1Les colloques sont des occasions idéales pour croiser les regards et échanger sur des problématiques spécifiques. Celui de Toulouse était consacré à la peinture monumentale en Occitanie du Moyen Âge à nos jours. Les organisateurs – le Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (GRPM) et la Région Occitanie – ont souhaité par l’appel à communications, largement diffusé, réunir les spécialistes de la peinture murale et des plafonds peints. Les divers axes de recherches et de travaux proposés par le comité scientifique – synthèses, monographies, nouvelles découvertes, méthodes d’analyses scientifiques, procédés de conservation et de valorisation, l’interdisciplinarité – ont retenu l’attention de nombreux intervenants qui ont souhaité partager leurs expériences et connaissances.
2Un programme de trois journées d’exposés et de visites dans la ville de Toulouse a été établi et diffusé par tous les réseaux de communication, sur les sites internet de la Région Occitanie et du GRPM, ainsi que sur ceux des Universités, Centres de Recherches, services du patrimoine et des portails des conservateurs-restaurateurs. Les réseaux personnels de chacun ont également été mis à contribution tant à l’échelle nationale qu’internationale.
3Ainsi 218 personnes venues de toute la France et des pays limitrophes étaient réunies pour écouter la quarantaine d’intervenants1. Leurs fonctions et professions diverses témoignent de l’intérêt porté à la peinture monumentale. Cette large participation est significative : architectes, archéologues, historiens, historiens de l’art, conservateurs-restaurateurs, scientifiques, conservateurs du patrimoine, responsables du ministère de la Culture, animateurs du patrimoine, enseignants et étudiants, élus, propriétaires, membres d’associations et de sociétés savantes.
4Le public a été séduit par les différentes thématiques réparties en demi-journées : la Région Occitanie et la peinture murale, la conservation-restauration, études, valorisation, nouvelles réflexions et street art. Il a été sensible à l’approche scientifique des exposés et a d’emblée apprécié la variété des sujets abordés par les spécialistes et le fait de voir réunies toutes les compétences.
- 2 Le Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (GRPM) a été fondé en 1997 à l’initiative de Christi (...)
5Depuis plus de vingt ans, le Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (GRPM2) organise des colloques scientifiques. Chaque fois, la peinture murale est au cœur des débats, des interrogations, des connaissances qui sans cesse évoluent et varient d’un territoire à l’autre.
6Un premier colloque international eut lieu en Lorraine, à Toul (Meurthe-et-Moselle), en 2002. Il posait une question essentielle concernant les peintures murales : Quel avenir pour la conservation et la recherche ?3 Ce colloque a rassemblé 200 personnes venues de nombreux pays. Il pointait la nécessité de réunir les compétences et s’interrogeait sur le rôle de chaque intervenant lors des chantiers et notamment la place de l’historien de l’art. « Le rêve d’une situation idéale » évoquée dans la conclusion de ce colloque arguait pour « une meilleure information, une réelle formation des maîtres d’œuvre aux caractères particuliers de la peinture murale et une surveillance régulière des édifices ». Nous insistions également sur le fait que « La fragilité de la peinture murale nous impose d’urgence des améliorations si nous voulons la transmettre à nos successeurs ». Nul doute que les questions posées à l’époque restent d’actualité.
7Le colloque de Toul se plaçait aussi à une période où un certain nombre d’enquêtes régionales étaient en cours depuis les années 1990 ou déjà abouties livrant les résultats de différentes expériences quant au recensement, à la documentation, à la méthodologie, au travail du terrain pour établir des corpus régionaux ou thématiques. Parallèlement l’archéologie du bâti prenait de l’importance.
8Ces nouvelles investigations ont été très bénéfiques pour l’étude des décors civils et profanes.
9Les journées d’études d’Angers (Maine-et-Loire) en 2007 ont été une étape significative pour l’étude des décors dans la demeure. Elles ont révélé un nouveau terrain de recherches né une vingtaine d’années plus tôt avec des études sur l’architecture civile médiévale en milieu urbain et rural. À travers un grand nombre de régions, des décors souvent inédits ont été présentés montrant la variété iconographique, la fonction des espaces ornés et les goûts des commanditaires4. Rappelons que ces journées d’études ont été organisées en même temps que l’exposition D’intimité d’éternité. La peinture monumentale en Anjou au temps du Roi René par Christine Leduc-Gueye présentée à la collégiale Saint-Martin d’Angers.
