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Dossier
L’eau naviguée

L’histoire du Canal du Midi à travers les médailles

The history of the Canal du Midi through medals
William Eisler et Marie-Laure Le Brazidec

Résumés

L’eau est au centre d’un ouvrage remarquable qui, à la fin du XVIIe siècle, va permettre de faire la jonction entre les deux mers, océan atlantique et Méditerranée, à partir de Toulouse : le Canal du Midi, construit par Pierre-Paul Riquet. Les débuts des chantiers de construction sont marqués par des émissions de médailles, locales pour la fondation du port de Sète et celle de la première écluse à Toulouse, mais également officielles sous l’autorité de la Petite Académie, venant prendre place dans les séries métalliques de l’histoire du règne de Louis XIV. Ces médailles, qui vont ainsi véhiculer les images du Canal et ses ports jusqu’au-delà des frontières, sont ici présentées, avec celles qui les suivront aux XVIIIe et XIXe siècles.

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Texte intégral

Introduction

1Si tous les habitants d’Occitanie, au moins, connaissent le Canal du Midi et son constructeur de génie, Pierre-Paul Riquet (1609-1680), les médailles qui ont été frappées à plusieurs occasions et qui racontent son histoire sont, elles, plus méconnues. Et pourtant, ce sont notamment elles qui ont participé à véhiculer son image à travers l’ensemble du territoire français et au-delà, à côté des livres imprimés et de leurs illustrations, des estampes, des plans et vues qui ont pu circuler aux XVIIe et XVIIIe siècles en particulier.

2Nous souhaitons revenir ici sur la conception et la diffusion de ces différentes médailles qui, comme supports visuels, ont contribué à la connaissance de cette construction venant révolutionner le transport et le commerce par voie d’eau à la fin du XVIIe siècle.

Les médailles du Canal du Midi du XVIIe siècle

3Composées de deux groupes distincts, les médailles du Canal du Midi furent réalisées au XVIIe siècle de manière contrastée. Celles provenant du sud de la France furent exécutées dans le cercle des autorités locales et de Pierre-Paul Riquet qui conçut le canal, tandis que les œuvres dites « officielles » étaient étroitement liées à la culture antiquisante de l’Académie royale des inscriptions et médailles, autrement dite la Petite Académie.

Les médailles des dépôts de fondation de Sète et de Toulouse

  • 1 Voir à ce sujet LE BRAZIDEC, 2019.

4Il était d’usage sous les Bourbon d’organiser des cérémonies pour la pose des premières pierres d’un nouvel édifice ou ouvrage d’art, ce qui permettait de mettre en valeur les actions du souverain et de marquer son époque1. Ces cérémonies, regroupant autorités civiles et religieuses, étaient l’occasion de déposer des médailles commémoratives, parfois placées dans des coffrets comportant des inscriptions rappelant l’évènement célébré. Les constructions liées au Canal royal de Languedoc, dit encore Canal de jonction des deux Mers et qui deviendra plus tard le Canal du Midi, n’échappèrent pas à cette règle. Ainsi des médailles furent frappées ou coulées pour les cérémonies lançant la construction du port de Sète, puis celle de la première écluse du Canal à Toulouse.

Le port de Cette (1666)

5La toute première médaille fut réalisée en 1666 pour la fondation du port de Sète, qui était orthographié « Cette » à cette époque. En effet, le port de Sète était l’aboutissement du Canal, son débouché sur la mer Méditerranée. Riquet n’étant pas encore officiellement adjudicateur des travaux du Canal, ceux du port de Sète relevaient des États de Languedoc, sous la surveillance de l’intendant de la province Claude Bazin de Bezons (1617-1684) et du commissaire Charles Tubeuf (1634-1680). Ils se mirent d’accord pour l’organisation de la cérémonie de fondation, qui eut lieu le 29 juillet 1666, en présence de l’évêque de Montpellier qui célébra la messe et bénit la première pierre du môle Saint-Louis, dans laquelle, nous apprend la relation de la cérémonie2, étaient enchâssées quatre médailles : en or, en argent, en bronze et en cuivre. Si le texte rendant compte de ces festivités mentionne bien les médailles, les décrit et précise qu’elles ont été « faites exprès pour ce dessin » avec des légendes établies par Monsieur de Neuré, il n’est pas un dit un mot sur le graveur et les modalités de la commande, qui semble avoir été réalisée en peu de temps. Et pour le moment, les recherches à ce sujet dans les archives des États de Languedoc n’ont pas apporté d’éléments complémentaires3.

  • 4 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 422, n° 4.
  • 5 MÉNESTRIER, 1689.
  • 6 Jacquiot, 1968, t. 3, pl. LXXX, n° 4-5 (Série royale, n° 660). Voir également Depeyrot, 1982, n° 1.
  • 7 Attwood, 2003, p. 361, n° 876a.
  • 8 Pour les médailles papales avec des vues topographiques à vol d’oiseau de Civitavecchia réalisées e (...)

