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Circulations, échanges et économie

Entre Rome et Gaules, le commerce, vecteur de romanisation

Between Rome and the Gauls: commerce as a vector of romanisation
Yves Roman
p. 245-277

Résumés

Après une longue étude sur les difficultés de l’approche, l’analyse, proposée ici, se concentre sur une confrontation des données de la philologie, de l’histoire et de l’archéologie, lesquelles révèlent des avancées commerciales débutant à date haute, grâce aux deux isthmes offerts par la nature en Gaule. Les monnaies comme les céramiques mettent au jour de forts mouvements commerciaux, dont on peut penser qu’ils eurent une influence culturelle bien avant l’intervention décisive des Romains en Transalpine (125 av. J.-C.) ou celle de César en Chevelue (58 av. J.-C.). Cette situation profita largement aux aristocraties de Rome et d’Italie, jusqu’au jour où, sous Auguste probablement, la Gaule fut en mesure de mettre en œuvre un « décollage » économique qui faisait d’elle un concurrent de l’Italie. Allait-on passer d’une situation impérialiste à une nouvelle donne, impériale et unitaire?

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Dédicace

À la mémoire de Robert Étienne

Texte intégral

  • 1 Gilbert Durand avait prononcé un jugement péremptoire, définitif : l’histoire relevait totalement d (...)
  • 2 J. Le Goff décrivait, en effet, les archétypes comme relevant d’une « élucubration mystificatrice » (...)
  • 3 Sur le rôle de l’imaginaire en histoire, Boia, 1998.

1Voici quelques années un grand débat s’ouvrit, à propos de l’histoire. Celle-ci relevait-elle totalement de l’imaginaire, comme le prétendaient certains sociologues, dont le chef de file était Gilbert Durand1 ? Nombre d’historiens, le plus représentatif étant Jacques Le Goff, trouvaient l’affirmation largement excessive2. Car si « la folle du logis » pouvait sur certains points avoir joué son rôle, il était totalement exclu dans une démarche historienne de ne pas admettre le rôle des traces du passé3. Tout en admettant – aller au-delà serait franchement anormal du point de vue de la gent historienne –, une part de subjectivité en histoire, les remarques qui suivent, tendent, à propos du commerce romain et de la Gaule, à montrer que la réponse négative en ce qui concerne les traces du passé, est sans fondement. Et, même si le passage d’une génération de chercheurs à l’autre entraîne l’abandon d’un grand nombre de certitudes, les remarques qui suivent visent à dire également que les progrès réalisés au niveau des moyens, des clefs d’analyses de toutes sortes, notamment archéologiques, ont permis une réelle avancée. Celle-ci montre un rôle majeur du commerce dans la romanisation, avec une chronologie largement déconnectée du politique, ce qui revient à avoir une position strictement inverse de celle qui était dominante dans le milieu du xxe siècle.

  • 4 Suétone, Claude, XVI, 8.
  • 5 Tacite, Annales, XI, 23, 1-4.
  • 6 Table claudienne de Lyon, CIL, XIII, 1668, édit.-trad. Fabia, 1929.
  • 7 Sur l’exclusion pour l’accès aux honneurs (ius honorum) des citoyens romains qui n’étaient pas issu (...)
  • 8 Hermet, 1934.
  • 9 Sur cette caisse, qui contenait trente-sept lampes en terre cuite provenant peut-être, au moins en (...)
  • 10 Carcopino, 1934 (1961), p. 210 sq., par exemple.
  • 11 Ce que J. Carcopino devait appeler « l’impérialisme renversé » ; Carcopino, 1934 (1961), p. 209.
  • 12 Et cela devrait nous amener à réfléchir pour savoir si M. Finley, lorsqu’il voyait l’économie « enc (...)
  • 13 L’expression semble avoir été créée pour N. d’Ablancourt par son excellent ami G. Ménage, qui cherc (...)
  • 14 Historiographie de cette recherche dans Roman et Roman, 1997, p. 71-163.

2Avec raison, et sur un point essentiel, le xxe siècle se sépara définitivement de Suétone en ne croyant plus qu’en 48 apr. J.-C. Claude s’était essentiellement préoccupé du goudronnage des tonneaux4. Les historiens de cette époque insistaient tout au contraire sur l’importance de la censure de ce même Claude cette année-là. Le texte de Tacite5 était largement convergent avec une découverte ancienne faite à Lyon, celle de la Table de Lyon, dite plus souvent Table claudienne6. L’écriture de ces deux documents n’était pas la même, certes, mais le fond était identique, que Claude ait ou non joué volontairement l’homme qui bafouille. Ce qu’il proposait était clair. C’était un traitement identique de tous les citoyens romains, la fin des distinctions civiques établies autrefois par Auguste avec l’abandon de toute discrimination pour l’accès aux honneurs7. La suite, institutionnelle, ne nous importe pas ici. En revanche, ce qu’il faut souligner c’est que cette politique nouvelle de la part des Romains, politique qui s’imposa en Gaule après le décès de Claude, cette politique d’intégration était vue comme doublée d’un strict parallèle en économie. À même date, disons entre Claude et Néron et suivant ce point de vue, la Gaule s’était émancipée sur le plan économique, avait imposé ses produits dans le monde romain tout entier. Le site de La Graufesenque (près de Millau, Aveyron) fouillé par le chanoine Hermet mettait au jour des céramiques à vernis rouge appelées parfois à voyager fort loin8. La preuve n’était-elle pas fournie par une caisse contenant certaines de ces céramiques et retrouvée intacte à Pompéi, en raison de l’éruption du Vésuve9 ? Le politique et l’économique avaient donc, pensait-on, marché de pair et cela donnait largement audience aux théories de J. Carcopino examinant la colonisation romaine10. Celle-ci, par le biais de la paix, non seulement avait apporté une belle aisance, en un mot la prospérité à une Gaule désormais oublieuse de ses querelles ancestrales, mais le mécanisme pouvait être jugé à double détente, parce que le vaincu était vu comme ayant eu son rôle et, de ce fait, comme ayant fondamentalement enrichi culturellement les hommes de la Ville11. Si l’on veut bien délaisser le problème historiographique et se recentrer sur l’économie, il faut dire que cette chronologie est à abandonner, puisque, selon les recherches les plus récentes, la Gaule atteignit un niveau d’indépendance économique remarquable dès l’époque d’Auguste. De ce fait, il faut conclure que le parallèle développé au xxe siècle entre le politique et l’économique était largement inexact12. En un mot, la théorie était celle d’une « belle infidèle »13. L’appellation, encore usitée durant une partie du xxe siècle par le monde de la traduction, peut être reprise ici, sans variation aucune, à propos de la théorie émise à propos de la Gaule et de l’économie romaine. Belle, infidèle… et pourtant si logique, si bien construite, si conforme à l’environnement du temps, mais cependant radicalement fausse. La question à son propos est donc largement double, historique et historiographique. En un mot, il faut revoir l’état de la question à partir de la recherche la plus récente, mais aussi examiner l’histoire de l’histoire sur les trente dernières années14.

  • 15 Pour reprendre la terminologie, devenue d’usage courant, introduite par l’Américain Walt Rostow.
  • 16 Pour reprendre l’expression de Braudel, 1979.
  • 17 Le problème est alors de savoir quelle est l’articulation entre cette économie-monde et un empire r (...)

3Le temps de l’impérialisme, le temps du pillage des provinces avait certainement pris fin plus tôt que prévu, et cette affirmation entraîne immédiatement une foule de questions. Était-ce à la faveur d’un « décollage » comme disent les économistes15 ? Peut-on également dire que celui-ci trouvait harmonieusement sa place dans une « économie-monde »16 ? Mais dire cela, en raccourci en quelque sorte, ne nous amène-t-il pas à prendre position sur ce qu’était l’économie du monde romain tout entier en affirmant que le « conglomérat de marchés »17 de l’époque grecque avait été dépassé au profit d’un seul espace unitaire, centré bien évidemment sur la ville de Rome ? Là est certainement le problème majeur, avec cette question subsidiaire : qu’était la Gaule dans ce système ?

4Mais avant d’en venir à une définition du paysage, ou, plus exactement, des changements de paysages durant les quatre siècles qui nous intéressent, il faut impérativement se pencher sur les difficultés de l’approche d’un tel sujet, au risque de se laisser gagner par la désespérance, tant celles-là se révèlent considérables.

1. Les difficultés de l’approche du sujet

  • 18 Cl. Nicolet relève que c’est dans une « “modernité” radicalement coupée de l’Antiquité que se dével (...)
  • 19 « Qui était Adam Smith (1723-1790) ? », dans Albertini, Silem, 2001, p. 115-118.
  • 20 Même si certains inconvénients sociaux du libéralisme avaient été entrevus.
  • 21 Albertini, Silem, 2001, p. 122.
  • 22 Albertini, Silem, ibid., p. 122, 160.
  • 23 Walras, 1874, rééd. 1877, 1889, 1902, 1988. Rougé-Pullon, 1996, notamment p. 78 (« le marché comme (...)
  • 24 Albertini, Silem, ibid., 127, 160.
  • 25 Andreau, 1974.
  • 26 Albertini, Silem, ibid., p. 191.
  • 27 Albertini, Silem, ibid., p. 163.
  • 28 Roman, Dalaison (dir.), 2008.
  • 29 Voir les interventions de D. Menjot et M. Martinat dans Roman, Dalaison (dir.), 2008.

5La première désespérance procède du refus pluriséculaire – il remonte en effet au moins au xixe siècle – qui est majoritairement celui des historiens modernistes et économistes, qu’il s’agisse des positions des historiens économistes, voire des économistes, vis-à-vis des périodes antique et médiévale. Car il faut bien voir la réalité en face une bonne fois pour toutes. Pour un contemporanéiste, historien ou économiste, tout ce qui est antérieur au xviiie siècle n’existe pas, parce que non régulé par le marché18. De ce fait, le conflit est patent entre les historiens de l’Antiquité, « héritiers d’Hérodote », et la totalité, ou presque, des historiens et économistes des mondes contemporains, notamment ceux qu’il est traditionnel d’appeler désormais « les enfants d’Adam Smith ». Pour ces derniers, le marché doit être assimilé à une loi naturelle et celle-ci, comme par une main invisible, assure la réalisation providentielle de l’équilibre économique d’ensemble19. Cette théorie, largement libérale on s’en doute20, constitue une réflexion sur l’adéquation entre l’offre et la demande. Le marché est alors jugé capable d’assurer le bon fonctionnement de l’économie21. À ceci près que le mot marché recouvre des réalités différentes selon les auteurs. Pour les « smithiens » orthodoxes, seul ou presque, compte le marché des biens de consommation, au détriment de celui des biens de production, de celui des capitaux, de celui du travail, ce Marché donc constituant l’élément moteur de toute régulation économique22. Dans cette analyse, il faut relever l’importance des théories de Léon Walras, qui apparaît comme le refondateur de l’approche smithienne23. Pour lui, qui perfectionne la doctrine de Smith, la formation d’un prix d’équilibre aboutit naturellement à un équilibre général. De ce fait et de son point de vue, le marché est une sorte de commissaire-priseur qui centralise l’information et impose des prix aboutissant à l’équilibre général24. Un Monsieur Iucundus, mondial et non plus pompéien comme celui étudié par J. Andreau25, qui aurait refusé l’idée d’une répartition procédant d’un équilibre entre des rapports de forces26, pour s’en tenir à un système simple, fonctionnant sur le modèle du troc27. Cette théorie peut être jugée pour ce qu’elle est aujourd’hui. Elle est fausse. Non seulement deux tables rondes tenues à Lyon en 2004 et publiées en 200828 ont montré l’intervention de la puissance publique dans la formation des prix, au nom de raisons philosophiques dans l’Antiquité, théologiques au Moyen Âge et à l’époque moderne29, mais surtout parce qu’il est clair que la grande crise économique qui s’est levée en 2008 a montré l’incapacité du marché à réguler complètement les prix, sans parler du reste.