10Désormais, les colloques du GRPM sont organisés à la suite des Rencontres annuelles des membres du groupe qui se déroulent à chaque fois dans une région différente. Ainsi en 2012, nous avons découvert le département de l’Oise grâce à Géraldine Victoir, auteur d’une thèse sur la peinture murale gothique en Picardie. Au fil de notre parcours passionnant, nous étions convaincus qu’il fallait organiser un colloque dans cette région. La ville de Noyon fut choisie pour l’accueillir en 2014. La thématique retenue fut celle du bilan : vingt années de découvertes, une thématique en écho au colloque organisé vingt ans plus tôt, en 1994, par le Centre international d’art mural (CIAM) à Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne). Les exposés et tables rondes ont montré la dynamique des découvertes, mais aussi pointé la grande fragilité des décors peints ce qui entraîne parfois leur disparition. D’où la problématique des circonstances des mises au jour et la question de la pertinence ou non du dégagement5.
11L’expérience consistant à associer le public à la réflexion fut reconduite avec le colloque organisé en Bretagne en 2016, grâce notamment à deux de nos membres Christian Davy et Didier Jugan : Peintures murales en Bretagne. Nouvelles images, nouveaux regards6. Le GRPM, très largement épaulé par la DRAC Bretagne, choisit Rennes (Ille-et-Vilaine) et Pontivy (Morbihan) comme lieux de colloque. Des découvertes et chantiers de restaurations récents, des études iconographiques approfondies, la matérialité et la valorisation des œuvres, du Moyen Âge jusqu’au street art, ont été au cœur de cette rencontre qui présentait un réel état des lieux de la recherche et un intérêt partagé par un vaste public de plus de 200 personnes.
- 7 HANS-COLLAS et alii, 2023.
12Nos Rencontres annuelles se poursuivirent pendant deux années successives, en 2017 et 2018, en Alsace. Une rencontre plutôt fortuite lors de notre longue visite à Guebwiller (Haut-Rhin) donna naissance au colloque suivant. La cheville ouvrière en fut Anne Vuillemard-Jenn qui avait consacrée sa thèse à la polychromie de l’architecture gothique en Alsace. Les premiers contacts ont orienté la problématique du colloque vers une zone géographique plus large plaçant l’Alsace au cœur du Rhin supérieur. Cette vaste zone transfrontalière avec l’Alsace et ses régions voisines, l’Allemagne et la Suisse, a fourni un cadre d’étude très spécifique pour confronter les expériences réalisées au sein de trois pays différents avec un grand nombre de nouvelles découvertes et d’études. Les actes de ce colloque – articles en français et en allemand (avec des résumés dans l’autre langue) – sont en ligne, notamment sur le site du GRPM et peuvent y être téléchargés dans leur intégralité7.
13La Rencontre annuelle du GRPM en 2021 a eu lieu en Occitanie à l’invitation de Sylvie Decottignies, membre du groupe, chercheur du Patrimoine et spécialiste des peintures monumentales. Ses fonctions depuis de nombreuses années au service « Connaissance et inventaire des Patrimoines » de cette Région, lui donnent une notoriété dans le domaine, une grande expérience du terrain et une connaissance des peintures monumentales de toutes les périodes. L’accueil réservé au GRPM tout au long du périple en Occitanie a été extrêmement constructif et nous a encouragés à organiser un nouvel évènement scientifique qui devait se tenir à Toulouse.
14Après la Société historique, archéologique et scientifique de Noyon, la Drac Bretagne, le Centre culturel de Rencontre des Dominicains de Guebwiller, notre partenaire pour le colloque toulousain fut la Région Occitanie avec notre collègue Sylvie Decottignies cheville ouvrière et garante de la réussite de cette manifestation.
- 8 Quelques auteurs n’ont malheureusement pas pu rendre leurs textes, mais leurs communications resten (...)
15Lors du colloque, les exposés ont été enregistrés et rapidement mis en ligne. Désormais, les présents actes sortis tout juste un an après la manifestation permettent de retrouver le riche programme des trois journées8, augmenté par les posters présentés lors du colloque.
16La chronologie retenue allant du roman à l’époque contemporaine a permis une approche large de la peinture monumentale à travers les siècles.
