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Dossier

L’inventaire en Lozère : une décentralisation réussie

Inventory in Lozère: A successful decentralization
Isabelle Darnas

Résumés

Des missions de l’Inventaire du patrimoine culturel sont réalisées en Lozère depuis la fin des années 1960 et, malgré quelques périodes d’interruption, le travail de terrain et les publications ont toujours été menés avec le soutien du conseil général/départemental. Cette présence mais aussi une forte volonté politique locale explique sans doute que le ministère de la Culture a choisi d’expérimenter la décentralisation cette administration de l’État dans ce département. Le cas de la Lozère est donc unique, puisque l’Inventaire a été décentralisé dans les Régions depuis. Cet article a pour objectif de mettre en perspective le protocole de décentralisation culturelle de Lozère qui a eu, pour le moins, le mérite d’être à la genèse d’une conservation départementale du patrimoine active et efficace depuis plus de vingt ans maintenant.

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Texte intégral

1L’État français décide, à la fin des années 1990, de lancer des expérimentations en vue des prochaines lois de décentralisation à venir. Le ministère de la Culture s’interroge sur la décentralisation de certains domaines du patrimoine, comme l’Inventaire des Monuments et Richesses artistiques de la France, et des enseignements artistiques. Des protocoles de décentralisation culturelle sont alors proposés aux collectivités, Régions et Départements, afin d’expérimenter un certain nombre de transferts. En 2001, le département de la Lozère signe le premier d’entre eux, résolument patrimonial, sous l’impulsion de Jean-Paul Pottier, président du conseil général.

  • 1 - Inventaire réalisé par Francine Arnal et Marie-Sylvie Grandjouan.

2Une longue collaboration avec le service régional de l’Inventaire des Monuments et Richesses artistiques de la France (direction régionale des affaires culturelles de Languedoc-Roussillon) a motivé le travail préparatoire à cette signature. La présence de l’Inventaire régional a, en effet, débuté en 1968 avec un pré-inventaire du canton de La Canourgue1. Puis, de manière sporadique, quelques missions ont été programmées, notamment lors de la création du Parc national des Cévennes. C’est toutefois au cours des années 1980 que l’Inventaire revient sur ce territoire rural pour ne quasiment plus le quitter jusqu’à aujourd’hui. Une assez longue histoire qui aboutit à une collation de données importante, versée sur les bases nationales. Ce ne fut pourtant pas un long fleuve tranquille, avec son lot de réussites et d’échecs ! C’est donc un retour sur cette présence de l’Inventaire en Lozère que cet article va synthétiser et démontrer qu’un département rural, avec le plus faible budget de France mais une volonté politique forte en direction du patrimoine, peut s’emparer des problématiques d’inventaire et en faire un outil de gestion efficace, en collaboration avec les communes.

Des conventions de développement culturel État/département de la Lozère

3Il faut, au préalable, présenter rapidement la Lozère, département rural le moins peuplé de France avec 75 700 habitants en 2019, il voit toutefois sa population augmenter peu à peu depuis le début du XXIe siècle. Avec une superficie de 5 168 km², la densité moyenne est de 14 habitants au km². Il y a peu de grosses agglomérations, la ville-préfecture, Mende, a moins de 13 000 habitants et la sous-préfecture, Florac, 2 000. Caractérisé par un habitat dispersé, voire très dispersé pour la partie cévenole, ce département de moyenne montagne se partage en quatre régions géologiques distinctes : au nord-ouest, le plateau de l’Aubrac où domine le basalte, au nord-est, la Margeride granitique, au sud-ouest, les grands Causses calcaires et, au sud-est, les Cévennes schisteuses d’où surgit le Mont Lozère, le plus haut sommet du territoire (1 699 m). Cette diversité géologique a entraîné une grande diversité des modes constructifs, ce qui en fait une terre d’études passionnante pour l’inventaire immobilier de l’habitat rural.

4L’attrait touristique de la Lozère est ancien : les gorges du Tarn sont célèbres dans le monde entier depuis le début du XXe siècle. C’est d’ailleurs surtout pour ses splendides paysages et « sa nature sauvage » que l’on vient sur ce territoire. Pourtant, contrairement à une image longtemps véhiculée, ces paysages n’ont rien de naturel, ni de sauvage ! Au contraire, ils sont aménagés, voire bâtis, au fil des siècles. Il est, en effet, impossible de dissocier un paysage de l’habitat qui se fond en son sein.

  • 2 - En effet, les protections au titre des monuments historiques concernant l’habitat rural sont rare (...)
  • 3 - Il s’agit bien sûr des cantons précédant la réforme territoriale de 2017.
  • 4 - Villefort, 1989. Inventaire réalisé par Isabelle Darnas, sous la supervision de Marie-Sylvie Gran (...)

5Néanmoins, le développement touristique, et notamment l’engouement pour la résidence secondaire, entraînent parfois un bouleversement assez radical de cet habitat. C’est devant l’accélération des modifications de ce dernier que certains élus du Département ont pris conscience qu’il fallait, au moins, enregistrer les informations, sinon le protéger2. Alain Laurans, alors attaché de conservation du patrimoine aux archives départementales de la Lozère, sollicite, au milieu des années 1980, l’Inventaire régional en la personne de la conservatrice régionale, Francine Arnal, qui répond positivement : elle avait participé à l’inventaire de 1968 et se dit ravie de revenir travailler en Lozère ! Il convainc le conseiller départemental de Villefort, Jean-Marie Chazalette, de porter, auprès de l’assemblée départementale, un projet d’inventaire topographique de son canton3. Une association est créée à cette occasion, CADRE, pour recevoir la subvention du département et porter le contrat d’une chercheuse pour deux années. Entre 1987 et 1988 est réalisé l’inventaire du canton de Villefort4.

