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I. Religions, rites, symboles

« Ah ! qui dira les torts de l’Égypte… » Lorsque Paul Perdrizet louait les mérites de l’hellénisme à Franz Cumont

“‘Ah ! Who will express Egypt’s wrongs…’. When Paul Perdrizet praised the merits of Hellenism to Franz Cumont”
Daniela Bonanno et Corinne Bonnet
p. 91-100

Résumés

Parmi les pages d’un tirage à part de Franz Cumont conservé à l’Academia Belgica, on a récemment découvert une lettre inédite de Paul Perdrizet (1870-1937), helléniste, archéologue, auteur de nombreuses publication touchant à la Grèce, à l’Anatolie, au Proche-Orient et à l’Égypte sous influence hellénique. Dans cette lettre, Perdrizet exprime de virulentes critiques à l’encontre de la culture égyptienne et à son influence négative sur l’hellénisme d’époque lagide. L’analyse de ce document et du contexte intellectuel dans lequel il s’insère fournit l’occasion de réfléchir sur la perception que Franz Cumont avait de la terre des pharaons et sur sa façon d’interpréter la rencontre entre la culture hellénique et la culture égyptienne à l’époque hellénistique.

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Texte intégral

  • 1 Cumont, 1918.
  • 2 Côte : RC 1919.008. Nous souhaitons exprimer nos plus vifs remerciements à Annalisa D’Atri, stagiai (...)
  • 3 Cf. Payen, 2006.
  • 4 Pailler, 1989 ; Id., 1999.

1Au sortir de la Première guerre mondiale, le 1er juillet 1919, Paul Perdrizet envoie à Franz Cumont une courte lettre récemment découverte dans un tirage à part du savant belge conservé à l’Academia Belgica de Rome. Intitulé « Écrits hermétiques »1, cet article recèle les notes de lecture manuscrites de Cumont et divers ajouts2. L’auteur a inséré parmi les pages de sa prose la lettre de Perdrizet, dans l’idée sans doute d’en tenir compte ultérieurement et de pouvoir la consulter aisément. Rappelons que la même Academia Belgica conserve par ailleurs plus de 12 000 lettres de correspondance passive reçue par Cumont pendant plus de 60 ans, dont 55 missives de Paul Perdrizet étalées entre 1898 et 1937, soit près de quarante ans d’échanges intermittents. De l’année 1919, on connaissait déjà trois lettres ; celle que nous publions est donc la quatrième. Si le contenu de ce document inédit n’a pas une portée exceptionnelle, il retient néanmoins l’attention pour deux raisons : d’une part, à cause de la virulence des critiques qu’exprime Perdrizet à l’égard de la culture égyptienne, au sein d’un vaste corpus épistolaire marqué au sceau de la modération et d’une science fondamentalement sereine ; d’autre part, en raison du thème qui est au cœur du plaidoyer de Perdrizet, à savoir l’« hellénisme », au sens droysénien du terme, c’est-à-dire le rayonnement de la culture grecque dans le bassin oriental de la Méditerranée, sujet de grande importance dans l’œuvre de Cumont3. À celui qui a si bien scruté la « création continuée » des religions orientales4, il nous est agréable de dédier ce modeste commentaire épistolaire sur l’« horreur » qu’inspiraient en 1919 les rives du Nil à un « disciple de l’hellénisme intégral ».

  • 5 Sur sa carrière, voir Picard, 1938 ; Breccia, 1938 ; Jouguet, 1939-40.
  • 6 Daniel Marie Fouquet (1850-1914), physicien et égyptologue français.
  • 7 Breccia, 1938, p. 304.

2Paul Perdrizet (1870-1938), le cadet de Cumont (1868-1947) de deux ans, fut, il est vrai, une personnalité haute en couleurs5. Formé à l’ENS, envoyé ensuite à Rome et Athènes, il s’engagea dans diverses explorations archéologiques entre 1894 et 1899, notamment en Thrace, en Macédoine, en Asie Mineure et à Delphes. Engagé par l’université de Nancy en 1899, il y fit une bonne partie de sa carrière, avant de devenir professeur à Strasbourg après la Grande guerre (en héritant de la chaire qui fut celle d’Adolf Michaelis). Il publia énormément et consacra une partie de ses recherches à l’Égypte lagide dont il étudia les terres-cuites grecques de la collection Fouquet6, en deux volumes, en 1921 ; deux ans plus tôt, en 1919, il avait édité, en collaboration avec G. Lefebvre, les Graffites grecs du Mnemonion d’Abydos. Esprit curieux, auteur prolixe aux multiples facettes, à l’aise dans des documentations variées, de la Grèce à l’Orient, du monde romain au monde chrétien d’Occident et d’Orient, et jusqu’à la Renaissance italienne, passionné d’histoire religieuse et de traditions populaires, mais aussi de littérature et de peinture, archéologue militant, il fut élu Correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1923, puis Membre en 1934. En ces lieux, il croisait probablement le vendredi Franz Cumont et bien d’autres… Son ironie volontiers féroce et ses opinions sans concession, qu’Evaristo Breccia, égyptologue italien, rattache à un amour inconditionnel pour la vérité et au mépris d’une certaine vanité académique, n’ont pas empêché de nombreux savants de se réclamer de son magistère scientifique en France et au-delà7. Protestant, Perdrizet fut emporté en 1938, à l’âge de 68 ans, suite à une longue maladie.

