Un volume des principes d’analyse consacré au patrimoine protestant : publication prévue en 2017
Résumés
La primauté faite à la parole dans le monde protestant selon le principe Sola scriptura et le rejet de la sacralisation de tout élément matériel ont eu comme conséquence un intérêt moindre pour le patrimoine architectural et mobilier. Les réformateurs n’ont guère abordé dans leurs écrits la matérialité du culte : les luthériens considéraient les objets comme des adiaphora (choses indifférentes) et les réformés y accordaient encore moins d’importance. Peu considérés, guère décrits dans les Agende et autres liturgies, beaucoup d’objets ont disparu du fait de la politique royale puis de la révocation de l’Édit de Nantes. Aussi, ce sont surtout les écrits qui ont suscité l’intérêt des protestants, historiens de leur propre église. Il faut attendre le début du XXe siècle pour voir s’élargir le champ patrimonial, évolution portée par le souci de faire mémoire des martyrs du désert avec l’ouverture du musée du mas Soubeyran.
Les premières études sur les objets, autrement que comme support de la mémoire, ont été réalisées dans les secteurs luthériens et germanophones qui s’intéressèrent tout d’abord aux pièces très anciennes ou exceptionnelles comme les autel‑chaires. En France, ce fut l’orfèvrerie qui suscita les premiers travaux puis le patrimoine protestant d’alsace et de Moselle. À l’occasion du 500e anniversaire de la réforme, un volume de la collection « principes et méthodes » consacré au patrimoine protestant sortira cette année. Les premières collectes documentaires de 1972 ont été largement enrichies par les études de l’inventaire général et les collections des musées protestants.
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Mots-clés :
protestantisme, protestant, patrimoine religieux, patrimoine mobilier, temple, peinture, sculpture, objet d’art, liturgieKeywords:
protestantism, protestant, religious heritage, moveable heritage, temple, painting, sculpture, work of art, liturgyPlan
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1La primauté faite à la parole dans le monde protestant selon le principe Sola scriptura et le rejet de la sacralisation de tout élément matériel ont eu comme conséquence un intérêt moindre pour le patrimoine architectural et mobilier. L’histoire spécifique du protestantisme français avec la longue interruption d’une pratique publique entre 1685 et 1787 et la démolition de la quasi-totalité des temples des XVIe et XVIIe siècles, a causé la disparition d’une grande part du patrimoine ancien, sauf au nord-est de la France (Franche‑Comté, Alsace et une petite partie de la Lorraine).
- 1 C’est vrai surtout dans les paroisses luthériennes
- 2 Dans les paroisses réformées.
- 3 La chiesa valdese ayant rejoint l’Église réformée.
2Enfin, il faut aussi se rappeler que, minoritaire, le protestantisme français, surtout réformé, s’est construit historiquement contre le catholicisme avec une volonté d’autant plus affirmée que son existence était contestée par le pouvoir (« religion prétendue réformée ») et que ses fidèles se confrontaient aux affres des guerres de Religion. Le vocabulaire est d’ailleurs témoin de ce désir de démarquage : on parle de « temple » en France mais d’ « église protestante » en Alsace1, d’ « église2 » en Suisse, d’ « Evangelische Kirche » en Allemagne et de « Chiesa valdese3 » en Italie.
3Lorsqu’au XIXe siècle sous l’impulsion de pasteurs érudits puis de la Société d’histoire du protestantisme français créée en 1852, les premières études historiques se sont mises en place, elles se sont placées dans le sillon mémoriel tracé par les rééditions du Livre des martyrs de Jean Crespin (1ère édition en 1544) et ne se sont guère intéressées aux aspects architecturaux et mobiliers.
4Après avoir rappelé la place de l’objet dans le protestantisme, nous aborderons l’évolution de la collecte patrimoniale dans l’historiographie protestante avant de présenter les objectifs de la parution d’un volume de la collection « Principes et méthodes » consacré au patrimoine protestant. Nous aborderons la question architecturale uniquement par ce qu’elle nous enseigne sur l’usage des meubles et des objets.
Des objets et des meubles dont on ne parle pas
- 4 GROSSE, Christian. « L’esthétique du chant dans la piété calviniste aux premiers temps de la Réform (...)
5Les réformateurs n’ont accordé dans leurs écrits que très peu de place à la description des pratiques liturgiques dans leur matérialité. La première édition de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin parue en 1536 affirmait combien les usages cultuels sont indifférents et dépendent de la volonté de chaque église. Aussi le réformateur n’édicte‑t‑il aucune norme ni aucun rituel. Ses préconisations insistent sur la nécessaire simplicité du culte dont l’objectif est l’édification des fidèles. Quand les questions esthétiques furent abordées4, dès l’édition de 1537, c’est au chant auquel Calvin pensa en tout premier, élément immatériel s’il en est.
- 5 Luther WA 31/1, p. 406, dans REYMOND, Bernard. « La table de communion des réformés : emplacement, (...)
6Dans l’aire luthérienne, le positionnement face à l’objet est moins distant. L’autel est conservé tant dans sa forme que dans son vocable et Luther reconnaissait un statut particulier à ce meuble mis à part pour qu’on y célèbre le sacrement et qu’on y conserve la mémoire du Christ5. Et le principe qui l’emporte en matière d’objets est celui des adiaphora (du grec ἀδιάφορα « les choses indifférentes ») reprenant une notion d’origine stoïcienne qui désigne ce qui n’est ni interdit ni prescrit, et par conséquent qui est neutre. Les luthériens le reprirent à leur compte en l’appliquant dès le XVIe siècle aux pratiques ou aux objets dont l’usage n’est ni commandé ni interdit par la Parole de Dieu. Il s’agit de pratiques qui ne sont pas considérées comme essentielles à la foi mais qui peuvent l’aider. Autrement dit, rares sont les objets que l’on ne peut en aucun cas trouver dans un temple (ou église protestante). Sont proscrits de fait : les ciboria et tabernacles, les ostensoirs et les reliquaires.
- 6 REYMOND, 2007, op. cit., p. 493-520.
- 7 LERCH, Charles-Henri. « L’orfèvrerie civile et religieuse et les orfèvres de Montbéliard du XVIe au (...)
7Dans tous les cas, les informations concernant la vaisselle liturgique sont extrêmement rares. La tradition a rapporté le souvenir de la première cène de l’histoire qui eut lieu à Pâques 1525 à Zürich6 : une simple table en bois couverte d’une nappe blanche sur laquelle était disposée une vaisselle similaire à celle en usage dans la sphère domestique, des coupes et des assiettes en bois. Près d’un siècle plus tard, en 1616, une ordonnance du Comte Jean‑Frédéric de Montbéliard (1582‑1628) prescrivit de remplacer les coupes en métal commun par d’autres en argent dans les temples où il n’en existait pas encore7.
