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Associations chromatiques entre ingrédients et problèmes de santé dans la thérapie mésopotamienne : laine rouge, plante blanche et réglisse

Red Wool, White Plants and liquorice. Chromatics Associations between Ingredients and Health Problems in the Mesopotamian Therapy
Francesca Minen
p. 37-54

Résumés

La médecine mésopotamienne offre un riche ensemble de données au sujet de la couleur. Celle-ci précisée est non seulement dans le diagnostic, mais aussi dans la thérapie. Cette contribution aborde la question des associations chromatiques entre matière thérapeutique et symptomatologies, en dépit des problèmes méthodologiques liés à ce domaine. Cette contribution présente un choix des problèmes de santé caractérisés par une « coloration » évidente : d’un côté, les fluides corporels, comme le sang et le pus ; de l’autre, des affections cutanées, dont les sources cunéiformes nous ont livré des descriptions. Les résultats révèlent des croyances partagées sur les couleurs de certains ingrédients, mais aussi des principes de chromo-analogie, similia similibus curantur et leurs contraires.

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Texte intégral

1. L’observation de la couleur dans la médecine cunéiforme

  • 1 Landsberger, 1967, en part. p. 142-143 et n. 19. Plus récemment, le sujet de la couleur a été anal (...)
  • 2 La section analysée par B. Landsberger correspond à Sakikkû 9, l. 3-29 ; après l’editio princeps d (...)
  • 3 Sur les couleurs en Sakikkû, voir Heessel, 2004a, en part. p. 104. Sur le manuel en général, id., (...)
  • 4 Cf. Minen, 2018a, p. 280-284.

1Le corpus médical mésopotamien, sur documents d’argile rédigés en caractères cunéiformes, nous livre plusieurs données pertinentes sur la couleur. Toutefois, leur interprétation a été envisagée de manière limitée. Par exemple, B. Landsberger, dans son étude fondamentale sur la couleur dans les textes sumériens et akkadiens, a reconnu, au sein des présages diagnostiques, la présence d’une série de quatre couleurs (blanc, noir, rouge, jaune-vert). Il a fait valoir que ces notations représentaient des notions purement théoriques, associées à des valeurs pronostiques normalisées et comparables à celles plus courantes de la divination, étaient sans aucun rapport avec les observations réelles dans le domaine médical1. Ces conclusions, remarquons-le, sont fondées uniquement sur un bref passage tiré de la deuxième sous-série de Sakikkû, un manuel diagnostique : cette dernière forme un ensemble de douze tablettes où sont présentés, sous forme de liste a capite ad calcem, les symptômes observés sur le corps des patients (Sakikkû 3-14)2. En fait, N.P. Heessel a souligné la présence d’une série qui comprend aussi les couleurs « foncée » et « rouge-foncée », toujours associées aux valeurs pronostiques standardisées3. Cependant, ces conclusions sont partiales si on examine plus attentivement toutes les séries chromatiques du Sakikkû et les différentes valeurs pronostiques qui leur sont associées. Même s’il y a des passages rappelant clairement la divination et des pronostics récurrents associés à certaines couleurs, il n’est pas possible de trouver un motif constant dans toutes les sections, étant donné que les symptômes et leur portée pronostique varient selon la partie du corps concernée et selon d’autres facteurs aussi. En réalité, ces notations de la couleur dans les textes diagnostiques assyro-babyloniens reflètent bien des observations scientifiques authentiques4.

  • 5 À propos du terme šiknu, voir Geller, 2010, p. 19-20. Sur les textes šikinšu, cf. Attinger, 2008, (...)
  • 6 Böck, 2014, p. 51-54 ; Minen, 2018a, p. 181-248.
  • 7 Robson, 2008, p. 461 ; Geller, 2010, p. 41 ; Heessel, 2004b, p. 6.
  • 8 Minen, 2020, p. 124-125.

2D’autres caractéristiques liées à la couleur au sein des sources médicales le confirment. Si les notations concernant les symptômes de maladies de telle ou telle partie du corps dans la deuxième sous-série du Sakikkû ne sont pas assez précises pour nous permettre de comprendre parfaitement la nature des questions de santé qui y sont traitées, dans le chapitre 33 du manuel, qui concerne la typologie šikinšu (« sa nature / son aspect extérieur »)5, sont réunies des descriptions symptomatologiques. Elles sont associées aux noms des maladies et, dans la majorité des cas, il s’agit d’affections dermatologiques6. Les médecins de la Mésopotamie ancienne nous proposent les descriptions de plusieurs symptômes, soit simples soit complexes. L’opportunité et l’utilité d’identifier dans ces descriptions anciennes des maladies actuelles ont été longuement discutées par les Assyriologues au cours des dernières années7. Ce qui reste, somme toute, utile et pertinent, c’est l’identification, à partir de ces sources, des critères d’observation les plus importants pour les médecins assyro-babyloniens8. Parmi ces descriptions, la notation de la couleur représente un facteur d’individualisation nécessaire pour distinguer une affection dermatologique d’une autre ; la couleur a une utilité pratique.

  • 9 Tell Meskene, Syrie, xiiie et xiie siècles av. J.-C.

3La couleur a le même rôle pratique dans la thérapie, où les médecins mettent en valeur une succession des traitements associée à la progression des symptômes. Le passage suivant, tiré d’un texte d’Emar9, nous donne un exemple significatif de l’observation des changements chromatiques des éruptions cutanées développée dans un but thérapeutique :

  • 10 Cf. Tsukimoto, 1999, p. 194 et 196-197 : 72Ú.MEŠ ša ep-qa-an-ni ina PA ša GIŠPÈŠ i-maḫ-ḫa-aṣ-ma ˹G (...)

« (l. 72-73) Plantes pour une personne atteinte d’epqēnu : il frappe (les plaies) avec une branche de figue, il écrase (ensemble) les figues et les raisins, puis panse (les lésions avec cet ensemble). Le deuxième jour et la nuit, il les libère (du bandage). (l. 74-79a) Si elles sont toujours blanches, il les panse (encore) et les libère (du bandage) le troisième jour. Que la blancheur ait disparu ou que la blancheur ne soit pas encore estompée, il les écrase avec un couteau d’obsidienne, puis il broie ensemble de l’alun, de l’argile kalgukku, du minéral lurpānu et du uḫḫūlu avec du vinaigre. Il panse (l’ensemble) à plusieurs reprises (sur le patient) pendant sept jours. Il libère (les lésions du bandage) pendant deux nuits et (les) panse le deuxième jour. Il les libère (du bandage) pendant deux nuits et (les) panse le deuxième jour. (l. 79b-81) Si la superficie de ses lésions est uniforme et rouge, il écrase ensemble du grain šigūšu ‘cassé’ et de la plante šarmidu, il frotte (ce remède sur les lésions) et (le patient) guérira (...)10. »

4La prescription invite le médecin à vérifier l’apparition des lésions cutanées au cours du traitement, en particulier la qualité de leur couleur : une blancheur le deuxième jour est le signe qui détermine l’application ou non d’un autre pansement (l. 74-79a) ; puis le médecin peut procéder à d’autres traitements jusqu’à ce que les lésions deviennent rouges et uniformes (l. 79b-81).

2. Associations chromatiques entre ingrédients et problèmes de santé dans la thérapie mésopotamienne : difficultés méthodologiques

5Dans les textes thérapeutiques il est possible de suivre les traces d’autres logiques sous le thème de la couleur, spécialement dans les associations des ingrédients réservés à des problèmes de santé particuliers. Une recherche des liens sous-jacents à ces associations exige d’aborder, à titre préliminaire, la possibilité effective de reconnaître la nature de ces deux sujets. D’un côté, nous avons déjà souligné les problèmes méthodologiques liés à l’identification des maladies ; de l’autre, il faut noter que l’on rencontre les mêmes difficultés à propos des ingrédients curatifs.

  • 11 Böck, 2018, p. 60.
  • 12 Un essai préliminaire est proposé dans Campbell Thompson, 1949. Cependant, ces résultats ont été d (...)
  • 13 Exemplaire est Herrero 1984, p. 50-53 (en part. p. 51, n. 11, où l’auteur formule des réserves sur (...)
  • 14 Kinnier Wilson, 2005 ; Attinger, 2008, p. 29 ; Fales, 2018, p. 39. Pour une édition récente de Uru (...)
  • 15 Köcher, 1995, en part. p. 204, où est supposé un lien entre la mention des ingrédients sales dans (...)
  • 16 Geller, 2010, p. 53 ; Scurlock, 2006, p. 63 ; Chalendar, 2016, en part. p. 100-101 ; Bácskay, 2018 (...)