  • 30 On peut avoir une idée de la discussion grâce à Nicolet, 1988, p. 31 sq.
  • 31 Polanyi, 2002.
  • 32 Garnsey, Saller, (1987) 1994, p. 91.
  • 33 L’un des critères du sous-développement est aujourd’hui la dépendance extérieure (avec la distribut (...)
  • 34 « La saine méthode consiste à essayer de résoudre d’abord des problèmes limités, sur lesquels les d (...)
  • 35 Nicolet, 1988, p. 27.

6Cette constatation n’épuise cependant pas les querelles propres aux historiens de l’Antiquité, habitués à voir s’opposer deux conceptions radicalement différentes de l’économie antique. Pour les uns, « primitivistes » bien évidemment, reprenant la théorie dite de l’oikos de K. Rodbertus, une économie fermée, domestique, se serait maintenue jusque vers l’an 1000 après J.-C., avec une production visant à satisfaire les besoins de la maison et n’impliquant aucun échange entre les unités domestiques. Pour ces mêmes « primitivistes », l’économie antique se situait à des années-lumière de la nôtre, dominée par le marché et ses lois. Pour d’autres, attachés à l’idée de continuité, l’économie antique connut au contraire des développements et des progrès comparables à ceux de l’époque moderne (théorie « moderniste »). Leur position se résume même dans cette affirmation de E. Meyer : « La période la plus récente de l’Antiquité était d’essence entièrement moderne »30. Malheureusement cette grande fracture ne clôt pas le débat, puisque certains économistes, et non des moindres (K. Polanyi)31, en sont venus à considérer que l’Antiquité s’insère dans une sorte de préhistoire qui ne prit fin qu’à l’époque moderne, le commerce du Gabon au xviiie siècle fournissant à tout prendre une bonne comparaison avec l’Antiquité dans une perspective favorisant le long terme. Et je ne parlerai que rapidement de P. Garnsey et R. Saller pour qui « l’économie romaine était sous-développée »32, ce qui est aller vite en besogne à propos d’un monde dans lequel nous sommes bien en peine de fixer, critère même du sous-développement, un revenu moyen par tête… ce qui rend l’affirmation hasardeuse33. La prudence est donc de mise et il semble raisonnable de renvoyer à l’inventaire de nos connaissances avec les moyens qui sont ceux des historiens de l’Antiquité, ce que disaient déjà G. Charles-Picard et J. Rougé en 196934, Cl. Nicolet étant allé dans le même sens un peu plus tard en demandant l’écriture d’une nouvelle histoire économique, fondée sur de nouvelles interrogations, soutenues par « le renouvellement des corpus documentaires », avec l’espérance dans un avenir plus ou moins lointain d’une nouvelle synthèse du type de celle de Rostovtseff35. De ce point de vue, la situation est claire, mais l’horizon n’a aucune chance d’être rapidement flamboyant.

  • 36 La critique des théories du commandant R. Lefebvre des Noëttes était déjà vive en 1969. Charles-Pic (...)

7L’analyse de l’économie ne peut également se séparer de celle de la technologie. Et là, si l’horizon est désormais ouvert, mieux vaudrait-il dire rouvert, il faut bien voir que le passé récent ressemble à un champ de ruines, entretenu par des théories fumeuses qui, parce qu’elles avaient quelque logique, obscurcirent la presque totalité du xxe siècle. C’est des théories sur les techniques du commandant Lefebvre des Noëttes dont je veux parler, dont le point de départ était indiscutable et les points d’arrivée totalement inexacts. Certes, les Romains ne connurent jamais le collier d’épaule, mais fallait-il en déduire que ce manque, les amenant à étrangler à moitié les animaux de traits, les avait contraints à ne posséder que des attelages de faible efficacité ?36 Trente ans de recherche sur le sujet, effectuée en parallèle par des chercheurs fonctionnant sur des procédures indépendantes, devaient aboutir au même résultat. Certes, les Romains méconnurent le collier d’épaule, mais leur économie n’en fut pas étranglée pour autant, à l’image des animaux de trait vus par le commandant Lefebvre des Noëttes.

  • 37 Amouretti, 1991. M.-Cl. Amouretti, dans Amouretti, Comet, 1993, p. 89. Voir également Raepsaet, 197 (...)
  • 38 Et l’on n’oubliera pas le rôle des animaux de bât, notamment des mulets, largement utilisé par les (...)
  • 39 Invention datée de 1942. Gianfrotta, Pomey, (1980) 1981, p. 30.

8Toutefois, et la restriction a toute son importance, ils utilisaient régulièrement plusieurs techniques de remplacement, comme le montra M.-Cl. Amouretti, techniques qui étaient d’une grande efficacité37. L’argument a silentio avait été manié avec imprudence et il n’était pas acceptable de dire, qu’en raison de cette situation, les Romains avaient été incapables de procéder à des transports de marchandises autrement que sur de petites quantités. De ce fait, il est évident que le commerce dans des volumes restreints n’existait que dans l’imaginaire d’hommes du xxe siècle, obnubilés par la rupture provoquée par la machine à vapeur38. Il en allait de même à propos du gouvernail d’étambot. Certes, il était d’évidence que les Romains ne connurent point pareille technique. Mais là encore, fallait-il en déduire un monde de petits caboteurs, se livrant à de petits trafics côtiers ? Trente ans, et plus, de fouilles sous-marines, désormais facilitées par le scaphandre autonome de plongée (scaphandre dit Gagnan-Cousteau)39 devaient permettre de balayer de pareilles billevesées.

  • 40 Picon, 2008, p. 197, parle d’« une méconnaissance criante » de la part de M. Finley et A. Schiavone
  • 41 Voir, par exemple, l’édition des Pneumatiques d’Héron d’Alexandrie, donnée par Argoud, Guillaumin, (...)
  • 42 Sur la longue acceptation romaine du concept de Barbarie, voir l’étude de D. Roman dans Roman/Roman (...)
  • 43 Cicéron, Des devoirs, I, 150-151. Morel, 1992, p. 267. Roman et Roman, 2007, p. 124 sq.
  • 44 “Toutes ces inventions, dira Posidonius, sont du sage ; mais, comme elles ne méritaient pas d’être (...)
  • 45 Sous le rapport de la culture générale, il est vrai, et dans tous les genres littéraires, les Grecs (...)
  • 46 « Le monde antique constituait une seule entité politique, dans l’existence d’une structure culture (...)

9Et le plus étonnant dans cette histoire est que les preuves existaient, sous la forme de textes littéraires ou de documents figurés. Car les Romains gouvernaient de grands navires, parfois aussi grands que ceux des Gênois du xve siècle, au moyen de deux immenses pelles de navigation, rendues solidaires au moyen d’une barre. Tout cela est aujourd’hui sûr, ferme, définitif et amène à dire que l’affirmation d’une stagnation des techniques, d’un exceptionnel immobilisme et d’une production manufacturière peu développée, dans le monde romain n’a guère de sens et relève du fantasme, comme vient de le montrer M. Picon40. La raison de cette situation relève en grande partie de l’inventivité exceptionnelle des Grecs, concepteurs de machines extraordinaires41, comme de la discrétion romaine acceptant longtemps de s’incliner devant la supériorité des Grecs42, associée à un exceptionnel mépris du travail manuel43, mépris bien illustré par Sénèque, qui reflète les points de vue de l’aristocratie romaine44. Ajoutons enfin que les Romains, Cicéron devait le dire tout crûment, considérèrent longtemps et sur bien des points la civilisation grecque comme supérieure à la leur45. Alors on emboîta le pas, on négligea les vérifications simples qui eussent été possibles et l’on fit au sujet des Romains un discours identitaire à la grecque : de bons paysans, de bons soldats, de grands administrateurs, l’administration étant leur seul art, un point c’est tout. Quant à l’économie, pourquoi ne fallait-il pas la voir de même, dans l’enfance, voire enkystée dans le politique, à la façon de Finley46 ? Le tableau était cohérent, mais passablement fallacieux.

  • 47 Il n’est plus d’actualité de parler de « l’état arriéré de la philologie », comme le fit Blanchet, (...)
  • 48 « Le temps des traductions infidèles est passé. Il se fait un retour manifeste vers l’exactitude du (...)
  • 49 Notamment par rapport à la Gaule et à des chronologies strictement « gauloises » et plus ou moins b (...)
  • 50 Discussion sur ces dates dans Gayraud, 1981, p. 120 sq.

10Cela dit, il serait déraisonnable d’adopter un point de vue négatif, et même seulement pessimiste. Car la mise en œuvre de méthodes venues d’horizons divers, permet de parvenir à des conclusions historiques, qui, pour imparfaites qu’elles soient encore, n’en revêtent pas moins un grand intérêt. C’est ainsi que la philologie classique est arrivée aujourd’hui à une grande maturité47. Certes, il est encore dit quelque part dans les recommandations faites aux traducteurs pour le compte de l’association Guillaume Budé que la traduction doit être « belle ». Mais l’on cherche de plus en plus aujourd’hui à faire en sorte qu’elle soit juste et, ce qui ne gâte rien, agrémentée de notes substantielles. Il a fallu plus d’un siècle afin d’en arriver là, si l’on se souvient que l’homme qui provoqua la rupture est ici inattendu puisqu’il s’agit de Leconte de Lisle, le premier à marquer fermement, vers 1880, le respect du texte, et non un souci de pure esthétique doublé d’un grand sens de la convention sociale48. L’évolution est ici certainement arrivée à son terme et l’on peut en prendre comme exemple la nouvelle traduction du livre III de Polybe dans la collection des Universités de France qui accepte, sans a priori49, le texte de Polybe disant que les Romains ont borné la voie hérakléenne. Or il écrivait au milieu du iie siècle av. J.-C. Ce qui signifie que la relation entre Rome et la Gaule du Sud commença bien avant la fondation de Narbonne, qu’on place celle-ci en 118 ou en 113 av. J.-C.50 et que ces chronologies du passé, qui « calaient » tout après la fondation de Narbonne, étaient à revoir.

  • 51 Polybe, III, 39, 7-8.

Le bornage de la voie hérakléenne d’après l’édition-traduction J. de Foucault (1971)
« … et de là (Emporion) jusqu’au passage du Rhône environ mille. [Ces endroits ont été arpentés avec soin par les Romains et jalonnés par des bornes tous les huit stades]51.
Le passage donné entre crochets considérés comme interpolé, sans autre explication par J. de Foucault, malgré ses remarques de la page 199 de la même édition.
Le bornage de la voie hérakléenne d’après l’édition-traduction É. Foulon, M. Molin (2004)
« … et de là (Emporion) jusqu’au passage du Rhône environ 1600 – ces lieux se trouvent maintenant arpentés et jalonnés de bornes, tous les huit stades, par les Romains – ».
Le passage entre tirets est accepté, cf. p. 201, n. 170 (« Nous estimons donc que le texte des mss est authentique et doit être conservé », cela en raison de l’adverbe « maintenant » de Polybe).

Un exemple de difficulté philologique. Le bornage de la voie hérakléenne selon Polybe.

  • 52 Qu’il me soit permis de renvoyer à Roman, 1992, p. 53-68. La conclusion de P. Arnaud, Arnaud, 2007, (...)