- 8 LEVRAULT, François-Georges. Liturgie, ou Manière de célébrer le service divin : dans les églises de (...)
- 9 ROUX, Mathieu-Jean-François. Liturgie en usage dans les églises réformées de France, revue et augme (...)
8Les liturgies luthériennes8 ou réformées9 imprimées au XIXe siècle ne sont guère plus disertes. La numérisation des principales éditions permet une recherche systématique du vocabulaire : « chaire » et « autel » ou « table » sont présents mais peu fréquents et ne servent qu’à indiquer l’emplacement où peut se trouver le pasteur pour tel acte de la vie cultuelle ; ainsi la liturgie réformée prévoit que le pasteur offre une Bible aux mariés au pied de la chaire tandis que chez les luthériens, les époux se tiennent devant l’autel. Ces indications nous donnent des informations sur la localisation et le rôle symbolique de ces deux meubles mais ne nous informent en rien sur leur matérialité.
- 10 Une exception dans le fonds Oberlin (Waldersbach (Bas-Rhin), musée Oberlin) ; 3/16 « Inventaire des (...)
- 11 AD 55 146 J 23 : Registre du conseil presbytéral 1856-1906.
9Les sources d’archives n’apportent pas beaucoup d’information pour l’Ancien Régime10. Il n’existe pas l’équivalent des visites pastorales si précieuses pour le patrimoine catholique. Il faut attendre le XIXe siècle et les archives des paroisses pour pouvoir disposer d’information sur les achats, les fournisseurs et les prix. Mais l’absence de normalisation tant pour les usages que pour le vocabulaire entraine une grande variété de termes qui ne recouvrent pas tous la même chose. Ainsi à Bar‑le‑Duc, le conseil demande une aide au consistoire de Nancy en 1862 pour acheter du mobilier : bancs, chaises, chaire, table de communion, table de la Loi, balustrade11. En 1874, à la mort du pasteur :
- 12 Ibidem.
ll se trouve dans ledit oratoire deux bibles et une liturgie, une table avec son tapis en drap noir, quatre bancs, huit livres de cantiques, dans le grenier du temple une bibliothèque … chez la veuve … ont été déposés le drap mortuaire, une boite contenant deux coupes avec leur couvercle, deux plateaux dont l’un sert au baptême et l’autre à la distribution du pain de Cène, un bassin pour le baptême, le tout en métal argenté et enfin une nappe et une serviette pour la communion12.
- 13 Les Juifs et la Lorraine. Un millénaire d'histoire partagée. Catalogue d’exposition. [Nancy : Musée (...)
Rien ne permet de savoir ce qui distinguait le plat de communion du bassin de baptême, si toutefois il y avait une différence. En effet, en l’absence de rituel fixe et de terminologie, le lutrin et pupitre peuvent désigner le même meuble et la même aiguière peut servir au baptême et à la sainte cène. L’absence de fournisseurs spécialisés en France, à l’exception de l’Alsace et de la Franche-Comté, a conduit les communautés à commander des objets là où elles le pouvaient : orfèvrerie catholique pour la sainte cène (Nilvange, fig.1), stalle de curé dont on retire l’agenouilloir pour le pasteur (Nancy, fig.2) … voire de manière récente, une coupe de kiddouch rapportée d’Israël pour servir de coupe de sainte cène (Raon‑l’Étape). Ce phénomène n’est d’ailleurs pas propre au protestantisme et se constate aussi pour le patrimoine juif13. Cependant, dans les secteurs bénéficiant de l’aide du Gustav Adolf Verein destinée aux églises protestantes de la diaspora, ce sont des objets manufacturés en Allemagne qui sont utilisés. Ils sont identifiables sans trop de difficulté grâce aux catalogues (fig.3). Des objets de la vie quotidienne apportés au temple à l’occasion d’une cérémonie peuvent y rester et avoir un usage cultuel non signalé dans les archives : un plat de service sert comme plat de sainte cène, un vide-poche comme présentoir pour les anneaux des mariés…. La pratique clandestine des sacrements accentua au XVIIIe siècle ce mélange des objets civils et religieux, parfois précieux d’ailleurs comme la carapace de tortue recouverte d’argent en son intérieur et réputée avoir été utilisée pour les baptêmes au désert (fig.4).
Fig. 2
Nancy (Meurthe-et-Moselle), stalle pastorale
Ludovic Gury © Région Grand Est-inventaire général
Fig. 3
Nouvel-Avricourt (Meurthe-et-Moselle), aiguière servant à la sainte cène et au baptême, production allemande de la région d’Hambourg
Bertrand Drapier © Région Grand Est-inventaire général
Fig. 4
Mialet (Gard), musée du Désert ; carapace de tortue ayant servi pour les baptêmes du désert
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
- 14 FRITZ, Johann-Michael. « Continuité surprenante : œuvres d'art du Moyen Age conservées dans les égl (...)
10Il faut aussi tenir compte des remplois dans les temples ou églises protestantes qui se sont installés dans des édifices précédemment catholiques : des fonts baptismaux médiévaux sont alors réutilisés ainsi parfois que l’orfèvrerie (à Dalhunden, Bas‑Rhin : calice de la fin du XVe s ou début XVIe siècle, CLMH ; à Bethoncourt, Doubs, calice, limite XVe‑XVIe siècles, CLMH) même si ce cas est davantage attesté en Allemagne14. Plus rarement, cette réaffectation mobilière a pu se produire après les articles concordataires : ainsi le temple de Nancy « hérita » si l’on peut dire d’un ancien autel latéral et l’on recouvrit d’une dalle de marbre la table d’autel dont la pierre de consécration et les reliques avaient été ôtées (fig.5).
11On aurait pu espérer quêter quelques informations concernant le mobilier et sa disposition auprès des manuels d’architecture. Il n’en est rien. Calvin rappelle que c’est le fidèle qui est le « vray temple de Dieu » :
- 15 Calvin, Institution chrétienne, III, XX, 30.
il nous faut garder de les [c’est à dire les lieux où l’on se rassemble] estimer propres habitacles particuliers de Dieu dont nostre Seigneur nous preste l’aureille de plus près ; ou que nous leur attribuions quelques saincteté secrète, laquelle rende nostre oraison meilleure devant Dieu. Car si nous sommes les vrays temples de Dieu, il faut que nous le prions en nous, si nous le voulons invoquer en son vray temple15.
- 16 REYMOND, Bernard. La porte des cieux, architecture des temples protestants. Lausanne, presses polyt (...)