  • 5 - La Canourgue, 1995. Inventaire réalisé par Isabelle Darnas, sous la supervision de Marie-Sylvie G (...)
  • 6 - Inventaire réalisé par Adeline Béa et Céline Bunoz, sous la supervision de Marie-Sylvie Grandjoua (...)

6L’inventaire, par canton comme il était d’usage en cette fin de XXe siècle, est alors intégré comme un point de la convention de développement culturel signée entre la direction régionale des affaires culturelles de Languedoc-Roussillon et le conseil général de Lozère. Presque chaque année, entre 1988 et 1999, un financement conjoint est apporté à la réalisation d’un inventaire. L’Association pour la Connaissance du Patrimoine en Languedoc-Roussillon, basée à la direction des affaires culturelles à Montpellier, prend la suite de l’association lozérienne CADRE au début des années 1990. Après Villefort suivent les cantons de Chanac, La Canourgue et Le Massegros5. L’opération sur le canton de La Canourgue permet de comparer les fiches et les clichés en noir et blanc de 1968 avec ceux du début des années 1990. La comparaison est édifiante et montre, sans besoin de mots, combien un inventaire systématique est pertinent sur un territoire donné à une génération d’intervalle. À la fin des années 1990, l’inventaire quitte les Causses et la vallée du Lot pour deux cantons de Margeride : les cantons du Malzieu-Ville et de Saint-Alban-sur-Limagnole6.

  • 7 - Devenue en 2004 pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan.
  • 8 - Campagnes de Mende, 2007. Inventaire réalisé par Hélène Palouzié et Marie-Sylvie Grandjouan.

7En parallèle du travail collaboratif régulier mené avec le Département, l’Inventaire régional mène des négociations auprès de la ville de Mende. La perspective de création d’une ville d’art et d’histoire7 nécessiterait de bien connaître l’habitat urbain et plusieurs rencontres avec le maire sont organisées. Malheureusement, ce projet n’aboutit pas. Seuls les hameaux des cantons de Mende-Nord et Mende-Sud sont inventoriés8.

  • 9 - Au fil de la soie, 1991. Inventaire réalisé par Geneviève Durand.
  • 10 - Patrimoine industriel de la Lozère, 2000. Inventaire réalisé par Michel Wiénin.

8L’inventaire régional mène également des campagnes thématiques. Il faut, en effet, signaler un travail sur les filatures de soie au sein duquel sont étudiées les filatures cévenoles lozériennes, malheureusement aujourd’hui disparues9. Puis, c’est l’ensemble du patrimoine industriel qui, sous la houlette de Michel Wiénin, chercheur à l’inventaire, se dévoile dans les différents départements de la région Languedoc-Roussillon, dont celui de la Lozère10.

9Les années 1980-1990 sont donc marquées par la volonté conjointe de l’État, via le service régional de l’Inventaire à la direction régionale des affaires culturelles de Languedoc-Roussillon, et du département de la Lozère, d’inventorier le patrimoine immobilier mais aussi mobilier de la Lozère. Le bilan est significatif : en vingt ans, huit cantons ont été inventoriés en totalité (hors ville de Mende) ainsi que tous les bâtiments industriels du département. Des données essentielles ont ainsi été collectées, d’autant plus précieuses que peu de chercheurs s’intéressent à ce territoire rural éloigné des principales villes universitaires. Au tournant des années 2000, une partie des élus départementaux de la Lozère est convaincue que l’inventaire de son territoire est un véritable outil de connaissance et qu’il doit encore accélérer.

Le premier protocole de décentralisation culturelle français

10Le président du conseil général, Jean-Paul Pottier, élu depuis 1998, s’empare de la question patrimoniale du département, particulièrement celle du patrimoine mobilier. En effet, alarmé par la tentative de vente illégale d’un retable du XIXe siècle de la part d’un maire, il comprend l’urgence à veiller sur le patrimoine public mobilier, encore peu identifié bien qu’il soit inaliénable.

  • 11 - C’est ce qu’il défendra avec force jusqu’en 2004, date de la loi de décentralisation de l’Inventa (...)

11Le contexte politique du moment s’y prête. L’État réfléchit, en effet, à une nouvelle vague de décentralisation et, concernant le ministère de la Culture, à la décentralisation de l’Inventaire général des Monuments et Richesses artistiques de la France. Avant la prise de décision législative, l’État souhaite une phase d’expérimentation de certains transferts en direction de collectivités volontaires. Tout au long de l’année 1999, le président Pottier, également président de la commission Culture de l’Association des départements de France, met toute son énergie à proposer le département de la Lozère comme terre d’expérimentation, arguant, avec raison, des vingt années de travail avec l’Inventaire régional. Le président Pottier est convaincu que l’échelle départementale est la bonne échelle pour la réalisation des inventaires, à la fois pour la connaissance du territoire mais aussi pour sa gestion11.

