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Dossier - La peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours
La conservation-restauration

La restauration de 36 closoirs provenant de la maison du Viguier à Puisserguier

The Restoration of 36 Closoirs from the Magistrate’s House in Puisserguier
Florence Meyerfeld, Jérôme Ruiz et Sandra Abreu

Résumés

Cette présentation évoque la restauration d’une trentaine de closoirs de la fin du XVe siècle provenant du plafond peint de la maison Viguier de Puisserguier (Hérault). Couverts de suie et de badigeons, le dégagement des couches picturales est particulièrement délicat et nécessite une adaptation permanente d’un closoir à l’autre.
Le résultat est cependant très intéressant et permet d’apprécier l’iconographie et la qualité picturale de l’ensemble. L’analyse technique est approfondie par un dossier scientifique. Elle permet de comprendre le mode d’élaboration et la fabrication de ces closoirs.

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Texte intégral

Introduction

1Ces 36 closoirs font partie d’un ensemble de 92 closoirs provenant du plafond d’un hôtel particulier de la fin du Moyen Âge, situé sur la place de l’église à Puisserguier. Le bâtiment insalubre devait être détruit et fut sauvé in extrémis en 2011 grâce à l’intervention du Maire de Puisserguier, Monsieur Jean-Noël Badenas.

2Ce plafond daté de la fin du XVe siècle avait subi divers dégâts des eaux, il avait été badigeonné à plusieurs reprises, était partiellement recouvert de suie et pour finir avait été entièrement dissimulé par un faux plafond (fig. 1).

Fig. 1

Fig. 1

Puisserguier (Hérault), maison du Viguier ; vue générale du plafond.

Odile Guillon © CICRP

  • 1 L’Atelier du Lauragais est un collectif de trois restaurateurs de peintures diplômés de l’INP (Flor (...)

3Ce chantier de restauration suivi par Nicolas Bru, conservateur du patrimoine (Drac Occitanie), et par Monique Bourin de la RCPPM (association internationale de Recherche sur les Charpentes et Plafonds Peints Médiévaux) a été attribué à l’Atelier du Lauragais1 en 2021.

4L’historique des interventions intervenues entre 2011 et 2021 nous permet dans une première partie de comprendre l’état des closoirs tels qu’ils nous ont été confiés. La restauration est présentée dans une deuxième partie. Nous exposons dans une troisième partie la technique picturale telle que nous l’avons comprise à partir de notre intervention et des analyses scientifiques.

Interventions menées sur le plafond peint de Puisserguier, en vue de sa sauvegarde

  • 2 Notice POP : PM34004995.
  • 3 FIORE et alii, 2014.

5Dès 2012 la maison du Viguier et son plafond peint sont classés au titre des monuments historiques2. Ce plafond3 se situe au premier étage de la maison et couvre une grande salle d’une superficie de 68 m². Une première étude est menée en 2014 sous la conduite de M. Frédéric Fiore, architecte du patrimoine. Lors de cette étude, des tests de décrassage et de restauration sont menés par Mme Myriam Assié, restauratrice de tableaux.

  • 4 ATELIER J.M. STOUFFS, 2015.

6En 2015 M. Jean Marc Stouffs4, conservateur-restaurateur de peintures murales et de polychromies, réalise également des tests de décrassage ainsi que la restauration, in situ, d’un des closoirs figurant une chimère.

  • 5 ATELIER GILLES TOURNILLON, MARINA WEISSMAN, 2016.

7En 2016 les closoirs sont déposés par une équipe de restaurateurs5. Afin de sécuriser leur dépose Mme Marina Weissman, restauratrice de peintures pose in situ, des papiers de protection sur la couche picturale des closoirs présentant des problèmes de soulèvements. M. Gilles Tournillon, restaurateur de mobilier, consolide le support bois des closoirs présentant une fragilité structurelle par le collage au revers de taquet en bois.

  • 6 BOULARAND, GUILLON et VALLET, 2018.

8En 2018 des analyses sont réalisées par la CICRP6 (Centre Interdisciplinaire de Conservation et de Restauration du Patrimoine) en vue de la restauration.

