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Dossier - La peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours
Valorisation

Perceptions objectives et subjectives de l’intégrité de la peinture murale : les cas de Saint-Martin-des-Puits et de Saint-Sernin de Toulouse

Objective and subjective perceptions of the integrity of mural paintings: the cases of Saint-Martin-des-Puits and Saint-Sernin in Toulouse
Christian Davy

Résumés

Toute démarche liée à l’œuvre, de son approche esthétique ou intellectuelle à la restauration, contient une part variable d’objectivité et de subjectivité. Les chantiers de restauration de peintures murales ne font pas exception et des polémiques opposent régulièrement leurs acteurs et le public qu’il soit considéré comme averti ou non. Certaines d’entre elles pourraient être évitées par une évolution du processus de la restauration en incluant l’historien de l’art spécialisé. Deux exemples régionaux servent d’illustration l’un pour la phase située en amont du chantier, l’autre en cours et en aval de celui-ci.

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Texte intégral

1La peinture murale est perçue par le public comme une œuvre, mais elle est aussi un objet matériel qui vieillit et qui doit être restauré à défaut d’être régulièrement entretenu, comme le mérite tout objet. Le processus de la restauration est long, complexe et délicat. Les acteurs de cette opération retiennent surtout l’aspect matériel, délaissant l’œuvre et sa portée auprès du public destinataire. Un tel parti pris est devenu à peine moins exclusif depuis la mise en place des études préalables dans lesquelles l’iconographie n’est abordée que pour identifier les images alors visibles, délaissant les informations qu’elle offre comme témoignages de la pensée et de la société de l’époque. Cette démarche porte en elle non seulement des risques de dévalorisation de la matière à chacune des étapes du processus de conservation-restauration, notamment par une méconnaissance des fondements créatifs de l’œuvre, mais aussi d’incompréhension de la part du public. Le fossé qui existe entre les acteurs de la restauration et les autres est régulièrement mis en évidence lors des réactions du public qui s’exprime avec les informations - toujours incomplètes - dont il dispose alors. Celui-ci le fait donc le plus souvent de manière subjective, mais aussi parfois de manière argumentée. Par ailleurs, il est fréquent que le maître d’ouvrage se retrouvant seul devant la peinture murale une fois l’opération de restauration achevée éprouve un désappointement certain à cause de son incapacité à expliquer ou à transmettre au public ce qui est désormais présenté sur les murs de l’édifice dont il est propriétaire.

2Pour illustrer ce propos dans le cadre de ce colloque, les trois moments du processus de restauration sont abordés à travers deux cas. L’un concerne la peinture murale comme œuvre avec une approche de l’iconographie et ses conséquences sur la présentation de la peinture murale au public. Il s’agit là de montrer comment une perception subjective de l’espace intérieur de l’édifice – celui de l’église de Saint-Martin-des-Puits (Aude) en l’occurrence (fig. 1) – peut perturber les travaux d’histoire de l’art qui ont été élaborés en amont du chantier en 2012 à l’occasion de l’étude archéologique. Ils constituent le premier temps du processus de restauration dont les deux suivants restent à entreprendre au moment de la rédaction de ce texte. L’autre concerne la peinture murale comme objet en s’attachant à la perception du public au cours et à la suite du chantier – deuxième et troisième étapes du processus de restauration – en se basant sur un exemple récent et local parmi de nombreux autres possibles sur le territoire français. La finalité n’est pas d’alimenter une polémique, mais bien au contraire de comprendre et d’évaluer les raisons de la réception mitigée que le public a faite à la nouvelle présentation. Celle-ci résulte de la campagne de restauration, menée en 2019, des peintures murales situées sur le mur occidental du bras nord du transept de l’abbatiale Saint-Sernin de Toulouse (Haute-Garonne) (fig. 2).

Fig. 1

Fig. 1

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; vue d’ensemble du chœur.

© Christian Davy

Fig. 2

Fig. 2

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; vue vers le nord-ouest.

© Christian Davy

Saint-Martin-des-Puits

  • 1 ASPORD-MERCIER, Sophie, 2012.

3Le bâtiment de l’église Saint-Martin est le résultat de plusieurs phases de construction et de transformation1. Le chœur préroman remonte à la seconde moitié du IXe siècle ou au Xe siècle d’après l’étude archéologique. Le transept a sans doute été ajouté au XIe siècle et la nef modifiée vraisemblablement au XIIe siècle. La surélévation du niveau de sol a été opérée à plusieurs reprises et le couvrement du chœur par une fausse voûte d’arêtes en plâtre a été effectué en 1867. L’église est classée au titre des monuments historiques le 23 février 1965.

4Les peintures murales ont été fortuitement découvertes cette année-là. Une fois le couvrement en plâtre enlevé, Robert Baudouin procède à des sondages en 1967, année où quatre relevés à l’aquarelle sont exécutés par Odette Crapet-Delmas, sous la direction d’André Regnault2. Le service des monuments historiques sauve le monument de la disparition grâce à des transferts de financement d’opérations peu avant 1974, année où Robert Baudouin réalise la campagne de restauration sous la maîtrise d’œuvre de l’ACMH Michel Hermite. Un vandale a détruit en 2009 le visage d’un personnage du registre inférieur en essayant de le détacher du mur pour le dérober. Dans le même temps, des problèmes de stabilité obligent le service des monuments historiques à mettre en place de 2009 à 2013 une série d’études dans laquelle est incluse celle des peintures murales. Une ceinture de béton a alors été coulée dans le sol pour éviter le glissement de l’édifice sur la pente abrupte donnant sur la rivière l’Orbieu (fig. 3).

