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Dossier - La peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours
La conservation-restauration

La conservation-restauration du « Guernica en couleur » de Dado, Les Orpellières, Sérignan (Hérault), 2020-2022

The restoration and conservation of the “Guernica in color” of Dado, Les Orpellières, Sérignan (Hérault), 2020-2022
Amarante Szidon et Aude Aussilloux-Correa

Résumés

Cet article vise à présenter l’œuvre in situ des Orpellières, une cave vinicole désaffectée à Sérignan (Hérault), dans la carrière de l’artiste monténégrin Dado (Miodrag Đurić, dit, 1933–2010), découvert par Daniel Cordier et Jean Dubuffet, ainsi que le projet de restauration lancé en mai 2022 sous l’égide du Conservatoire du littoral. Qualifiées de « Guernica en couleurs » (Alain Jouffroy), les Orpellières offrent une porte d’entrée exceptionnelle dans l’univers de Dado. De 1994 à 1999, l’artiste réalise des peintures sur des murs recouverts de tags, déjà abîmés, souffrant de remontées capillaires importantes et de la présence de sels. Conscient de la fragilité du support, il intervient sur des murs « vivants », fasciné par le processus de la vie et de la mort qu’il cherche inlassablement à restituer. Il installe également des sculptures dans l’espace. Depuis 1999, sans entretien, l’œuvre n’a cessé de se dégrader, et présente, selon les murs, un état de conservation très hétérogène. Le chantier de restauration, mené par une équipe de huit restaurateurs, a été rendu possible grâce à une étude lancée en 2020, qui a analysé les facteurs d’altération liés au bâti et à l’environnement et montré toute la pertinence d’une intervention pour améliorer la lecture de l’œuvre : grâce notamment à une opération d’assainissement du lieu ; la restauration fondamentale des murs les moins altérés ; une consolidation d’urgence des peintures sur les zones en péril à l’aide, entre autres, d’un consolidant expérimental à base de gel de silice, le Nano Estel ®. Un suivi climatique par le laboratoire ERM a également été mis en place. Les travaux de restauration devraient s’achever fin 2023 pour une ouverture au public prévue pour le premier semestre 2024.

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Texte intégral

La place des Orpellières (1994-1999) dans la carrière de Dado

Par Amarante Szidon, fille de Dado, présidente de l’Association Les Méchantes Petites Filles

1Dado (Miodrag Đurić ou Djuric, dit) (fig. 1) est un artiste monténégrin, né en 1933 à Cetinje, dans une famille d’intellectuels parmi lesquels se dégagent deux figures tutélaires (fig. 2), son grand-père maternel, médecin, et sa mère, professeur de sciences naturelles, dont il dira qu’elles « l’ont propulsé dans le travail que je fais », et qu’elles ont été « à l’origine du phénomène Dado, un tout petit phénomène, mais un phénomène quand même1 ». Dado arrive à Paris en août 1956, et est très vite remarqué par Jean Dubuffet, qui le présente au célèbre résistant Daniel Cordier (fig. 3), devenu galeriste après la guerre, et qui va véritablement lancer sa carrière en France, où Dado restera jusqu’à sa mort, en 2010, sans jamais prendre la nationalité française, en se décrivant comme un « exilé volontaire2 ».

Fig. 1

Fig. 1

Dado, 1985

Photo Domingo Djuric © courtesy www.dado.fr

Fig. 2

Fig. 2

Jovan et Vjera Kujačić, le grand-père et la mère de Dado, Cetinje, Monténégro, années 1910

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 3

Fig. 3

Dado et Daniel Cordier, Paris, 1964

Photo DR © courtesy www.dado.fr

2C’est en 1994 que Dado, installé à Hérouval dans le Vexin depuis 1960, découvre le site des Orpellières à l’invitation d’André Gélis, alors maire de Sérignan (fig. 4 et 5), et de Piet Moget (1928–2015), peintre et marchand néerlandais.

Fig. 4

Fig. 4

Vue du bâtiment des Orpellières, 1994

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 5

Fig. 5

André Gélis et Dado, Orpellières, photo non datée

Photo Bernard Rivière © courtesy www.dado.fr

3Il est tout de suite fasciné par cette ancienne cave viticole dans cette zone à la faune et à la flore exceptionnelles, puisque le site est classé Natura 2000, une cave dont les murs sont recouverts de tags anonymes. C’est précisément cette double particularité du site qui allie nature et langage urbain qui séduit immédiatement Dado. C’est un lieu à l’abandon, qui n’est pas protégé, exposé aux quatre vents et tout particulièrement aux embruns.

4Dado se met donc au travail, et réalise des peintures murales, en dialoguant avec les tags existants, jouant avec la fragilité du support, les murs étant déjà en proie à des remontées capillaires (fig. 6).

Fig. 6

Fig. 6

Dado travaillant aux Orpellières, photo non datée

Photo DR © courtesy www.dado.fr

5Il y installe des objets : lits d’hôpital, carcasses de voitures, éléments d’un décor d’opéra, meubles remplis d’objets divers, poêle en fonte… (fig. 7 et 8).

Fig. 7

Fig. 7

Les Orpellières, juillet 1998

Photo Alain Controu © courtesy www.dado.fr

Fig. 8

Fig. 8

Les Orpellières, juillet 1998

Photo Alain Controu © courtesy www.dado.fr

6Cette intervention va durer cinq ans, jusqu’à l’état à peu près final de 1999.

