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Dossier - La peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours
Valorisation

Heraldica Domestica : un projet de numérisation et de valorisation des armoiries dans les plafonds peints médiévaux en Occitanie

Heraldica Domestica: a project to digitize and enhance coats of arms in medieval painted ceilings in the Occitanie Region of France.
Valérie Dumoulin et Marion Ortiz

Résumés

En 2022, l’association internationale de Recherche sur les Charpentes et Plafonds peints médiévaux (RCPPM) participe au programme national de numérisation et de valorisation des contenus culturels (PNV) lancé par la DRAC Occitanie. Dans le cadre de cette initiative, le projet Heraldica Domestica a été mis en place pour proposer un inventaire et une étude des armoiries peintes sur les plafonds de la région. Ce travail a été mené avec deux objectifs principaux : l’un destiné à la sauvegarde de la photothèque de la RCPPM avec la collaboration du service de la Connaissance et de l’Inventaire des patrimoines de la région Occitanie, et la contribution à la base de données de l’Armorial monumental du Moyen Âge (ARMMA) ; l’autre à produire des contenus destinés à valoriser ce patrimoine à la fois sur internet et par la création de dossiers à destination des groupes scolaires.

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Texte intégral

1Le décor domestique, dont le but premier est d’orner une demeure, constitue un marqueur social mettant en valeur le statut du propriétaire en témoignant de la richesse de ce dernier. En parallèle du programme architectural, il peut ainsi révéler trois types « d’identité » : celle de l’appartenance d’une personne à un milieu social, celle de son appartenance à groupe familial, à une « maison », et celle mettant en scène l’identité propre du commanditaire.

2Majoritairement présents sur le pourtour méditerranéen, les charpentes et les plafonds peints médiévaux constituent un support privilégié du développement et de la diffusion des armoiries. Lancé à la fin de l’année 2021 par l’association internationale de Recherche sur les Charpentes et Plafonds peints médiévaux (RCPPM), le projet Heraldica Domestica s’inscrit dans le programme national de numérisation et de valorisation des contenus culturels (PNV) financé par la DRAC Occitanie. Il s’articule en deux axes : un axe de recherche consistant à rassembler et indexer la photothèque de la RCPPM avec pour enjeu principal l’étude des armoiries, puis un axe de valorisation avec la création de contenus destinés au grand public. Cet article a pour but de proposer une synthèse des actions menées et d’effectuer un premier bilan du projet.

Le projet Heraldica Domestica

État du sujet

  • 1 DITTMAR, 2011, p. 15.
  • 2 LANGLOIS, SARRET, 2021
  • 3 HILTMANN, 2017, p. 568.
  • 4 MACÉ, 2018.
  • 5 HABLOT, 2019.

3Les plafonds peints ont pour particularité d’être des supports monumentaux tridimensionnels aux volumes variés. Ils reçoivent une diversité d’images où s’entremêlent bestiaire, scènes transgressives, figuration humaine, écriture et emblèmes. Les armoiries y sont omniprésentes. Cette concentration d’images développées en majorité dans des espaces domestiques fait écho pour Pierre-Olivier Dittmar au réseau social Facebook1. Sur son « mur » virtuel, l’utilisateur se met en scène en affichant ses centres d’intérêts, ses influences et ses amis. Au Moyen Âge, c’est la même chose : le plafond sert à montrer la culture visuelle du commanditaire, mais également son entourage, son réseau relationnel et politique, qu’il soit réel ou fictif2, témoignant d’une culture générale partagée par tous3. À la différence des autres thèmes iconographiques, les armoiries revêtent une dimension symbolique particulière. Tout comme un sceau appendu au bas d’une charte atteste de la présence physique du signataire4, les écus peints sur les closoirs des plafonds ne sont pas seulement un « Who’s who ? » médiéval, mais manifestent la présence physique des personnages. Les écus rendent par conséquent tangible la présence de leurs possesseurs. Comme l’écrit Laurent Hablot : « l’écu armorié existe pour celui qui l’utilise in absentia. À ce titre, il peut signifier la présence virtuelle de son titulaire, être couronné comme la tête même du prince, être vêtu de deuil, être jugé et diffamé par contumace (jugé par un juge en l’absence du condamné) »5.