Fig. 3

Fig. 3

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; vue extérieure vers le nord-ouest.

David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie

  • 3 DURLIAT, Marcel, 1971.
  • 4 OTTAWAY, John, 1992.
  • 5 Depuis PIANO, Natacha, 2010 ; ASPORD et alii, 2015 ; DUCRET, Sophie, 2018.

5Dès leur découverte, les peintures romanes intéressent les historiens. Marcel Durliat publie en 1971 une étude3 qui s’appuie sur le déplacement in situ de l’auteur et sur les relevés effectués auparavant. Marcel Durliat identifie un programme construit de manière symbolique autour de la virginité de la Vierge Marie, mère du Christ révélé. Avec Philippe Chapu, il discerne le roi Nabuchodonosor dans deux scènes qu’il intitule le refus des trois Juifs d’adorer l’idole d’or élevée par le roi – illustration de Daniel, III, 8-12 – et la colère du roi contre les sages de Babylone qui sont incapables d’interpréter le songe de la statue d’or, d’airain et de terre – illustration de Daniel, II, 1-12. Selon lui, le programme inclus Nabuchodonosor comme un visionnaire de la divinité du Christ. John Ottaway apporte ensuite quelques nuances à cette étude fondamentale4. L’étude préalable s’appuie sur leurs conclusions5.

6Pour sa recherche, le grand savant s’est appuyé sur un document faussé qu’est le relevé à l’aquarelle. En effet le léger désaxement du mur oriental du chœur a été supprimé par l’auteure du relevé dont la perception subjective – sans doute due à une culture classique – l’a amenée à reproduire une symétrie axiale passant par le centre de la baie et la pointe du pignon (fig. 4). En réalité, la verticale partant de ce dernier passe à quelques dizaines de centimètres plus à gauche de l’ouverture. Ce petit décalage lui a fait négliger de reproduire les vestiges subsistant dans l’angle sud-est de manière à équilibrer les pleins et les vides de l’œuvre qu’elle reproduisait. La subjectivité esthétique a dans ce cas remplacé l’objectivité archéologique. Elle n’est pas la seule à le faire. En 1983, le photographe missionné par le service des monuments historiques resserre son cadrage de la même manière6. En 2012, l’auteure de la partie histoire de l’art de l’étude préalable fait de même et accentue même la dérive en considérant dans sa légende qu’il s’agit de la vue d’ensemble des peintures du registre (fig. 5). Cela est faux, puisque le fragment situé à l’extrémité sud du mur n’a pas été pris en compte. Cet oubli s’avère grave, car la prise en compte de ce vestige permet de rectifier l’identification iconographique qui fait consensus depuis Marcel Durliat. En effet, à côté du bandeau d’encadrement rouge placé le long de l’angle sud-est la courbe et contre-courbe du dos d’un personnage est reconnaissable, mais le détail révélateur se trouve être situé dans la partie supérieure du fragment. Là, une couronne fermée jaune est lisible et par conséquent donne la position du roi Nabuchodonosor (fig. 6). Une fois cette identification effectuée, il est possible de situer l’extrémité supérieure de son sceptre. L’organisation iconographique proposée par Marcel Durliat est à réviser à la lumière de ces nouvelles informations. Ainsi, le personnage qu’il identifiait comme le roi redevient l’un des soldats qui rendent compte du refus des trois Juifs d’adorer l’idole. De même, la bande verticale rouge ne doit plus être considérée comme la bordure de séparation des deux scènes, mais comme une colonne soutenant la toiture du palais dans lequel siège Nabuchodonosor. Désormais, il faut voir une scène unique au lieu des deux précédemment identifiées. L’image est construite sur une division tripartite selon une organisation fréquente observée dans les scènes de martyre : le puissant qui ordonne, un ou plusieurs bourreaux qui à la fois transmettent l’ordre et rendent compte de l’accomplissement de celui-ci et l’action proprement du martyr (fig. 7).

Fig. 4

Fig. 4

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; comparaison des positions de l’axe vertical dans la réalité et sur le relevé aquarellé.

© Médiathèque du patrimoine et Christian Davy

Fig. 5

Fig. 5

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental ; photographie d’une partie du décor du registre supérieur extraite du Rapport final d’opération de 2012.

© Sophie Aspord-Mercier

Fig. 6

Fig. 6

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental, extrémité sud ; vestiges d’un personnage debout, de la couronne et du sceptre de Nabuchodonosor.

David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie

Fig. 7

Fig. 7

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental ; Les trois Hébreux refusant d’adorer l’idole.

