Crédits L.Gury © Région Grand Est -Inventaire général
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Titre Fig. 2
Légende Saint-Dié (Vosges), carte des donateurs pour la construction du temple
Crédits Dess. A. Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général
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Titre Fig. 3
Légende Thaon-les-Vosges (Vosges), le pasteur Braesch en chaire
Crédits Reproduction B. Drapier © Région Grand Est - Inventaire général
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Titre Fig. 4
Légende Mialet (Gard), musée du Désert, tableau des donateurs
Crédits M. Kérignard © Région Occitanie - Inventaire général
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Fichier image/jpeg, 456k
Titre Fig. 5
Légende Mialet (Gard), musée du Désert, carte des donateurs en faveur du musée
Crédits Dess. A. Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général
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Fichier image/jpeg, 324k
Titre Fig. 6
Légende Mialet (Gard), musée du Désert, plaque apposée dans le musée
Crédits M. Kérignard © Région Occitanie - Inventaire général
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Fichier image/jpeg, 144k
Titre Fig. 7
Légende Nancy (Meurthe-et-Moselle), croix huguenote en métal doré vendue par la bijouterie Jacquot
Crédits G. André © Région Grand Est - Inventaire général / coll. part
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Titre Fig. 8
Légende Thaon-les-Vosges (Vosges), temple, vue d’une verrière avec croix huguenote
Crédits A.George © Région Grand Est - Inventaire général
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Titre Fig. 9
Légende Saint-Dié (Vosges), temple, peinture monumentale de l’Ascension du Christ
Crédits L. Gury © Région Grand Est - Inventaire général
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Fichier image/jpeg, 136k
Titre Fig. 10
Légende Saint-Dié (Vosges), temple, carte de la provenance des œuvres conservées au temple de Saint-Dié
Crédits Dess. A.Bertrand-Pierron © Région Grand Est - Inventaire général
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Pour citer cet article

Référence électronique

Mireille-Bénédicte Bouvet, « Les protestants lorrains et le protestantisme méridional du XVIe au XXe siècles »Patrimoines du Sud [En ligne], 5 | 2017, mis en ligne le 01 mars 2017, consulté le 10 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/2426 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.2426

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Auteur

Mireille-Bénédicte Bouvet

Conservateur en chef du patrimoine Inventaire général du patrimoine culturel‑Lorraine

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Droits d’auteur

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