Le canal latéral à la Garonne
Résumés
Le canal latéral à la Garonne, prolongement du canal du Midi, a été inauguré en 1856. Dû à Jean-Baptiste de Baudre, il relie Toulouse à Castets-en-Dorthe. L’inventaire de ce linéaire, mené dans les années 2010, témoigne de son histoire dans le paysage industriel français : maintes fois voué à la disparition il voit son administration relancer le trafic fluvial. Le recensement des différents ouvrages d’art révèle l’évolution des techniques appliquées au patrimoine fluvial et les changements importants comme, dans les années 1990, la fin de la batellerie remplacée par le tourisme fluvial : les ports nouvellement équipés répondent à la demande des plaisanciers et les chemins de halages aménagés en « voies vertes » à de nouvelles pratiques sportives et sociales.
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Mots-clés :
inventaire, canal du Midi, canal latéral à la Garonne, Jean-Baptiste de Baudre, site d’écluse, écluse, maison éclusière, aqueduc, pont, pont-canal, bateau, dérivation, barqueKeywords:
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Haute-Garonne, Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne, Gironde, Toulouse, Agen, Montauban, Bordeaux, Castets-en-DorthePlan
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Fig. 1
Carte du canal latéral à la Garonne ; localisation des 53 sites d’écluses, des écluses de descente et des sept ponts-canaux.
© P. Roques
Introduction
- 1 Franchir le canal du Midi, les ponts sur la Grande Retenue, Éd. Lieux Dits, 2014, 136 p.
- 2 Cruzy entre vignes et canal, 2013, 106 p.
- 3 Capestang, histoire et inventaire d’un village héraultais, 2011, 200 p.
- 4 Aux sources du canal du Midi, son système d’alimentation, 2011, 128 p.
1Le canal des Deux-Mers est composé du canal du Midi et du canal latéral à la Garonne. La région Occitanie mène depuis les années 2000 des inventaires du patrimoine du canal du Midi - linéaire en totalité sur son territoire - réalisés sur le département de la Haute-Garonne (les résultats sont mis en ligne sur le site du patrimoine de la région), sur le tronçon de la Grande Retenue1, sur quelques communes comme Cruzy2 ou Capestang3 à l’occasion de monographies ou lors d’études sur les automoteurs naviguant dans l’ancienne région Midi-Pyrénées. L’inventaire du système d’alimentation du canal du Midi4 est terminé, publié et mis en ligne ainsi que, récemment, l’opération engagée au début des années 2010, sur le canal latéral à la Garonne (fig. 2) et le canal de Montech pour la partie qui concerne la région Occitanie, sur les départements de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne. La deuxième partie de ce canal latéral qui traverse les départements du Lot-et-Garonne et de la Gironde, est recensée par la région Nouvelle-Aquitaine. Des visites seules ont été nécessaires dans cette région, à la compréhension de ce linéaire.
Fig. 2
Toulouse (Haute-Garonne), Les Ponts-Jumeaux ; vue depuis le port de l’Embouchure du « pont de l’Embouchure dit 3e Pont-Jumeau établi à l’origine du Canal latéral », début du canal latéral à la Garonne.
© P. Roques, 2023
2Les sources consultées sont celles, fort riches, des archives du canal du Midi, des rapports des préfets des quatre départements concernés, des archives départementales, des travaux universitaires, en particulier les thèses de Michel Adgé et de Robert Marconis et de quelques publications.
Un canal latéral à la Garonne
- 5 ADGÉ Michel, La construction du canal royal de la jonction des mers en Languedoc (canal du Midi), t (...)
3Le canal du Midi serpente dans les plaines de l’est toulousain, le canal latéral à la Garonne trace de longues lignes droites dans les plaines à l’ouest (fig. 3), le premier présente des écluses « ventrues », au plan arrondi, celles du second sont de plan rectangulaire : ces différences, les plus visibles, sont dues à l’évolution des techniques : le projet du canal du Midi débute par la lettre de Pierre-Paul Riquet à Colbert le 15 novembre 1662. Il est conçu et réalisé, au cours du même régime politique, la royauté, et sous le même roi, Louis XIV : l’enjeu est économique avec l’essor de la région et politique car les bateaux évitent ainsi le détroit de Gibraltar ; de plus, le transport par voie d’eau se fait en toute sécurité : les navires échappent aux tempêtes de l’Atlantique et aux pirates le long des côtes espagnoles. Le canal du Midi, inauguré en 1680, un an après le décès de son inventeur, est ensuite amélioré par Vauban qui annonce dans son rapport de 16865, le prolongement d’un canal au-delà de Toulouse. Car la navigation sur la Garonne est dépendante des épisodes de crues, d’étiages et des déplacements incessants des fonds du fleuve. Il faut de surcroit transborder les marchandises des barques du canal du Midi sur celles navigant sur le fleuve. Enfin, si en moyenne 5 jours sont nécessaires pour descendre la Garonne de Toulouse à Bordeaux, il en faut trois fois plus pour la remonter dans de bonnes conditions.
Fig. 3
Carte du sud-ouest de la France ; « Carte indiquant la jonction des Deux Mers par le Canal du Midi et le Canal de la Garonne », 1830. Archives du canal du Midi.
© Voies navigables de France
- 6 Archives du canal du Midi, Voies navigables de France (Arch. CDM), liasse 607, n° 12.
4Au milieu du XVIIIe siècle, un mémoire anonyme propose de prolonger « le canal de communication des mers [de Toulouse] jusqu’à la pointe de Moissac6 » afin d’améliorer la navigation « depuis Marseille et Cette jusqu’à Bordeaux ». À partir de Moissac, des travaux sur la Garonne sont projetés jusqu’à Bordeaux.
- 7 Arch. CDM, liasse 610, n° 1.
5Dès le début du XIXe siècle, « un complément [au canal du Midi] qui est le canal latéral à la Garonne7 » est envisagé car, la révolution industrielle débutant en France, le pays se lance dans le développement, entre autres, de ses communications : la nécessité d’un canal latéral à la Garonne s’impose pour des raisons économiques.
- 8 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet de la Haute-Garonne, 1838, p. 114.
6Si le projet de relier Toulouse à Bordeaux par un canal est bien accueilli pour les villes qui seront traversées, et pour Bordeaux qui souhaite se développer à l’intérieur des terres, il n’en va pas de même pour Toulouse. Les milieux d’affaire de la ville s’opposent car ils ne veulent pas perdre leurs activités, très lucratives, liées au transbordement des marchandises au port de l’Embouchure et la chambre de commerce locale soutient alors le projet du député gersois L. Galibert, le « Canal des Pyrénées » qui part de Toulouse, passe par les contreforts des Pyrénées et aboutit en amont de Bayonne dans l’Adour. Le projet de ce canal trop long et trop onéreux, est abandonné8.
7En revanche, Montauban, préfecture du Tarn-et-Garonne, en compétition avec Moissac, ville de ce département créé en 1808, où passe le canal latéral, ne peut se résoudre à rester à l’écart de cette nouvelle voie de communication intéressante économiquement. Aussi obtient-elle, de haute lutte, d’être reliée au canal latéral et ce, dès l’étude du tracé : le canal de Montech à Montauban, parce qu’il fait partie du même projet que le canal latéral à la Garonne, parce qu’il comporte les mêmes types d’équipements (écluses, maisons éclusières…), parce qu’il est inauguré en 1844, en même temps que la première section Toulouse-Montech-Montauban, fait partie de notre recensement.
Le projet (1828-1831)
8En 1828, l’État confie l’étude de ce projet à Jean-Baptiste de Baudre, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées, qui remet son mémoire (fig. 4) le 22 mars 1831, définissant le tracé et le nombre d’ouvrages d’art à construire. Le canal latéral à la Garonne subira les soubresauts de l’histoire du XIXe siècle : les premières études sont lancées en 1825 sous Charles X, les travaux débutent sous la monarchie de Juillet, la navigation est ouverte entre Toulouse et Montech en 1844, puis continuent au cours de la IIe République et sont terminés en 1856, en plein Second Empire. Si l’État assure financièrement les premières années de la construction du canal, la situation est ensuite rendue difficile par la conjoncture des années 1848-1850 et des crédits en forte diminution. 176 ans après le canal du Midi, le canal latéral à la Garonne est finalement inauguré et, tout comme Riquet, De Baudre n’en voit pas la fin.
Fig. 4
Mémoire de Jean-Baptiste de Baudre ; page 2 du « Mémoire sur un avant-projet de Canal latéral à la Garonne, en prolongement du Canal du Midi, jusqu’à Castets (Gironde) avec embranchement sur Montauban débouchant dans le Tarn, communiquant en outre avec cette rivière au-dessous de Moissac et avec la Baïse à Buzet », 1831. Archives du canal du Midi, CF35.
© Voies navigables de France
- 9 Cette écluse est détruite à la fin des années 1970, lors de la construction du périphérique toulous (...)
9Dans son mémoire où il se réfère souvent au canal du Midi, De Baudre fait débuter le canal latéral à Toulouse, au port de l’Embouchure parce c’est l’endroit où aboutit le canal du Midi et où les bateaux accèdent à la Garonne par une écluse9. C’est également le lieu de la principale prise d’eau qui alimente ce canal.
- 10 Arch. CDM, CF35, Jean-Baptiste de Baudre, mémoire de 1831, s.p.
10De Toulouse à Agen, le tracé choisit la rive droite de la Garonne pour pouvoir accéder à Montauban : il faut « soutenir à un niveau qui permette de franchir le faîte du coteau qui sépare les deux versants de la Garonne et du Tarn en un point convenable pour diriger une branche du Canal vers Montauban10 ». L’embranchement est donc établi à Montech où un canal de 10,812 km relie cette ville à Montauban (fig. 5).
11Puis le canal latéral passe rive gauche de la Garonne, d’Agen à Castets-en-Dorthe. En effet, De Baudre soulève les nombreuses difficultés qui empêchent de rester rive droite, contraintes dues aux « coteaux en mouvement » qui demandent des travaux conséquents pour passer le canal dans le lit de la Garonne, par exemple du côté de Tonneins, dues aussi à la plaine souvent inondée ainsi qu’au peu d’espace, par exemple à La Réole, pour passer entre la Garonne et la ville.
Fig. 5
« Carte du canal latéral à la Garonne et de son embranchement sur Montauban », 1850. Archives du canal du Midi.
© Voies navigables de France
- 11 Ibid.
12Jean-Baptiste de Baudre fait terminer le canal à Castets-en-Dorthe plutôt qu’à Langon, quelques kilomètres en aval, pour éviter de lourds travaux (construction de murs de soutènements pour protéger la ville et creusement d’un passage souterrain sous le coteau). De fait, la marée remonte jusqu’à Castets-en-Dorthe, « de sorte que les barques du canal pussent en profiter pour remonter de Bordeaux sans le secours du halage11 ».
- 12 Ibid.
13L’étude de De Baudre concerne également le profil du canal qui « aura la forme d’un trapèze avec côtés en perrés » dans les parties jugées submersibles, les types d’écluses et leurs dérivations, les prises d’eau, leur débit et leur maximum, les lieux où construire les usines, les ponts-canaux, les aqueducs, les déversoirs... Toutes ces études sont faites à partir des résultats des crues de 1772 et de 1826 qui permettent de calculer par exemple les ouvertures des différents ouvrages d’art (ponts, aqueducs…) et des parties du canal susceptibles d’être inondées. Les dimensions de ces ouvrages sont définies ainsi que les matériaux car « on est réduit depuis Toulouse jusqu’au confluent du Tarn à employer la brique dans les massifs de maçonnerie. Au-dessous de ce confluent il y a économie à employer le moellon. La brique dans la vallée de la Garonne est une ressource précieuse car les carrières de pierre sont peu nombreuses, éloignées de la ligne du canal. Les chaux hydrauliques de la Bourgade (82) et de Xaintralles (47) font d’excellentes maçonneries12 ».
