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Notes
Il est toujours difficile de citer une chanson aussi connue et célèbre que celle de Jean Ferrat, mais elle me vient souvent à l’esprit tant l’historien ne doit pas oublier qu’il est aussi l’acteur d’un présent qui n’accorde pas encore toute leur place aux femmes. C’est sans militantisme, ni irrévérence que nous avons choisi ce couplet, mais nous tenions à le dédier au professeur qui a écrit de si belles pages sur les femmes romaines. C’est aussi au guide et au patient lecteur de nos travaux que nous souhaitons rendre hommage. Qu’il y trouve le fruit de nos conversations fréquentes sur ces femmes et ces hommes d’un autre temps !
Nous employons ici l’adjectif « celtiques » au sens large puisque, comme nous le verrons, une bonne part de nos informations provient de Galatie.
Dans le catalogue de l’exposition « Trésors de femmes » réalisée par le Musée de Bibracte (2006, p. 4), les rédacteurs constataient non sans raison que les textes sont « pratiquement muets sur le sujet ». Récemment, Sarah Rey a souligné les mêmes difficultés à partir d’un extrait d’Ammien Marcellin, où « ces Gauloises dépaysantes », dit-elle, « acquièrent une présence forte mais muette » (2011, p. 159).
Sur l’histoire des femmes, il serait difficile de donner une bibliographie vraiment exhaustive : pour une sélection d’ouvrages, voir Boehringer et Sebillotte-Cuchet, 2011, p. 189-192. Les femmes « barbares », à l’exclusion notable des Amazones, ont pour l’instant assez peu intéressé les historiens.
Sur le statut de l’anecdote dans les œuvres littéraires antiques, en particulier celles de Plutarque : Schmitt-Pantel, 2009a, p. 180-196.
Par souci de cohérence, nous avons délibérément choisi de ne pas prendre en compte le témoignage de César dans la mesure où il fait mention des femmes de façon factuelle, ou pour évoquer les mœurs et autres coutumes prêtés aux Celtes, sujet qui mériterait à lui seul une nouvelle étude. De la même manière nous avons écarté l’histoire de Boudicca qui est souvent prise comme exemple par les historiens anglo-saxons, mais qui ne peut servir, selon nous, de point de référence unique pour la période considérée.
Ce recueil qui fait partie des Œuvres morales fut composé par Plutarque vers 110-115 après J.-C., au moment où il était parvenu à réunir toute la documentation nécessaire à la rédaction de ses Vies. Il rassemble 27 histoires mettant en scène des femmes, l’objectif étant pour Plutarque « d’apprendre en quoi se ressemblent et se distinguent le mérite féminin et le mérite masculin » (Œuvres morales, 243B). Que ce soit dans cette œuvre ou encore dans les Vies, le philosophe de Chéronée montre un intérêt original pour les femmes : sur ce point voir entre autres études, Le Corsu, 1981 ; Schmitt-Pantel, 2009b, p. 39-59. Pour un commentaire du traité qui fait toujours référence : Stadter, 1965. Il est à noter que le traité est traduit en français sous le titre de « Conduites méritoires de femmes » par Jacques Boulogne (CUF, 2002) titre auquel Pauline Schmitt-Pantel (2009) préfère dans son article celui de « Vertus de femmes », traduction effectivement plus convaincante.
On peut donc le dater de la fin du ve siècle ou du tout début du ive siècle avant J.-C.
Plutarque, Œuvres morales, 246 B-D (traduction de J. Boulogne, CUF).
Polyen VII, 50. Un rapprochement serait à faire (et à analyser) avec l’intervention des Sabines dans la guerre entre Romulus et leur peuple (Tite-Live I, 13, 1-3 ; Denys d’Halicarnasse, A.R., II, 45-46 et surtout Plutarque, Vie de Romulus, 24).
Les femmes étant « par nature » les garantes de la continuité familiale et communautaire.
Sur ce point : Schmitt-Pantel, 2009b, p. 51.
P. Stadter (1965, p. 56) suggère que l’épisode fait sans doute référence à la traversée par Hannibal du sud de la Gaule et aux relations qu’il avait établies avec les Celtes : voir Tite-Live XXI, 24.