7À cette époque, Dado cherche à s’affranchir du système marchand. Il s’agit de créer une œuvre qui ne puisse pas être vendue, une œuvre proprement incessible, à travers ce qu’il nommera plus tard ces « commandes autoproclamées », par opposition aux commandes publiques. C’est aussi un tournant dans sa carrière car c’est l’une de ses premières démarches hors de l’atelier d’Hérouval, dans lequel il travaille depuis 1960, après la maison de Bez-de-Naussac en 1992.

  • 3 JOUFFROY, 1999, p. 41.

8Les Orpellières, ce « Guernica en couleur3 », ainsi que les a qualifiées le critique Alain Jouffroy, offrent une porte d’entrée d’exception pour s’immerger dans l’œuvre de Dado. Et cela parce que plusieurs thématiques fortes qui imprègnent son œuvre dès ses débuts s’en dégagent.

La fascination pour le motif du mur et la peinture murale, qui va de pair avec le langage urbain et le tag

  • 4 Dado, entretien avec Michel Braticević, dans DADO, 2016, p. 156.

9La fascination pour le motif du mur apparaît dès l’enfance chez Dado, qui décrira le mur de la maison familiale à Cetinje comme « une barrière qui séparait mon monde du reste du monde4 ». Il est frappant dès les œuvres de l’époque belgradoise (1954-1956), j’y reviendrai (Le Cycliste, fig. 12), et l’on peut même observer des piliers-colonnes dans le Sans titre de 1954-1955 (fig. 9), couverts d’inscriptions – qui rappellent ceux des Orpellières (fig. 10). De même, le motif du mur sera présent dès les premières toiles de l’époque Cordier, peintes dans le Vexin français (L’Architecte, 1959, fig. 11). Il s’agit d’un mur minéral, dans lequel viennent se confondre l’animal, le végétal et l’humain.

Fig. 9

Fig. 9

Dado, Sans titre, 1954-1955, Huile sur toile, 70 × 92 cm, Collection Zoran Popović

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 10

Fig. 10

Premières interventions sur un pilier aux Orpellières, février 1994

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 11

Fig. 11

Dado, L’Architecte, 1959, Huile sur toile, 162,5 × 130 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Donation Daniel Cordier, 1989

© courtesy www.dado.fr

  • 5 Dado, entretien avec Guy Clavel, Midi libre, février 1996 ; repris dans DADO, 2016, p. 142.

10Dès 1954, à Belgrade, Dado est captivé par tout ce qui relève du « langage » urbain : graffitis sur les murs, publicités des stades de football, qu’il reproduit dans ses dessins et ses toiles (Le Cycliste, fig. 12). Quant aux tags, Dado les découvre lors de son premier voyage à New York en 1962, dans le métro, et il est immédiatement fasciné par ce langage non académique, qu’il juge authentique. Sur les tags des Orpellières, Dado a cette formule très frappante : « Il y avait des tags obscènes qui subsistent toujours, j’ai rajouté l’obscène sur l’obscène5 » (fig. 13 et 14). À la même période, dans les années 1990, il collabore avec le tagueur Stéphane Bausch, intervenant sur les tags que le jeune homme réalise sur les murs de la pièce attenante à son atelier d’Hérouval. Aux Orpellières, l’une des planches représentant les deux partisans pendus par les nazis sur la place de Cetinje en janvier 1944 (fig. 15 et 16) comporte d’ailleurs au verso un tag réalisé par Stéphane Bausch sous son pseudonyme d’alors, Also (il s’agit de la planche de gauche, fig. 16). Cette planche figure parmi les éléments issus de l’atelier d’Hérouval – poêle, souches de bois, ours en peluche... – que Dado utilise pour concevoir ses sculptures-objets aux Orpellières. En 1999, dernière année de son intervention aux Orpellières, Dado confiera au réalisateur Jorge Amat : « La chose artistique aujourd’hui, à part les tagueurs, ne m’intéresse pas. Quand on me dit d’aller voir un nouvel accrochage dans un musée et tout ça, je n’y vais pas, parce qu’il me suffit de regarder les tagueurs le long de l’A15 ».

Fig. 12

Fig. 12

Dado, Le Cycliste, 1955, Huile sur toile, 130 × 97 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, Donation Daniel Cordier, 1989

© courtesy www.dado.fr

Fig. 13

Fig. 13

Mur avec une inscription obscène, Les Orpellières, février 1994

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 14

Fig. 14

Tag « Fuck da Police », Les Orpellières, février 1994

Photo DR © courtesy www.dado.fr

11Cette fascination pour le mur va de pair avec la réalisation de peintures murales dès l’enfance. Plus tard, Dado réalisera de nombreuses peintures murales : à Hérouval6, à Montjavoult dans l’« Ambassade de la IVe Internationale7 », à la chapelle Saint-Luc de Gisors8, dans un blockhaus à Fécamp9.

La guerre : l’éclatement de la Yougoslavie, pays natal de Dado, et les réminiscences de la seconde guerre mondiale au Monténégro

12La guerre est un thème très présent dans l’œuvre de Dado, dès les débuts. La guerre en Yougoslavie, qui a éclaté trois ans avant son intervention aux Orpellières, déclenche chez Dado des réminiscences d’un événement traumatique de janvier 1944 : la pendaison de deux partisans par l’occupant nazi, en face de la maison familiale à Cetinje, représentés ici par deux planches peintes suspendues à une poutre (fig. 15 et 16). L’inscription en cyrillique « хyманитарнапомођ » [humanitarnapomoć] [aide humanitaire] en bas d’une gazinière (fig. 17) ainsi que les lits d’hôpital sont bien évidemment également une évocation très explicite de la guerre et de ses horreurs (fig. 7).