© Christian Davy

7Cette organisation concentre l’iconographie sur le seul chapitre III du Livre de Daniel et permet de mieux interpréter les vestiges situés sur la gauche de la fenêtre percée dans le mur sud. Les cercles dotés d’ondulations rouges et les fragments d’un personnage habillé auprès d’un autre nu appartiennent à la suite de l’épisode peint sur le mur oriental, c’est-à-dire le moment où les trois Hébreux sont jetés dans la fournaise. Ces rectifications ne contreviennent pas au programme identifié par Marcel Durliat : il s’agit toujours de la figuration de Nabuchodonosor placée entre l’Annonciation et la Nativité accompagnée du bain de l’Enfant (fig. 8). En revanche le changement d’organisation prend une grande importance pour l’élaboration du parti de restauration. En redonnant leur importance aux fragments du mur sud qui étaient pour le moment délaissés, il s’agit non plus de focaliser la perception du public sur le mur oriental, mais de lui donner à comprendre l’enchaînement intellectuel et spirituel qui existe entre les murs est et sud. En somme, il ne s’agit plus de laisser le public regarder de très vieilles peintures plus ou moins bien conservées, mais d’avoir l’ambition de lui faire comprendre que ces images ont un sens et font partie d’un programme ambitieux qu’un commanditaire destinait à ses contemporains.

Fig. 8

Fig. 8

Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur sud ; vestiges des Hébreux versés dans la fournaise à gauche et de la Nativité accompagnée du bain de l’Enfant à droite.

David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie

Saint-Sernin7

Une restauration contestée

8Les peintures restaurées dans le bras nord du transept de la basilique8 sont suffisamment réputées pour que l’historien de l’art spécialiste de la peinture murale se déplace afin de les voir ou revoir dans leur nouvelle présentation. Ainsi lors d’une visite, une habituée de la basilique – elle la pratique quotidiennement – m’a abordé pour converser quelques minutes avec cette phrase « Ils ont changé ma fresque ! ». Cette affirmation péremptoire qui m’était directement adressée porte en elle plusieurs éléments intéressants. L’un d’eux est la forte appropriation de son émettrice « MA fresque », un autre touche aux forces nécessairement maléfiques « ILS ont changé ». Au-delà de ces aspects subjectifs, cette personne appartenant au grand public, en opposition au public des spécialistes, exprime son désarroi devant un environnement qui change autour d’elle. Ce sentiment lui appartient-il ou bien est-il plus largement partagé ? Une simple interrogation sur Internet montre que la restauration de ces peintures murales avait localement provoqué des remous jusque dans le milieu scientifique. Leurs échos sont toujours lisibles dans la presse écrite et multimédia9. Des quatre documents aisément consultables trois ans après l’achèvement de la restauration, subsistent un compte rendu succinct et factuel dans « Actu Toulouse »10 ; des articles d’ambiance dans « La Dépêche » et « Boudu magazine toulousain actuel »11. L’auteur de ce dernier document n’a visiblement rien compris aux explications qu’il a dû écouter d’une oreille distraite. En effet, il écrit entre autres après sa visite qu’à la fin de l’intervention sur les peintures de la coupole, « il ne reste plus qu’à passer un film protecteur, avant de travailler sur les niveaux inférieurs ». Manifestement, un travail important de médiation reste à faire… Est consultable aussi un article de deux pages paru dans la revue trimestrielle « Patrimoine. Histoire, culture et création d’Occitanie »12. Celui-ci est basé sur l’insinuation. Son titre « La surprenante restauration des peintures murales de Saint-Sernin » est suivi de ce chapeau : « Les visiteurs s’exclament sur la vivacité des couleurs. Les spécialistes s’interrogent sur la pertinence des choix ». La séparation de l’opinion du grand public de celle des spécialistes est ici affichée. Le texte informe que les fresques nettoyées semblent plus fraîches qu’au moment de leur découverte ; que, je cite, « les retouches apportées par la dernière restauration, on est surpris : on n’avait pas souvenir que le soldat dormant à côté de son bouclier fut visible. Les visages n’avaient pas ce modelé très puissant et les silhouettes n’étaient pas aussi accentuées. Le manteau en poil de chameau de Jean-Baptiste est tout neuf » ; enfin que le repentir situé à l’arrière-train de l’Agneau n’est plus visible. L’auteur disserte ensuite sur une bonne restauration effectuée sous le contrôle d’un comité, de préférence international, en opposition à la méthode dite à l’ancienne qui aurait prévalu sur ce chantier.

  • 13 Il faut ici remercier la SAMF de son action exemplaire de mettre en ligne les comptes rendus de ses (...)

