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La romanisation des provinces occidentales

Ombres et lumières sur la Bretagne antique

Shadows and lights on antique Britain
Patrick Galliou
p. 351-372

Résumés

fr

Les découvertes archéologiques faites au cours du dernier demi-siècle en Grande-Bretagne ont montré que la « romanisation » effective de l’île, entraînée par la conquête claudienne de 43 apr. J.-C., avait été précédée d’une phase de contacts commerciaux et politiques occupant le dernier siècle avant notre ère. À la lumière des mêmes découvertes, la « romanisation » proprement dite se révèle multiforme, non-linéaire et sans doute imparfaite, sa géographie influant sur les événements qui marquèrent, au début du ve siècle, la désagrégation de l’ordre romain.

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Texte intégral

1Lointaine proue de la vieille Europe, enfoncée dans les eaux froides de l’Atlantique Nord, puis province périphérique de l’Empire, tardivement et incomplètement soumise à Rome, la Bretagne insulaire ne s’est guère vu accorder, par les chercheurs continentaux, l’intérêt que méritent pourtant ses monuments et sa longue et riche histoire. Nos confrères britanniques, professionnels, universitaires et amateurs éclairés œuvrant au sein d’une archéologie non confiscatoire, ont, il est vrai, amplement rempli cette tâche, explorant en tous sens le sol fertile de leur petite île et livrant à la concupiscence éclairée du monde savant une considérable moisson d’informations, d’articles et d’ouvrages. On comprendra que, dans le cadre étroit d’un article, il nous soit impossible d’en offrir un résumé substantiel ou même un bref survol, tant est dense et complexe cette matière de Bretagne. Nous avons donc choisi de vous proposer ici une promenade musarde, d’aller l’amble à la rencontre de quelques découvertes récentes, qui, sans doute plus que d’autres, témoignent des rapides progrès de la recherche tout autant que des incertitudes qui s’attachent nécessairement à ceux-ci.

1. La Bretagne dans les derniers temps de l’Âge du Fer : d’une insularité incomplète à l’intégration dans la sphère d’influence romaine

  • 1 Hawkes, 1931. Cette distinction est encore présente dans Frere, 1967, p. 6-26.
  • 2 César, B.G., V, 12.
  • 3 César, B.G., V, 22 ; Frere, 1967, p. 37.
  • 4 Il est possible qu’il ait commencé de régner vers 20 av. J.-C. Son nom n’est attesté que par ses mo (...)
  • 5 Suétone (Gaius, 44) l’appelle, ainsi, Britannorum rex. Voir aussi : Frere, 1967, p. 44-45.

2On a longtemps supposé qu’à l’instar des phases plus anciennes, l’Âge du Fer britannique avait connu plusieurs invasions successives, qui en auraient déterminé les formes et les évolutions, à l’intérieur du cadre déjà mis en place à l’Âge du Bronze. La doxa, mise au point par C.F.C. Hawkes en 19311, abandonnait ainsi, pour les Iles Britanniques, la distinction classique entre périodes du Hallstatt et de La Tène au profit d’une division tripartite (British Iron Age A, B, C) ; la première de ces phases (A), datable des sixième et cinquième siècles avant notre ère, aurait vu les basses terres bordières de la mer du Nord être envahies par des tribus issues du Continent, qui auraient introduit dans l’île une variante de la culture hallstattienne, la métallurgie du fer et l’usage des fortifications de hauteur ; au quatrième siècle (British Iron Age B), une deuxième vague d’immigrants serait venue de la péninsule Ibérique apporter la culture laténienne et un nouveau type de fortifications – les promontoires barrés du littoral –, tandis que, peu de temps après, des groupes de guerriers, quittant le Nord-Est de la France, venaient s’installer dans l’Est du Yorkshire et essaimaient vers le Sud, occupant les régions voisines des escarpements jurassiques. Enfin, au début du premier siècle av. J.-C., serait survenue l’invasion des tribus belges du Nord de la Gaule2, mouvement qui aurait ouvert la troisième et dernière phase de l’Âge du Fer britannique (British Iron Age C). Une série de fouilles, ouvertes au cours des années 1930 afin de trouver un support archéologique aux rares données concernant l’histoire de l’île avant l’invasion claudienne, crut trouver dans le système de lignes terroyées de Wheathampstead (Hertfordshire) l’ultime fortification dressée par Cassivellaunus, chef des Catuvellauni, forteresse dont la prise par César, lors de la campagne de 54 av. J.-C., aurait entraîné la soumission à Rome des tribus du Sud-Est de la Bretagne3, alors que Prae Wood (Hertfordshire), à proximité immédiate du site de la future ville romaine de Verulamium (Saint-Albans), aurait été le siège royal de Tasciovanus, successeur de Cassivellaunus4, et qu’enfin les fortifications terroyées reconnues à Colchester étaient considérées comme la capitale tribale des Trinovantes, capitale établie par Cunobelinus, fils de Tasciovanus, lors de son accession au rang de chef suprême des tribus du Sud-Est5 (fig. 1).

  • 6 Wheeler, Richardson, 1957.
  • 7 Hodson, 1960 ; Cunliffe, 1978, p. 2-10, 345-346.
  • 8 Cunliffe, 1978.

3Encore fermement établi à la fin des années 1950, comme en témoigne le Hill Forts of Northern France que Mortimer Wheeler et Kathleen Richardson tirèrent de leurs campagnes de sondages sur les enceintes laténiennes de Picardie, de Normandie et de Bretagne au cours des années précédant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale6, ce système fut remis en cause dès la décennie qui suivit la fin du conflit7. Trop rigide, trop marqué par le tropisme insulaire britannique, ce montage chronologique, qui ne permettait plus de répondre aux questions posées par des données archéologiques sans cesse plus nombreuses, laissa bientôt place à une image beaucoup plus nuancée, où étaient prises en compte, avec l’appui des approches paléoenvironnementales, les spécificités régionales du relief et des différentes facettes climatiques de l’île ; de même une conception plus ouverte des échanges biunivoques entre le Continent et les Iles Britanniques vint-elle se substituer aux échafaudages invasionnistes élaborés entre les deux guerres. Publiée pour la première fois en 1978, la thèse de Barry Cunliffe, Iron Age Communities in Britain8, est sans doute la meilleure illustration de ces nouvelles approches.

  • 9 Bersu, 1940.
  • 10 La fouille « à aire ouverte » est venue remplacer la « méthode Wheeler » mise au point par ce derni (...)
  • 11 Voir l’approche synthétique proposée par : Cunliffe, 1978 et 1991 (3e édition).
  • 12 Cunliffe, 1984-1991.
  • 13 Longworth et al., 1986, p. 43-46.