La réalisation (1838-1856)
14Le mémoire de Jean-Baptiste de Baudre remis en 1831, l’État accorde, en 1832, la concession des travaux à une société privée bordelaise, la compagnie Magentie-Sion représentée par Alexandre Doin. Mais, ne respectant pas ses engagements, la société est déchue de ses droits une première fois en 1835, puis une deuxième et l’État reprend en 1838 les travaux à son compte, en confiant la direction à son concepteur, De Baudre. La construction débute de façon concomitante, en plusieurs points avec, au début, le budget de quarante millions de francs : en 1844, le tronçon Toulouse-Montech-Montauban est ouvert à la navigation, en 1849 jusqu’à Agen, en 1853 jusqu’à Buzet-sur-Baïse et en 1856 dans sa totalité jusqu’à Castets-en-Dorthe (fig. 6).
Fig. 6
Bordeaux (Gironde), Affiche informant de l’ouverture à la navigation, du canal latéral à la Garonne, 1856. Archives du canal du Midi, CF36.
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15Mais l’État autorise, en 1846, la construction d’une voie ferrée entre Bordeaux et Sète et en confie la gestion en 1852 à des banquiers, les frères Péreire qui obtiennent également l’exploitation du canal. La « Compagnie des chemins de fer du Midi et du canal latéral à la Garonne » est alors créée et le chemin de fer est mis en service en 1857, un an après le canal latéral.
Le temps du canal latéral (de 1856 à nos jours)
- 13 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1915, p. 255.
16La concurrence du rail favorisée par la Compagnie - elle augmente significativement les péages sur le canal - précipite le déclin du transport fluvial. Aussi, face aux plaintes des usagers, des bateliers et des élus, l’État rachète-t-il le canal latéral à la Garonne en 1898 et le trafic reprend-il jusqu’à la première guerre mondiale où « le personnel de la batellerie ayant été mobilisé et les équipages réquisitionnés […] nombre de bateaux ont été désarmés13 ».
- 14 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1928, 3e séance, p. 100.
17À la fin du conflit, l’administration relance le fret fluvial en élargissant et en renforçant le chemin de halage pour laisser passer les tracteurs de bateaux. En 1928, un ancien projet datant de la fin du XIXe siècle est repris : L’Office des transports des chambres de commerce du sud-ouest propose de remplacer le canal des Deux-Mers par un canal à grande section (600 ou 1 200 tonnes) accessible à la marine marchande et à la marine de guerre14. Ce projet ne sera pas réalisé.
- 15 Ibid.
18En mars 1930, le canal subit la crue centennale du Tarn, de l’Agout, de la Garonne et de l’Aveyron : la navigation est alors interrompue trois mois et les coûts de réparations sont multipliés par 10 par rapport à ceux de 192915 relatifs aux travaux d’entretien.
19Puis, l’administration engage des opérations conséquentes comme le remplacement, dans les années trente, des ponts suspendus par des ponts bow-string.
20Lors de la seconde guerre mondiale, les « chevaux et autres bestiaux » sont de retour sur les chemins de halage et des écuries, comme celle recensée à Lamagistère, sont même construites. Elles seront vite abandonnées ou louées dès la fin du conflit.
21Dans les années 1973-1975, les écluses du canal latéral sont mises au gabarit Freycinet, allongées et le réseau modernisé. Seules les cinq écluses à Montech, doublées par la pente d’eau inaugurée en 1974, première mondiale, et celles du canal de Montech gardent leurs dimensions d’origine.
22Malgré ces travaux, le trafic commercial fluvial chute à cause de la crise économique de 1973 puis l’ouverture en 1980 de l’autoroute A61 qui longe le canal. La batellerie de commerce disparaît, remplacée dans les années 1990 par la navigation de plaisance qui se développe et entraîne un renouveau du canal latéral : les écluses sont automatisées et, dans des ports, de nouveaux équipements et services accompagnent le développement de ce tourisme.
Une opération d’inventaire : les prises d’eau et la gestion des eaux
- 16 Cette étude est réalisée dans le cadre de la charte interrégionale « Canal des Deux-Mers » signée l (...)
- 17 Les dérivations aux écluses et aux ouvrages d’art sont nécessaires car elles permettent, en évitant (...)
23L’opération d’inventaire qui a débuté dans les années 201016, a permis de recenser et d’étudier le patrimoine immobilier (sites d’écluses, ponts, ponts-canaux, aqueducs, maisons…) et mobilier (bornes, repères de crues, barques…) qui lui est associé. Le canal est un cours d’eau artificiel et, à la différence du canal du Midi qui est seulement un canal de navigation, le canal latéral à la Garonne conjugue cette fonction à celle d’irrigation comme en témoigne l’existence de dérivations aux écluses et sur les ouvrages d’art17. Aussi, les prises d’eau d’alimentation sont-elles étudiées pour fournir aux utilisateurs, la quantité demandée.
24Deux prises d’eau alimentaient dès l’origine, en 1838, le canal latéral et celui de Montech qui ne présente que des écluses sans dérivation. La première prise d’eau, située à Toulouse, recevait l’eau du canal de Brienne lorsque l’écluse des Ponts-Jumeaux était fermée. Elle passait dans des bassins de décantation pour être débarrassée de graviers et limons et un barrage servant de filtres séparait ces bassins. Puis elle était conduite par un aqueduc à siphon sous le port de l’Embouchure jusqu’au canal latéral (fig. 7). Les bassins des filtres ne sont plus en fonction de nos jours.
Fig. 7
Toulouse (Haute-Garonne), port de l’Embouchure ; extrait du plan de bornage de la prise d’eau et du bassin d’Embouchure, 9 mai 1868. Archives du canal du Midi, CF36.
© Voies navigables de France
- 18 Un barrage à aiguilles est formé d’une succession de chevrons en bois mis en place verticalement, c (...)
25Une deuxième prise d’eau était située au Passage : en amont du pont de Pierre à Agen, le barrage de Beauregard, barrage à aiguilles18, détournait, rive gauche, une partie des eaux de la Garonne dans un canal d’amenée. Elles rejoignaient le canal latéral après la porte de retenue, en aval de l’écluse n° 37. Le barrage est déclassé en 1957, abandonné dix ans plus tard, et le canal d’amenée désaffecté a été remblayé dans les années 1960. Une nouvelle prise d’eau à Brax mise aussitôt en place, a été ensuite fermée.
- 19 Arrêté inter-préfectoral portant autorisation des prélèvements d’eau en Garonne pour alimenter le c (...)
26De nos jours, un arrêté inter-préfectoral19 de 2018, définit les ouvrages de prises d’eau et le débit maximal de prélèvement associé à chacun : « une alimentation gravitaire par l’écluse de Saint-Pierre à Toulouse, complétée par l’aqueduc des Maraîchers implanté sous la voirie de l’allée de Barcelone, en rive droite de l’écluse » et une autre « à Pommevic à partir du canal d’amenée de l’usine hydroélectrique de Golfech ». Le débit maximal de prélèvement est limité pour les deux prises d’eau à 8,4 m3/s.
- 20 Ouvrages de décharge permettant de débarrasser les biefs de l’excès d’eau amenée lors de fortes plu (...)
27La gestion de l’eau est complétée par les ouvrages de rejet qui comprennent les épanchoirs20 ou déversoirs et les écluses de descente. L’arrêté dresse la liste des différents déversoirs : celui du bassin des filtres, celui de l’Hers en amont du pont-canal à Castelnau-d’Estretefonds, celui de Laspeyres à Lamagistère, l’épanchoir de l’Auvignon à Bruch et le déversoir de l’écluse n° 53 à Castets-en–Dorthe. Distinguons les déversoirs de surface des déversoirs de fond : les premiers, comme celui situé rive droite, avant l’écluse n° 53, sont édifiés de telle manière qu’à partir d’une certaine hauteur, définie lors de leur construction, l’eau excédentaire est évacuée automatiquement dans une rigole de fuite, vers la Garonne proche dans notre cas pour un rejet maximal de 1 m3/s, ce qui permet de garder le même niveau d’eau en amont de l’écluse. Quant aux déversoirs de fond, la quantité d’eau régulée par une vanne ou des batardeaux, sort par une ouverture en arc en plein cintre située au niveau du radier du canal et rejoint la rivière proche, l’Hers dans le cas de l’épanchoir de Castelnau-d’Estretefonds pour un rejet maximal de 3 m3/s. Les déversoirs sur le canal (environ une trentaine sur le linéaire) autres que les déversoirs de rejet servent également à vider les biefs pour l’entretien ou des travaux. À l’instar du déversoir et de l’aqueduc de Petit-Bézy, ils sont généralement associés ou proches d’aqueducs ce qui permet d’évacuer rapidement l’eau du canal.
28Comprises dans l’arrêté qui en établit la liste, les écluses de descente, au Tarn à Moissac, au Tarn à Montauban, à la Baïse à Buzet-sur-Baïse et à la Garonne à Castets-en-Dorthe, sont également concernées chacune par un rejet maximal. Il est de 0,220 m3/s à Moissac, de 0,684 m3/s à Montauban, de 0,174 m3/s pour la Baïse et de 0,125 m3/s à Castets-en-Dorthe.
29L’eau alimentant le canal latéral sert à la navigation mais aussi à l’industrie, à l’irrigation et pour l’eau potable. Si, dans le premier cas, l’eau prélevée est restituée, ce n’est pas le cas pour les deux autres usages.
30Et les prélèvements agricoles sont nombreux (environ une cinquantaine en Occitanie) car il suffit, après autorisation de l’administration, d’un tuyau, le plus souvent en fonte, équipé d’un filtre dans le canal, passé sous le chemin de halage ou le chemin de service. Une pompe à eau sur l’autre côté du talus, permet de puiser dans le canal. Le dispositif est quelques fois plus sophistiqué avec une entrée sur le canal, construite en briques ou béton, en forme de U et équipée d’une grille pour éviter d’aspirer les feuilles et les branches. De l’autre côté du chemin de halage, un réservoir maçonné est fermé par une porte en fer dans sa partie supérieure. L’aménagement de la prise d’eau de Prades, en amont du site n° 18, s’avère plus complexe (fig. 8) : le tuyau en fonte qui passe sous le chemin de halage, rejoint une canalisation en béton recouverte de dalles qui court sur un ponceau en briques équipé d’une main courante en fer. Le ponceau, en arc segmentaire, enjambe le contre fossé et un portillon en fer entre deux piliers, ferme l’accès à l’escalier sous lequel une vanne, abritée, régule la quantité d’eau nécessaire à l’irrigation des terres du domaine proche.
Fig. 8
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), prise d’eau de Prades ; vue depuis l’amont de l’escalier et du ponceau qui amène les eaux du canal latéral au domaine agricole proche.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
31Quant aux prises d’eau utilisées par l’industrie, elles sont le plus souvent sur les dérivations et généralement construites avec soin, dans les règles de l’art, en briques, pierres et béton.
Les sites d’écluses
32Le canal latéral à la Garonne est long de 193 km, pour un dénivelé de 128 m. Il comporte 53 sites d’écluses (fig. 9) (écluses et dérivations, maisons d’éclusiers, parfois ponts) avec, de nos jours, trois écluses de descente, la première, à Moissac, dans le Tarn, entre les sites n° 25 et 26, la seconde à Saint-Pierre-de-Buzet, dans la Baïse, entre les sites n° 40 et 41 et la troisième, la dernière au site n° 53, l’écluse de descente à la Garonne, à Castets-en-Dorthe, écluse à double sas qui a la particularité d’avoir une écluse accolée, rive droite. Une écluse de descente était située à Agen, près de la prise d’eau, jusqu’aux années 1960. Le canal de Montech à Montauban, long de 10,812 km, pour un dénivelé de 29,55 m, comporte neuf écluses et la dixième, écluse de descente dans le Tarn, à Montauban, déverse ses eaux dans cette rivière. À part celle de Castets-en-Dorthe qui ne possède pas de pont et qui a une écluse accolée, les écluses de descente sont toutes des « écluses à double sas avec pont accolé » selon l’état descriptif des années 1860 et l’inventaire de 2012. Seule, l’écluse de Moissac est équipée d’une porte de garde dont les vantaux s’ouvrent vers l’aval pour éviter toute inondation provenant du Tarn.