  • 6 PEYRON, 1977.
  • 7 MÉRINDOL, 2000 ; MÉRINDOL, 1998.
  • 8 PÉREZ-SIMON, 2023
  • 9 MÉRINDOL, 2013, p. 78.

4Outre la dimension symbolique des images qui les décorent, les plafonds sont des supports hiérarchisés. Chaque élément qui compose une charpente induit une hiérarchisation spatiale au sein de la salle que couvre le plafond mais aussi au sein même de la structure de la charpente. Il est donc nécessaire d’étudier la construction et les formes de chaque composant pour appréhender au mieux les images qui les décorent. Les travaux fondateurs de Jacques Peyron6 et de Christian de Mérindol7 ont permis d’identifier de nombreuses armoiries et les commanditaires de ces plafonds par le croisement des sources, et d’analyser les programmes héraldiques développés sur ces ensembles en tenant compte des axes de lecture de chaque salle8. En effet, l’héraldique permet de faire une analyse détaillée de ces plafonds. Un plafond armorié est un armorial en lui-même : il reflète généralement le réseau relationnel et familial du propriétaire de la maison, commanditaire du décor peint, mais peut aussi évoquer un événement historique précis ou indiquer la fonction de la pièce. Dans la salle de justice de la Maison des chevaliers à Pont-Saint-Esprit (Gard), par exemple, l’écu du juge royal se trouve au-dessus de l’emplacement où celui-ci devait se tenir pour exercer la justice (fig. 1)9. Toute une société est donc présente au-dessus de nos têtes, lorsque nous étudions les plafonds peints.

Fig. 1

Fig. 1

Pont-Saint-Esprit (Gard), maison Piolenc dite des Chevaliers (actuel Musée d’art sacré du Gard). Détail de la poutre faîtière au-dessus de la cheminée de la salle de justice.

© Lannie Rollins

Les enjeux du projet

  • 10 Nous remercions Georges Puchal pour son travail sur le terrain mené depuis plusieurs années, indisp (...)

5Depuis sa création en 2008, la RCPPM veille à la connaissance et à la sauvegarde de ce patrimoine. Le projet s’appuie sur le constat que les plafonds médiévaux sont encore peu connus du grand public et du fait de leur nature, leur accès en est restreint ; une grande partie se trouvant au sein de propriétés privées. Depuis 2011, l’association a réalisé des campagnes photographiques en haute définition de nombreux ensembles formant un fonds documentaire inédit et qui a pour particularité de réunir à la fois des photographies d’ensemble de plafond, et de très nombreuses prises de vues individuelles de chaque closoir10. Ce fonds se compose de plus de 2500 closoirs, dont au moins 350 armoiries uniques. Ainsi, le projet a pour premier objectif de garantir la pérennité de la photothèque et d’en permettre l’exploitation sur des bases de données dédiées, telles que Mérimée et Palissy avec le concours du service de la Connaissance et de l’Inventaire des patrimoines de la région Occitanie. L’objectif est également de compléter la cartographie de l’Armorial monumental du Moyen Âge (ARMMA) afin de permettre sur le long terme une lecture nationale de cette production dans l’intérêt de procéder à une approche exhaustive du sujet. Par cette démarche, l’ensemble des notices réalisées propose une étude actualisée de différents plafonds et charpentes situés dans les limites géographiques actuelles de la région Occitanie. Ce travail est mis à disposition des chercheurs et du public.

6À partir de ce travail, s’ajoute la production de contenus destinés à la valorisation de ce patrimoine par l’enrichissement du site internet de l’association, avec la création d’un espace dédié, et la conception d’un livret et d’un dossier pédagogique à destination du jeune public et des groupes scolaires.