9Trois points d’achoppement ressortent de ces témoignages oraux et écrits : l’aspect général de l’œuvre ou l’esthétique de la présentation, le recouvrement du repentir qui concerne l’histoire de l’œuvre et la présence nécessaire d’un comité scientifique dans un tel contexte. Ils ont constitué le centre des discussions engagées de mars à novembre 2019 dans le cadre des séances bimensuelles de la Société archéologique du Midi de la France13. Dans la première tenue le 19 mars 2019, il a été souligné qu’intervenir sur la matérialité de l’œuvre impliquait le risque de dénaturation et de trahison de la création originale. Il a été regretté la disparition de l’équilibre général à cause d’un traitement outrancier de certaines parties des figures au détriment de l’ensemble ; celle de la disparition d’un repentir qui est un, je cite, « témoignage ô combien émouvant du geste créatif et de la dimension empirique de la création picturale en ce début du XIIe siècle » ; enfin l’absence de collégialité. Le débat a été lancé sur le fait que le résultat brouille la lecture archéologique de l’œuvre. Des réponses ont été apportées par le maître d’œuvre lors de la séance du 2 avril suivant. L’architecte en chef des monuments historiques y rappelle que la restauration s’inscrivait dans une opération plus vaste et a été exécutée en premier, de juillet 2018 à février 2019. Le chantier faisait suite à un diagnostic commandé par la Ville de Toulouse et la Conservation régionale des monuments historiques qui s’inquiétaient de la lente opacification des peintures et désiraient les rendre plus lisibles par le public, tout en assurant leur bonne conservation. Le diagnostic, réalisé en 2016 par des techniciens de différentes spécialités, a démontré que l’opacification était due au fixatif employé par Pierre Bellin en 1973 et que celui-ci l’a passé sur une peinture imparfaitement dégagée et nettoyée. Les opérations récentes ont donc consisté en un dépoussiérage à la brosse douce, suivi d’un allégement du fixatif et d’une opération de nettoyage des restes d’enduit et de badigeon. Les peintures ainsi dégagées montraient un grand nombre de lacunes et de zones très usées, mais aussi une spectaculaire mise en évidence d’éléments de la composition, notamment sur la figure et le vêtement de saint Jean-Baptiste dotés d’une grande subtilité graphique et chromatique. Une réflexion au cas par cas a été menée sur les lacunes. Les grandes ont été enduites et teintées dans un ton local pour la continuité de la lecture. Les petites lacunes bouchées par Pierre Bellin en 1974 ont été conservées en l’état et ajustées dans certains cas trop abrupts, notamment pour les solins débordants. Les réintégrations chromatiques ont été effectuées en glacis d’aquarelle pour harmoniser le passage entre la peinture originelle et les accidents de lisibilité. Quelques secteurs ont reçu une attention particulière, comme le repentir repéré sur l’Agneau pascal. L’ensemble du comité scientifique a décidé de l’estomper par un voile d’aquarelle pour rendre la lisibilité de l’œuvre finale, correspondant au choix du peintre de l’époque. Ces réponses n’ont pas semblé suffisamment convaincantes, car une troisième rencontre a été organisée.

  • 14 L’emploi d’un tel vocabulaire témoigne de la vivacité du débat.

10La séance du 5 novembre 2019 a donné la parole au maître d’œuvre et au restaurateur pour une longue communication. Le texte n’a pas été retranscrit, en revanche la discussion qui s’en suivit l’a été. Les questions portent immédiatement sur la disparition du repentir et sur le « brouillage stylistique ». La réponse concernant le traitement du repentir a été claire en répétant que l’esthétisme de la présentation a été préféré à celle d’une étape de la genèse de l’œuvre dont la mémoire est conservée par la documentation, suivant ainsi la demande du maître d’ouvrage. Moins claire a été celle concernant le second point. Le terme de coloriage14 a été récusé et le soin de la restauration récente par rapport à la précédente souligné. La discussion s’est poursuivie sur la rapidité du déroulement du chantier. Les six mois de sa durée ont suivi une période d’études commencée en 2015 sous une certaine pression exercée par le maître d’ouvrage. Il a alors été rappelé qu’il s’agissait là d’un problème quasi général. Enfin, il a été reconnu que le travail débouchait sur un résultat spectaculaire, mais qu’il aurait pu être arrêté après l’étape du nettoyage. La restauratrice a, pour sa part, argumenté que certaines zones, comme le tombeau du Christ, étaient confuses et « que trop de lacunes auraient affecté la valeur spirituelle de l’œuvre ». Les discussions ont indéniablement été passionnées et manifestement les débatteurs sont restés sur leurs positions.

11Malgré leur richesse, il n’est pas possible de se faire une opinion objective sur le questionnement posé par la réception du résultat de cette restauration à partir de ces témoignages. Il convient donc de la faire en comparant les états avant et après travaux. Cet exercice est rendu possible grâce à deux types de documentation. Le premier consiste en l’ensemble constitué par deux excellentes campagnes photographiques réalisées dans l’espace d’un quart de siècle par Jean-François Peiré, photographe professionnel au service de l’Inventaire général du patrimoine culturel en 1993 et à la DRAC Occitanie en 2019. La comparaison des deux états de l’œuvre par photographies interposées aide à appréhender de manière objective l’ampleur de la transformation. Le second est un document appartenant à la littérature grise, en conséquence peu accessible au public, qui permet de suivre le cheminement amenant au résultat actuel. Nommé DDOE, dossier des documents des ouvrages exécutés, il retrace avec une rigueur administrative les opérations effectuées au cours d’un chantier. Il est souvent enrichi d’illustrations schématiques et photographiques montrant les états successifs de la matière de l’œuvre. Les habitués de cette littérature grise savent que l’objectivité y préside, mais ils regrettent aussi que ce document ne soit pas forcément considéré comme fondamental par ses rédacteurs, comme en témoignent les nombreuses fautes de frappe ou d’inattention pour ne citer que les plus bégnines. Or, il doit constituer un précieux témoin par son objectivité pour les générations futures. Le DDOE concernant la peinture murale restaurée à Saint-Sernin a été rédigé en mars 2019.

Une restauration globalement réussie

  • 15 L’image de 1993 semble avoir été réalisée avec une chambre photographique à décentrement, celle de (...)