6Aujourd’hui, nous avons connaissance de trois exemplaires différents de cette médaille : en or, en argent et en bronze (fig. 1). Toutefois, elle n’est pas signée et le graveur en reste donc encore inconnu, mais des hypothèses peuvent toutefois être proposées, comme nous le verrons. L’avers arbore le portrait du roi et la légende PACEM TERRIS – INDIXIT ET VNDIS et, à l’exergue, LVD[OVICVS] XIIII FRANC[IAE] ET NAV[ARRAE] REX4, ce qui signifie selon Claude-François Ménestrier (1631-1705), auteur du premier ouvrage dédié aux médailles du Roi Soleil5, « Louis XIV roi de France et de Navarre a donné la paix sur la terre et sur la mer ». Au revers, est gravée une vue topographique du nouveau port et son môle ; au nord, l’étang de Thau est visible à gauche et la ville de Frontignan à droite. La légende TVTVM IN IMPORTVOSO LITTORE PORTVM STRVXIT ANNO M. DC. LXVI. (« Il a fait un port commode et assuré sur une côte dangereuse, l’an 1666 ») fait allusion à la grande difficulté de construire dans une région exposée aux vents violents et aux sables mouvants6. Cette médaille est innovatrice car c’est probablement la première réalisée en France sous forme d’une carte géographique ou d’une vue topographique. Elle se rapproche plutôt de certaines médailles italiennes des XVIe et XVIIe siècles, comme celle du nouveau port des Médicis à Livourne7 ou celles des papes à Civitavecchia8. Le revers peut être comparé aux vues décorant les galeries géographiques des princes de Rome et de Florence. Cela s’explique à notre avis par la participation très probable du cartographe de Riquet, François Andréossy (1633-1688), au projet de la médaille de Sète. En 1660, Andréossy voyagea en Italie, son pays d’origine, et fut sans doute influencé par les cartes et les vues réalisées en peinture et sur médaille qu’il vit pendant son séjour.

Fig. 1

Fig. 1

Médaille de la fondation du port de Sète, 1666, BnF inv. SR. 654.

© M.-L. Le Brazidec

La médaille de fondation de la première écluse du Canal à Toulouse (1667)

  • 9 Sur cette date, voir OBLIN-BRIÈRE, 2013, p. 197, qui s’appuie sur la correspondance entre Riquet et (...)
  • 10 Gazette de France, 1667, n° 52, p. 410-411.

7L’édit royal du 7 octobre 1666 confia à Riquet la construction du Canal et ce dernier s’employa dès lors à la mise en œuvre de son projet, sous la surveillance du chevalier Louis Nicolas de Clerville (1610-1677), commissaire général aux fortifications de royaume. Le chantier débuta en janvier 1667 dans la Montagne Noire par la réalisation du système d’alimentation (rigole de la montagne, rigole de la plaine) et par le barrage de Saint-Ferréol, avec une cérémonie de pose de première pierre en présence de l’archevêque de Toulouse et des intendants, sans doute le 18 avril 16679, dont on ne connait qu’une seule relation, assez succincte10. Toutefois, cette première cérémonie, organisée par Riquet, ne donna pas lieu à une commande de médailles, peut-être pour ne pas être trop dispendieuse, les comptes étant surveillés de près.

  • 11 Archives du Canal du Midi, livres de compte, liasse 951.
  • 12 AC Toulouse, BB38 f. 196.
  • 13 Lettre du 22 novembre 1667, Archives du Canal, correspondance, liasse 29, n° 25. Cité par OBLIN-BRI (...)

8Il en ira autrement de la cérémonie organisée pour la pose des premières pierres des deux bras de la première écluse de Toulouse, cérémonie voulue très officielle par Riquet, avec l’autorisation de Colbert, pour mettre son ouvrage à l’honneur et le faire connaître, mais dont l’organisation va en partie lui échapper. En effet, et contrairement à ce qui est généralement admis, si Riquet a bien l’idée de la cérémonie comme l’atteste sa correspondance avec Colbert et s’il en suivra la mise en place, il ne financera que les vivres offerts à ses ouvriers, indiqués comme « largesse nécessaire » dans les comptes11. Ce sont en effet les Capitouls qui vont décider de prendre à leur charge les frais des festivités, et notamment la réalisation de médailles, lors de la réunion du conseil de Bourgeoisie à la date du 8 novembre 166712 ; nous sommes alors à neuf jours de la date arrêtée pour la cérémonie ! Les Capitouls, qui veulent faire de cette cérémonie un événement remarquable, ne lésinent pas sur la dépense, si l’on en juge par leur délibération : « qu’on faira faire des médailles en tel nombre et de la matiere qu’il sera trouvé aproprié », et il est ajouté que ces médailles seront notamment « pour envoyer aux étrangers ». Malheureusement, les recherches dans les comptes de novembre 1667 sont restées vaines pour le moment et nous ne connaissons pas le détail de la réalisation de ces médailles, ni le graveur, ni le fondeur. Nous savons toutefois, par une anecdote racontée par Riquet au chevalier de Clerville13, que les légendes latines de la médaille et des lames posées sur les premières pierres étaient l’œuvre de Nicolas de Parisot, avocat au Parlement de Toulouse.

  • 14 Gazette de France, 1667, n° 147, p. 1 360.
  • 15 51 mm. Depeyrot, 1982, n° 10 ; JONES, 1988, n° 345.
  • 16 Cette cérémonie est relatée dans les Annales de Toulouse, AC Toulouse, BB 281, Chronique 308, p. 81 (...)
  • 17 C’est l’hypothèse que nous formulons aujourd’hui.