9La restauration de ces closoirs, confiée à notre atelier en octobre 2021, est achevée en mars 2022. Elle est effectuée en deux tranches : un premier choix de onze closoirs sélectionnés par les responsables de la restauration, suivi par une deuxième série de vingt-cinq closoirs choisis par les responsables et par nos soins en fonction de l’expérience acquise sur la première tranche.

Restauration des closoirs

État des œuvres à l’atelier et consolidation

10Nous récupérons des closoirs dans un état assez hétérogène et pour certains couverts de papiers de protection.

  • 7 Résine copolymère de métacrylate d’éthyle et d’acrylate de méthyle.

11Certains supports bois ont été très fragilisés par l’activité des insectes xylophages et se fragmentent par endroit. Une consolidation est alors réalisée avec l’application de Paraloïd® B727 à 2 % dans le xylène. Plusieurs passages par le revers sont parfois nécessaires.

12L’ensemble des revers est traité avec une solution insecticide préventive Perxyl® 10.

13Dans un premier temps nous expérimentons le refixage de manière à pouvoir enlever les papiers de protection sur la couche picturale. Cependant sur certains closoirs les papiers de protection pourront être enlevés sans refixage préalable.

14Après divers tests nous sélectionnons un adhésif de la famille des acryliques (Primal® E330 dans l’éthanol avec deux concentrations différentes en fonction des nécessités : 2,5 % et 5 %).

15Cependant malgré le refixage certaines couches picturales restent très fragiles lors des opérations de dégagement et nécessitent des refixages ponctuels intermédiaires.

16Après enlèvement de l’ensemble des facings, les closoirs se divisent en plusieurs groupes en fonction de leur aspect, conditionné par leur situation au sein du plafond (proximité de la cheminée, des fenêtres etc…).

17On trouve ainsi :

  • Une série de closoirs noirs couverts par une couche de suie plus ou moins épaisse et compacte couvrant parfois un badigeon gris (fig. 2).

  • Une autre série couverte par un badigeon gris (fig. 3).

  • Une série de closoirs couverts par un badigeon blanc parfois en plusieurs couches, se superposant au badigeon gris (fig. 4).

  • Quelques closoirs présentant des altérations particulières comme des traces rondes et blanchâtres liées sans doute aux nids d’hirondelles (fig. 5) ou bien un aspect particulier granuleux correspondant sans doute à une dégradation chimique (fig. 6).

Fig. 2

Fig. 2

C66 Semis de fleurs de lys couvert de suie noir et de restes de badigeon gris.

© Atelier du Lauragais

Fig. 3

Fig. 3

C38 Femme casquée, le badigeon gris avec des restes de badigeon blanc.

© Atelier du Lauragais

Fig. 4

Fig. 4

C11b Attelage, badigeon blanc couvrant un badigeon gris.

© Atelier du Lauragais

Fig. 5

Fig. 5

C71 Animal avec taches restes de badigeons gris et taches blanchâtres.

© Atelier du Lauragais

Fig. 6

Fig. 6

C75 Homme barbu

© Atelier du Lauragais

Le dégagement des badigeons, de la suie et des différentes matières exogènes

18L’essentiel des dégagements se fait au scalpel sous loupe car les polychromies refixées ou non sont pour la plupart extrêmement fragiles (fig. 7).

Fig. 7

Fig. 7

Dans l’atelier sous la loupe, avec le scalpel.

© Canredon/Dieulafait

19L’hétérogénéité de l’état de conservation des closoirs rend le dégagement plus ou moins complexe suivant les cas : certaines couches picturales, ayant une bonne cohésion sont assez aisément dégagées. D’autres s’avèrent être beaucoup plus fragiles et nécessitent des phases de refixages successifs entre chaque étape du dégagement.

20Le badigeon blanc sans doute à base de chaux compact et épais tend à se cliver en emportant l’ensemble des couches sous-jacentes à tendance pulvérulente, alors que le badigeon gris est plus fin et plus tendre. Parfois le badigeon gris sous le badigeon blanc peut s’avérer très solide.