11Le monde, non son histoire, était à réécrire d’un point de vue politique et économique, mais cela en chagrina plus d’un, si bien qu’un quart de siècle supplémentaire par rapport à l’édition-traduction de J. de Foucault, avec un changement de millénaire, fut nécessaire pour que la vérité ne fît point polémique. La situation se résumait ainsi : la conquête de la Transalpine a été annoncée par des prémices plus tôt que prévu52. Il fallait revoir les procédures et réexaminer les causes et les conséquences politiques et économiques. Pour les régions de l’actuel Languedoc-Roussillon, l’affaire était à voir non à partir de la seule Italie, mais également de l’Espagne, province romaine depuis le début du iie siècle et ce bornage romain d’une grande voie de passage se révélait avoir un aspect géostratégique, mais aussi économique.

  • 53 Colbert de Beaulieu, 1973, p. 229-231, sur la mise en place du système.
  • 54 Étant entendu que l’examen des tombes aristocratiques, où l’on trouve quantité d’objets, montre un (...)
  • 55 Gruel, 1989.
  • 56 Hiernard, 1982, carte n° 9, p. 571. Sur l’exutoire girondin, Savès, 1976, carte h. t., p. 106, qui (...)
  • 57 Roman, 1982, p. 124.

12L’exemple n’était pas unique, car, pour faire bref, la philologie, de ce point de vue, introduisait la numismatique. Comment, en effet, en se plaçant au siècle suivant, très exactement dans les années quatre-vingts av. J.-C., ne pas souligner l’importance de cette immense « zone du denier » que mirent en avant les travaux de J.-B. Colbert de Beaulieu dans le début de la seconde moitié du xxe siècle53 ? Franc tireur, mais compétent, le médecin qu’il était partit d’un immense trésor armoricain, pour finalement mettre en évidence l’existence d’une vaste zone s’étalant dans les vallées du Rhône et de la Saône à une date antérieure à l’arrivée de César54. Naturellement, on se gardera bien de comparer la zone du denier et la zone sterling, mais il est clair qu’avant même la conquête de la Chevelue s’était produit un alignement sur des étalons monétaires venus du sud, signe d’une économie monétaire aussi indiscutable que développée55. De la même manière, il faut conclure dans le même sens à propos de l’espace recouvert par les monnaies « à la croix ». Car ces monnaies, qui, vraisemblablement ont fait leur apparition à la fin du iiie ou au début du iie siècle avant J.-C. et délimitent un très vaste espace allant des confins narbonnais à la Dordogne, sinon à la Gironde56, commencèrent leur carrière alignées sur des métrologies grecques, imitant les drachmes de Rhodè, et finirent par s’aligner sur les drachmes d’Emporion, elles-mêmes alignées sur le denier romain et cela peut-être bien dès le iie siècle av. J.-C.57.

13La question est alors : quel était l’impact de ces situations ? Ces alignements monétaires avaient-ils seulement des aspects disons techniques ou devons-nous considérer qu’il y avait là une amorce d’acculturation ? Même si la théorie ne s’immisçait pas, sans raison, dans les discussions à propos des monnaies, le progrès était notable dans une affaire qui dépassait la stricte collection, qui constituait jusque-là une grande partie de l’ordinaire des numismates. En un mot, l’histoire économique qui se profilait s’annonçait tout autre, et nous y reviendrons. Le paysage ne changeait pas toujours totalement, mais l’heure était au changement.

  • 58 Sur la difficile mise en place d’une méthode de fouilles, les discussions innombrables sur la chron (...)
  • 59 Pour ces dernières l’inventaire ne commença pas hier. Voir Callender, 1965.

14Restait la mer, cet immense réservoir de nouvelles archéologiques. Car la fouille du Grand Congloué (près de Marseille) qui débuta dans les années cinquante, avec l’un des protagonistes de l’invention du scaphandre autonome de plongée (J.-Y. Cousteau), devait donner lieu à polémique mais permettre la mise au point d’une méthode scientifique de fouilles sous-marines58. Or, de la mer il sortait du bois œuvré qui, reconstitué, livrait le secret de la construction des bateaux antiques, et ce qui, pour l’heure, excitait la communauté scientifique, des objets antiques en raison de quantités jamais vues. Pour la première fois, sans doute, et il faudra s’en souvenir au moment de la réflexion en matière de conclusions économiques, le quantitatif faisait irruption en histoire ancienne. À Chateaumeillant (Cher) les fouilles terrestres du milieu du xxe siècle avaient livré la plus grande quantité d’amphores connues à ce jour, soit quelques dizaines. D’emblée le Grand Congloué en livrait des milliers si bien que le fort Saint-Jean, siège de la Direction de recherches archéologiques sous-marines (DRASM), à Marseille eut à gérer des « stocks » gigantesques. Les découvertes qui suivirent furent spectaculaires. Des dizaines d’épaves au large des côtes d’Italie, d’Espagne, et de Gaule et de Corse (rôle du golfe de Bonifacio), avec des « instantanés » de mouvements commerciaux divers, sur des routes diverses, constitués par des dizaines de naufrages. Ce qui ne réglait pas tout sans aucun doute, car il fallait dater l’épave, et la monnaie, élément majeur en cette affaire, est chose volatile au fond l’eau. Mais pour spectaculaire qu’elle fût, cette archéologie sous-marine introduisait d’autres travaux. Car dans le même temps, depuis les années soixante du vingtième siècle, les archéologues poursuivaient une « archéologie spatiale » d’un nouveau genre. Héritiers de leurs prédécesseurs, notamment numismates, ils s’adonnaient inlassablement au report cartographique d’objets identiques, l’identité se prouvant à partir de détails, notamment les estampilles des céramiques ou des amphores59. Pour faire bref, disons qu’à cette époque les estampilles des amphores furent alignées, en ce qui concerne la méthodologie, sur celles des céramiques à vernis rouges de Gaule qui ne posaient pas de problèmes de ce point de vue. L’estampille fecit, si souvent reproduite sur des céramiques, disait de quoi il retournait. Après des années de discussions, sur lesquelles il est loisible de passer, il fut clair que ce document archéologique merveilleux, parce qu’imputrescible, qu’était l’estampille des amphores, renvoyait à la figlina qui l’avait produite, celle-ci étant, pour le vin, au nom du propriétaire du vignoble. Car le Sestius des amphores du grand Congloué ne pouvait être un commerçant, comme l’hypothèse en avait été émise à l’origine. Alors s’ouvrait un champ immense de recherche, à la condition d’accepter quelques complémentarités qui ne posaient guère de problèmes. L’exemple le meilleur est évidemment constitué par l’ensemble des estampilles au nom de Sestius retrouvées sur l’épave du Grand Congloué. Il suffisait de les reporter sur des cartes de la Gaule, les découvertes n’allant pas au-delà (Bâle exceptée) pour voir immédiatement que l’ensemble des marques et contremarques ne permettait de mettre en évidence aucun circuit particulier. La Gaule n’était donc qu’un seul marché de vente.

2. De la céramique à l’histoire économique

  • 60 Voir le réexamen du problème Sestius par Manacorda, 1978, p. 122-131.
  • 61 Ces recherches furent conduites en Italie, révélant des fours ayant fabriqué des amphores gréco-ita (...)

15Indiscutablement, on était au temps de l’impérialisme et celui-ci était certainement italien. La preuve en manqua cependant longtemps, jusqu’au jour où une chance italienne, incomplète cependant, livra, grâce à un coup de pelle mécanique, un dépôt contenant la presque totalité des estampilles et contremarques des amphores de Sestius60. Grâce à ce dernier, de vieux débats prirent immédiatement fin. Car la plaine de Cosa en Étrurie, où avait eu lieu le coup de pelle, était pour partie aux mains des Sestii, famille à laquelle appartenait l’un des clients de Cicéron. Scientifiquement l’apport était majeur. Il devait être complété dans le même temps ou peu après par des prospections relevant de l’archéologie spatiale qui avait recherché ce que les générations précédentes, attachées au bel objet, eussent jugé totalement vulgaire. Ce à quoi s’attachèrent alors en Italie des archéologues comme A. Tchernia, A. Hesnard ou des scientifiques comme M. Picon, c’était des restes de fours et, comble du dérisoire, du moins en apparence, des ratés de cuisson61. La démarche était la même que celle de Sylvain Gagnère, conservateur du Palais des papes à Avignon, qui, dans le même temps, faisant fouiller à l’aplomb des fenêtres du palais, retrouvait des restes de carrelages qu’il ne lui restait plus qu’à faire reproduire. La reproduction était, dans notre affaire, inutile, mais on mesure immédiatement le progrès scientifique. Il était colossal. On avait en Italie, dans des domaines aristocratiques, le long de voies généralement, des fours ayant produit sur des dizaines d’années des amphores en grandes quantités et avec des formes qui différèrent dans le temps. On disposait d’instantanés du commerce vinaire, sous la forme des épaves, et l’on avait, à travers les cartes de répartition, une image assez précise d’un commerce engendré par ces productions.

  • 62 Étienne, 1962, p. 97. Sur ces amphores, cf. infra.
  • 63 Vue du Toulousain, l’affaire est impressionnante. C. Domergue, A. Hesnard, M. Passelac, dans Paille (...)

16Mais, découverte de taille, il n’y avait pas que l’Italie, ce que devaient montrer les amphores estampillées au nom de Porcius, certitude qui ne fut acquise qu’au prix de longs débats. Ces vaisseaux vinaires avaient innervé « l’isthme gaulois »62. L’Espagne, elle aussi, était partie à l’assaut du marché gaulois63.

  • 64 Les amphores du type de Porcius, dites aujourd’hui Pascual 1, n’étant pas encore identifiées, l’amp (...)
  • 65 Pascual Guasch, 1962, p. 334-345.
  • 66 Tchernia, 1971, p. 38-57.

17La preuve devait être fournie par le règlement du problème posé par les amphores de M. Porcius. Pendant longtemps, très longtemps en effet, toute amphore vinaire fut vue comme italienne et, si sa pâte offrait des traces d’éléments volcaniques, comme campanienne. C’était exagéré comme le montra précisément l’histoire de l’amphore de M. Porcius64. La chimie et la physique étaient convergentes dans leurs conclusions avec les découvertes archéologiques faites en Espagne65 : cette amphore n’était pas italienne, n’était pas une Dressel, forme à laquelle on l’assimilait souvent, mais était une amphore espagnole66. Dans ces conditions, il est finalement tout à fait évident que la convergence de l’archéologie et de l’histoire, réalité d’évidence si souvent contestée aujourd’hui, permettait d’avancer sérieusement dans la connaissance de l’économie antique, la difficulté récurrente étant l’immensité de la bibliographie archéologique.

  • 67 Le commerce antérieur à la conquête romaine, envisagé autrefois à titre d’hypothèse (Roman, 1983, p (...)

18La physique et la chimie devaient révéler d’autres surprises. Elles firent rapidement que le style, qui est loin d’être négligeable, ne put plus être vu comme un argument exclusif en matière de discrimination des séries céramiques. Pour prendre un exemple, les bols dits « déliens », trouvés dans le Toulousain durant la deuxième moitié du xxe siècle ne pouvaient-ils pas être datés, non comme sur les bords de la Garonne (c’est-à-dire de l’époque augustéenne) mais, tout simplement comme à Délos, du iie siècle av. J.-C., faute de la mise en évidence, grâce aux éléments traces par exemple, d’un isolat en Gaule du Sud67 ? D’une manière plus générale, et sur un registre d’une autre portée, les nombreuses céramiques à vernis rouge de type arétin trouvées en Gaule pouvaient-elles toutes, toujours selon le style, être données comme originaires d’Arretium ? Le problème posé était celui de l’existence ou non d’un retard régional dans l’évolution de certaines céramiques, en un mot de l’existence éventuelle d’isolats, ce que les recherches archéologiques de la région de Toulouse mirent longtemps en avant.

  • 68 Sur ces problèmes techniques, Picon, 1973 et 2002. Voir également Bémont, Jacob (dir.), 1986.
  • 69 Ces fabriques de la vallée du Pô étaient connues des spécialistes et considérées globalement comme (...)
  • 70 Picon, Lasfargues, 1974. Voir désormais Desbat, 1996 et 1997.