9Assurément Andréossy est l’auteur du revers de la médaille de fondation14 (fig. 2). En bronze15, coulée à Toulouse, elle est placée lors de la cérémonie du 17 novembre 166716 dans les fondations de la première écluse, à l’embouchure du canal. Sur l’avers, encore une fois non signé, on voit le buste du roi représenté à la romaine. En légende : VNDARVM TERRÆQ[VE]. POTENS ATQVE ARBITER ORBIS. À l’exergue : LVD.[OVICVS]. XIIII FRA.[NCIAE] ET. NA.[VARRAE]. REX. (« Louis XIV, roi de France et de Navarre, puissant sur mer et sur terre, et arbitre du monde »). Au revers, une vue en perspective du canal avec la ville de Toulouse et ses fortifications dans le fond. En légende : EXPECTATA DIV POPVLIS COMMERCIA PANDIT, et sur une banderole, au-dessus de la ville : TOLOSA. ǀ VTRIVSQVE MARIS ǀ EMPORIVM. (« Toulouse la ville de deux mers, facilite le commerce que les peuples ont si longtemps attendu »). À l’exergue : 1667. Le revers avec sa vue en perspective appartient à un autre style, plus fréquemment rencontré à cette époque dans les médailles italiennes que françaises. En revanche, les détails de la ville de Toulouse dérivent vraisemblablement d’une vue de 1642, republié en 1657 dans le Topographia Gallicae de Martin Zeiller (fig. 3), qui aura pu inspirer le dessin préparatoire d’Andréossy17.

Fig. 2

Fig. 2

Médaille en bronze de la fondation de la première écluse du Canal du Midi à Toulouse, 1667, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20154.

© M.-L. Le Brazidec.

Fig. 3

Fig. 3

Vue particulière de Toulouse, gravée par Jean-Baptiste Collignon en 1642, estampe colorée de Kaspar Mérian, publiée dans l’ouvrage de Martin Zeiller Topographia Gallicae en 1657.

@ AC Toulouse 45Fi328

  • 18 42 mm. Jacquiot, 1968, t. 3, p. 422-423 ; pl. LXXX, n° 7 ; Depeyrot, 1982, n° 12.
  • 19 Sur Jean d’Armand dit l’Orphelin, voir Rondot, 1904, p. 278.
  • 20 DELORME, 1895, p. 199. Le collectionneur pensait que la médaille avait pu être distribuée à l’occas (...)

10La réalisation de cette médaille a été faite dans un temps record, entre le 8 et le 16 novembre, d’où le fait qu’il s’agisse d’une fonte. La comparaison avec le droit de la médaille de Sète, réalisée en 1666, pourrait laisser penser que le profil du roi a été repris de ce modèle, dans un style moins soigné, tandis que le dessin du revers, illustrant Toulouse, était conçu par Andréossy et les légendes rédigées par Parisot, le tout étant réalisé dans un atelier toulousain, actuellement non identifié. Toutefois, une seconde médaille en argent a été également frappée18 (fig. 4), sans doute plus tard compte tenu des délais de réalisations, mais toujours avec le millésime 1667. Celle-ci, signée par Jean d’Armand dit l’Orphelin (1626-1669)19 (fig. 5), graveur d’Anne d’Autriche, montre une plus grande finesse d’exécution et un revers légèrement différent de celui de la médaille de fondation, avec une vue plus large et plus précise. Le buste du roi, à droite et portant une couronne de laurier, une cuirasse et une cravate nouée autour du cou, est plutôt rigide et formel, typique des portraits français de souverains en costume militaire de la première moitié du XVIIe siècle. Nous pouvons supposer, comme le proposait Emmanuel Delorme lorsqu’il publiait le premier exemplaire connu de cette médaille d’argent20, que ces frappes firent l’objet de distributions auprès de personnages importants ; elles illustrent par ailleurs l’importance que l’événement prit, mais les commanditaires n’en sont pas connus : peut-être s’agit-il d’une nouvelle commande passée par les Capitouls, après la précipitation liée à la cérémonie du 17 novembre 1667 qui ne permit de concrétiser que la fonte de bronze.

Fig. 4

Fig. 4

Médaille en argent de la fondation de la première écluse du Canal du Midi à Toulouse, 1667, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20156.

© M.-L. Le Brazidec.

Fig. 5

Fig. 5

Détail de la signature du graveur sur la médaille d’argent de 1667, exemplaire conservé à la BnF inv. SR. 661.

© M.-L. Le Brazidec

Les médailles officielles du Canal du Midi

11Les médailles de fondation de Sète et de Toulouse ont été réalisées pour ces événements particuliers et ont une portée essentiellement locale et régionale, sans s’attacher à des références anciennes. Pour la cour et l’Académie, en revanche, le projet royal devait être associé aux faits héroïques de la mythologie ancienne, et non aux techniques et aux sciences modernes.

La médaille de la Jonction des deux Mers

12Si la médaille officielle de l’Académie royale des inscriptions et médailles sur le thème de la jonction des deux mers, réalisée par le graveur Jean Warin (1607-1672) (fig. 6), commémorant la création du Canal montre également des influences provenant des cultures visuelles italiennes, elle reprend les aspects antiquisants de la Péninsule plutôt que la cartographie ou la topographie de l’époque moderne.

Fig. 6

Fig. 6

Jean Warin, Canal des deux mers, 1667.

© The Trustees of the British Museum.

13Sur l’avers, le buste du roi vu de profil tourné à gauche est vêtu à l’antique, sa tête coiffée d’une grande perruque ; il tient le trident de Neptune, visible derrière son épaule droite. En légende : LVDOVICVS. XIV. FRANC.[AE] ET. NAV.[ARRAE] REX.

  • 21 50 mm ; Jones, 1988, n° 243 ; Depeyrot, 1982, n° 6 (coin de revers).

14Au revers : la figure de Neptune, tournée à gauche et couronnée de roseaux, évidemment symbolisant le roi, ouvre le passage d’un coup de trident énergique. La légende NOVVM. DECVS. ADDITVR. ORBI ; à l’exergue : MARIA IVNCTA ǀ 1667 (« C’est pour le monde un nouvel ornement, que ce canal pour la jonction des mers. 1667 »)21.