Et ces édifices n’ont qu’un usage fonctionnel. La Confession helvétique16 de 1566 insiste sur la simplicité et le pragmatisme nécessaire :
qu’on eslise doncques des amples et spacieuses maisons ou temples et qu’icelles soyent repurgées de toutes choses qui sont indecentes à l’Église : et qu’elles soyent fournies et agencée de toutes choses qui sont requise pour la dignité, nécessité et honnesteté saincte.
- 17 GRANDJEAN, Marcel. « Les Temples Vaudois, l’architecture réformée dans le Pays de Vaud (1536-1798) (...)
12Il faut attendre la publication en 1755 de l’ouvrage du suisse Élie Bertrand d’Yverdon (1713‑1797) sur la construction et l’aménagement intérieur d’une église destinée à l’usage des protestants17 pour avoir un descriptif précis d’un édifice et de son ameublement :
la chaire devrait toujours être placée dans une église parallélogramme, au milieu de la plus grande dimension, pourvu que cette chaire soit garni ou fermée par derrière, suffisamment éloigné du mur, pas trop élevé et couverte ou surmontée par un dais convenable et ayant vis-à-vis une surface qui ne donne lieu à aucun écho, ni à aucun retentissement…/…les bancs devaient être disposés en amphithéâtre depuis le pied de la chaire.
- 18 Voir à ce sujet l’ouvrage suivant : PIGNON-FELLER Christiane. Architecture protestante, Moselle XVI (...)
13Les travaux des théoriciens allemands de la seconde moitié du XIXe siècle concernèrent davantage les aspects architecturaux et stylistiques que le mobilier et les objets proprement dit18. Cependant le Regulativ für den evangelischen Kirchebau d’Eisenach (1861) précisait pour les églises luthériennes allemandes l’emplacement et le décor de l’autel, du crucifix, des fonts baptismaux, de la chaire, du pupitre, de l’orgue, des stalles, indications modifiées trente ans plus tard par le programme de Wiesbaden (1891).
La priorité accordée aux écrits et objets supports d’un récit mémoriel
14L’historiographie du protestantisme et la constitution d’une mémoire huguenote en France ont fait l’objet de nombreuses études récentes qu’il ne saurait être question de reprendre ici. Nous nous attacherons donc plutôt à identifier les conditions de la prise en compte du patrimoine mobilier.
- 19 JOUTARD, Philippe, dans BENEDICT, Philip, DAUSSY, Hugues, LECHOT, Pierre-Olivier (dir). L’Identité (...)
15L’importance des destructions organisées par l’administration royale, après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), ont conduit tout d’abord à collecter prioritairement les témoignages de cette histoire douloureuse. Le premier programme est sans doute celui qu’Émilien Frossard lança dans « les archives évangéliques » du 15 octobre 1849 cité par Philippe Joutard19 :
car il faudrait tout réunir : manuscrits, correspondances, arrêts judiciaires, mémoires, placets, discours, affiches, gravures, chants populaires, musique sacrée, médailles, portraits, sceaux, ouvrages imprimés de toutes époques etc … tels seraient les objets qui viendraient enrichir les casiers du musée et de la bibliothèque archéologique protestant.../... Quant aux collections qu’il serait bon de laisser dans les localités dont elles constituent les fastes ecclésiastiques, l’agent [recruté pour faire l’Inventaire] en recueillerait les catalogues et peut être plus tard les copies.
- 20 L’harmonium est diffusé à partir de 1843, année du dépôt du brevet.
Le projet concernait essentiellement le patrimoine écrit ou commémoratif. On note l’importance accordée aux médailles (fig.6). Quant aux chants et à la musique, l’intérêt manifesté par Frossard est contemporain de la coexistence de trois pratiques : le Psautier de Genève et ses rééditions, les chants nouveaux issus du Réveil et la diffusion de l’accompagnement par l’orgue puis l’harmonium20. L’originalité du programme est bien dans ce qu’on pourrait appeler le souci de conserver sur place tout ce qui peut l’être. Il semble bien que le projet n’eut pas de suite.
- 21 BSHPF, 1855, p. 7.
- 22 Jeton d’accès à la sainte cène.
- 23 Ibidem, p. 60 à propos de l’histoire de l’Église de Rouen.
- 24 Ibidem, p. 395.
16Il est relancé par la Société d’histoire du protestantisme français dès sa création en 1852. La lecture des articles publiés dans le bulletin permet d’identifier les principaux centres d’intérêt : l’histoire du protestantisme sous l’ancien régime et les personnages qu’ils soient illustres ou simple fidèle. En 185521, les sujets proposés concernent les méreaux22 (fig.7) et les sceaux d’églises. Quand on évoque les objets et les meubles c’est surtout parce qu’ils sont le témoignage de la répression23 comme [cette] prodigieuse quantité d’arrêts et de déclarations qui avoient peu à peu ruiné tous nos privilèges. On en avoit même vu où l’on abaissoit la majesté royale jusqu’à la faire intervenir pour retrancher les bras et les dossiers de tous les sièges où il y en pouvoit avoir dans les temples et dans le même temps que l’on abattoit ainsi les bancs des fidèles, on y en élevoit pour les moines et autres espions qui avoient ordre de nous observer. Le même volume signale un arrêt du conseil d’État du roi du 28 juillet 1746 mentionne la condamnation à La Rochelle de deux hommes convaincus d’avoir construit une chaire qu’il savait être destinée pour servir aux prédicateurs, lors des assemblées de religionnaires24.
Fig. 7
Mialet (Gard), musée du Désert ; méreaux
Bertrand Drapier © Région Grand Est-inventaire général
- 25 BSHPF, 1883, p. 13.
17Les dépôts et dons suivent la même logique mémorielle en l’honneur des martyrs. Ainsi le Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français se réjouit en 188325 d’un don pour les collections de la SHPF, don d’un certain M. Aubenas qui a été prélevé dans la maison qui servit de prison à un pasteur en Lozère au‑dessus d’une porte, une planche enfumée où se lisent encore les premiers mots d’un psaume ; il est parvenu à s’en rendre acquéreur avant que ce précieux débris ait succombé aux outrages du temps et nous écrit j’ai pensé que ce vestiges de nos annales protestantes pourraient être accueillies avec joie par la société et je viens en ma qualité de huguenot et des fils de huguenots vous l’offrir. C’est la citation biblique et le souvenir du prisonnier qui donnaient à l’objet sa valeur.
- 26 BSHPF, 1927, p. 493-494, par Franck Berton.