Fig. 9
Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 15 de Pommiès ; vue du bassin supérieur de la dérivation, du chemin de service, de l’écluse et son pont, et, rive droite, de la maison éclusière.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
- 21 DUPUY Patrice, La construction du canal latéral à la Garonne, mémoire de maîtrise, sous la directio (...)
33La construction des sites d’écluses est confiée dans les années 1840 à des entrepreneurs chargés des écluses, des maisons éclusières équipées parfois de puits et de poulaillers, aménagements alors indispensables, mais aussi des ponts sur les têtes aval des écluses. En Occitanie, Patrice Dupuy21 identifie 30 entrepreneurs sur 31 sur le canal latéral et les 10 qui œuvrent sur le canal de Montech. Si certains comme Capella interviennent sur un seul site, d’autres sont responsables de plusieurs comme Gasc père et fils à qui est confiée la construction des écluses n° 6 bis à n° 9 bis. Notons que l’entrepreneur Uhlenluth intervient seul sur les sites n° 4 bis et 5 bis et, associé à Faure et Garrisson, sur les sites n° 11 à 15. De fait, 25 entreprises sont à l’origine des sites d’écluses en Occitanie, la seule intervention dont nous ignorons l’identité de l’entrepreneur se trouve au site d’écluse n° 25.
- 22 Ibid, p. 41.
34L’auteur de ce mémoire note la difficulté d’identifier les entrepreneurs pour la Nouvelle-Aquitaine faute de sources fiables et parce que de nombreuses « résiliations [de travaux sont] dues à des problèmes financiers22 ».
Écluses et pente d’eau de Montech
35Les écluses du canal latéral à la Garonne et celles de Montech ont été construites en même temps et celles du canal latéral ont été allongées, dans les années 1972-1974 à 40,50 m sauf celles des sites n° 11 à 15 inclus qui sont doublées par la pente d’eau. Comme ces cinq dernières, les écluses du canal de Montech sont toutes à leurs dimensions d’origine, 30,50 m de long sur 6 m de large. L’opération de mise au gabarit Freycinet, entraîne alors la disparition partielle ou totale des estacades concernées par ce changement.
36Dix-neuf écluses ont été allongées en amont, dont 12 en Occitanie : l’opération dans cette partie d’écluse évite le déplacement du pont d’écluse situé sur la tête d’aval et présent dans 18 cas sur 19. Ce n’est pas le cas pour les 28 écluses allongées en aval, dont 14 dans notre région : il faut alors déplacer deux ponts en Occitanie et dix en Nouvelle-Aquitaine.
- 23 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, janvier 1878, p. 186. En 1878, la Compagnie (...)
37Les écluses (fig. 10) suivent toutes un plan rectangulaire et, à part celles de descente et celles du canal de Montech, elles sont toutes équipées d’une dérivation – aérienne ou souterraine. Grâce à ces dérivations, la quantité d’eau transportée, est plus importante que pour un seul canal de navigation, ce qui permet aux agriculteurs23 d’en bénéficier et à l’administration du canal de percevoir des revenus.
- 24 Un bajoyer est une des deux parois (en briques ou en pierres) latérales de l’écluse.
38Comme pour l’ensemble des constructions sur le canal latéral, l’utilisation de matériaux est différente selon les zones : si les couronnements et les angles sont toujours en pierre sur l’ensemble du linéaire, la brique, présente depuis Toulouse dans les bajoyers24, est remplacée par la pierre à partir de l’écluse n° 28, les parements des murs de retour étant encore en briques jusqu’à l’écluse n° 30. Les écluses sont ensuite en pierre jusqu’à Castets-en-Dorthe. Les parties allongées dans les années 1970 des écluses, sont toutes en béton.
Fig. 10
Valence (Tarn-et-Garonne), écluse n° 30 de Valence ; vue des portes d’écluse amont et aval, de la cabine de commande, des bajoyers couronnés de pierre de taille et d’une partie de la maison éclusière rive droite.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
39Dès l’origine, chaque écluse est équipée de deux types de bollards en fer, les premiers de plan circulaire, sont à proximité des portes busquées sur l’ensemble du linéaire. Les seconds fixés sur les plateaux de l’écluse sont de plan triangulaire en Occitanie, de plan circulaire en Nouvelle-Aquitaine : la gestion du linéaire est donc différente entre les deux départements occitans et le Lot-et-Garonne et la Gironde. L’écluse est également munie dans les bajoyers, d’échelles en fer indispensables à l’accès au radier ou aux secours, ainsi que de tiges directrices (fig. 11) qui permettent de guider les bateaux lors de mouvements ascendants ou descendants dans le sas. Dirigés vers les écluses par des estacades, le plus souvent en galets et briques, les bateaux entrent ou sortent du sas par les portes busquées à vantelles. À l’origine en bois, elles ont été changées au début du XXe siècle par des portes en fer, les pièces en fer étant alors assemblées par des rivets, puis, après la seconde guerre mondiale, soudées entre elles.
Fig. 11
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 17 de Saint-Martin ; tige directrice utilisée pour guider les bateaux.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
40Les portes d’écluses étaient manœuvrées par les éclusiers grâce à des manivelles à main. En 1977, une cabine en fer sur un des plateaux de l’écluse – poste commandant les portes de l’écluse – est ajoutée et des tranchées recouvertes de plaques de fer dans lesquelles courent les câbles et tuyaux, sont creusées : les portes sont alors commandées de la cabine. À la fin des années 1990, Voies navigables de France s’engage dans un programme de modernisation des écluses, les crics à main étant remplacés par des moteurs électriques. De nos jours, le capitaine du bateau, en manipulant une perche du milieu du canal, avant l’écluse, commande lui-même l’ouverture des portes automatisées. Dans quelques cas, l’appel à l’éclusier est toujours nécessaire comme à l’écluse n° 53 de Castets-en-Dorthe ou aux écluses de descente ou encore lors d’incidents rencontrés et la borne à droite du sas d’écluse est alors indispensable. Sur le canal de Montech, le plaisancier est équipé d’une télécommande qui permet l’ouverture des portes.
41Dans les massifs amont et aval de l’écluse, des rainures à batardeaux rendent possible la fermeture du bief et une échelle d’eau sert à contrôler le niveau de l’eau du canal. Enfin par mesure de sécurité, une bouée est disponible dans un coffret, toujours à proximité du sas de l’écluse.
42Les dérivations (fig. 12) sur un des deux côtés de l’écluse, sont aériennes ou souterraines. Aérienne, les eaux du canal latéral passent en amont sous le chemin de halage ou le chemin de service, longent l’écluse et rejoignent le canal latéral, en aval du site en passant à nouveau sous le chemin de halage ou de service. La chute d’eau est implantée à la porte à vantelle qui régule la quantité d’eau du canal et lorsque cette porte à vantelles est située en amont de l’écluse, la dérivation ne présente qu’un bassin. Lorsqu’elle est placée au pont intermédiaire de la dérivation, un bassin supérieur et un bassin inférieur sont alors formés. Dans certains cas, la chute d’eau du pont intermédiaire, permet la production d’électricité et une usine électrique est installée comme depuis 1918 à l’écluse n° 3 de Fenouillet. Dans d’autres cas, une prise d’eau à proximité et en amont de cette porte à vantelles permet à un moulin de fonctionner comme à l’écluse n° 10, remplacé de nos jours par une pisciculture.
Fig. 12
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 13 d’Escatalens ; dérivation à bassin unique avec une usine électrique rive gauche et le canal latéral à droite.
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43La dérivation étant souterraine, les eaux du canal entrent par un des côtés de la tête amont de l’écluse et sont régulées par la porte à vantelles, puis courent sous un des plateaux, dans un tunnel, pour rejoindre le canal en sortant de la tête aval, du même côté qu’elles sont entrées.
44Enfin, tout comme pour les bollards sur les plateaux, différents selon les deux régions, un garde-corps récent est fixé entre la cabine et le sas de l’écluse en Nouvelle-Aquitaine et absent en Occitanie. Ces différences sont encore dues à l’organisation administrative depuis l’origine du canal latéral : deux ingénieurs en chef gèrent, l’un la première section de Toulouse à Laspeyres (Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne), le second la section de Laspeyres à Castets-en-Dorthe (Lot-et-Garonne et Gironde).
Pente d’eau de Montech (1974)
- 25 Arch. CDM, liasse pente d’eau.
45À Montech, l’État décide en 1969 de doubler les cinq écluses sur le canal latéral, n° 11 à 15 inclus, par une pente d’eau25 sur une distance d’environ 2 000 m (fig. 13). Le site est expérimental, le système innovant, une « première mondiale » : il doit permettre le passage de bateaux de 38,50 m de long, 5,50 m de large et 350 tonnes maximum, plus rapidement par la pente d’eau que par les cinq écluses qui restent aux dimensions d’origine. La pente d’eau doit passer un dénivelé de 13,30 m. Le projet est porté par Jean Aubert (1894 Paris-1984 Paris), ingénieur général des ponts et chaussées et les premiers plans d’aménagement du site datent du début des années 1960. Après de nombreux essais, les travaux, confiés à l’association S.G.T.E. – Spie Batignolles, débutent en 1971 et la pente d’eau est inaugurée le 9 juillet 1974. Mais, après un incendie dans le poste de pilotage d’une des deux locomotrices, puis une panne d’un des deux moteurs, elle cesse de fonctionner en 2009. Depuis, elle fait partie du site réhabilité en 2020 à des fins de valorisation touristique et patrimoniale. Une deuxième pente d’eau est mise en service depuis 1988 à Fonseranes près de Béziers, sur le canal du Midi. Elle a cessé, elle aussi, de fonctionner.
Fig. 13
Montech (Tarn-et-Garonne), pente d’eau ; Grâce au masque situé entre les deux locomotrices, les bateaux sont déplacés avec l’eau sur laquelle ils flottent, dans la rigole maçonnée.
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Les maisons éclusières
46Chaque écluse, même celles de descente, a sa maison éclusière : il y en a 55 sur le canal latéral et 10 sur le canal de Montech. De plan rectangulaire, elles mesurent environ 6 m de large sur 10 m de long. Elles sont composées d’un étage de soubassement (le plus souvent à moitié enterré au talus du canal), d’un rez-de-chaussée et d’un étage de combles ou d’un premier étage et d’un étage de combles. Les matériaux étant pris à proximité, les maisons éclusières construites au XIXe siècle sont en moellons et briques dans le toulousain, la pierre remplaçant la brique à la limite des deux régions : la brique est encore présente sur quelques encadrements, les bandeaux et l’étage de soubassement de la maison n° 27 de Petit Bezy, et elle ne l’est plus que sur l’étage de soubassement de la maison n° 28. À partir de cette maison, les suivantes sont construites en pierre.
47Recensées 38 fois sur la rive droite, dont 32 en Occitanie, elles sont présentes 27 fois sur la rive gauche, dont 17 en Nouvelle-Aquitaine, chacune d’elles étant probablement adaptée aux conditions topographiques locales. La maison n° 41, qui était rive droite à l’origine, a été remplacée par une nouvelle, rive gauche.
- 26 Arch. CDM, liasse CF 36.
48D’après l’état descriptif des années 186026, le rez-de-chaussée est composé d’un salon, d’une cuisine, d’un four à pain et d’un escalier au milieu de l’édifice qui permet l’accès aux chambres situées au premier étage ou aux combles. Le soubassement - généralement une cave voûtée pour celles visitées en Occitanie - est le lieu de rangement des outils professionnels ou personnels, parfois l’endroit où l’administration met une forge (maison éclusière n° 20 de Saint-Jean-des-Vignes), d’autres fois il sert d’écurie ou d’étable comme à la maison n° 27 de Petit-Bezy.