19Dans la deuxième moitié du xxe siècle, nombre d’archéologues de ces régions y crurent fermement, ce qui faisait protester véhémentement les Italiens pour qui le monde romain antique était unitaire. L’analyse de ces céramiques, aux moyens de la physique, notamment par la spectrographie, devait donner raison à ces derniers. Il n’y eut jamais véritablement d’isolats en Gaule. Et cela nous amène à ouvrir un dossier d’archéologie pure, avant d’essayer de cerner la périodisation de tous nos problèmes. En effet, en parallèle avec des recherches de terrain relevant d’une archéologie que l’on peut qualifier de spatiale, la physique et la chimie, à condition de patienter un bon quart de siècle, ont permis des progrès fabuleux68. Pour le dire brièvement, pour de nombreux secteurs nous savons désormais de manière certaine qui a fait quoi et où. Car l’analyse physique et chimique de certaines pâtes d’amphores ou de céramiques ne peut plus être contestée, avec, par exemple, la somptueuse remise en ordre qu’elles permettent au niveau des céramiques arétines. En effet, l’analyse physique et chimique a définitivement imposé l’idée d’une origine multiple des céramiques sigillées à vernis rouge dites d’Arezzo en Étrurie. Ce site (autrefois Arretium) ne fut pas le seul centre de fabrication. Car les travaux de laboratoire devaient permettre de montrer qu’une bonne partie de ces céramiques, notamment celles importées en Gaule, provenait également, voire majoritairement, de Pise. Ces travaux, liés à des découvertes archéologiques faites notamment à Lyon, devaient permettre également de montrer que ces fabrications arétines avaient glissé vers la mer, vers Pise donc, mais aussi vers Pouzzoles, avant d’être copiées dans des ateliers importants de la Celtique padane69 et finalement à Lyon70. Si ceux de la plaine du Pô ont élaboré des formes plus précoces que ceux de Lyon, le problème général ne diffère guère, c’est celui de leur relation avec Arezzo qui se trouve posé et par voie de conséquence nous pouvons penser avoir là une preuve supplémentaire de l’assimilation très rapide des méthodologies romaines par les Gaulois.

  • 71 Picon, Garmier, 1974. Sur le « cas » Ateius, voir en dernier lieu l’analyse synthétique de Morel, 2 (...)
  • 72 Sur ces productions voir désormais Genin, Verhnet (dir.), 2002.

20D’une manière différente des amphores de Porcius, les céramiques arétines, quasiment dans le même temps, posaient l’immense problème de la diffusion des savoir-faire italiens, dans les provinces occidentales et notamment en Gaule, avec cette question très importante, bien éclairée par les fabrications lyonnaises : s’agissait-il de délocalisations, par rapprochement des marchés de vente que constituaient, par exemple, les camps du Rhin, ou s’agissait-il de contrefaçons, les Gaulois ayant totalement assimilé les méthodologies italiennes ? La réponse passe par une étude de cas et son règlement, celui d’Ateius, potier d’Arezzo dont la signature est connue en Italie, à Pise et dans la région de Naples, mais aussi en Gaule, à La Graufesenque et à Lyon, le limes rhénan étant essentiellement alimenté par les fabriques de Pise et de Lyon, Vienne, quant à elle, étant directement alimentée par Arezzo71. Dans le cas d’Ateius, les deux réponses sont possibles. En revanche, si l’on se focalise sur le site de La Graufesenque qui, au ier s. et au iie s., produisit des quantités considérables de céramiques à vernis rouge, il faut bien voir que, délocalisation ou contrefaçon, ce temps prit fin sous Tibère. À partir des bords de la Dourbie, à partir d’un site difficile parce que mal relié, les Rutènes avaient inondé le monde romain de leurs productions72. Un autre monde était né.

3. La Gaule avant Rome

  • 73 Magnifique illustration de cette quête de l’étain avec ce bateau votif en or, conservé à Dublin, et (...)
  • 74 Ramin, 1965. Lewuillon, 1980.
  • 75 Sur le commerce de l’étain en Gaule, Roman et Roman, 1999, p. 61-88.
  • 76 Diodore de Sicile, V, 22. Et V, 38, qui a fait couler des flots d’encre : une quantité d’étain est (...)
  • 77 Un jour que les Massaliotes s’entretenaient avec Scipion, aucun d’entre eux ne put dire quoi que ce (...)
  • 78 Sur cette date, Fabre, 1975.
  • 79 Strabon, I, 4, 3 et II, 4, 1. Sur Pythéas, Roman et Roman, 1999, p. 13-60 ; Cunliffe, 2003.
  • 80 Deux propositions à propos de ce Publius Crassus, mentionné par Diodore de Sicile, V, 38 : lorsque (...)
  • 81 Voir la carte reprenant les données de Strabon et dressée par Fr. Lasserre reproduite dans l’introd (...)

21Cela dit, tout en mesurant l’importance de l’intrusion romaine en Gaule, si, pour respecter les chronologies proposées pour le concours d’agrégation et en venir à une écriture historique, à partir des résultats fragmentaires évoqués jusqu’ici, l’on se place aux alentours des années 200 avant J.-C. ou peu après, c’est-à-dire quand les Romains eurent fait de l’Espagne deux nouvelles provinces (197 av. J.-C.), il est un écueil à éviter, celui qui consiste à faire table rase du passé et de considérer que tout fut rendu possible par la conquête romaine. Car la relation commerciale entre les régions méditerranéennes, plus exactement, ceux qui les peuplaient, et la Gaule commença bien avant et, ce qui importe ici, ce passé n’était pas sans influences. Il se résumait ainsi : comment, bien avant 200 av. J.-C., se procurer les produits qui faisaient les grandes puissances, par exemple l’ambre de la Baltique ou, plus essentiel encore, l’étain, ce métal presque inconnu en Méditerranée et nécessaire à la fabrication du bronze73 ? Il fallait, pour toute puissance voulant émerger à bon niveau, atteindre les îles de l’étain, les Cassitérides, placées selon les sources tantôt au large de l’Espagne, tantôt au large de la Bretagne74. Mais quelle aubaine ! Le pouvoir économique était indiscutablement au bout du chemin maritime75. Dans la réalité, l’affaire, essentiellement grecque, n’était pas si simple car il fallait tromper le cerbère phénicien, lequel, barrant le détroit de Gibraltar, verrouillait tout simplement l’accès à l’Atlantique. En attendant que celui-ci baissât sa garde, les Grecs, toujours inventifs, avaient reproduit en Gaule ce qu’ils avaient fait à l’extrémité de la botte italienne, utilisant les isthmes qui s’offraient pour faire fonctionner une route terrestre et alternative. En trente jours de cheval, l’étain britannique atteignait Marseille par les vallées de la Seine, de la Saône et du Rhône76. La situation dura des siècles, car, avec la complicité des Gaulois, moins arriérés que ce qu’en disait la propagande romaine, l’attitude grecque vis-à-vis des Romains fut le mutisme. Et cela fit certainement enrager dans les cercles sénatoriaux de Rome. Car ceux qui cherchaient à percer le secret n’étaient pas les premiers venus, puisqu’il s’agissait de Scipion Émilien et de ses amis, comme Polybe77. L’interrogation des Grecs, puis des Gaulois de Narbonne, de Corbilo (peut-être Rézé, près de Nantes), par le premier ne donna rien. La route terrestre n’était pas censée exister, la route maritime non plus, puisque l’exploration de l’Atlantique par Polybe au moyen d’une flotte romaine ne donna, à son tour, rien du tout. Alors Pythéas, le Massaliète qui avait exploré l’Atlantique vers 360 av. J.-C.78 fut traité comme un affabulateur79 et l’on attendit qu’un certain Crassus, sur l’identité duquel on hésite encore80, découvrît les îles de l’étain et en révélât les chemins d’accès, seulement, et au mieux, au début du ier siècle av. J.-C. La leçon avait été dure, si bien que les Romains cherchèrent par tous les moyens à maîtriser d’autres voies, et à avoir les leurs. Et c’est ainsi, la carte grecque du monde faisant des Pyrénées un massif montagneux d’orientation méridienne, c’est ainsi qu’ils entreprirent d’investir massivement sur ce qu’il est convenu d’appeler depuis Strabon « l’isthme gaulois », après avoir étendu leur ombre monétaire sur le couloir Rhône-Saône81.

4. L’irruption romaine

  • 82 À l’exception de Carthage, colonie gracchienne. Elle est considérée, à la suite de Cicéron, comme s (...)
  • 83 Il est le seul membre de sa gens à avoir reçu le titre d’imperator. Duval, 1949, p. 208, n. 1. Voir (...)
  • 84 Notamment à Vieille-Toulouse. Labrousse, 1968, p. 137 sq. A. Hesnard, avec la collaboration de L. B (...)
  • 85 Vives discussions sur ces dates. Voir Roman et Roman, 1997, p. 404.

22Intellectuellement, l’idée était séduisante. Elle était surtout désormais confortée par un impérialisme, celui de Rome, militaire et politique, et non plus essentiellement commercial. Si, comme le disaient les Grecs, les fleuves de Gaule étaient parallèles entre eux, il suffisait de se reporter vers l’ouest pour, grâce à l’axe Aude-Garonne, concurrencer la voie phocéenne par excellence, l’axe Rhône-Saône. L’investissement romain fut à la hauteur des espérances. Il s’appela une conquête et celle-ci fut illustrée tout à la fois par la création par les Romains de la première colonie transmarine82, Narbonne et, pour l’un des conquérants, Cn. Domitius Ahenobarbus, le titre d’imperator comme le prouve l’inscription du milliaire de Treilles (Sigean, Aude) mis au jour à la fin de la dernière guerre mondiale83. Ainsi s’explique le surinvestissement romain sur « l’isthme gaulois », cette voie qu’ils voyaient comme un accès facile à l’Europe du Nord et, l’avantage n’étant pas négligeable et expliquant leur politique, qui n’était guère fréquenté par les Grecs. Cette situation devait faire la fortune de Toulouse et du Toulousain, où des montagnes d’amphores ont été retrouvées84 et cela explique également cette idée venue à l’époque de Pompée, sans doute à Rome même, à un gouverneur peu scrupuleux, M. Fonteius (76-74 av. J.-C.)85, de surtaxer le vin circulant entre Narbonne et Toulouse. L’époque romaine était alors largement commencée et le temps de l’impérialisme venu. L’Italie et l’Espagne, car, nous l’avons vu, il ne faut pas oublier l’enseignement des amphores de M. Porcius, partaient à l’assaut du marché gaulois.

  • 86 Où, là encore, des quantités impressionnantes d’amphores ont été retrouvées. Cunliffe, (1988) 1993, (...)
  • 87 Roman et Roman, 1997, p. 348-349.

23Cela dit, il faut bien voir que si l’investissement en matière d’énergie (plus que de structures) des hommes de la Ville sur « l’isthme gaulois » fut considérable, ceux-ci ne négligèrent aucunement le plus grand des isthmes européens, l’axe Rhône-Saône. Il n’est pas indifférent de voir que ceux qui s’en prétendaient les maîtres, les Éduens, étaient les plus anciens alliés des Romains, peut-être depuis le milieu du iie siècle av. J.-C. Il n’est pas indifférent non plus de voir encore qu’à une date largement antérieure à l’intervention de César la zone du denier débordait largement en Chevelue, la plaque tournante du trafic méditerranéen étant le port préromain de Châlon-sur-Saône86. À même date, vers le sud, la bataille commerciale qui fut tout à fait extraordinaire était terminée depuis longtemps. C’est en effet entre 150 et 130 avant J.-C. que les produits italiens, notamment vinaires, avaient supplanté les productions phocéennes sur les oppida de la région de Marseille, comme sur l’oppidum de Nages (Gard) ou à Lattes (Hérault)87. La main était passée.