  • 22 Denier, argent, 42-40 avant J.-C. Ghey, Leins et Crawford, 2010, cat. n° 511.2.1.
  • 23 Denier, argent, 211. Mattingly et Sydenham, 1923-1994, t. 4, n° 244.
  • 24 Attwood, 2003, p. 95, n° 6a.
  • 25 Attwood, 2003, p. 356, n° 862.

15Cette médaille possède des influences de l’époque romaine, vues à travers le filtre de la Renaissance italienne. L’avers est nettement moins rigide que son équivalent sur les médailles de Toulouse. Elle dérive des monnaies antiques comme le prouve un denier de Sextus Pompée où le buste du général romain est accompagné du trident22 (fig. 7). Le revers avec la figure de Neptune debout nous rappelle également un autre denier romain, de Septime Sévère23. Cependant le buste quant à lui se rapproche d’une médaille que Leone Leoni réalisa pour Andrea Doria, amiral de Charles-Quint (c. 1541) (fig. 8),24 tandis que la figure de Neptune frappant la terre avec son trident au revers fait penser à une œuvre de Pietro Paulo Galeotti célébrant des aqueducs construits à Florence et à Pise par Côme Ier de Médicis (1567) (fig. 9)25.

Fig. 7

Fig. 7

Denier de Sextus Pompée, argent, 42-40 BC.

© The Trustees of the British Museum

Fig. 8

Fig. 8

Leone Leoni, Andrea Doria, c. 1541, avers.

© The Trustees of the British Museum

Fig. 9

Fig. 9

Pietro Paulo Galeotti, Côme Ier, 1567.

© The Trustees of the British Museum

La médaille de l’achèvement du Canal du Midi (1681)

  • 26 L’histoire métallique royale fut initiée en 1663 par le roi et Jean-Baptiste Colbert qui fondèrent (...)

16L’achèvement du Canal du Midi en 1681 ne fut officiellement commémoré par une médaille qu’environ sept ans plus tard. Ce délai reflète en partie la lenteur de l’avancement du projet de l’Histoire métallique royale26 à cette époque, l’ensemble du règne de Louis XIV faisant l’objet d’émissions de médailles commémoratives. Dans les années 1680 plusieurs médailles du roi de grande taille furent quand même réalisées, parmi lesquelles celle du Canal de Midi entre 1687 et 1688.

  • 27 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 418, pl. LXXIX, 3 ; Depeyrot, 1982, n° 18 (non illustrée).
  • 28 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 418 ; Depeyrot, 1982, n° 17.

17La Petite Académie frappa à cette occasion une grande médaille en or de 71 mm gravée entre 1687 et 1688 par Jean Mauger (1648-1722) 27. Elle fut refaite presque à l’identique peu après par Michel Molart (1641-1713) (fig. 10)28. Le revers est décrit comme suit dans les registres de l’Académie des Inscriptions et Médailles (11 janvier 1698) :

  • 29 Fossier, s.d., p. 350-351. L’auteur du texte est Henri de Besse, sieur de La Chapelle (1625-1692).

Le fleuve de Garonne s’avance pour présenter un navire au port de Sette, figuré par un vieillard qui tient une anchre à la main. Neptune sur son char tesmoigne sa surprise de voir que ce fleuve dont les eaux prennent leur cours vers l’Océan a pu s’ouvrir un chemin pour entrer dans la Méditerranée.
Les légendes : IVNCTA MARIA, exergue : A GARVMNA AD MONTEM SETIVM FOSSA PERDVCTA. M. DC. LXXXI. (« La jonction des mers par le moyen d’un canal qui va depuis Sète jusqu’à la Garonne. 168129 »).

Fig. 10

Fig. 10

Michel Molart, « L’achèvement du Canal des deux mers en 1681 » 1688, musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 24767.

© M.-L. Le Brazidec.

18Cette composition baroque et exubérante diffère du revers purement antiquisant de Jean Warin. Elle rappelle plutôt des fontaines réalisées à l’époque dans les jardins de Versailles, ou peut-être même la scène d’un spectacle.

19L’image de cette œuvre, comme celles des précédentes médailles du canal (fig. 11), fut disséminée partout en Europe grâce à Claude-François Ménestrier (1631-1705), rédacteur d’une magistrale histoire métallique du roi. Quatre éditions de son ouvrage, Histoire du roy Louis le Grand par les Medailles, Emblêmes, Devises, Jettons, Inscriptions, Armoiries, et autres Monumens publics, furent publiées entre 1689 et 1700.

Fig. 11

Fig. 11

Extrait de l’Histoire du roy Louis le Grand par les Medailles de Ménestrier, 1689, concernant les médailles du Canal.

© BnF, Gallica.

  • 30 Le Canal royal de Languedoc pour la jonction de l’océan et de la mer. Dedié et presenté à M.grs des (...)

20En 1697, les quatre médailles déjà exécutées furent reproduites ensemble sur le magnifique cadre d’une carte célébrant les dernières œuvres de révision du canal qui furent achevées en 1694 par Vauban (fig. 12)30. Ce chef-d’œuvre de la cartographie réalisé par Jean-Baptiste Nolin (1657-1708) fut dédié et présenté aux élites du Languedoc. La carte illustre les armoiries des dignitaires de la province, tels que le gouverneur, l’intendant, les officiers des États ainsi que des membres de la noblesse et du clergé. Vue dans son ensemble, l’œuvre de Nolin présente le canal comme une réussite pour laquelle la région joua un rôle déterminant aux côtés du monarque. Nous y retrouvons les médailles de fondation du port de Sète (fig. 13) et de la première écluse de Toulouse (fig. 14), avec toutefois une erreur sur le métal de cette dernière, étant indiqué comme de l’or.