49Les élévations extérieures sont protégées des intempéries par un enduit à la chaux, la façade est généralement ordonnancée, à trois travées, avec chaînes d’angles. Des cordons en brique ou en pierre selon l’endroit, matérialisent les différents niveaux. De part et d’autre de la façade, des escaliers extérieurs relient le soubassement au rez-de-chaussée. L’édifice est recouvert d’un toit à deux pans, en tuiles mécaniques. Seules les maisons situées à partir du site d’écluse n° 39 présentent des lucarnes de toit également portées dans l’état descriptif des années 1860, témoignant encore de la gestion de ce linéaire confiée à deux services différents.
50La structure des maisons a permis de définir trois types d’édifices. Le premier (42 maisons) est composé d’un étage de soubassement, d’un rez-de-chaussée et d’un étage de combles comme aux maisons n° 6, 8 bis, 14 ou 46. Celles aux n° 3 et 10 bis appartiennent à cette catégorie même si l’étage de combles est un peu plus élevé que les précédents. Le deuxième type (20 maisons) est composé d’un étage de soubassement, d’un rez-de-chaussée et d’un étage carré par exemple aux maisons n° 10, 19 ou bien 33 ou 42. La maison n° 53 qui appartient à cette catégorie, présente la particularité d’avoir en façade, une distribution extérieure, escalier à double volée, qui relie le rez-de-chaussée au premier étage, probablement à cause des crues : les repères de crues contre la façade portent celui du 6 mars 1930 situé à quelques dizaines de centimètres du palier. Les maisons aux sites n° 20 et 21 pourraient faire partie de cette catégorie mais elles sont seulement composées d’un rez-de-chaussée et d’un étage carré, l’étage de soubassement est absent. Enfin, la maison n° 41 était à l’origine, construite rive gauche. Détruite, elle a été remplacée dans les années 1950 par celle actuelle, rive droite : elle est un unicum par sa conception et ses matériaux : maison, de plain-pied, sans soubassement, en briques creuses, elle est recouverte d’un enduit en béton.
51Les maisons de type 1 (fig. 14) sont celles dans lesquelles habitent les éclusiers et leurs familles. Celles de type 2 (fig. 15), reçoivent souvent deux familles d’agents du canal latéral comme la maison n° 31, à Lamagistère, où l’éclusier et sa famille habitent au rez-de-chaussée et « le cantonnier 10 occupe le 1er étage ». C’est également le cas au site n° 33 de Saint-Christophe où la maison sert « d’habitation à l’éclusier et au cantonnier ainsi qu’à leurs familles ». Une pièce est réservée parfois au bureau du receveur comme à la maison n° 25 de Moissac. À l’écluse régulatrice du Passage (aujourd’hui détruite), deux maisons sont conservées, « la maison éclusière rive droite servant d’habitation à l’éclusier et à sa famille » et la « maison rive gauche [qui sert] de bureau de recette et d’habitation au receveur et à sa famille », maisons hors du domaine public fluvial de nos jours. Enfin, en façade de la maison n° 52, de type 2, un vieux panneau en bois indique « PONTS ET CHAUSSEES / STATISTIQUE DE LA NAVIGATION / BUREAU DE DECLARATION ».
Fig. 14
Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 15 de Pommiès ; maison éclusière de type 1.
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Fig. 15
Boudou (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 27 de Petit-Bézy ; maison éclusière de type 2.
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52Hormis la n° 50, les maisons éclusières portent des informations sur des panneaux indiquant les distances et les directions aux écluses les plus proches.
53Les maisons sont généralement équipées d’un puits, du jardin de l’éclusier, d’un édifice servant de poulailler, de porcherie et de lavoirs. Si d’autres lavoirs, publics comme celui de Grisolles, sont recensés, il n’existe pas comme sur le canal du Midi, d’abreuvoirs publics ou privés. Parfois des décrottoirs sont fixés au bas du mur, proche de la porte d’entrée, d’autres fois, c’est un élément de décor soigné (fig. 16) qui orne le garde-corps de l’escalier (maison n° 9 bis) et toutes ont des arrêts de volets, « tête de bergère » le plus souvent, ou autre (n° 8 bis). Enfin, quelques maisons présentent les plaques de la compagnie d’assurance « l’Union ».
Fig. 16
Montauban (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 9 bis de Bordebasse ; décor porté sur le garde-corps de la maison éclusière.
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54Au cours du XXe siècle, des améliorations sont effectuées : seize maisons, comme au site n° 3 bis, bénéficient du plan de « construction de 16 étables à cochons avec poulaillers et étables à lapins », marché de gré à gré passé par l’administration, en 1917 (fig. 17).
Fig. 17
Montauban (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 9 bis de Bordebasse ; vue du poulailler depuis le sud-ouest.
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- 27 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1920, deuxième session, p. 90.
55Puis, en 1920, le préfet du Tarn-et-Garonne informe les membres du conseil général du nouveau « réseau téléphonique privé de navigation qui équipe les maisons27 » pour la partie en Occitanie, « de Toulouse à Valence et de Montech à Montauban », équipement probablement réalisé en même temps en Nouvelle-Aquitaine.
56L’eau potable arrive dans les années trente ainsi que l’électricité. Une latrine extérieure avec fosse septique est ensuite ajoutée aux alentours de 1960 et une extension d’une dizaine de mètres carrés est réalisée à des fins professionnelles quelques années plus tard, généralement à gauche, attenante à la maison. Certains éclusiers obtiennent de pouvoir ajouter une deuxième extension, à des fins personnelles, sur le côté opposé, aux environs des années 1980 ou bien de nouveaux abris, souvent des garages.
57Si les maisons éclusières, dans l’ensemble, n’ont pas trop changé, quelques-unes ont tout de même subi quelques transformations : près de Toulouse celles situées aux sites d’écluses n° 1, 2, 4, 5 et 7 ont été par exemple exhaussées, celle du site d’écluse n° 1 en 2000 et celle n° 2 en 1914.
58Lorsque le terrain n’est pas favorable ou que les fondations s’avèrent fragiles, des tirants sont nécessaires comme aux sites d’écluses n° 28 ou n° 32 et c’est peut-être une des raisons, avec une crue possible, de la destruction de la maison éclusière n° 41 qui était à l’origine située rive gauche.
59D’autres maisons vont être détruites comme celles vers Toulouse, par exemple la maison du site n° 5, à cause de l’arrivée de la ligne TGV. Enfin, Voies navigables de France s’est également lancé dans un programme de location de maisons éclusières, les éclusiers n’habitant plus sur place : la maison éclusière n° 42 est actuellement un restaurant.
Les ponts d’écluses
60Les derniers ouvrages participant aux sites d’écluses sont les ponts d’écluses (fig. 18), ponts établis « sur la tête d’aval de l’écluse à 1,00 m des chardonnets ». Ces ponts d’écluses sont d’usage local : 39 sites d’écluses dont quatre sur le canal de Montech, en possèdent un, et seuls ceux sur le canal latéral présentent dans leur prolongement, un deuxième pont sur la dérivation de l’écluse. Parfois à dos-d’âne comme à l’écluse n° 17, les ponts d’écluses, en briques ou en pierre, présentent une ouverture en arc segmentaire, des trottoirs en pierre sur lesquels sont fixés des garde-corps en fer portant un élément de décor différent selon qu’ils sont en Occitanie (rosace) ou en Nouvelle-Aquitaine (rosace, mufle de lion). Parfois, des escaliers de part et d’autre de chaque rive, en aval, permettent d’accéder du pont au canal, en amont ils relient la route aux plateaux de l’écluse. La brique et la pierre sont, comme pour les autres constructions, adaptées au lieu : le pont au site n° 31, depuis 1973 en béton, avait à l’origine sa voûte et ses parements amont et aval en briques. Au site suivant, le pont est en pierres, comme les ponts en aval.
Fig. 18
Castelnau-d’Estretefonds (Haute-Garonne), site d’écluse n° 9 d’Embalens ; élévation aval du pont d’écluse.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
61Certains ponts ont été élargis comme celui n° 1, d’autres reconstruits, celui n° 27 en 1972, d’autres déplacés, deux en Occitanie et dix en Nouvelle-Aquitaine. Le choix d’allonger les écluses dans leur partie aval a entraîné le déplacement des ponts ce qui a augmenté le coût de l’opération, rendue probablement nécessaire par leur état de vétusté. Sur l’ensemble des ponts d’écluses, les interventions, élargissements et déplacements, ont été réalisés avec du béton.
Maisons, hangars et usines
Les maisons de garde, des pontonniers et des techniciens
- 28 https://asplespinasse.jimdofree.com/
- 29 Arch. CDM, liasse CF 36.
62Des gardes du canal, hommes armés d’un sabre, étaient chargés de faire respecter les règlements du canal « en faisant au moins deux tournées par semaine d’un bout à l’autre de l’ouvrage28 ». Aussi, des maisons de gardes (fig. 19), ou de garde-chef ont-elles été recensées. Outre la surveillance du canal, ces agents sont chargés, principalement, de la police de la pêche et, par exemple en 1902, ils dressent 27 procès-verbaux. Une maison de garde-chef avec un puits et un jardin, ensemble détruit en 1989, était située rive droite, après le site d’écluse n° 5, au-delà du chemin de fer. Elle était probablement de type 1 (étage de soubassement, rez-de-chaussée et étage de combles) car la maison du garde située à Lacour-Saint-Pierre, avant le site d’écluse n° 2 bis, est décrite « comme la maison du garde-chef de Bordeneuve29 ». Une autre maison de garde est située rive droite sur la commune de Dieupentale.
Fig. 19
Saint-Porquier (Tarn-et-Garonne), maison de garde située rive droite du canal latéral, au PK 50,479 (point kilométrique), ; vue depuis le sud.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
63Un ensemble près du pont-canal de Cacor, à Moissac, dont le plan est en forme de U, comprenait le logement du chef de section, une cour, un jardin et un magasin qui servait au rangement de matériel nécessaire à l’entretien du canal et une allée qui communique avec la maison de l’écluse n° 23 proche. Cet ensemble a été détruit dans les années 1940, probablement une conséquence de la crue centennale de 1930. Il ne reste de nos jours que les deux piliers en brique à l’entrée de l’allée.
- 30 Arch. CDM, état descriptif de 1867, s.p.
64Notons également les maisons des pontonniers (fig. 20) qui étaient attenantes aux quatre ponts-tournants, trois à Moissac, le quatrième à Malause. Les maisons sont de dimensions modestes (4,50 m de façade, 3 m de côté), composées d’un étage de soubassement, d’un rez-de-chaussée et d’un étage de combles et seule subsiste celle du pont-tournant Saint-Jacques à Moissac « maison sur la rive droite servant de logement au pontonnier et à sa famille30 ».
Fig. 20
Moissac (Tarn-et-Garonne), maison du pontonnier attenante au pont-tournant Saint-Jacques ; élévation sud-ouest.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
65Ces édifices ont été construits dès l’origine du canal latéral, dans les années 1840 et, en Occitanie du moins, deux sites ont été développés ou créés à partir des années 1960. Le premier, le site n° 25 à Moissac, était composé dès l’origine, de la seule « écluse 25 de Moissac et, rive droite, le bureau et maison éclusière », avec un hangar. Une pièce au rez-de-chaussée sert alors de bureau au receveur du canal. Puis deux hangars sont construits en 1960 suivis à l’est de l’atelier-hangar, d’une extension dans les années 1980, période également de la construction de la maison qui abrite depuis, les bureaux de la subdivision. D’autres hangars ont été ensuite ajoutés à cet endroit.
66Le deuxième site est celui de la pente d’eau, créé dans les années 1970 avec le bâtiment servant de bureaux, un hangar proche en aval et un autre réutilisé en amont.
Les dépendances : hangars et écuries
67En Occitanie, parmi les hangars construits à l’origine, celui de Saint-Jean, sur la commune de Grisolles, aux modestes dimensions (9 m par 2,60 m), d’un seul niveau, est alors utilisé comme servant à remiser les poutrelles du pont suspendu de Saint-Jean proche. Datant de la même époque, également construit en galets, pierres et briques, celui situé en aval du pont de Montbartier est identique au précédent et a la même destination.