  • 88 Orose, VI, 15, 7. La traduction à l’emporte-pièce, justifiée (« abrasit » dit le texte), est celle (...)

24Marseille, grande puissance s’il en fut dans le passé, allait vers un avenir qui n’était pas étincelant. En effet, du point de vue économique, la montée en puissance de Rome au détriment des intérêts phocéens n’attendit pas le siège de César en 49 av. J.-C., date à laquelle ce dernier « racla » tout à la cité phocéenne88, la « liberté » exceptée. Un monde nouveau s’était mis en place. Quant à l’ingratitude romaine, elle était patente, mais, et cela changeait tout, elle avait l’avenir devant elle. Ce qui politiquement souffrait toutes les justifications.

25Alors le programme de conquête, d’appropriation vit s’appliquer des procédures qui avaient fait leurs preuves en Italie. Le truchement majeur de celle-ci avait, peut-on dire deux noms, la colonie, mieux vaut-il dire les colonies pour éviter toute ambiguïté et, bien entendu, la ville. On pourrait ajouter la route, qu’Agrippa devait, aux alentours de notre ère, c’est-à-dire à l’époque suivante, porter à un si haut niveau de développement en Gaule, route qui avait une valeur militaire certaine, mais aussi économique. Alors la cité, de type méditerranéen, recouvrit à jamais le peuple celtique et ses institutions. La Gaule devenait romaine, ce qui signifiait d’abord qu’elle enrichissait l’aristocratie de la Ville et cela devrait nous retenir maintenant.

  • 89 Sur la chronologie des amphores de type Dressel 1, Tchernia, 1986, p. 44.
  • 90 Tchernia, 1986, p. 86.
  • 91 Olmer, 2008, p. 218.
  • 92 Olmer, 2008, p. 217.
  • 93 César, BG, VII, 42, 5.
  • 94 César, BG, VII, 3, 1.
  • 95 France, 2001, p. 216, 220.
  • 96 Olmer, 2008, p. 230.
  • 97 Olmer, 2003.
  • 98 César, BC, I, 34, où l’on voit L. Domitius lever des équipages dans le Cosanum, parmi ses « esclave (...)
  • 99 Olmer, 2003.
  • 100 Sur ces répartitions, à l’échelle de la Gaule, voir la carte donnée supra.
  • 101 Gruel, 1989.

26Mais avant de nous tourner vers l’Italie, essayons d’avoir une idée quantitative pour le produit-phare de ce commerce, le vin. Car les quantités mises en jeu sont considérables et, naturellement, ont une signification. A. Tchernia faisant une évaluation, à partir des épaves, arrive ainsi au chiffre de 120 ou 150 000 hectolitres importés par an, « pendant le siècle qu’ont en gros duré les Dressel 189 », donc du dernier tiers du iie siècle av. J.-C. au dernier tiers du ier siècle av. J.-C., ce qui donne une estimation minimale de cinquante-cinq millions d’amphores90 ! Et ces chiffres ne sont pas démentis par la recherche récente, puisque F. Olmer parle, elle, d’un million d’amphores (soit 2,5 millions d’hectolitres) par an91. De ce fait, nous ne sommes pas étonnés de rencontrer les amphores tardo-italiques partout, « jusque sur le plus petit établissement agricole du nord de la France, en Bretagne, en Grande-Bretagne, jusqu’au Luxembourg et les rives du Rhin, parfois en petites quantités, mais toujours bien présentes »92. Quant aux marchands de vins romains, nous les rencontrons dans quelques textes latins et les voyons, surtout durant la guerre des Gaules, expulsés, comme à Chalon-sur-Saône (Cabillonum)93 et même parfois massacrés (comme à Cenabum, Orléans)94. Mais, une fois encore, avant d’en venir à l’origine du vin et à l’aristocratie romaine, il faut souligner que ce trafic entraîna certainement de superbes profits pour des Gaulois. Car s’il n’en avait pas été ainsi verrions-nous, dans le texte de César, Dumnorix tenté, par des moyens frauduleux, d’obtenir à vil prix la ferme des portoria d’un bon quart du Centre-Est de la Gaule95 ? Sans parler de cette amphore sous le cheval de Vercingétorix qui figure sur une monnaie et qui a pu être interprétée comme un signe de la puissance économique de la famille du jeune chef arverne de la Guerre des Gaules96. Pour le reste, en estimant que la situation de cet ager Cosanus, déjà évoqué, qui, pendant un quart de siècle, a concentré la recherche, est emblématique de la situation de l’Italie, il faut parler des Sestii, qui possédaient une partie de la plaine de Cosa, et bien sûr de quelques autres. Le deuxième atelier producteur d’amphores de cette plaine est celui de La Feniglia, situé tout près de Cosa sur le tombolo sud de la lagune d’Orbetello. Il présente l’originalité de livrer un assez grand nombre de timbres, mais toujours avec des noms uniques d’origine orientale : Artemo, Dionus, Orpheus, Nunius, Protus… probables esclaves orientaux, chargés de divisions internes de la production97. Le troisième atelier de cette plaine, celui d’Albinia, à la jonction du tombolo nord de la lagune et de l’embouchure du fleuve Albegna a produit des amphores qui portent le nom de la première épouse de P. Sestius Collina, Albinia. C’est un atelier considérable, dont les amphores offrent très souvent des estampilles avec, une fois encore, des noms orientaux (Aias, Mahe, Nicia…), esclaves attachés à la production. On pourrait ajouter, l’hypothèse en a été émise, la famille des Domitii Ahenobarbi, qui possédait une partie de l’ager Cosanus98 et qui a peut-être mis sur le marché une bonne partie de ces amphores comportant une marque d’esclaves, tandis que d’autres, produites par des propriétaires anonymes désireux de profiter des structures d’exportation, révèlent l’usage de comptages alpha-numériques par l’établissement de codes à une, deux ou trois lettres99. Bref, la plaine de Cosa aux mains de familles sénatoriales ou relevant de la catégorie des domi nobiles produisait essentiellement du vin et celui-ci avait un marché principal, la Gaule. Le pointage des marques amphoriques permet d’ailleurs de préciser ce marché, constitué par les habitants des oppida des Cévennes, notamment Alès, ceux de la vallée de la Loire, comme Essalois, Feurs ou Roanne, et les oppida du pays éduen, et d’abord Bibracte100. Les amphores de tous ces sites relèvent largement des ateliers de Cosa, mais surtout de La Feniglia et d’Albinia, amphores que l’on retrouve vers le nord-est, vers Besançon, vers le Luxembourg, la vallée de l’Aisne ou la Bretagne. Quant à la coïncidence, pour une large part, de cette diffusion avec la « zone du denier » elle a amené certains numismates à considérer que cette zone, par-delà les monnaies et les amphores, constituait « la première expression en Gaule indépendante d’une volonté d’unification monétaire » et témoignait « d’une monétarisation assez avancée de l’économie »101.

  • 102 Il est très important sur l’axe Aude-Garonne. A. Hesnard, avec la collaboration de L. Benquet, dans (...)

27Et le vin élaboré dans la plaine de Cosa, dont ne parle d’ailleurs aucune source102, n’était pas le seul vin italien à prendre le chemin des Gaules. Pour s’en tenir à la fourchette chronologique des Dressel 1, qui furent remplacées par les Dressel 2-4 dans le dernier tiers du ier siècle av. J.-C., et à la seule côte tyrrhénienne de l’Italie, il faut mentionner :

  • les productions de l’ager Pisanus, avec les ateliers de Campacci et de Vallimbuio, au débouché de l’Arno, qui diffusèrent peut-être les vins de Florentia connus par Pline l’Ancien.

  • les productions de l’Étrurie méridionale (ateliers de Pian di Spilla et de Gravisca).

  • les productions du Latium, encore imparfaitement connues (ateliers d’Astura, de Terracine, Fondi, Minturnes), et la multitude des productions révélées par de nombreux ateliers à proximité du Garigliano (Mondragone, Calès, Falciano, Carinola, Cancello).

    • 103 Là-dessus Olmer, 2003, p. 190, avec une très importante bibliographie qu’il n’est pas possible de r (...)

    les productions au sud de Naples connues grâce aux ateliers de Pompéi, Paestum et Velia103.

  • 104 Perelli, 1994.
  • 105 Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 148.
  • 106 Coarelli, 1982, p. 310. Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 150.
  • 107 Olmer, 2003, p. 206, à la suite de P.A. Gianfrotta.
  • 108 Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 151. Olmer, 2003, p. 206.
  • 109 Olmer, 2003, p. 212.
  • 110 Olmer, 2003, p. 213.

28À s’en tenir également aux seules données archéologiques brutes, il est encore assez difficile de prouver que ces amphores contenaient toujours des vins issus de vignobles appartenant aux deux premiers ordres ou aux domi nobiles. J. Andreau a rejeté l’idée d’une dissimulation de la part des grands propriétaires, mais on ne peut pas cependant, évoquant la lex Claudia de 218 av. J.-C. qui interdisait aux sénateurs et à leur fils de faire du commerce avec des bateaux d’une capacité supérieure à trois cents amphores, ne pas penser à une volonté aristocratique de ne pas voir certaines pratiques commerciales apparaître au grand jour. Et cela semble d’autant plus probable que certains historiens contemporains, décrivant l’atmosphère de l’époque, n’ont pas hésité à parler de pratiques très douteuses, de concussion, de spéculation et, pour finir « d’associations para-maffieuses » (L. Perelli)104. Mais si nous tentons une revue des positions, non exhaustive évidemment, et commençons par Pompéi nous trouvons, à partir des timbres amphoriques, de nombreuses gentes municipales comme les Arrii, les Audii, les Lassii, les Clodii, les Holconii. Ce qui signifie que « tous les aristocrates pompéiens tiraient une partie de leurs ressources du vin »105. Quant à l’aristocratie romaine, malgré des dissimulations derrière des timbres avec des groupements de lettres, renvoyant souvent à des esclaves, nous pourrons découvrir les Sulpicii (Sulpicii Galbae ?), qui possédaient des propriétés à Terracine106. Nous voyons également que l’épave de Santa Severa renvoie très probablement, quant à elle, à Minturne et à L. Lentulus Crus107. La marque Q PAC, trouvée à Toulouse a, pour sa part, fait évoquer Q. Paconius Lepta, qui fut quattuoruir quinquennalis à Calès, qui était, peut-être, le Q. Lepta mentionné par Cicéron108. Bien plus, sans qu’il soit facile de mettre toujours des noms derrière des timbres amphoriques, il est possible aujourd’hui de montrer que le cas de diffusion universelle que nous avons évoqué pour les amphores de Sestius fut aussi accompagné d’autres pratiques par des commerçants revendant les vins de l’aristocratie romaine. C’est ainsi que le timbre P. MAR montre une diffusion dans le Sud109, que certains timbres comme AELI, RODO/GALLI, ALFI, ALEX, CAVCA, HE. AE, HELIO, BAR, A. PO, PARNA, SVR montrent, en dehors d’une localisation à Saint-Raphaël, un usage exclusif sur « l’isthme gaulois », le commerce atteignant Angers et même Plouvenez-Lochrist en Armorique110.

29La question est alors : comment cette situation peu discutable fut-elle possible, en raison précisément des limites quantitatives de la lex Claudia ? Tout simplement en pratiquant ce que l’on peut appeler le système de Caton l’Ancien qui s’associait fréquemment à Quintion, son affranchi, lequel voyageait avec la marchandise. De la production à la vente, nous trouvons ainsi des affranchis et des esclaves et, derrière des paravents et des prête-noms, les aristocrates romains. Car c’est d’abord à eux qu’a profité le rapprochement avec les Gaules, puis la conquête de celles-ci, même si des indications portées en ibère sur des amphores découvertes à Toulouse ont pu suggérer l’existence de commerçants d’origine espagnole, ce qui est logique étant donné ce que nous avons dit des amphores de Porcius.