Fig. 15

Fig. 15

Gojko Kruška et Musa-Buta Hodšić, les deux partisans pendus par les nazis sur la place de Cetinje (Monténégro), janvier 1944

Photo DR © courtesy www.dado.fr

Fig. 16

Fig. 16

Les Orpellières, photo non datée. À gauche, les deux partisans pendus à Cetinje en janvier 1944 par les nazis

Photo Bernard Rivière © courtesy www.dado.fr

Fig. 17

Fig. 17

Les Orpellières, 1997. Still d’un film d’archive de Pascal Szidon montrant l’inscription en cyrillique « хyманитарнапомођ » [humanitarnapomoć] [aide humanitaire] en bas d’une gazinière

© courtesy www.dado.fr

La fascination de Dado pour la nature, et tout particulièrement l’ornithologie

  • 10 Entretien inédit avec Amarante Szidon, 20 octobre 2001.

13Dans toute l’œuvre de Dado, la question du vivant et la confrontation avec la nature occupent une place centrale. Depuis l’enfance, Dado est fasciné par les sciences naturelles et tout particulièrement par l’ornithologie (sa première peinture murale sur les murs de la maison familiale à Cetinje représente deux oiseaux). Cette passion continuera avec sa découverte de Buffon dans les années 1980 et de son Histoire naturelle des oiseaux (fig. 18). Dans nombre d’entretiens, Dado ne se lasse pas d’évoquer les oiseaux migrateurs qu’il peut observer aux Orpellières, lui qui se définissait comme un « ornithologue amateur10 ».

Fig. 18

Fig. 18

Dado, Cabinet d’Histoire naturelle, en hommage à Buffon, atelier d’Hérouval, 1987

Photo Philibert © courtesy www.dado.fr

Fragilité : les supports précaires / la question de la conservation

  • 11 « Chaque dimanche, durant mes week-ends, j’allais voir Dado. Il travaillait sur trois ou quatre tab (...)

14Dès ses débuts à Belgrade en 1954-1956, poussé par la nécessité, Dado travaille sur des supports fragiles (voire inadéquats) pour réaliser ses peintures et dessins, comme les toiles de matelas d’hôpital que lui faisait parvenir son père de l’hôpital de Cetinje où il travaillait comme cadre, sur lesquelles est peint par exemple Le Cycliste (fig. 12). Outre cette prédilection (même si elle était induite par la nécessité) pour les supports fragiles, Dado ne préparait pas bien ses toiles et ne prenait pas soin de ses œuvres, selon le témoignage de son marchand Daniel Cordier11.

15Dado s’en remettait donc toujours à un tiers (un restaurateur !) pour conserver son travail.

16Aux Orpellières, cette fascination pour le support pauvre que constituent les murs abîmés, imprégnés d’humidité provoque un dialogue créatif avec les forces de la nature : les embruns et les remontées capillaires altérant déjà ses peintures murales au fil des mois… Pour Dado, peindre sur un mur « vivant » est précisément un défi qui l’inspire et stimule sa créativité. Il intègre à son œuvre le principe destructeur de la nature, s’efforçant de capter au plus près les processus de la vie et de la mort, en plaçant son œuvre au cœur même des contradictions du vivant, là où la vie et la mort s’incluent l’une et l’autre, et où les frontières s’estompent jusqu’au vertige. C’est cette dimension proprement orphique qui est au cœur de sa démarche, ainsi que Dado l’explique très bien à Jorge Amat en 1999 : « Toute la difficulté vient du fait qu’on doit faire cette espèce de jonction que personne ne pourra jamais faire, parce que personne n’est jamais revenu, sauf dans la mythologie grecque. Il faut qu’il y ait un parfum de ce qui était, de ce qui ne serait plus. […] C’est ce côté caduc qui m’intéresse dans la peinture. Ce n’est pas fait pour durer, mais c’est fait pour frapper, pour nous rappeler la fragilité des choses, mais par une force qu’on doit atteindre la plus grande qu’elle soit. Ce n’est pas une peinture de circonstance, ce n’est pas une peinture épistolaire non plus, c’est la peinture tout court, qui serait très proche du monde vivant, tout bêtement. »

17Les Orpellières sont à ce titre emblématiques de cette thématique centrale dans l’œuvre de Dado. Le travail de restauration concrétisera précisément ce processus à l’œuvre, certaines parties étant irrémédiablement effacées sur les murs les plus fragiles.

18Et si Dado expose son œuvre au risque de la destruction, en choisissant ce support fragile, cela ne signifie pas, comme d’aucuns en ont conclu hâtivement, qu’il voulait qu’elle soit détruite, parce qu’éphémère. Bien au contraire, il se souciait énormément de sa conservation, comme en attestent de nombreux témoignages.

19En conclusion, si j’ai défendu l’approche d’une véritable restauration, c’est qu’il me semblait inacceptable qu’on laisse disparaître à jamais un tel chef-d’œuvre. Il en va de ma responsabilité d’ayant droit. Il était également hors de question que l’œuvre soit présentée en l’état, c’est-à-dire extrêmement dégradée après des années sans soin de conservation, ce qui aurait été une catastrophe pour sa réception. Il y a eu donc un dialogue très fécond avec l’équipe de restaurateurs sur les choix à faire en termes de conservation et de restitution. Je tiens à saluer l’action de Jérôme Hirigoyen, au Conservatoire du Littoral, qui a lancé l’étude de restauration effectuée en juillet 2020, qui s’est révélée déterminante pour mener à bien ce projet de restauration.

La conservation et la restauration des œuvres de Dado aux Orpellières

Par Aude Aussilloux-Correa, conservatrice-restauratrice de peintures murales

  • 12 Témoignage de Philippe Ferrari, ami et collectionneur de Dado. 2 juillet 2013, correspondance avec (...)