18L’essentiel de la collecte documentaire et matérielle orchestrée par la SHPF s’articule dès l’origine à l’aspect mémoriel non sans une certaine approche sentimentale. En 1927 est signalée une Bible « blessée »26 :
cette Bible appartient depuis fort longtemps à une famille de Breuillet (Charente‑Inférieure). Au cours du XVIIIe siècle (peut être au moment du martyr du prédicant breuilleton François Touzineau, 1738), elle avait été cachée derrière une pile de fagots au village du Candé près Breuillet, où habitaient alors ses détenteurs comme me l’a raconté leur descendante, Mme Rouffineau ... un émissaire des autorités vint perquisitionner ; en fouillant de sa lance, cet homme pique la Bible à peu près au milieu de la tranche inférieure et ne se douta pas de la présence du volume proscrit. La déchirure est très nette … elle s’ouvre en triangle et dans l’endroit de sa plus grande profondeur (au livre des Proverbes) mesure 8 cm. De long sur 3 de large. Elle intéresse les pages 389 (Psaumes) à 588 (Jérémie). Nous ne connaissons pas d’autre Bible ainsi « blessée ».
- 27 BSHPF, 1932, p. 420.
C’est ce même esprit mémoriel qui guide les donateurs au musée du Désert car le récit qu’on pourrait qualifier d’apologétique autour de l’objet, est au moins aussi intéressant que l’objet lui-même comme le montre la liste des dons en 193227 :
le Musée s’est enrichi de différents souvenirs et ouvrages du XVIIIe siècle : dons de M. le pasteur François Martin ; de la famille Hugon-Teulon-Latour (bibles et différents ouvrages) ; de Mme Dardié (grand parasol pour les Assemblées [du désert]) ; famille Foucard-Ayral (bible et pupitre) ; pasteur Alex. Mage (deux volumes) ; le président Bonnes (bible) : M. Gaston Tournier (psautier, manuscrits, plans et cartes, médailles, gravures, livres) ; M. Izard Bonijoly (plat de Paul Rabaut) ; Mme Vignoles (deux bibles et coiffe de communion) ; Mme Bertrand-Lauze (bibles et psautiers), etc.
La question de l’authenticité de l’objet déposé est rarement posée, elle ne l’est manifestement pas pour le « grand parasol pour les Assemblées » (l’objet aurait eu alors au moins 150 ans) aujourd’hui prudemment catalogué comme « parapluie de berger » (fig.8). L’exception concerne les bijoux :
- 28 En 1908, p. 563, mentionne le don à la Bibliothèque de la SHPF.
un bel échantillon de croix huguenote ancienne en or avec St-Esprit, bijou cévenol dont les exemplaires authentiques deviennent rares…28 (fig.9).
Fig. 8
Mialet (Gard), musée du Désert ; parapluie de berger considéré un temps comme « parasol pour les assemblées »
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
Fig. 9
Mialet (Gard), musée du Désert ; planche de croix huguenotes
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
- 29 Valérie Sottocasa, « Mémoires emboîtées, mémoires sédimentées », dans BENEDICT Philip, DAUSSY, Hugu (...)
19Après un tropisme de l’écrit, la quête patrimoniale des protestants français est marquée par un tropisme cévenol29 dû au fait que la guerre des camisards était devenue un événement structurant de l’histoire du protestantisme français au point d’occulter les autres épisodes de l’histoire régionale ou nationale comme l’a décrit Valérie Sottocasa dans une récente synthèse sur l’identité huguenote.
- 30 BSHPF, 1929, p. 172.
20Corollaire de cette volonté mémorielle, l’intérêt se porte aussi sur les biographies de tous ceux qui ont participé à l’histoire du protestantisme. La politique de catalogage des collections déposées dans les locaux de la SHPF à Paris s’en ressent : en 192930, le Bulletin informe ses lecteurs :
Les portraits historiques que possède notre Société sont au nombre de 2 766. Ils viennent d’être catalogués par ordre alphabétique, dans un répertoire manuscrit mis à la disposition des lecteurs.
- 31 BSHPF, 1903, p. 339-341.
- 32 SPICAR, Andrew. « Huguenot identity in Victorian Britain », dans BENEDICT, op. cit., p. 419-421.
Les expositions sur le protestantisme français furent construites dans la même logique privilégiant la présentation de manuscrits, de gravures et d’ouvrages imprimés, comme celle de 1903 présenté par M. Garreta31. Ce faisant, la pratique française se distingue : l’exposition historique organisée au French protestant hospital de Londres en 1885 à l’occasion du bicentenaire de la révocation de l’Édit de Nantes, avait ajouté aux documents, écrits, des portraits et quelques pièces d’argenterie (XVIIIe s.)32, œuvres de protestants qui avaient fui la France.
L’élargissement du champ patrimonial protestant
21À partir du début du XXe siècle, on observe un lent élargissement du champ patrimonial protestant qui passe d’abord et encore par le biais mémoriel des visites aux haut-lieux du désert, le musée de Mialet, de ce point de vue, est une étape indéniable, car pour la première fois on donne à voir autre chose que de l’écrit et de la gravure :
- 33 Repris par le BHSPF, 1911.
- 34 BSHPF, 1913, p. 479.
« Trouverait‑on ailleurs lit‑on dans le Journal de Genève (3 octobre 1911)33 un cadre plus approprié et plus suggestif pour une collection unique des édits d’expulsion et de poursuites, pour ces méreaux, médailles, gravures, pour ces calices de communion (fig.10), ces burettes à vin emportés non sans danger aux réunions du Désert, pour ces coiffes huguenotes, cas rabats de prédicants, ces croix cévenoles avec leur colombe ou leur fanne, ces psautiers, ces livres saints imprimés en caractère d’une incroyable finesse, qui se dissimulaient facilement dans la poche et parfois étaient traduits en vers ; pour ces livres d’heures protestants savamment enluminés et dont un exemplaire remarquable fut donné au musée le jour de son inauguration, pour ces complaintes naïves et douloureuses qu’on chantait le soir auprès de l’âtre ; pour cette Bible déchirée de Rolland et cette épée de Cavallier …. Ou en 191334 : « Le public a été fort intéressé par des lanternes du désert, un moule pour les méreaux, une liturgie manuscrite, des certificats de baptêmes célébrés dans les clairières de quelque forêt, un escabeau imité de ceux du XVIIe siècle portant sous sa planchette une bible de 1616 retenue par des agrafes en fer… (fig.11 et 12).
Fig. 10
Mialet (Gard), musée du Désert ; coupe du désert
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
Fig. 11
Mialet (Gard), musée du Désert ; moule des méreaux
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
Fig. 12
Mialet (Gard), musée du Désert ; lanterne dite du désert
M. Kérignard © Inventaire général Occitanie
22En 1928 et 1929, le BHSPF lance un appel à un inventaire photographique portant sur un spectre documentaire élargi à l’architecture et aux objets ayant un intérêt historique :
la société fait une fois de plus appel à tous ses membres et amis pour les prier de lui donner ou de lui céder … tous les documents de ce genre représentant un personnage, une maison, un lieu, relatifs à l’histoire du protestantisme. Il existe encore dans plus d’une ville ou d’un village des édifices ou des objets qu’il serait intéressant de photographier maintenant : dans quelques années peut-être seront‑ils détruits.