68D’autres hangars ont été édifiés au début du XXe siècle comme au site d’écluse n° 12 (réutilisé pour la pente d’eau) ou au site n° 20. Dans les années 1950 est ajouté à l’écluse n° 21 celui, aux dimensions fort modestes (2 m par 4 m) puis, dans les années 1990 un autre à l’écluse suivante.
- 31 VANNIER Samuel, Les écuries du Service de la traction hippomobile (Office national de la navigation (...)
69Enfin, unicum, une écurie a été recensée à l’écluse n° 31 de Lamagistère (fig. 21). Le 3 octobre 1940, la France entrant dans le deuxième conflit mondial, l’office national de la navigation est chargé de recourir au halage par animaux de trait afin d’économiser le carburant. Cinq cents chevaux sont mis à disposition des bateliers et des écuries sont construites31. Pour le canal latéral, les points de relais sont situés à l’écluse n° 5 de Bordeneuve, au port de Grisolles, au port de Montech, à l’écluse n° 18 de Prades, au port de Moissac, à l’écluse n° 31 de Lamagistère, aux ports d’Agen, de Buzet, du Mas-d’Agenais, de Meilhan et à l’écluse n° 51 de Mazerac. Le bâtiment de Lamagistère mis en place dès février 1941 est construit en bois, composé des écuries et du logement du chef d’écurie qui avait la responsabilité du relais. Comme les autres, ce bâtiment est équipé dès l’origine de l’électricité et d’un équipement téléphonique. À la fin du conflit il est loué jusqu’aux années 1960 à des tiers. Menaçant ruine, il est partiellement démoli en 2015, deux travées étant rénovées et utilisées depuis comme halte couverte pour les utilisateurs du canal.
Fig. 21
Lamagistère (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 31 de Lamagistère ; vue depuis le logement du chef d’écurie, de l’intérieur de la partie « écuries » avec, à gauche, la mangeoire en béton.
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Les usines
- 32 Arch. CDM, CF 522, liste des usines concédées sur le canal latéral à la Garonne, 23 mars 1933.
70Comme l’avait prévu Jean-Baptiste de Baudre dans son mémoire de 1831, l’eau du canal latéral peut profiter à d’éventuelles usines, des moulins, le canal ne subissant dans ce cas aucune perte car l’eau prélevée est ensuite restituée. Bénéficiant des chutes d’eau sur les dérivations d’écluses, plusieurs usines produisant de l’électricité sont construites et en 1933, un document32 en établit la liste, leur puissance, la date de l’autorisation et surtout la redevance payée à l’administration. Vingt-quatre usines sont alors en activité, deux au site n° 1 (depuis 1862 et 1917) et une aux n° 2 (1926), n° 3 (1919), n° 4 (1915), n° 9 (1928), n° 10 (1924), n° 11 (1861), n° 12 (1918), n° 13 (1918), n° 18 (1929), n° 19 (1876), n° 29 (1907) pour l’Occitanie, n° 32 (1929), n° 34 (deux dont une de 1905 et la deuxième de 1925), n° 38, n° 41, n° 42 et n° 44 (chacune de 1924), n° 46 (1927), n° 48 (1856), n° 49 (1903), n° 50 (1902) et n° 51 (1928).
71En Occitanie, le site n° 1 comportait depuis 1862, rive droite, la briqueterie Galinié, rive gauche une usine métallurgique, actuellement un local associatif. Les usines n° 2, n° 3, n° 4 et n° 9, produisent toujours de l’électricité. Celle au site n° 10 a été arrêtée dans les années 1940 et la prise d’eau sert depuis 1950, à Louis Chauderon qui a créé une pisciculture. La production d’électricité du site n° 10 a bénéficié un temps à Aristide Bergès qui a acheté en 1912 l’entreprise de Montech, à l’origine, en 1857, « moulin à farine et papeterie ». Développant et aménageant le site de Montech, les besoins en électricité ont alors porté sur ce site mais aussi sur ceux n° 11, 12 et 13, sites abandonnés de nos jours (fig. 22).
Fig. 22
Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 12 des Peyrets ; vue depuis le sud-est de l’usine électrique rive gauche de la dérivation.
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72Au n° 18, l’« usine de Prades » est portée sur l’état descriptif des années 1860. Produisant de l’électricité pour le moulin à céréales situé sur le domaine public fluvial, il n’en reste plus que quelques murs arasés de nos jours.
73Au n° 19, la prise d’eau qui amenait les eaux du canal à l’usine rive droite est obturée depuis de nombreuses années et le site n° 29, sur lequel est située l’usine de Valence, usine de production d’électricité de la ville, n’est plus en activité.
Les ouvrages d’évitement : aqueducs, ponts et passerelles
74Le canal latéral étant un linéaire, il partage le territoire en deux parties qui doivent être reliées entre elles par des ouvrages d’art, les aqueducs - ou les ponts-canaux - qui permettent aux eaux d’éviter le canal en passant dessous, et des ponts qui laissent communiquer les hommes entre eux, en passant au-dessus du canal.
Les aqueducs
75Quarante-sept aqueducs ont été recensés en Occitanie sur environ 240 sur l’ensemble du canal. Le nombre important en Nouvelle-Aquitaine correspond à l’hydrographie et à la géographie particulières à cette région. Les aqueducs conduisent les eaux sous le canal : provenant de contre-fossés ou de ruisseaux, elles sont recueillies dans un puisard, ou une cale, de plan semi-circulaire, dont la fonction est de les débarrasser des sables et graviers. Elles passent dans l’aqueduc, un tunnel présentant une ouverture en arc en plein cintre avec un radier en béton. Les eaux en sortent et se jettent dans la rigole de fuite ou bien rejoignent le lit du ruisseau. L’ouverture de chaque aqueduc (fig. 23) est calculée par Jean-Baptiste de Baudre dans son mémoire de 1831, « à partir de la crue du Tarn du 6 janvier 1826, la plus élevée depuis 1772 ». Aussi, l’aqueduc de Milhole en aval du site d’écluse n° 2 présente-t-il une arche de 1,20 m d’ouverture lorsque celle de l’aqueduc de Fenouillet (31) en fait 4 m. À Moissac, ce n’est pas l’ouverture qui augmente mais le nombre d’arches car l’aqueduc possède deux arches de 5 m chacune, à Pompignan (31) l’aqueduc de Cérat a trois arches et celui de la Cave à Puch-d’Agenais (47) en a cinq.
Fig. 23
Dieupentale (Tarn-et-Garonne), aqueduc de Dieupentale ; vue de l’aqueduc à trois arches et de son puisard à l’amont.
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76Comme pour tout ouvrage d’art sur le canal, comme l’écrit Jean-Baptiste de Baudre, on est réduit « depuis Toulouse jusqu’au confluent du Tarn à employer la brique dans les massifs de maçonnerie. Au-dessous de ce confluent il y a économie à employer le moellon. »
77Si les aqueducs répondent généralement à cette description, certains sont équipés de tuyaux en fonte. Se méfiant de l’importante quantité d’eau, lors de fortes pluies, qui proviendrait des coteaux et qui endommagerait le talus droit du canal entre par exemple Boudou et Valence, les ingénieurs décident de placer des tuyaux en fonte dans les aqueducs, tuyaux capables de résister à la pression de l’eau et d’éviter ainsi le « soulèvement des voûtes ». Par exemple, l’aqueduc du Braguel, à Pommevic, présente une arche de 3 m d’ouverture et est équipé de deux tuyaux en fonte de 1 m de diamètre.
78D’autres aqueducs sont dits « à siphon » (fig. 24). L’eau est reçue en amont dans un réservoir de chasse situé à une altitude supérieure à celle du canal. Elle est envoyée dans une ou plusieurs conduites en fonte, cinq dans l’exemple de l’aqueduc-siphon de la Cave à Puch-d’Agenais, et est restituée dans un réservoir de fuite situé à une altitude inférieure au réservoir de chasse. Dans le siphon, l’eau est sous pression dans la conduite étanche et l’aqueduc est donc adapté à la topographie du site.
Fig. 24
Puch-d’Agenais (Tarn-et-Garonne), aqueduc siphon de la Cave, juillet 1849 ; coupe transversale. Archives du canal du Midi, CF36.
© Voies navigables de France
79Enfin, plus rares, quelques aqueducs sont nommés « aqueducs à clapets » comme le « petit aqueduc de Bagnauque » ou, proche, le « grand aqueduc de Bagnauque » à Sainte-Colombe-en-Bruilhois (47). La tête aval est équipée d’un clapet, dispositif ne laissant passer l’eau que dans un sens.
Les ponts-canaux
80Les aqueducs conduisent les eaux des ruisseaux sous le canal. Mais lorsque ce sont des rivières ou des fleuves bien plus larges, des ponts-canaux sont nécessaires comme les sept édifiés sur le canal dans les années 1840. Le pont-canal à Castelnau-d’Estretefonds, enjambe l’Hers par trois arches : étant un ouvrage d’étranglement, le débit de l’eau est très important pour les bateliers qui l’empruntent et éprouvent quelques difficultés en remontant le canal. Aussi, l’administration pose-t-elle, en 1874, le long du pont-canal, une conduite en siphon qui diminue l’importance du courant et fait toujours passer les eaux excédentaires destinées à l’irrigation. Le pont-canal de Cacor qui franchit le Tarn à Moissac, possède 13 arches. Entre avril 1930 et mai 1932, les trains circulent sur la banquette rive droite du pont car en mars 1930, une crue centennale a emporté le pont de la voie ferrée en amont. En aval, à Lamagistère, la rivière la Barguelonne passe par les quatre arches du pont-canal du même nom, alors que celui de la Séoune, à Lafox, est plus modeste puisqu’il ne comporte qu’une arche de 8 m de large. À Agen, le pont-canal de 23 arches est un monument long de 539 m et large de 12,48 m. Dû à Jean-Baptiste de Baudre, s’il permet au canal de franchir la Garonne, il a la particularité, rive droite du fleuve, de passer auparavant sur la voie ferrée Toulouse-Bordeaux. Le pont-canal sur la Baïse, à Feugarolles, est à trois arches et, comme la Baïse est navigable, un chemin de halage de 2,80 m de large, passe rive droite de la rivière, « sous l’arche de terre » du pont. La rivière l’Avance, coule sous les deux arches du pont-canal de l’Avance, à Montpouillan : chaque ouverture mesure 7 m de large. Les largeurs de voûtes des ponts-canaux comme celles des aqueducs sont donc adaptées au débit de l’eau calculé en fonction des crues importantes.
Les ponts : ponts maçonnés et suspendus, bow-string, ponts en béton
81De nombreux ponts franchissent le canal dès l’origine comme les ponts en maçonnerie (fig. 25) et les ponts suspendus (fig. 26). D’autres, pour les voies ferrées, ont été ensuite construits au cours du XIXe siècle. Puis, dans les années trente, les ponts bow-string remplacent les ponts suspendus et quelques ponts en béton à poutrelles apparaissent, suivis de ponts routiers, en béton et à poutrelles, dans les années 1960, 1970 et de ponts autoroutiers lors de la construction de l’autoroute A 62 au début des années 1980.
82Les ponts construits dès l’origine du canal latéral, peuvent être classés en deux catégories : les ponts maçonnés, semblables aux ponts d’écluses, en briques ou pierre, et les ponts suspendus. La seule différence entre les ponts maçonnés et les ponts d’écluses réside dans les chemins de halage et de service qui passent sous les premiers et, de part et d’autre des rampes d’accès des seconds.
Fig. 25
Lamagistère (Tarn-et-Garonne), pont de Lasparrières ; vue depuis l’amont du pont maçonné.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
Fig. 26
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), « Le pont suspendu de l’usine » ; Toulouse, maison Labouche frères, photographie entre 1900 et 1920.