12La comparaison de l’aspect général effectuée à partir des vues d’ensemble prises en 1993 puis en 201915 montre une incontestable amélioration de la lisibilité de l’œuvre (fig. 9). La lecture du DDOE permet de saisir les causes de l’altération subie par le décor peint avant la restauration. Plusieurs d’entre elles donnant l’aspect « fané » et peu lisible de la peinture y sont énumérées : dépôt de poussière et de salissures accumulé depuis 1974 ; blanchiment par efflorescence (apparition de sels) et présence de vestiges appartenant à des couches, picturales ou non, plus récentes que la peinture romane originelle. À ces raisons, le DDOE ajoute deux autres sources de perturbation de la lecture de l’image : des réintégrations de couleur mal maîtrisées lors de la première restauration et des virements de couleur en plusieurs zones restaurées (fig. 10). Le travail a donc consisté en un dépoussiérage général, en une élimination des sels, en la suppression des badigeons étrangers à l’œuvre, en l’allégement de la couche de fixatif et en l’atténuation des repeints. C’est au cours de ce processus de nettoyage qu’ont été effectuées les étapes de consolidation du support et de renforcement de la cohésion de la couche picturale. Le toilettage de cette dernière a rendu un aspect beaucoup plus net et lumineux à l’œuvre. La tunique de l’ange de la scène des saintes femmes au tombeau a ainsi retrouvé l’éclat si particulier de la couleur orangée de sa tunique et du ton rose de son manteau. Le constat est identique pour le vert du tissu du linceul (fig. 11). L’aspect acidulé de ces deux dernières couleurs est à verser au dossier stylistique de la peinture murale romane, mais cette étude concerne une autre problématique que celle traitée ici.

Fig. 9

Fig. 9

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; comparaison des états de 1993 et de 2019.

Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie

Fig. 10

Fig. 10

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; extrait du DDOE présentant les altérations de la peinture.

© Atelier 32

Fig. 11

Fig. 11

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; les Saintes femmes au tombeau, détail : l’ange. Comparaison des états de 1993 et de 2019.

Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie

13Le traitement des lacunes, selon le DDOE, est différencié en fonction de leur taille. Les restaurateurs ont empli les grandes d’un enduit de chaux et de sable lavé, en gardant un léger retrait en profondeur par rapport à la surface de la peinture originale, de manière à ce qu’elles ne soient perçues que dans un second temps. Une application colorée en accord avec les tons environnants a été effectué à l’aquarelle, comme il se doit pour répondre à la règle de la réversibilité. L’exemple fourni par le DDOE apparaît justifié (fig. 12). En revanche, l’estompage de trois grands manques observés jusqu’à présent sur les boucliers des soldats de la scène de la résurrection du Christ n’apparaissait pas nécessaire. En effet, l’effet masse déséquilibre la perception de l’image dans son ensemble à cause de l’attirance trop forte de l’œil du visiteur arrivant devant l’œuvre. Il faut signaler ici que la subjectivité liée au contexte environnemental sur la perception de l’œuvre rend moins frappant cet effet sur les projections sur écran que sur l’œuvre elle-même in situ (fig. 13).

Fig. 12

Fig. 12

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; extrait du DDOE, page 10, présentant un exemple de comblement de lacune.

© Atelier 32

Fig. 13

Fig. 13

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; les Saintes femmes au tombeau, détail : situation des grandes lacunes comblées sur les boucliers des soldats.

Jean-François Peiré © DRAC Occitanie et Christian Davy

14Ce déséquilibre se retrouve-t-il au niveau de la retouche ou de la « réintégration chromatique » selon l’expression du DDOE ? Cette phase de la restauration est d’une telle délicatesse d’approche qu’elle demande souvent une réflexion collective. Le document administratif laisse planer une ambiguïté certaine sur ce point. S’il donne en page 2 la composition du comité scientifique et technique et signale page 13 une réunion de travail sur échafaudage avec ses membres, en revanche il informe deux pages auparavant que les essais de réintégration n’ont été soumis qu’à l’approbation du représentant du maître d’œuvre et de celui du maître d’ouvrage. L’examen du visage de saint Jean-Baptiste dans la scène de la Deisis est un bon exemple d’un interventionnisme retenu débouchant sur des résultats variés. Des lacunes comme 1, 2 et 3 ont été bouchées avec une mise en tons locaux, ce qui a permis de supprimer l’effet de pastillage gênant la lisibilité de la figure avant la restauration. L’emploi du tratteggio dans d’autres lacunes comme 4 et 5 signale les pertes sans affecter la lecture ni l’analyse stylistique de l’œuvre lorsqu’elle peut être examinée de près. En revanche, l’absence de cette technique à petits traits dans 6 et 7 gêne la perception immédiate de l’image restaurée à cause de l’incertitude qui n’existe pas en 8 (fig. 14).

Fig. 14

Fig. 14

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; Deisis, détail : différentiation de traitement des lacunes sur la tête de saint Jean-Baptiste.

Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie et © Christian Davy

15L’ensemble de ces travaux aboutit à un résultat globalement positif atténué par quelques retouches excessives. Ainsi, la reprise des boucliers des soldats de la scène des Saintes femmes au tombeau a heurté plusieurs visiteurs et l’habituée de la basilique citée supra, tandis que d’autres plus subtiles, occasionnant parfois un flottement de la lisibilité, ont agacé une partie du public des spécialistes.

Repentir ou changement de parti iconographique ?

16Le troisième point d’achoppement a mis aux prises les tenants d’un état archéologique qui préféraient conserver la visibilité des deux stades d’élaboration de l’image à ceux qui privilégiaient la lisibilité de l’œuvre présentée aux chanoines et aux fidèles invités à entrer dans cette partie de l’édifice à l’époque romane. Ce débat est légitime et la réponse n’est pas évidente à donner malgré l’argument fort de la conservation de la mémoire du repentir dans la documentation archivée.