  • 8 L’Academia Belgica conserve 37 publications de Perdrizet issues de la bibliothèque personnelle de F (...)

3Les espaces d’échange intellectuel entre Perdrizet et Cumont sont nombreux et évidents, comme en témoigne leur riche correspondance. Grands voyageurs l’un et l’autre, familiers de la Grèce du nord, de l’Asie Mineure, du Proche-Orient, épigraphistes et historiens des religions, capables d’évoluer dans la longue durée de l’histoire ancienne et au-delà, intéressés par le paganisme et ses résonances chrétiennes, attirés aussi par les marges magiques, mystiques, folkloriques, les deux hommes discutent de nombreux sujets, échangent des informations, des publications8 et des photos, se rencontrent, socialisent, partagent bien des amis communs, bref la complicité et la familiarité sont réelles, qui permettent un style épistolaire spontané, comme dans la lettre inédite de 1919, dont nous proposons à présent la transcription.

  • 9 En haut de la lettre, à gauche, de la main de Franz Cumont, on lit : « Thessalus ».

Nancy, 4 avenue de la Garonne9
1er juillet 1919
Cher monsieur & ami

  • 10 Cf. lettre de Perdrizet du 9 juin 1919 (n° inv. 6303) dans laquelle il demande à Cumont la photogra (...)
  • 11 Sur Jean Capart (1877-1947), voir Mekhitarian, 1985 ; Warmenbol, Bruffaerts, 2012.
  • 12 La liste des publications de Cumont réparties par année, due aux soins d’Annelies Lannoy (Universit (...)
  • 13 Néchepso était un roi fabuleux qui, selon les Égyptien, avait, en compagnie de son confident, le pr (...)
  • 14 Il s’agit de Grenfell, Hunt 1915, n° 1381, p. 221-234 et Schmidt, 1918.
  • 15 Nectanébo II appartenait à la XXXe dynastie et fut le dernier roi indigène à régner sur l’Égypte (3 (...)
  • 16 Dans son livre XVII sur l’Égypte, Strabon (1, 17) parle de la ville de Canope qui se trouve à 125 s (...)
  • 17 Dans la bibliothèque de Cumont léguée à l’Academia Belgica : XL. AA. 298.
  • 18 Cf. les textes nos 24 ; 256 ; 278 ; 354 ; 439 ; 473 ; 591 ; 595 ; 611.
  • 19 Il s’agit de la 2e session du Congrès international d’archéologie classique qui eut lieu au Caire e (...)
  • 20 Parmi les hellénistes présents au Congrès, on mentionnera l’archéologue A.J. Reinach, neveu de S. e (...)