6La thérapie mésopotamienne consiste majoritairement en soin par les plantes. En effet, selon les analyses de B. Böck, les sources nous livrent un total approximatif de 300 substances curatives, dont 225 d’origine végétale. Leur identification avec des végétaux connus est plausible seulement dans un nombre infime de cas.11 En particulier, la corrélation des plantes mentionnées avec la flore du milieu irakien, qui ne peut s’appuyer sur les témoignages archéologiques, à ce jour encore trop rares, a été largement fondée sur la base de reconstructions étymologiques, qui sont, dans certains cas, douteuses12. En outre, il y a la question connue des Assyriologues sous le nom de Dreckapotheke (littéralement « pharmacie sale »). Dans les textes médicaux akkadiens, on remarque la présence d’ingrédients d’origine humaine et animale, tels que des parties du corps (os, cornes, organes internes), des fluides corporels (comme le sang, le pus, la bile, l’urine), des excréments, ou encore de la terre ou de la poussière. Dans les premières études sur la thérapie mésopotamienne, les traducteurs ont interprété, avec circonspection et en restant dubitatifs, ces éléments dans leur sens premier, en considérant que les médecins anciens utilisaient vraiment ces substances sales13. Cependant, les progrès dans l’étude des textes cunéiformes ont mis en évidence que la question est plus compliquée. En fait, certaines listes d’ingrédients curatifs, comme la liste de plantes URU.AN.NA = maštakal, ajoutent, après le nom de la plante, la mention d’une substance écœurante14. À partir de là, comme l’a souligné F. Köcher, les textes révèleraient la pratique d’étiquetage des ingrédients avec des noms secrets, faisant souvent référence à des substances sales15. Ainsi, les médecins anciens auraient essayé de protéger leurs connaissances ésotériques et leurs recettes de remèdes pour les laisser inaccessibles aux profanes : le sang ou les excréments ne seraient pas indicatifs d’une thérapie « dégoûtante » (Dreckapotheke) mais plutôt des noms codés (Deckapotheke). Cependant, la nature réelle de ses associations est loin d’être assurée16.

  • 17 Cf. Stadhouders, 2011 ; id., 2012. Pour les textes du type šikinšu, voir les références bibliograp (...)

7En revanche, les sources cunéiformes nous livrent des informations importantes pour une étude de la couleur dans la thérapie mésopotamienne. Par exemple, les textes mentionnent des symptômes avec une connotation chromatique évidente, tels que les fluides corporels comme le sang et le pus, ou, dans les recettes, l’usage d’ingrédients très courants, tels que le miel, le lait et le beurre. En outre, les textes thérapeutiques ajoutent des adjectifs chromatiques dans les descriptions d’affections cutanées et précisent aussi la couleur des ingrédients dans les préparations thérapeutiques. En particulier, dans le texte Šammu šikinšu (« Une plante - sa nature ») l’aspect des plantes curatives est décrit avec des notations de couleur de ses parties (racines, feuilles etc.), que l’on trouve également dans les descriptions de l’aspect secondaire des problèmes de santé rassemblées dans Sakikkû 3317.

8En l’absence d’édition complète des textes thérapeutiques cunéiformes et en considération des problèmes susmentionnés, il n’est pas possible d’approfondir de manière systématique les liens entre notations chromatiques et symptomatologies avec des ingrédients curatifs. Cependant, si les sources nous permettaient de réunir l’ensemble des données les plus significatives, leur analyse produirait certainement des résultats intéressants.

  • 18 Minen, 2020, p. 123.

9Dans les textes des médecins assyro-babyloniens on peut observer, d’un côté, la pratique courante d’enregistrer, sous forme écrite seulement, les informations les plus complexes ; de l’autre, l’usage de considérer comme acquises les connaissances de base de la physiologie humaine, de la nosologie et de la thérapie18. Il s’ensuit que les sources médicales ne nous offrent pas de définitions pour les cas simples, mais seulement pour ceux qui sont complexes ou anormaux, comme les maladies décrites dans Sakikkû 33, les saignements irréguliers et la suppuration. Venons-en à présent aux études de cas liés à ces symptomatologies, pour lesquelles le corpus thérapeutique nous a livré aussi des remèdes ; leur analyse permettra de vérifier la présence de logiques sous-jacentes dans le choix des ingrédients curatifs.

3. Études de cas

3.1. Les saignements irréguliers

  • 19 Cf. CAD D, p. 75-80.
  • 20 Cf. Sakikkû 6, l. 16-19 ; cf. Scurlock, 2014, p. 51 et 53-54.
  • 21 Herrero, 1984, p. 107.
  • 22 Cf. SAA 10, textes n° 321 (r°, l. 8-17) et 322 (v°, l. 1-17e) ; cf. Parpola, 1993, p. 259-260.

10Dans le vocabulaire akkadien, le sang est communément indiqué avec le terme damu (sumérienne MÚD)19. Dans le manuel diagnostique, nous pouvons observer plusieurs symptomatologies liées non seulement à la présence anormale de sang dans la salive, les urines ou les matières fécales, mais aussi aux saignements irréguliers, comme l’épistaxis20. Dans les textes thérapeutiques mésopotamiens, les tampons sont mentionnés très fréquemment pour toutes les affections qui exigent l’insertion de matières médicales dans certaines parties du corps, telles que les oreilles, le nez et le vagin21. La même attention est manifeste dans des lettres d’époque néo-assyrienne du maître médecin Urad-Nanaya, qui prescrivait non seulement comment insérer les tampons dans les narines, mais aussi comment les préparer22. Dans ce dernier cas, il conseillait d’envelopper la mixtion avec de la laine rouge appelée tabrību. On peut remarquer là une association chromatique entre l’épistaxis et cet élément : en utilisant un tampon de la même couleur que le sang, le médecin pensait pouvoir intervenir en cas d’écoulement sanguin par analogie chromatique.

  • 23 Geller, 2010, p. 84.
  • 24 SpTU I 39, 7’-8’ : 7’ar-da-tu4 : ša na-[aḫ]-šá-a-tú GIG-át 8’MÍ šá me-re-e-šú da-mu i-ta-nam-ma-ru(...)
  • 25 Cf. Minen, 2018b, en part. p. 185-187.

11Cette impression est confirmée par les textes thérapeutiques23. En effet la laine rouge tabrību est utilisée communément dans les rituels qui nécessitaient la préparation d’amulettes, comme celles qui sont prescrites aux femmes souffrant d’hémorragie. En effet, les remèdes contre les écoulements hémorragiques sont décrits essentiellement dans les textes gynécologiques. La menstruation étant perçue comme un phénomène physiologique, il n’existe aucune description de sa nature dans les sources cunéiformes. Toutefois, ses anomalies, largement rapportées dans les sources médicales, montrent à quel point les questions de cycle menstruel et de fertilité féminine suscitaient l’intérêt des médecins et de leurs clients. Un cas remarquable concerne le problème naḫšātu, interprété comme une forme d’hémorragie ou de saignement irrégulier, à partir du commentaire suivant : « une ‘jeune fille’ (ardatu) atteinte de naḫšātu (est) une femme chez qui les saignements apparaissent de manière récurrente pendant la grossesse »24. Cependant, l’état de grossesse n’est pas mentionné dans toutes les occurrences du terme. Dans des contextes aussi généraux, on pourrait donc identifier une indication de flux menstruel excessif, comme dans les cas de ménorragie ou d’hyperménorrhée25.

  • 26 Cf. CAD Š/3, p. 301-302 ; Uruanna I 403c. La couleur rouge de šumuttu et son rapport avec le sang (...)

12Pour soigner naḫšātu pourrait être indiquée une prescription d’un simple, telle que la plante rouge šumuttu (peut-être une betterave), probablement en raison d’une association chromatique avec le sang26. Toutefois, l’emploi de remèdes composés est également attesté, tels que le suivant :

« (l. 22’-24’) Son rituel. Tu charges une femme ayant dépassé l’âge fertile de nouer ensemble un jonc ašlu mâle, de la laine tabrību (et) des tendons d’un cadavre de vache (šalquttu). Tu fais quinze nœuds. Tu enveloppes une pierre atbar dans la laine tabrību, derrière les nœuds. Tu places les nœuds sous sa région hypogastrique. Si tu attaches (l’amulette) à ses hanches, le saignement irrégulier cessera.

  • 27 BAM III 237, l. 22’-27’ : 22’DÚ.DÚ.BI ÚNINNI NITA SÍG ḪÉ.ME.DA SA ÁB. RI.RI.GA SALTAR-tum NU.NU 14 (...)

(l. 25’-27’) Tu brûles et broies la pierre ‘date’, tu l’enroules dans une touffe de laine et l’insères dans son vagin. Tu étales des « os humains » sur des braises. Tu places cette femme sur eux (pour que) ses eaux puissent couler dessus. Si les écoulements ne s’arrêtent pas, tu dois la laisser s’asseoir une autre fois. Idem (les saignements irréguliers devraient cesser)27. »

  • 28 BAM III 237, 17’-20’ : 17’KA.INIM.MA MUNUS ša na-aḫ-šá-te GIG bul-ṭu [lat-ku] 18’ÉN dINNIN AN.KI.B (...)
  • 29 Cf. Harris, 2000, p. 92 ; Biggs, 2006, p. 43.