21Les closoirs qui comportent un état granulaire correspondant à une dégradation chimique sont particulièrement fragiles et délicats à nettoyer.

22La méthode de nettoyage des suies par l’utilisation de compresses (papier Bolloré) avec de l’eau déminéralisée sur lesquelles on vient rouler un bâtonnet de coton fonctionne ; cependant nous préférons abandonner les compresses qui nous gênent dans le contrôle du nettoyage.

23L’humidification infime des badigeons grâce au passage d’un bâtonnet de coton à peine humide et roulé sans frottement permet d’en faciliter l’amincissement progressif au scalpel.

24Nous utilisons également un solvant (hydrocarbure aliphatique : ligroïne) roulé toujours grâce au bâtonnet de coton sans frottement sur le badigeon ou sur la suie.

25Les badigeons gris, dans quelques cas, peuvent être amincis par frottement, grâce à l’utilisation d’une petite brosse. Il faut pour cela que la couche picturale soit assez bien conservée, sans pulvérulence (fig. 8).

Fig. 8

Fig. 8

C31, blason de marchand, dégagement avec une petite brosse.

© Atelier du Lauragais

26L’alternance des différentes actions nous aide peu à peu à retrouver une lisibilité sur la plupart des closoirs.

27Cependant certaines couches picturales sous les badigeons apparaissent très lacunaires et presque illisibles (fig. 9 et fig. 10). Leur dégagement permet tout de même de comprendre le sujet initialement représenté et apporte des informations iconographiques (personnage, blason ou chimère…).

Fig. 9

Fig. 9

C11, personnage au chapeau avant dégagement.

© Atelier du Lauragais

Fig. 10

Fig. 10

C11, personnage au chapeau après intervention. Sous les badigeons la couche picturale est très lacunaire, et les badigeons gris sont restés partiellement dégagés.

© Atelier du Lauragais

Intervention finale avec consolidation et légère retouche

28Après dégagement, les couches picturales sont consolidées par le passage d’une résine acrylique Paraloïd B72®, diluée à 2 % dans le xylène. La dilution importante couplée à la très petite molécule de cette résine permet de respecter l’aspect mat de la couche picturale tout en la consolidant légèrement en profondeur.

29En dernier lieu, une fine retouche non reconstitutive composée de glacis colorés, est effectuée à l’aquarelle dans le but de rendre à l’œuvre un maximum de lisibilité.

Fig. 11

Fig. 11

C31, blason de marchand avant et après retouche à l’aquarelle, la partie gauche n’est pas retouchée.

© Atelier du Lauragais

Quelques closoirs avant puis après restauration

Fig. 12

Fig. 12

C11b l’attelage après intervention ; la partie droite n’est que partiellement dégagée, car la couche picturale est extrêmement fine et lacunaire. Le dégagement a permis de comprendre qu’il s’agissait d’un personnage portant un costume noir.

© Atelier du Lauragais

Fig. 13

Fig. 13

C70 la sirène avant intervention, le closoir est totalement illisible.

© Atelier du Lauragais

Fig. 14

Fig. 14

C70 après intervention.

© Laurent Girousse

Fig. 15

Fig. 15

C38, la femme casquée après intervention, le fond vert aux rinceaux jaunes a été décoloré par l’exposition aux UV, il est visible sur les bords qui étaient protégés de la lumière.

© Laurent Girousse

Fig. 16

Fig. 16

C51, l’homme au turban avant intervention masqué par l’épaisse couche de suie.

© Atelier du Lauragais

Fig. 17

Fig. 17

C51, l’homme au turban après intervention.

© Laurent Girousse

Fig. 18

Fig. 18

C82, le lion-chimère avant dégagement.

© Atelier du Lauragais

Fig. 19

Fig. 19

C82, le lion-chimère après dégagement, les rinceaux verts ont été décolorés par la lumière.

© Laurent Girousse

Fig. 20

Fig. 20

C57, la femme âgée au miroir avant intervention.

© Atelier du Lauragais

Fig. 21

Fig. 21

C57, la femme âgée au miroir après intervention.

© Laurent Girousse

La technique picturale des closoirs

  • 8 BOULARAND, GUILLON et VALLET, 2018.

