Introduction
Texte intégral
- 1 À l’exception de deux : L. Latour présentant une empreinte d’intaille sur une céramique d’Auterive (...)
1La revue Pallas m’avait fait l’honneur d’un volume de Mélanges joliment titré « Voyages en Antiquité » (tome 76, 2008). Préparant ce volume dans le secret, bien gardé, les rédacteurs n’avaient pas eu accès à toutes les pages de mon carnet d’adresses ; mes amis et collègues « glypticiens » n’étaient guère présents dans ce volume1 Pour parler de la glyptique dont l’étude est peu développée en France (mea culpa), la rédaction de la revue a accepté de consacrer une partie de ce numéro à plusieurs articles rédigés par mes amis étrangers. Je remercie à la fois la rédaction de la revue et les divers auteurs qui participent à cet « éloge de la glyptique ».
2La glyptique dont il s’agit ici concerne essentiellement les intailles et les camées de l’époque romaine provenant de la partie occidentale de l’empire. La variété des approches montre les différents champs d’études possibles. On peut partir d’un groupe de pierres gravées dans un matériau peu courant (Guiraud, Platz-Horster), d’un ensemble d’intailles provenant d’un site ou d’une région (Cravinho, Frumusa, Gesztelyi, Nestorovic), ou travailler à partir de l’iconographie avec l’examen d’un ou de deux motifs (Nardelli, Popovic, Spier, Zwierlein-Diehl), de pierres présentant une particularité (Henig, Spier) ou des collections muséales dans une zone géographique (Sena Chiesa). Plusieurs de ces articles montrent le lien entre glyptique et histoire politique (Popovic), le rôle économique de cet art par la présence d’ateliers (Cravinho, Gagetti, Henig, Sena Chiesa), la recherche des voies de communication suivies par les matériaux ou les produits finis (Cravinho, Frumusa, Giovannini, Guiraud, Platz-Horster, Sena Chiesa), le reflet d’une situation économique à une époque donnée (Henig, Popovic) ou dans une région (Cravinho). La dispersion géographique des intailles et des camées est visible dans la provenance géographique des auteurs. L’influence de la culture et de la religion romaines se retrouve dans toutes les provinces, de la Bretagne à la Lusitanie, en Gaule, en Italie du Nord, dans les provinces à l’est de la Mer Adriatique et le long du Danube. Le soin apporté pour noter la provenance de ces objets permet de distinguer, au milieu de trouvailles le plus souvent urbaines (Frumusa), des dépôts plus précis, nécropoles, dépôts votifs (Gesztelyi, Guiraud, Popovic, Sena Chiesa). Le développement dans le temps part ici de la période républicaine (Nardelli), traverse l’Empire, la progression marquée parfois par un remploi (Henig) ou l’effet de mode (Guiraud, Platz-Horster), pour aller bien au-delà de la chute de l’empire romain (Gagetti, Gesztelyi, Giovannini) ; les auteurs ont mis là en valeur des pièces de glyptique remployées ou copiées, pour des bijoux personnels ou du mobilier liturgique, ce qui témoigne de la fascination qu’exerçaient intailles et camées romains. L’aspect plus individuel de ces objets, qui sont des bijoux, parfois des porte-bonheur, apparaît dans la coexistence de produits rares, de haute qualité technique ou artistique (Guiraud, Platz-Horster, Popovic), et de petits objets parfois médiocres, en verre, mettant côte à côte une société de possédants riches ou moins riches pour qui la notion de luxe est ressentie de manière variable, mais qui adhèrent tous à un monde romanisé (Zwierlein-Diehl).
3Ces contributions sont l’illustration de la richesse de la glyptique. Si l’étude de ses produits s’appuie sur l’archéologie, l’iconographie dans son ensemble, sur l’évolution des styles de la création artistique, la glyptique enrichit en retour tous ces domaines : elle conforte les datations plus précises apportées par les monnaies, la céramique, etc, elle accompagne d’autres objets dans les courants stylistiques connus. Elle est un témoin de l’évolution générale du monde romain, du développement de l’empire dès la République à la perte des forces économiques et le déclin de l’influence de Rome dès le iiie siècle. Malgré les siècles qui se sont écoulés, les pierres gravées ont gardé un attrait certain : ce sont des objets précieux, souvenir de la culture classique et de la puissance romaine, comme le montrent bien les pierres ou gemmes en verre utilisées chez les Avars ou dans l’Europe médiévale.
Notes
1 À l’exception de deux : L. Latour présentant une empreinte d’intaille sur une céramique d’Auterive (Haute-Garonne), et A. Dardenay étudiant les images de la louve romaine sur des intailles républicaines.
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Référence papier
Hélène Guiraud, « Introduction », Pallas, 83 | 2010, 11-12.
Référence électronique
Hélène Guiraud, « Introduction », Pallas [En ligne], 83 | 2010, mis en ligne le 01 octobre 2010, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/pallas/10602 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/pallas.10602
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