13À l’image de la déesse qui « noue des nœuds dans le ciel » dans une incantation précédente28 s’oppose l’action concrète d’une femme ménopausée – donc, ‘pure’ pour ce qui est de l’accomplissement de rituels29 – dans la fabrication d’une amulette. Selon le rituel, elle doit entremêler et nouer ensemble des ingrédients thérapeutiques différents (l. 22’) : d’un côté, les tendons d’une vache déjà morte, de l’autre, la laine tabrību.

  • 30 Couto-Ferreira, 2014, p. 289-315 (en part. p. 194-195).
  • 31 Scurlock, 2014, p. 555. À propos des vaisseaux sanguins, voir la première étude de Oppenheim, 1962 (...)

14L’action de nouer, qui représente un cas emblématique de magie sympathique, est significative. L’acte de resserrement des nœuds était destiné à induire par analogie une interruption également simple et immédiate du flux sanguin irrégulier ; avec leur dénouement, au contraire, il était destiné à favoriser l’apparition des règles ou, au moment de l’accouchement, un résultat positif30. Le principe analogique, selon lequel nouer de la laine rouge peut occasionner un arrêt de saignement conséquent, est renforcé ici par la similarité de la couleur, surtout si on accepte l’hypothèse de J.A. Scurlock, selon laquelle la laine rouge symbolisait les vaisseaux sanguins31.

  • 32 Steinert, 2014. Dans Uruanna III, l. 36, les « os humains » sont associés à la plante NÍG.GIDIR / (...)

15En outre, il est intéressant de noter la combinaison de deux éléments avec une coloration contrastée, blanche et rouge, puisqu’elle est rappelée également dans les instructions suivantes pour la fumigation (l. 25’-27’). Les médecins assyro-babyloniens pensaient que l’action de l’air chaud pouvait neutraliser et arrêter le flux sanguin anormal, surtout si elle était associée à des ingrédients comme les « os humains » (GÌR.PAD.DU NAM.LÚ.U19.LU / eṣemti amēlūti), secs et blancs à la fois. Cependant, il reste à déterminer si leur mention doit être interprétée littéralement ou, plutôt, comme un exemple de nom secret d’une plante au lieu de la désignation effective d’un ingrédient d’origine humaine32.

3.2. La suppuration

  • 33 CAD Š/2, p. 63-64.
  • 34 Par exemple, cf. Sakikkû 33, l. 57-58 ; Scurlock, 2014, p. 233 et 238 ; K. 67+, col. iii, l. 13, d (...)

16Le terme akkadien utilisé pour identifier le pus et la suppuration est šarku. Dans les textes médicaux, il est indiqué plus fréquemment avec son logogramme LUGUD, composé par les signes MÚD, « sang », et BABBAR, « blanc »33. La plupart de ses attestations se trouvent dans des textes diagnostiques et thérapeutiques décrivant l’aspect des maladies ou des sécrétions anormales de plusieurs parties du corps34. En particulier, la suppuration est souvent associée à l’urètre, l’anus et le vagin, mais surtout aux oreilles, comme dans les recettes suivantes :

  • 35 BAM V 503, col. iii, l. 39’-41’ : 39’DIŠ NA LUGUD ina ŠÀ GEŠTUII-šú DU-ak ˹A˺ GIŠNU.ÚR.MA Ì.GIŠ BÁ (...)

« Si du pus s’écoule de l’intérieur des deux oreilles d’une personne, [tu mélanges] jus d’arbre nurmû, huile filtrée, huile de cèdre [et tu verses goutte-à-goutte dans ses oreilles]. [Ou bien,] tu verses goutte à goutte dans ses oreilles de l’huile d’arbre baluḫḫu, de l’(huile?) du genévrier burāšu, de la bi[le d’une gre]nouille verte. [Son o]uïe [(devrait s’améliorer ?)]35. »

  • 36 Abusch et Schwemer, 2011, p. 471.
  • 37 CTN 4 113, col. ii, l. 21-22 : 21[DIŠ N]A MÚD ina GEŠTUII-šú DU-ak A GIŠNU.Ú[R.MA] 22[Ì.GIŠ?] BÁRA (...)

17Les recettes montrent l’usage d’ingrédients qui sont nettement colorés, généralement dans des teintes opposées à la couleur du pus. En fait, la première prescrit des huiles végétales et, surtout, le jus d’arbre nurmû. Compte tenu de son identification avec le grenadier36, il s’agit du liquide rouge contenu dans ses fruits. Toutefois, la même recette est reprise par un autre témoin, où l’écoulement qui sort des oreilles est sanguin37 : dans ce cas, on peut remarquer l’application au contraire d’un ingrédient de la même nuance.

  • 38 Abusch et Schwemer, 2011, p. 469.
  • 39 Silvant, 2015, p. 105.

18Dans la seconde recette, en revanche, on a l’énumération d’éléments caractérisés pour une coloration entre le jaune et le vert. L’arbre baluḫḫu a été identifié avec le galbanum (Ferula gummosa)38 : la plante est caractérisée par ses efflorescences jaunes et par la sécrétion d’une résine brune, de la distillation de laquelle résulte une huile essentielle incolore. Dans l’aromathérapie contemporaine, le galbanum est indiqué pour soigner leucorrhée, dysménorrhée ainsi que certains abcès39.

  • 40 Cf. Campbell Thompson, 1949, p. 258-262 ; CAD B, p. 326-328 ; selon Abusch et Schwemer, 2011, p. 4 (...)
  • 41 Cf. CAD B, p. 328 ; cf. Geller, 2010, p. 157. Voir aussi Thavapalan, 2020, p. 76, où un lien chrom (...)
  • 42 Luzzato et Pompas, 1988, p. 155-175.

19La plante burāsu est un des ingrédients les plus courants dans la pharmacopée mésopotamienne. On se sert de son bois, de ses fruits et de sa résine, ce qui a fait conjecturer une identification avec le pin ou le genévrier : cette dernière hypothèse est aujourd’hui la plus largement retenue40. Cette plante était appropriée pour le soin de plusieurs maladies (y compris les dysfonctionnements du foie, cf. §3.6)41. Comme il s’agit d’une espèce sempervirente, ses usages thérapeutiques comme panacée peuvent s’expliquer en particulier par sa couleur verte, qui, dans l’Antiquité, était reconnue comme un symbole magique non seulement de vie, de fertilité et de résurrection, mais aussi de santé42.

  • 43 Chalendar, 2016, p. 98 ; Bácskay, 2018, p. 1-5.
  • 44 Kinnier Wilson, 2005, p. 48 ; Uruanna III, l. 43-43a, dans Rumor, 2017, p. 10 et 27 ; Bácskay, 201 (...)
  • 45 Voir BAM VI 510, col. i, l. 23’ B et sa copie BAM VI 513, col. i, l. 14’ : BIL.ZA.ZA SIG7 ta-ṣa-li (...)
  • 46 Attia, 2015, p. 28.

20On peut faire la même observation à propos des la mention d’une grenouille (sum. BIL.ZA.ZA, akk. muṣaʾʾirānu), ici qualifiée comme jaune-verte (sum. SIG7 ; akk. arqu). Cet amphibie est souvent mentionné dans la thérapie mésopotamienne et notamment dans les rituels de substitution, accomplis pour transférer la maladie du patient sur un autre sujet (une figurine d’argile, un animal etc.)43. Malgré les informations données par les listes des plantes où cet amphibie est associé à la plante kukru, probablement à cause de son nom secret44, la mention de la bile nous convainc qu’il s’agit à proprement parler d’un animal. Dans la recette étudiée, non seulement l’aspect de la couleur de la grenouille est significatif, mais aussi le choix d’utiliser sa bile (sum. ZÉ, akk. martu) : en d’autres termes, un fluide corporel de nature différente (la bile de la grenouille) est employé pour soigner des écoulements de pus qui sort des oreilles. La bile de la grenouille jaune-verte est prescrite aussi pour le soin des yeux secs45 ; on ajoutera à ce propos que A. Attia a suggéré que la symptomatologie comprenait aussi des suppurations non explicites46.

21Le pus est attesté aussi dans les descriptions de maladies de la peau et des lésions cutanées. Le passage suivant nous donne l’exemple de quelques traitements proposés pour plusieurs typologies des blessures :

  • 47 AMT 16/5, col. ii, l. 1-8 : 1ina A GAZISAR SUD ta-la-aš GIG MÚD MUŠ [GI6] 2ana IGI MAR LAL-su-ma T (...)