12Son souhait est entendu : Catherine Tasca, alors ministre de la Culture, évoque le 12 décembre 2000, à l’occasion de la réunion du Conseil des collectivités territoriales pour le Développement culturel, les huit sites pressentis, cinq régions et trois départements dont la Lozère, pour expérimenter différentes formes de décentralisation culturelle dans les domaines du patrimoine et des enseignements artistiques. Ces expérimentations sont prévues sur trois années dans le cadre d’un protocole signé par les deux parties, l’État et la collectivité. Une enveloppe spécifique de 15 millions de francs est annoncée pour 2001.

13Les six premiers mois de 2001 sont consacrés à la rédaction conjointe du protocole qui permet de clarifier les rôles de l’État et du département, notamment en termes de partage de compétences et de responsabilités. L’Observatoire des politiques culturelles est chargé de l’évaluation. Son directeur, René Lizzardo, est également président du Groupe national de Suivi et d’Évaluation : il rédige une note qui sert de guide à la rédaction des protocoles, intitulée « Objectifs et méthodologie des protocoles de décentralisation culturelle ».

14Le 13 juillet 2001, le premier protocole de décentralisation culturelle français est signé entre l’État, représenté par Michel Duffour, secrétaire d’État au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle au ministère de la Culture, et le conseil général de la Lozère, représenté par son président, Jean-Paul Pottier. L’expérimentation s’organise à l’échelon départemental et est composée de huit points, à réaliser sur trois années. Le protocole est bien sûr doté de financements, pour moitié, de la part des deux partenaires : sur trois années, 1 719 622 € (soit 848 377 € pour l’État et 871 245 € pour le conseil général). À la différence des conventions de développement culturel des années précédentes, la participation de l’État n’est pas dégressive. C’est clairement une convention de développement culturel améliorée ! La signature du protocole est en effet l’occasion, grâce à des moyens plus conséquents qu’à l’accoutumée et surtout stables, de financer les huit axes choisis par les deux parties. Néanmoins, l’objectif de cette expérimentation est d’aller, au-delà de simples partenariats, vers des hypothèses de décentralisation, éventuellement à généraliser. En tout cas, le contenu de ce protocole est résolument patrimonial, couvrant plusieurs champs : l’inventaire bien sûr, mais aussi l’archéologie, les archives, la restauration-conservation des œuvres d’art, le suivi de restauration du petit patrimoine non protégé.

15Le préambule du protocole insiste sur « la qualité et l’intensité de l’expérience accumulée » en Lozère. L’objectif principal est de « développer et améliorer le service public de la culture dans les domaines du patrimoine », en clair, de créer un service patrimonial au sein du département qui regrouperait idéalement trois personnes, une chargée d’inventaire, un(e) archéologue et un(e) ingénieur(e) responsable du système d’information géographique, sur la base des huit axes qui sont les suivants :

  • observation et analyse de la vie culturelle du département (réalisé par l’OPPES, observatoire des politiques publiques en Europe du Sud entre 2001 et 2004)

  • formation des personnels de l’État, du Département et des associations et collectivités partenaires

  • création d’un centre de ressources culturelles sur base informatique mise à disposition via Internet, piloté par les archives départementales

  • renforcement de l’inventaire mobilier et immobilier du département avec le recrutement d’une attachée de conservation du patrimoine

  • création d’un système d’information géographique (S.I.G.) des données patrimoniales avec recrutement d’un ingénieur

  • mise en valeur et communication auprès du public autour du site archéologique de Javols, avec recrutement d’un archéologue, responsable des fouilles du site

  • expérience de méthodologie sur la conservation préventive des objets mobiliers dans deux cantons test

  • numérisation des fonds iconographiques et de l’État civil des archives départementales.

  • 12 - Le service est composé d’une attachée de conservation, devenue conservatrice du patrimoine en 200 (...)

16L’axe fort du protocole lozérien est bien sûr l’inventaire du patrimoine mobilier, concerné par les points n° 4 et 6. C’est d’ailleurs celui qui est à la base de la création d’un service patrimonial au sein du département, aujourd’hui effectif et dont la composition n’est pas si éloignée de la projection qui en avait été faite en 200112.

17Un comité de pilotage, co-présidé par le préfet de la Lozère et le président du conseil général, est composé de 25 membres : fonctionnaires d’État (direction régionale des affaires culturelles, directeur et chefs des services patrimoniaux, architecte des Bâtiments de France, directeur de Jeunesse et Sports, Inspecteur d’Académie, direction des archives départementales...) et du département (directeur général des services, directeur départemental de la culture) ainsi que quelques maires. Il se réunit entre 2001 et 2003, une et deux fois par an. Il permet de réorienter les choix, si nécessaire, et surtout de faire un état de l’avancement des différents points.

18Une chose est bien certaine : cette expérimentation a permis d’engager des actions que le département, seul, n’aurait pas eu les moyens d’entreprendre. Elle a, en outre, impulsé une dynamique qui était en gestation les années précédentes en lui donnant de l’ambition. De manière logique, sur la longueur, l’inventaire, particulièrement mobilier, est resté le point central, le plus ancré et donc le plus solide qui a résisté au-delà des trois années de vie du protocole dont l’un des mérites, et non le moindre, est d’avoir été à l’origine de la création d’un service patrimonial départemental.