Fig. 12

Fig. 12

Jean-Baptiste Nolin, « Canal royal de Languedoc », carte géographique, 1697.

© BnF

Fig. 13

Fig. 13

Détail de la médaille de Sète 1666 sur la carte de Nolin, extrait de l’exemplaire aquarellé conservé au musée des Arts précieux de Toulouse, inv. 2019.

© S. Vannier

Fig. 14

Fig. 14

Détail de la médaille de Toulouse 1667 sur la carte de Nolin, extrait de l’exemplaire aquarellé conservé au musée des Arts précieux de Toulouse, inv. 2019.

© S. Vannier

Médailles des XVIIIe et XIXe siècles

21Après les émissions de ces quatre médailles, de nouveaux exemplaires apparurent encore aux XVIIIe et XIXe siècles, d’une part dans la poursuite des travaux de la Petite Académie, d’autre part pour commémorer d’autres événements.

Les médailles du XVIIIe siècle

22Dans les premières décennies du XVIIIe siècle, Louis XIV puis Louis XV commandèrent de nouvelles versions des médailles du Canal pour les insérer dans les deux séries officielles. Elles furent frappées en 1702 et en 1723.

Les nouvelles médailles de la Petite Académie de 1702

  • 31 Médailles, 1702, p. 91 ; Depeyrot, 1982, n° 2 (médaille par Mauger de 41 mm).
  • 32 Médailles 1702, p. 101 ; Depeyrot 1982, n° 7 (médaille par Mauger de 41 mm). Pour le jeton de 1677 (...)

23Vers 1700 et la fin du règne de Louis XIV, la rhétorique baroque des médailles de Mauger et de Molart ne fut plus considérée comme étant à propos. La vision du canal en tant que réussite collective de la France, exprimée dans la carte de Nolin, disparut des deux médailles du canal gravées et décrites dans les Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand, édité en 1702 par la Petite Académie. Cette même vision est absente des deux œuvres identiques frappées en métal à l’époque. Même si le revers de la nouvelle médaille du port de Sète31 est presque identique à celle réalisée en 1666 (fig. 15), le projet fut cette fois attribué au roi seul. Concernant la médaille du canal proprement dite, la Petite Académie exprima encore en 1698 son intention de faire une œuvre fondée sur les œuvres de Mauger et Molart réalisées dix ans auparavant. Elle décida finalement de reproduire la légende de cette dernière avec l’image inventée par Warin pour sa médaille de 1667 et modifiée, dix ans plus tard, dans un jeton des États du Languedoc (fig. 16, 17)32. Les raisons d’une telle décision de l’Académie ne sont pas connues. Toutefois, nous pouvons penser que la figure du dieu de la mer montrant son étonnement face aux évènements n’était pas, à leurs yeux, suffisamment héroïque et que l’image de leur roi sous les traits d’un Neptune agissant entièrement seul contre tous, creusant avec énergie ce prodigieux ouvrage et surpassant les rêves les plus fous des siècles antérieurs était préférable.

Fig. 15

Fig. 15

« Le Port de Sète 1666 », 1702, médaille, série uniforme, exemplaire du musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20153.

© M.-L. Le Brazidec

Fig. 16

Fig. 16

« Le Canal des deux mers 1667 », 1702, médaille, série uniforme, revers de l’exemplaire du musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 24782.

© M.-L. Le Brazidec

Fig. 17

Fig. 17

États de Languedoc, « L’Achèvement du Canal des deux mers », 1677, jeton.

© cgb.fr numismatique

Les médailles de 1723

24À la fin de la régence de Philippe d’Orléans une nouvelle édition de l’ouvrage de l’Académie fut éditée pour faire revivre auprès des amateurs les années glorieuses du Roi Soleil : Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand (1723). Comme la première édition, les planches sont accompagnées d’une frappe de médailles en métaux qui comprennent deux œuvres dédiées au Canal. La première médaille consacrée au port de Sète (f° 88r) est identique à celle de 1702 tandis que celle illustrant la fondation de l’écluse de Toulouse (f° 94r, fig. 18, 19) n’est pas tout à fait pareille. La figure de Neptune creusant le sol avec son trident ne possède plus le style « baroque » et se rapproche de la forme idéalisée de la sculpture antiquisante en vogue au XVIIIe siècle. Au fond à droite, l’artiste ajouta l’élément narratif du char en forme de coquille tiré par des chevaux transformant ainsi cette représentation de Neptune en un tableau élégant et raffiné dans l’esprit rococo.

Fig. 18

Fig. 18

« Le Canal des deux mers 1667 », Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand (1723).

©BnF fol. 94r.

Fig. 19

Fig. 19

« Le Canal des deux mers 1667 », Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand (1723).

© musée du Louvre, inv. OAP 1222

Les médailles du XIXe siècle

25D’autres médailles furent encore frappées au XIXe siècle en lien avec le Canal, mais cette fois-ci dans des genres tout à fait différents.

La médaille de Pierre-Paul Riquet de 1825

  • 33 Ce qui leur permit également d’en réattribuer tout le mérite à leur ancêtre contre les prétentions (...)
  • 34 42 mm, bronze. DEPEYROT, 1982, n° 22.
  • 35 Ms 3153(A), bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse.