4La fouille de Little Woodbury (Hampshire), publiée en 19409, ayant montré qu’il était possible, en utilisant les techniques de fouille appropriées10, de mettre en évidence le plan complet d’établissements protohistoriques, les explorations d’habitats ouverts, souvent complétées par des prospections aériennes, se sont multipliées au cours des cinquante dernières années11. Nous ne nous y arrêterons pas, sinon pour souligner qu’en dépit d’une certaine homogénéité globale, où transparaît l’influence de traditions architecturales venues de l’Âge du Bronze, cet habitat ouvert présente une grande quantité de variantes, liées à des spécificités locales ou/et sociales, et dont il n’est guère aisé d’établir une typologie générale. Autre type d’habitat largement répandu dans les Iles Britanniques, où l’on en compte plus d’un millier, les fortifications de hauteur (hill forts) ont également fait l’objet de nombreuses fouilles, dont celles de Maiden Castle, de Midsummer Hill, Bury Hill, South Cadbury et Danebury sont indiscutablement les plus importantes. Révélant, dans bon nombre de cas, une occupation dense et durable de ces enceintes, elles ont permis d’évacuer l’hypothèse ancienne, et quelque peu bancale, qui voyait dans ces structures terroyées de simples refuges utilisés en temps de crise ; elles ont aussi montré que ces sites ne présentaient pas un faciès structurel et évolutif uniforme, et que, si beaucoup de ceux-ci avaient connu des phases d’abandon ou de stagnation, d’autres avaient été agrandis et réaménagés à La Tène moyenne (400-100 av. J.-C.), de façon à renforcer leurs défenses et à les pourvoir d’une entrée monumentale, à caractère autant symbolique que défensif. Il apparaît donc probable aujourd’hui que ce que Barry Cunliffe nomme developed hillforts aient joué le rôle de « places centrales » de territoires bien définis, dont ils constituaient tout à la fois le centre politique et le principal lieu d’échange entre les denrées produites dans les campagnes environnantes (céréales, laine, etc.) et les produits semi-finis (sel, lingots de fer) venus de zones extérieures au territoire qu’ils contrôlaient. Le mieux connu de ces developed hillforts est sans conteste celui de Danebury (Hampshire), fouillé à plus de 70 %12. Occupé du milieu du vie siècle av. J.-C. au ier siècle av. J.-C., ce grand hillfort fut considérablement réaménagé au début du ive siècle, l’espace interne étant structuré par trois « rues » et occupé par des maisons, plus de 2.000 silos à grain et plusieurs dizaines de greniers soutenus par quatre poteaux porteurs ; au centre de l’habitat, quatre bâtiments rectangulaires pourraient avoir eu une fonction cultuelle, comme ceux mis au jour à South Cadbury (Somerset) et Heathrow (Middlesex). Quelle que soit la fonction réelle retenue pour Danebury – centre politique d’un territoire ? entrepôt communautaire ? – il est indéniable que le nombre des silos et greniers mis au jour est tel qu’il ne saurait correspondre à la seule consommation de la communauté vivant sur ce site. On soulignera enfin que si des sites du même type se rencontrent dans le Sud-Ouest (Maiden Castle, Dorset ; South Cadbury, Somerset) et le Sud-Est (région des North Downs) de l’Angleterre, il semble néanmoins que cette première phase de concentration territoriale, antérieure à la naissance des tribus stricto sensu, trouve ses origines dans le Centre de l’Angleterre méridionale, dans une région où, près de deux millénaires auparavant, était née la brillante civilisation du Bronze ancien dite du Wessex13.

  • 14 Briard, 1965, p. 199-239 ; Cunliffe, 2001, p. 280-281.
  • 15 Roman, 1983.
  • 16 Galliou, 1982.
  • 17 César, B.G., III, 8 ; Strabon, Géographie, IV. 4.1.
  • 18 Cunliffe, Galliou, 2005, p. 153, 161.
  • 19 Abollivier, 2008, p. 307.

5Un tel bégaiement de l’histoire n’est bien sûr pas le fait du hasard. Située de part et d’autre du vaste estuaire de la Solent, cette région dispose d’une série de ports abrités et est idéalement placée pour recevoir les courants d’échange empruntant la Manche occidentale et la vallée de la Seine. Cette situation privilégiée lui valut ainsi, au Bronze final, d’être impliquée dans ce vaste réseau maritime, qui, de l’embouchure du Guadalquivir à celle du Rhin, diffusait, auprès des élites indigènes, armes – et tout particulièrement les épées dites « en langue de carpe » – et objets de parure14, puis, après une deshérence de quelques siècles, due à la réorientation des systèmes d’échange vers les communautés hallstattiennes puis laténiennes du Centre-Ouest de l’Europe, dans ce complexe « commercial », qui, entre la fin du second siècle et la conquête de la Gallia comata, alimentait en produits méditerranéens – et surtout en vin italien – le Nord-Ouest de l’Europe. Le trajet terrestre, fluvial et maritime entre Narbonne et l’orée de la Manche est aujourd’hui bien connu15 et nous n’y reviendrons pas, sinon pour souligner que, depuis notre publication de 1982, les découvertes d’amphores se sont multipliées dans la péninsule armoricaine16, témoignant du rôle joué par les peuples de l’Ouest de la Gaule dans ces échanges à longue distance. S’il faut sans doute réduire à des proportions plus raisonnables le rôle joué, dans ces commerces, par la « thalassocratie vénète » – les monnaies et céramiques caractéristiques de ce peuple sont des plus rares en Bretagne insulaire – les remarques de César et de Strabon sur les liens étroits unissant Armoricains et Bretons17 sont aujourd’hui amplement vérifiées par la présence de nombreuses monnaies et céramiques du Nord de la péninsule armoricaine dans le Sud de l’île de Bretagne, et, réciproquement, de céramiques britanniques et d’objets en shale (schiste bitumineux) de Kimmeridge (Dorset) dans l’oppidum maritime du Yaudet en Ploulec’h (Côtes-d’Armor)18 et d’un statère uniface des Atrébates sur le site de Mez Notariou à Ouessant (Finistère)19.

  • 20 Cunliffe et al., 1987.
  • 21 Williams, 1977.
  • 22 Cunliffe, 1988.

6Dans cette partie du Sud de la Bretagne insulaire, ces céramiques et monnaies armoricaines se concentrent assez nettement dans deux ports of entry et leur zone d’influence : à l’ouest de la Solent, le promontoire d’Hengistbury Head protège des intempéries la rade de Christchurch Harbour, où débouchent deux rivières, la Stour et l’Avon, offrant un accès aisé à l’hinterland. Les fouilles y ont montré des zones d’échouage et ont surtout mis au jour un grand nombre d’importations (amphores Dressel 1a, blocs de verre jaune et violet, figues, céramiques nord-armoricaines, monnaies coriosolites), et, à l’inverse, d’artéfacts et de denrées diverses (or, argent, bronze, sel, shale, etc.) qui devaient constituer une partie du fret de retour20. Plus à l’ouest, les abords de la rade de Poole, dans le Dorset (Hamworthy, Green Island, etc.), ont livré de nombreuses importations du même type, dans une zone où se développa, à partir du ier siècle av. J.-C., une importante industrie potière21. Beaucoup plus loin à l’ouest, enfin, à la limite du Devon et du Cornwall, le promontoire de Mount Batten, dans la baie de Plymouth, était idéalement placé pour drainer l’étain des hauteurs de l’hinterland (moors) et commercer avec le Nord de l’Armorique et même le Sud de la Gaule22. Les fouilles y ont mis en évidence divers objets (haches de bronze, monnaies, fibules, céramiques) montrant que ce site bien abrité avait entretenu des relations avec les régions précitées entre le Bronze final et le début de notre ère.

  • 23 Nash, 1987, p. 119-122.
  • 24 Cunliffe, 1978, p. 336-341.
  • 25 Ibid., p. 339-340.

7Incontestablement lié à la conquête de la Narbonnaise, qui permettait aux negotiatores d’accéder plus aisément aux routes maritimes atlantiques, ce mouvement d’ouverture au grand commerce influa très certainement, mais d’une manière qu’il est encore difficile d’identifier avec certitude, sur les systèmes économiques de cette région, et, partant, sur leur organisation politique. Jusqu’alors beaucoup moins visibles, les liens entre les Belges continentaux et les communautés installées dans le Sud-Est de la Bretagne se firent également plus intenses au cours de la même période, si l’on en juge à la présence, dans cette dernière région, de nombreuses monnaies gallo-belges (groupes A, B et C) frappées entre 130 et 80 av. J.-C.23. Il est vraisemblable, là encore, que ce resserrement des liens entre communautés transmarines ait sensiblement modifié la structure politique des peuples occupant les régions bordières de l’embouchure de la Tamise (East Anglia et Kent, surtout)24. En tout état de cause, des entités tribales au territoire bien défini, gouvernées par des « rois » et battant leur propre numéraire, étaient en place dans le quart sud-est de l’île lorsque César opéra son premier débarquement sur les côtes de Bretagne, en 55 av. J.-C.25 (fig. 2).

  • 26 César, B.G., V, 22.