Pour la (ou les) source(s) utilisée(s) par Plutarque, il est difficile de trancher entre Sosylos de Sparte et Silénos de Caléacté, tous deux ayant relaté l’histoire de la seconde guerre punique : Stadter, 1956, p. 56-57 et p. 74-75.
Diodore de Sicile V, 31, 5. Nous remercions notre amie Aude Skalli-Cohen pour ses conseils dans la traduction du passage de Diodore de Sicile.
Diodore de Sicile semble confondre sous le pronom démonstratif (toutois) les druides et les devins.
Sur l’interprétation orphique qui serait suggérée par cet extrait : Brunaux, 2006, p. 191-192.
César, B G, VI, 13, 5.
Strabon IV, 4, 4.
On peut songer en particulier à une source comme l’œuvre de Timée de Tauroménion que Diodore de Sicile a beaucoup utilisée dans sa Bibliothèque Historique.
Ce traité peu connu rassemble des mirabilia selon un genre littéraire qui fut très en vogue dès le iiie siècle avant J.-C. Peu d’éléments permettent d’identifier l’auteur de la notice, même si certains ont pensé à Isigonus de Nicée, auteur que cite Pline l’Ancien à propos des Scythes et des Sauromates (H.N., VII, 2, 4).
Dans la notice précédente il est question des Galates et de leur usage des trompettes.
Rerum Naturalium Scriptores Graeci Minores I (Leipzig 1877) ed. O. Keller, p. 112 n° 48. Sur les têtes coupées, voir infra.
Sur ce point, voir Loman, 2004, p. 50-51. De manière générale, la place des femmes dans la guerre antique reste encore discutée. Comme l’a justement souligné P. Payen (2004, p. 15-41) pour la Grèce ancienne, « la guerre est souvent conduite depuis l’intérieur, là où toutes les forces du dèmos sont requises pour entrer dans la collectivité devenue armée défensive. » (p. 38). Dans le cas des Celtes ou des Galates, c’est la tribu dans son ensemble qui est appelée à participer à la guerre, hommes et femmes indistinctement.
Polyen IV, 6, 17. Sur cet épisode voir Noguera Borel, 2011, p. 197-198.
M. Launey l’avait bien noté dans son étude sur les armées hellénistiques, étude datée de 1949. Selon lui, « le déplacement des Celtes était une véritable migration de tribus, et les hommes en état de porter les armes étaient accompagnés d’un nombre égal ou supérieur de vieillards, de femmes et d’enfants, qui suivaient les combattants dans ces chariots lourds et lents dont les Gaulois ne se séparaient jamais. ». Cette situation favorisa selon lui « la grande fécondité de la race » et, de fait, cela explique pourquoi les « Gaulois » constituèrent « un réservoir humain capable d’alimenter en mercenaires, auxiliaires et alliés tous les princes et dynastes de l’Orient grec » (p. 494).
Gera 1997. Elle date ce traité de la fin du iie siècle ou du début du ier siècle avant J.-C.
Sur Onomaris, les plus anciennes études sont les courtes analyses de G. Dottin et de C. Jullian dans le 8e tome de la Revue des Etudes Antiques (1906). Plus récemment : Gera, 1997, p. 219-224 ; Evans, 1999, p. 27-37 et Tomaschitz, 2002, p. 96-99.
De Mulieribus claris in bello, 14.
Gera, 1997, p. 219.
Selon Dottin, c’est Timée qui aurait pu servir de source à l’auteur anonyme du traité, auteur qu’il identifie à Phlégon de Tralles, affranchi de l’empereur Hadrien ou bien Artémon de Magnésie. C. Jullian rejette cette dernière hypothèse lui préférant Poseidonios d’Apamée ou Phlégon de Tralles, l’un et l’autre ayant écrit sur l’histoire des Scordisques, auquel C. Jullian associe cette histoire. Quant à D. Gera, elle détaille plusieurs hypothèses : Ephore et Timée, ou bien Poseidonios d’Apamée ou Hiéronyme de Cardia. Elle n’écarte pas non plus la possibilité de traditions orales qui auraient servi à l’auteur anonyme. Comme elle le souligne également, la source devait probablement être citée à la fin de l’épisode, et la liste s’interrompant brusquement à l’histoire d’Onomaris, l’auteure suppose que le traité était plus long et qu’il nous est donc parvenu incomplet.