Les limites du sujet

  • 11 Une approche pluridisciplinaire est alors indispensable pour la compréhension de ces décors. Les an (...)
  • 12 BOULARAND, GUILLON, VALLET, 2018.
  • 13 ORTIZ, 2021, p. 39.

7L’étude des armoiries présente plusieurs difficultés. La première est directement liée à l’état de conservation des peintures, en particulier la disparition de certains pigments, le plus souvent le jaune et le blanc, rendant la lecture des couleurs des armoiries difficiles11. Certains cas attestent également de pigments altérés, noircis, comme à l’ancien plafond de la maison du viguier à Puisserguier12 (Hérault) (fig. 2). D’autre part, l’encrassement par la suie de la couche picturale (fig. 3) ou encore les dégradations causées par des dégâts des eaux (fig. 4) rendent certaines armoiries partiellement ou en totalité illisibles. Des dégradations volontaires sont aussi notables dans quelques rares exemples, tel qu’au château de Pomas (Aude) où des meubles ont été grattés probablement dans une volonté de marquer le changement de propriétaire des lieux13, ou encore sur les pannes de la charpente de l’église Saint-Paul à Frontignan (Hérault) en partie repeintes ou recouvertes d’un badigeon (fig. 5). Les avancées technologiques tant dans les analyses physico-chimiques que l’imagerie numérique, notamment l’infrarouge, permettent aujourd’hui de combler certaines de ces lacunes et d’apporter des informations supplémentaires sur cette production picturale.

Fig. 2

Fig. 2

Puisserguier (Hérault), maison du viguier. Closoir avec l’écu armorié de Georges d’Amboise, où les pals d’or (jaune) ont noirci. Photographie réalisée avant restauration.

© Frédéric Fiore

Fig. 3

Fig. 3

Saint-Pons-de-Mauchiens (Hérault), maison des consuls. Écu d’archevêque entièrement recouvert de suie.

© Georges Puchal RCPPM

Fig. 4

Fig. 4

Lagrasse (Aude), maison rue Foy. La couche picturale du closoir a été en partie altérée par des coulures d’eau. Jean-Louis Bernat

© Archives départementales de l’Aude

Fig. 5

Fig. 5

Frontignan (Hérault), église Saint-Paul. Détail d’une panne repeinte.

© Georges Puchal RCPPM

  • 14 PEYRON, 1978.
  • 15 PASTOUREAU, 2008, p. 241.

8La deuxième difficulté a été de parvenir à proposer des identifications d’armoiries en raison de la disparité, voire de l’absence de sources héraldiques. En effet, aucun armorial médiéval n’est conservé pour le Languedoc, rendant de fait difficile la connaissance des armoiries des familles de cette région. D’autre part, comme l’évoquait déjà Jacques Peyron, le manque d’informations sur les généalogies des familles languedociennes persiste14. À cela s’ajoute la nature même du sujet. Les armoiries connaissent de nombreuses évolutions au sein d’une même famille, voire pour un même individu au cours de sa vie. Ces changements nous échappent dans de nombreux cas, limitant notre capacité à identifier certaines armes15.

9Enfin, l’exploitation de ce fonds documentaire a également posé des difficultés sur le plan juridique. En effet, une partie des ensembles sont conservés au sein de propriétés privées ; il est indispensable d’obtenir auprès d’eux les droits de diffusion des images. Or, certaines campagnes menées depuis 2011 ont été réalisées dans un cadre principalement dédié à la recherche ; les photos n’étant pas initialement destinées à des publications, les droits de diffusion n’avaient pas été demandés. Il a fallu les acquérir. Pour les ensembles privés pour lesquels nous sommes restés sans réponse, un archivage a été réalisé mais avec un accès restreint aux images.