8Quittant l’île après le demi-succès de son expédition, César y laissait un ordre politique sensiblement modifié. Placées sous le patronage direct de Rome et contraintes de lui payer un tribut annuel26, les tribus bretonnes qui lui avaient fait allégeance pouvaient, à l’inverse, utiliser le levier de la menace d’une intervention romaine à leurs côtés pour renforcer leur emprise territoriale. Les deux rives de la Manche orientale étant désormais sous contrôle romain, les relations entre tribus bretonnes et peuples gallo-belges se modifièrent sensiblement au cours des décennies suivantes : longtemps fondées sur des échanges « diplomatiques » entre élites, échanges dont relevaient certainement les monnaies d’or gallo-belges mentionnées ci-dessus, elles prirent, dans la seconde moitié du premier siècle av. J.-C., une tournure plus « commerciale », les Belges continentaux agissant comme intermédiaires entre le monde romain et les Bretons du Sud-Est, qui entraient dès lors dans un vaste système d’échanges, s’étendant du Wash à la Moselle.

  • 27 Cunliffe, de Jersey, 1997, p. 106-108.
  • 28 Stead, 1967.
  • 29 Voir, par exemple : Ferdière, Villard, 1993.
  • 30 Foster, 1986.
  • 31 Niblett, 1999.

9Les amphores vinaires constituent, à nouveau, un bon marqueur de l’orientation géographique et de la nature de ces échanges : ainsi peut-on constater que les découvertes d’amphores Dressel 1b, que l’on peut globalement dater de la seconde moitié du premier siècle av. J.-C., se concentrent dans le territoire des Trinovantes, dans le Sud-Est de l’île, alors que celles de la phrase précédente (Dressel 1a) se voyaient essentiellement, comme nous l’avons noté, dans la partie centrale de la Bretagne méridionale. Les amphores Dressel 1b étant proportionnellement beaucoup moins nombreuses que les 1a dans la péninsule armoricaine, il est possible, sans qu’on puisse le prouver avec certitude, que ce changement du point d’aboutissement des vins italiens se soit accompagné d’une modification des itinéraires empruntés et d’un certain déclin de la voie atlantique27. Sur les sites insulaires, concentrés dans les Chilterns et près des côtes de l’Essex (culture d’Aylesford-Swarling), ces amphores Dressel 1b sont souvent présentes dans les tombes de personnages de statut social élevé, comme à Baldcok (Hertfordshire) ou Welwyn Garden City (Hertfordshire)28, où elles sont associées, comme en Gaule29, à des services à vin en métal, à des chenets de fer et à des ensembles de pions de jeu, sinon même de rang princier, comme à Lexden en Colchester ou Folly Lane à Saint Albans. Sur le premier de ces sites, les restes incinérés d’un personnage de rang élevé avaient été enfouis, vers 15-10 av. J.-C., dans un tumulus de 30 m de diamètre, avec un mobilier funéraire comprenant au moins six Dressel 1b et douze Dressel 2-4, une cotte de mailles avec gros clous décoratifs en argent, un fragment de tissu filé d’or, des ornements d’argent dont l’un portait un médaillon d’Auguste30. A Saint Albans, une tombe à incinération avait été placée, vers 55 apr. J.-C., au centre d’un enclos fossoyé d’une superficie de 2 ha ; dans une fosse profonde avait été aménagée une « maison des morts » où, sans doute lors d’une cérémonie funèbre, l’on avait fracassé dix services en poterie et plusieurs amphores, les restes du défunt étant accompagnés d’un riche mobilier funéraire, dont un lit en ivoire, une cotte de mailles en fer, des éléments de harnachement en bronze émaillé, un char et environ 7 kg d’argent. Puis la chambre avait été démolie et le site recouvert d’un énorme tumulus31.

  • 32 Cunliffe, 1995, p. 69.
  • 33 Nash, 1987, p. 131, 133, 137.
  • 34 Ibid., p. 124-140.
  • 35 Sur ce point : Groenman van Wateringe, 1980.
  • 36 Un fort y fut bâti à Winteringham au cours des années 50 apr. J.-C., la forteresse légionnaire étan (...)
  • 37 Strabon, Géographie, IV, 5. 2.

10À cette émergence – à moins qu’il ne s’agisse que d’une plus grande visibilité – de classes ou de groupes, dont la prospérité et sans doute le pouvoir politique tenaient pour une bonne part aux relations privilégiées qu’elles entretenaient avec Rome, correspond, dans le courant du ier siècle av. J.-C., une profonde mutation dans la localisation et l’organisation des places centrales. Bien qu’elles n’aient pas été totalement abandonnées dès cette époque, les grandes fortifications de hauteur de la période précédente perdirent manifestement de leur importance au profit de ce que Barry Cunliffe a appelés enclosed oppida, souvent situés près de gués (Dyke Hills, Oxfordshire ; Salmonsbury, Gloucestershire ; Winchester, Hampshire) ou de grands itinéraires terrestres (Oldbury, Bigbury, Kent). A Calleva/Silchester (Hampshire), les fouilles ont montré qu’à une première occupation, datable du milieu du ier siècle av. J.-C., avait succédé, vers 20 av. J.-C., une phase de proto-urbanisation, avec des séries de bâtiments rectangulaires disposés le long d’un réseau de rues, à laquelle correspondent de nombreuses importations venues du Continent (amphores, céramiques, monnaies)32, cette agglomération devenant, moins d’un siècle après, la principale ville romaine des Atrébates. Tous ces oppida ne connurent pas le même destin, beaucoup étant abandonnés dès avant la conquête claudienne (Bigbury, Wheathampstead, Salmonsbury, etc.), alors que, sur d’autres sites, comme Verulamium (Saint Albans), Camulodunum (Colchester) ou Noviomagus (Chichester), se développaient des ensembles de lignes terroyées délimitant de vastes zones (16 km2 à Colchester), où des activités très diverses étaient dispersées sur l’ensemble de la zone enclose. La présence de tombes « princières » dans plusieurs de ces territorial oppida (voir supra), l’existence d’ateliers monétaires qu’attestent les frappes portant le nom abrégé de ces sites (Calle pour Calleva, Camulo pour Camulodunum, Ver pour Verulamium)33, sont autant d’indices du poids économique et politique de ces places, dont beaucoup devinrent, au siècle suivant, colonie ou capitale de civitas. Ces phénomènes de proto-urbanisation, d’apparition de groupes tribaux bien définis et à la structure sociale fortement hiérarchisée34 sont, de toute évidence, des mutations qu’avait connues la Gaule quelques décennies auparavant, et, comme de l’autre côté de la Manche, elles constituèrent les fondations nécessaires à la prise de l’ordre romain après la conquête qui suivit la mort de Cunobelinus en 40 apr. J.-C.35. Qui considère leur répartition géographique ne peut manquer de constater que ces phénomènes concernent essentiellement le quart sud-est de l’île, en deçà d’une ligne tirée du Wash à l’estuaire de la Solent, leur intensité étant moindre dans les territoires tribaux périphériques (Durotriges du Dorset, Dobunni du Nord du Somerset et du Gloucestershire, Corieltauvi du Leicestershire et du Lincolnshire) et nulle au delà de ceux-ci. On ne s’étonnera donc pas que Rome se soit attachée, dans les premiers temps, à conquérir le Sud-Est de la Bretagne, les tribus périphériques (Durotriges, Dobunni et Corieltauvi), dûment contrôlées par l’artère militaire de la Fosse Way tracée entre l’estuaire de la Humber36 et la baie de Lyme, servant d’intermédiaires pour drainer, vers le bassin de la Tamise, les esclaves, les chiens de chasse37 et les minerais des contrées « barbares » s’étendant à l’ouest et au nord. Ce front pionnier ne constitua cependant qu’une frontière temporaire, l’une des étapes de la longue marche vers le nord.

2. Tacite a-t-il menti ? Le problème de la Gask Frontier

  • 38 Tacite, Agricola, XIV, 3 ; Annales, XIV, 29-30.
  • 39 En particulier la barbarica conspiratio de 367 apr. J.-C. (Ammien Marcellin, Res Gestae, XXVII, 8.1 (...)
  • 40 Tacite Annales, XIV ; Agricola, XIV, XV, XVI ; Dion Cassius, Histoire, LXII. Il est à noter que le (...)
  • 41 Tacite, Agricola, XVII ; Frere, 1967, p. 99-101.
  • 42 Ibid., p. 99.
  • 43 Frere, St Joseph, 1983; Hanson, 1987.
  • 44 Tacite, Agricola, XXII.
  • 45 Tacite, Agricola, XXIII.