30La restauration des closoirs nous a permis d’explorer en profondeur les techniques picturales employées sur les closoirs. Cette exploration a été rendue possible par le temps prolongé de contact avec les œuvres et leur observation sous loupe lors des différentes phases de la restauration. Nous avons également utilisé les observations que nous avions réalisées lors de la restauration d’autres closoirs et nous nous sommes appuyés sur l’étude scientifique des closoirs réalisée en 2018 au CICRP à Marseille8.

31Les closoirs sont composés de planchettes d’un bois résineux (pin ?) d’une épaisseur variable, en moyenne de 2 cm, d’une largeur de 20 à 22 cm et d’une longueur de 35 à 43 cm. Ils ont été peints par la suite sur de longues planches puis découpées pour être individualisés. Des incisions du bois permettaient aux peintres de voir les limites des closoirs avant découpe. On remarque des traces de sciage régulières au revers des panneaux (scie hydraulique ?). Ce mode de découpe a entraîné des arrachements du bois, notamment au niveau des nœuds sur les faces et les revers des œuvres (fig. 22). Des traces de ponçage sont visibles côté face (raclement avec de petits outils métalliques).

Fig. 22

Fig. 22

La technique de découpe par sciage a entraîné des arrachements du bois, notamment au niveau des nœuds, qui n’ont pas été bouchés par les peintres. La peinture a été appliquée dans les creux (P3).

© Atelier du Lauragais

32Les closoirs sont recouverts d’une seule couche de préparation blanche très fine, probablement posée au pinceau sur une couche d’encollage préalable (fig. 23). On peut supposer que cette préparation, qui n’a pas été analysée, est à base de gypse (sulfate de calcium) et de colle animale, technique traditionnelle dans cette zone géographique à cette époque.

Fig. 23

Fig. 23

La préparation blanche, visible dans la partie supérieure de la photo, a été posée en une seule couche sur les zones planes et les arrachements du bois des panneaux (C76).

© Atelier du Lauragais

33On remarque un dessin préparatoire assez sommaire, réalisé au pinceau avec des traits noirs (fig. 24). Ces dessins sont partiellement visibles à l’œil nu mais ils apparaissent plus nettement par réflectographie infrarouge. Ils n’ont pas toujours été suivis par les peintres. On notera la présence très curieuse d’un personnage rapidement esquissé, peu visible à l’œil nu (fig. 25), et situé au-dessus d’un détail représentant un miroir tenu par une jeune fille (closoir C55).

Fig. 24

Fig. 24

Sous les yeux peints en noir on discerne le dessin préparatoire plus gris, rendu visible en raison de la transparence accrue de la peinture (C56).

© Atelier du Lauragais

Fig. 25

Fig. 25

La photographie infrarouge rend visible une étrange silhouette qui semble émerger du miroir (C55).

© Laurent Girousse

34Les peintures sont des détrempes à la colle réalisées avec beaucoup d’aplats et peu de dégradés. Les différences de style relevées entre les closoirs laissent supposer que plusieurs peintres ont travaillé sur ces œuvres. Le style est généralement très efficace et habile, assez graphique avec l’utilisation de traits noirs pour la mise en place des contours et des éléments des visages par ailleurs très expressifs (fig. 26). On note l’emploi de pochoirs pour représenter des œillets blancs tenus par certains personnages.

Fig. 26

Fig. 26

Le style pictural, très graphique, s’appuie sur des touches rapides et efficaces composées de traits noirs, qui donnent beaucoup de vigueur aux visages (C57).

© Atelier du Lauragais

35Les peintres semblent avoir utilisé les reliefs et les irrégularités des panneaux pour accentuer certains aspects des représentations. C’est ainsi le cas pour un soldat (C54) dont un œil est situé sur un nœud du bois, tandis qu’un creux du bois est utilisé pour figurer le casque (fig. 27). De la même façon, l’âge de la femme maure est accentué par des creux dans le bois qui creusent sa joue.

Fig. 27

Fig. 27

Le peintre semble avoir utilisé le relief du panneau : l’œil est positionné sur un nœud du bois et l’arrière du casque est placé sur un arrachement du bois survenu lors du sciage de la planche (C54).