L’indexation

10Un premier corpus a été établi à partir de la photothèque de la RCPPM. Il inclut un ensemble d’armoiries issues de différents plafonds et charpentes, complets ou fragmentaires, datés d’entre le début du XIIIe siècle et la première moitié du XVIe siècle. Ce corpus se compose d’ensembles connus, qui ont pu faire l’objet de plusieurs études, mais n’ayant jamais été analysés dans une perspective plus large de l’utilisation de l’emblématique. Sont également inclus des ensembles inédits, qui permettront d’apporter une lecture supplémentaire à la connaissance de cette production. L’indexation s’est déroulée en deux étapes avec des objectifs distincts.

L’archivage de la photothèque

11La première étape a été de faire un état de la photothèque de la RCPPM avec un inventaire des campagnes photographiques réalisées (lieux, nombres de clichés, dates de prise de vue, auteurs). L’indexation de la photothèque s’est effectuée en collaboration avec le service de la Connaissance et de l’Inventaire des Patrimoines de la région Occitanie afin de garantir sa pérennité. Jusqu’à présent elle ne bénéficiait d’aucun système d’archivage. Dans le prolongement d’un travail de sauvegarde entrepris fin 2020, environ 1 000 photos ont aujourd’hui été déposées dans la base Illustration (fig. 6). Toutefois, l’entièreté de cette collection n’a pu encore faire l’objet de notices dans la base Palissy, faute de temps. En effet, La plupart des plafonds ne comportant pas seulement un décor armorié, des études plus approfondies de leur programme iconographique restent à mener et sont nécessaires pour en comprendre le sens complet.

Fig. 6

Fig. 6

Corpus photographiques archivé dans la base Illustration en octobre 2022.

© Marion Ortiz RCPPM

12Néanmoins, l’intégration des photos dans la base Illustration a nécessité de rassembler des informations complémentaires à celles de l’inventaire de la photothèque. Pour chaque ensemble, les closoirs ont été numérotés selon leur emplacement topographique au sein du plafond. Le protocole, établi par la RCPPM, a pour but de localiser le closoir dans le plafond afin d’en faciliter l’étude en évitant tout caractère interprétatif qui conduirait à privilégier un sens de lecture plutôt qu’un autre. Elle se fait selon le sens de lecture du plan orienté d’un plafond, c’est-à-dire de haut en bas et de gauche à droite (selon les points cardinaux nord-sud et ouest-est). Les closoirs sont indiqués tout d’abord par le numéro de la poutre ou du caisson (en chiffre romain), puis par la face de la poutre (avec a pour la face nord ou ouest et b pour la face sud ou est), et enfin par leur numéro sur la poutre (en chiffre arabe). Lorsque le plafond se compose de plusieurs étages de closoirs, il est précisé l’emplacement par « haut, milieu, bas ». L’ensemble des photos de closoirs, qui constituent la majorité des clichés, a été légendé selon cette méthode. S’y est ajoutée une description, voire une identification succincte de la scène représentée.

L’étude des plafonds peints

  • 16 Nous tenons à remercier Messieurs Laurent Hablot et Matteo Ferrari pour leur confiance et leurs nom (...)

13Le choix a été fait de commencer l’exploitation de ce fonds documentaire en concentrant l’attention sur les armoiries, car celles-ci constituent un des thèmes iconographiques les plus importants au sein des plafonds peints médiévaux. Les notices ont été rédigées sur la base de données ARMMA, codirigée par Laurent Hablot et Matteo Ferrari16. La collaboration entre l’équipe ARMMA et la RCPPM repose sur un intérêt commun  : compléter la cartographie de l’armorial monumental en raison de l’absence de représentation du grand sud. Le travail présenté dans cet article constitue les premières notices d’Occitanie (fig. 7 et 8). Ce volet plafond peint a été lancé parallèlement au volet occitan, consacré à un patrimoine régional plus large, effectué par Emmanuel Moureau, chargé de protection à la conservation régionale des Monuments Historiques (DRAC Occitanie). À travers Heraldica Domestica, la RCPPM a conduit un premier travail d’inventaire, pour lequel il reste de nombreux ensembles à étudier. Aujourd’hui, nous estimons à un peu plus de quarante plafonds peints armoriés en région Occitanie allant du XIIIe siècle au début du XVIe siècle.