« (l. 1-3) […] Tu écrases [les…] dans le jus de kasû (et) les pétris. Tu appliques du « sang du serpent noir » sur la superficie (de la blessure), tu la panses, et (le patient) guérira. Tu le panses avec ces trois pansements pendant quinze jours chacun. (l. 4-7) Si la blessure n’a pas suppuré pendant le pansement précédent, tu appliques le suivant. Si (au contraire) il y a du pus dans le pansement, tu sors les éléments du pansement, tu coupes (un morceau) de lin et tu asperges avec du miel. Avec ceci tu amollis de l’alun, tu le places au milieu de la blessure et tu la panses. (l. 8) [Si la partie intérieure (de la blessure)] est dure, idem (= tu coupes un morceau de lin et tu l’asperges avec) « plante blanche ». Idem (= avec ceci tu enveloppes) cire jaune, idem (= tu le places au milieu de la blessure et tu panses)47. »

  • 48 Geller, 1982, en part. p. 193-194, avait suggéré qu’il s’agissait peut-être d’une betterave rouge, (...)

22Dans ces lignes est remarquable la prescription d’ingrédients caractérisés par des nuances de couleur différentes. Le début de la première recette (l. 1-3) est malheureusement fragmentaire, mais on peut supposer la présence non seulement de pus, comme dans la suivante, mais aussi de sang. Pourtant, la proposition d’employer le jus du kasû (GAZISAR) et le « sang du serpent noir » est intéressante d’un point de vue chromatique. D’un côté, le kasû a été identifié avec la cuscute, qui peut être soit jaune-orange soit rouge48 ; on peut noter une analogie de nuance avec le sang. De l’autre, on n’a pas la certitude que l’ingrédient « sang du serpent noir » représentait réellement l’élément indiqué, mais les listes de végétaux dont nous disposons ne nous ont livré aucune association avec une plante. De toute façon, le choix de cet élément comme hémostatique peut être déterminé soit par affinité avec l’ingrédient (le sang, réel ou symbolique) soit par contraste chromatique (rouge versus noir).

  • 49 Cf. Uruanna I, l. 226-227 // KADP 1, l. 15-16 ; cf. Abusch et Schwemer, 2011, p. 472. La ‘plante b (...)

23La recette suivante (l. 4-7) est prescrite explicitement contre une blessure et sa suppuration. Dans ce cas, les ingrédients préconisés sont de couleur claire : lin, miel et alun (cf. § 3.6). On peut faire la même observation pour la dernière recette (l. 8) : d’un côté, on peut noter la prescription de la « plante blanche » (Ú BABBAR), un autre nom de la résine de l’arbre ṣarbatu, identifié avec le peuplier de l’Euphrate49 ; de l’autre, la cire jaune.

3.3. Garābu

  • 50 Minen, 2018c, p. 25-30.

24La maladie garābu appartient à une série de pathologies dermatologiques, telle que saḫaršubbû et epqu, qu’on estimait être des marques visibles de la colère du dieu lunaire Sîn et de la punition qui en résultait. Ce dieu est souvent invoqué dans les formules de malédiction contenues dans les serments et les traités de vassalité attestés dès l’époque paléo-babylonienne à l’empire assyrien : sa colère divine se manifestait sous forme de maladies dermatologiques, caractérisées par des lésions graves et communément associées à l’impureté, à l’isolement social et au confinement50. Par conséquence, il n’est pas étonnant de découvrir l’attestation d’un rituel de purification, tel que le suivant, adressé au dieu Sîn pour le traitement de garābu :

  • 51 BAM VI 580, col. v, l. 17’-20’ : 17’šum4-ma ina SU NA pi-in-du-ú BABBAR ša ga-ra-bu i-qab-bu ˹x˺ [ (...)

« Si une personne sur son corps (a) des taches pindû blanches qu’on appelle garābu […] (l. 18’) tu places sur une pile de broussailles un veau blanc (et) pur, sept rations d’épeautre, deux mesures (env. 1680 ml) de farine maṣḫatu de […], (l. 19’) une mesure (840 ml ca) de sel produit par des plantes, des copeaux de bois ṣarbatu […], (l. 20’) tu noues […], et tu invoques le nom de Sîn […]51. »

25Le rituel commence par une description de la maladie, ici caractérisée par la présence des taches pindû blanches. Ensuite, les instructions pour le rituel mentionnent plusieurs éléments de la même nuance : à la blancheur et à l’impureté de garābu répondent les qualifications du veau, blanc et pur. Il est possible que l’animal ait servi ici dans un rituel de substitution sur la base de l’affinité chromatique.

  • 52 CAD Ṣ, p. 108-109 ; Abusch et al., 2020, p. 476. Voir aussi la n. 49, supra.

26En outre, parmi les ingrédients adéquats, il y a l’épeautre, la farine maṣḫatu (très commune dans les offrandes rituelles), du « sel produit par des plantes » (MUN ŠIM.MEŠ DÙ-šú-nu ; peut-être des excrétions salines sur les feuilles des certains végétaux), et des copeaux de bois ṣarbatu, identifié avec le peuplier de l’Euphrate52. Cet arbre est caractérisé pour la blancheur soit de son aubier, soit de sa résine, également connue dans les textes thérapeutiques comme « plante blanche » (cf. § 3.2).

3.4. La maladie ḫarāsu

  • 53 CAD Ḫ, p. 92 et 96.
  • 54 Stol, 2007, en part. p. 235.
  • 55 Sakikkû 33, l. 21 : DIŠ SU LÚ bir-di DIRI UZU.MEŠ-šú ú-zaq-qa-t[u-š]ú u ri-šu-tum ŠUB.ŠUB-su ḫa-ra (...)
  • 56 Scurlock et Andersen, 2005, p. 222 ; à notre avis, leur interprétation est conditionnée par le cho (...)

27La maladie ḫarāsu est attestée rarement dans le corpus cunéiforme. Les premières tentatives d’identification ont été fondées sur un lien possible avec le verbe akkadien homographe signifiant « démanger, avoir des démangeaisons » et sur des comparaisons avec d’autres langues sémitiques53. Cette hypothèse paraît contradictoire avec le nom sumérien de la maladie (SA.KÚ, « détérioration des muscles »), qui fait douter de la présence de démangeaisons. En revanche, la corrélation avec la garābu (cf. § 3.3) dans une liste lexicale confirme le caractère dermatologique de la maladie ḫarāsu54. La découverte de deux définitions de la maladie a apporté de plus amples informations. La première que nous présentons confirme les suppositions précédentes : « Si le corps d’une personne est couvert de lésions birdu, ses chairs sont atteintes d’une douleur cinglante et elle est continûment saisie par rišûtu, (la maladie) s’appelle ḫarāsu »55. D’un côté, on peut observer l’affection des muscles ; de l’autre, la présence de lésions cutanées superficielles. Cependant, la maladie n’a pas encore été identifiée56.

  • 57 Sakikkû 33, l. 20 : DIŠ GIG GAR-šú GI6 ḫa-ra-su MU.[NI] ; cf. Scurlock, 2014, p. 232 et 236 // BAM (...)

28En revanche, la seconde définition nous donne une information inédite relative à la couleur de la peau dans cette maladie : « Si l’aspect de l’affection est noir, (son) nom est ḫarāsu»57. Cette précision prend tout son intérêt si on la rapporte à la recette suivante :

  • 58 BAM IV 409, l. 21’-25’ : 21’GÚ.GAL GÚ.TUR GÚ.NÍG.ÀR.RA ŠE.GIŠ.Ì bu-un-nu-tum 22’˹Ú˺ K[I]RI6.MEŠ 1 (...)

« Pois chiches ḫallūru, petit pois kakkû, pois de senteur kiššanu, sésame šamaššammū de la meilleure qualité ; un sicle de la « plante du jardin », tu moules finement (ces ingrédients) à la fois, tu mélanges avec l’huile du šurmēnu, tu frottes (le patient). […] et (avec) de la farine isqūqu tu pétris une pâte, […] frottez (le patient). Tu mettras un pansement pendant quatre jours, et il se remettra58. »

29Remarquons que la plupart des ingrédients mentionnés, employés tels quels ou sous forme de farine, ont des couleurs claires (pois chiche, petits pois) et foncées (pois de senteur, sésame).

3.5. La maladie samānu

  • 59 Voir en part. Nougayrol, 1949 ; Kinnier Wilson, 1994 ; Finkel, 1998 ; Beck, 2015.
  • 60 Sakikkû 33, l. 23-24 : 23DIŠ GIG GAR-šú SA5 e-em MÚ-iḫ u D[U-a]k sa-ma-nu [MU.NI] 24DIŠ GIG GAR-šú(...)