L’axe principal du protocole : l’inventaire du patrimoine mobilier en Lozère

  • 13 - Cf. NÉGRIER.

19L’analyse du protocole de décentralisation de la Lozère a été réalisée par l’OPPES en 2003 et a été publiée, en partie, par Emmanuel Négrier qui pilotait ce travail13. Cette analyse pourrait être approfondie, avec maintenant un recul de vingt années, mais ce n’est pas le propos ici. Il paraît, en revanche, essentiel d’insister sur les liens profonds qui ont été tissés avec l’Inventaire général du patrimoine culturel. En effet, après les vingt ans d’inventaire du patrimoine immobilier, l’accent a été mis sur le patrimoine mobilier, plus fragile, plus en danger. Le protocole de décentralisation culturelle est le reflet de cet intérêt mais aussi de cette inquiétude du président Pottier puisque deux points sur les huit concernent ce patrimoine.

  • 14 - Après la promulgation de la loi de décentralisation de 2004 et la possibilité de déléguer la comp (...)

20Pour la réalisation de cet inventaire, une attachée de conservation du patrimoine est recrutée chargée, à plein temps, d’inventorier toutes les communes du département. Deux contrats successifs de six mois entre mars-août 2002 et janvier-juin 2003 d’un photographe professionnel permettent de réaliser les clichés des plus beaux objets sur plus de quarante communes, soit environ 500 clichés. Le prêt du matériel a d’ailleurs été fait par le service de l’inventaire régional, le photographe Jean-Michel Périn supervisant le jeune photographe recruté, Ludovic Lesur. Au-delà des trois, voire quatre ans, du protocole, l’inventaire du patrimoine mobilier s’est poursuivi. On considérer aujourd’hui qu’il est achevé. Certes, les opérations de conservation préventive, des travaux dans les presbytères ou les clochers, font parfois ressurgir des objets non inventoriés qui complètent les inventaires existants. À noter également que l’inventaire du patrimoine textile du XIXe siècle n’était pas effectué dans les années 1990 alors que c’est le cas aujourd’hui : il y a donc quelques compléments qui sont régulièrement faits. Mais l’on peut dire que le point n° 4 du protocole a été mené à bien. Toutes les fiches d’inventaire ont d’ailleurs été versées sur la base Palissy du ministère de la Culture en 2018, dans la suite de la convention signée entre le Département de la Lozère et la Région Occitanie14.

  • 15 - Sur la base des conventions État/département qui ont précédé le protocole de décentralisation, év (...)

21Le deuxième point qui concernait les objets mobiliers était original, bien qu’en lien avec l’inventaire. Le point n° 6 s’intitulait : « expérience méthodologique de conservation des objets mobiliers ». Élaborée en relation étroite avec deux services déconcentrés du ministère de la Culture à la direction régionale des affaires culturelles de Languedoc-Roussillon, à savoir le service de l’Inventaire et la conservation des monuments historiques, cette opération devait se dérouler sur le territoire de deux cantons du nord du département, ceux du Malzieu-Ville et de Saint-Alban-sur-Limagnole, cantons qui venaient de faire l’objet d’un inventaire topographique par le service régional de l’Inventaire15. Cette expérience était la suite logique des opérations d’inventaire stricto sensu : inventorier pour la connaissance bien sûr mais aussi pour évaluer les désordres sanitaires et voir comment y remédier. Les moyens financiers liés au protocole de décentralisation culturelle ont permis d’élaborer une méthodologie, tout à fait nouvelle en 2001.

22En fait, au moment de la signature du protocole de décentralisation culturelle, seule l’aire géographique où allait se dérouler l’opération était clairement définie. Pour lancer les interventions de terrain avec des conservateurs-restaurateurs professionnels, il fallait donc, en tout premier lieu et en concertation avec les deux partenaires (DRAC et conseil général), établir un cahier des charges le plus précis possible. Il présentait, dans une première partie, la zone géographique (14 communes et 17 édifices) et le nombre d’objets concernés, classés par catégorie technique. Puis, il se déclinait en deux phases : l’une appelée « diagnostic » (les restaurateurs proposaient un forfait d’intervention sur le terrain et rendaient compte de la situation sanitaire des objets), l’autre « intervention » (à partir du diagnostic, les restaurateurs proposaient le chiffrage de leur intervention sur les objets).

23De l’inventaire du patrimoine mobilier réalisé dans ces deux cantons, il ressortait que trois catégories d’objets conservés dans les églises du territoire devaient faire l’objet de l’opération d’une mise en conservation préventive, à savoir les objets en bois polychrome et/ou doré, les peintures sur toile et les textiles, cette dernière catégorie étant, de loin, la plus représentée en quantité. Sur toutes les candidatures reçues, seules des réponses individuelles nous sont parvenues. Les restaurateurs ont chacun répondu pour leur spécialité et aucune équipe, même constituée pour la circonstance, ne s’est positionnée.

  • 16 - Le détail de cette expérience méthodologique a été publié : Darnas, 2006, p. 79-86.