Fig. 7

Fig. 7

Carte ARMMA en décembre 2021.

© ARMMA

Fig. 8

Fig. 8

Carte ARMMA en septembre 2022.

© ARMMA

14Au total, les notices de 7 plafonds ont été réalisées. Celles-ci prennent la forme d’articles composés pour chaque ensemble d’une partie sur le contexte historique et architectural de l’édifice, puis d’une étude héraldique du décor. Celle-ci a pour but de présenter l’ensemble des éléments armoriés avec mention de leur emplacement lorsqu’il est connu, l’identification et l’analyse du décor ainsi que sa fonction. Chaque notice est accompagnée d’un plan pour les ensembles conservés in situ où sont localisées les armoiries pour permettre une meilleure compréhension et visualisation des peintures. Le but est de répondre à la difficulté que présente la restitution d’un décor monumental. À cela s’ajoutent les unités héraldiques qui reprennent l’inventaire de chaque armoirie recensée dans l’édifice avec son blasonnement, son attribution, les éléments extérieurs à l’écu, son emplacement etc. Chacune de ces unités est accompagnée d’une reconstitution graphique de l’armoirie, permettant une meilleure lisibilité des couleurs et des meubles, notamment dans le cas d’armoiries lessivées, grattées, ou encore recouvertes de suie mais partiellement connues grâce à l’imagerie numérique telle que l’infrarouge. Ce travail de recherche a rencontré certaines limites qui s’expliquent par les problèmes d’historiographie du sujet, car de nombreuses armoiries ont fait l’objet d’identifications approximatives ou nécessitant des vérifications plus approfondies faute de sources mentionnées. L’ensemble des notices rassemble au total 88 armoiries.

15Les notices réalisées permettent d’effectuer des recherches par index et par thématique, par région, par armoiries et meubles héraldiques. L’intérêt est de faciliter à terme l’identification d’armoiries et d’observer les occurrences. Cette partie du projet s’adresse avant tout aux chercheurs et aux étudiants par l’enrichissement des bases de données qui mettent à disposition un corpus d’images inédites et leur étude, mais aussi par la collaboration à la réalisation d’un armorial occitan, qui peut être utilisé, dans le cadre d’études comparatives, pour identifier des commanditaires, des personnalités politiques ou religieuses locales et par extension leurs réseaux de sociabilité.

La valorisation

16Le travail d’indexation réalisé a servi de base à la création de contenus destinés à la valorisation des plafonds peints et des armoiries. Il permet la mise en place du deuxième axe du projet, organisé en deux parties : l’animation du site internet de la RCPPM et la création d’un dossier pédagogique et d’un livret pour le jeune public.

La création d’une page dédiée sur le site web

17Le projet Heraldica Domestica a été l’occasion d’alimenter le site internet de la RCPPM avec la création d’un nouvel onglet consacré à l’héraldique. Il se compose de cinq pages. La première regroupe une présentation des bases de la science des armoiries et son application aux plafonds peints. La deuxième rassemble l’ensemble des publications réalisées dans le cadre des Armoiries du mois. Créée en novembre 2020, cette rubrique se compose d’articles publiés le premier vendredi de chaque mois, mettant en avant un closoir armorié accompagné d’une courte biographie sur le personnage représenté. Ces articles sont relayés sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, avec les hashtags #LeClosoirduMois et #LesArmoiriesduVendredi, créés par Valérie Dumoulin. Ces premiers essais de valorisation ont donc été poursuivis et rassemblent en janvier 2023 un total de 17 articles.