30Nous pouvons apprécier un usage des farines similaire dans des recettes contre samānu. À propos de l’identification de cette maladie et de son rapport avec le démon Samana, les spécialistes ont fait couler des fleuves d’encre59. D’un côté, le terme technique a été associé à la rougeur pour des raisons étymologiques. De l’autre, cette pigmentation symptomatique est confirmée par la description de la maladie dans les définitions rassemblées dans Sakikkû 33 : « Si la plaie paraît rouge, chaude, enflée et coule, [on l’appelle] samānu. Si la plaie paraît rouge (et que) la personne a continuellement de la fièvre et vomit sans interruption, [on l’appelle] samānu »60.

31Parmi les nombreuses recettes rassemblées pour le soin de cette affection, l’exemple suivant est particulièrement intéressant :

  • 61 BAM V 494, col. i, l. 35’-37’ : 35’DIŠ NA SAG.D[U-s]u sa-ma-nu DAB-it i-raš-ši-šum-ma i-na-saḫ i-n (...)

« (l. 35’) Si la tête d’un homme est atteinte de la maladie samānu, elle devient rouge et puis la couleur disparaît, s’atténue mais elle augmente par la suite : graine de « langue de chien », (l. 36’) « poussière » de sésame [...], poussière de bois mort (?) d’épine baltu, poussière de sésame, poussière de malt, « excréments de colombes » secs d’arbre gurummaru, (l. 37’) graine de la plante ēdu. Tu les broies [ensemble], tu pétris du plâtre avec du jus chaud de kasû, tu rases sa tête, tu laisses refroidir, tu la panses61. »

32On peut noter ici la présence récurrente de farines variées, c’est-à-dire des ingrédients secs qui devaient arrêter le suintement dans l’affection dermatologique en cours de traitement. La couleur claire de ces éléments, contrairement à la rougeur supposée du samānu, aurait joué également un rôle important dans le processus de guérison du patient, dans la pensée des médecins assyro-babyloniens. En revanche, la mention du jus de kasû (cf. § 3.2) a bien une correspondance chromatique avec le rouge.

3.6. La jaunisse

33Les sources cunéiformes mentionnent des pathologies caractérisées par leur coloration jaune. En particulier, elles nous livrent les définitions suivantes :

« (Si le corps d’une personne est jaune, son visage] est jaune, ses yeux sont jaunes (et) il a ‘consomption’ du chair, (cette maladie s’appelle) ˹amurriqānu˺.

  • 62 Sakikkû 33, l. 92-93 : 92[DIŠ SU-šu SIG7 IGI].MEŠ-šú SIG7 šiḫ-ḫat UZU TUKU.MEŠ a-mur-[ri-q]a-nu M[ (...)

[Si son visage] est ˹jaune˺, la part intérieure de ses yeux est jaune et la base de la langue est noire, (cette maladie s’appelle) ˹aḫḫāzu˺62. »

  • 63 Les textes mentionnent aussi une variété amurriqānu ša īni (log. IGI SIG7.SIG7) en rapport avec le (...)

34Amurriqānu (log. SIG7.SIG7) et aḫḫāzu ont été associés à la jaunisse. En réalité, leurs descriptions mentionnent plusieurs symptômes communs à des pathologies du foie, comme la couleur jaune soit de la peau, soit des yeux. En revanche, la distinction entre les deux pathologies établies par les médecins assyro-babyloniens reste toujours obscure, étant donné que dans les textes thérapeutiques les mêmes recettes sont prescrites pour les deux maladies sans distinction63.

  • 64 Attia et Buisson, 2012, en part. p. 28, col. ii, l. 60-64 : 60Ú SUḪUŠ EME UR.GI7 | Ú [KI.MIN = a-m (...)
  • 65 Campbell Thompson, 1949, p. 133-135.
  • 66 Tewari et al., 2017, p. 7-9.
  • 67 BAM VI 578, col. iv, l. 30 : DIŠ NA aḫ-ḫa-za DIRI SUḪUŠ GIŠšu-še ta-sàk ina KAŠ tara-muk ina UL tu (...)

35Dans la liste des plantes médicinales BAM I 1, parmi les ingrédients indiqués pour le traitement de amurriqānu, on trouve les suivants : racine du lišān kalbi (EME UR.GI7, « langue du chien »), racine de šūšu, burāšu (cf. § 3.2) et gabû64. En particulier, la racine de la plante šūšu (identifiée avec la réglisse, Glycyrrhiza glabra L.)65 est mentionnée comme un simple adapté au traitement soit de amurriqānu, soit de aḫḫāzu ; des études récentes ont confirmé ses effets bénéfiques contre les problèmes hépatiques66. Une recette contre aḫḫāzu suggère de moudre cet ingrédient, de le cuire dans de la bière et d’administrer le jus au patient après avoir laissé la potion sous les étoiles pendant la nuit67. Le choix de la réglisse peut être lié non seulement à son efficacité curative, mais aussi à sa couleur : aux deux couleurs qui caractérisent la maladie aḫḫāzu, le jaune sur la peau et les yeux, le noir à la base de la langue, correspond celles de la plante, jaune, mais dont la racine est foncée.

  • 68 Böck, 2018, p. 61-63.

36L’ingrédient gabû (ou aban gabê) a été identifié avec l’alun. C’est un des minéraux les plus courants dans la pharmacopée mésopotamienne : il sert à traiter différentes pathologies, telles que les inflammations oculaires et celles des gencives, des saignements (des oreilles, de la bouche, de l’anus et du vagin), la jaunisse, il nettoie les dents, est employé contre le déchaussement dentaire, pour des blessures et des lésions superficielles sur le corps ou buccales, ou encore contre la constriction de l’urètre68. Dans la majorité de ces cas, l’alun est employé non seulement dans le domaine thérapeutique, pour ses propriétés astringentes, mais aussi en tannerie, dans le domaine de la teinture et du blanchissage du cuir. Peut-être est-ce par analogie avec son usage comme agent blanchissant pour le cuir qu’il a été employé dans le domaine médical, en particulier contre les saignements, les blessures, la jaunisse et pour le blanchiment dentaire.

  • 69 Rumor, 2017, p. 5, n. 15 ; Böck, 2014, p. 131-158.

37Dans les recettes contre amurriqānu et aḫḫāzu on retrouve des associations de ces simples, en particulier, la réglisse, le genévrier et la plante ‘langue du chien’, indiquée aussi par son autre nom, buʾšānu69. En voici un exemple représentatif :

  • 70 BAM II 186, l. 1-12 : 12 GÌN ŠIMGÚR.GÚR 2 GÌN ˹ŠIM˺[LI] 22 GÌN ŠIMBAL ½ GÌN ŠIM[MAN.DU] 32 GÌN GI (...)

« (l. 1-3) 2 sicles de la plante kukru, 2 sicles de genévrier burāšu, 2 sicles de balukku, ½ sicle de suadu aromatique, 2 sicles de canisse douce, 1 sicle de urnû, (l. 4-6) ½ sicle de atāʾišu, 1 sicle de karān šēlibi, […] ½ sicle de poireau-karšu, ½ sicle de buʾšānu, 2 sicles de tarmuš, (l. 7-9) 1 sicle de « (plante) qui soigne cent (maladies) », 1 sicle de « (plante) qui soigne vingt (maladies) », 2 sicles de irrû; vous cuisez (ces ingrédients) dans de la bière, vous placez de la matière grasse et du miel sur le point (le rectum) et vous versez (la lotion) dans son anus. (l. 10-12) Ceci est une lotion indiquée contre aḫḫāzu et amurriqānu. (Elle a été) testée70. »

  • 71 Pour ces identifications, voir Abusch et Schwemer, 2011, p. 468-473.
  • 72 Uruanna I 262 // KADP 1 l. 19 et 21, cf. Abusch et Schwemer, 2011, p. 470.
  • 73 Šammu šikinšu, texte n° 2, § 14; cf. Stadhouders, 2011, p. 19 ; Id., 2012, p. 8.

38Cette recette donne la préparation d’une lotion avec (au moins) quatorze plantes. Parmi les ingrédients identifiables, nous pouvons souligner la présence de plantes de teintes variées : vertes, telle que le kukru (cf. § 3.2), le genévrier burāšu, le poireau karšu; blanches, comme atāʾišu (possiblement hellébore blanc) et urnû (peut-être de l’Ammi) ; mais surtout, jaunes, comme suādu (souchet comestible), tarmuš (un lupin ou ses graines), avec d’autres plantes très communes dans les remèdes mésopotamiens71. La plante errû (possiblement, une coloquinte) est associée non seulement à une plante jaune, mais aussi à imḫur-lim (IGI-lim), « (plante) qui soigne cent (maladies) »72. D’après Šammu šikinšu, on pouvait reconnaître cette dernière par ses rejetons rouges-dorés73. De plus, le jaune caractérise aussi la couleur des excipients : bière, miel et huile.