17Un repentir, rappelons-le, est un dessin préparatoire différent de la forme réalisée une fois l’œuvre achevée et devenu visible à la suite de la disparition de la couche passée par le peintre qui désirait effacer soit une erreur, soit une variante de réalisation au cours de l’exécution de la peinture murale. Souvent ce témoin de la pratique picturale, tel celui qui affecte la tête du cheval du Christ de la cathédrale d’Auxerre (fig. 15) exemple parmi beaucoup d’autres, consiste en un décalage de quelques centimètres de la forme à peindre de manière à rééquilibrer la composition.

Fig. 15

Fig. 15

Auxerre (Yonne), Cathédrale Saint-Étienne, crypte ; repentir visible sur la tête du cheval du Christ.

© Christian Davy

  • 16 L’encolure est visible sur les photographies de 1993, la ligne du bras, moins visible alors, est at (...)
  • 17 Dans le cas où la position des pattes était identique, il s’agit effectivement d’un repentir qui co (...)

18À Saint-Sernin, plusieurs témoins d’une version précédente à celle visible actuellement ont été repérés avant et au cours de la restauration. Le contour de la croupe de l’agneau en était le plus visible, mais la bordure droite de son encolure et un changement de position du bras droit de l’un des quatre anges porteurs du médaillon, celui situé au nord-est, l’étaient également16 (fig. 16). Les deux premiers concernent-ils un ajustement de dessin dans le cas d’une position identique des pattes de l’animal ou bien signalent-ils un changement de signification de l’image dans le cas contraire ? L’occasion de répondre à cette question essentielle n’a pas été saisie, puisqu’elle aurait dû être élaborée sur place au moment du chantier par l’observation attentive de cette zone17. Le troisième changement d’état est attesté par le DDOE. Il concerne la position d’un bras d’ange porteur des cercles concentriques qui a été décalée vers la gauche de manière à ce que la main cache la nuée. Ce détail est d’importance puisqu’il abolit le caractère infini du cercle de la nuée en déterminant un début et une fin. La portée symbolique de ce geste reste à comprendre,

Fig. 16

Fig. 16

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest, voûte ; Agneau pascal, comparaison des états de 1993 et de 2019.

Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie

  • 18 Aux multiples yeux, comme à Saint-Clément de Tahull ; porteur du livre comme à Montoire ou à Montmo (...)
  • 19 Notamment les sacramentaires produits à Fulda par exemple.
  • 20 À Negrentino, commune d’Acquarossa, en Suisse, le Christ debout est accompagné de la lance et de l’ (...)
  • 21 Le fond bleu circulaire est inclus dans ce décompte.
  • 22 Trois croix sont présentes dans cette image : la croix de fond, celle du nimbe et celle portée au b (...)
  • 23 Ce propos a été abordé par Marcel Durliat (1982), Paul-Albert Février (1956), Thomas W. Lyman (1971 (...)

19Outre la question du recouvrement, se posait celle de l’ampleur du remaniement de ces images et de sa signification. La très haute qualité intellectuelle du programme servie par un réel artiste dans la réalisation place le décor de Saint-Sernin au niveau de l’excellence parmi les meilleures productions de l’époque romane. L’ambition spirituelle est affichée par l’originalité de l’image de l’Agneau qui se démarque de celles directement ou indirectement issues du Livre de l’Apocalypse18. Elle se distingue également de celles des Agneaux qui alimentent l’Église de son sang, présentes dans plusieurs manuscrits romans et préromans19. Le concepteur du programme de Saint-Sernin a voulu un Agneau aux instruments de la Passion pour insister sur le sacrifice du Christ20. Pour cela, il impose au peintre de placer la lance et de l’éponge aux côtés de l’animal inscrit dans sept cercles concentriques21. Il lui fait peindre un détail de grande rareté : une blessure au poitrail. Il laisse aussi penser que les extrémités pattées de la croix de fond d’image22 peuvent également représenter les clous. Enfin, il fait donner à l’Agneau une attitude quasi-unique dans la peinture murale romane avec trois de ses quatre pattes posées sur le point d’appui réduit qu’est la base du fût de la croix. Le concepteur a fait représenter l’Agneau au centre de la voûte et d’une image synthétique au sein d’un programme qui dépasse la simple illustration d’une Deisis et des saintes femmes au tombeau, comme il est trop souvent entendu. Autour de cet exceptionnel Agneau, il répartit les tâches des anges. Quatre d’entre eux, placés par paire à l’est et à l’ouest portent la mandorle circulaire, tandis que les quatre fleuves du paradis sont placés à leurs pieds dans les écoinçons inférieurs. Les deux anges situés au nord tiennent des livres fermés et les deux derniers au sud des encensoirs. Une double bande sépare nettement chaque paire d’anges de ses voisines (fig. 17). Il apparaît que l’ambition du commanditaire a été de faire réaliser par un artiste une peinture murale affichant une symbolique pascale et baptismale en illustration d’une liturgie, d’une cérémonie ou d’un ensemble de cérémonies puisant dans les rites ambulatoires carolingiens et des premiers temps du Moyen Âge23.

Fig. 17

Fig. 17

Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; vue d’ensemble de la voûte, état en 2019.