18La troisième page a pour objectif de publier des articles scientifiques sur la question des plafonds armoriés. Est disponible une étude sur le plafond peint des Faure-de-Vercors, co-écrit par Jacques Planchon (Conservateur du musée d’histoire et d’archéologie de Die et du Diois, membre associé au laboratoire ArAr / UMR5138) et Vincent Ollier (Restaurateur, Atelier Techné-Art, Jaillans (Drôme)). L’intérêt de cette page est de proposer des études scientifiques accessibles en ligne sur un objet d’étude spécifique au-delà des limites géographiques de l’Occitanie. Un article sur les plafonds de l’ancien presbytère de Lagrasse rédigé par Gauthier Langlois et Jean-Pierre Sarret est à paraître.

19La quatrième page présente le projet Heraldica Domestica et rassemble l’ensemble des notices accessibles en ligne. Cette liste est destinée à être mise à jour régulièrement.

20Enfin, la dernière page, nommée Le coin des « super hérauts », s’adresse au jeune public où un livret présenté ci-après peut être téléchargé.

Les dossiers pédagogiques

21En complément des nouvelles rubriques du site internet de la RCPPM, deux dossiers téléchargeables ont été réalisés pour le public. Le premier est un dossier pédagogique destiné aux enseignants qui souhaiteraient réaliser des activités transversales en complément du programme de l’Éducation nationale (fig. 9). Il s’organise en deux principaux chapitres. Le premier a pour objectif de présenter les plafonds peints médiévaux, leur construction, les images qui les décorent et l’intérêt qu’ils présentent pour les chercheurs et les conservateurs du patrimoine. Les élèves seront ainsi sensibilisés à leur sauvegarde et à leur histoire. Le second chapitre a pour but d’initier les élèves à l’héraldique, c’est-à-dire à l’étude des armoiries. En s’immergeant dans la société médiévale, l’élève est amené à acquérir des connaissances sur la culture visuelle et matérielle du Moyen Âge.

22Pour ce faire, le dossier propose plusieurs activités permettant à l’élève de mettre en application les connaissances acquises de façon ludique : coloriage d’armoiries pour apprendre les termes du blason, création de sa propre armoirie en tant qu’image de sa personne, permettant une appropriation des codes iconographiques et stylistiques de l’art médiéval. Le dossier est complété de deux glossaires : l’un dépliable, regroupe les principaux termes nécessaires à la langue du blason ; le second, propose des définitions terminologiques pour une meilleure compréhension du dossier. En plus de ce dossier, un livret à destination de l’élève est à imprimer (fig. 10). Il est mis à disposition sur le site internet de la RCPPM et sur la clef USB de la mallette héraldique. Celle-ci contient également une diapositive servant de support de cours à l’enseignant ou à un intervenant RCPPM. La mallette pourra également être utilisée par tout service éducatif de communauté de communes le désirant et lors des journées de rencontres de l’association.

Fig. 9

Fig. 9

Dossier pédagogique destiné aux enseignants.

© Marion Ortiz RCPPM

Fig. 10

Fig. 10

Livret à destination du jeune public et des scolaires.

© Marion Ortiz RCPPM

Conclusion

  • 17 BOURIN, DITTMAR, 2018, p. 24-25.

23Le projet Heraldica Domestica a permis de démontrer la nécessité d’entreprendre un travail d’envergure autour des armoiries dans les plafonds peints d’Occitanie. Au-delà du besoin de prolonger les recherches entreprises par Jacques Peyron et Christian de Mérindol, il y a la nécessité de rendre ce patrimoine accessible aux chercheurs et au grand public. Ceci passe par la participation et la contribution de la RCPPM et de jeunes chercheurs à des bases de données collaboratives destinées à inventorier le patrimoine sur une échelle nationale, voire internationale, afin de garantir d’une part une pérennité des données récoltées par l’association, et d’autre part d’entreprendre une réflexion globale des phénomènes de représentation de la persona et de l’identité dans l’architecture civile et religieuse sur le temps long. Ainsi, à terme, une analyse comparative de l’ensemble de cette production pourra être menée dans le souhait de comprendre le développement de ces formes de représentation à l’échelle d’un territoire donné et d’étudier les moyens d’auto-représentation des nouvelles classes sociales (élite marchande, familles récemment anoblies), en particulier à la fin du Moyen Âge. Plus largement, une prise en compte de l’ensemble de l’emblématique présent sur les plafonds médiévaux, en particulier les marques dites de marchands17, apporterait des informations complémentaires à l’histoire de cette production.