20Dado travaille pour la dernière fois aux Orpellières en 1999. Un an plus tard, il décide de s’y rendre à nouveau pour présenter son œuvre à son ami et collectionneur Philippe Ferrari. Le site est alors fermé mais, au travers des grilles, tous deux constatent que les peintures et les sculptures-objets se dégradent fortement et se couvrent de poussière. « Dado était mécontent qu’aucune protection n’ait été installée pour freiner l’entrée du vent marin par les grandes baies du bâtiment. Il était conscient de la lutte qui se jouait là, avec les éléments, les murs, l’ensemble du bâtiment. Mais cette lutte, il la souhaitait à armes égales, installée dans le temps12 » (fig. 19).

Fig. 19

Fig. 19

Dado aux Orpellières en 2000

© Philippe Ferrari

21Quelques années plus tard, des volets en bois sont installés pour fermer les grandes ouvertures plein cintre de la façade sud-ouest et la surveillance du chai est assurée par un gardien. Malheureusement, ces mesures sont insuffisantes pour assurer la pérennité de l’œuvre. Les années passent, les enduits des pieds de mur s’effondrent sous l’effet des remontées capillaires et des cristallisations salines. Certaines peintures disparaissent peu à peu et la poussière s’accumule, au point qu’elle finit par masquer totalement la couleur des sculptures-objets (fig. 20, 21). La situation s’aggrave lors d’une forte tempête, qui emporte la toiture en 2011. Les sculptures sont alors déplacées et mises à l’abri ; les murs sont bâchés en urgence jusqu’en 2012, date à laquelle la mairie de Sérignan engage des travaux de mise hors d’eau grâce à une réfection complète du couvrement.

Fig. 20

Fig. 20

Détail « le monstre en chef des Orpellières », M4, 2020 : le site est laissé sans entretien et les peintures disparaissent peu à peu.

© Aude Aussilloux

Fig. 21

Fig. 21

Sculpture-objet avant et après dépoussiérage, mai 2022

© Émilie Lormée

  • 13 L’équipe, en charge du diagnostic puis des travaux est composée de conservateurs-restaurateurs orga (...)

22En 2018, le Conservatoire du littoral et l’Agglomération Béziers-Méditerranée initient un projet de valorisation du domaine des Orpellières. Dans cette opération, au sein d’une zone classée Natura 2000, ils souhaitent que l’œuvre singulière de Dado soit associée au patrimoine naturel de ce site et envisagent pour cela, non seulement la conservation physique des œuvres, mais aussi leur restauration afin de restituer, là où cela sera possible, leur intégrité formelle telle que nous l’a laissée l’artiste en 1999. Une étude préalable est alors engagée en 2020 sous la maîtrise d’ouvrage du Conservatoire du littoral, conduite par Jérôme Hirigoyen et suivie par un comité de pilotage, composé de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie, du Musée régional d’art contemporain (MRAC) à Sérignan, de l’association Les Méchantes Petites Filles, de la commune de Sérignan, de l’Agglo Béziers-Méditerranée, du département de l’Hérault, et de la Région Occitanie. Les conclusions de l’étude orientent alors positivement le projet en faveur d’une intervention à plusieurs vitesses relevant, selon les cas, de la conservation d’urgence à la restauration. La première phase de travaux a débuté en mai 2022 et devra s’achever à l’automne 202313.

23Revenons tout d’abord sur le contexte environnemental et les particularités du bâtiment investi par Dado. Cette ancienne cave viticole implantée sur l’actuelle réserve naturelle des Orpellières se situe à proximité des communes de Sérignan et de Valras-Plage, dans le département de l’Hérault (34). Le chai et l’ensemble des bâtiments agricoles auxquels elle appartenait sont entourés d’une vaste zone de prés salés, à cent mètres de l’embouchure de l’Orb et à quatre cents mètres de la mer ; un site classé « zone inondable » en raison des crues régulières du fleuve, d’une nappe phréatique affleurante et d’un terrain naturellement marécageux (fig. 22, 23).

Fig. 22

Fig. 22

Vue aérienne du Domaine des Orpellières

© F. Larey - Conservatoire du littoral

Fig. 23

Fig. 23

Vue d’ensemble du site en avril 2019. Le chai investi par Dado est implanté au sein d’un environnement humide et salé entre l’Orb et la Méditerranée.

© Aude Aussilloux

24Dado s’installe donc dans cette construction typique des ateliers vinicoles du début du xixe siècle, restée en usage jusque dans les années 1950. Le bâtiment mesure vingt-cinq mètres de long par dix-huit mètres de large ; on peut encore y voir la fosse, le pressoir, les cuves de maturation du vin en béton et une grande partie des aménagements techniques de l’exploitation. Ses fondations se situent à priori sous le niveau de la nappe (-1.7) et, bien que les sols soient perméables et drainants, les murs baignent dans l’eau et souffrent de remontées capillaires (fig. 24). Plusieurs défauts d’entretien favorisent les apports d’humidité au sein du bâti (joints dégarnis, enduits lacunaires, végétation abondante, non maîtrisée) ainsi que la présence d’une chape en ciment ou d’enduits fortement hydrauliques recouvrant les soubassements extérieurs (fig. 25).

Fig. 24

Fig. 24

Cuve du chai en mai 2022. Les murs « baignent dans l’eau ». Un effet de mèche permanent se produit avec phénomène de remontées capillaires malgré un sol perméable qui ne devrait pas les favoriser.

© Aude Aussilloux

Fig. 25

Fig. 25

Les apports en eau au sein du bâti sont augmentés par plusieurs défauts d’entretien : joints dégarnis, enduits lacunaires ou végétation non maîtrisée.