11Dès 47 apr. J.-C., en effet, ce système quelque peu fragile fut mis à mal par le soulèvement des tribus galloises (Silures et Ordovices), puis d’une partie des Brigantes du nord de l’île, pourtant alliés de Rome depuis les campagnes d’Aulus Plautius. L’aide militaire apportée à Cartimandua, reine des Brigantes, le verrouillage des Marches galloises par l’installation de deux légions – la XIVe et la XXe – dans les forteresses bâties à Wroxeter et à Gloucester, parurent, pour un temps, des remèdes efficaces à ces dangers, tandis que, dans le Sud de l’île, la création de cités fédérées, de la Colonia Victricensis (Colchester) et du municipe de Verulamium, faisant de la romanisation des indigènes une réalité tangible, semblait assurer de façon définitive la stabilisation des arrières de l’avance militaire. Les limites de cette politique de « containment » apparurent cependant bientôt, et Q. Veranius, qui débarqua en Bretagne en 57 apr. J.-C. pour prendre la succession de Didius Gallus, était muni d’ordres formels de Néron, qui, lassé de la prudence excessive de la politique claudienne, avait choisi d’éliminer par l’invasion la menace que continuaient de faire peser les tribus galloises sur les zones nouvellement conquises dans le Sud-Est de l’île. Veranius et son successeur Suetonius Paullinus virent d’abord à bout de la résistance des Silures, tandis qu’en 60 apr. J.-C. Paullinus se lançait à l’assaut d’une des dernières poches de résistance en traversant les Menai Straits pour prendre l’île d’Anglesey, haut lieu du culte druidique et grenier à blé des Ordovices38. Si le problème gallois paraissait ainsi plus ou moins réglé, subsistait la menace latente des tribus du nord de l’île et des montagnes écossaises, régions qui, jusqu’à la fin de la présence romaine en Bretagne, furent le point de départ d’incursions plus ou moins massives dans les basses terres s’étendant au sud des Pennines39. Un temps ralenti par le soulèvement des Iceni d’East Anglia, menés par leur reine Boudicca (60-61 apr. J.-C.)40, le nécessaire projet de mise à merci de ces peuples hostiles ne prit chair que lorsqu’une nouvelle insurrection du parti anti-romain des Brigantes, profitant sans doute des incertitudes politiques et militaires de l’« année des quatre empereurs », contraignit les autorités romaines à l’intervention militaire. Ami et parent de Vespasien, le nouveau gouverneur, Q. Petillius Cerialis prit ainsi, en 71 apr. J.-C., la tête d’une expédition qui, partant de Lincoln, alla réduire un à un les pagi des Brigantes41. Une forteresse légionnaire, bâtie à Eburacum (York), à la frontière des Parisii et de ces derniers, devait assurer la surveillance de ces peuples peu enclins à la soumission42 ; il est manifeste que ce nouveau dispositif repoussait encore plus au nord l’emprise militaire de Rome, sans pourtant garantir qu’il permettrait d’établir une paix durable, tant restait instable, au-delà du territoire des Brigantes, l’espace situé entre le Nord de la chaîne des Pennines et les Highlands d’Écosse. Après que les tribus galloises furent définitivement mises à raison, c’est donc tout logiquement à la réduction des Selgovae et des Novantae des hautes terres du Sud de l’Écosse que s’attacha Gnaeus Julius Agricola, nommé gouverneur de Bretagne en 78 apr. J.-C. Le détail des opérations est relativement bien connu, grâce à la Vie que rédigea son gendre, l’historien Tacite, et aux prospections aériennes et aux fouilles menées par nos collègues britanniques43 : de part et d’autre de l’épine dorsale des Pennines, deux colonnes, parties des forteresses légionnaires de Chester et de York en 79 apr. J.-C., marchèrent vers le nord, ouvrant de nouvelles routes et édifiant des forts au fur et à mesure de leur avance. À la fin de la première campagne, laissant derrière elles une contrée définitivement soumise44, les armées romaines campèrent le long de la frontière nord des Brigantes, sur l’isthme qui sépare la Solway de la Tyne. L’année suivante, les Selgovae et Novantae ayant été soumis à leur tour, l’expédition poussa jusqu’à l’estuaire de la Tay et reconnut l’importance stratégique de l’isthme Clyde – Firth of Forth, qui, formant une barrière linguistique et culturelle de première importance, semblait borner « une autre île »45.

  • 46 On ne sait exactement où se déroula cette bataille (environs d’Inverness ?). Voir Keppie, 1980.
  • 47 Tacite, Agricola, XXI.
  • 48 Il y a environ 70 km entre le fond des deux rias que constituent la Clyde et la Forth. Environ 90 k (...)
  • 49 Beaucoup d’ouvrages ont été consacrés à ces deux « murs ». On retiendra, parmi les publications réc (...)
  • 50 On pourra consulter le site internet de l’équipe qui est en charge de ce projet de recherche (http: (...)
  • 51 Pitts et St Joseph, 1985.
  • 52 La « route » d’époque flavienne n’a pas encore été reconnue. La « route » signalée sur cette fronti (...)
  • 53 Hanson et Friell, 1995 ; Glendinning et al., 2000.

12Ces avancées successives, qui trouvèrent leur terme dans la défaite des Calédoniens des Highlands près du mons Graupius en 84 apr. J.-C.46 posaient bien sûr, in fine, la question du contrôle permanent des zones montagneuses du Nord de l’Angleterre et plus encore des Highlands d’Écosse, peuplées de tribus guerrières, politiquement peu structurées, et qui, à la moindre occasion, reprendraient le combat contre l’envahisseur. La pacification de ces peuples par la romanisation des élites, dont Tacite nous a laissé une célèbre description pour le Sud de l’île47, n’étant guère possible et la mise en place d’un cordon militaire dans la plaine orientale, seule partie aisément accessible du Nord de l’Ecosse, trop risquée en raison du trop grand étirement de ce dispositif, la seule voie ouverte aux autorités romaines était l’établissement d’une barrière défensive entre la mer d’Irlande et la mer du Nord. Ce choix stratégique fut, comme on le sait, à l’origine de la construction du mur d’Hadrien, entre la Solway et la Tyne, puis du mur d’Antonin, entre la Clyde et le Firth of Forth, c’est-à-dire aux points où l’île de Bretagne est la moins large48. Nous ne reviendrons pas ici sur l’histoire complexe, mais aujourd’hui relativement bien connue, de ces deux ensembles, occupés, abandonnés et réoccupés au gré des événements militaires et politiques49, car ils ne concernent qu’une période sensiblement plus tardive que celle qui nous concerne ici. On sait en revanche depuis peu que les premiers éléments du mur d’Hadrien, mis en place vers 120 apr. J.-C., sont postérieurs de près de quarante ans à ceux d’une première frontière, édifiée dans les Lowlands écossais, à près de 200 km au nord du mur d’Hadrien, entre 70 et 80 apr. J.-C., probablement donc lors de la 4e campagne d’Agricola. Appelée Gask Frontier, d’après le nom de la crête rocheuse (Gask Ridge) du Pertshire qu’elle occupe sur une certaine distance, elle court, à la limite des terres fertiles des Lowlands et de l’abrupt des Highlands, dans les comtés de Perth, Kinross et Angus, formant sans doute une ligne continue entre la Clyde, à l’ouest, et la Tay, sur la mer du Nord (fig. 3). Ce système étant toujours en cours d’étude50, on n’en connaît pas encore les bornes extrêmes – il paraît ainsi peu vraisemblable qu’il se soit achevé à l’ouest sur un simple fortin contrôlant un gué sur un affluent de la Forth – celui de Glenbank, à l’ouest de Stirling – laissant ouvert le couloir séparant ce petit cours d’eau du Loch Lomond, tandis qu’à l’est son apparente terminaison au fort de Bertha, sur la Tay, exclurait une série de forts et fortins situés au-delà de cette rivière ainsi que la forteresse légionnaire d’Inchtuthil – ni même la structure exacte (simple rideau défensif, ou système échelonné en profondeur ?). On peut néanmoins penser, en se fondant sur ce que l’on sait d’autres ensembles défensifs de même nature, qu’il y a là une structure complexe, comprenant une première ligne de forts et forteresses (Drumquhassle, Mailing, Bochcastle, Dalgrinross, Fendoch, Inchtuthil, etc.) établis au débouché des vallées glaciaires (glens) descendant des Highlands, mais qui, en raison de la petite taille de leur garnison – à l’exception, bien sûr, de la forteresse légionnaire d’Inchtuthil51 – ne pouvaient servir à arrêter que des raids d’importance secondaire et non des mouvements de population de grande ampleur, puis, à une vingtaine de kilomètres au sud, la Gask Frontier proprement dite, servant de second rideau défensif. L’élément central de cette ligne paraît avoir été une « route »52, reliant, d’ouest en est, les forts de Doune, Ardoch, Strageath et Bertha, « route » au bord de laquelle se dressaient des tours de guet en bois, d’environ 3 m de côté, entourées d’un rempart de terre précédé d’un fossé, et espacées d’environ un mille. Une vingtaine de ces tours sont actuellement connues sur ce tracé, mais il s’en découvre régulièrement d’autres53.