5. Vers une périodisation du mouvement

  • 111 Laubenheimer, 1990, p. 96.
  • 112 Il s’agissait de « bateaux-citernes » pour reprendre l’expression de Brun, 2003, p. 105.
  • 113 Laubenheimer, 1990, p. 90.
  • 114 CIL, XV, 4542. La forme est donnée par Zevi, 1966, p. 215. La traduction est en partie incertaine p (...)
  • 115 Laubenheimer, 1990, p. 104.
  • 116 Avec parfois une situation très complexe, comme le montrent les inscriptions peintes en caractères (...)
  • 117 Là-dessus Laubenheimer, 1990, p. 107-110.

30Et puis le décor changea et cela au cours des dernières décennies avant notre ère et l’on vit apparaître des amphores caractéristiques de la Gaule que, pour cela, F. Laubenheimer a appelées « Gauloises »111. Leur fabrication dura trois siècles, le iie siècle de notre ère étant celui de leur apogée. Il est clair qu’alors la Gaule pourvut pour partie à ses propres besoins. Mais l’archéologue met l’historien de l’économie en garde. Tout simplement parce que si la forme était indiscutablement gauloise, le vin pouvait ne pas l’être. Car, dans le même temps, apparurent des navires à dolia, qui transportaient le vin en vrac et celui-ci pouvait, pour un temps encore, venir d’Italie112. La preuve est parfaitement fournie par une amphore gauloise trouvée à Fos-su-Mer, de forme « Gauloise 5 » et qui contenait un grand vin italien, du Massique, comme l’indique une inscription peinte113. Par la suite la production fut massive en Gaule et prit parfois le chemin de Rome comme l’atteste une inscription sur une amphore trouvée dans la Ville disant : (« je suis un vin de Béziers vieux de cinq ans »)114. Et dans le même temps, nous l’avons vu, les céramiques de La Graufesenque inondaient le marché italien. D’ailleurs, l’on ne peut pas croire que les exemples pris ici aient été exceptionnels. La preuve en est par exemple que les sauces de poissons de Gaule, certaines de qualité recherchée, du garum donc, firent prime sur le marché. N’a-t-on pas retrouvé sur une amphore Dr. 2/4 de Londres une indication peinte disant qu’il s’agissait du garum d’Antibes, tandis qu’une indication comparable se retrouve à Ostie115. On peut également prendre le problème sous un autre angle, à partir de certains sites. Dans la ferme d’Ambrussum (Villetelle, Hérault), au pied de l’oppidum, encore rares à la fin du ier siècle av. J.-C., les amphores gauloises ne l’emportèrent qu’à la fin du ier siècle apr. J.-C., l’intermède étant dominé par des produits ibériques (vin, sauces de poissons). Si, se tournant vers d’autres lieux, l’on prend un instantané du mouvement à Lyon, à travers la fouille du Bas-de-Loyasse, vers 60/70 apr. J.-C. les Gauloises l’emportèrent (75 % du vin), mais les importations de la péninsule Ibérique (huile notamment) étaient largement représentées116. Et l’on pourrait parler de Rome elle-même, où les amphores gauloises arrivèrent en masse sous les Flaviens (36,68 % aux thermes du Nageur à Ostie)117. La conclusion est alors simple : le monde romain était devenu un immense marché et la Gaule y avait plus que sa part.

  • 118 Le concept de communautés-charnières a été mis en avant par Hirth, 1978.
  • 119 Cunliffe, (1988) 1993, p. 13.
  • 120 Il y a discussion sur leur rôle et leur puissance au niveau de l’empire, notamment à la suite de la (...)
  • 121 Virlouvet, 2004, p. 363. V. également Christol, 1971, 1982, et 2003.
  • 122 Expression de B. Rémy, dans Rémy et al., 2001, p. 128. Remesal Rodríguez, 1986, p. 108, parle d’une (...)
  • 123 Une démocratie commune à la terre est instaurée sous l’autorité unique du meilleur gouvernant et or (...)
  • 124 Des Boscs-Plateaux, 2005.
  • 125 L’origine nîmoise de Plotine est donnée comme probable par Raepsaet-Charlier, 1987, p. 511-512 n° 6 (...)
  • 126 Rémy, 2005, p. 67.
  • 127 Sur le personnage, Pline le Jeune, Lettres, VIII, 18. Des Boscs-Plateaux, 2005, p. 493. Burnand, 20 (...)
  • 128 Boucheron et al. (éd.), 2000. Bruun, (éd.), 2005.
  • 129 Pline, NH, XIV, 1.

31Et ce mot même de marché amène à un dernier débat qu’il faut introduire par l’intermédiaire d’une périodisation. Car tout semble bien indiquer que nous sommes alors dans la troisième période distinguée par B. Cunliffe qui, après une période de commerce-don que l’on peut illustrer par la période grecque (et le vase de Vix), parle de période de commerce organisé ou de traité, ce qui correspond tout à la fois aux alliances passées avec les Éduens bien avant la conquête de la Chevelue, à la tentative pour maîtriser d’immenses espaces de vente en Gaule grâce à des « zones charnières » (cette traduction étant préférée à gatway-communities)118, situées au contact de plusieurs zones, dans des régions d’échange, entre des zones d’offre et de demande, cette période étant suivie d’une troisième avec l’émergence d’un « commerce de marché »119. La question est cependant : comment fonctionnait ce marché, dont l’existence est niée par les économistes et les historiens économistes pour l’Antiquité ? Était-il centré sur Rome exclusivement ou a-t-on réellement un marché avec des aspects interprovinciaux ? Poser le problème ainsi revient à se demander quel était le rôle exact du préfet de l’annone et des riches naviculaires marins, tels ceux d’Arles ou de Narbonne120, dont les noms figurent parfois sur l’ancre d’un bateau, sur la cargaison transportée (lingots ou amphores)121. Le premier était-il seulement le « nourricier » de Rome au nom de l’empereur122, ou l’homme procédant à une répartition gigantesque entre Rome et les provinces, entre les provinces entre elles ? Quant aux seconds, approvisionnaient-ils seulement Rome ? Le débat demeure ouvert, me semble-t-il, mais je voudrais pour finir verser au dossier non seulement le discours d’Aelius Aristide en l’honneur de Rome disant que désormais il n’y avait plus qu’une seule cité sur cette terre123. Et un seul marché ? Je voudrais également, ayant examiné les stratégies des « marchands de vin » quels qu’ils fussent, analyser la stratégie de ceux que j’appellerais les « barons de l’huile », l’huile de Bétique évidemment. Leur stratégie, telle qu’on peut l’analyser à partir des travaux de Fr. Des Boscs-Plateaux124, était d’abord une stratégie familiale et peut se résumer ainsi, enfin pour partie : marier les héritiers de grandes fortunes espagnoles à leurs homologues de l’autre sexe de Gaule du Sud. Et c’est ainsi que le Romain d’Espagne qu’était Trajan épousa Plotine qui était probablement de Nîmes125, qu’une partie de la famille d’Antonin était originaire de la même cité126 et que l’arrière-grand-père de Marc Aurèle, remarquable orateur et goinfre de premier rang, dont les fils adoptifs furent de remarquables escrocs, était également de Nîmes127. L’ambition familiale, par un jeu d’alliances italiennes, avait trouvé un débouché romain et celui-ci s’appelait le pouvoir impérial, par l’intermédiaire d’une nouvelle source d’enrichissement, la brique128. Par-delà des objets, le commerce avait été un élément majeur de romanisation et cela était si vrai que ceux qui avaient élaboré les produits phares de la romanité pouvaient désormais prétendre à l’Empire. Quant à la Gaule dans cette affaire, il faut, sans les formuler exactement comme les archéologues qui parlent d’osmose, accepter leurs conclusions et dire que le commerce fut un élément majeur de la romanisation des Gaules, qu’il débuta bien avant les dates de 125 et 58 av. J.-C., et qu’en définitive, introduisant un jeu mimétique, il fut un élément important de la romanisation, laquelle prit ensuite d’autres chemins ou vecteurs comme les structures administratives, la cité ou la ville. Mais cela, Pline l’Ancien l’avait déjà dit, puisqu’il écrivit « que la civilisation a fait des progrès, grâce à la multiplication des échanges et à la jouissance commune d’une paix fortunée et qu’une foule d’objets qui jadis étaient demeurés cachés sont devenus d’un usage vulgaire »129.

Fig. 1. Un type d’attelage antique, l’attelage à joug d’encolure

Fig. 1. Un type d’attelage antique, l’attelage à joug d’encolure

Amouretti, Comet, 1993, p. 89.

Fig. 2.

Fig. 2.

Graffito représentant un bateau découvert dans une uilla à Cucuron (Vaucluse) sur lequel la gouverne sous forme de deux pelles est parfaitement visible. Il s’agit d’un navire de commerce, donc rond, probablement une corbita. Date probable : deuxième partie du ier siècle apr. J.-C. (d’après Gassend et al., 1986, fig. 1, h. t.)

Fig. 3. Circulation des monnaies « à la croix »

Fig. 3. Circulation des monnaies « à la croix »

D’après J. Hiernard, 1982, carte 5, p. 554.

Fig. 4. Répartition des amphores de Sestius

Fig. 4. Répartition des amphores de Sestius

D’après Tchernia, 1986, carte 6.

Fig. 5. Répartition des amphores Dressel 1 en Gaule et en Bretagne

Fig. 5. Répartition des amphores Dressel 1 en Gaule et en Bretagne

D’après A. Fitzpatrick, repris par Roman/Roman, 1997, fig. 90, p. 582.

Fig. 6. Répartition des amphores de Porcius

Fig. 6. Répartition des amphores de Porcius

D’après Étienne, 1962, carte 12, p. 97.

Fig. 7. Les principaux marchés gaulois au-delà des frontières de la province de Transalpine au début du ier siècle av. J.-C.

Fig. 7. Les principaux marchés gaulois au-delà des frontières de la province de Transalpine au début du ier siècle av. J.-C.

D’après Cunliffe (1988) 1993, p. 100.

Fig. 8. Un exemple de captation d’un marché massaliote par les Italiens, l’oppidum du Mont-Garou (Sanary, Var)

Fig. 8. Un exemple de captation d’un marché massaliote par les Italiens, l’oppidum du Mont-Garou (Sanary, Var)

D’après P. Arcelin, Ch. Arcelin-Pradelle, Y. Gasco, repris par Roman et Roman, 1997, p. 348.

Fig. 9. Principaux itinéraires de Gaule à l’époque augustéenne

Fig. 9. Principaux itinéraires de Gaule à l’époque augustéenne

D’après Cunliffe, (1988) 1993, p. 145.

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Notes

1 Gilbert Durand avait prononcé un jugement péremptoire, définitif : l’histoire relevait totalement de l’imaginaire, incapable qu’elle était d’expliquer le contenu mental archétypal, les grands archétypes étant universaux. Durand, 1960.

2 J. Le Goff décrivait, en effet, les archétypes comme relevant d’une « élucubration mystificatrice ». Le Goff, 1994, p. VI.

3 Sur le rôle de l’imaginaire en histoire, Boia, 1998.

4 Suétone, Claude, XVI, 8.

5 Tacite, Annales, XI, 23, 1-4.

6 Table claudienne de Lyon, CIL, XIII, 1668, édit.-trad. Fabia, 1929.

7 Sur l’exclusion pour l’accès aux honneurs (ius honorum) des citoyens romains qui n’étaient pas issus des colonies et des municipes, voir la discussion et les renvois bibliographiques dans Roman et Roman, 1997, p. 526-531.