© Archives départementales de la Haute-Garonne 26 Fi 82 NEG 2000
83Comme toutes les constructions étudiées, la présence de briques est plus importante dans les ponts vers Toulouse et de pierre dans ceux vers Castets-en-Dorthe. La distance minimale de navigation sous les ponts est de 6,50 mètres, entre les culées ou entre les chemins de halage et de service. Le pont Saint-André, à Saint-Porquier, est un pont en maçonnerie avec une ouverture en arc segmentaire, de 12 m de large, deux banquettes de halage de 2,50 m chacune. Les parements des culées, des bajoyers, la voûte, les têtes et tympans sont en briques, le reste en pierre. Les trottoirs en pierre sont munis de garde-corps en fonte et des escaliers sont accolés aux parements amont et aval. Si la largeur du canal est de 7 m, celle de la voie navigable est de 6 m. Parfois, comme au pont de Grisolles, au PK 25,902 il n’y a qu’une banquette de halage, la largeur du canal étant alors de 6,50 m, celle de la voie navigable étant toujours constante.
- 33 Un pont bow-string, en béton armé, est composé de deux poutres longitudinales reliées chacune par d (...)
84Le mode de construction de ces ponts a permis de les conserver de nos jours. Ce n’est pas le cas des ponts suspendus édifiés dans les années 1840 : ces ponts, d’une seule travée de 24,50 m construits avec un tablier en bois, des culées surmontées de pylônes en pierre pour supporter les câbles de suspension, étroits et peu solides, demandent alors beaucoup d’entretien et ne répondent plus aux besoins de la circulation en ce début de XXe siècle. Dès les années 1908, le préfet de Gironde en a réglementé ou interdit l’accès à la circulation. En 1928, le remplacement de 83 ponts suspendus est acté et l’effondrement lors des essais de charges, en 1931, du nouveau pont suspendu, à Saint-Denis-de-Piles, va accélérer le programme. C’est ainsi que, bénéficiant de 10 millions de francs au titre de l’« outillage national », plan de relance de l’économie pour pallier le chômage, les ponts suspendus sont remplacés au début des années trente par les ponts bow-string33 en béton (fig. 27) : l’administration du canal divise le programme en sept lots et les entrepreneurs sont tous identifiés. Les culées des anciens ponts sont gardées et adaptées aux nouveaux ponts « à simple ou double voie charretière », ouvrages limités à 16 tonnes. Aussi rencontreront-ils les mêmes problèmes que les ponts d’origine car les années passant, ils ne seront plus adaptés à la circulation. Certains seront remplacés par de nouveaux bow-string (Lacourt-Saint-Pierre en 2012 ou Malause en 2014), d’autres seront doublés comme le pont d’Auvillar construit en 1971 à quelques dizaines de mètres en aval du pont de Valence, à Valence, et d’autres enfin sont détruits : celui situé à la gare d’eau de Valence a encore sa culée rive gauche dans laquelle, dans une cavité, les vestiges d’amarrage des câbles du pont sont en place.
Fig. 27
Lamagistère (Tarn-et-Garonne), pont bow-string de la Barguelonne ; vue depuis l’amont du pont bow-string.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
85Quant aux ponts-tournants, leur spécificité répond à des constructions plus simples et légères qu’un pont traditionnel : ces avantages n’en sont pas sur le long terme, car trois ponts-tournants sur les quatre seront remplacés par des ponts en maçonnerie.
86Des quatre ponts-tournants – trois à Moissac, un à Malause – ne subsiste de nos jours que le pont-tournant Saint-Jacques à Moissac (fig. 28). Mis en service en 1848, il accompagne la maison du pontonnier attenante. Avec une travée de 14,15 m d’ouverture, il est implanté sur une plateforme qui supporte son mécanisme. Une arche de 3 m d’ouverture, dérivation aménagée sous la plateforme, permet de diminuer le courant d’eau qui passe dans la voie navigable de 6,20 m de large. Les deux ponts-tournants de Moissac et celui de Malause ont été remplacés respectivement, en 1934, 1970 et à la fin des années 1950 par des ponts en maçonnerie.
Fig. 28
Moissac (Tarn-et-Garonne), pont-tournant Saint-Jacques ; vue depuis l’aval du pont-tournant Saint-Jacques.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
87Les ponts construits dans la deuxième moitié du XIXe siècle, appartiennent tous au chemin de fer. La voie ferrée Toulouse-Bordeaux étant mise en service en 1857, des ponts en fer enjambent le canal à Dieupentale et à Valence. En revanche, elle passe sous le canal latéral à l’entrée du pont-canal d’Agen. Lorsque la ligne entre Port-Sainte-Marie et Condom est inaugurée en 1880, un pont est réalisé à Feugarolles ce qui est également le cas à Montpouillan lors de la création de la voie ferrée en 1891 ou encore à Castelsarrasin en 1904 lorsque la ligne Castelsarrasin-Beaumont-de-Lomagne est mise en service. Tous ces ponts sont construits en fer, à poutres droites à treillis.
88C’est aussi le cas, lors de la création de l’autoroute A61, qui passe sur le canal latéral depuis 1980 à Lacour-Saint-Pierre et à Castelsarrasin. De type pont-poutre, ces deux ponts sont en béton précontraint.
89Les autres ponts reflètent l’évolution du trafic routier. L’augmentation de la circulation et des véhicules plus lourds, imposent un nouveau pont, pont en béton à Valence : lorsque celui suspendu est détruit, le nouveau construit à côté, à la fin des années trente, en béton, plus robuste, répond aux besoins de l’abattoir proche qu’il dessert. Dans la même ville, un autre pont en béton est édifié en 1971 en aval de l’ancien pont en maçonnerie de pierre et brique. C’est également le cas depuis 1974 à Pommevic : le pont bow-string étant limité à 18 tonnes, un deuxième pont en béton est construit quelques dizaines de mètres en aval et le bow-string n’est pas détruit. À Grisolles le pont bien nommé « de la route de la Plage » est mis en service en 1965.
90Parfois, une entreprise qui se développe, investit dans les infrastructures comme avec le pont Butagaz depuis 1993 à Castelsarrasin, ou comme le pont Drimm en 2005 à Montech.
91Le département du Tarn-et-Garonne, par sécurité, décide de remplacer des ponts bow-string par d’autres ponts bow-string plus robustes comme à Montbartier, le pont de Thouret en 2010. Quatre ont ainsi été refaits dans ce département.
92Deux ponts en Occitanie ont une histoire particulière, celui de Roux à Valence et le pont de Coudol à Boudou. Le premier datant de 1848, a été saboté par le maquis de Sistels34 le 30 juin 1944. La circulation « a été interrompue durant plus de 5 mois, sauf pour les véhicules légers » et il a été remis en service en mars 1945. Pour cette raison, une partie de l’intrados de la voûte est en briques, l’autre partie, qui témoigne des travaux réalisés en 1945, en béton.
- 35 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne. Les travaux de reconstruction du pont suspen (...)
93Le pont de Coudol qui passe sur la voie ferrée, le canal latéral et la Garonne à Boudou, sitôt ouvert à la circulation « se renverse dans la Garonne » le 24 novembre 1852. Reconstruit, il s’écroule à nouveau lors des essais de charge en décembre 1858. Mis en service, il doit subir un solide enrochement, les inondations de 1878 ayant occasionné de graves dégâts. Ne répondant pas aux normes de sécurité, il est limité à 5 000 kg, le conseil général vote sa reconstruction en mai 1927. Inauguré en février 192935, il a résisté à la crue centennale de 1930.
94Parmi les ouvrages d’évitement, les passerelles sont peu nombreuses sur le canal, du moins en Occitanie et celles construites au XIXe siècle sont en fer comme à Moissac à la fin des années 1850, ou à Castelsarrasin en 1888, édifiée par la société Eiffel36 (fig. 29). Au XXe siècle, elles sont construites en bois et à Montech depuis 2004, elle dessert les équipements scolaires à proximité. À Moissac, en fer et en bois, sur la tête aval de l’écluse n° 25, elle participe depuis 2014 à l’aménagement du port.
Fig. 29
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), passerelle de la société Eiffel ; vue depuis l’aval, rive droite de la passerelle située en amont du port Jean-Yves Cousteau.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
Ouvrages de navigation
Gares d’eau et aires de retournement
- 37 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1906, deuxième session, p. 218.
95Entre Toulouse et Bordeaux, environ une quinzaine de ports principaux sont dénombrés sur le canal au XIXe siècle. Ils accueillent le service des bateaux de postes destiné au transport de voyageurs mais aussi les compagnies transportant des marchandises : par exemple, en 1906, les principales marchandises à la descente sont les suivantes : les graviers de la Garonne pris à Toulouse et à Agen et ceux du Tarn pris à Moissac, les céréales et farines en provenance d’Agen, de Valence-d’Agen et du Toulousain, le papier de Montech, les bois des Landes, le sel de la Méditerranée, les vins de la Baïse et surtout ceux du Bas-Languedoc. À la remonte, les houilles anglaises proviennent de Bordeaux ainsi que les engrais chimiques, les matériaux de construction (moellons) de Vianne, les bois de Suède et de Norvège. On remonte également le pétrole et les fûts vides37.
- 38 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1882, deuxième session, p. 116.
- 39 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1868, p. 71.
96Le halage au moyen de chevaux, ânes ou de mulets, constitue alors le principal moyen de traction mais le remorquage à vapeur et la propulsion mécanique pour les bateaux à vapeur porteurs (en 1882 on compte sept bateaux à vapeur dont quatre à aubes qui servent comme transports ou comme remorqueurs38) sont utilisés. Les bateaux appartiennent à plusieurs compagnies comme la Compagnie l’Union riveraine qui possède une flotte de 36 embarcations. La navigation est autorisée de jour comme de nuit et l’administration distingue la circulation des bateaux à vapeur, des « bateaux accélérés marchant au trot avec relais, des bateaux réguliers marchant au pas avec relais39 ».
97Mais, parce que la gestion du canal latéral est confiée en 1852 à la « Compagnie des chemins de fer du Midi et du canal latéral à la Garonne », ses dirigeants développent une politique tarifaire favorable au rail. Le trafic s’effondre jusqu’en 1898, année du rachat du canal par l’État. Au cours de la Grande Guerre, les bateliers sont mobilisés, les bateaux désarmés et le trafic reprend à la fin du conflit avec le développement des bateaux en fer équipés de moteurs. Entre les deux guerres, les bateaux en fer riveté sont remplacés par des bateaux en fer, soudé. Le trafic ralentit à nouveau au cours de la seconde guerre mondiale où l’administration recourt au halage par animaux de trait pour pallier le manque de carburant. En 1945, la traction animale est remplacée par celle de tracteurs circulant sur les chemins de halage puis l’approvisionnement en carburant permet alors leur suppression et l’utilisation d’automoteurs.
- 40 https://www.vnf.fr/vnf/dossiers-actualitess/une-histoire-simplifiee-du-canal-lateral-a-la-garonne/
98En 1963, d’après le recensement de Voies navigables de France, « ce sont plus de 250 bateaux qui ont acheminé 455 000 tonnes de marchandises par le canal40 ». Les ports seuls (fig. 30) n’accueillent pas tous les bateaux car les entreprises créent des accès au canal, construisant des pontons : de la minoterie située en aval rive gauche du pont de la voie ferrée, à Castelsarrasin, sortent encore de nos jours les tuyaux qui conduisaient les céréales pour remplir les cales des bateaux. Et, parce que ces automoteurs ne naviguent pas tous sur la totalité du canal, des aires de retournement ont été créées dès l’origine ou comme celle réalisée depuis 1969 à la société coopérative agricole SCA Qualisol, à Malause.
99Malgré la modernisation du réseau, à cause de la crise de 1973 et la concurrence nouvelle de l’autoroute en 1980, le trafic s’effondre. Remplacé dans les années 1990 par la navigation de plaisance un nouvel élan est donné au canal : Voies navigables de France modernise son réseau et les collectivités développent et aménagent leurs ports.