© Aude Aussilloux

25Les peintures murales s’étendent sur les murs de façade en moellons calcaire, ainsi que sur les structures en béton armé ayant permis de bâtir les cuves, la fosse, les escaliers et les piliers. La surface de l’œuvre peinte représente environ trois cent cinquante-cinq mètres carrés (fig. 26). Elle est réalisée sur différents supports d’enduit, généralement à matrice compacte, de faible porosité, composés de ciment, de chaux hydraulique ou encore de chaux aérienne fortement magnésienne mélangée à un sable local (fig. 27). Les chaux magnésiennes sont souvent utilisées en agriculture pour l’amendement des sols acides, ce qui explique leur probable utilisation sur ce site.

Fig. 26

Fig. 26

Localisation des peintures murales : Plan au sol de la cave avec nomenclature Ipso Facto 2020. Schéma L. Stroppolo

© L. Stroppolo

Fig. 27

Fig. 27

Selon les localisations, les supports des peintures de Dado sont principalement des enduits à base de chaux fortement magnésienne et de sable local ou des enduits hydrauliques sur les structures en béton armé.

© Aude Aussilloux

26La technique picturale de Dado aux Orpellières est assez spécifique du fait qu’elle s’inscrit dans un travail qui s’est opéré sur plusieurs années durant lesquelles il a procédé par superpositions de couches sur un support lui-même composé de plusieurs strates plus ou moins liées telles que les badigeons d’origine ou les tags pré-existants, que l’artiste intégrait généralement à ses motifs. À l’aide de pinceaux, brosses ou rouleaux, il travaillait sur l’ensemble des murs à chaque visite et non pas mur par mur, faisant peu de mélanges ou utilisant les couleurs quasiment sorties du pot. Nous avons retrouvé dans les cuves des récipients vides de peintures industrielles acryliques et alkydes qui ont données à son œuvre des aspects de surface variés, alternativement très mats, à très brillants. Peu à peu, au fil de ses séjours aux Orpellières, et sous l’influence des taggueurs, Dado se met à utiliser des aérosols dont l’emploi est facilement reconnaissable à la finesse des couches picturales déposées à la surface des murs (fig. 28, 29).

Fig. 28

Fig. 28

Mur de cuves M2 : de façon générale, Dado préparait plus ou moins son support avec un aplat de peinture blanche, sans recouvrir les tags.

Orthophotographies © Ipso Facto

Fig. 29

Fig. 29

Mur de cuves M6 : de façon générale, Dado préparait plus ou moins son support avec un aplat de peinture blanche, sans recouvrir les tags.

Orthophotographies © Ipso Facto

27Cet ensemble, fortement hétérogène, tant au niveau des supports que des couches picturales, mais surtout soumis à des contraintes environnementales très inégales, a donné lieu à des états de conservation et des dynamiques d’évolution parfois bons, parfois mauvais à très mauvais, parfois encore jugés en péril. Malgré les apparences, les peintures des cuves et des piliers, bien que par endroits largement empoussiérées et écaillées, étaient relativement bien conservées. En revanche, les peintures des quatre murs de façade étaient dans un état de conservation très mauvais, avec évolution rapide des altérations. Ces murs subissent des remontées capillaires et une emprise de l’environnement qui ne touchent pas, ou très peu, les autres élévations et auxquelles s’ajoutent, pour certains, une pollution endogène plus marquée (usages agricoles sur une période de deux cents ans). Ces murs sont tout particulièrement affectés par des surfaces lacunaires ou des pulvérulences d’enduit importantes en partie basse, parfois sur plus de deux mètres de hauteur. Des monticules de poudre de mortier s’étaient même formés à la base des murs (fig. 30).

Fig. 30

Fig. 30

Mur M4. Les altérations majeures se situent sur les murs de façade avec des surfaces lacunaires et des pertes de cohésion importantes à la base des murs.

© Aude Aussilloux

28La présence de sels au sein des supports ou en surface constitue l’un des problèmes majeurs du site. Les analyses ont montré que globalement, les niveaux de contamination sont très élevés avec des espèces particulièrement nocives, car très solubles et très hygroscopiques (fig. 31). Leur origine est pour certains (notamment les sulfates de magnésium ou les chlorures et nitrates de sodium) liée à la nature des enduits d’origine ou de reprise. Les anciennes activités vinicoles et viticoles sont sans doute aussi à mettre en cause : soufrage des barriques, sulfatage des vignes ? Tout comme l’environnement des sols salés et des embruns marins, qui contribuent généreusement à ces contaminations.

Fig. 31

Fig. 31

Détails mur M4. La présence de sels au sein des supports ou à leur surface constitue l’un des problèmes majeurs du site.

© Aude Aussilloux

29Dans ces conditions d’états et d’évolutions variés, l’objectif était alors de traiter les urgences mais aussi, au risque de créer des niveaux de présentation contrastés, de redonner vie à l’œuvre, permettant ainsi sa redécouverte grâce à des interventions de conservation-restauration fondamentales là où une telle intervention semblait justifiée (fig. 32).

Fig. 32

Fig. 32

Mur M6. Des interventions à plusieurs vitesses peuvent être réalisées : sur les cuves, peu soumises aux contraintes de l’environnement, les peintures murales ont été traitées de manière fondamentale, de la conservation jusqu’à la restauration.

© Aude Aussilloux

  • 14 Ces travaux d’assainissement ont été réalisés par la société Cadre en Seine, spécialisée dans la li (...)

30En tout premier lieu, il était important d’assainir de manière globale l’intérieur du bâtiment en éliminant l’épaisse couche de poussière chargée d’une contamination saline très importante et de nombreux dépôts organiques principalement causés par la présence d’une chouette nichant sous la toiture14. Précisons qu’en prévision des travaux, celle-ci a été relogée avec succès dans les combles du bâtiment attenant par le Conservatoire du littoral (fig. 33).