24Au-delà du projet, la recherche et les activités de la RCPPM connaissent un rayonnement : de nouveaux plafonds sont découverts et restent à étudier, avec des armoiries à identifier et à analyser. Une étude des réseaux de sociabilité encore peu exploités est à réaliser. À côté de la recherche exclusive aux plafonds peints, les liens entre cette production et les décors monumentaux en particulier la peinture murale sont à enrichir. Du côté de la valorisation, des actions de sensibilisation restent à effectuer auprès du public, que ce soit autour des plafonds peints de manière générale, ou plus spécifiquement sur l’héraldique.

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Bibliographie

BOURIN, Monique et DITTMAR, Pierre-Olivier. Ouverture. Les identités sociales dans le décor des plafonds peints languedociens. In BARTHOLEYNS, Gil, BOURIN, Monique et DITTMAR, Pierre-Olivier (dir.), Images de soi dans l’univers domestique. XIIIe-XVIe siècle. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2018, (collection Art & Société).

BOULARAND, Sarah, GUILLON, Odile et VALLET, Jean-Marc. Matière altérée, couleurs modifiées : apports des techniques analytiques et d’imagerie pour la compréhension des décors originaux sur les plafonds peints médiévaux, l’exemple de la maison du viguier à Puisserguier. Patrimoines du Sud [En ligne], 7 | 2018.

DITTMAR, Pierre-Olivier. Des images au plafond. Une source exceptionnelle sur la naissance de la culture visuelle. Bulletin des amis de Montagnac, 2011, 82, p. 7-16.

HABLOT, Laurent. Manuel d’héraldique et d’emblématique médiévale. Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2019.

HILTMANN, Torsten. L’héraldique dans l’espace domestique. Perspectives historiques sur les armoiries et le décor héraldique dans l’espace profane (espace germanique, XIIIe-XVIe siècle). Le Moyen Âge, 2017, t. CXXIII, p. 527-570.

LANGLOIS, Gauthier, SARRET, Jean-Pierre. Afficher son imaginaire et son réseau social en 1492 : le programme iconographique et héraldique des plafonds de la maison du camérier Audoin d’Abzac à Lagrasse (Aude). Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, t. CXXI, 2021, p. 103-130.

MACÉ, Laurent. La majesté et la croix : les sceaux de la maison des comtes de Toulouse (XIIe-XIIIe siècle). Toulouse : Presses universitaires du Midi, 2018.

MÉRINDOL, Christian (de). Images du royaume de France au Moyen Âge : décors monumentaux peints et armoriés. [Pont-Saint-Esprit] : Conseil général du Gard, 2013.

MÉRINDOL, Christian (de). La maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit. Tome 2, Les décors peints : corpus des décors monumentaux peints et armoriés du Moyen Âge en France. Pont-Saint-Esprit : Musée d’art sacré du Gard, 2000.

MÉRINDOL, Christian (de). Murs et plafonds peints à la fin de l’époque médiévale. L’état de la question et première synthèse. In [colloque, Rouen, 1997] Château et société castrale au Moyen Âge. Rouen : Publications de l’Université de Rouen, 1998.

ORTIZ, Marion. Les plafonds peints du château de Pomas (Aude). Mémoire de Master 2 sous la direction de V. Czerniak, Toulouse, Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès, 2021.

PASTOUREAU, Michel. Traité d’héraldique, 5e édition. Paris : Picard, 2008.

PÉREZ-SIMON. Maud, Spatialisation des mots et des images sur les plafonds peints du Moyen Âge, La Part de l’œil, 2023, 37, p. 148-171.