C’est la première fois que la notion d’inventaire d’édifices et d’objets in situ apparaît clairement. Le projet de 1849 citait de manière sommaire des « collections ».
- 35 Source : geanet et BSHPF 1925, 3e de couverture.
23L’émergence d’un intérêt pour le patrimoine matériel du protestantisme n’entraîna pas pour autant le désir d’inciter le public à visiter les édifices cultuels. En 1924, un comité se créa afin de réfléchir à l’ouverture des temples, sous l’impulsion du pasteur Samuel Dieny (1859‑1930), pasteur à l’église réformée du Saint-Esprit à Paris (1908‑1922), puis à Auteuil (1926‑1948)35. Mais il s’agissait de réfléchir à un mode d’évangélisation et non d’une patrimonialisation comme l’expliquait l’encart publicitaire paru dans le BSHPF :
ce comité est formé pour créer un sentiment favorable à l’ouverture des Temples (avec un T majuscule en dépit du pluriel !) en dehors des heures du culte, pour la prière, et pour l’évangélisation du monde qui reste indifférent à toute religion.
De l’intérêt à l’étude
- 36 FLURI, Adolf. « Die Kirchengeräte des Münster in nachreformatorischer Zeit » in Der Münsterausbau i (...)
- 37 KOCH, Rudolf. Das Kirchengerät im evangelischen Gottesdienst. Hambourg, Argentur des Rauhen Hauses, (...)
- 38 BUCHHOLZ, Friedrich. « Die Abendmahlsgeräte und der Abendmahlsaltar », dans : Kirche und Liturgie 3 (...)
- 39 STOKAR, Karl. Liturgisches Gerät des Züricher Kirchen vom 16. bis 19. Jahrhundert. Typologie und Ka (...)
- 40 MAI, Hartmut. Des evangelische Kanzelaltar. Geschichte und Deutung. Halle, 1969, 316 p.
24Les premières études sur les objets cultuels ont été réalisées principalement dans l’aire germanique avec le travail de l’historien bernois Adolf Fluri (1865‑1930)36 ou encore de Rudolf Koch (1876‑1934)37 paru après sa mort en 1935 ou de Friedrich Buchholz en 193638. Les études sont souvent monographiques, s’attachant à l’ensemble des objets d’un lieu39 ou à une typologie d’objets comme les autel‑chaires40.
- 41 HILBER, Paul Dr. « Deux siècles d’orfèvrerie religieuse à Fribourg ». Archives de la Société d’Hist (...)
- 42 Trésor d’art religieux en Pays de Vaud. Catalogue de l’exposition. Musée historique de l’ancien évê (...)
25Une catégorie d’objets suscita davantage d’intérêt, sans doute plutôt pour son côté artistique que pour son usage cultuel : l’orfèvrerie. Présentée, nous l’avons vu, dès 1885, en exposition à Londres, elle fait l’objet de plusieurs publications41 et expositions dont une particulièrement importante à Lausanne en 198242. Faisant suite à l’enquête sur les églises et leur mobilier orchestrée à partir de 1954 par le Département de l’Instruction publique et des cultes et la Commission d’art religieux du canton de Vaud, catholique et surtout protestante, elle permit de disposer d’un corpus documenté du XVIe siècle à nos jours.
- 43 GRANDJEAN, Marcel. Op. cit.
- 44 REYMOND, Bernard. L'architecture religieuse des protestants : histoire, caractéristiques, problèmes(...)
- 45 REYMOND, Bernard. « Du sacrifice de la messe à la convivialité de la Cène ou la Réforme vue sous l’ (...)
- 46 REYMOND, Bernard. « les chaires réformées et leurs couronnements ». Études théologiques et religieu (...)
- 47 REYMOND, Bernard. « La réforme et les fonts baptismaux, Du dispositif luthérien à l'originalité du (...)
26Quant au mobilier et son lien avec l’architecture d’une part, la liturgie de l’autre, ce sont des historiens suisses qui ont tracé la voie avec des travaux essentiels : Marcel Grandjean43, en 1988, dans sa thèse sur les temples vaudois pourvu de plusieurs chapitres consacrés au mobilier et Bernard Reymond depuis son premier ouvrage sur l’architecture protestante44 jusqu’à ses articles publiés à Montpellier sur la table d’autel45, la chaire46 et les fonts baptismaux47.
- 48 LERCH, Charles-Henri, op. cit.
- 49 Deux siècles d’orfèvrerie à Strasbourg, XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du Musée des Arts (...)
27En France, l’approche patrimoniale s’est développée surtout dans l’Est pour deux raisons. L’histoire protestante de ce territoire, moins liée aux dragonnades et à la révocation de l’Édit de Nantes, est moins façonnée par l’affect mémoriel. En Alsace et en Franche‑Comté, c’est davantage les luthériens de Confession d’Augsbourg qui sont présents et leur relation à l’objet est moins rigoureuse que celle de l’Église réformée. Là aussi, c’est l’étude de l’orfèvrerie qui est pionnière avec un premier travail de Masson, inspecteur ecclésiastique en Franche-Comté au milieu du XIXe siècle, puis Maurice Swetting, inspecteur ecclésiastique, vers 1958. Les travaux sont repris et complétés lors de l’exposition la « Réforme au pays de Montbéliard » au Musée Beurnier en 1960 et puis par les études de Charles‑Henri Lerch48. En Alsace, c’est en 200449, qu’une exposition présente des pièces somptueuses, souvent offertes par de grandes familles aux églises luthériennes.
- 50 KOCH, Gustave, LIENHARD, Marc. Présence protestante en Alsace, Les Protestants d’Alsace : du vécu a (...)