merci de vos précieux renseignements sur Copria & sa stèle10 (je n’ai encore rien reçu de l’ami Capart11) ; merci, aussi, de vos intéressants tirages à part12, que j’ai lu avec l’attention que mérite tout ce qui vient de vous. Je n’ai pas la prétention de les comprendre parfaitement, les éléments de la mathématique me font défaut. Nonobstant, je tiens à vous dire l’intérêt que m’a paru présenter votre article de la Rev. de philologie « Ecrits hermétiques ». Je crois comme vous que dès le temps des Ptolémées la médecine grecque a été corrompue, dénaturée par l’influence des superstitions égyptiennes : elle avait eu Hippocrate trois siècles auparavant, et elle se mettait à l’école abrutissante de Néchepso13. Ah ! qui dira les torts de l’Egypte…
Vous connaissez sans doute le pap. Oxyrhynchus 1381 (Grenfell & Hunt part XI ; cf. Gött. gel. Anz. 1918 p. 11814), consacré à l’une des ἀρεταὶ d’Imouthès, l’Asclépios égyptien de Memphis (censément d’après un ms. égyptien du temps de Nectanébo15). Cette histoire vaseuse de miracle donne une idée de la littérature spéciale dans laquelle des λόγιοι alexandrins racontaient – tels aujourd’hui les médecins bien pensants qui relatent des miracles de Lourdes – les θεραπεῖαι des ἀρεταὶ de Sarapis (Strabon XVII, 1.17)16. Dans les Graffites grecs du Memnonion d’Abydos, qui vont bientôt paraître17, vous ne trouverez pas moins de neuf proscynèmes de ἰατροί grecs18. Ces imbéciles allaient en Abydos, parce qu’ils croyaient que Sarapis et que Bès y opéraient des cures < rature > Les idiots !
J’ai assisté, en 1909, au Congrès d’archéologie classique, au Caire19. J’enrageais de constater qu’aucun des hellénistes qui étaient rassemblés à cette occasion sur la terre d’Egypte20 n’eût l’idée de discriminer entre l’Hellénisme & l’Egypte : un disciple de l’hellénisme intégral ne doit approcher les superstitions égyptiennes qu’avec une sorte d’horreur. Ce n’est pas des égyptologues qu’il faut attendre le jugement parfait & profond que l’histoire doit rendre sur l’Egypte : c’est à nous autres que cela revient.

Votre bien affectionné & dévoué
Paul Perdrizet

  • 21 Nock, Festugière (éd.), 1946-1954 ; Festugière, 1949-1954 ; Ramelli (éd.), 2005 ; Scarpi (éd.), 200 (...)
  • 22 Ière éd. 1900 ; IIe 1902 ; IIIe 1913 en français ; 1903 en allemand rééditée en 1911 ; 1903 en angl (...)
  • 23 En douze volumes dont le dernier sera publié en 1936.

4Pour appréhender la portée des affirmations de Perdrizet, il importe de comprendre d’où elles naissent, à savoir de la lecture de l’article de Cumont sur les écrits hermétiques. De quoi y était-il question au juste ? L’article du savant belge se propose d’analyser les écrits d’astrologie et de médecine astrale qui se réclament de l’autorité vénérable d’Hermès Trismégiste. Sous ce nom, les Grecs désignaient le dieu égyptien Thôt auquel le clergé de la vallée du Nil attribuait la révélation de la science astrologique21. C’est par Mithra que Cumont était arrivé à l’astrologie. Les représentations du zodiaque dans les images du culte mithriaque l’avaient conduit à s’interroger sur les croyances des Anciens touchant à l’influence des astres sur la vie humaine. Après la publication du grand corpus rassemblant les Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, paru à Bruxelles, entre 1894 et 1899, et sa synthèse intitulée Les mystères de Mithra, publiée en 1900 et rééditée à maintes reprises en plusieurs langues22, l’intérêt que Cumont portait à l’astrologie s’était concrétisé dans le lancement d’un grand projet scientifique international : l’édition à plusieurs mains d’un Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum, dont le premier tome parut dès 189823.

  • 24 Cumont, 20065, p. 253.
  • 25 Cumont, 1912, P. XV.
  • 26 Cumont, 1912, P. XIX.

5À l’astrologie et à la magie, Cumont consacra, quelques années plus tard, le VIIe chapitre de son célèbre livre sur Les Religions orientales dans le paganisme romain, en partant du constat que celles-ci jouissaient, dans le monde romain, d’une « autorité souveraine »24, qui avait survécu même à la défaite du paganisme et qu’il faillait dès lors soumettre à une enquête. En 1911, face à un public de spécialistes américains, Franz Cumont salua avec satisfaction le renouveau d’intérêt pour les manuscrits grecs astrologiques25. Il souligna l’urgence qu’il y avait alors à étudier l’histoire de l’astrologie et ses connections avec les mathématiques, la médecine, la botanique, la cosmologie, pour comprendre de quelle manière cette pseudo-science avait pu se développer et fleurir pendant des siècles au point de devenir une sorte de credo, qu’il qualifiait néanmoins d’absurde26. Suivant un schéma diffusionniste, typique de son approche scientifique, Cumont situait en Babylonie, la terre des Chaldéens, le berceau d’origine de l’astrologie qui, depuis la vallée de l’Euphrate, s’était diffusée en Égypte, en Syrie et dans le monde romain. À l’époque perse, suite à la diaspora des « mages chaldéens », l’astrologie commença à être cultivée sur les rives du Nil, mais l’orgueil des prêtres égyptiens, relayé à l’époque hellénistique par les intellectuels alexandrins, s’accommodait mal de l’idée que l’invention de cette science divine fût imputable à un clergé étranger. C’est pour cette raison qu’au cours du iie siècle av. J.-C., dans l’Alexandrie des Lagides, des traités astrologiques en langue grecque furent composés, qui passaient pour être la traduction des livres sacrés révélés au roi fabuleux Néchepso et à son adjuvant le prêtre Pétosiris, soit par le dieu Asclépios, soit par Hermés Trismégiste. Il s’agissait par ce biais de construire l’autorité d’une astrologie gréco-égyptienne.