Fig. 30
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), port Jean-Yves Cousteau ; vue depuis l’aval du port et de son monument commémoratif.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
100Environ 22 gares d’eau ou ports dont huit en Occitanie ont été recensées en 2012. À l’exemple des ports de Montech à la fin des années 1990, Montauban dans les années 2000, les collectivités mettent en place de nouveaux services, des bornes électriques, des points d’eau, une capitainerie avec des sanitaires pour les plaisanciers. Des aires de stationnement à proximité sont également créées ainsi que des allées d’accès, des pontons flottants qui répondent au développement de la plaisance et aux attentes des plaisanciers. Mais l’activité importante de la navigation sur la Garonne n’a pas permis à certains ports sur le canal de se développer comme à Lamagistère qui possède un port sur le fleuve.
Les objets professionnels, de navigation, mémoriels
101De nombreux objets ont été recensés dans et aux abords des ouvrages d’art. Certains concernent la vie des agents du canal, et en premier neuf barques en fer riveté, à fond plat (5,70 m de long, 1,50 m de large et 0,40 m de haut), dont huit en Occitanie étaient utilisées, probablement depuis le début du XXe siècle. Comme celle située au site d’écluse n° 20, elles servent actuellement de bac à fleurs (fig. 31).
Fig. 31
Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 20 de Saint-Jean des Vignes ; barque en fer de l’éclusier, située rive gauche.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
- 41 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet de la Haute-Garonne, 1911, deuxième session, p. 256.
- 42 Arch. CDM, liasse CF 510.
102Les éclusiers, afin de gérer le niveau de l’eau du canal, se réfèrent à la lecture des échelles d’eau, généralement en fer émaillé, fixées le plus souvent sur les têtes amont et/ou aval des écluses ; ils agissent en conséquence sur les portes à vantelles des dérivations. Pour connaître les variations de l’eau dans le bief, quatre appareils enregistreurs de niveau d’eau41 (fig. 32) ont été installés en 1911, pour 2 019 francs : ils « rendaient compte des variations du plan d’eau dans certains biefs notamment dans ceux où des usines prennent leur force motrice42 ». Cette invention de Jules Richard, nom porté sur la plaque d’un appareil, a donc été recensée aux sites d’écluses n° 2, 5, 9 et 10, tous avec une usine à proximité. Dans ces quatre sites, à une dizaine de mètres en amont de l’écluse, rive droite, un petit édifice en briques, couvert d’un toit en appentis et de tuiles mécaniques, présente une porte sur l’élévation principale orientée vers le canal, et, sur chaque côté, une petite ouverture haute de format rectangulaire horizontal, fermée par une grille en fonte de fer. Chacun de ces édifices abritait l’instrument de contrôle où un stylet imprimait le papier qui entourait le cylindre en rotation de l’appareil. Ce stylet répond aux mouvements ascendants et descendants du flotteur relié à lui par un fil de fer. Ce flotteur, situé au-dessous de l’appareil, est plongé dans un petit puits relié au canal par une conduite. Celui au site n° 10, détérioré, est le plus complet.
Fig. 32
Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 10 de Lavache ; appareil enregistreur de niveau d’eau situé rive droite du canal latéral.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
103D’autres objets comme les bollards (fig. 33), sont nécessaires aux navigants car bateliers et plaisanciers peuvent ainsi attacher leurs bateaux aux bornes d’amarrage en pierre fixées sur les bords du canal, ou en fer sur les plateaux des écluses et sur quelques pontons, en béton cerclé de fer sur d’autres pontons. Des anneaux d’amarrage sont également présents dans les murs latéraux du canal qui traverse Moissac et au pont-canal de Cacor. Il est probable que les deux ancres l’une à l’écluse n° 19, l’autre au n° 22, ont servi sur des bateaux du canal.
Fig. 33
Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 3 bis de Fisset ; bollard en tête d’écluse.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
- 43 ZANNEZE Françoise, Le canal latéral à la Garonne et ses objets, in Regards sur le patrimoine mariti (...)
104Les limnimètres (fig. 34) – celui en fer émaillé, proche du pont de Coudol, échelle de crue qui permet d’évaluer l’importance de celle de la Garonne proche, à Boudou – font partie des objets informatifs comme les bornes de distances. Dessinées en 1845 par l’ingénieur Armand Martin43, elles indiquent le nombre de kilomètres depuis le pont situé au port de l’Embouchure à Toulouse. De forme cylindrique et d’environ 80 cm de hauteur, la borne des kilomètres porte deux médaillons ronds, celui vers l’amont est gravé du nombre « 50 » à la maison du garde, à Saint-Porquier, celui vers l’aval n’a aucune inscription, avec, à proximité, des bornes hectométriques de plan carré portant les chiffres « 2 », « 4 » et « 8 » gravés. Ces trois bornes ont été déplacées ainsi que la borne cylindrique « 5 » pour les cinq cents mètres, qui est à côté.
Fig. 34
Moissac (Tarn-et-Garonne), limnimètre avec repère de la « crue / 3 mars 1930 », près du pont-tournant Saint-Jacques.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
105Autres objets de même catégorie, les plaques d’assurance « L’Union » souvent recensées, sont datées de la fin du XIXe siècle (fig. 35). Fixées sur les façades principales des maisons, par exemple à la maison n° 20, elles étaient fournies la première année où la maison était assurée. Outre la publicité faite pour la compagnie, l’assuré montrait que sa maison était protégée et les pompiers, en cas de sinistre, savaient qu’ils pouvaient être récompensés s’ils en limitaient les dégâts.
Fig. 35
Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 7 bis de Rabastens ; plaque de la compagnie d’assurances « L’UNION », fixée sur la façade de la maison éclusière.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
106Les repères de nivellement général de la France, objets informatifs, sont également souvent fixés sur les maisons éclusières ou les ponts et écluses. Ils indiquent l’altitude « au-dessus du niveau moyen de la mer », par exemple au site n° 2 de Lacourtensourt, repères Bourdalouë44 établis de 1857 à 1864. Ces repères avaient comme référence le niveau moyen de la Méditerranée. Aussi, est-il singulier de trouver, par exemple au pont suspendu détruit de Valence, contre les vestiges de la culée un repère sans inscription d’altitude avec « au niveau de la mer à Royan ». Celui-ci est placé au-dessus du repère Bourdalouë qui indique l’altitude du lieu.
107Enfin, l’administration du canal diffuse les informations concernant la navigation sur le canal, les périodes de chômage, les éventuelles fermetures sur des tableaux en bois et les collectivités informent de leurs interventions en faveur de l’aménagement des abords du canal et parfois affichent sur des panneaux en bois, des informations historiques et touristiques comme au site n° 52.
108D’autres objets assurent la protection des biens, des personnes et des animaux. En effet, des garde-corps en fer sont protégés parfois des mouvements des cordes de halage, bien agressives, par des rouleaux en bois qui sont en rotation autour d’un axe vertical (fig. 36). Ces rouleaux en bois (site n° 3, à Fenouillet) ou en fer (pont de Lescarbonnères, à Lafox-Boé), qui auraient été mis en place en 1941 lors de la reprise du halage par les chevaux, protègent aussi les angles de culées de quelques ponts.
Fig. 36
Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 10 de Lavache ; rouleau en bois protégeant le garde-corps du pont.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
- 45 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1901, deuxième session, p. 361.
- 46 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1902, p. 224.
109Ces garde-corps sont également des éléments de sécurité pour les personnes et la municipalité de Moissac obtient de l’administration du canal, en 1901, d’en équiper les ponts-tournants des Marronniers et de Saint-Martin où « de nombreux accidents s’étaient produits45 ». La même démarche est entreprise par la mairie de Pommevic qui demande en 1902 de faire placer des garde-corps sur les « passerelles des écluses qui en sont dépourvues46 », préservant les agents du canal d’une probable chute.
110Les bouées, matériel obligatoire de sauvetage, en plastique, sont fixées dans des coffrets, au bord des écluses. Elles remplacent d’anciennes bouées en liège recouvert de tissu, qui portent pour celle recensée, les inscriptions « CL » (canal latéral) et « 6 B », numéro du site 6 bis.
111Les animaux sont également protégés depuis que Voies navigables de France à mis en place des éléments en fer, de la forme d’un trapèze isocèle, escaliers à double volée (fig. 37) qui permettent aux bêtes d’échapper à la noyade lorsqu’ils sont fixés contre les palplanches en fer, glissantes, qui confortent les berges.
Fig. 37
Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 1 bis de Noalhac ; escalier à double volée permettant aux animaux d’échapper à la noyade, structure située en amont du site d’écluse.
P. Roques © Inventaire général Région Occitanie
112Enfin, les objets mémoriels recensés au bord du canal rappellent les catastrophes vécues. Si à Montauban les deux repères de crues des 14 et 20 octobre 1872 sont gravés contre la culée aval, rive droite du pont de la voie ferrée, celle signalée plus haut, sur un dé du pont routier, témoigne de l’importance de la crue centennale du « 3 mars 1930 » qui a fait bien des dégâts dans cette ville et celles en aval. Les repères de cette crue sont nombreux : à Moissac l’information est au pont-tournant et à proximité, sur une plaque émaillée contre une maison proche du canal, au-dessus d’une échelle d’eau. Elle est également relevée aux maisons d’écluses n° 30 et 31, gravée contre le mur latéral en amont. Une échelle de crues, placée depuis 1900 contre la façade de la maison éclusière n° 53, est exceptionnelle par sa hauteur, probablement six mètres : elle recense les crues de 1856 à 1994, celle du « 6 mars 1930 » occupant la plus haute place. Le terre-plein de cette écluse constitue officiellement l’échelle de référence ou « marque de crue » de cet endroit.
Conclusion
113L’inventaire mené dans les années 2010 sur le canal latéral à la Garonne, confronté à l’état descriptif établi dans les années 1860, témoigne des techniques appliquées à un canal de navigation et d’irrigation inauguré en 1856, au cours de la révolution industrielle ; l’association d’une dérivation à chaque écluse en est exemplaire.
114L’étude rend compte également de l’évolution de ce linéaire au cours des XIXe et XXe siècles ; dès l’origine, le système de prises d’eau qui est installé à Toulouse et à Agen, est, dans les années 1970, amélioré dans la capitale régionale de l’Occitanie et abandonné au chef-lieu départemental du Lot-et-Garonne avec son barrage à aiguilles ; les portes d’écluses, en bois puis en fer, sont ensuite électrifiées puis automatisées ; les habitations des agents du canal reçoivent les aménagements indispensables à la vie quotidienne (électricité, téléphone, sanitaires…). Le XXe siècle est également celui du béton précontraint appliqué aux 81 ponts bow-string qui remplacent dans les années trente les ponts en bois, et aux ponts créés ensuite, ouvrages d’art qui témoignent de l’évolution de la circulation et des véhicules routiers. Le XXe siècle est surtout celui au cours duquel le canal latéral est modernisé, les écluses sont allongées et un système expérimental, innovant, « une première mondiale », est créé en 1974, la pente d’eau de Montech.
115C’est enfin au XXe siècle que le tourisme fluvial remplace, dans les années 1990, la batellerie, entraînant la construction d’équipements nouveaux – des ports équipés, des haltes fluviales – l’aménagement de chemins de halages en « voies vertes », ensemble créant un véritable art de vivre, le « voyage pour le voyage », la découverte du temps présent.
Notes
1 Franchir le canal du Midi, les ponts sur la Grande Retenue, Éd. Lieux Dits, 2014, 136 p.
2 Cruzy entre vignes et canal, 2013, 106 p.
3 Capestang, histoire et inventaire d’un village héraultais, 2011, 200 p.
4 Aux sources du canal du Midi, son système d’alimentation, 2011, 128 p.
5 ADGÉ Michel, La construction du canal royal de la jonction des mers en Languedoc (canal du Midi), thèse d’histoire sous la direction d’Henri Michel, 7 tomes, 2011.