28C’est aussi en Alsace que Marc Lienhardt publia un travail sans aucun doute fondateur en 1985 dans un long texte50 posant un questionnement euristique sur la définition d’un patrimoine protestant du quotidien sous le titre
« Un choix inhabituel, celui de présenter des objets pour présenter le protestantisme : le but des pages qui suivent est d’attirer l’attention sur les objets qui ont eu dans le passé ou qui ont aujourd’hui encore une signification pour la vie religieuse des protestants d’Alsace et de Lorraine. Une liste de divers types d’objets a été établie et des explications précisant leurs caractéristiques habituelles y ont été jointes, dans le dessein de porter un témoignage sur un aspect concret du vécu de la foi, d’encourager la conservation du patrimoine protestant et de susciter des recherches futures. Initialement il était prévu de présenter tous les objets dans un même volume, mais la place disponible et l’importance de certaines notices nous ont amené à traiter ici des bâtiments cultuels –des églises-de leur architecture intérieure, du mobilier et des objets utilisés pour ce qui est appelé l’exercice public du culte. Des objets qui touchent de près ou de loin à la vie paroissiale y ont été ajoutés. Nous réservons à une publication ultérieure l’étude des objets qui ont marqué ou marquent encore la piété personnelle et familiale. Ils sont plus particulièrement témoins des traditions religieuses populaires. Évidemment certains objets, comme le livre de cantique ou l’arbre de Noël auraient pu trouver leur place dans l’une ou l’autre partie… Dans le choix des objets mentionnés nommément ou reproduits en image, il a été tenu compte des témoins les plus marquants, les plus beaux ou les plus curieux. Pourtant, il ne s’agissait pas de réaliser un livre d’art religieux, ni un volume sur les traditions religieuses populaires, ni un inventaire des curiosités mais simplement une liste méthodique accompagnée d’explications et d’images. De toute façon, un catalogue même illustré, impose des choix et conduit à des réductions inévitables. Les objets présentés dans un livre, comme lorsqu’ils figurent dans une exposition ou dans un musée, sont mutilés. Non seulement ils sont coupés de leur environnement géographique, tel un mobilier d’église sorti de l’espace cultuel, mais il leur manque surtout la présence de la communauté dans l’expression de sa piété ou de celle du croyant, qui, par ses attitudes et ses gestes, son chant et sa prière, exprime sa foi. Dans ces pages, le choix délibéré a été fait de privilégier les objets, au détriment de l’évocation de la réalité vivante du déroulement des cultes et cérémonies. Ou des traditions religieuses personnelles ou familiales. Mais il n’était pas possible de décrire simplement les objets. Il fallait encore, ne fut ce que sommairement, signaler leur raison d’être et leur mode d’utilisation. Il fallait également indiquer, cas par cas, comment ils s’inscrivent dans la vie culturelle de la communauté et dans la vie spirituelle des fidèles…/…
Le simple inventaire des richesses du patrimoine cultuel protestant [en Alsace et en Lorraine] reste à faire. Le présent travail se base en partie sur une enquête sommaire réalisée en septembre 1979 auprès des pasteurs d’Alsace et de Moselle, en vue de l’exposition « Traditions populaires et protestantisme en Alsace » présentée durant l’été 1980 à la Bibliothèque municipale de Strasbourg, et sur les renseignements glanés de ci de‑là.
- 51 COTTIN, Jérôme. Le regard et la Parole. Une théologie protestante de l’image, (Lieux théologiques, (...)
- 52 LAURENT, René. Promenade à travers les temples de France. Montpellier : Les Presses du Languedoc, 1 (...)
- 53 CABANEL, Patrick (dir.). Itinéraires protestants en Languedoc (XVIe-XXe siècle). Volume 1, Les Céve (...)
- 54 PIGNON-FELLER, Christiane. Op. cit.
- 55 GUICHARNAUD, Hélène, GUTTINGER-METTETAL, Christiane. Temples réformés et églises luthériennes de Pa (...)
29C’est aussi à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, que s’est développée une réflexion sur le rapport entre l’art et le protestantisme autour de Jérôme Cottin51. Ailleurs en France, l’intérêt patrimonial s’est davantage focalisé depuis les années 1990 sur l’architecture52 mais parfois le mobilier, plus exceptionnellement les objets, sont abordés. On peut citer pour le Languedoc les travaux de Patrick Cabanel53, pour la Moselle ceux de Christiane Pignon‑Feller54 et pour Paris ceux d’Hélène Guicharneau et Christiane Guttinger‑Mettetal55.
30Voir des objets n’est pas non plus chose aisée. La quasi-totalité des temples sont fermés. Il n’existe pas de Musée national du protestantisme et les musées du protestantisme régionaux privilégient le plus souvent les temps difficiles des XVIIe et XVIIIe siècles à l’exception de Lemé (Picardie) et de La Rochelle (Charente-Maritime). Les musées publics présentent essentiellement de la poterie d’étain (Montbéliard, Hôtel Beurnier-Rossel) ou de l’orfèvrerie (Strasbourg, Musée des arts décoratifs). Le Musée virtuel du protestantisme offre dans sa rubrique « art‑patrimoine », sur 38 notices, 12 sur le mobilier et les objets (Bibles, cloches, croix, croix huguenotes, décor de temple, médailles, méreaux, objets de la clandestinité, orgues, plats et coupes de communion, table de communion, tables de la loi, vitraux). Mais leur nombre est croissant depuis quelques années. Il faut aussi signaler la publication, au printemps 2017, d’une Belle histoire du protestantisme français, de Patrick Cabanel, à partir des plus belles pièces des musées français du protestantisme et du Musée international de la Réforme à Genève.
De l’inventaire à la rédaction d’un volume de la collection « principes et méthodes »
31Un premier travail pour la mise en place d’un vocabulaire avait été initié par le Ministère de la Culture en 1972. Un questionnaire avait été adressé à cet effet à Henri Bose alors conservateur de la bibliothèque de la SHPF. Après avoir rappelé le principe de sobriété qui convenait dans l’aménagement de tout temple, H. Bose signale dans les temples les plus anciens :
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Les bancs des anciens et ceux des diacres (c’est-à-dire de ceux qui s’occupent des collectes, des veuves, des pauvres …) situés de part et d’autre de la chaire et constituant le parquet
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une petite chaire particulière pour les chantres et pour les lecteurs de la Bible (mais cela ne se fait plus)
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Quelques fois des draps mortuaires et des porte-cercueils
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En sacristie : armoire pour les robes et rabats pastoraux
32Il précise enfin que pour les luthériens, la table de sainte cène s’appelle autel, qu’il y a des cierges et un crucifix.
33L’enquête est enrichie du recensement la même année des deux musées protestants languedociens (Mialet et Ferrières) effectué par le service régional de l’Inventaire général du Languedoc avec une campagne photographique en noir et blanc à l’appui.
- 56 PON-WILLEMSEN, Charlotte, Le patrimoine protestant, témoignage de quatre siècles de fidélité. Dans (...)
34Le projet de vocabulaire qui concernait également le patrimoine religieux juif et orthodoxe ne vit pas le jour. En 1998, le service de Poitou‑Charentes publia pour le 30e anniversaire de sa création une synthèse régionale sur les patrimoines moins connus parmi lesquels un chapitre fut consacré au patrimoine protestant56.