26Au début du XIXe siècle, les héritiers de Riquet eurent à cœur de marquer les travaux de leur ancêtre et deux projets furent élaborés : le premier fut une publication, en 1805, racontant l’histoire du Canal de Languedoc33 et le second fut la construction d’un monument commémoratif, en 1825, à Naurouze, lieu emblématique du partage des eaux du Canal. À cette occasion, de nouvelles médailles34 furent frappées, à la seule gloire de Riquet (fig. 20). Au droit, P.E P.L DE RIQUET - BARON DE BONREPOS., avec un buste habillé à droite, signé : E. DUBOIS F.T DE PUYMAURIN DI. Au revers, une longue inscription : AP. P. DE RIQUET AUTEUR DU CANAL ROYAL DES DEUX MERS // À L’EXERGUE : ERIGE PAR SES DESCENDANTS / A NAUROUSE L’AN 1825. / - / EDITS DE CONSTRUCTION / ET DE CONCESSION PERPETUELLE / OCTOBRE 1666, accompagnée de la représentation de l’obélisque de Riquet sur un monticule de briques et de terre. Cette médaille fut déposée avec plusieurs autres, dont les exemplaires des XVIIe et XVIIIe siècles, dans un coffre en plomb, en dépôt de fondation. Un manuscrit contenant des plans et dessins du monument et des médailles35 nous permet de connaître la composition de ce dépôt (fig. 21), dans lequel nous retrouvons uniquement les exemplaires officiels, à côté également de jetons liés aux activités de Riquet.

Fig. 20

Fig. 20

Médaille de Pierre-Paul Riquet, 1825, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dypuy de Toulouse, inv. 20180.

© M.-L. Le Brazidec

Fig. 21

Fig. 21

Dessins des médailles, jetons et monnaies composant le dépôt de fondation du monument de Naurouze, 1825, par Maguès, Ms 3153(A).

© M.-L. Le Brazidec

Les médailles de libérations des Canaux du Midi de 1897

27À la fin du XIXe siècle, des médailles furent frappées pour commémorer la libération des Canaux du Midi. En effet, alors que les chemins de fer se développaient dans les années 1850, l’État avait donné en fermage les Canaux du Midi, jusque-là exploités par les descendants de Riquet pour la partie Canal du Midi, à la compagnie des Chemins de fer du Midi, ce qui revenait à privilégier la concurrence. À force de batailles engagées par la Chambre de Commerce de Toulouse et celles des villes concernées, l’État finit par racheter les canaux par la loi du 27 novembre 1897 : cela donna lieu à de nouvelles festivités, auxquelles participa le président de la République Félix Faure, et à l’émission de nouvelles médailles.

28La première, en bronze argentée36, fut commanditée par le Ministère des Travaux publics et réalisée par le graveur Henri Dubois (1859-1943) : au droit, LIBÉRATION DES CANAUX DU MIDI – LOI DU 27 NOV. 1897. Sous un navire voguant à gauche, une naïade chevauchant un dauphin, entourée par deux chérubins et une sirène ; signature HENRI/ DUBOIS ; au revers, MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS. Dans une couronne de laurier, l’inscription en neuf lignes FÉLIX FAURE/ PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE/ MÉLINE/ PRÉSIDENT DU CONSEIL/ COCHERY/ MINISTRE DES FINANCES/ TURREL/ MINISTRE DES TRAVAUX/ PUBLICS. On la voit présente dans la collection d’E. Delorme (fig. 22), qui avait rassemblé toutes les médailles liées au Canal du Midi avant de les offrir au musée Saint-Raymond ; toutes ces médailles sont aujourd’hui conservées au musée des Arts précieux Paul-Dupuy de Toulouse.

Fig. 22

Fig. 22

Collection Emmanuel Delorme, donnée au musée Saint-Raymond de Toulouse, où l’on reconnait la grande médaille de libération de Canaux du Midi et celle de la CCI de Toulouse. Planche extraite du Bulletin municipal de Toulouse, février 1935, p. 120.

© Archives municipales de Toulouse

29La seconde est une commande de la Chambre de Commerce de Toulouse (fig. 23) : au droit, est représenté Mercure volant au-dessus de la terre, il tient un caducée et une corne d’abondance déversant les produits du commerce, il est coiffé du pétase ailé, avec dessous la signature L. MERLEY ; au revers, dans une couronne de lauriers, l’inscription CHAMBRE DE COMMERCE DE TOULOUSE – LIBERATION / DES CANAUX / DU MIDI / 1897. Elle fut sans doute distribuée localement lors des festivités évoquées, peut-être lors du grand banquet organisé à la Bourse de Toulouse, le 23 juillet 1898, à cette occasion37.

Fig. 23

Fig. 23

Médaille frappée pour la Chambre de Commerce de Toulouse en 1897, collection des Archives du Canal.

© Archives du Canal du Midi.

Conclusion

30Les médailles émises à l’occasion des travaux du Canal du Midi au XVIIe siècle, puis celles s’insérant dans l’histoire métallique du règne de Louis XIV en 1702 et 1723 sont venues témoigner pour la postérité de la jonction des mers.

31Si l’image de l’eau est présente dans toutes ces œuvres, elle se manifeste cependant de façon diverse. Les médailles provenant de la région du sud, comme celles du port de Sète (fig. 1) et de la fondation de la première écluse de Toulouse (fig. 2, 5), montrent clairement l’impact des études entreprises sous la direction de Riquet par son collaborateur Andréossy. La mer méditerranéenne, ainsi que le cours du Canal autour de la ville, sont ici dessinés avec une précision cartographique. En revanche, dans les médailles de Warin (fig. 6) ou de Molart (fig. 10) ainsi que dans celles des premières décennies du XVIIIe siècle (fig. 15, 18) effectuées pour l’Académie royale, l’eau est réduite à un symbole. Elle tient alors un rôle secondaire dans des scénographies mythologiques semblables à celles de maintes œuvres artistiques commandées par la cour.