  • 54 Schönberger, 1969.
  • 55 Hodgson, 2000.
  • 56 Ceci se traduit par une intensification de l’élevage de bétail, pour la viande, et de l’apparition (...)

13Ce type de dispositif, avec « route », tours de surveillance et fortins, est bien attesté sur le limes germanique, dans le Taunus et la Wetterau54, ainsi que sur la Stanegate, ancêtre du mur d’Hadrien, édifiée entre la Solway et la Tyne entre 105 et 120 apr. J.-C.55. S’il faut certainement y voir un système défensif contre les incursions des tribus calédoniennes, son inflexion générale, de direction SW/NE, montre qu’il servait aussi à protéger les ports du Firth of Forth et de la Tay, et peut-être aussi les Venicones de la péninsule du Fife, tribu amie de Rome. Les fouilles récemment menées sur un habitat indigène à East Coldoch, près du fort de Doune, ont d’ailleurs montré que les autochtones avaient modifié leurs pratiques agricoles pour répondre aux besoins de l’armée romaine56, recevant en échange du vin ( ?) et un certain nombre d’objets finis (poterie, verre).

  • 57 Longtemps considéré comme ayant élevé sous Domitien, on date aujourd’hui ce dernier des années 110- (...)
  • 58 Hobley, 1989.
  • 59 Daniels, 1989.
  • 60 Ainsi, dans la forteresse légionnaire d’Inchtuthil, près de dix tonnes de clous avaient été enterré (...)
  • 61 Aucun élément mobilier que l’on pourrait, sans hésiter, dater du second siècle apr. J.-C. n’a encor (...)

14S’il paraît aujourd’hui bien établi que cette frontière est largement antérieure au mur d’Antonin, édifié entre la Clyde et le Firth of Forth entre 142 et 155 apr. J.-C., sa datation précise fait aujourd’hui objet de débats. Selon D. Woolliscroft et B. Hoffmann, animateurs du Roman Gask Project, les indices de plusieurs phases de reconstruction dans certaines des tours de surveillance du Gask Ridge plaideraient en faveur d’une occupation assez longue de ces structures, plus longue en tout cas que les six années qu’accorde l’histoire officielle. L’occupation flavienne ne pouvant être repoussée au-delà du terminus post quem de 86 apr. J.-C., qui vit le démantèlement de ces structures, et quelques monnaies à fleur de coin datables du début du règne de Vespasien ayant été mises au jour dans le fort de Cardean, il faudrait donc admettre que leur fondation est antérieure d’une dizaine d’années à la date communément admise (80 ou 81 apr. J.-C.) et qu’Agricola, arrivé en Bretagne en 78 apr. J.-C., est entièrement étranger à la création de cette frontière. Cette proposition quelque peu iconoclaste, faisant de la Vie d’Agricola de Tacite un simple récit hagiographique et non un document à valeur historique et s’effondrer comme château de cartes la doxa de l’occupation flavienne du Nord de l’Angleterre et des Lowlands écossais, a, disons-le, le défaut de n’être basée, pour l’ensemble de ce système, que sur un petit nombre de pièces de mobilier (céramiques et monnaies), auxquelles il n’est souvent pas possible d’assigner une date précise à l’intérieur de la période flavienne. Si elle fait, comme nous l’avons noté, l’objet de débats assez vifs et doit demeurer, dans l’attente de nouveaux documents, une simple hypothèse de travail, il n’en reste pas moins vrai que cette « frontière » est, à ce jour, la plus ancienne connue dans le monde romain, prédatant d’au moins vingt ans le limes germanique57. Comme nous l’avons souligné, elle fut abandonnée en 86 apr. J.-C. ou au tout début de l’année suivante, lorsque l’attaque surprise des Daces sur la Mésie contraignit les autorités à retirer la II Adiutrix de ses cantonnements de Chester et de Lincoln pour l’expédier sur le Danube58. Ce subit amaigrissement du corps de troupes stationné en Bretagne ne pouvait qu’entraîner un abandon des lignes les plus exposées et un retrait vers les zones, plus aisément défendables, du Nord de l’Angleterre59 ; sur tous les sites de cette Gask Frontier on peut ainsi observer les traces d’un démontage systématique et méthodique des élévations de bois, de façon à ce qu’elles ne puissent être réutilisées par des groupes hostiles60. Un bon nombre de ces sites montrent toutefois les indices d’une réoccupation au second siècle, lorsqu’ils servirent d’éléments avancés au mur d’Antonin, établi à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière flavienne61.

3. Du « palais » de Fishbourne aux Fens : domaines royaux, domaines impériaux

  • 62 Voir, en particulier : Rivet, 1969 ; Branigan, 1977.
  • 63 Dark, Dark, 1997.

15En Grande-Bretagne comme en France, une grande part de l’activité des archéologues, professionnels et amateurs, est consacrée à l’étude de l’occupation du sol et de son aménagement, depuis les périodes les plus reculées jusqu’à l’époque moderne. Il est également manifeste que, en ce qui concerne la période romaine, leur attention, longtemps accaparée par les ensembles de bâtiments en dur, bâtis sur des schémas et avec des matériaux en partie empruntés au monde méditerranéen, structures que l’on appellera par convention villae62, s’est, depuis quelques dizaines d’années, tournée vers ces établissements ruraux qu’on qualifiera, par une convention symétrique, d’« indigènes », et dont les prospections aériennes, tout comme les vastes décapages liés à l’urbanisation et à la rurbanisation ont révélé de très nombreux exemples63. Il n’est cependant pas de notre propos d’étudier ici ces deux systèmes complémentaires, tâche qui dépasse très largement le cadre restreint de cette étude et qui n’offrirait pas de matériaux particulièrement distincts au lecteur au fait des découvertes françaises, mais plutôt de nous attacher à l’étude de trois sites fouillés depuis les années 1960 et dont l’intérêt est directement lié à la double nature, civile et militaire, de la Bretagne romaine.

  • 64 Des fragments de telles céramiques avaient déjà été mis au jour, hors contexte, dans les fouilles d (...)
  • 65 Manley et al., 2005.
  • 66 Cunliffe, 1971.
  • 67 Cunliffe, 1971, vol. I, p. 72-73.
  • 68 Frere, Fulford, 2001.
  • 69 Russell, 2006.
  • 70 Tacite, Agricola, XIV; Barrett, 1979.