17Les peintures monumentales de sites emblématiques ont été présentées : Toulouse, Cahors, Carcassonne, Moissac, Montauban, Rabastens, lieux parfois élargis à un département comme le Lot9, l’Hérault10, le Gard11 ou la Lozère12. Les peintures des églises d’Ourjout13 (Ariège), Toulongergues14 (dans l’Aveyron), de Centeilles15 (Hérault), de Lasbordes16 et de Saint-Martin-des-Puits17 (Aude) – des ensembles majeurs – ont permis de montrer différentes problématiques. Les décors civils ont été traités à travers les demeures de Cordes18, des maisons du Pays Midi-Quercy19, du château de Larnagol20 (Lot) ou encore de la maison du Viguier à Puisserguier21 (Hérault).
18Que ce soit à travers l’iconographie religieuse ou profane, l’image a été souvent au cœur de la réflexion et de l’analyse. Les thématiques de la conservation, la critique d’authenticité, la valorisation, la médiation, ainsi que les nouvelles technologies ont été abordées, de même que les artistes, ceux du Moyen Âge restés anonymes ou ceux d’époques plus récentes comme les Pedoya22, Dado23 ou les Ateliers d’art sacré24.
19Le colloque toulousain a été une nouvelle occasion de pointer les difficultés liées à la recherche et aux moyens mis en œuvre pour préserver ce patrimoine fragile. Chacun sait que beaucoup d’œuvres sont menacées, endommagées ou pas suffisamment mises en valeur. Alors souhaitons que les expériences acquises, les recherches universitaires, les progrès technologiques et scientifiques soient des atouts pour favoriser la conservation et la valorisation de la peinture monumentale. Les compétences mises en commun et les recherches partagées permettent de mieux connaître les enjeux patrimoniaux.
20La large fréquentation du colloque a été stimulante pour les intervenants, les participants et les organisateurs qui ont vu leurs investigations et recherches porter leurs fruits. Les travaux ici réunis ne sont pas seulement le reflet des journées enrichissantes mais ils contribuent largement à une meilleure connaissance de la peinture monumentale en constante mutation et cela bien au-delà de l’Occitanie.
21Au nom du GRPM, j’adresse nos plus vifs remerciements à Madame Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, d’avoir accepté d’accueillir le colloque à l’Hôtel de Région de Toulouse.
22Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude à Madame Juliette Didierjean, directrice de la culture et du patrimoine, qui a permis l’organisation du colloque à la Région.
23Trois services de la direction ont été mobilisés pour l’organisation de l’évènement qui bénéficie d’excellentes conditions matérielles. Nous remercions chaleureusement le service Connaissance et inventaire des patrimoines : son responsable, Roland Chabbert, et toute son équipe, en particulier Sylvie Decottignies, sans qui ce colloque n’aurait pas été possible. Il faut souligner que la place qu’occupe la peinture murale au sein de la recherche dans le service est unique en France.
24Nous remercions également le service Développement, Restauration et Valorisation du patrimoine et le service Occitan Catalan Territoires Numérique et Transversalité.
25Un grand merci également à la direction du protocole qui a mis ses techniciens à disposition et à la direction de la communication qui a permis les inscriptions en ligne, la réalisation des pochettes et des posters.
26Nous tenons également à remercier Lauriane Joseph-Rose et Christel Cavaillé qui ont assuré le suivi administratif et technique, Prisca Moreau qui a réalisé les maquettes des affiches, des programmes et des posters et qui a conçu le tote bag et Christelle Parvillé qui a piloté les projets multimédias qui seront présentés pour l’événement.
27Merci aux membres du comité scientifique du colloque : Monique Bourin, Roland Chabbert, Sophie Duhem, Sylvie Decottignies, Sophie Kovalevsky, Christine Leduc-Gueye, Jean-Marc Stouffs et Géraldine Victoir.
28Nous adressons aussi nos remerciements à l’Université de Montpellier, en particulier le Centre d’études médiévales de Montpellier (CEMM).
29Nous tenons à remercier Madame Marie Bonnabel, Conservatrice du Couvent des Jacobins et le Curé-Recteur Bogdan Velyanyk de Saint-Sernin de Toulouse qui nous ont permis de visiter ces deux édifices.
30Merci à tous les intervenants et participants ainsi que toutes les personnes qui ont contribué à la belle réussite du colloque.