Conclusions

39La médecine mésopotamienne offre un riche ensemble de données sur la couleur. Les médecins assyro-babyloniens s’appliquaient à définir les symptomatologies – soit simples, soit complexes – déterminées par la variation de la teinte de la peau du patient ; ils observaient les évolutions des maladies en notant leurs changements chromatiques au cours du traitement (§ 1). Cette contribution a abordé la question des associations chromatiques entre éléments curatifs et symptomatologies, en dépit des problèmes méthodologiques liés à cet axe de recherche (§ 2).

40Nous avons présenté un choix de pathologies caractérisées par une coloration caractéristique : d’un côté, fluides corporels, où le sang et le pus (§ 3.1-2) sont importants ; de l’autre, des affections cutanées, dont les sources cunéiformes nous ont livré des descriptions (§ 3.3-6).

41Notre analyse a révélé comment le choix des certains ingrédients devait être déterminé par rapport à leur efficacité thérapeutique réelle : dans les cas où leur identification avec des végétaux et des minéraux est communément acceptée, on peut noter comment les mêmes associations sont indiquées aujourd’hui dans le traitement des problèmes de santé similaires. Toutefois, on peut aussi noter comment le choix d’ingrédients ou de traitements peut révéler des croyances liées aux aspects chromatiques. En particulier, l’administration de plantes sempervirentes et autres ingrédients de la même teinte verte (telles que les grenouilles) soulignent peut-être l’idée de la santé liée au vert (§ 3.2). En outre, l’usage de l’alun dans la thérapie paraît déterminé aussi par les propriétés de cet ingrédient dans la teinture et le blanchissage du cuir, observées dans les activités quotidiennes (§§ 3.2, 3.6).

42On peut apprécier les cas de chromoanalogie suivants. Dans les traitements des saignements irréguliers (§ 3.1), des blessures (§ 3.2) et autres symptomatologies liées au rouge, comme samānu (§ 3.5) on peut noter 1) l’usage du laine rouge tabrību soit pour des tampons contre l’épistaxis, soit pour des amulettes contre des hémorragies vaginales chez les femmes, 2) le choix des betteraves caractérisées pour leurs nuances rouges ou 3) de grenadier. L’exemple du rituel contre la maladie garābu avec apparition de taches blanches (§ 3.3) montre l’importance des ingrédients blancs et/ou purs, comme le veau ou le peuplier de l’Euphrate ; sa résine, connue comme « plante blanche », est aussi attestée pour le soin des suppurations (§ 3.2). En outre, nous pouvons observer un ensemble d’ingrédients jaunes pour soigner des affections du foie. Étonnamment, la réglisse, caractérisée par ses fleurs jaunes et sa racine foncée, était conseillée pour le traitement d’une forme de jaunisse identifiable par la même combinaison de teintes (§ 3.6).

43Les recettes montrent aussi le principe du similia similibus curantur, par exemple dans l’application du sang pour arrêter des saignements de blessures (§ 3.2). Toutefois, elles témoignent en même temps (et sur les mêmes points aussi) des associations chromatiques et d’ingrédients opposés, comment l’administration d’ingrédients de couleur claire ou de farines pour soigner des affections cutanées avec coloration foncée ou anormale (§§ 3.4-5).

44Les études de cas présentés révèlent donc plusieurs typologies d’associations chromatiques entre ingrédients et problèmes de santé dans la thérapie mésopotamienne ; cependant, ces résultats sont à considérer comme préliminaires à une étude plus approfondie, qui sera possible une fois qu’une édition complète du corpus thérapeutique cunéiforme sera disponible.

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Tewari, D. et al., 2017, Ethnopharmacological Approaches for Therapy of Jaundice : Part II. Highly Used Plant Species from Acanthaceae, Euphorbiaceae, Asteraceae, Combretaceae, and Fabaceae Families, Frontiers in Pharmacology, vol. 8, article 519 (août 2017), p. 7-9

Thavapalan, S., 2020, The Meaning of Colour in Ancient Mesopotamia, Leyde-Boston.

Tsukimoto, A., 1999, ‘By the Hand of Madi-Dagan, the Scribe and Apkallu-Priest’ – A Medical Text from the Middle Euphrates Region, dans K. Watanabe (éd.), Priests and Officials in the Ancient Near East, Heidelberg, p. 187-200.

Ziegler, N., 2005, Les vaisseaux sanguins et Enûma eliš VI :5, Journal des médecines cunéiformes, 5, p. 4-5.

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Notes

1 Landsberger, 1967, en part. p. 142-143 et n. 19. Plus récemment, le sujet de la couleur a été analysé à fond par Thavapalan, 2020.

2 La section analysée par B. Landsberger correspond à Sakikkû 9, l. 3-29 ; après l’editio princeps de Labat, 1951, p. 72-73, Scurlock, 2014, nous offre une publication plus récente de ce manuel (p. 13-271) et d’autres textes médicaux significatifs cités ici.

3 Sur les couleurs en Sakikkû, voir Heessel, 2004a, en part. p. 104. Sur le manuel en général, id., 2000.

4 Cf. Minen, 2018a, p. 280-284.

5 À propos du terme šiknu, voir Geller, 2010, p. 19-20. Sur les textes šikinšu, cf. Attinger, 2008, p. 29-30 ; Fales, 2018, p. 38-40.

6 Böck, 2014, p. 51-54 ; Minen, 2018a, p. 181-248.

7 Robson, 2008, p. 461 ; Geller, 2010, p. 41 ; Heessel, 2004b, p. 6.

8 Minen, 2020, p. 124-125.

9 Tell Meskene, Syrie, xiiie et xiie siècles av. J.-C.

10 Cf. Tsukimoto, 1999, p. 194 et 196-197 : 72Ú.MEŠ ša ep-qa-an-ni ina PA ša GIŠPÈŠ i-maḫ-ḫa-aṣ-ma ˹GURUN˺ GIŠPEŠ 73u GIŠGEŠTIN ḪÁD.DU i-ḫaš-šal-ma i-rak-kaš-šu-nu-ti ina U4.2 GI6 i-páṭ-ṭar-˹šu-nu-ti˺ 74šum-ma pé-ṣú-ú ap-pu-na i-rak-kaš-šu-nu-ti ina U4.3.KÁM i-páṭ-ṭar-šu-nu-ti 75šum4-ma BABBAR-ú ap-pu-na i-rak-kaš-šu-nu-ti šum4-ma pé-ṣú-ú i-ḫal-li-qu 76u šum4-ma pé-ṣú-šu-nu la-a ig-ga-mar TA NA4ú-ḫap-pa-šu-nu-ti-ma 77IM.SAḪAR.NA4.KUR.RA IMKAL.GUGx NA4lu-ur-pa-na ÚNAGA TÉŠ.BI 78ina A.MEŠ GEŠTIN ta-sàk U4.7.KÁM* tar-ta-na-kàs U4.2 GI6 ú-maš-šar-ma 79ina U4.2.KÁM* i-rak-kàs U4.2.KÁM* ú-maš-šar ina U4.2.KÁM* i-rak-kàs šum-ma pa-ni 80sí-im-mi-šu mi-it-ḫu-ru-ma sà-a-mu ŠE.MUŠ5 GUD4 Úšar-mi-da81it-ti a-ḫa-mèš i-ḫaš-šal-ma i-za-ru-ma TI-uṭ (...) ; cf. Scurlock, 2014, p. 434-435 ; ead., 2017, p. 292-293.

11 Böck, 2018, p. 60.

12 Un essai préliminaire est proposé dans Campbell Thompson, 1949. Cependant, ces résultats ont été discutés plus récemment et considérés comme partiaux ; cf. Biggs, 1995, en part. p. 1915 ; Fales, 2018, p. 43-44.

13 Exemplaire est Herrero 1984, p. 50-53 (en part. p. 51, n. 11, où l’auteur formule des réserves sur l’usage effectif des parties du corps humain dans la thérapie mésopotamienne). Voir aussi R. Campbell Thompson (1936) à propos de la chimie (dans Rumor, 2020, p. 40-41).

14 Kinnier Wilson, 2005 ; Attinger, 2008, p. 29 ; Fales, 2018, p. 39. Pour une édition récente de Uruanna III, voir Rumor, 2017.

15 Köcher, 1995, en part. p. 204, où est supposé un lien entre la mention des ingrédients sales dans la thérapie ancienne et la Dreckapotheke du xviie et xviiie siècles. À propos, voir Stiehler-Alegría, 2007.

16 Geller, 2010, p. 53 ; Scurlock, 2006, p. 63 ; Chalendar, 2016, en part. p. 100-101 ; Bácskay, 2018, en part. p. 13-14 ; Fales 2018, p. 41-42. Voir aussi Rumor, 2020, pour une récente discussion sur ce sujet.