Fig. 33

Fig. 33

Intervention préalable d’assainissement de l’intérieur du chai, hors œuvre de Dado, avec une équipe de régisseurs de la société Cadre en Seine.

© Aude Aussilloux

31Parallèlement à cette première intervention, une étude climatique a été mise en place avec Benoît Merxck du Laboratoire ERM. Celle-ci sera menée sur deux ans, afin d’évaluer le degré d’inertie du bâtiment et d’orienter les dispositifs d’aménagements pérennes du chai (tels que notamment la régulation des ouvertures ou la question d’une isolation éventuelle).

32Les interventions sur les cuves et les piliers ont consisté essentiellement en des opérations de dépoussiérage, refixage et décrassage de couche picturale avec des résultats très satisfaisants, permettant aux peintures de retrouver leur force et un sens qu’elles avaient perdus sous la poussière. Localement, quelques réintégrations ont été faites afin d’améliorer la fluidité de la lecture. En revanche, les interventions sur les quatre murs de façade sont en cours et devront être menées beaucoup plus progressivement, parallèlement et en cohérence avec les interventions qui seront entreprises prochainement sur le bâti. Pour ces localisations, les premiers travaux ont été des travaux d’urgence tels qu’un dépoussiérage poussé avec pour objectif principal la purge mécanique des sels (fig. 34, 35).

Fig. 34

Fig. 34

Mur ouest, M4 : retrait mécanique des sels et des poussières avant refixage des couches picturales.

© Aude Aussilloux

Fig. 35

Fig. 35

Mur ouest, M4 : retrait mécanique des sels et des poussières avant refixage des couches picturales.

© Aude Aussilloux

  • 15 Nano Estel® est une dispersion aqueuse colloïdale de silice aux particules nanométriques (10-20 mic (...)

33À ce stade, nous avons considéré que nous ne bénéficiions pas d’un recul suffisant pour traiter les enduits pulvérulents, humides, voire détrempés, en partie basse des murs. Seules les pertes d’adhérence de ceux dont la cohésion était bonne ont été traitées par injection de coulis de chaux naturelle à faible taux d’hydraulicité (NHL2) et de chamotte. Après retrait des sels et des poussières, une remise en place des couches picturales écaillées et très déformées a pu se faire en plusieurs temps. Les pertes de matière au niveau de l’enduit empêchaient la remise en place des écailles. Celles-ci ont été comblées à l’aide d’un mortier maigre proche en couleur et granulométrie, préalablement mis au point. Puis les écailles, légèrement humidifiées, ont été provisoirement remises en place à l’aide de Nano Estel®15, une dispersion aqueuse de silice, ici employée à des dilutions supérieures aux recommandations de la fiche technique (fig. 36, 37). La grande affinité du Nano Estel® avec les matériaux de l’œuvre, son effet collant immédiat par la formation d’un gel de silice offraient la possibilité d’une préconsolidation légère et une alternative à l’utilisation de résines acryliques qui, aux seuils de concentration admis sur ces supports minéraux contaminés, n’offraient pas le collant nécessaire. Le refixage a pu ensuite être finalisé grâce à des injections de coulis de chaux aérienne et de charge fine, rendues possibles grâce à ce prérefixage et à la mise sous presse. Si les résultats sont à ce jour satisfaisants, le protocole reste expérimental et la connaissance du Nano Estel®, ainsi que les raisons de sa cimentation immédiate, sont à approfondir. Une collaboration avec le Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine devrait être mise en place, on l’espère, dans les mois qui viennent, pour nous aider sur ces questions.

Fig. 36

Fig. 36

Nano Estel® est une dispersion aqueuse colloïdale de silice aux particules nanométriques (10-20 microns). Après évaporation de l’eau, les particules se lient pour former un gel de silice. Des mortiers maigres de chaux et de sable sont préalablement ajoutés dans les lacunes du support d’enduit afin de redonner un plan pour la remise en place des écailles.

© Aude Aussilloux

Fig. 37

Fig. 37

© Aude Aussilloux

34Les perspectives pour ce site sont le suivi, l’entretien des œuvres restaurées, des interventions sur le bâti et progressivement, la conservation-restauration des peintures réalisées sur les murs du chai, ou du moins, tels que Dado l’appelait lui-même de ses vœux, la mise en place de toute intervention permettant de ralentir les processus de dégradation engendrés par cette nature destructrice à laquelle il a confronté son œuvre.

35Pour le moment, la cave des Orpellières n’est pas ouverte au public, mais l’objectif est bien qu’elle le soit selon des modalités et une médiation qui restent à définir en lien avec le Musée égional d’art contemporain (MRAC) de Sérignan notamment.

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Bibliographie

BOSQUET, Alain. Dado. Un univers sans repos. Paris : Éditions de la Différence, 1991.

CORDIER, Daniel. Huit ans d’agitation, catalogue d’exposition, Paris, Galerie Daniel Cordier, 1964.

Daniel Cordier. Le regard d’un amateur. Donations Daniel Cordier dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne. Paris : Éditions du Centre Pompidou, 2005, p. 80-111.

DADO. Portrait en fragments. Propos enregistrés par Christian Derouet, 1981-1988, éd. par Amarante Szidon, Strasbourg, L’Atelier contemporain, 2023.

DADO, le temps d’Hérouval, photographies de Domingo Djuric, présentées par Amarante Szidon et commentées par Germain Viatte, Strasbourg, L’Atelier contemporain, 2023.