  • 27 Cumont 1918, p. 63.

6Dans son article de 1918, qui est à l’origine du commentaire épistolaire de Perdrizet, Cumont défend l’idée que les textes astronomiques et médicaux de la littérature hermétique n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent, dans la mesure où les études les plus récentes (à son époque) ont privilégié les passages théologiques et mystiques, et délaissé les aspects « scientifiques »27. Cumont entreprend donc de combler ce vide en examinant un opuscule attribué à Hermès Trismégiste et intitulé « Sur l’appellation et la puissance des douze lieux ». Dans la première section de son article, il examine le texte sur un plan philologique et en conclut que la partie astrologique de cette littérature hermétique remonte à l’époque des Ptolémées. Après quoi, il examine la doctrine contenue dans l’opuscule et confirme le fait qu’elle tire son inspiration des cultes gréco-égyptiens pratiqués à l’époque lagide. Dans la seconde partie de son enquête, Cumont se penche sur une épître inédite en langue grecque adressée à un empereur romain. L’auteur de la lettre raconte que, se trouvant à Alexandrie pour étudier la médecine, il trouva dans une bibliothèque un livre du roi égyptien Néchepso, où l’on indiquait les cures à faire pour chaque espèce de maladies au moyen de plantes et de pierres liées aux signes du zodiaque. L’application de ces remèdes déboucha cependant sur un misérable échec. Désespéré, l’aspirant docteur se rendit à Diospolis, en Haute-Égypte, où il obtint qu’un prêtre fît apparaître pour lui Asclépios, qui lui révéla que Néchepso ignorait en fait les lieux et les moments où il faillait recueillir les plantes médicinales.

  • 28 Parmi les pages de ce travail de Cumont, on a retrouvé deux autres lettres : l’une de Salomon Reina (...)
  • 29 Sur Thessalos de Tralles, voir aussi Festugière, 1939.
  • 30 Cumont, 1918, p. 103.
  • 31 Pour une lecture de l’épisode de Thessalos comme exemple paradigmatique des interactions entre cult (...)

7Cette lettre, rappelle Cumont, avait été éditée, pour la première fois, en 1878 par l’helléniste Charles Graux d’après un manuscrit conservé à Madrid et attribuée à un certain Harpocration (du iie ou du ive siècle apr. J.-C.). Elle constituait l’introduction à un petit traité, malheureusement incomplet, qui parlait des effets bienfaisants des plantes astrales et des remèdes que l’on peut en tirer28. Le deuxième éditeur du texte, Pierre Boudreaux, compléta l’édition de Graux par le biais de copies issues d’autres manuscrits, dans lesquels le titre et le début de la lettre étaient remplacés par le nom d’Hermès Trismégiste. Grâce à l’apport d’un témoignage d’époque byzantine et à la comparaison avec un manuscrit conservé à Montpellier, qui contenait la traduction latine de l’épître introduisant les douze paragraphes sur les plantes du zodiaque, ainsi que la première série de paragraphes sur les plantes des planètes, Cumont parvient finalement à identifier l’auteur de la lettre comme étant le médecin Thessalos de Tralles, en Asie Mineure, célèbre à Rome à l’époque de Néron29. Le livre de Néchepso, que Thessalos avait dû trouver dans la bibliothèque d’Alexandrie, datait, selon Cumont, comme les Astrologoumena attribués au roi égyptien, du iie siècle av. J.-C., donc effectivement de l’époque ptolémaïque. Le contenu de celui-ci peut être reconstruit sur la base de la comparaison avec le Livre Sacré d’Hermès Trismégiste30 qui enregistre des recettes semblables. La conclusion de Cumont est que la source de son traité est très vraisemblablement de provenance égyptienne et hermétique ; elle appartenait à la littérature médicale transmise par le clergé indigène, où approche empirique et recettes locales se mêlaient à l’astrologie et à la magie. Cette littérature fut rédigée en grec lorsque les sujets hellénisés des Ptolémées commencèrent à s’intéresser aux livres sacrés de l’Égypte31.

  • 32 Cf. Perrin, 1957.
  • 33 Jouguet, 1939-1940, p. 6.