16Sur la côte sud de l’île, à l’est de l’embouchure de la Solent, le site de Fishbourne, près de Chichester, présente ainsi une série d’occupations assez remarquables. La première structure attestée sur le site est un fossé, fouillé en 1999 et 2002, et qui, malgré la faible ampleur de l’intervention, a livré un mobilier conséquent, comprenant, outre de la poterie de production régionale, des céramiques des ateliers d’Amiens, de la sigillée micacée de Gaule du Centre, de la sigillée arétine et néo-arétine (ateliers de Lyon)64, quelques fragments d’amphores de Bétique, l’ensemble étant bien daté de la période 10 av. J.-C. – 25 apr. J.-C. À cela s’ajoutent la garniture en bronze d’un fourreau d’épée de type « Mayence » et une quantité importante d’ossements animaux (porc surtout). Il est donc possible, comme le suggèrent les fouilleurs, qu’il y ait là le site d’un emporium côtier, entretenant des relations commerciales suivies avec la Gaule dès avant la conquête claudienne65. Au début des années 1960, des travaux d’adduction d’eau avaient mis au jour, au sud-ouest de l’emplacement de ce fossé, d’important vestiges romains, fouillés au cours de la décennie suivante par Barry Cunliffe66. À la phase 1a de cette occupation correspondent deux bâtiments à structure de bois, des greniers (T 1 et T 2), que le fouilleur attribue, en raison de leur plan et de la présence de pièces d’équipement militaire67, à une base d’approvisionnement de l’armée romaine, installée lors du débarquement de 43 apr. J.-C.68. Quelques années après, deux autres bâtiments du même type (T 4 et T 5 de la phase 1b) furent édifiés sur le même site, avant d’être remplacés, au cours des années 60 apr. J.-C., par un bâtiment résidentiel en pierre, avec thermes et jardin central entouré d’un portique (« Proto-Palais » de la phase 1c). Vers 73 apr. J.-C., ou peut-être même vers 92 apr. J.-C. si l’on suit l’avis de Miles Russell69, on commença d’ériger, en y incorporant le bâtiment de phase 1c, une très vaste résidence de 150 m de côté, comportant quatre ailes édifiées autour d’un jardin central de forme carrée, bordé d’un portique : les ailes nord et est se composent de suites de pièces disposées autour de cours intérieures, avec une entrée monumentale au milieu de l’aile orientale et une grande salle à trois nefs dans l’angle nord-est, l’aile ouest comprenant des pièces d’apparat, une grande salle de réception, les appartement privés des résidents se trouvant dans l’aile sud (fig. 4). Il est évident que cet édifice, où furent mises au jour près de cinquante mosaïques et une série d’hypocaustes à conduits rayonnants, ne saurait être une simple villa ; elle s’apparente, par sa taille, à la Maison Dorée de Néron ou à la villa de Piazza Armerina en Sicile, et, par son plan, à la Domus Flavia, sur le Palatin. C’est indiscutablement à ce jour la plus grande résidence du Haut Empire découverte au nord des Alpes, et le terme de « palais », utilisé pour la décrire, ne paraît pas appartenir au domaine de l’hyperbole. On a donc cherché à qui il pouvait être destiné, le candidat le plus probable étant Tiberius Claudius Cogidubnus, fils de Cunobelinus et roi pro-romain des Atrébates à la fin du ier siècle apr. J.-C.70, que l’inscription découverte en 1723 à Chichester qualifie de « grand roi des Bretons » :

  • 71 Bogaers, 1979= RIB 91.

[N]EPTVNO·ET·MINERVAE
TEMPLVM
[PR]O·SALVTE·DO[MVS]·DIVINA[E]
[EX]·AVCTORITAT[E·TI]·CLAVD·
[CO]GIDVBNI·R [EG·MA]GNI·BRIT
[COLE]GIVM·FABROR·ET [·Q]VI·IN·E[O]
[SVNT]·D·S·D·DONANTE·AREAM
[…]ENTE PVDENTINI·FIL71

  • 72 Russell, 2006.
  • 73 L’une est sans doute un faux et la seconde concerne plutôt un indigène.
  • 74 Suétone, Domitien, X, 3.

17On ne saurait, en revanche, retenir cette hypothèse si l’on accepte la datation basse proposée par Miles Russell. On a parfois supposé72 que l’occupant des lieux était Sallustius Lucullus, gouverneur de Bretagne à la fin du ier siècle, qu’auraient mentionné deux inscriptions également découvertes à Chichester73, mais c’est oublier qu’il fut mis à mort par ordre de Domitien – probablement en 89 apr. J.-C. – pour avoir donné son nom à un nouveau type de lance, ou plus vraisemblablement pour avoir pris part à la conspiration menée par Lucius Antonius Saturninus, légat de Germanie supérieure74. S’il reste donc encore bien des incertitudes à propos de ce site, en particulier en ce qui concerne ses premières phases, il n’en est pas moins vrai qu’il y a là un ensemble de toute première importance pour la compréhension de l’intégration de la Bretagne insulaire dans la sphère d’influence romaine, de part et d’autre de la conquête claudienne.

  • 75 On en trouverera une présentation synthétique dans : Potter, 1989.
  • 76 Clark, 1949.
  • 77 Salway, 1970.
  • 78 Potter et al., 1981, p. 98, 100.
  • 79 Potter et al., 1981 ; Potter, Jackson, 1982 ; Potter, Whitehouse, 1982 ; Jackson, Potter, 1996. Le (...)
  • 80 Potter, Whitehouse, 1982.
  • 81 Potter, 1989, p 162, 165 et fig. 8.

18À l’ouest de l’échancrure du Wash, qui ferme au nord l’East Anglia, les Fens sont de vastes étendues planes (près de 4000 km2), nées du colmatage d’un bassin maritime par des alluvions marines et fluviales, et d’où émergent, par endroits, quelques « îles » d’une géologie différente. Située pour une large part à moins de 10 m au-dessus du niveau de la mer, cette zone, souvent inondée par les rivières qui la traversent, fut longtemps considérée comme pratiquement vierge de tout vestige antique. Dans les années 1980-1990, un vaste programme de prospections pédestres et aériennes, entrepris avec l’appui du British Museum75, montra qu’il n’en était rien, cette région ayant été fréquentée dès la Préhistoire, l’occupation se concentrant sur les « îles », alors cernées par des étendues marécageuses, où se mêlaient les eaux des ruisseaux et les eaux salées de la mer du Nord. Vers 50 av. J.-C., des changements climatiques et une baisse du niveau de la mer, entraînant un assèchement progressif de ces marais, permirent à des communautés de sauniers de s’installer sur ces terres nouvellement émergées. Ces implantations ne modifièrent guère le visage des Fens, et il fallut attendre les environs de 125 apr. J.-C. pour qu’un vaste mouvement de colonisation en altère la physionomie. Ainsi, la construction d’un réseau méticuleusement tracé de canaux de drainage, dont le Car Dyke, long de 140 km, ouvert dans la partie occidentale des Fens76, et de routes empierrées s’accompagna, dans les années 125-140 apr. J.-C., de la création de centaines de villages et de fermes sur les terres progressivement gagnées sur l’eau. Ces nouveaux édifices n’étaient pas des villas aux murs maçonnés, mais des chaumières faites de bois et de torchis, occupant un lopin rectangulaire enserré entre des canaux de drainage. L’examen des mobiliers mis au jour dans ces établissements ruraux montre qu’on s’y consacrait, pour l’essentiel, à l’élevage des moutons ainsi qu’à l’extraction du sel marin, et non à l’agriculture céréalière intensive qui caractérise aujourd’hui ces terres riches. Une telle colonisation méthodique portant très vraisemblablement la marque de l’administration romaine, la plupart des chercheurs s’accordent aujourd’hui à penser que les Fens firent partie d’un vaste domaine impérial, acquis à l’État sous le règne d’Hadrien et peut-être même lors de la visite de celui-ci en Bretagne au début des années 12077. On en verra une preuve supplémentaire dans l’édification, vers 130-140 apr. J.-C., d’un vaste ensemble bâti à Stonea (Cambridgeshire), non loin de l’ancien hillfort abritant le centre tribal des Iceni78, ensemble rigoureusement construit selon un plan orthonormé et dont l’élément principal était une grande tour rectangulaire de quatre étages, doublée de bâtiments auxiliaires, se dressant devant une vaste place non loin de laquelle se trouvait un temple dédié à Minerve79 (fig. 5). Bâtie en calcaire provenant de Peterborough, à une trentaine de kilomètres de là, cette tour avait à l’origine 50 pieds de côté et des murs épais de 1,20 m. Son état d’arasement en rend l’étude difficile, mais il est certain qu’elle était pourvue d’une abside sur son côté ouest et d’un hypocauste sur sa face sud ; divers éléments recueillis lors de la fouille attestent aussi la présence d’une mosaïque, d’enduits peints et de fenêtres vitrées. Bâti vers 145 apr. J.-C. selon une mode architecturale du temps, dont témoigne également le Mura di Santo Stefano à Anguillara, au nord de Rome80, cet édifice ne saurait avoir abrité des thermes, car les pièces techniques (caldarium, piscines, etc.) en sont absentes, ni un temple, mais vraisemblablement les services de gestion du domaine impérial, ce que paraît d’ailleurs confirmer la découverte, à proximité de cette structure, de tablettes à écrire et de pièces d’équipement militaire81. Un lien entre cette mise en valeur systématique des Fens et la construction du Mur d’Hadrien n’est donc pas à exclure, si l’on songe que les troupes qui étaient stationnées sur ce limes avaient besoin de quantités importantes de lainages, de sel et de produits salés que cette région était à même de produire. On s’étonnera, dès lors, que ces édifices aient été rasés moins de cinquante ans après leur construction.