8 Hermet, 1934.

9 Sur cette caisse, qui contenait trente-sept lampes en terre cuite provenant peut-être, au moins en partie, de l’Italie septentrionale, quatre-vingt-dix bols en céramique sigillée de La Graufesenque signés d’une dizaine de potiers différents, voir la bibliographie et les remarques de Morel, 2008, p. 179, avec l’hypothèse d’un rôle commercial de marchands narbonnais.

10 Carcopino, 1934 (1961), p. 210 sq., par exemple.

11 Ce que J. Carcopino devait appeler « l’impérialisme renversé » ; Carcopino, 1934 (1961), p. 209.

12 Et cela devrait nous amener à réfléchir pour savoir si M. Finley, lorsqu’il voyait l’économie « enchâssée dans le civique », avait raison sur ce point. Cf. infra sur ce sujet.

13 L’expression semble avoir été créée pour N. d’Ablancourt par son excellent ami G. Ménage, qui chercha ensuite à en atténuer la portée. Elle ne semble pas antérieure à 1654. Zuber, 1968, p. 195-196 et n. 35. Voir Mounin, 1955.

14 Historiographie de cette recherche dans Roman et Roman, 1997, p. 71-163.

15 Pour reprendre la terminologie, devenue d’usage courant, introduite par l’Américain Walt Rostow.

16 Pour reprendre l’expression de Braudel, 1979.

17 Le problème est alors de savoir quelle est l’articulation entre cette économie-monde et un empire romain vu comme constitué par un conglomérat de marchés interdépendants. Temin, 2001, p. 169-181. Id., 2004, p. 513-538.

18 Cl. Nicolet relève que c’est dans une « “modernité” radicalement coupée de l’Antiquité que se développent, au xviiie siècle…, une science et une philosophie de l’économie ». Nicolet, 1988, p. 20.

19 « Qui était Adam Smith (1723-1790) ? », dans Albertini, Silem, 2001, p. 115-118.

20 Même si certains inconvénients sociaux du libéralisme avaient été entrevus.

21 Albertini, Silem, 2001, p. 122.

22 Albertini, Silem, ibid., p. 122, 160.

23 Walras, 1874, rééd. 1877, 1889, 1902, 1988. Rougé-Pullon, 1996, notamment p. 78 (« le marché comme résolution de la question sociale »).

24 Albertini, Silem, ibid., 127, 160.

25 Andreau, 1974.

26 Albertini, Silem, ibid., p. 191.

27 Albertini, Silem, ibid., p. 163.

28 Roman, Dalaison (dir.), 2008.

29 Voir les interventions de D. Menjot et M. Martinat dans Roman, Dalaison (dir.), 2008.

30 On peut avoir une idée de la discussion grâce à Nicolet, 1988, p. 31 sq.

31 Polanyi, 2002.

32 Garnsey, Saller, (1987) 1994, p. 91.

33 L’un des critères du sous-développement est aujourd’hui la dépendance extérieure (avec la distribution sectorielle des productivités, la désarticulation du système économique, le gaspillage des possibilités de production et un commerce intérieur restreint). Or, ces critères ne s’appliquent pas à l’empire romain. « La définition actuelle du sous-développement repose sur un certain nombre de critères qui n’ont rien à voir avec l’Antiquité ». Le Bohec, Encyclopaedia universalis, édition électronique, entrée Rome et l’Empire romain, le Haut-Empire.

34 « La saine méthode consiste à essayer de résoudre d’abord des problèmes limités, sur lesquels les documents à notre disposition nous fournissent une documentation suffisante, puis à construire une synthèse à partir de solutions obtenues ». Charles-Picard, Rougé, 1969, p. 16.

35 Nicolet, 1988, p. 27.

36 La critique des théories du commandant R. Lefebvre des Noëttes était déjà vive en 1969. Charles-Picard, Rougé, 1969, p. 13.

37 Amouretti, 1991. M.-Cl. Amouretti, dans Amouretti, Comet, 1993, p. 89. Voir également Raepsaet, 1979 et 2002. Quant au pressoir à vis, pour prendre un autre exemple, s’il ne fut pas inventé par les Romains, sa diffusion assez lente procéda largement de l’empire des Romains. Inconnu à Pompéi en 79 apr. J.-C., sauf des blanchisseurs, il commençait à se répandre à la fin du iie siècle en Narbonnaise ; Brun, 2003, p. 61.

38 Et l’on n’oubliera pas le rôle des animaux de bât, notamment des mulets, largement utilisé par les Romains – Ferriès, 1996 – et peut-être même dans des proportions considérables si l’on suit A. Deman, – Deman, 2002 –, pour qui les utricularii n’étaient pas des nautes, mais des muletiers transportant vin et huile quand le cours d’eau faisait défaut.

39 Invention datée de 1942. Gianfrotta, Pomey, (1980) 1981, p. 30.

40 Picon, 2008, p. 197, parle d’« une méconnaissance criante » de la part de M. Finley et A. Schiavone.

41 Voir, par exemple, l’édition des Pneumatiques d’Héron d’Alexandrie, donnée par Argoud, Guillaumin, Saint-Étienne, 1997. Les machines romaines existèrent également et ne furent pas que militaires. Ph. Fleury insiste sur leur côté « directement utile ». Fleury, 1996, p. 69.

42 Sur la longue acceptation romaine du concept de Barbarie, voir l’étude de D. Roman dans Roman/Roman, 2007, p. 34 sq.

43 Cicéron, Des devoirs, I, 150-151. Morel, 1992, p. 267. Roman et Roman, 2007, p. 124 sq.

44 “Toutes ces inventions, dira Posidonius, sont du sage ; mais, comme elles ne méritaient pas d’être mises en œuvre par lui-même, il les a résignées à d’humbles exécutants”. Non, ces découvertes-là n’eurent pas d’autres auteurs que les gens qui, jusqu’aujourd’hui, vaquent à cette exécution… La sagesse a son siège plus haut. Elle n’instruit pas les doigts ; elle est l’institutrice des âmes… Non, elle (la sagesse) n’est pas ouvrière de l’outillage qui répond aux nécessités de l’existence ! Sénèque, Lettres à Lucilius, XC, 25-27, trad. H. Noblot, revue par P. Veyne.

45 Sous le rapport de la culture générale, il est vrai, et dans tous les genres littéraires, les Grecs l’emportaient sur nous ; mais, sur ce terrain, il leur était facile de remporter une victoire qu’on ne leur disputait pas. Cicéron, Tusculanes, I, 3.

46 « Le monde antique constituait une seule entité politique, dans l’existence d’une structure culturelle et psychologique commune, dont j’espère montrer au cours des chapitres qui suivent comment elle affecte toute description de l’économie » ; Finley, (1973) 1975, p. 39. K. Polanyi parlait à propos des économies anciennes d’économies immergées dans les relations sociales. Voir les remarques de Garlan, 1973, p. 120-121. L’idée était cependant bien antérieure à K. Polanyi, comme l’indique M. Godelier dans la préface de l’édition française de Polanyi, Arensberg, (1957) 1975, p. 15. Sur la relation de l’économie et du politique voir également les remarques de J. France, 1994, p. 134, n. 16. Sur le rôle de l’État, Andreau, 1994.

47 Il n’est plus d’actualité de parler de « l’état arriéré de la philologie », comme le fit Blanchet, (1905) 1971, p. 9.

48 « Le temps des traductions infidèles est passé. Il se fait un retour manifeste vers l’exactitude du sens et la littéralité. Ce qui n’était, il y a quelques années, qu’une tentative périlleuse, est devenu un besoin réfléchi de toutes les intelligences élevées…. M. Leconte de Lisle a tenté de faire ce que ses honorables devanciers ont négligé d’entreprendre ». Homère, Iliade, trad. Leconte de Lisle, 3e édit., Paris, 1882 (avertissement de l’éditeur).

49 Notamment par rapport à la Gaule et à des chronologies strictement « gauloises » et plus ou moins bien établies.

50 Discussion sur ces dates dans Gayraud, 1981, p. 120 sq.

51 Polybe, III, 39, 7-8.

52 Qu’il me soit permis de renvoyer à Roman, 1992, p. 53-68. La conclusion de P. Arnaud, Arnaud, 2007, p. 503-505, favorable à l’idée traditionnelle d’une interpolation du texte, mais qui ne prend pas en compte l’édition-traduction du livre III de Polybe par É. Foulon et M. Molin (CUF, 2004), ainsi qu’une partie de l’importante bibliographie rassemblée par M. Molin, Molin, ibid., p. (52) 200-201, n. 170, n’a pas été suivie ici. « L’approximation de la conversion du mille romain en stades, alors que Polybe pose bien ailleurs dans un passage transmis par Strabon qu’un mille équivaut à huit stades un tiers…. », qui fonde l’argumentation de P. Arnaud, n’est pas vue, par M. Molin, comme « une difficulté sérieuse ».

53 Colbert de Beaulieu, 1973, p. 229-231, sur la mise en place du système.

54 Étant entendu que l’examen des tombes aristocratiques, où l’on trouve quantité d’objets, montre un mouvement commercial secondaire, en vue notamment d’un approvisionnement en métaux, en direction de la grande île, peut-être favorisé par l’émigration de populations belges de l’autre côté de la Manche (partie centrale de la côte Sud). Cunliffe, (1988) 1993, p. 170-171. Fichtl, 1994, p. 94-95.

55 Gruel, 1989.

56 Hiernard, 1982, carte n° 9, p. 571. Sur l’exutoire girondin, Savès, 1976, carte h. t., p. 106, qui mentionne les trésors girondins de Blaye, Saint-Sauveur et Soulac.

57 Roman, 1982, p. 124.

58 Sur la difficile mise en place d’une méthode de fouilles, les discussions innombrables sur la chronologie et l’existence de deux épaves, en partie superposées, voir Long, 1987, p. 9-36.

59 Pour ces dernières l’inventaire ne commença pas hier. Voir Callender, 1965.

60 Voir le réexamen du problème Sestius par Manacorda, 1978, p. 122-131.

61 Ces recherches furent conduites en Italie, révélant des fours ayant fabriqué des amphores gréco-italiques, Dressel 1 et Dressel 2-4. Voir Roman et Roman, 1997, p. 124, avec une abondante bibliographie aux notes 193, 194, 195.

62 Étienne, 1962, p. 97. Sur ces amphores, cf. infra.

63 Vue du Toulousain, l’affaire est impressionnante. C. Domergue, A. Hesnard, M. Passelac, dans Pailler (dir.), 2002, p. 194.

64 Les amphores du type de Porcius, dites aujourd’hui Pascual 1, n’étant pas encore identifiées, l’amphore de Porcius fut prise un temps pour une amphore italienne, campanienne, appartenant à la « famille » des Dressel 1. Étienne, 1962, p. 97-98. Elle était vue comme étant une Dressel 1 C. C’est la démarche de G. Barruol, Gallia, 1973, 2, p. 483.

65 Pascual Guasch, 1962, p. 334-345.

66 Tchernia, 1971, p. 38-57.

67 Le commerce antérieur à la conquête romaine, envisagé autrefois à titre d’hypothèse (Roman, 1983, p. 201) se trouve aujourd’hui pleinement confirmé par la présence d’amphores rhodiennes, ou gréco-italiques, qui peuvent venir d’Espagne où ce type d’amphores est répandu (Tchernia, 1986, p. 97), de bols déliens, de céramiques campaniennes A trouvés sur la plupart des sites du Toulousain, les plus importants étant Vieille-Toulouse et le quartier Saint-Roch à Toulouse. Il faut même considérer que ce mouvement eut une certaine ampleur et que, pour la première fois sans doute, il dépassa largement Toulouse, puisque de la campanienne A datée du iie siècle avant J.-C. a été trouvée à Bordeaux : Bats, 1985, p. 27-30.