8C’est précisément la seconde partie de l’article de Cumont qui retient l’attention de Perdrizet dans la lettre dont la teneur caustique n’échappe à personne. À cette époque, en effet, l’archéologue de l’université de Strasbourg a en chantier deux livres qui traitent de l’Égypte : Les graffites grecs du Mnemonion d’Abydos (paru précisément en 1919), en coopération avec l’égyptologue Gustave Lefebvre (1879-1957)32, ancien membre de l’École française d’Athènes (1901-1904) et conservateur du Musée du Caire (1919-1928), et Les terres cuites grecques d’Égypte de la collection Fouquet, qui paraîtra en 1921. Dans les deux cas, il s’agit de projets qui trouvent leur origine dans les contacts établis par Perdrizet lors du Congrès du Caire de 1909, dont il parle dans la lettre à Cumont, mais qui avaient été ralentis par le déclanchement de la Première guerre mondiale. La collaboration avec G. Lefebvre remonte en effet à 1909 ; en observant autoptiquement les graffites du Mnemonion d’Abydos, qui avaient été partiellement publiés, les deux savants français avaient pris conscience de la nécessité de proposer une nouvelle édition plus fiable. Perdrizet avait alors déjà beaucoup voyagé en Grèce et en Orient ; il avait participé aux fouilles de Delphes avec Th. Homolle ; il avait sillonné la Macédoine, la Thrace et l’Asie Mineure. Il avait étudié les Cultes et mythes du Pangée, monographie parue en 1910. Sa curiosité allait même le conduire en Syrie. Bref, il avait cherché les Grecs en Grèce et hors de Grèce. Comme le dit bien P. Jouguet dans son éloge funèbre : « Il sentait que, pour comprendre l’hellénisme, il faillait franchir les frontières de la Grèce »33.

  • 34 Ce Congrès a été organisé et présidé par G. Maspéro. Il a attiré près de 600 participants, dont 200 (...)
  • 35 Babelon, 1909, p. 357.
  • 36 Ibidem, p. 358.
  • 37 Cf. le programme du Congrès dans Babelon, 1909, p. 359-362.
  • 38 Perdrizet, 1919, P. XVI.
  • 39 Ibidem, P. I.

9Lorsqu’il écrit à Cumont, en 1919, Perdrizet sait qu’il partage avec son collègue belge un intérêt prononcé pour l’Égypte comme terrain d’investigation. Mais le regard que portent les deux savants sur la terre des pharaons n’est pas du tout le même. Perdrizet s’efforce de trouver la Grèce en Égypte et d’y découvrir les traces de l’hellénisme. C’était aussi, du reste, la perspective des organisateurs du Congrès d’archéologie classique du Caire, en 190934, perspective qui correspondait à l’esprit de l’époque. Dans son allocution inaugurale, en effet, Ernest Babelon (1854-1924), numismate et membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, précise : « Ce n’est pourtant pas l’Égypte égyptisante que nous sommes venus admirer et glorifier, comme l’a fait, à la suite de l’expédition de Bonaparte, le xixe siècle tout entier. Nous sommes venus pour contempler […] la parure classique de littérature, de poésie et d’art dont les Grecs et les Romains avaient orné la vallée du Nil et que celle-ci a précieusement gardée, comme l’aïeule conserve avec tendresse les cadeaux de ses petits-enfants »35. En ce début de xxe siècle, l’Égypte, était donc vue comme l’écrin de textes grecs et latins qui restaient à découvrir. Faisant écho à l’affirmation de Th. Mommsen selon lequel le xxe siècle serait « le siècle de la papyrologie, comme le xixe a été celui de l’épigraphie monumentale et de l’archéologie figurée »36, Babelon soulignait pourtant le fait que l’attention restait toujours tournée vers la Grèce et vers Athènes définie comme « l’apogée de l’art et de la raison humaine ». En dépit de cette rhétorique très hellénocentrique, Perdrizet, en écrivant à Cumont, se montre déçu de la tournure prise par le Congrès, dont la plupart des exposés étaient centrés davantage sur l’Égypte que sur la Grèce et Rome37. Or, pour Perdrizet, l’Égypte, c’est avant tout la terre où la culture grecque s’est trouvée contaminée. Dans l’introduction aux Graffites grecs du Mnemonion d’Abydos, il reprend presque mot à mot le contenu de la lettre adressée à Cumont, soulignant le caractère funeste de la rencontre entre la culture grecque et le monde égyptien : « La médecine grecque, au contact des superstitions égyptiennes, s’était pervertie : elle oubliait le rationalisme d’Hippocrate pour les absurdités de Néchepso et d’Hermès Trismégiste : ah ! qui dirait les torts de l’Égypte et les maladies qu’elle a passées à l’Hellénisme »38. La Grèce, donc, terre de rationalité, avait été contaminée par les cultes indigènes de l’Égypte, avec lesquels les immigrés étaient entrés en contact, des cultes qu’il qualifie de superstitieux et de corrupteurs. Ici, le contact entre les deux cultures, présentées comme antagonistes, est lu au miroir du « choc des civilisations », selon une vision manichéenne, de la même façon que Perdrizet interprétait la guerre de Troie comme un « duel gigantesque » qui avait mis l’une contre l’autre « Hellade et Barbarie »39.