17 Cf. Stadhouders, 2011 ; id., 2012. Pour les textes du type šikinšu, voir les références bibliographiques indiquées à la n. 5, supra.

18 Minen, 2020, p. 123.

19 Cf. CAD D, p. 75-80.

20 Cf. Sakikkû 6, l. 16-19 ; cf. Scurlock, 2014, p. 51 et 53-54.

21 Herrero, 1984, p. 107.

22 Cf. SAA 10, textes n° 321 (r°, l. 8-17) et 322 (v°, l. 1-17e) ; cf. Parpola, 1993, p. 259-260.

23 Geller, 2010, p. 84.

24 SpTU I 39, 7’-8’ : 7’ar-da-tu4 : ša na-[aḫ]-šá-a-tú GIG-át 8’MÍ šá me-re-e-šú da-mu i-ta-nam-ma-ru ; cf. Hunger, 1976, p. 48. À propos de naḫšātu, voir aussi Böck, 2013, en part. p. 43-45.

25 Cf. Minen, 2018b, en part. p. 185-187.

26 Cf. CAD Š/3, p. 301-302 ; Uruanna I 403c. La couleur rouge de šumuttu et son rapport avec le sang sont aujourd’hui acceptés, cf. Abusch et al., 2020, p. 477.

27 BAM III 237, l. 22’-27’ : 22’DÚ.DÚ.BI ÚNINNI NITA SÍG ḪÉ.ME.DA SA ÁB. RI.RI.GA SALTAR-tum NU.NU 14 KA.KEŠDA K[EŠDA] 23’ NA4at-bat ina EGIR KA.KEŠDA ina SÍG ḪÉ.ME.DA NIGIN-mi KA.KEŠDA ina KI.TA ḪÁŠ-šá GAR-a[n] 24’ina MURUB4-šá KEŠDA-ma na-aḫ-šá-tu TAR-sa 25’NA4 ZÚ.LUM tur-ár SÚD SÍGÀKA NIGIN ana ŠÀ.TÙR-šá GAR-an 26’GÌR.PAD.DU NAM.LÚ.U19.LU inata-sár-raq MUNUS BI ina UGU TUŠ-ši A.MEŠ-šá ana UGU DU-ku 27’šum-ma NU TAR-su GUR-ma TUŠ-ši MIN ; J.A. Scurlock, 2014, p. 574 et 578-579.

28 BAM III 237, 17’-20’ : 17’KA.INIM.MA MUNUS ša na-aḫ-šá-te GIG bul-ṭu [lat-ku] 18’ÉN dINNIN AN.KI.BI.DA.KE4 dINNIN la-gal-la-[i-tum] 19’. ka-ad-ra-a-a-i-tum šu-gal-li-tum : ka-ad-ra-a-a-i-tum te-li-tum [...] 20’. diš-ta-ri-tum ù an-ki-bi-i-tum ke-ṣi-ru ša AN-e TU6 [ÉN] ; Scurlock, 2014, p. 573 et 578.

29 Cf. Harris, 2000, p. 92 ; Biggs, 2006, p. 43.

30 Couto-Ferreira, 2014, p. 289-315 (en part. p. 194-195).

31 Scurlock, 2014, p. 555. À propos des vaisseaux sanguins, voir la première étude de Oppenheim, 1962, centrée sur les observations diagnostiques dans Sakikkû ; voir Ziegler, 2005 pour des mentions littéraires et courantes. Dans les textes cunéiformes, les termes sumérien-akkadiens, à propos des vaisseaux sanguins (SA et šerʾānu), indiquent plus généralement aussi autres éléments considérés comme essentiels dans le corps humain, tels que les tendons, les muscles et les nerfs. Cf. Attia, 2000 ; Steinert, 2012, p. 131 ; Fales, 2018, p. 32, n. 68.

32 Steinert, 2014. Dans Uruanna III, l. 36, les « os humains » sont associés à la plante NÍG.GIDIR / ḫaṭṭi rēʾi, « bâton du berger » ; cf. Rumor, 2017, p. 9 et 27.

33 CAD Š/2, p. 63-64.

34 Par exemple, cf. Sakikkû 33, l. 57-58 ; Scurlock, 2014, p. 233 et 238 ; K. 67+, col. iii, l. 13, dans Eyppert, 2016, en part. p. 38-39.

35 BAM V 503, col. iii, l. 39’-41’ : 39’DIŠ NA LUGUD ina ŠÀ GEŠTUII-šú DU-ak ˹A˺ GIŠNU.ÚR.MA Ì.GIŠ BÁRA.GA Ì GIŠEREN ˹x˺ [cf. CTN 4, 113 ii 22 : ḪI.ḪI ana ŠÀ GEŠTU˹II-šú B˺I.IZ] 40’Ì ŠIMBULUḪ ŠEMLI Z[É B]IL.ZA.ZA SIG7 ana ŠÀ GEŠTUII-šú BI.IZ še-mi-[šú? …] 41’MÚD NIM ḪI.ḪI ana ŠÀ GEŠ[TUII-šú …] ; cf. Bácskay, 2018, p. 10.

36 Abusch et Schwemer, 2011, p. 471.

37 CTN 4 113, col. ii, l. 21-22 : 21[DIŠ N]A MÚD ina GEŠTUII-šú DU-ak A GIŠNU.Ú[R.MA] 22[Ì.GIŠ?] BÁRA.GA Ì GIŠEREN ḪI.ḪI ana ŠÀ GEŠTU˹II-šú B˺[I.IZ] ; Bácskay, 2018, p. 10.

38 Abusch et Schwemer, 2011, p. 469.

39 Silvant, 2015, p. 105.

40 Cf. Campbell Thompson, 1949, p. 258-262 ; CAD B, p. 326-328 ; selon Abusch et Schwemer, 2011, p. 469, il s’agit du genévrier de Phénicie.

41 Cf. CAD B, p. 328 ; cf. Geller, 2010, p. 157. Voir aussi Thavapalan, 2020, p. 76, où un lien chromatique entre le jaune-vert et les problèmes ophtalmiques est proposé.

42 Luzzato et Pompas, 1988, p. 155-175.

43 Chalendar, 2016, p. 98 ; Bácskay, 2018, p. 1-5.

44 Kinnier Wilson, 2005, p. 48 ; Uruanna III, l. 43-43a, dans Rumor, 2017, p. 10 et 27 ; Bácskay, 2018, p. 13-14.

45 Voir BAM VI 510, col. i, l. 23’ B et sa copie BAM VI 513, col. i, l. 14’ : BIL.ZA.ZA SIG7 ta-ṣa-lip ZÉ-su ina Ì.NUN ḪI.ḪI IGIII-šú te˺, « Tu dissèques une grenouille verte, tu mélanges sa bile dans du ghee (et) lui pommades les yeux » (Attia, 2015, p. 9) ; au contraire, Bácskay, 2018, p. 9, suggère que la grenouille est coupée et non disséquée.

46 Attia, 2015, p. 28.

47 AMT 16/5, col. ii, l. 1-8 : 1ina A GAZISAR SUD ta-la-aš GIG MÚD MUŠ [GI6] 2ana IGI MAR LAL-su-ma TI[-uṭ] 33 KEŠDA.MEŠ ŠEŠ 15.TA.ÀM U4-me LAL-[su] 4šum4-ma ina ŠÀ KEŠDA maḫ-re-e la iš-ta -rik 5KEŠDA šá-na-ma LAL-su ina ŠÀ KEŠDA MÚD.BABBAR-ma GAR ŠÀ-bi-šú KEŠ[DA DU8] 7TÚG.GADA te-ṣe-pír LÀL [SUD] 7[N]A4 ga-bé-e tu-lam ana ŠÀ GIG GAR-an LAL-[su] 8[DIŠ Š]À-šú KALAG ÚBABBAR MIN DUḪ.LÀL SIG7 [MIN] ; cf. Scurlock, 2014, p. 440-441.

48 Geller, 1982, en part. p. 193-194, avait suggéré qu’il s’agissait peut-être d’une betterave rouge, mais il a changé d’avis (voir Id., 2000, p. 409-412). Au contraire, Stol, 1994, en part. p. 175-176, a proposé une identification avec la Cuscuta (suivi par Quillien, 2019, p. 209 n. 48 ; Abusch et al., 2020, p. 473) ; Eypper, 2019, avec la Tamarindus indica ; Thavapalan, 2020, p. 350-352, avec le Chartamus tinctorius.

49 Cf. Uruanna I, l. 226-227 // KADP 1, l. 15-16 ; cf. Abusch et Schwemer, 2011, p. 472. La ‘plante blanche’ était utilisée aussi dans la fabrication du verre (cf. Thavapalan, 2020, en part. p. 134).