24Au terme de l’appel d’offres, l’examen des propositions et le choix des restaurateurs ont été faits en collaboration avec Laurent Hugues, conservateur du patrimoine chargé de l’inspection des monuments historiques à la DRAC Languedoc-Roussillon. Les trois restaurateurs retenus furent Sandrine Cailhol, restauratrice de peintures, Béatrice Girault, restauratrice de textiles, et Philippe Capron, restaurateur de bois (polychrome et doré). Préalablement à leur venue sur le terrain, le conseil général de la Lozère a signé une convention avec les maires de chacune des communes des deux cantons afin d’obtenir l’autorisation d’intervenir sur des objets leur appartenant. De la même façon, les trois prêtres desservant les paroisses concernées par l’opération, affectataires des objets dont ils ont l’usage exclusif, ont été informés et ont donné leur accord. Au-delà des procédures légales, une réunion d’information préalable a également été organisée en direction des différents maires dans chacun des cantons à l’instigation des deux conseillers généraux, Jean-Noël Brugeron (Malzieu-Ville) et Jean-Paul Bonhomme (Saint-Alban-sur-Limagnole). Ont été également conviées à ces deux réunions les personnes responsables de l’entretien de l’église. Tous les maires ont été présents et les personnes chargées de l’église qui n’ont pu être là ont été informées du passage des restaurateurs. Cette réunion avait pour but de leur présenter l’opération de conservation préventive, leur expliquer ce que cela impliquait sur les objets concernés, au-delà de l’intérêt financier que cela représentait pour eux (l’opération était financée à 100 % par les deux partenaires). Ces prises de contact étaient bien sûr nécessaires à la bonne organisation des tournées avec les trois restaurateurs mais aussi à la prise de conscience de l’intérêt de ce patrimoine communal peu connu16. En 2004, puis en 2011, deux missions de contrôle successives ont été financées conjointement par l’État et le conseil général de Lozère : malgré le manque d’entretien, souci récurrent de beaucoup d’édifices religieux où les cérémonies sont rares, aucun retour d’infestations d’insectes xylophages dans les meubles traités, aucun retour de moisissures sur les ornements liturgiques. Seules des attaques de rongeurs étaient revenues dans l’une des sacristies.

  • 17 - Le financement de ces plans objets a été assuré, dans un premier temps, par une répartition à 50  (...)
  • 18 - Le Département a mis en place un règlement d’aide pour les opérations de restauration d’objets mo (...)

25La prise de conscience de la plupart des maires des communes concernées a été réelle et, pour preuve, plusieurs opérations de restauration et de mise en valeur ont été lancées dès 2004 à la suite de la mise en conservation préventive. En 2005, un reliquat de crédits du protocole a d’ailleurs été utilisé pour traiter un canton supplémentaire, celui d’Aumont-Aubrac. Ce dispositif a été maintenu au sein de la conservation régionale des monuments historiques, sous l’appellation de plan Objets17, et a continué d’être déployé, via une convention spécifique, en Lozère et dans le département des Pyrénées-Orientales. Néanmoins, le financement de l’État n’intervient que s’il y a des objets protégés au titre des monuments historiques. C’est pourquoi le département a décidé la création d’un poste dédié, actuellement occupé par une assistante de conservation du patrimoine formée en conservation curative et préventive. En effet, pour sauver ce patrimoine en danger, il fallait mettre en place, en parallèle de l’inventaire patrimonial, cette politique de conservation afin d’aider les communes propriétaires à stopper les dégradations sur les objets, à endiguer les infestations d’insectes et à stabiliser l’état sanitaire des édifices. L’inventaire, suivi par ce travail de conservation-restauration, permet, au-delà de la connaissance scientifique, de proposer une gestion du patrimoine communal dans un domaine spécifique peu connu des maires. Ces derniers peuvent ensuite enclencher des restaurations18 avec présentation au public, donnant une plus grande visibilité à ces opérations, voire aux populations locales.

  • 19 - PONTIER, 2003 ; DUPUIT, 2005 ; SAEZ, 2014-2015, p. 4-9.
  • 20 - Cf. Conservation et, 2021.

26Le protocole de décentralisation culturelle a permis d’amorcer ce travail de longue haleine à l’échelle départementale et une série de bilans a été réalisée entre 2003 et 2004, et plus récemment en 2014-1519. C’est parce que l’expérience méthodologique du début des années 2000 avait démontré l’efficacité des interventions de terrain que le département a amplifié son action à travers des opérations en régie directe par un agent dédié afin de compléter les interventions de conservateurs-restaurateurs professionnels dans le cadre du plan Objets. S’il est sans doute impossible de convaincre tous les décideurs (maires, conseillers généraux...) de l’utilité d’une telle démarche, le large succès obtenu démontre l’intérêt, et surtout l’efficacité, d’une opération de ce type. L’objectif étant la survie de ces objets, voire leur restauration, une opération prise en charge par le département peut être le moteur (financier certes) nécessaire à la prise de conscience. Quand elle survient, le patrimoine mobilier peut être sauvé au nom de l’intérêt public qui en découle. Après vingt ans d’existence, nous pouvons donc dresser un bilan de cette part essentielle de l’activité de la conservation20. Si l’Aubrac, la Margeride et les grands Causses sont des terres à dominante catholique, les Cévennes sont, elles, protestantes. Dans cette dernière région, presque chaque commune possède un temple et une église. C’est dire la lourde charge qui incombe aux maires de communes peu peuplées, propriétaires de ces édifices.