  • 40 Cf. Bonnet, Van Haeperen, 2006, p. XXX-XLIV.
  • 41 Cumont, 20065, p. 119.
  • 42 Ibidem, p. 120.
  • 43 Ibidem, p. 23.
  • 44 Ibidem, 118.

10Une position si tranchée ne correspond pas à la vision plus nuancée et ambivalente de l’« Orient » qu’a développée Franz Cumont à travers toute sa production scientifique40. Dans le chapitre consacré à l’Égypte, le quatrième des Religions orientales, il souligne les « sentiments opposés » qui traversent la littérature gréco-latine concernant la religion égyptienne : admiration, mystère, source pure, gigantisme, mais aussi grossièreté, absurdité, superstitions, archaïsme. Et il conclut sur le caractère « bizarre » du peuple égyptien pour lequel « les Occidentaux ont eu le même […] à peu près genre de considération que les Européens gardèrent longtemps pour les Chinois »41. Cela ne l’empêche donc nullement de s’arrêter sur la rencontre heureuse entre l’hellénisme et l’antique culture de la Vallée du Nil, mixité qui est le fruit du génie politique des Ptolémées, lesquels avaient fait de la religion égyptienne la plus civilisée de toutes les religions barbares : « elle conserva assez d’exotisme pour piquer la curiosité des Grecs, pas assez pour blesser leur sens délicat de la mesure »42. L’Égypte cesse ainsi d’être la terre de corruption et de perversion de la culture grecque, mais se voit plutôt fécondée par la Grèce, à laquelle revient « le rôle du démiurge, qui avec une matière préexistante, crée des êtres vivants »43. Dans la terre des pharaons, les Ptolémées étaient, en effet, parvenus à sélectionner et à adapter les cultes indigènes qui correspondaient le mieux à la façon de sentir et de penser de l’hellénisme, donnant ainsi naissance à une religion originale de type syncrétiste. Si les esprits célestes ou infernaux qu’on vénérait en Égypte restèrent étrangers aux Grecs, en revanche Grecs et indigènes partagèrent le culte mixte de Sérapis-Osiris44.

  • 45 Cf. à ce propos Cumont, 1937, p. 72.

11Cumont posait donc sur l’Égypte un regard sensiblement différent de celui, monochrome, de Perdrizet. On ne s’étonnera pas de le voir faire un usage presque inexistant des déclarations de son estimé collègue. Il se limite à insérer, parmi les pages du tirage à part des Écrits hermétiques, outre la lettre ici publiée, un billet manuscrit comprenant une note synthétique sur le récit conservé dans le P. Oxy. XI 1381. Il reviendra plus tard sur ces questions, en 1937, dans L’Égypte des astrologues, où il confirmera à nouveau l’apport des doctrines grecques aux connaissances de la vielle Égypte en ces matières. Il en vient même à souhaiter que les disciples d’Hippocrate, à savoir les historiens de la médecine45, puissent mener une enquête sur les modifications que les traitements médicaux égyptiens ont subies suite à la rencontre avec les doctrines pathologiques des Grecs. À distance de près de vingt ans, F. Cumont ne décrit toujours pas une Égypte corruptrice, mais plutôt un hellénisme capable d’apporter progressivement une contribution vivifiante au développement de l’Égypte. Point d’horreur, donc, ni de torts, mais une dynamique interculturelle complexe qui donne certes le beau rôle à la Grèce, mais ne disqualifie pas pour autant l’Égypte. Cumont et Perdrizet, chacun à leur façon, participent néanmoins d’une matrice historiographique commune chez les antiquisants du début du xxe siècle, qui, dans le sillage de Droysen et Hegel, attribuaient à l’hellénisme (Hellenismus) un rôle moteur, déterminant et décisif, dans le développement de ce que l’on appelait alors l’Occident.