© Atelier du Lauragais

36Les différents pigments qui ont été analysés étaient habituellement utilisés sur les closoirs à cette époque. C’est le cas pour la technique de superposition du rouge vermillon précieux (sulfure de mercure) sur une sous-couche de minium moins onéreuse (tétroxyde de plomb), par soucis d’économie. On remarque également l’utilisation d’orpiment, pigment jaune vif naturel (sulfure d’arsenic). Les bleus clairs sont à base d’une laque pastel (probablement issue de la plante isatis tinctoria ou pastel des teinturiers) mélangée avec du blanc de gypse tandis que les bleus foncés légèrement violets comprennent une petite part d’ocre rouge. Les verts se déclinent en deux teintes claires et foncées, constitués d’un mélange d’orpiment et de pastel. Le rouge foncé est à base d’ocre rouge. Le noir est à base de poudre de charbon de bois. Les carnations sont réalisées grâce à des mélanges de gypse et d’ocres. Les bruns sont composés de différents types d’ocres. Les gris comportent du blanc de gypse, du noir de charbon avec du pastel. Enfin, on remarque une laque rose dans certaines zones (garance, kermès ?).

37Ces différents pigments ont été habilement utilisés pour varier les couleurs entre les fonds des closoirs et les rinceaux offrant une quinzaine de variations. On observe par exemple des rinceaux rouge foncé (ocre rouge) sur un fond clair (vermillon) ou l’inverse. Des rinceaux bleu pastel sur fond noir ou noir sur fond bleu ou encore des rinceaux jaunes d’orpiment sur des fonds d’ocre jaune et l’inverse.

38Malheureusement, l’exposition à la lumière, à l’humidité, à la suie et aux badigeons, a entraîné des décolorations du pastel (fig. 28) et des laques rouges, tout comme celle de l’orpiment (fig. 29). Heureusement, les bords des closoirs ont souvent été relativement préservés des dégradations, ce qui nous permet d’imaginer leur aspect original. Par chance, quelques fragments de closoirs utilisés comme planches de calage lors de la conception du plafond, et complètement protégés, ont conservés des couleurs presque intactes. Ils nous donnent une idée de leur intensité. C’est ainsi le cas pour la moitié du visage d’une jeune femme (fig. 30) et pour un closoir représentant des chardons (fig.31).

Fig. 28

Fig. 28

Les verts composés de bleu pastel, de gypse et d’orpiment, ainsi que les rehauts jaunes d’orpiment, ont noirci sous l’effet de la lumière (C38). Seules les zones protégées ont conservé leur couleur.

© Atelier du Lauragais

Fig. 29

Fig. 29

L’orpiment s’est décoloré dans la partie du closoir exposée à la lumière tandis qu’il s’est bien conservé dans la partie supérieure protégée par les boiseries (C31).

© Atelier du Lauragais

Fig. 30

Fig. 30

Le visage de femme, malheureusement partiel, a été très bien conservé en raison de l’emploi de ce fragment comme planche de calage lors de l’élaboration du plafond. Cela nous permet d’avoir une idée des couleurs de carnations, du jaune d’orpiment et de la laque rose du couvre-chef, pigments très endommagés sur les autres closoirs (P2).

© Atelier du Lauragais

Fig. 31

Fig. 31

L’une des planches de calage très bien préservée nous donne une bonne idée des couleurs originales : on peut voir ici le vert (orpiment et pastel), le noir (charbon de bois), le blanc (gypse), le jaune (orpiment), le rouge clair (vermillon sur minium) et le rouge foncé (ocre rouge) (P3).

© Atelier du Lauragais

Fig. 32

Fig. 32

Série de closoirs restaurés de la deuxième tranche.

© Atelier du Lauragais

Conclusion

39La restauration de l’ensemble de ces 39 closoirs a été longue difficile et laborieuse, car il fallait s’adapter en permanence à l’état de ce que nous avions sur la couche picturale (suie, badigeons…), et à la couche picturale elle-même, celle-ci étant dans la plupart des cas extrêmement fragile.