C. Jullian, 1906, p. 124. Voir aussi Evans, 1999, p. 32 et Tomaschitz, 2002, p. 99.
A l’instar de Rhodogune : De Mulieribus claris in bello, 8 ; voir Gera, 1997, p. 12 et 16.
De Mulieribus claris in bello, 13. Sur Artémisia, Sebillotte-Cuchet, 2008, p. 15-33 et 2009, p. 19-32.
Gera, 1997, p. 223.
On ne peut résister à l’envie de citer C. Jullian qui voyait dans cet épisode « la transformation en femme de quelque fétiche, de quelque virago mythique du peuple ou même, plutôt, de sa grande déesse, la Victoire ou la Bellone des Scordisques ». Cette association entre reine et divinité guerrière fonctionne, il est vrai, à l’époque de Boudicca puisque la reine icénienne est associée à la déesse Andraste : voir Green, 1995, p. 31-33. Mais comme le remarque D. Gera (1997, p. 223), aucune des héroïnes dont parle le traité ne dispose de tels pouvoirs.
De ce point de vue, on peut penser qu’elle jouissait de certaines compétences religieuses.
G. Dottin (1906, p. 123) parle d’une forme « un peu défigurée » de – mara. Dans le Dictionnaire (2003), X. Delamarre ne retient pas ce nom mais dans un autre ouvrage, il l’a intégré à la liste des thèmes gaulois sous la racine maro- (2007, p. 226). Il est en réalité très difficile de faire la part entre l’onomastique celtique et thrace comme le montre D. E. Evans (1999, p. 32-34).
On retrouve dans son nom la racine celtique – mara « grande », précédemment évoquée. Xavier Delamarre l’inclut dans son Dictionnaire (2003, p. 217), mais pas dans l’ouvrage sur les Noms de personnes celtiques (2007, p. 226). Sur ce nom, voir aussi P. Freeman (2001, p. 38) : il suggère une comparaison avec le nom gaulois Cimarius. Comme nous le verrons, le nom apparaît dans les versions grecques, mais il est omis dans les versions latines.
Plutarque, Œuvres morales, 258 E-F. Compte tenu de son commentaire, on peut supposer que Polybe a probablement recueilli son témoignage pour l’utiliser dans ses Histoires. Selon P. Stadter (1965, p. 109-110), Polybe aurait pu la rencontrer entre 184, date de la défaite et de la mort d’Ortiagon et 169, terminus ante quem des séjours de l’historien en Asie.
Après la victoire des Romains sur Antiochos à Magnésie (en 190 avant J.-C.), G. Manlius Vulso marche contre les Galates et les vainc au mont Olympe (au nord de Gordion) l’année suivante.
Polybe 21, 38 (traduction D. Roussel, La Pléiade).
Ortiagon est bien le nom du chef des Tolistoboges comme l’atteste une inscription de Telmessos (Clara Rhodos 2, 1932, p. 172-174, n° 3). Sur la racine celtique ortu- « jeune animal » : Delamarre, 2003, p. 243.
Polybe 22, 21.
Pour les historiens modernes, Chiomara et Ortiagon apparaissent aussi comme les représentants d’une aristocratie galate profondément hellénisée : Mitchell, 1993, p. 24.
Sur le viol comme équivalent à la mort des guerriers au combat, voir Payen, 2012, p. 172-176.