PEYRON, Jacques. À l’aube de la Renaissance  : le plafond peint de Pomas (Aude). Menestral, l’art des pays d’oc, 1978, p. 7‑11.

PEYRON, Jacques. Les plafonds peints gothiques en Languedoc, Thèse de 3e cycle sous la direction de J. Bousquet. Montpellier, Université Montpellier Paul-Valéry, 1977.

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Notes

1 DITTMAR, 2011, p. 15.

2 LANGLOIS, SARRET, 2021

3 HILTMANN, 2017, p. 568.

4 MACÉ, 2018.

5 HABLOT, 2019.

6 PEYRON, 1977.

7 MÉRINDOL, 2000 ; MÉRINDOL, 1998.

8 PÉREZ-SIMON, 2023

9 MÉRINDOL, 2013, p. 78.

10 Nous remercions Georges Puchal pour son travail sur le terrain mené depuis plusieurs années, indispensable à l’étude et à la documentation de ce patrimoine remarquable.

11 Une approche pluridisciplinaire est alors indispensable pour la compréhension de ces décors. Les analyses physico-chimiques des pigments permettent notamment de pallier certaines contraintes dues aux détériorations des peintures.

12 BOULARAND, GUILLON, VALLET, 2018.

13 ORTIZ, 2021, p. 39.

14 PEYRON, 1978.

15 PASTOUREAU, 2008, p. 241.

16 Nous tenons à remercier Messieurs Laurent Hablot et Matteo Ferrari pour leur confiance et leurs nombreuses relectures au cours de ces derniers mois.

17 BOURIN, DITTMAR, 2018, p. 24-25.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Pont-Saint-Esprit (Gard), maison Piolenc dite des Chevaliers (actuel Musée d’art sacré du Gard). Détail de la poutre faîtière au-dessus de la cheminée de la salle de justice.
Crédits © Lannie Rollins
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 488k
Titre Fig. 2
Légende Puisserguier (Hérault), maison du viguier. Closoir avec l’écu armorié de Georges d’Amboise, où les pals d’or (jaune) ont noirci. Photographie réalisée avant restauration.
Crédits © Frédéric Fiore
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 964k
Titre Fig. 3
Légende Saint-Pons-de-Mauchiens (Hérault), maison des consuls. Écu d’archevêque entièrement recouvert de suie.
Crédits © Georges Puchal RCPPM
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 430k
Titre Fig. 4
Légende Lagrasse (Aude), maison rue Foy. La couche picturale du closoir a été en partie altérée par des coulures d’eau. Jean-Louis Bernat
Crédits © Archives départementales de l’Aude
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 574k
Titre Fig. 5
Légende Frontignan (Hérault), église Saint-Paul. Détail d’une panne repeinte.
Crédits © Georges Puchal RCPPM
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 339k
Titre Fig. 6
Légende Corpus photographiques archivé dans la base Illustration en octobre 2022.
Crédits © Marion Ortiz RCPPM
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 84k
Titre Fig. 7
Légende Carte ARMMA en décembre 2021.
Crédits © ARMMA
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 244k
Titre Fig. 8
Légende Carte ARMMA en septembre 2022.
Crédits © ARMMA
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 411k
Titre Fig. 9
Légende Dossier pédagogique destiné aux enseignants.
Crédits © Marion Ortiz RCPPM
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 848k
Titre Fig. 10
Légende Livret à destination du jeune public et des scolaires.
Crédits © Marion Ortiz RCPPM
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13457/img-10.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Valérie Dumoulin et Marion Ortiz, « Heraldica Domestica : un projet de numérisation et de valorisation des armoiries dans les plafonds peints médiévaux en Occitanie »Patrimoines du Sud [En ligne], 18 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/13457 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.13457

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Auteurs

Valérie Dumoulin

Responsable des Publics, Couvent des Jacobins de Toulouse, membre RCPPM

Marion Ortiz

Chercheuse indépendante, membre RCPPM

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Droits d’auteur

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