32Notons également qu’après la figure du roi omniprésente aux XVIIe et XVIIIe siècles, celle de Riquet est venue s’insérer dans les rares frappes du XIXe siècle et marquer ainsi la reconnaissance du grand constructeur. Aujourd’hui encore, c’est le portrait de Riquet que nous retrouvons sur les jetons commémoratifs du Canal du Midi, image qui reste fortement attachée à cet ouvrage marquant du paysage d’Occitanie.

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Bibliographie

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Notes

1 Voir à ce sujet LE BRAZIDEC, 2019.

2 Relation du port de Saint Loüis au cap de Séte en Languedoc, 1666, p. 25-27.

3 Il faut par ailleurs noter que cette médaille n’est pas reprise dans les études de BONNET, 1892 et PINTO, 1993, ce qui laisse à penser qu’ils n’en ont pas trouvé trace dans les comptes des États de Languedoc.

4 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 422, n° 4.

5 MÉNESTRIER, 1689.

6 Jacquiot, 1968, t. 3, pl. LXXX, n° 4-5 (Série royale, n° 660). Voir également Depeyrot, 1982, n° 1.

7 Attwood, 2003, p. 361, n° 876a.

8 Pour les médailles papales avec des vues topographiques à vol d’oiseau de Civitavecchia réalisées en 1604 et 1632, voir les notices de Mark Hengerer dans Burioni et Hirsch, 2021, cat. n° 132-133, p. 260-262.

9 Sur cette date, voir OBLIN-BRIÈRE, 2013, p. 197, qui s’appuie sur la correspondance entre Riquet et Colbert et ADGÉ 2001, qui reprend les comptes des travaux du barrage.

10 Gazette de France, 1667, n° 52, p. 410-411.

11 Archives du Canal du Midi, livres de compte, liasse 951.

12 AC Toulouse, BB38 f. 196.

13 Lettre du 22 novembre 1667, Archives du Canal, correspondance, liasse 29, n° 25. Cité par OBLIN-BRIÈRE, 2013, p. 40-41.

14 Gazette de France, 1667, n° 147, p. 1 360.

15 51 mm. Depeyrot, 1982, n° 10 ; JONES, 1988, n° 345.

16 Cette cérémonie est relatée dans les Annales de Toulouse, AC Toulouse, BB 281, Chronique 308, p. 81-86. Voir également MARQUÉ, 2018, p. 10-11.

17 C’est l’hypothèse que nous formulons aujourd’hui.

18 42 mm. Jacquiot, 1968, t. 3, p. 422-423 ; pl. LXXX, n° 7 ; Depeyrot, 1982, n° 12.

19 Sur Jean d’Armand dit l’Orphelin, voir Rondot, 1904, p. 278.

20 DELORME, 1895, p. 199. Le collectionneur pensait que la médaille avait pu être distribuée à l’occasion de la cérémonie, mais comme nous le démontrons, les délais n’en laissent pas la possibilité. Cette médaille d’argent est par ailleurs beaucoup plus rare que celle en bronze : trois exemplaires seulement sont connus (à Toulouse, à la BnF et au British Museum de Londres), ainsi que deux clichés unifaces à la Monnaie de Paris (inv. MED 080984 et 090985), alors que la fonte de bronze est présente dans les collections de nombreux musées français et encore dans les ventes contemporaines.

21 50 mm ; Jones, 1988, n° 243 ; Depeyrot, 1982, n° 6 (coin de revers).

22 Denier, argent, 42-40 avant J.-C. Ghey, Leins et Crawford, 2010, cat. n° 511.2.1.

23 Denier, argent, 211. Mattingly et Sydenham, 1923-1994, t. 4, n° 244.

24 Attwood, 2003, p. 95, n° 6a.

25 Attwood, 2003, p. 356, n° 862.

26 L’histoire métallique royale fut initiée en 1663 par le roi et Jean-Baptiste Colbert qui fondèrent à cet effet la Petite Académie la même année. Elle avait pour tâche de créer une grande série de médailles commémorant les évènements principaux du règne de Louis XIV. Seules seize médailles furent gravées avant 1680. La série complète ne fut achevée qu’en 1702.

27 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 418, pl. LXXIX, 3 ; Depeyrot, 1982, n° 18 (non illustrée).

28 Jacquiot, 1968, t. 3, p. 418 ; Depeyrot, 1982, n° 17.

29 Fossier, s.d., p. 350-351. L’auteur du texte est Henri de Besse, sieur de La Chapelle (1625-1692).

30 Le Canal royal de Languedoc pour la jonction de l’océan et de la mer. Dedié et presenté à M.grs des états de Languedoc. A Paris chez I. B. Nolin géographe, graveur et imprimeur de S.A.R. Monsieur. Sur le quay de l’Horloge du palais à l’enseigne de la place des Victoires vers le Pont Neuf. Avec privilège du roy à présent R. St. Jacques en janvier 1697. BnF, Département Cartes et plans GE DD-2987 (1474 B).

31 Médailles, 1702, p. 91 ; Depeyrot, 1982, n° 2 (médaille par Mauger de 41 mm).

32 Médailles 1702, p. 101 ; Depeyrot 1982, n° 7 (médaille par Mauger de 41 mm). Pour le jeton de 1677 voir Pinto, 1993, p. 16-17 et Depeyrot, 1982, n° 13-14.

33 Ce qui leur permit également d’en réattribuer tout le mérite à leur ancêtre contre les prétentions d’un descendant de François Andréossy, le Général de division Antoine François Andréossy (1761-1828). Voir MALAVIALLE, 1892.

34 42 mm, bronze. DEPEYROT, 1982, n° 22.