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Bibliographie

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PALLAS, 90, 2012, pp. -111

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Notes

1 Cumont, 1918.

2 Côte : RC 1919.008. Nous souhaitons exprimer nos plus vifs remerciements à Annalisa D’Atri, stagiaire de l’Academia Belgica à Rome, qui a retrouvé cette lettre ; à Charles Bossu, responsable des activités culturelles de l’Academia pour sa disponibilité et son aide pratique, ainsi qu’à Walter Geerts, Directeur émérite de la même institution, qui nous permis de publier ce document. Nos remerciements vont aussi à Philippe Matthey, de l’université de Genève, pour nous avoir orientées concernant son cher Nectanébo.

3 Cf. Payen, 2006.

4 Pailler, 1989 ; Id., 1999.

5 Sur sa carrière, voir Picard, 1938 ; Breccia, 1938 ; Jouguet, 1939-40.

6 Daniel Marie Fouquet (1850-1914), physicien et égyptologue français.

7 Breccia, 1938, p. 304.

8 L’Academia Belgica conserve 37 publications de Perdrizet issues de la bibliothèque personnelle de Franz Cumont.

9 En haut de la lettre, à gauche, de la main de Franz Cumont, on lit : « Thessalus ».

10 Cf. lettre de Perdrizet du 9 juin 1919 (n° inv. 6303) dans laquelle il demande à Cumont la photographie de la pièce n° 74 de la 2e édition du Catalogue des sculptures & inscriptions antiques (monuments lapidaires) des Musées Royaux du Cinquantenaire (1913). Il estime que le personnage représenté sur la stèle inscrite est un jeune homme, et pas une jeune femme comme le pensait Cumont et que Copria est le nom de la défunte. Ce nom était souvent porté par des esclaves ou des affranchies. Perdrizet cite à ce propos, dans la lettre, une inscription qu’il avait publiée dans ses « Notes d’épigraphie (Salonique, Amphissa, Delphes, Athènes) », Bulletin de Correspondance Hellénique 23 (1899), 340-352, consultable en ligne : http://0-dx-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3406/bch.1899.3451. Perdrizet reviendra sur cette question dans un autre article en 1921, en écartant l’hypothèse de l’origine géographique de cet anthroponyme, avancée par F. Cumont. Cf. Perdrizet, 1921.

11 Sur Jean Capart (1877-1947), voir Mekhitarian, 1985 ; Warmenbol, Bruffaerts, 2012.

12 La liste des publications de Cumont réparties par année, due aux soins d’Annelies Lannoy (Universiteit Ghent), est consultable en ligne : http://www.cumont.ugent.be/en/bibliography.

13 Néchepso était un roi fabuleux qui, selon les Égyptien, avait, en compagnie de son confident, le prêtre Pétosiris, reçu, directement d’Asclépios ou par l’intermédiaire d’Hermès Trismégiste, l’enseignement de l’astrologie. Cf. Bonnet, 1952, p. 751 ; cf. infra, 88.

14 Il s’agit de Grenfell, Hunt 1915, n° 1381, p. 221-234 et Schmidt, 1918.

15 Nectanébo II appartenait à la XXXe dynastie et fut le dernier roi indigène à régner sur l’Égypte (379-360 av. J.-C.). Le P. Oxy XI, 1381 raconte des épisodes de guérison miraculeuse advenus dans le sanctuaire d’Asclépios. Cf., à ce propos, Naether, Thissen, 2012. Sur Nectanébo, cf. dernièrement Matthey, 2011.

16 Dans son livre XVII sur l’Égypte, Strabon (1, 17) parle de la ville de Canope qui se trouve à 125 stades d’Alexandrie. Cette ville avait comme monument principal le temple de Sérapis qui était objet de grande vénération en raison des vertus thérapeutiques des rites qui y étaient pratiqués. Selon Strabon, des hommes très instruits étaient enclins à y prêter foi et incitaient les personnes à y pratiquer des rites incubatoires à leur profit. La polémique de Perdrizet est donc tournée vers ces hommes très instruits (ἐλλογιμτατοι ἄνδρες) dont parle Strabon, qui étaient, à son avis, « non pas des Égyptiens, des indigènes, mais des Grecs d’Alexandrie [qui] croyaient fermement aux cures merveilleuses accomplies par Sarapis ». Cf. Perdrizet, Lefebvre, 1919, P. XVI.

17 Dans la bibliothèque de Cumont léguée à l’Academia Belgica : XL. AA. 298.

18 Cf. les textes nos 24 ; 256 ; 278 ; 354 ; 439 ; 473 ; 591 ; 595 ; 611.

19 Il s’agit de la 2e session du Congrès international d’archéologie classique qui eut lieu au Caire en avril 1909. Perdrizet participa à la session de « Numismatique et géographie », avec un exposé dont le titre était : « Le fragment de Satyros sur les nomes d’Alexandrie ». Un compte rendu du Congrès a été publié par le numismate Ernest Babelon, 1909.