27En quelques lignes, que peut-on retenir de l’inventaire du patrimoine mobilier de la Lozère ? Plus de 5 000 fiches sur la base Palissy21 du ministère de la Culture où les catégories principales sont représentées : orfèvrerie, textile, sculpture (bois, métal, plâtre, céramique…), ébénisterie-menuiserie... J’insisterai particulièrement sur deux aspects. Le premier pour souligner un travail exhaustif sur l’orfèvrerie : outre l’inventaire systématique de toutes les pièces, essentiellement des XVIIIe et XIXe siècles, un soin particulier a été apporté sur l’identification des techniques et des matériaux employés. En outre, ce travail a permis d’identifier vingt objets réalisés par l’orfèvre mendois Jean Marcé (1715-1790), alors que seuls deux étaient localisés parmi les œuvres de la cathédrale de Mende, ainsi qu’une œuvre de son cousin germain, François22, en l’église de Saint-Paul-le-Froid (fig. 1 et 2).

Fig. 1

Fig. 1

Fontans (Lozère), calice en argent doré de l’orfèvre mendois Jean Marcé (1715-1790). La fausse coupe ajourée du calice, ornée des symboles eucharistiques (blé, vigne, roseau), est finement réalisée alors qu’un décor floral et géométrique souligne chaque partie de l’objet, nœud et pied. L’objet est classé au titre des monuments historiques depuis le 17 mai 2005.

J.-M. Périn © Inventaire général Languedoc Roussillon

Fig. 2

Fig. 2

Saint-Paul-le-Froid (Lozère), calice en argent de l’orfèvre mendois François Marcé, actif entre 1731 et 1744, date à laquelle son cousin Jean prend sa suite. Seule la coupe est dorée. Un décor de godrons sur la fausse coupe soudée, quelques feuillages sur le nœud et une croix ciselée au trait sur le pied sont les seuls décors de cet élégant calice. L’objet est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 août 2008.

J.-M. Périn © Inventaire général Languedoc Roussillon

28Le second aspect est d’ordre chronologique : le patrimoine mobilier de ce département est particulièrement abondant pour le XIXe siècle, marquant une ferveur religieuse particulièrement active au sortir de la période révolutionnaire. L’inventaire du patrimoine textile (fig. 3) en est un bel exemple ainsi que le grand nombre d’œuvres sculptées en bois (polychrome et/ou doré) : statues, autels-retables néo-classiques et néo-gothiques...

Fig. 3

Fig. 3

Langogne (Lozère), dos d’une chasuble avec fond de drap d’or, lamé or. L’orfroi est en drap d’or broché et liseré, soie, lame or, lame argent, filé or, tissé à disposition. Le pélican mystique orne le centre de la croix formée par l’orfroi. Milieu XIXe siècle. L’ornement est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 23 janvier 2014.

C. Vanlierde © conseil départemental Lozère

29En conclusion, nul ne peut nier l’importance qu’a joué le protocole de décentralisation culturelle en Lozère. Certes, la décentralisation de l’inventaire à l’échelle départementale, comme le souhaitait le président Pottier, n’a pas eu lieu. Dans une lettre du 3 mars 2004 adressée au ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, le président du conseil général écrit d’ailleurs, comme une ultime requête :

« Il serait regrettable que le législateur vienne mettre en cause un bilan largement positif en Lozère comme dans de nombreux départements, également investis dans de tels dispositifs. Aussi il me paraît opportun d’appuyer la démarche de l’Assemblée des Départements de France tendant à attribuer la compétence en matière d’inventaire aux départements qui en font la demande ».

30Ce protocole a été l’occasion donnée aux élus du Département de s’emparer des problématiques patrimoniales, particulièrement celle de l’inventaire. En outre, la question de l’inventaire a permis de se préoccuper de l’état de conservation des objets et d’enclencher une prise de conscience sur la conservation et la restauration de ce patrimoine. Si « l’expérience méthodologique » du protocole a été pionnière, elle a permis de mettre en place les plans Objets de la Direction régionale des Affaires culturelles Languedoc-Roussillon, puis maintenant Occitanie, qui sont d’ailleurs en voie de développement. Elle a permis également la création d’un poste spécifique de chargé de conservation préventive au sein de la conservation départementale. Le bilan sanitaire de ces opérations est optimal : les 3/4 des édifices religieux du département ont bénéficié de l’un ou l’autre de ces dispositifs.

31D’un point de vue de la connaissance scientifique, la masse de données est importante. Il manque des dépouillements systématiques d’archives sur chaque commune : en effet, au-delà des inventaires de 1906 qui sont confrontés aux inventaires récents, il faudrait puiser dans les archives d’époque moderne pour consulter les visites paroissiales de manière régulière ou rechercher des prix-faits. Il reste donc encore beaucoup à faire, et le temps manque pour lancer de nouvelles pistes de recherches, la gestion prenant actuellement le pas sur la recherche pure. Comme je le disais précédemment, peu d’universitaires, quelles que soient les périodes historiques, entament des études sur notre territoire. Le Département réfléchit d’ailleurs à la mise en place de bourses doctorales pour inciter les étudiants à venir étudier sur des sujets concernant la Lozère. Peut-être ce modeste article aura-t-il la vertu d’intéresser des chercheurs qui pourront puiser dans la masse documentaire accumulée ? Et, localement, le réflexe d’aller voir si un secteur est inventorié ou non n’est pas encore pris par les élus communaux, ni par les fonctionnaires d’État de la direction départementale des territoires (DDT) quand un plan local d’urbanisme (PLU) est en préparation. Il faut donc encore développer la communication mais la masse documentaire est là, elle est importante et très largement sous-exploitée.