Jean-François Peiré © DRAC Occitanie

20Devant un tel ensemble peint de si haute qualité, tant dans sa conception que dans sa réalisation, le rôle du comité scientifique était primordial. Le règlement de la seconde question évoquée supra devait s’effectuer avant de répondre à la première. La présence d’un historien de l’art spécialisé dans le domaine de l’œuvre à restaurer était assurément indispensable pour aider le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et le restaurateur dans ce cas difficile où la signification de l’œuvre même pouvait avoir évolué à l’occasion d’un changement de parti iconographique provenant du commanditaire et non du peintre. Or, cela n’a pas été le cas, car les deux historiens de l’art invités à participer au comité scientifique sont des spécialistes tout à fait reconnus pour leurs compétences dans leurs domaines respectifs, c’est à dire l’archéologie du bâti et la sculpture pour l’un, et la photographie contemporaine pour l’autre. Les acteurs de la restauration se trouvaient dans l’impossibilité de traiter l’ensemble des implications historiques de l’œuvre et encore moins celle de la transmission au public destinataire de l’œuvre restaurée.

21Cette absence d’un tel spécialiste est à chaque fois dommageable. Les raisons de cet état de fait ne vont pas être développées ici, cependant deux d’entre elles sont à énoncer d’ores et déjà. La première concerne l’évolution des métiers au sein du service des monuments historiques qui a privé les chantiers de restauration d’une grande part de la connaissance en histoire de l’art. Il y a un demi-siècle environ, Jean Taralon, François Énaud et leurs collègues avaient suffisamment de temps pour traiter leurs dossiers jusqu’à la publication de leurs recherches dans des articles de fond auxquels les générations suivantes se sont référés. Le conservateur des monuments historiques d’aujourd’hui a vu ses missions singulièrement élargies avec en conséquence un nombre très élevé de dossiers à régler. Cette inflation a nui à son rendement d’historien de l’art et cette diminution n’a pas été suppléée par l’apport des compétences existantes à l’extérieur du service. La seconde raison tient à une vision désormais trop restrictive de l’acte de restaurer. Le débat récent qui a porté sur la restauration des peintures murales de Saint-Sernin a montré la force de la notion de public dans le parti de restauration. Mais trois ans après l’enlèvement des échafaudages aucun élément écrit ou multimédia n’est donné à ce public pour comprendre les enjeux de la restauration et la signification de ce qui est peint sur le mur ouest du transept. L’achèvement du chantier ne constitue plus la fin de l’opération de restauration. Celle-ci ne doit être désormais considérée comme accomplie qu’une fois les explications données au public, non seulement sur l’aspect technique, mais aussi sur la signification des images restaurées désormais visibles. L’expérience témoigne qu’en l’absence de cette étape les appels à l’aide de maîtres d’ouvrage à l’historien connaisseur de la peinture murale une fois le chantier physiquement achevé ne se comptent plus à travers la France. Le processus de restauration de peintures murales se doit désormais d’inclure l’étape avale de transfert de savoir. Cette évolution encore peu admise reste à généraliser dans les faits comme a été mise en place en amont celle de l’étude préalable.

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Bibliographie

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GÉRARD, P. Origine et développement des paroisses du Bourg de Toulouse (XIIe et XIIIe siècles). In La paroisse en Languedoc (XIIIe -XIVe s.), Toulouse, 1990, p. 51-68 (Cahiers de Fanjeaux, 25).

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Notes

1 ASPORD-MERCIER, Sophie, 2012.

2 Ils sont visibles sur Plateforme POP : vue d’ensemble, Annonciation, tissu simulé avec décor animalier, ornements.

3 DURLIAT, Marcel, 1971.

4 OTTAWAY, John, 1992.

5 Depuis PIANO, Natacha, 2010 ; ASPORD et alii, 2015 ; DUCRET, Sophie, 2018.

6 Photographie d’André Signoles, 1983.

7 Maîtrise d’ouvrage : Ville de Toulouse, maîtrise d’œuvre : Agence Bossoutrot-Rebière, restauration des peintures : Atelier 32 avec Marie-Lys de Castelbajac et Alain Lacoste.

8 Le titre donné au DDOE (Dossier documentaire des ouvrages exécutés) laisse entendre que toutes les peintures murales du bras nord du transept étaient concernées par le chantier de restauration. En réalité, l’effort des restaurateurs s’est concentré sur d’une part les décors situés sur le mur occidental de la première travée et la voûte contiguë, d’autre part sur l’image de saint Augustin placée dans l’espace de la porte percée dans la troisième travée, excluant les autres décors - qu’ils soient antérieurs ou postérieurs - conservés au nord et à l’est dans ce bras de transept.

9 L’interrogation n’a pas obtenu de réponses signalant l’existence de telles archives pour la presse orale.

10 Toulouse : ils ressuscitent les fresques médiévales de la basilique Saint-Sernin. Actu Toulouse, publié le 17 février 2019.

11  Qui était le peintre de Saint-Sernin ? La Dépêche, publié le 6 février 2019 ; Fresque presque fraîche. Boudu, magazine toulousain actuel, publié le 6 février 2019.

12 La surprenante restauration des peintures murales de Saint-Sernin. Le Patrimoine, Histoire, culture et création d’Occitanie, n° 55, printemps 2019, p. 6-7.

13 Il faut ici remercier la SAMF de son action exemplaire de mettre en ligne les comptes rendus de ses séances : séance du 19 mars 2019 ; séance du 2 avril 2019 ; séance du 5 novembre 2019.