20 Parmi les hellénistes présents au Congrès, on mentionnera l’archéologue A.J. Reinach, neveu de S. et Th. Reinach, lui aussi présent, G. Glotz de Paris, F. Dürrbach de Toulouse, P. Jouguet de Lille, Th. Schreiber de Leipzig, G. Radet de Bordeaux, et bien d’autres encore. Il est difficile de savoir qui en particulier vise Perdrizet. On pourrait supposer qu’il se réfère précisément à A. Reinach qui avait présenté un exposé sur les « Galates en Égypte » et dont, dans l’introduction aux Graffites grecs du Mnemonion d’Abydos, P. X, Perdrizet réfutait l’hypothèse d’une présence galate à Abydos sur la base des graffites. Perdrizet soutenait en effet que les Galates dont les murs du sanctuaire avaient gardé la mémoire étaient plutôt des soldats grecs appelés « Galates » du nom de leur régiment. Sur S. Reinach et T. Reinach et leur correspondance avec Cumont, cf. Bonnet, 1997, p. 410-413.

21 Nock, Festugière (éd.), 1946-1954 ; Festugière, 1949-1954 ; Ramelli (éd.), 2005 ; Scarpi (éd.), 2009-2011.

22 Ière éd. 1900 ; IIe 1902 ; IIIe 1913 en français ; 1903 en allemand rééditée en 1911 ; 1903 en anglais réimprimée en 1956. Sur la genèse de l’ouvrage, sur ses rééditions et son influence sur les travaux successifs de F. Cumont, cf. Belayche, sous presse, P. XIII-LXIII.

23 En douze volumes dont le dernier sera publié en 1936.

24 Cumont, 20065, p. 253.

25 Cumont, 1912, P. XV.

26 Cumont, 1912, P. XIX.

27 Cumont 1918, p. 63.

28 Parmi les pages de ce travail de Cumont, on a retrouvé deux autres lettres : l’une de Salomon Reinach (cf. supra, n. 20) qui lui suggère une comparaison entre l’incipit de l’épître et le début de l’évangile de Luc, médecin lui aussi, l’autre d’August Pelzer, collaborateur dans l’étude des manuscrits alchimiques, qui lui fournit des informations sur des catalogues de manuscrits, dans lesquels il aurait retrouvé le Tractatus de septem herbis septem planetis attributis.

29 Sur Thessalos de Tralles, voir aussi Festugière, 1939.

30 Cumont, 1918, p. 103.

31 Pour une lecture de l’épisode de Thessalos comme exemple paradigmatique des interactions entre culture égyptienne, hellénisme et empire romain, voir récemment Moyer, 2011, p. 208 et ss.

32 Cf. Perrin, 1957.

33 Jouguet, 1939-1940, p. 6.

34 Ce Congrès a été organisé et présidé par G. Maspéro. Il a attiré près de 600 participants, dont 200 Français.

35 Babelon, 1909, p. 357.

36 Ibidem, p. 358.

37 Cf. le programme du Congrès dans Babelon, 1909, p. 359-362.

38 Perdrizet, 1919, P. XVI.

39 Ibidem, P. I.

40 Cf. Bonnet, Van Haeperen, 2006, p. XXX-XLIV.

41 Cumont, 20065, p. 119.

42 Ibidem, p. 120.

43 Ibidem, p. 23.

44 Ibidem, 118.

45 Cf. à ce propos Cumont, 1937, p. 72.

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Pour citer cet article

Référence papier

Daniela Bonanno et Corinne Bonnet, « « Ah ! qui dira les torts de l’Égypte… » Lorsque Paul Perdrizet louait les mérites de l’hellénisme à Franz Cumont »Pallas, 90 | 2013, 91-100.

Référence électronique

Daniela Bonanno et Corinne Bonnet, « « Ah ! qui dira les torts de l’Égypte… » Lorsque Paul Perdrizet louait les mérites de l’hellénisme à Franz Cumont »Pallas [En ligne], 90 | 2013, mis en ligne le 07 mars 2014, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/571 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pallas.571

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Auteurs

Daniela Bonanno

Università degli studi di Palermo
daniela_bonanno@hotmail.com

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Corinne Bonnet

Professeure d’histoire grecque
Université de Toulouse II-Le Mirail
PLH-Erasme
IUF
cbonnet@univ-tlse2.fr

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