4. L’armée romaine et l’aménagement du territoire : l’exemple des plaines inondables du Gwent

  • 82 Mason, 1988, p. 164.
  • 83 RIB 395.
  • 84 Allen, Fulford, 1986 ; Fulford, Allen, 1994 : Locock, 1998 ; Meddens et al., 2001.
  • 85 Ils avaient donné du fil à retordre aux gouverneurs de la fin du ier siècle. Voir : Tacite, Annales(...)
  • 86 Rippon, 2000.

19L’approvisionnement de l’armée romaine de Bretagne en nourriture, en chevaux de selle et de trait, en métaux et matériaux divers, nécessitait sans aucun doute que fût mise à son service une partie des ressources naturelles de l’île, dans une mesure et selon des modalités qui font encore débat parmi les archéologues. On s’accorde en revanche à penser qu’une partie de ces besoins – essentiellement ceux liés à l’élevage – pouvait être pourvue par les « territoires légionnaires » (prata ou territorium legionis) s’étendant autour des principales forteresses et directement contrôlés par l’armée, comme ceux de la IIII Macedonia attestés dans le Nord de l’Espagne82. Sur la côte du large estuaire à marée de la Severn, près de Caerleon (Isca Silurum), stationnement de la II Augusta établi en 74-75 apr. J.-C., fut découverte à la fin du xixe siècle, une borne portant l’inscription suivante : Coh (ortis) I c (enturia) Statori M [a] ximi p (assus) X [XX] III semis : « De la première cohorte, la centurie de Statorius Maximus a (construit) 33 ½ pas. »83, inscription qui, si l’on en juge au point de découverte, ne peut faire référence qu’à la construction d’une digue de protection ou d’un chenal de drainage. Des prospections intensives et plusieurs sondages ouverts des deux côtés de l’Usk, dans le Wentlooge Level, sur la rive droite, et le Caldicot Level, sur la rive gauche, ont montré qu’une zone basse – 4 à 5 m au-dessus du niveau de la mer – d’environ 325 km2, située au sud de la forteresse légionnaire, avait été méthodiquement drainée par un réseau de fossés géométriquement organisés, dont l’extension totale atteint près de 320 km et que les mobiliers associés datent d’une période s’étendant de la fin du ier siècle au iiie siècle apr. J.-C. (fig. 6). Les analyses polliniques effectuées prouvent sans conteste qu’il y avait là des prairies humides, utilisées pour la pâture estivale de bovins, de chevaux et de moutons, ce dont témoignent d’ailleurs les trouvailles d’ossements de ces animaux dans les sondages, pratique déjà attestée localement à l’Âge du Fer84. On peut donc raisonnablement conclure, en se fondant sur ces données, que ces zones basses connurent de vastes travaux d’aménagement destinés à l’élevage rationnel d’ovins et de bovins, destinés à l’alimentation, ainsi que de chevaux de selle ou de trait. La proximité de la forteresse légionnaire d’Isca Silurum ainsi que la borne de Goldcliff (voir supra) attribuent avec quelque vraisemblance ces vastes travaux à l’armée romaine, l’utilisation de ces terres marginales, mais où existait une tradition d’élevage depuis l’Âge du Fer, permettant de soulager la pression qui se serait sinon certainement exercée sur les terres plus fertiles des Silures, tribu notoirement belliqueuse que l’on pouvait de la sorte ménager85. D’autres aménagements de zones côtières humides datables de l’époque romaine sont sans aucun doute connus dans l’Ouest de la Bretagne – en particulier sur l’autre rive de l’estuaire de la Severn, dans le Somerset86 – mais leur étude minutieuse a montré qu’ils ne présentaient pas les mêmes caractéristiques que ceux de la rive droite et n’avaient vraisemblablement aucun lien avec une entreprise d’aménagement militaire. On verra néanmoins dans ces deux ensembles les marques d’une gestion rationnelle des paysages et des ressources naturelles, dont l’exploration des zones liminales, jusqu’ici largement ignorées des archéologues, livrera certainement d’autres traces.

  • 87 Le concept de « romanisation » a fait, on le sait, l’objet de vifs débats. Pour la Bretagne, on con (...)
  • 88 On trouvera ainsi, inter alia, des analyses très différentes de ce phénomène chez Esmonde Cleary (1 (...)

20Bien qu’ils paraissent sinuer vers des horizons radicalement distincts, les chemins que nous avons empruntés au fil de ces pages nous ramènent tous, volens nolens, à la même question centrale, celle de la « romanisation » d’une province périphérique, isolée, qui plus est, de la masse continentale de l’Empire par un bras de mer qui pouvait tour à tour se faire berceau accueillant ou douve redoutable. Acceptée ou ingérée de force, diffusée par les élites, par l’armée ou par les objets du commerce87, cette « romanisation », dont l’impact fut loin d’être le même dans les « basses terres » du Sud-Est de l’île et les « hautes terres » de l’Ouest et du Nord, fut-elle un mince vernis artificiellement appliqué sur les vestiges d’une société indigène à la culture encore vivace ou, au contraire, un bienfait qu’accueillirent à bras ouverts élites et paysans ? Le sujet n’est certes pas neuf et on le jugera même passablement éculé, tant sont nombreuses et diverses les réponses apportées à cette question pour le domaine géographique qui nous concerne. Mais, au-delà du terme chronologique choisi, cette interrogation sous-tend indiscutablement les interprétations que l’on peut donner de l’évaporation de l’emprise politique et culturelle de Rome après le rescrit d’Honorius (410 apr. J.-C.) et de la progressive « germanisation » de ces régions mêmes où la « romanisation » paraissait avoir laissé les traces les plus nettes88, alors même que les zones périphériques en revenaient à une culture « celtique » que Rome n’avait guère tenté de faire disparaître.

Fig. 1. Les principaux peuples de l’île de Bretagne

Fig. 1. Les principaux peuples de l’île de Bretagne

Fig. 2. Oppida et entités politiques dans le Sud-Est de la Bretagne au début du ier siècle av. J.-C.

Fig. 4. Plan du « palais » de Fishbourne à la fin du ier siècle apr. J.-C.

Fig. 4. Plan du « palais » de Fishbourne à la fin du ier siècle apr. J.-C.

D’après B. Cunliffe.

Fig. 5. Reconstitution de la tour de Stonea dans son environnement

Fig. 5. Reconstitution de la tour de Stonea dans son environnement

D’après T. Potter.

Fig. 6. Plan du réseau de fossés de drainage du Wentlooge Level

Fig. 6. Plan du réseau de fossés de drainage du Wentlooge Level

D’après M. Fulford et J. Allen.

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Notes

1 Hawkes, 1931. Cette distinction est encore présente dans Frere, 1967, p. 6-26.

2 César, B.G., V, 12.

3 César, B.G., V, 22 ; Frere, 1967, p. 37.

4 Il est possible qu’il ait commencé de régner vers 20 av. J.-C. Son nom n’est attesté que par ses monnaies. Voir : Frere, 1967, p. 46.