14 L’emploi d’un tel vocabulaire témoigne de la vivacité du débat.

15 L’image de 1993 semble avoir été réalisée avec une chambre photographique à décentrement, celle de 2019 avec un appareil numérique performant. Les rapports entre la hauteur et la largeur de ces deux images ne coïncident pas, mais cet inconvénient ne gêne pas le propos de cette contribution. En revanche, il conviendra de reprendre les dimensions de l’œuvre pour savoir laquelle des deux images s’en approche le plus.

16 L’encolure est visible sur les photographies de 1993, la ligne du bras, moins visible alors, est attestée par la restauratrice et signalée dans le DDOE, page 15.

17 Dans le cas où la position des pattes était identique, il s’agit effectivement d’un repentir qui concerne un simple calage d’image. Dans le cas où les pattes étaient disposées comme dans la majorité des représentations d’Agneau pascal, il s’agit là d’un témoin de l’évolution de la pensée du commanditaire. Il aurait alors fallu s’interroger sur l’ampleur de l’évolution iconographique du décor peint à la voûte et de ses conséquences sur l’œuvre avant de choisir de recouvrir ou non le dessin de la croupe précédente. Dans tous les cas, des explications sont dues au public.

18 Aux multiples yeux, comme à Saint-Clément de Tahull ; porteur du livre comme à Montoire ou à Montmorillon ; porteur d’étendard à Tournus ; en relation avec la Jérusalem céleste à Saint-Chef.

19 Notamment les sacramentaires produits à Fulda par exemple.

20 À Negrentino, commune d’Acquarossa, en Suisse, le Christ debout est accompagné de la lance et de l’éponge, tandis que l’Agneau est placé dans un cartouche à sa droite.

21 Le fond bleu circulaire est inclus dans ce décompte.

22 Trois croix sont présentes dans cette image : la croix de fond, celle du nimbe et celle portée au bout d’une hampe par l’Agneau. Le chiffre trois renvoie à l’Esprit saint et à la Trinité.

23 Ce propos a été abordé par Marcel Durliat (1982), Paul-Albert Février (1956), Thomas W. Lyman (1971), Natacha Piano (2010), Barbara Franzé (2018) ; Virginie Czerniack (à paraître). D’autres éléments liés à la liturgie ambulatoire et aux célébrations de la lumière lors de la veillée pascale ont été développés au cours de la visite qui a suivi cette communication.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; vue d’ensemble du chœur.
Crédits © Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 379k
Titre Fig. 2
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; vue vers le nord-ouest.
Crédits © Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 980k
Titre Fig. 3
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; vue extérieure vers le nord-ouest.
Crédits David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 907k
Titre Fig. 4
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin ; comparaison des positions de l’axe vertical dans la réalité et sur le relevé aquarellé.
Crédits © Médiathèque du patrimoine et Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 294k
Titre Fig. 5
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental ; photographie d’une partie du décor du registre supérieur extraite du Rapport final d’opération de 2012.
Crédits © Sophie Aspord-Mercier
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 112k
Titre Fig. 6
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental, extrémité sud ; vestiges d’un personnage debout, de la couronne et du sceptre de Nabuchodonosor.
Crédits David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Fig. 7
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur oriental ; Les trois Hébreux refusant d’adorer l’idole.
Crédits © Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 168k
Titre Fig. 8
Légende Saint-Martin-des-Puits (Aude), église Saint-Martin, mur sud ; vestiges des Hébreux versés dans la fournaise à gauche et de la Nativité accompagnée du bain de l’Enfant à droite.
Crédits David Maugendre © Inventaire général Région Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 475k
Titre Fig. 9
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; comparaison des états de 1993 et de 2019.
Crédits Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 303k
Titre Fig. 10
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; extrait du DDOE présentant les altérations de la peinture.
Crédits © Atelier 32
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 801k
Titre Fig. 11
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; les Saintes femmes au tombeau, détail : l’ange. Comparaison des états de 1993 et de 2019.
Crédits Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie
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Fichier image/jpeg, 378k
Titre Fig. 12
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; extrait du DDOE, page 10, présentant un exemple de comblement de lacune.
Crédits © Atelier 32
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 333k
Titre Fig. 13
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; les Saintes femmes au tombeau, détail : situation des grandes lacunes comblées sur les boucliers des soldats.
Crédits Jean-François Peiré © DRAC Occitanie et Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 539k
Titre Fig. 14
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; Deisis, détail : différentiation de traitement des lacunes sur la tête de saint Jean-Baptiste.
Crédits Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie et © Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 309k
Titre Fig. 15
Légende Auxerre (Yonne), Cathédrale Saint-Étienne, crypte ; repentir visible sur la tête du cheval du Christ.
Crédits © Christian Davy
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 183k
Titre Fig. 16
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest, voûte ; Agneau pascal, comparaison des états de 1993 et de 2019.
Crédits Jean-François Peiré © Service régional de l’Inventaire et DRAC Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 269k
Titre Fig. 17
Légende Toulouse (Haute-Garonne), basilique Saint-Sernin, bras nord du transept, première travée, côté ouest ; vue d’ensemble de la voûte, état en 2019.
Crédits Jean-François Peiré © DRAC Occitanie
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/13303/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 939k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Christian Davy, « Perceptions objectives et subjectives de l’intégrité de la peinture murale : les cas de Saint-Martin-des-Puits et de Saint-Sernin de Toulouse »Patrimoines du Sud [En ligne], 18 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/13303 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.13303

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Auteur

Christian Davy

Chercheur, membre du GRPM

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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