DADO. Peindre debout. Entretiens (1969-2009), éd. par Amarante Szidon. Strasbourg : L’Atelier contemporain, 2016.

JOUFFROY, Alain Jouffroy. Dado, le 13 janvier 1943[4], retour en avant. Artpress, no 248, juillet-août 1999, p. 41.

MÉCHAIN, Aurore (dir.). Dado. De l’intime au mythe, catalogue d’exposition, Pau : Musée des beaux-arts, 2018.

Et le site officiel de l’artiste : www.dado.fr. Et notamment Dado. Du fugace et de l’éternel (34 min), un film de Sanja Blečić réalisé avec la collaboration de Snežana Nikčević (2023), pour la RTCG (télévision nationale monténégrine), https://www.dado.fr/orpellieres.

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Notes

1 Message de Dado au webmaster du site www.dado.fr, 19 juin 2008 : https://www.dado.fr/documents-audio-messages.

2 Dado, entretien avec Marcel Billot et Germain Viatte, dans DADO, 2016, p. 45.

3 JOUFFROY, 1999, p. 41.

4 Dado, entretien avec Michel Braticević, dans DADO, 2016, p. 156.

5 Dado, entretien avec Guy Clavel, Midi libre, février 1996 ; repris dans DADO, 2016, p. 142.

6 Par exemple la cuisine : https://www.dado.fr/peintures-murales-herouval.

7 https://www.dado.fr/peintures-murales-ambassade-montjavoult-cuisine.

8 https://www.dado.fr/visite-virtuelle-chapelle-saint-luc

9 https://www.dado.fr/blockhaus-fecamp

10 Entretien inédit avec Amarante Szidon, 20 octobre 2001.

11 « Chaque dimanche, durant mes week-ends, j’allais voir Dado. Il travaillait sur trois ou quatre tableaux simultanément, dont les esquisses me paraissaient explicites et achevées. J’enrageais quand, le dimanche suivant, elles étaient détruites ou méconnaissables. Souvent, il abandonnait l’image abîmée, crevée, dans un coin d’atelier, ou la repeignait à l’excès dans une pâte fatiguée et inopérante. Quelquefois, le miracle avait lieu, et des figures extravagantes descendaient de son regard sur la toile et décrivaient admirablement la mélancolie du Temps qui avilit les êtres et les choses. D’innombrables dessins minutieux et parfaits traînaient sur le plancher, maculés, déchirés, troués. Pratiquement, il n’y a pas une œuvre de Dado qui ne soit passée chez le restaurateur avant d’être montrée au public. » (CORDIER, 1964).

12 Témoignage de Philippe Ferrari, ami et collectionneur de Dado. 2 juillet 2013, correspondance avec la famille de l’artiste.

13 L’équipe, en charge du diagnostic puis des travaux est composée de conservateurs-restaurateurs organisés en groupement solidaire pluridisciplinaire : Émilie Lormée, Benoît Dagron, pour la peinture en art contemporain ; Denis Chalard pour les sculptures ; Anne-Laure Capra, Jérôme Dattée et Aude Aussilloux-Correa (mandataire) pour la peinture murale. Lors de l’étude préalable, elle était également associée à l’agence Covalence-Architectes pour le diagnostic architectural, au bureau d’étude et de recherche en archéologie Ipso Facto pour les relevés en orthophotos des murs du chai, au laboratoire Étude Recherche Matériaux de Poitiers, pour l’étude climatique, la caractérisation de la nature des enduits, l’identification et l’évaluation des concentrations salines.

14 Ces travaux d’assainissement ont été réalisés par la société Cadre en Seine, spécialisée dans la livraison, la manutention ou l’installation d’œuvres d’art, avec l’assistance des restaurateurs de l’équipe.