35Les études de l’Inventaire général du patrimoine culturel ont permis de disposer de plus de 1300 notices accessibles en ligne sur le patrimoine mobilier protestant (dont près de 1000 pour l’Alsace) auxquels s’ajoutent ceux dont les dossiers sont consultables dans les services. Le thesaurus propose moins d’une quarantaine de termes dont certains sont une simple déclinaison de ce qui existe dans d’autres confessions (porte-cercueil protestant par exemple). Les protections au titre des monuments historiques concernent un peu plus de 300 objets. Les collections des Musées de Noyon (Musée Calvin), de Pfaffenhoffen et du Mucem (lettres de baptême et souvenir de confirmation) sont également accessibles sur la base Joconde. Il est désormais possible d’avoir une vision de corpus améliorant la compréhension des variantes selon les confessions, les lieux et les époques.
36Pour mieux définir cet ensemble complexe et saisir des nuances parfois mineures aux yeux de l’observateur, il devenait nécessaire de disposer d’un outil de travail synthétique et le plus systématique possible. Aussi, les Éditions du Patrimoine ont programmé la sortie à l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme, d’un 14e volume dans la collection de référence des Principes d’analyse du patrimoine consacré à ce sujet. Il traitera au moyen de 120 notices précédées d’une introduction générale et accompagnées d’une bibliographie :
-
De l’organisation de l’espace intérieur
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De décor et de l’iconographie
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Des objets du culte et du patrimoine mobilier dans les lieux de culte (dont le Désert)
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Des objets religieux dans la vie privée
37L’ouvrage couvrira le patrimoine des cinq siècles même si ce sont surtout les deux derniers qui sont les plus abondamment pourvus en patrimoine. Il sera aussi l’occasion de recenser les usages et les pratiques ainsi que leur évolution dans le temps et dans l’espace, sujet d’autant plus sensible que la fusion des églises réformée et luthérienne dans l’EPuf (Église protestante unifiée de France) pourrait aboutir à un certain nivellement et à l’oubli de plusieurs usages. Il prendra également en compte le patrimoine moins connu des Églises protestantes plus récentes dans l’histoire religieuse (baptiste, Armée du Salut …).
Notes
1 C’est vrai surtout dans les paroisses luthériennes
2 Dans les paroisses réformées.
3 La chiesa valdese ayant rejoint l’Église réformée.
4 GROSSE, Christian. « L’esthétique du chant dans la piété calviniste aux premiers temps de la Réforme (1536-1545) », Revue de l’histoire des religions, 2010/1, p. 13-31.
5 Luther WA 31/1, p. 406, dans REYMOND, Bernard. « La table de communion des réformés : emplacement, forme, signification théologique, Du dispositif luthérien à l'originalité du dispositif zwinglien », Études théologiques et religieuses, Montpellier, 2007-4 (t. 82), p. 495.
6 REYMOND, 2007, op. cit., p. 493-520.
7 LERCH, Charles-Henri. « L’orfèvrerie civile et religieuse et les orfèvres de Montbéliard du XVIe au XVIIIe siècle ». Bulletin et mémoires de la Société d’Émulation de Montbéliard, 1964, vol. 63, p. 39-48.
8 LEVRAULT, François-Georges. Liturgie, ou Manière de célébrer le service divin : dans les églises de l'ancienne principauté de Montbéliard, du Ban de la Roche et de Paris (Confession d'Augsbourg). Strasbourg : F.G. Levrault, 1844.
9 ROUX, Mathieu-Jean-François. Liturgie en usage dans les églises réformées de France, revue et augmentée de services religieux, et de prières pour les solennités, et pour tous les cas, toutes les circonstances extraordinaires qui peuvent se présenter pour l'église. Uzès, chez Louis George, imprimeur-libraire et éditeur. An 1826.
10 Une exception dans le fonds Oberlin (Waldersbach (Bas-Rhin), musée Oberlin) ; 3/16 « Inventaire des objets liturgiques, registres paroissiaux et autres documents remis à Ernest Henri Stoeber par son prédécesseur le pasteur Stuber en 1754 ».
11 AD 55 146 J 23 : Registre du conseil presbytéral 1856-1906.
12 Ibidem.
13 Les Juifs et la Lorraine. Un millénaire d'histoire partagée. Catalogue d’exposition. [Nancy : Musée Lorrain. 9 juin au 21 septembre 2009].Dir. DECOMPS, Claire / MOINET, Éric. Paris : Somogy éditions d'art, 2009.
14 FRITZ, Johann-Michael. « Continuité surprenante : œuvres d'art du Moyen Age conservées dans les églises protestantes en Allemagne ». Dans Iconographica. Mélanges offerts à Piotr Skubiszewski (Hrsg. R. Favreau, M.-H. Debiès), Poitiers, 1999, S. 102–108. Civilisation médiévale VII. Université de Poitiers, Centre d'Études supérieur de Civilisation médiévale. FRITZ Johann-Michael. Das evangelische Abendmahlsgerät in Deutschland vom Mittelalter zum Ende des alten Reichers, 2004, 584 p.
15 Calvin, Institution chrétienne, III, XX, 30.
16 REYMOND, Bernard. La porte des cieux, architecture des temples protestants. Lausanne, presses polytechniques et universitaire romandes, 2015, p. 48.
17 GRANDJEAN, Marcel. « Les Temples Vaudois, l’architecture réformée dans le Pays de Vaud (1536-1798) », Bibliothèque historique vaudoise, 1988, n° 89, Lausanne.
18 Voir à ce sujet l’ouvrage suivant : PIGNON-FELLER Christiane. Architecture protestante, Moselle XVIIe–XXe siècles. Metz, éd. Serpenoise, 2006.
19 JOUTARD, Philippe, dans BENEDICT, Philip, DAUSSY, Hugues, LECHOT, Pierre-Olivier (dir). L’Identité huguenote, faire mémoire et écrire l’histoire (XVI-XXIe siècle). Genève, édition Droz, 2014, (Publications de l’association suisse pour l’histoire du refuge huguenot, vol. 9), p. 629.
20 L’harmonium est diffusé à partir de 1843, année du dépôt du brevet.
21 BSHPF, 1855, p. 7.
22 Jeton d’accès à la sainte cène.
23 Ibidem, p. 60 à propos de l’histoire de l’Église de Rouen.
24 Ibidem, p. 395.
25 BSHPF, 1883, p. 13.
26 BSHPF, 1927, p. 493-494, par Franck Berton.
27 BSHPF, 1932, p. 420.
28 En 1908, p. 563, mentionne le don à la Bibliothèque de la SHPF.
29 Valérie Sottocasa, « Mémoires emboîtées, mémoires sédimentées », dans BENEDICT Philip, DAUSSY, Hugues, LECHOT, Pierre-Olivier (dir). L’Identité huguenote, faire mémoire et écrire l’histoire (XVI-XXIe siècle). Genève, édition Droz, 2014, 660 p. (Publications de l’association suisse pour l’histoire du refuge huguenot, volume 9), p. 258.