5 Suétone (Gaius, 44) l’appelle, ainsi, Britannorum rex. Voir aussi : Frere, 1967, p. 44-45.

6 Wheeler, Richardson, 1957.

7 Hodson, 1960 ; Cunliffe, 1978, p. 2-10, 345-346.

8 Cunliffe, 1978.

9 Bersu, 1940.

10 La fouille « à aire ouverte » est venue remplacer la « méthode Wheeler » mise au point par ce dernier lors de son exploration de Maiden Castle (Dorset), dans les années 1930.

11 Voir l’approche synthétique proposée par : Cunliffe, 1978 et 1991 (3e édition).

12 Cunliffe, 1984-1991.

13 Longworth et al., 1986, p. 43-46.

14 Briard, 1965, p. 199-239 ; Cunliffe, 2001, p. 280-281.

15 Roman, 1983.

16 Galliou, 1982.

17 César, B.G., III, 8 ; Strabon, Géographie, IV. 4.1.

18 Cunliffe, Galliou, 2005, p. 153, 161.

19 Abollivier, 2008, p. 307.

20 Cunliffe et al., 1987.

21 Williams, 1977.

22 Cunliffe, 1988.

23 Nash, 1987, p. 119-122.

24 Cunliffe, 1978, p. 336-341.

25 Ibid., p. 339-340.

26 César, B.G., V, 22.

27 Cunliffe, de Jersey, 1997, p. 106-108.

28 Stead, 1967.

29 Voir, par exemple : Ferdière, Villard, 1993.

30 Foster, 1986.

31 Niblett, 1999.

32 Cunliffe, 1995, p. 69.

33 Nash, 1987, p. 131, 133, 137.

34 Ibid., p. 124-140.

35 Sur ce point : Groenman van Wateringe, 1980.

36 Un fort y fut bâti à Winteringham au cours des années 50 apr. J.-C., la forteresse légionnaire étant installée un peu plus au sud, à Lincoln.

37 Strabon, Géographie, IV, 5. 2.

38 Tacite, Agricola, XIV, 3 ; Annales, XIV, 29-30.

39 En particulier la barbarica conspiratio de 367 apr. J.-C. (Ammien Marcellin, Res Gestae, XXVII, 8.1).

40 Tacite Annales, XIV ; Agricola, XIV, XV, XVI ; Dion Cassius, Histoire, LXII. Il est à noter que le royaume client des Regnenses, dirigés par Togidubnus, ne prit pas part à la révolte.

41 Tacite, Agricola, XVII ; Frere, 1967, p. 99-101.

42 Ibid., p. 99.

43 Frere, St Joseph, 1983; Hanson, 1987.

44 Tacite, Agricola, XXII.

45 Tacite, Agricola, XXIII.

46 On ne sait exactement où se déroula cette bataille (environs d’Inverness ?). Voir Keppie, 1980.

47 Tacite, Agricola, XXI.

48 Il y a environ 70 km entre le fond des deux rias que constituent la Clyde et la Forth. Environ 90 km séparent Carlisle, à l’est, et Newcastle, à l’ouest, qui constituent, à peu de choses près, les points d’aboutissement du mur d’Hadrien.

49 Beaucoup d’ouvrages ont été consacrés à ces deux « murs ». On retiendra, parmi les publications récentes : Breeze, 1982, 2006 ; Breeze et Dobson, 1978 ; Hassall, 1983 ; Hanson et Maxwell, 1986.

50 On pourra consulter le site internet de l’équipe qui est en charge de ce projet de recherche (http://www.theromangaskproject.org.uk/) et qui y publie ses rapports de recherche annuels. On verra aussi : Woolliscroft, 2002 a et b ; Woolliscroft, Hoffmann, 2006.

51 Pitts et St Joseph, 1985.

52 La « route » d’époque flavienne n’a pas encore été reconnue. La « route » signalée sur cette frontière date de la réoccupation antonine du Sud de l’Écosse.

53 Hanson et Friell, 1995 ; Glendinning et al., 2000.

54 Schönberger, 1969.

55 Hodgson, 2000.

56 Ceci se traduit par une intensification de l’élevage de bétail, pour la viande, et de l’apparition de la culture du froment.

57 Longtemps considéré comme ayant élevé sous Domitien, on date aujourd’hui ce dernier des années 110-115 apr. J.-C. : Körtüm, 1998.

58 Hobley, 1989.

59 Daniels, 1989.

60 Ainsi, dans la forteresse légionnaire d’Inchtuthil, près de dix tonnes de clous avaient été enterrés dans une fosse soigneusement nivelée.

61 Aucun élément mobilier que l’on pourrait, sans hésiter, dater du second siècle apr. J.-C. n’a encore été mis au jour dans les tours de surveillance de la Gask Frontier, mais il est vrai que les trouvailles mobilières y sont rares. Dans un certain nombre de forts du système – Strageath, Ardoch, etc. – ont été exhumés les vestiges, immobiliers et mobiliers, d’une occupation à l’époque des Antonins : Hartley, 1972, p. 16 ; Hodgson, 1995, p. 31.

62 Voir, en particulier : Rivet, 1969 ; Branigan, 1977.

63 Dark, Dark, 1997.

64 Des fragments de telles céramiques avaient déjà été mis au jour, hors contexte, dans les fouilles de la villa : Cunliffe, 1971, vol. II, p. 260 sq.

65 Manley et al., 2005.

66 Cunliffe, 1971.

67 Cunliffe, 1971, vol. I, p. 72-73.

68 Frere, Fulford, 2001.

69 Russell, 2006.

70 Tacite, Agricola, XIV; Barrett, 1979.

71 Bogaers, 1979= RIB 91.

72 Russell, 2006.

73 L’une est sans doute un faux et la seconde concerne plutôt un indigène.

74 Suétone, Domitien, X, 3.

75 On en trouverera une présentation synthétique dans : Potter, 1989.

76 Clark, 1949.

77 Salway, 1970.

78 Potter et al., 1981, p. 98, 100.

79 Potter et al., 1981 ; Potter, Jackson, 1982 ; Potter, Whitehouse, 1982 ; Jackson, Potter, 1996. Le site a livré un buste en bronze de Minerve et une plaque votive en or avec dédicace à la même divinité.

80 Potter, Whitehouse, 1982.

81 Potter, 1989, p 162, 165 et fig. 8.

82 Mason, 1988, p. 164.

83 RIB 395.

84 Allen, Fulford, 1986 ; Fulford, Allen, 1994 : Locock, 1998 ; Meddens et al., 2001.

85 Ils avaient donné du fil à retordre aux gouverneurs de la fin du ier siècle. Voir : Tacite, Annales, XII, 32, 33, 40 ; Agricola, XVII.

86 Rippon, 2000.

87 Le concept de « romanisation » a fait, on le sait, l’objet de vifs débats. Pour la Bretagne, on consultera : Blagg et Millett, 1990 ; Millett, 1990. Patrick Le Roux (2004) est revenu plus largement sur le sens de ce concept.

88 On trouvera ainsi, inter alia, des analyses très différentes de ce phénomène chez Esmonde Cleary (1989), Jones (1996), Dark (2006) et Laycock (2008).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Les principaux peuples de l’île de Bretagne
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Légende D’après D. Wooliscroft.
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Titre Fig. 4. Plan du « palais » de Fishbourne à la fin du ier siècle apr. J.-C.
Légende D’après B. Cunliffe.
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Titre Fig. 5. Reconstitution de la tour de Stonea dans son environnement
Légende D’après T. Potter.
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Titre Fig. 6. Plan du réseau de fossés de drainage du Wentlooge Level
Légende D’après M. Fulford et J. Allen.
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Pour citer cet article

Référence papier

Patrick Galliou, « Ombres et lumières sur la Bretagne antique »Pallas, 80 | 2009, 351-372.

Référence électronique

Patrick Galliou, « Ombres et lumières sur la Bretagne antique »Pallas [En ligne], 80 | 2009, mis en ligne le 01 octobre 2009, consulté le 12 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/1881 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pallas.1881

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Auteur

Patrick Galliou

Professeur émérite à l’Université de Bretagne Occidentale, Brest
P.Galliou@wanadoo.fr – Patrick.Galliou@univ-brest.fr

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