15 Nano Estel® est une dispersion aqueuse colloïdale de silice aux particules nanométriques (10-20 microns). Il se présente sous la forme d’un liquide fluide à PH alcalin. Après évaporation de l’eau, les particules se lient pour former un gel de silice. À la différence du silicate d’éthyle, il peut être utilisé en milieu humide et sa prise est rapide. Il ne provoque pas la formation de produits secondaires néfastes. Le gel ainsi formé conserve une très grande perméabilité à la vapeur d’eau. Ce produit est aussi utilisé pour la confection de mortiers pour petits rebouchages ou comme liant de peinture. Le pouvoir de pénétration est réduit par rapport au silicate d’éthyle et le niveau de pouvoir consolidant est encore à l’étude.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Dado, 1985
Crédits Photo Domingo Djuric © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 797k
Titre Fig. 2
Légende Jovan et Vjera Kujačić, le grand-père et la mère de Dado, Cetinje, Monténégro, années 1910
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre Fig. 3
Légende Dado et Daniel Cordier, Paris, 1964
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 402k
Titre Fig. 4
Légende Vue du bâtiment des Orpellières, 1994
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 434k
Titre Fig. 5
Légende André Gélis et Dado, Orpellières, photo non datée
Crédits Photo Bernard Rivière © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 797k
Titre Fig. 6
Légende Dado travaillant aux Orpellières, photo non datée
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 953k
Titre Fig. 7
Légende Les Orpellières, juillet 1998
Crédits Photo Alain Controu © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 467k
Titre Fig. 8
Légende Les Orpellières, juillet 1998
Crédits Photo Alain Controu © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 482k
Titre Fig. 9
Légende Dado, Sans titre, 1954-1955, Huile sur toile, 70 × 92 cm, Collection Zoran Popović
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 703k
Titre Fig. 10
Légende Premières interventions sur un pilier aux Orpellières, février 1994
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 773k
Titre Fig. 11
Légende Dado, L’Architecte, 1959, Huile sur toile, 162,5 × 130 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Donation Daniel Cordier, 1989
Crédits © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre Fig. 12
Légende Dado, Le Cycliste, 1955, Huile sur toile, 130 × 97 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, Donation Daniel Cordier, 1989
Crédits © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 874k
Titre Fig. 13
Légende Mur avec une inscription obscène, Les Orpellières, février 1994
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 657k
Titre Fig. 14
Légende Tag « Fuck da Police », Les Orpellières, février 1994
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 538k
Titre Fig. 15
Légende Gojko Kruška et Musa-Buta Hodšić, les deux partisans pendus par les nazis sur la place de Cetinje (Monténégro), janvier 1944
Crédits Photo DR © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 382k
Titre Fig. 16
Légende Les Orpellières, photo non datée. À gauche, les deux partisans pendus à Cetinje en janvier 1944 par les nazis
Crédits Photo Bernard Rivière © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 649k
Titre Fig. 17
Légende Les Orpellières, 1997. Still d’un film d’archive de Pascal Szidon montrant l’inscription en cyrillique « хyманитарнапомођ » [humanitarnapomoć] [aide humanitaire] en bas d’une gazinière
Crédits © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 241k
Titre Fig. 18
Légende Dado, Cabinet d’Histoire naturelle, en hommage à Buffon, atelier d’Hérouval, 1987
Crédits Photo Philibert © courtesy www.dado.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 445k
Titre Fig. 19
Légende Dado aux Orpellières en 2000
Crédits © Philippe Ferrari
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 672k
Titre Fig. 20
Légende Détail « le monstre en chef des Orpellières », M4, 2020 : le site est laissé sans entretien et les peintures disparaissent peu à peu.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 858k
Titre Fig. 21
Légende Sculpture-objet avant et après dépoussiérage, mai 2022
Crédits © Émilie Lormée
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 489k
Titre Fig. 22
Légende Vue aérienne du Domaine des Orpellières
Crédits © F. Larey - Conservatoire du littoral
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 782k
Titre Fig. 23
Légende Vue d’ensemble du site en avril 2019. Le chai investi par Dado est implanté au sein d’un environnement humide et salé entre l’Orb et la Méditerranée.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 503k
Titre Fig. 24
Légende Cuve du chai en mai 2022. Les murs « baignent dans l’eau ». Un effet de mèche permanent se produit avec phénomène de remontées capillaires malgré un sol perméable qui ne devrait pas les favoriser.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 522k
Titre Fig. 25
Légende Les apports en eau au sein du bâti sont augmentés par plusieurs défauts d’entretien : joints dégarnis, enduits lacunaires ou végétation non maîtrisée.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 623k
Titre Fig. 26
Légende Localisation des peintures murales : Plan au sol de la cave avec nomenclature Ipso Facto 2020. Schéma L. Stroppolo
Crédits © L. Stroppolo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 17k
Titre Fig. 27
Légende Selon les localisations, les supports des peintures de Dado sont principalement des enduits à base de chaux fortement magnésienne et de sable local ou des enduits hydrauliques sur les structures en béton armé.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 507k
Titre Fig. 28
Légende Mur de cuves M2 : de façon générale, Dado préparait plus ou moins son support avec un aplat de peinture blanche, sans recouvrir les tags.
Crédits Orthophotographies © Ipso Facto
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 450k
Titre Fig. 29
Légende Mur de cuves M6 : de façon générale, Dado préparait plus ou moins son support avec un aplat de peinture blanche, sans recouvrir les tags.
Crédits Orthophotographies © Ipso Facto
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 383k
Titre Fig. 30
Légende Mur M4. Les altérations majeures se situent sur les murs de façade avec des surfaces lacunaires et des pertes de cohésion importantes à la base des murs.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 673k
Titre Fig. 31
Légende Détails mur M4. La présence de sels au sein des supports ou à leur surface constitue l’un des problèmes majeurs du site.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 785k
Titre Fig. 32
Légende Mur M6. Des interventions à plusieurs vitesses peuvent être réalisées : sur les cuves, peu soumises aux contraintes de l’environnement, les peintures murales ont été traitées de manière fondamentale, de la conservation jusqu’à la restauration.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-32.jpg
Fichier image/jpeg, 609k
Titre Fig. 33
Légende Intervention préalable d’assainissement de l’intérieur du chai, hors œuvre de Dado, avec une équipe de régisseurs de la société Cadre en Seine.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 610k
Titre Fig. 34
Légende Mur ouest, M4 : retrait mécanique des sels et des poussières avant refixage des couches picturales.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 528k
Titre Fig. 35
Légende Mur ouest, M4 : retrait mécanique des sels et des poussières avant refixage des couches picturales.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 1000k
Titre Fig. 36
Légende Nano Estel® est une dispersion aqueuse colloïdale de silice aux particules nanométriques (10-20 microns). Après évaporation de l’eau, les particules se lient pour former un gel de silice. Des mortiers maigres de chaux et de sable sont préalablement ajoutés dans les lacunes du support d’enduit afin de redonner un plan pour la remise en place des écailles.
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 715k
Titre Fig. 37
Crédits © Aude Aussilloux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/12728/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 953k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Amarante Szidon et Aude Aussilloux-Correa, « La conservation-restauration du « Guernica en couleur » de Dado, Les Orpellières, Sérignan (Hérault), 2020-2022 »Patrimoines du Sud [En ligne], 18 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/12728 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.12728

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Auteurs

Amarante Szidon

Fille de l’artiste, présidente de l’Association Les Méchantes Petites Filles

Aude Aussilloux-Correa

Conservatrice-restauratrice de peintures murales

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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