40Notre expérience sur la première tranche nous a conduit à sélectionner pour la deuxième tranche les closoirs les plus susceptibles de se révéler intéressants et en bon état.

41Nous avons privilégié, ceux qui étaient couverts de suie, éventuellement avec des restes de badigeon gris, mais nous avons évité les closoirs couverts par le badigeon blanc très compliqué à dégager.

42Nous avons été aidés par le fait de travailler à trois dans une ambiance positive et amicale, ce qui nous a permis de ne jamais désespérer du résultat, malgré le caractère fastidieux des dégagements.

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Bibliographie

ATELIER JEAN-MARC STOUFFS. Hérault – Commune de Puisserguier – Maison au plafond peint - Reprise d’étude et protocole d’intervention pour la restauration d’un plafond peint. Décembre 2015.

BOULARAND Sarah, GUILLON Odile et VALLET Jean-Marc. « Matière altérée, couleurs modifiées : apports des techniques analytiques et d’imagerie pour la compréhension des décors originaux sur les plafonds peints médiévaux, l’exemple de la maison du viguier à Puisserguier ». Patrimoines du Sud [En ligne], 7 | 2018.

FIORE Frédéric, ASSIE Miriam, GUIBAL Frédéric, MUZZARELLI Claude. Hérault – Commune de Puisserguier – Maison au plafond peint - Étude de diagnostic en vue de la restauration de la maison et du plafond peint. Juillet 2014.

TOURNILLON, Gilles et WEISSMAN, Marina. Hérault – Commune de Puisserguier – Maison au plafond peint – Rapport dépose closoirs. Septembre 2016.

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Notes

1 L’Atelier du Lauragais est un collectif de trois restaurateurs de peintures diplômés de l’INP (Florence Meyerfeld, 1991 et Jérôme Ruiz, 2003) et de l’école de Condé Paris (Sandra Abreu, 2010), travaillant en collaboration.