50 Minen, 2018c, p. 25-30.

51 BAM VI 580, col. v, l. 17’-20’ : 17’šum4-ma ina SU NA pi-in-du-ú BABBAR ša ga-ra-bu i-qab-bu ˹x˺ […] 18’ UDUpu-ḫa-du BABBAR KÙ 7 NINDA ZÌZ.A.AN 2 SÌLA maṣ-ḫa-ta ša ˹x˺ […] 19’1 SÌLA MUN ŠIM.MEŠ DÙ-šú-nu GIŠḫu-pe-e ṣar-ba-te ina UGU ˹ab-ri˺ te-ṣe-en ˹x˺ […] 20’ta-ka-su-ma MU d30 MU-ár ˹x˺ […] (https://cdli.ucla.edu, n° P397304 ; dernier accès : 16/02/2021).

52 CAD Ṣ, p. 108-109 ; Abusch et al., 2020, p. 476. Voir aussi la n. 49, supra.

53 CAD Ḫ, p. 92 et 96.

54 Stol, 2007, en part. p. 235.

55 Sakikkû 33, l. 21 : DIŠ SU LÚ bir-di DIRI UZU.MEŠ-šú ú-zaq-qa-t[u-š]ú u ri-šu-tum ŠUB.ŠUB-su ḫa-ra-su M[U.NI] ; cf. Scurlock, 2014, p. 232 et 236 // BAM IV 409, r°, l. 19’-20’ ; cf. F. Köcher, 1995, p. 206 et 209, l. 22’-23’.

56 Scurlock et Andersen, 2005, p. 222 ; à notre avis, leur interprétation est conditionnée par le choix d’associer le symptôme birdu au contexte ophtalmique et non dermatologique ; en fait, dans Sakikkû 33, l. 21, la nature de birdu est clairement cutanée, l’affection étant décrite comme généralisée sur le corps du patient.

57 Sakikkû 33, l. 20 : DIŠ GIG GAR-šú GI6 ḫa-ra-su MU.[NI] ; cf. Scurlock, 2014, p. 232 et 236 // BAM IV 409, r°, l. 18’ ; cf. Köcher, 1995, p. 206 et 209, l. 21’.

58 BAM IV 409, l. 21’-25’ : 21’GÚ.GAL GÚ.TUR GÚ.NÍG.ÀR.RA ŠE.GIŠ.Ì bu-un-nu-tum 22’˹Ú˺ K[I]RI6.MEŠ 1 GÍN.TA.ÀM TI- DIŠ-niš ta-mar-raq23’ina Ì.GIŠ GIŠŠUR.MÌN ḪI.ḪI ŠÉŠ-su 24’x [x x x] x-ma u ZÌ.KUM ta-la-ši 25’x […] x ŠÉŠ 4 u4-mi LAL.MEŠ-su-mu ina-eš ; cf. Köcher, 1995, p. 206 et 209, l. 24’-28’.

59 Voir en part. Nougayrol, 1949 ; Kinnier Wilson, 1994 ; Finkel, 1998 ; Beck, 2015.

60 Sakikkû 33, l. 23-24 : 23DIŠ GIG GAR-šú SA5 e-em MÚ-iḫ u D[U-a]k sa-ma-nu [MU.NI] 24DIŠ GIG GAR-šú SA5 LÚ KÚM.KÚM-im u i-t[a-na]r?-ru? sa-ma-nu [MU.NI] ; cf. Scurlock, 2014, p. 232 et 236.

61 BAM V 494, col. i, l. 35’-37’ : 35’DIŠ NA SAG.D[U-s]u sa-ma-nu DAB-it i-raš-ši-šum-ma i-na-saḫ i-na-aḫ ˹EGIR˺-nu GAL-bi NUMUN ÚEME.UR.GI7 36’SAḪAR ŠE.GIŠ ˹Ì˺ [x x] SAḪAR di-ki? GIŠDÌḪ ˹SAḪAR ŠE˺.GIŠ.Ì SAḪAR MUNU4 ŠE10 TUMUŠEN.MEŠ šá GIŠ˹GIŠIMMAR.KUR˺.RA ḪÁD.DU-ti 37NUMUN ÚDILI [1-niš? S]ÚD ina A GAZISAR KÚM-ti SILA11- SAG.DU-su SAR-ab tu-kàṣ-ṣa LAL ; cf. Bácskay et Simkó, 2018, en part. p. 9 et 21.

62 Sakikkû 33, l. 92-93 : 92[DIŠ SU-šu SIG7 IGI].MEŠ-šú SIG7 šiḫ-ḫat UZU TUKU.MEŠ a-mur-[ri-q]a-nu M[U.NI] 93[DIŠ IGI.MEŠ-šú SI]G7 ŠÀ IGIII-šú SIG7 u SUḪUŠ EME-šú GI6 [a]ḫ-ḫ[a-zu MU.NI] ; cf. Sakikkû 18, l. 24 et BAM VI 578, col. iv, l. 26 ; Scurlock, 2014, p. 174-175, 234 et 239.

63 Les textes mentionnent aussi une variété amurriqānu ša īni (log. IGI SIG7.SIG7) en rapport avec les yeux, cf. Attia, 2015, p. 64-65 ; Fincke, 2000, p. 179-181, 192, et 213. Voir Thavapalan, 2020, p. 74-76 pour un commentaire plus récent sur amurriqānu et ses aspects chromatiques.

64 Attia et Buisson, 2012, en part. p. 28, col. ii, l. 60-64 : 60Ú SUḪUŠ EME UR.GI7 | Ú [KI.MIN = a-mur-ri-qa-nu, cf. ii 56] | [la-am dUTU È] 61ta-na-pal | [(tu-ḫa-as-sa)] | [A.MEŠ-šú SUR NAG] 62Ú SUḪUŠ GIŠšu-[ši] | [Ú KI.MIN] | [ŠU.BI.AŠ.ÀM = A.MEŠ-šú SUR NAG] 63Ú ŠIM[LI?] | | [SÚD ina KAŠ NAG?] 64Ú IM.SAḪAR.N[A4!.KUR.RA] | | [SÚD ina A.MEŠ ŠUB tu-zak NAG].

65 Campbell Thompson, 1949, p. 133-135.

66 Tewari et al., 2017, p. 7-9.

67 BAM VI 578, col. iv, l. 30 : DIŠ NA aḫ-ḫa-za DIRI SUḪUŠ GIŠšu-še ta-sàk ina KAŠ tara-muk ina UL tuš-bat NAG. Cf. Scurlock, 2014, p. 527.

68 Böck, 2018, p. 61-63.

69 Rumor, 2017, p. 5, n. 15 ; Böck, 2014, p. 131-158.

70 BAM II 186, l. 1-12 : 12 GÌN ŠIMGÚR.GÚR 2 GÌN ˹ŠIM˺[LI] 22 GÌN ŠIMBAL ½ GÌN ŠIM[MAN.DU] 32 GÌN GI DÙG.GA 1 GÌN GIŠ˹úr˺-[nu-u?] 4½ GÌN ÚKUR.KUR 1 GÌN Ú˹GEŠTIN˺.[KA5.A] 5˹x x x x x x˺ ½ GÌN Ú˹kar˺-šú 6½ GÍN ÚḪAB 2 GÌN Útar-muš8.71 GÌN ÚIGI-lim 1 GÌN ÚIGI-20 82 GÌN Úir-ru-u ina KAŠ ŠEG6-šal 9Ì LÀL ana IGI ŠUB-di ana DÚR-[šú DUB] 10mar-ḫa-ṣu ˹an-nu˺-[u] 11ana aḫ-ḫa-zi u a-mur-riqa˺-[nu] 12da-mi-iq lat-ku (https://cdli.ucla.edu, n° P285278 ; dernier accès : 16/02/2021) ; cf. BAM II 188, l. 3-10 et BAM II 189, col. iv, l. 1-16.

71 Pour ces identifications, voir Abusch et Schwemer, 2011, p. 468-473.

72 Uruanna I 262 // KADP 1 l. 19 et 21, cf. Abusch et Schwemer, 2011, p. 470.

73 Šammu šikinšu, texte n° 2, § 14; cf. Stadhouders, 2011, p. 19 ; Id., 2012, p. 8.

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Pour citer cet article

Référence papier

Francesca Minen, « Associations chromatiques entre ingrédients et problèmes de santé dans la thérapie mésopotamienne : laine rouge, plante blanche et réglisse »Pallas, 117 | 2021, 37-54.

Référence électronique

Francesca Minen, « Associations chromatiques entre ingrédients et problèmes de santé dans la thérapie mésopotamienne : laine rouge, plante blanche et réglisse »Pallas [En ligne], 117 | 2021, mis en ligne le 26 août 2022, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/22662 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pallas.22662

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Auteur

Francesca Minen

Università degli Studi di Udine
Dipartimento di Studi Umanistici e del Patrimonio Culturale

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