32En tout cas, la quasi-totalité des objets (propriété publique) du département est inventoriée, photographiée, voire conditionnée et mise en conservation préventive. Ils devraient donc être encore accessibles pour les générations à venir ! S’il y a un mot de conclusion qu’il faut retenir de cette expérimentation, c’est qu’un petit département rural, avec un faible budget et peu de personnels, a réalisé un travail impressionnant en quelques années. En zone rurale, l’échelle départementale est celle de l’efficacité sur le terrain : ici, l’inventaire a été l’outil qui a amené à une gestion efficace du patrimoine mobilier de tout un territoire. La prochaine étape, plus complexe car elle touche la propriété privée, serait d’arriver à promouvoir une restauration intelligente de notre patrimoine bâti avec incitation à l’utilisation de matériaux vertueux comme la chaux traditionnelle, et locaux comme les lauzes de schiste ou de calcaire, afin de permettre à notre habitat rural en pierre d’être transmis. Les résultats de l’Inventaire général permettent justement d’identifier ce qui est particulier, ancien, typique, digne d’être conservé : ce n’est possible, de manière objective, qu’en faisant un travail systématique de comparaison. Qui d’autre que les chercheurs appliquant les méthodologies de l’Inventaire général peuvent le mieux conseiller un élu sur la pertinence d’une conservation ? La décentralisation de l’Inventaire en direction des collectivités prend alors tout son sens, me semble-t-il. Si la gestion ne lui incombe pas directement, son rôle me paraît essentiel dans la perspective d’une conservation-restauration raisonnée de notre patrimoine. Mais ceci est une autre histoire !

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Bibliographie

Au fil de la soie. Inventaire général LANGUEDOC-ROUSSILLON. Au fil de la soie. Architecture d’une industrie en Cévennes. Réd. : Geneviève Durand, Michel Wiénin, 1991, (Images du patrimoine ; 88), 94 p.

Campagnes de Mende. Inventaire général LANGUEDOC-ROUSSILLON. Les campagnes de Mende. Les communes rurales des cantons de Mende. Réd. Marie-Sylvie Grandjouan. Éditions Lieux-Dits : Lyon, 2007 (Images du Patrimoine ; 234), 120 p.

Conservation et … Conseil départemental de LOZÈRE. Conservation et restauration des objets d’art en Lozère… Réd. : Isabelle Darnas, Cécile Fock-Chow-Tho, Cécile Vanlierde, 2021, (Patrimoines de Lozère ; 8), 120 p.

DARNAS, Isabelle. « Une opération de conservation préventive en Lozère », dans Regards sur les églises de France, Actes du colloque des conservateurs des Antiquités et Objet d’art de France, Alençon 13-15 octobre 2005, Éditions Actes Sud, 2006, p. 79-86.

DUPUIT, Jean-Sébastien et ROY, Xavier. Les expérimentations de décentralisation culturelle 2001-2004, analyse et résultats. Ministère de la Culture et de la communication, mars 2005, 173 p. 

La Canourgue. Inventaire général LANGUEDOC-ROUSSILLON. Cantons de La Canourgue, Chanac, le Massegros, Lozère. Réd. : Isabelle Darnas, Marie-Sylvie Grandjouan, 1995, (Images du patrimoine ; 142), 93 p.

NÉGRIER, Emmanuel (dir.). Patrimoine culturel et décentralisation. Une étude en Languedoc-Roussillon, (Coll. Logiques politiques), Paris : Éditions L’Harmattan, 2002.

Patrimoine industriel de la Lozère. Inventaire général LANGUEDOC-ROUSSILLON. Patrimoine industriel de la Lozère. Réd. Michel Wiénin. Montpellier : A. C. P. L. R. (Indicateurs du patrimoine), 2000, 108 p.

PONTIER, Jean-Marie. Rapport sur l’évaluation des protocoles de décentralisation culturelle. Ministère de la culture et de la Communication, avril 2003, 14 p.

SAEZ, Jean-Pierre. « L’inventaire général du patrimoine culturel ou l’invention d’une compétence obligatoire et partagée ». L’observatoire n° 45 (Observatoire des politiques culturelles), 2014-2015, p. 4-9.

THUILE, Jean, L’orfèvrerie du Languedoc du XIIe au XVIIIe siècle, Généralités de Montpellier et de Toulouse, 1969, 3 tomes, Paris.

Villefort. Inventaire général LANGUEDOC-ROUSSILLON. Canton de Villefort (Lozère). Réd. : Isabelle Darnas ; Marie-Sylvie Grandjouan, 1989, (Images du patrimoine ; 63), 40 p.

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Notes

1 - Inventaire réalisé par Francine Arnal et Marie-Sylvie Grandjouan.

2 - En effet, les protections au titre des monuments historiques concernant l’habitat rural sont rares, encore aujourd’hui, et seule la gestion des abords, autour d’églises ou de châteaux, permet un certain contrôle esthétique.

3 - Il s’agit bien sûr des cantons précédant la réforme territoriale de 2017.

4 - Villefort, 1989. Inventaire réalisé par Isabelle Darnas, sous la supervision de Marie-Sylvie Grandjouan.