35 Ms 3153(A), bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse.

36 68 mm. Une fonte en bronze uniface est par ailleurs conservée au musée d’Orsay : https://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/liberation-des-canaux-du-midi-53199.

37 L’Express du Midi, 24 juillet 1898, p. 11. En ligne : https://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/ark :/12148/bpt6k5380558v/f11.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Médaille de la fondation du port de Sète, 1666, BnF inv. SR. 654.
Crédits © M.-L. Le Brazidec
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 464k
Titre Fig. 2
Légende Médaille en bronze de la fondation de la première écluse du Canal du Midi à Toulouse, 1667, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20154.
Crédits © M.-L. Le Brazidec.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 299k
Titre Fig. 3
Légende Vue particulière de Toulouse, gravée par Jean-Baptiste Collignon en 1642, estampe colorée de Kaspar Mérian, publiée dans l’ouvrage de Martin Zeiller Topographia Gallicae en 1657.
Crédits @ AC Toulouse 45Fi328
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Fichier image/jpeg, 522k
Titre Fig. 4
Légende Médaille en argent de la fondation de la première écluse du Canal du Midi à Toulouse, 1667, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20156.
Crédits © M.-L. Le Brazidec.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 434k
Titre Fig. 5
Légende Détail de la signature du graveur sur la médaille d’argent de 1667, exemplaire conservé à la BnF inv. SR. 661.
Crédits © M.-L. Le Brazidec
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Fichier image/jpeg, 623k
Titre Fig. 6
Légende Jean Warin, Canal des deux mers, 1667.
Crédits © The Trustees of the British Museum.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 360k
Titre Fig. 7
Légende Denier de Sextus Pompée, argent, 42-40 BC.
Crédits © The Trustees of the British Museum
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 37k
Titre Fig. 8
Légende Leone Leoni, Andrea Doria, c. 1541, avers.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 796k
Titre Fig. 9
Légende Pietro Paulo Galeotti, Côme Ier, 1567.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 494k
Titre Fig. 10
Légende Michel Molart, « L’achèvement du Canal des deux mers en 1681 » 1688, musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 24767.
Crédits © M.-L. Le Brazidec.
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Fichier image/jpeg, 208k
Titre Fig. 11
Légende Extrait de l’Histoire du roy Louis le Grand par les Medailles de Ménestrier, 1689, concernant les médailles du Canal.
Crédits © BnF, Gallica.
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Fichier image/jpeg, 257k
Titre Fig. 12
Légende Jean-Baptiste Nolin, « Canal royal de Languedoc », carte géographique, 1697.
Crédits © BnF
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 531k
Titre Fig. 13
Légende Détail de la médaille de Sète 1666 sur la carte de Nolin, extrait de l’exemplaire aquarellé conservé au musée des Arts précieux de Toulouse, inv. 2019.
Crédits © S. Vannier
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Fichier image/jpeg, 401k
Titre Fig. 14
Légende Détail de la médaille de Toulouse 1667 sur la carte de Nolin, extrait de l’exemplaire aquarellé conservé au musée des Arts précieux de Toulouse, inv. 2019.
Crédits © S. Vannier
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 544k
Titre Fig. 15
Légende « Le Port de Sète 1666 », 1702, médaille, série uniforme, exemplaire du musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 20153.
Crédits © M.-L. Le Brazidec
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Fichier image/jpeg, 190k
Titre Fig. 16
Légende « Le Canal des deux mers 1667 », 1702, médaille, série uniforme, revers de l’exemplaire du musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse, inv. 24782.
Crédits © M.-L. Le Brazidec
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 603k
Titre Fig. 17
Légende États de Languedoc, « L’Achèvement du Canal des deux mers », 1677, jeton.
Crédits © cgb.fr numismatique
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Titre Fig. 18
Légende « Le Canal des deux mers 1667 », Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand (1723).
Crédits ©BnF fol. 94r.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre Fig. 19
Légende « Le Canal des deux mers 1667 », Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis le Grand (1723).
Crédits © musée du Louvre, inv. OAP 1222
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 321k
Titre Fig. 20
Légende Médaille de Pierre-Paul Riquet, 1825, exemplaire conservé au musée des Arts Précieux Paul-Dypuy de Toulouse, inv. 20180.
Crédits © M.-L. Le Brazidec
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 368k
Titre Fig. 21
Légende Dessins des médailles, jetons et monnaies composant le dépôt de fondation du monument de Naurouze, 1825, par Maguès, Ms 3153(A).
Crédits © M.-L. Le Brazidec
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 463k
Titre Fig. 22
Légende Collection Emmanuel Delorme, donnée au musée Saint-Raymond de Toulouse, où l’on reconnait la grande médaille de libération de Canaux du Midi et celle de la CCI de Toulouse. Planche extraite du Bulletin municipal de Toulouse, février 1935, p. 120.
Crédits © Archives municipales de Toulouse
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 756k
Titre Fig. 23
Légende Médaille frappée pour la Chambre de Commerce de Toulouse en 1897, collection des Archives du Canal.
Crédits © Archives du Canal du Midi.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11734/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 148k
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Pour citer cet article

Référence électronique

William Eisler et Marie-Laure Le Brazidec, « L’histoire du Canal du Midi à travers les médailles »Patrimoines du Sud [En ligne], 17 | 2023, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/11734 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.11734

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Auteurs

William Eisler

Chercheur indépendant, historien d’art spécialiste de la médaille

Marie-Laure Le Brazidec

Chercheuse-numismate indépendante, associée à l’UMR 5608 (TRACES, Toulouse), spécialiste de l’Antiquité et de l’histoire des collections

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