30 BSHPF, 1929, p. 172.
31 BSHPF, 1903, p. 339-341.
32 SPICAR, Andrew. « Huguenot identity in Victorian Britain », dans BENEDICT, op. cit., p. 419-421.
33 Repris par le BHSPF, 1911.
34 BSHPF, 1913, p. 479.
35 Source : geanet et BSHPF 1925, 3e de couverture.
36 FLURI, Adolf. « Die Kirchengeräte des Münster in nachreformatorischer Zeit » in Der Münsterausbau in Bern, Jahresbericht des Münsterbauverein, 1928, 23, p. 3-47.
37 KOCH, Rudolf. Das Kirchengerät im evangelischen Gottesdienst. Hambourg, Argentur des Rauhen Hauses, 1935, 30 p.
38 BUCHHOLZ, Friedrich. « Die Abendmahlsgeräte und der Abendmahlsaltar », dans : Kirche und Liturgie 3, 1936, n° 3-4, p. 32-39.
39 STOKAR, Karl. Liturgisches Gerät des Züricher Kirchen vom 16. bis 19. Jahrhundert. Typologie und Katalog. Zürich, 1981 (Mitteilungen des Antiquarischen Gesellschaft in Zürich, 50/2), 1991, p. 35-57.
40 MAI, Hartmut. Des evangelische Kanzelaltar. Geschichte und Deutung. Halle, 1969, 316 p.
41 HILBER, Paul Dr. « Deux siècles d’orfèvrerie religieuse à Fribourg ». Archives de la Société d’Histoire du Canton de Fribourg, t. VII, 1918 et Scheffler Wolfgang, Vasa Sacra aus fünf Jahrhunderten, Geborgenes und Erworbenes Kulturgut im Archiv der Evangelischen Kirche der Union. Ein Katalog mit Aufnahmen von Heide Marie Moll u.a., Berlin : Evangelisches Zentralarchiv in Berlin, 1984.
42 Trésor d’art religieux en Pays de Vaud. Catalogue de l’exposition. Musée historique de l’ancien évêché, Lausanne, 1982.
43 GRANDJEAN, Marcel. Op. cit.
44 REYMOND, Bernard. L'architecture religieuse des protestants : histoire, caractéristiques, problèmes. Genève : Labor et Fides, 1996, 296 p.
45 REYMOND, Bernard. « Du sacrifice de la messe à la convivialité de la Cène ou la Réforme vue sous l’angle des rituels ». Études théologiques et religieuses, Montpellier, 2001, p. 357-370. Id. La table de communion des réformés, op. cit.
46 REYMOND, Bernard. « les chaires réformées et leurs couronnements ». Études théologiques et religieuses, Montpellier, 1999, 1, p. 35-49.
47 REYMOND, Bernard. « La réforme et les fonts baptismaux, Du dispositif luthérien à l'originalité du dispositif zwinglien ». Études théologiques et religieuses, Montpellier, 2014-1 (t. 89), p. 57-67.
48 LERCH, Charles-Henri, op. cit.
49 Deux siècles d’orfèvrerie à Strasbourg, XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du Musée des Arts décoratifs. Strasbourg, édition des Musées de Strasbourg, 2004.
50 KOCH, Gustave, LIENHARD, Marc. Présence protestante en Alsace, Les Protestants d’Alsace : du vécu au sensible, Strasbourg : Oberlin ; Wettolsheim : Mars et Mercure, 1985, p. 65-66.
51 COTTIN, Jérôme. Le regard et la Parole. Une théologie protestante de l’image, (Lieux théologiques, 25), Genève, Labor et Fides, 1994, 342 p.
52 LAURENT, René. Promenade à travers les temples de France. Montpellier : Les Presses du Languedoc, 1996, 519 p.
53 CABANEL, Patrick (dir.). Itinéraires protestants en Languedoc (XVIe-XXe siècle). Volume 1, Les Cévennes ; volume 2, l’espace gardois ; volume 3, l’Hérault, Rouergue, Aude et Roussillon, Montpellier, presse du Languedoc, 1998-2000. Du même auteur, Voyages en religions, histoire des lieux de culte en Languedoc et Roussillon. Nouvelles Presses du Languedoc, 2007, 414 p.
54 PIGNON-FELLER, Christiane. Op. cit.
55 GUICHARNAUD, Hélène, GUTTINGER-METTETAL, Christiane. Temples réformés et églises luthériennes de Paris, Paris, édition de la Voix protestante, 2013, 164 p.
56 PON-WILLEMSEN, Charlotte, Le patrimoine protestant, témoignage de quatre siècles de fidélité. Dans Patrimoine de Poitou-Charentes. Inventaire général, ADAGP, C.P.P.P.C, Poitiers, 1998, p. 17-63.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Fig. 1 |
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Légende | Nilvange (Moselle), coupe de sainte cène |
Crédits | © Alain George |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
Titre | Fig. 2 |
Légende | Nancy (Meurthe-et-Moselle), stalle pastorale |
Crédits | Ludovic Gury © Région Grand Est-inventaire général |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 196k |
Titre | Fig. 3 |
Légende | Nouvel-Avricourt (Meurthe-et-Moselle), aiguière servant à la sainte cène et au baptême, production allemande de la région d’Hambourg |
Crédits | Bertrand Drapier © Région Grand Est-inventaire général |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 108k |
Titre | Fig. 4 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; carapace de tortue ayant servi pour les baptêmes du désert |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 56k |
Titre | Fig. 5 |
Légende | Nancy (Meurthe-et-Moselle), autel |
Crédits | Ludovic Gury © Région Grand Est-inventaire général |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 456k |
Titre | Fig. 6 |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
Légende | Nancy (Meurthe-et-Moselle), médaille du tricentenaire de la réforme, 1817, coll. Part |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
Titre | Fig. 7 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; méreaux |
Crédits | Bertrand Drapier © Région Grand Est-inventaire général |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 144k |
Titre | Fig. 8 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; parapluie de berger considéré un temps comme « parasol pour les assemblées » |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 88k |
Titre | Fig. 9 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; planche de croix huguenotes |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 276k |
Titre | Fig. 10 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; coupe du désert |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 128k |
Titre | Fig. 11 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; moule des méreaux |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 132k |
Titre | Fig. 12 |
Légende | Mialet (Gard), musée du Désert ; lanterne dite du désert |
Crédits | M. Kérignard © Inventaire général Occitanie |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/1589/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 92k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Mireille-Bénédicte Bouvet, « Un volume des principes d’analyse consacré au patrimoine protestant : publication prévue en 2017 », Patrimoines du Sud [En ligne], 5 | 2017, mis en ligne le 01 mars 2017, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/1589 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.1589
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