5 - La Canourgue, 1995. Inventaire réalisé par Isabelle Darnas, sous la supervision de Marie-Sylvie Grandjouan.

6 - Inventaire réalisé par Adeline Béa et Céline Bunoz, sous la supervision de Marie-Sylvie Grandjouan.

7 - Devenue en 2004 pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan.

8 - Campagnes de Mende, 2007. Inventaire réalisé par Hélène Palouzié et Marie-Sylvie Grandjouan.

9 - Au fil de la soie, 1991. Inventaire réalisé par Geneviève Durand.

10 - Patrimoine industriel de la Lozère, 2000. Inventaire réalisé par Michel Wiénin.

11 - C’est ce qu’il défendra avec force jusqu’en 2004, date de la loi de décentralisation de l’Inventaire général du patrimoine culturel, confié depuis lors aux conseils régionaux.

12 - Le service est composé d’une attachée de conservation, devenue conservatrice du patrimoine en 2005 par voie de concours, et de deux assistantes de conservation du patrimoine, dont l’une est archéologue de formation, chargée de l’inventaire immobilier, et l’autre responsable du suivi des restaurations d’œuvres d’art et chargée d’une mission de conservation curative-préventive. Outre un rôle important de conseil en direction des communes et des particuliers qui permet d’informer des droits et devoirs en matière de patrimoine culturel. En revanche, le système d’information géographique a « migré » à l’aménagement du territoire, ainsi que l’ingénieur qui avait été recruté dans le cadre du protocole.

13 - Cf. NÉGRIER.

14 - Après la promulgation de la loi de décentralisation de 2004 et la possibilité de déléguer la compétence Inventaire aux départements volontaires, la Région Languedoc-Roussillon n’a pas souhaité le faire avec la Lozère pour des raisons politiques. Il a fallu attendre la fusion des deux Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées pour mettre en place une convention avec la nouvelle Région Occitanie, qui fonctionne très bien depuis.

15 - Sur la base des conventions État/département qui ont précédé le protocole de décentralisation, évoquées dans la première partie de cet article.

16 - Le détail de cette expérience méthodologique a été publié : Darnas, 2006, p. 79-86.

17 - Le financement de ces plans objets a été assuré, dans un premier temps, par une répartition à 50 % entre l’État/CRMH-DRAC Occitanie et le conseil départemental de Lozère. L’aide de l’État est passée à 70 % à partir de 2010, la conservatrice régionale des monuments historiques ayant voulu tenir compte de la création, par le Département, d’un poste dédié à la conservation préventive/restauration. Le coût annuel de l’opération est de 100 000€.

18 - Le Département a mis en place un règlement d’aide pour les opérations de restauration d’objets mobiliers, très attractif pour les communes, à hauteur de 70 % du coût HT des travaux pour le non-protégé et de 80 % pour les objets protégés au titre des monuments historiques (40 % Département 40 % État/CRMH-DRAC Occitanie).

19 - PONTIER, 2003 ; DUPUIT, 2005 ; SAEZ, 2014-2015, p. 4-9.

20 - Cf. Conservation et, 2021.

21 - Plateforme ouverte du patrimoine (POP).

22 - Jean Marcé a pris la suite de l’atelier de son cousin François, à Mende, en 1744 (cf. Jean THUILE, 1969, en particulier le t. 3 du répertoire des orfèvres, p. 14-15).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Fontans (Lozère), calice en argent doré de l’orfèvre mendois Jean Marcé (1715-1790). La fausse coupe ajourée du calice, ornée des symboles eucharistiques (blé, vigne, roseau), est finement réalisée alors qu’un décor floral et géométrique souligne chaque partie de l’objet, nœud et pied. L’objet est classé au titre des monuments historiques depuis le 17 mai 2005.
Crédits J.-M. Périn © Inventaire général Languedoc Roussillon
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/10760/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 665k
Titre Fig. 2
Légende Saint-Paul-le-Froid (Lozère), calice en argent de l’orfèvre mendois François Marcé, actif entre 1731 et 1744, date à laquelle son cousin Jean prend sa suite. Seule la coupe est dorée. Un décor de godrons sur la fausse coupe soudée, quelques feuillages sur le nœud et une croix ciselée au trait sur le pied sont les seuls décors de cet élégant calice. L’objet est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 août 2008.
Crédits J.-M. Périn © Inventaire général Languedoc Roussillon
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/10760/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 636k
Titre Fig. 3
Légende Langogne (Lozère), dos d’une chasuble avec fond de drap d’or, lamé or. L’orfroi est en drap d’or broché et liseré, soie, lame or, lame argent, filé or, tissé à disposition. Le pélican mystique orne le centre de la croix formée par l’orfroi. Milieu XIXe siècle. L’ornement est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 23 janvier 2014.
Crédits C. Vanlierde © conseil départemental Lozère
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/docannexe/image/10760/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 629k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle Darnas, « L’inventaire en Lozère : une décentralisation réussie »Patrimoines du Sud [En ligne], 16 | 2022, mis en ligne le 01 septembre 2022, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pds/10760 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pds.10760

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Auteur

Isabelle Darnas

Conservatrice en chef du patrimoine, conseil départemental de la Lozère, conservatrice des antiquités et objets d’art de la Lozère

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Droits d’auteur

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