Plutarque, Œuvres morales, 258 E-F : Quant à Chiomara, l’épouse d’Ortiagon, il lui arriva d’être faite prisonnière avec le reste des femmes lors de la victoire remportée par les Romains, sous la conduite de Gnaeus, dans une bataille contre les Galates d’Asie. Or l’officier qui s’était emparé d’elle, usant de sa bonne fortune, en soudard, la déshonora. C’était, il est vrai, un homme fruste et sans retenue à l’égard du plaisir aussi bien que de l’argent, mais pourtant c’est son amour de l’argent qui le perdit et, lorsqu’on eut convenu d’une importante quantité d’or en échange de la femme, il l’amena pour la rançonner. Un fleuve servait de ligne de démarcation. Quand les Galates eurent traversé ce dernier pour donner l’or à l’officier et recevoir Chiomara, celle-ci fit de la tête signe à l’un d’eux de frapper le Romain alors qu’il prenait congé d’elle amicalement. Lorsque pour lui obéir il eut coupé la tête du Romain, elle s’en alla après l’avoir ramassée et enveloppée dans les plis de son vêtement. Une fois arrivée devant son mari, elle jeta la tête à ses pieds et, à ses paroles admiratives : « Ma femme, c’est une belle chose que la fidélité ! », elle dit : « Oui, mais c’en est une plus belle qu’il n’y ait en vie qu’un seul homme à s’être uni à moi. » Polybe déclare avoir bavardé avec elle à Sardes et admiré sa noblesse et son intelligence. (traduction J. Bologne, CUF).
Tite-Live, XXXVIII, 24 (traduction de Stéphane Ratti, 1996)
Voir n. 41.
Ratti, 1996, p. 106-124. En s’appuyant sur d’autres récits de viol ou de violence empruntés à l’histoire romaine, l’auteur montre aussi que Tite-Live réussit à donner à cet exemplum « une fonction répressive mais aussi éducative » (p. 128).
Sur les têtes coupées, Arcelin et Brunaux, 2003, p. 245-246 ; Ciesielski et al., 2011, p. 113-121.
Parthénios de Nicée, Passions d’amour, 8. Parthénios connut un destin assez proche de celui de l’historien grec Polybe : fait prisonnier durant la troisième guerre mithridatique, il fut emmené à Rome où il séjourna jusqu’à sa mort, probablement au début du ier s. après J.-C. Son œuvre a bénéficié d’une nouvelle édition (établissement, traduction et commentaire du texte grec) réalisée par l’équipe Lalia de Nice et publiée aux Editions Jérôme Millon en 2008.
Cette anecdote s’inscrit, en effet, dans un contexte bien connu des historiens : les différentes exactions accomplies par les troupes celtiques durant leurs attaques en Thrace puis en Asie mineure. Milet fut la proie d’un raid des « Gaulois » en 277/6 comme en témoigne une épigramme d’Anytè de Mytilène, connue grâce à l’Anthologie Palatine (Fr. 22, Anth. Pal. 7, 492).
Sur cet épisode, voir Loicq-Berger 1984, p. 39-52.
Loicq-Berger 1984, p. 47.
Le poème sur Hérippè s’inspire comme l’indique la manchette qui figure au début du texte de Parthénios, de l’œuvre de l’historien Aristodème de Nysa, contemporain de Parthénios et proche de Poseidonios d’Apamée. Sur ce point, Loicq-Berger 1984, p. 49-51.
Plutarque, Œuvres morales, 257E-258C.
Plutarque, De l’Amour (Amatorius), 22. D’après P. Stadter (1965, p. 105), cette version serait légèrement postérieure à la rédaction des Vertus des femmes, comme le montre le fait que le récit en est sensiblement différent. Le traité De l’Amour date lui aussi de la dernière décade de la vie de Plutarque.
Polyen VIII, 39 : il insiste sur le poids de la culpabilité de Camma à l’égard de son époux : « j’ai pu tirer vengeance de la mort de mon époux, tué injustement à cause de moi ».
Selon P. Statdter (1965, p. 106-107), Plutarque aurait utilisé une (voire plusieurs) source(s) de nature historique qui ont aussi servi à l’élaboration des Vies.
Il s’agit selon toute vraisemblance du père de Déjotaros Philoromaios, ce qui permet de situer cette histoire dans le premier quart du ier siècle avant J.-C.
Dans le traité De l’Amour, Plutarque modifie le discours de Camma : « C’est dans l’attente de ce jour, ô mon époux chéri, que j’ai supporté de vivre séparée de toi dans l’affliction. Maintenant, réjouis-toi et emmène-moi : je t’ai vengé de cet infâme scélérat, dont je suis aussi heureuse de partager la mort que je l’étais de partager ta vie. ». Comme l’a montré F. Frazier (2005, p. 210) l’anecdote est reprise comme exemplum pour « faire voir jusqu’où peut aller l’amour, et percevoir, à travers lui, la présence du divin dans la vie des hommes ».