68 Sur ces problèmes techniques, Picon, 1973 et 2002. Voir également Bémont, Jacob (dir.), 1986.

69 Ces fabriques de la vallée du Pô étaient connues des spécialistes et considérées globalement comme une preuve de la diffusion ou de la copie des céramiques d’Arezzo. État de la question dans Bémont, 1990, p. 74.

70 Picon, Lasfargues, 1974. Voir désormais Desbat, 1996 et 1997.

71 Picon, Garmier, 1974. Sur le « cas » Ateius, voir en dernier lieu l’analyse synthétique de Morel, 2008, p. 176.

72 Sur ces productions voir désormais Genin, Verhnet (dir.), 2002.

73 Magnifique illustration de cette quête de l’étain avec ce bateau votif en or, conservé à Dublin, et provenant du dépôt de Broighter (Irlande), daté du ier siècle av. J.-C. : Moscati et al., (1991) 1997, p. 583.

74 Ramin, 1965. Lewuillon, 1980.

75 Sur le commerce de l’étain en Gaule, Roman et Roman, 1999, p. 61-88.

76 Diodore de Sicile, V, 22. Et V, 38, qui a fait couler des flots d’encre : une quantité d’étain est transportée de l’île Britannique jusqu’en Gaule (Galatia), qui est placée en face, puis à travers les terres (mesogeia) de la Celtique (Celtikè) est amenée, à dos de cheval, par les marchands chez les Marseillais et dans la ville qu’on appelle Narbonne. C’est une colonie des Romains qui, en raison de sa situation favorable et de sa richesse est le principal marché de ces contrées. Diodore parle-t-il d’un commerce d’époque romaine, en raison de la mention de la colonie de Narbonne, ou d’un commerce préromain ? Dans ce dernier cas, la fin du passage est interpolée, c’est-à-dire considéré comme un ajout tardif d’une autre main que celle de l’auteur. Discussion notamment dans Roman et Roman, 1999, p. 80-83. Sur ce commerce voir également Idd., 1997, p. 197-198.

77 Un jour que les Massaliotes s’entretenaient avec Scipion, aucun d’entre eux ne put dire quoi que ce soit qui méritât d’être rapporté en réponse aux questions que celui-ci leur posait sur la Bretagne, et il en fut de même avec ceux de ses interlocuteurs qui venaient de Narbonne et de Corbilo, les villes pourtant les plus importantes du pays… Polybe chez Strabon, IV, 2, 1.

78 Sur cette date, Fabre, 1975.

79 Strabon, I, 4, 3 et II, 4, 1. Sur Pythéas, Roman et Roman, 1999, p. 13-60 ; Cunliffe, 2003.

80 Deux propositions à propos de ce Publius Crassus, mentionné par Diodore de Sicile, V, 38 : lorsque Publius Crassus y eut abordé au terme d’une traversée et qu’il se fut rendu compte qu’on y déterrait le minerai à faible profondeur et que les insulaires étaient des gens pacifiques, il ne tarda pas à donner les plus larges informations à quiconque désirait exploiter les possibilités de cette mer. Pour Cary et Warmington, 1932, p. 83, comme pour F. Lasserre dans Aujac, Lasserre, édit.-trad. de Strabon, t. II, Paris, 1966, p. 97, n. 2, il s’agit du préteur de l’Hispania ulterior à laquelle était rattachée la Galice en 96-94 avant J.-C. Pour Carcopino, 1957, p. 60-61, il s’agit du légat de César durant la guerre des Gaules. La date est tardive dans les deux cas, de toute façon.

81 Voir la carte reprenant les données de Strabon et dressée par Fr. Lasserre reproduite dans l’introduction de ce volume.

82 À l’exception de Carthage, colonie gracchienne. Elle est considérée, à la suite de Cicéron, comme signifiant la mise en place d’un bastion militaire (propugnaculum). Cicéron, Pour Fonteius, V, 12-13.

83 Il est le seul membre de sa gens à avoir reçu le titre d’imperator. Duval, 1949, p. 208, n. 1. Voir également Gayraud, 1981, p. 127 sq. Sur les discussions au Sénat autour de cette fondation, Roman, 1994.

84 Notamment à Vieille-Toulouse. Labrousse, 1968, p. 137 sq. A. Hesnard, avec la collaboration de L. Benquet, dans Pailler (dir.), 2002, p. 138-143.

85 Vives discussions sur ces dates. Voir Roman et Roman, 1997, p. 404.

86 Où, là encore, des quantités impressionnantes d’amphores ont été retrouvées. Cunliffe, (1988) 1993, p. 88.

87 Roman et Roman, 1997, p. 348-349.

88 Orose, VI, 15, 7. La traduction à l’emporte-pièce, justifiée (« abrasit » dit le texte), est celle de Clerc, (1927-1929) 1971, t. II, p. 151.

89 Sur la chronologie des amphores de type Dressel 1, Tchernia, 1986, p. 44.

90 Tchernia, 1986, p. 86.

91 Olmer, 2008, p. 218.

92 Olmer, 2008, p. 217.

93 César, BG, VII, 42, 5.

94 César, BG, VII, 3, 1.

95 France, 2001, p. 216, 220.

96 Olmer, 2008, p. 230.

97 Olmer, 2003.

98 César, BC, I, 34, où l’on voit L. Domitius lever des équipages dans le Cosanum, parmi ses « esclaves, ses affranchis, ses fermiers ». Manacorda, 1978.

99 Olmer, 2003.

100 Sur ces répartitions, à l’échelle de la Gaule, voir la carte donnée supra.

101 Gruel, 1989.

102 Il est très important sur l’axe Aude-Garonne. A. Hesnard, avec la collaboration de L. Benquet, dans Pailler (dir.), 2002, p. 141.

103 Là-dessus Olmer, 2003, p. 190, avec une très importante bibliographie qu’il n’est pas possible de reprendre ici.

104 Perelli, 1994.

105 Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 148.

106 Coarelli, 1982, p. 310. Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 150.

107 Olmer, 2003, p. 206, à la suite de P.A. Gianfrotta.

108 Cébeillac-Gervasoni, 1998, p. 151. Olmer, 2003, p. 206.

109 Olmer, 2003, p. 212.

110 Olmer, 2003, p. 213.

111 Laubenheimer, 1990, p. 96.

112 Il s’agissait de « bateaux-citernes » pour reprendre l’expression de Brun, 2003, p. 105.

113 Laubenheimer, 1990, p. 90.

114 CIL, XV, 4542. La forme est donnée par Zevi, 1966, p. 215. La traduction est en partie incertaine puisqu’on peut tout aussi bien développer le premier mot (« Sum ») en Sum(mum). Callender, 1965, p. 11. Clavel, 1970, p. 319 et n. 1. Cela ne change cependant rien à l’origine de cette amphore et à sa présence à Rome. Ajoutons que le vin de Béziers n’était pas exceptionnel aux yeux de Pline, NH, XIV, 68.

115 Laubenheimer, 1990, p. 104.

116 Avec parfois une situation très complexe, comme le montrent les inscriptions peintes en caractères ibériques sur des amphores gréco-italiques trouvées à Vieille-Toulouse, et qui peuvent renvoyer à des individus qui n’étaient pas des Espagnols. Voir l’état de la question dans C. Domergue, A. Hesnard, M. Passelac, dans Pailler (dir.), 2002, p. 194-196.

117 Là-dessus Laubenheimer, 1990, p. 107-110.

118 Le concept de communautés-charnières a été mis en avant par Hirth, 1978.

119 Cunliffe, (1988) 1993, p. 13.

120 Il y a discussion sur leur rôle et leur puissance au niveau de l’empire, notamment à la suite de la découverte de « l’inscription de Beyrouth » ; Virlouvet, 2004, p. 363-365.

121 Virlouvet, 2004, p. 363. V. également Christol, 1971, 1982, et 2003.

122 Expression de B. Rémy, dans Rémy et al., 2001, p. 128. Remesal Rodríguez, 1986, p. 108, parle d’une « interdépendance provinciale ».

123 Une démocratie commune à la terre est instaurée sous l’autorité unique du meilleur gouvernant et ordonnateur, et tous convergent ici, comme vers une commune agora, pour obtenir chacun ce qu’il mérite. Ce qu’est une cité pour ses propres frontières et pour ses territoires, celle-ci l’est pour la totalité du monde habité, comme si elle en avait été proclamée le commun centre urbain : on dirait que tous les périèques ou les habitants dispersés des dèmes convergent vers cette seule ville comme vers une acropole. Aelius Aristide, En l’honneur de Rome, 60-61, trad. Pernot (coll. La roue à livres, Les Belles Lettres).

124 Des Boscs-Plateaux, 2005.

125 L’origine nîmoise de Plotine est donnée comme probable par Raepsaet-Charlier, 1987, p. 511-512 n° 631, acceptée par Syme, 1967, p. 478, et considérée comme certaine par Burnand, 2005, p. 324-326.

126 Rémy, 2005, p. 67.

127 Sur le personnage, Pline le Jeune, Lettres, VIII, 18. Des Boscs-Plateaux, 2005, p. 493. Burnand, 2006, p. 77-84.

128 Boucheron et al. (éd.), 2000. Bruun, (éd.), 2005.

129 Pline, NH, XIV, 1.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Un type d’attelage antique, l’attelage à joug d’encolure
Légende Amouretti, Comet, 1993, p. 89.
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Titre Fig. 2.
Légende Graffito représentant un bateau découvert dans une uilla à Cucuron (Vaucluse) sur lequel la gouverne sous forme de deux pelles est parfaitement visible. Il s’agit d’un navire de commerce, donc rond, probablement une corbita. Date probable : deuxième partie du ier siècle apr. J.-C. (d’après Gassend et al., 1986, fig. 1, h. t.)
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Titre Fig. 3. Circulation des monnaies « à la croix »
Légende D’après J. Hiernard, 1982, carte 5, p. 554.
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Titre Fig. 4. Répartition des amphores de Sestius
Légende D’après Tchernia, 1986, carte 6.
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Titre Fig. 5. Répartition des amphores Dressel 1 en Gaule et en Bretagne
Légende D’après A. Fitzpatrick, repris par Roman/Roman, 1997, fig. 90, p. 582.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/docannexe/image/1842/img-5.png
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Titre Fig. 6. Répartition des amphores de Porcius
Légende D’après Étienne, 1962, carte 12, p. 97.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/docannexe/image/1842/img-6.png
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Titre Fig. 7. Les principaux marchés gaulois au-delà des frontières de la province de Transalpine au début du ier siècle av. J.-C.
Légende D’après Cunliffe (1988) 1993, p. 100.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/docannexe/image/1842/img-7.png
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Titre Fig. 8. Un exemple de captation d’un marché massaliote par les Italiens, l’oppidum du Mont-Garou (Sanary, Var)
Légende D’après P. Arcelin, Ch. Arcelin-Pradelle, Y. Gasco, repris par Roman et Roman, 1997, p. 348.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/docannexe/image/1842/img-8.png
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Titre Fig. 9. Principaux itinéraires de Gaule à l’époque augustéenne
Légende D’après Cunliffe, (1988) 1993, p. 145.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/docannexe/image/1842/img-9.png
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Pour citer cet article

Référence papier

Yves Roman, « Entre Rome et Gaules, le commerce, vecteur de romanisation »Pallas, 80 | 2009, 245-277.

Référence électronique

Yves Roman, « Entre Rome et Gaules, le commerce, vecteur de romanisation »Pallas [En ligne], 80 | 2009, mis en ligne le 01 octobre 2009, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/1842 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pallas.1842

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Auteur

Yves Roman

Professeur d’histoire romaine, Université Lumière-Lyon 2
yvesroman@yahoo.fr

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