6 Archives du canal du Midi, Voies navigables de France (Arch. CDM), liasse 607, n° 12.
7 Arch. CDM, liasse 610, n° 1.
8 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet de la Haute-Garonne, 1838, p. 114.
9 Cette écluse est détruite à la fin des années 1970, lors de la construction du périphérique toulousain.
10 Arch. CDM, CF35, Jean-Baptiste de Baudre, mémoire de 1831, s.p.
11 Ibid.
12 Ibid.
13 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1915, p. 255.
14 Gallica.bnf.fr, Rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1928, 3e séance, p. 100.
15 Ibid.
16 Cette étude est réalisée dans le cadre de la charte interrégionale « Canal des Deux-Mers » signée le 16 juillet 2009 par l’État, Voies navigables de France et les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées.
17 Les dérivations aux écluses et aux ouvrages d’art sont nécessaires car elles permettent, en évitant les écluses, de transporter l’eau pour l’irrigation.
18 Un barrage à aiguilles est formé d’une succession de chevrons en bois mis en place verticalement, calés au fond du fleuve et contre une passerelle qui le traverse. Le barrage de Beauregard, dans notre cas, forme une retenue d’eau qui passe dans le canal d’amenée, rive droite. Les opérations pour manipuler les aiguilles étaient longues, pénibles et dangereuses.
19 Arrêté inter-préfectoral portant autorisation des prélèvements d’eau en Garonne pour alimenter le canal latéral à la Garonne et des rejets associés au bénéfice de la Direction territoriale Sud-Ouest des Voies navigables de France, 23 février 2018.
20 Ouvrages de décharge permettant de débarrasser les biefs de l’excès d’eau amenée lors de fortes pluies.
21 DUPUY Patrice, La construction du canal latéral à la Garonne, mémoire de maîtrise, sous la direction de Bertrand de Lafargue, université de Toulouse-Le Mirail, 1997, 105 p.
22 Ibid, p. 41.
23 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, janvier 1878, p. 186. En 1878, la Compagnie estime que pour les 1 160 ha irrigués sur les quatre départements, il faut 1 034 l/s soit pour la Haute-Garonne : 700 l/s pour 817 ha, le Tarn-et-Garonne : 167 l/s pour 166 ha, le Lot-et-Garonne : 53 l/s pour 32 ha et la Gironde : 113 l/s pour 122 ha.
24 Un bajoyer est une des deux parois (en briques ou en pierres) latérales de l’écluse.
25 Arch. CDM, liasse pente d’eau.
26 Arch. CDM, liasse CF 36.
27 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1920, deuxième session, p. 90.
28 https://asplespinasse.jimdofree.com/
29 Arch. CDM, liasse CF 36.
30 Arch. CDM, état descriptif de 1867, s.p.
31 VANNIER Samuel, Les écuries du Service de la traction hippomobile (Office national de la navigation) 1940-1944, 2015, 3 p.
32 Arch. CDM, CF 522, liste des usines concédées sur le canal latéral à la Garonne, 23 mars 1933.
33 Un pont bow-string, en béton armé, est composé de deux poutres longitudinales reliées chacune par des haubans à un arc parabolique supérieur, ensemble qui repose sur chaque culée. Les deux poutres sont liées par des consoles qui supportent le tablier du pont. Le faible encombrement sous le tablier est favorable aux voies navigables.
34 https://resistance82.fr/la-13eme-compagnie-de-larmee-secrete-de-tarn-et-garonne/
35 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne. Les travaux de reconstruction du pont suspendu de Coudol sont terminés et réceptionnés le 25 février 1929.
36 https://www.ville-castelsarrasin.fr/tourisme-et-patrimoine/port-et-canal/la-voie-verte
37 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1906, deuxième session, p. 218.
38 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1882, deuxième session, p. 116.
39 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1868, p. 71.
40 https://www.vnf.fr/vnf/dossiers-actualitess/une-histoire-simplifiee-du-canal-lateral-a-la-garonne/
41 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet de la Haute-Garonne, 1911, deuxième session, p. 256.
42 Arch. CDM, liasse CF 510.
43 ZANNEZE Françoise, Le canal latéral à la Garonne et ses objets, in Regards sur le patrimoine maritime, fluvial et balnéaire, actes du colloque de l’association des conservateurs des antiquités et objets d’art de France (Le Croisic, 27-29 septembre 2018), Actes Sud, 2019, p. 95-104.
45 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1901, deuxième session, p. 361.
46 Gallica.bnf.fr, rapports du préfet du Tarn-et-Garonne, 1902, p. 224.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Fig. 1 |
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Légende | Carte du canal latéral à la Garonne ; localisation des 53 sites d’écluses, des écluses de descente et des sept ponts-canaux. |
Crédits | © P. Roques |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11586/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 254k |
Titre | Fig. 2 |
Légende | Toulouse (Haute-Garonne), Les Ponts-Jumeaux ; vue depuis le port de l’Embouchure du « pont de l’Embouchure dit 3e Pont-Jumeau établi à l’origine du Canal latéral », début du canal latéral à la Garonne. |
Crédits | © P. Roques, 2023 |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11586/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 591k |
Titre | Fig. 3 |
Légende | Carte du sud-ouest de la France ; « Carte indiquant la jonction des Deux Mers par le Canal du Midi et le Canal de la Garonne », 1830. Archives du canal du Midi. |
Crédits | © Voies navigables de France |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11586/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 289k |
Titre | Fig. 4 |
Légende | Mémoire de Jean-Baptiste de Baudre ; page 2 du « Mémoire sur un avant-projet de Canal latéral à la Garonne, en prolongement du Canal du Midi, jusqu’à Castets (Gironde) avec embranchement sur Montauban débouchant dans le Tarn, communiquant en outre avec cette rivière au-dessous de Moissac et avec la Baïse à Buzet », 1831. Archives du canal du Midi, CF35. |
Crédits | © Voies navigables de France |
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Fichier | image/jpeg, 798k |
Titre | Fig. 5 |
Légende | « Carte du canal latéral à la Garonne et de son embranchement sur Montauban », 1850. Archives du canal du Midi. |
Crédits | © Voies navigables de France |
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Titre | Fig. 6 |
Légende | Bordeaux (Gironde), Affiche informant de l’ouverture à la navigation, du canal latéral à la Garonne, 1856. Archives du canal du Midi, CF36. |
Crédits | © Voies navigables de France |
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Titre | Fig. 7 |
Légende | Toulouse (Haute-Garonne), port de l’Embouchure ; extrait du plan de bornage de la prise d’eau et du bassin d’Embouchure, 9 mai 1868. Archives du canal du Midi, CF36. |
Crédits | © Voies navigables de France |
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Titre | Fig. 8 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), prise d’eau de Prades ; vue depuis l’amont de l’escalier et du ponceau qui amène les eaux du canal latéral au domaine agricole proche. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Fichier | image/jpeg, 859k |
Titre | Fig. 9 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 15 de Pommiès ; vue du bassin supérieur de la dérivation, du chemin de service, de l’écluse et son pont, et, rive droite, de la maison éclusière. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 10 |
Légende | Valence (Tarn-et-Garonne), écluse n° 30 de Valence ; vue des portes d’écluse amont et aval, de la cabine de commande, des bajoyers couronnés de pierre de taille et d’une partie de la maison éclusière rive droite. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 11 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 17 de Saint-Martin ; tige directrice utilisée pour guider les bateaux. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 12 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 13 d’Escatalens ; dérivation à bassin unique avec une usine électrique rive gauche et le canal latéral à droite. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 13 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), pente d’eau ; Grâce au masque situé entre les deux locomotrices, les bateaux sont déplacés avec l’eau sur laquelle ils flottent, dans la rigole maçonnée. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 14 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 15 de Pommiès ; maison éclusière de type 1. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 15 |
Légende | Boudou (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 27 de Petit-Bézy ; maison éclusière de type 2. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 16 |
Légende | Montauban (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 9 bis de Bordebasse ; décor porté sur le garde-corps de la maison éclusière. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 17 |
Légende | Montauban (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 9 bis de Bordebasse ; vue du poulailler depuis le sud-ouest. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 18 |
Légende | Castelnau-d’Estretefonds (Haute-Garonne), site d’écluse n° 9 d’Embalens ; élévation aval du pont d’écluse. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 19 |
Légende | Saint-Porquier (Tarn-et-Garonne), maison de garde située rive droite du canal latéral, au PK 50,479 (point kilométrique), ; vue depuis le sud. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Fichier | image/jpeg, 550k |
Titre | Fig. 20 |
Légende | Moissac (Tarn-et-Garonne), maison du pontonnier attenante au pont-tournant Saint-Jacques ; élévation sud-ouest. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Fichier | image/jpeg, 571k |
Titre | Fig. 21 |
Légende | Lamagistère (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 31 de Lamagistère ; vue depuis le logement du chef d’écurie, de l’intérieur de la partie « écuries » avec, à gauche, la mangeoire en béton. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 22 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 12 des Peyrets ; vue depuis le sud-est de l’usine électrique rive gauche de la dérivation. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 23 |
Légende | Dieupentale (Tarn-et-Garonne), aqueduc de Dieupentale ; vue de l’aqueduc à trois arches et de son puisard à l’amont. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 24 |
Légende | Puch-d’Agenais (Tarn-et-Garonne), aqueduc siphon de la Cave, juillet 1849 ; coupe transversale. Archives du canal du Midi, CF36. |
Crédits | © Voies navigables de France |
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Fichier | image/jpeg, 113k |
Titre | Fig. 25 |
Légende | Lamagistère (Tarn-et-Garonne), pont de Lasparrières ; vue depuis l’amont du pont maçonné. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 26 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), « Le pont suspendu de l’usine » ; Toulouse, maison Labouche frères, photographie entre 1900 et 1920. |
Crédits | © Archives départementales de la Haute-Garonne 26 Fi 82 NEG 2000 |
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Fichier | image/png, 655k |
Titre | Fig. 27 |
Légende | Lamagistère (Tarn-et-Garonne), pont bow-string de la Barguelonne ; vue depuis l’amont du pont bow-string. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Fichier | image/jpeg, 467k |
Titre | Fig. 28 |
Légende | Moissac (Tarn-et-Garonne), pont-tournant Saint-Jacques ; vue depuis l’aval du pont-tournant Saint-Jacques. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 29 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), passerelle de la société Eiffel ; vue depuis l’aval, rive droite de la passerelle située en amont du port Jean-Yves Cousteau. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 30 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), port Jean-Yves Cousteau ; vue depuis l’aval du port et de son monument commémoratif. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Fichier | image/jpeg, 515k |
Titre | Fig. 31 |
Légende | Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 20 de Saint-Jean des Vignes ; barque en fer de l’éclusier, située rive gauche. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 32 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 10 de Lavache ; appareil enregistreur de niveau d’eau situé rive droite du canal latéral. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 33 |
Légende | Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 3 bis de Fisset ; bollard en tête d’écluse. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 34 |
Légende | Moissac (Tarn-et-Garonne), limnimètre avec repère de la « crue / 3 mars 1930 », près du pont-tournant Saint-Jacques. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 35 |
Légende | Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 7 bis de Rabastens ; plaque de la compagnie d’assurances « L’UNION », fixée sur la façade de la maison éclusière. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 36 |
Légende | Montech (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 10 de Lavache ; rouleau en bois protégeant le garde-corps du pont. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 37 |
Légende | Lacour-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), site d’écluse n° 1 bis de Noalhac ; escalier à double volée permettant aux animaux d’échapper à la noyade, structure située en amont du site d’écluse. |
Crédits | P. Roques © Inventaire général Région Occitanie |
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Titre | Fig. 38 |
Légende | Castets-en-Dorthe (Gironde), site d’écluse n° 53 ; l’écluse double, accolée, relie le canal latéral au fleuve Garonne. |
Crédits | © P. Roques |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/11586/img-38.jpg |
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Pour citer cet article
Référence électronique
Patrick Roques, « Le canal latéral à la Garonne », Patrimoines du Sud [En ligne], 17 | 2023, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/11586 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.11586
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