2 Notice POP : PM34004995.

3 FIORE et alii, 2014.

4 ATELIER J.M. STOUFFS, 2015.

5 ATELIER GILLES TOURNILLON, MARINA WEISSMAN, 2016.

6 BOULARAND, GUILLON et VALLET, 2018.

7 Résine copolymère de métacrylate d’éthyle et d’acrylate de méthyle.

8 BOULARAND, GUILLON et VALLET, 2018.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Puisserguier (Hérault), maison du Viguier ; vue générale du plafond.
Crédits Odile Guillon © CICRP
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 375k
Titre Fig. 2
Légende C66 Semis de fleurs de lys couvert de suie noir et de restes de badigeon gris.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 505k
Titre Fig. 3
Légende C38 Femme casquée, le badigeon gris avec des restes de badigeon blanc.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 520k
Titre Fig. 4
Légende C11b Attelage, badigeon blanc couvrant un badigeon gris.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-4.jpg
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Titre Fig. 5
Légende C71 Animal avec taches restes de badigeons gris et taches blanchâtres.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 614k
Titre Fig. 6
Légende C75 Homme barbu
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 629k
Titre Fig. 7
Légende Dans l’atelier sous la loupe, avec le scalpel.
Crédits © Canredon/Dieulafait
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 296k
Titre Fig. 8
Légende C31, blason de marchand, dégagement avec une petite brosse.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-8.jpg
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Titre Fig. 9
Légende C11, personnage au chapeau avant dégagement.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-9.jpg
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Titre Fig. 10
Légende C11, personnage au chapeau après intervention. Sous les badigeons la couche picturale est très lacunaire, et les badigeons gris sont restés partiellement dégagés.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-10.jpg
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Titre Fig. 11
Légende C31, blason de marchand avant et après retouche à l’aquarelle, la partie gauche n’est pas retouchée.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 12
Légende C11b l’attelage après intervention ; la partie droite n’est que partiellement dégagée, car la couche picturale est extrêmement fine et lacunaire. Le dégagement a permis de comprendre qu’il s’agissait d’un personnage portant un costume noir.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-12.jpg
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Titre Fig. 13
Légende C70 la sirène avant intervention, le closoir est totalement illisible.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 14
Légende C70 après intervention.
Crédits © Laurent Girousse
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-14.jpg
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Titre Fig. 15
Légende C38, la femme casquée après intervention, le fond vert aux rinceaux jaunes a été décoloré par l’exposition aux UV, il est visible sur les bords qui étaient protégés de la lumière.
Crédits © Laurent Girousse
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-15.jpg
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Titre Fig. 16
Légende C51, l’homme au turban avant intervention masqué par l’épaisse couche de suie.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 17
Légende C51, l’homme au turban après intervention.
Crédits © Laurent Girousse
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Titre Fig. 18
Légende C82, le lion-chimère avant dégagement.
Crédits © Atelier du Lauragais
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-18.jpg
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Titre Fig. 19
Légende C82, le lion-chimère après dégagement, les rinceaux verts ont été décolorés par la lumière.
Crédits © Laurent Girousse
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12942/img-19.jpg
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Titre Fig. 20
Légende C57, la femme âgée au miroir avant intervention.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 21
Légende C57, la femme âgée au miroir après intervention.
Crédits © Laurent Girousse
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Titre Fig. 22
Légende La technique de découpe par sciage a entraîné des arrachements du bois, notamment au niveau des nœuds, qui n’ont pas été bouchés par les peintres. La peinture a été appliquée dans les creux (P3).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 23
Légende La préparation blanche, visible dans la partie supérieure de la photo, a été posée en une seule couche sur les zones planes et les arrachements du bois des panneaux (C76).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 24
Légende Sous les yeux peints en noir on discerne le dessin préparatoire plus gris, rendu visible en raison de la transparence accrue de la peinture (C56).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 25
Légende La photographie infrarouge rend visible une étrange silhouette qui semble émerger du miroir (C55).
Crédits © Laurent Girousse
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Titre Fig. 26
Légende Le style pictural, très graphique, s’appuie sur des touches rapides et efficaces composées de traits noirs, qui donnent beaucoup de vigueur aux visages (C57).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 27
Légende Le peintre semble avoir utilisé le relief du panneau : l’œil est positionné sur un nœud du bois et l’arrière du casque est placé sur un arrachement du bois survenu lors du sciage de la planche (C54).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 28
Légende Les verts composés de bleu pastel, de gypse et d’orpiment, ainsi que les rehauts jaunes d’orpiment, ont noirci sous l’effet de la lumière (C38). Seules les zones protégées ont conservé leur couleur.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 29
Légende L’orpiment s’est décoloré dans la partie du closoir exposée à la lumière tandis qu’il s’est bien conservé dans la partie supérieure protégée par les boiseries (C31).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 30
Légende Le visage de femme, malheureusement partiel, a été très bien conservé en raison de l’emploi de ce fragment comme planche de calage lors de l’élaboration du plafond. Cela nous permet d’avoir une idée des couleurs de carnations, du jaune d’orpiment et de la laque rose du couvre-chef, pigments très endommagés sur les autres closoirs (P2).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 31
Légende L’une des planches de calage très bien préservée nous donne une bonne idée des couleurs originales : on peut voir ici le vert (orpiment et pastel), le noir (charbon de bois), le blanc (gypse), le jaune (orpiment), le rouge clair (vermillon sur minium) et le rouge foncé (ocre rouge) (P3).
Crédits © Atelier du Lauragais
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Titre Fig. 32
Légende Série de closoirs restaurés de la deuxième tranche.
Crédits © Atelier du Lauragais
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Pour citer cet article

Référence électronique

Florence Meyerfeld, Jérôme Ruiz et Sandra Abreu, « La restauration de 36 closoirs provenant de la maison du Viguier à Puisserguier »Patrimoines du Sud [En ligne], 18 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/12942 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.12942

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Auteurs

Florence Meyerfeld

Conservatrice-restauratrice de peintures, diplômée de l’INP

Jérôme Ruiz

Conservateur-restaurateur de peintures, diplômé de l’INP

Sandra Abreu

Conservatrice-restauratrice de peintures, diplômée de l’école de Condé Paris

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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