Le nom pourrait avoir une origine anatolienne : Freeman, 2001, p. 35.
S. Reinach (1895, p. 261-267) avait déjà souligné cet aspect. Plus récemment, S. Mitchell (1993, p. 49) a émis l’idée qu’il s’agissait probablement de la version hellénisée d’un culte voué à une divinité anatolienne, peu de preuves existant d’un culte rendu à Artémis dans la région.
Athénée, Les Deipnosophistes, XIII, 576a (traduction D. Pralon, 1992)
Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue-Pompée, XLIII, 3, 4-13.
Dans son article, D. Pralon (1992, p. 51-56) cherche à rattacher cette tradition au « svayamvara » indo-européen. D’autres analogies ont été faites avec le monde germain : M.J. Enright, 1996, p. 82-83. Peut-être est-ce aussi ce rituel qui est représenté sur la scène figurée de la situle de Vače (Slovénie), où une femme richement parée donne à boire à un homme. Sur une interprétation de cette scène dans le cadre d’un rituel de mariage sacré : Teržan, 2004, p. 226-228 ; Huth, 2012, p. 22-23 (que nous remercions pour son aide).
Rappelons que cette tradition fut probablement élaborée en contexte massaliote, d’où les résonances entre la version d’Aristote (via Athénée) et celle de Trogue-Pompée (via Justin).
Concernant le suicide, autre pratique associée aux Celtes, il a parfois été envisagé comme une mort volontaire au combat aussi bien pour les hommes que pour les femmes : Brunaux, 1996, p. 161-162. Voir aussi les modèles iconographiques connus par la statuaire hellénistique et romaine : Andreae, 1997, p. 61-77.
Plutarque, Œuvres morales, 258D. Sur ce commentaire de Plutarque, voir infra.
Elle était l’épouse de Déjotaros II Philopator, et non celle de Déjotaros I Philoromaios. Sur ce point : Stadter, 1965, p. 106-107. Mitchell (1993, p. 28 n. 8) fait la confusion entre les deux femmes.
Son nom – ainsi que celui de Stratonice – laisse supposer une origine non galate, mais probablement grecque. Comme le note P. Stadter (1965, p. 107), « it is remarkable that Plutarch preserves even the name of the concubine Electra ».
Mitchell, 1993, p. 27-29.
Mitchell, 1993, p. 28 n. 8.
Sur Adobogônia, épouse de Brogitaros, Mitchell, 1993, p. 28 n. 13. Ce nom semble avoir été couramment employé par les familles aristocratiques galates.
Strabon, 13, 4, 3. Sur leur fils, Pseudo-César, Bell. Alex., 78.
Ce dossier complexe serait à reprendre en y adjoignant l’analyse du corpus onomastique galate. Dans la liste des onze noms féminins relevés par P. Freeman (2001, p. 23-64) à partir des sources littéraires et épigraphiques concernant les Galates, on peut dénombrer huit noms qui sont clairement d’origine « celtique » (Adobogiôna, Brogimara, Eponè, Zmertomara) ou adaptés de noms attestés en Gaule (Ardè, Ebourèna, Meliginna, Rossomara). Quant aux trois autres noms, un seul est attesté en contexte galate (Kominka), un autre est à consonance mixte (Chiomara) et un cas est non celtique (Camma). De son côté, S. Mitchell (1993, p. 51 n. 94) précise que ces noms sont présents sur des inscriptions provenant des zones périphériques aux régions où se sont installés les Galates.
Plutarque, Œuvres morales, 259 A-D.
En 86 av. J.-C. Voir la version différente d’Appien, Mithr., 46.
Les manuscrits indiquent comme nom Poredorax, mais pour les linguistes, il doit être corrigé en Eporédorix, nom attesté Chez César (B.G., VII, 38) et dans des inscriptions de Gaule (CIL XIII, 2728 et 2805).
D’Arbois de Jubainville, 1886, p. 144.
Plutarque, Œuvres morales, 258D. Voir Schmitt-Pantel, 2009b, p. 43-47.
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