Nous remercions sincèrement Arnaud Lenoble ainsi qu’un rapporteur anonyme pour leur lecture très minutieuse de notre article. Leurs remarques nous auront permis d’améliorer sensiblement le texte de cette publication. L’un de nous (MT) tient à remercier également les acteurs de la reprise des fouilles depuis 2019 sous la direction de William Rendu et de son équipe scientifique internationale. La fouille s’inscrit dans le cadre de l’activité de l’IRL ZooSCAn. Elle est financée par le Ministère de la Culture sous la supervision du Service Régional d’Archéologie de Nouvelle Aquitaine et bénéficie également du soutien du Conseil Départemental de la Charente-Maritime, de la Communauté de Communes de Haute Saintonge et de la municipalité de Jonzac.
1Découvert au début des années 1990 (Jaubert et al. 2008), le gisement paléolithique de Chez-Pinaud 1 a donné lieu à une première campagne d’évaluation effectuée par J. Airvaux en 1998 (Airvaux et Bouchet 1999), puis à une seconde beaucoup plus poussée en 1999 (Airvaux 2004). Ce gisement livre plusieurs niveaux de Moustérien associés à d’abondants restes fauniques (Niven et al. 2012) ainsi que de l’Aurignacien. Il documente donc le passage Paléolithique moyen – Paléolithique supérieur. Étant donné l’importance de cette thématique, des fouilles y ont été menées de 2004 à 2007 sous la responsabilité de J. Jaubert et de J.-J. Hublin. C’est dans le cadre de celles-ci qu’ont été effectués les travaux géologiques présentés ci-après. Ces derniers ont eu pour objectifs principaux 1) d’établir la lithostratigraphie des dépôts, 2) de caractériser les processus sédimentaires et diagénétiques impliqués dans leur genèse et 3) de définir les paléoenvironnements locaux contemporains de cette série sédimentaire.
2Sur la base des résultats obtenus, une approche taphonomique globale des niveaux archéologiques a été tentée. Celle-ci repose principalement sur la prise en compte des effets connus des mécanismes géologiques impliqués dans la genèse du site. Elle a été complétée par une analyse approfondie et quantifiée mettant en œuvre des méthodes spécifiques (cf. infra). Cette dernière a été réalisée à l’occasion d’une reprise des fouilles en 2019 sous la direction de W. Rendu. Elle porte sur les niveaux archéologiques contenus dans la couche la plus profonde du site (l’unité lithostratigraphique 5, cf. infra).
3Ces recherches ont impliqué la mise en œuvre de méthodes relatives à la géologie stricto sensu d’une part et à l’approche taphonomique d’autre part.
4L’étude de l’environnement géomorphologique du site s’est appuyée sur des travaux de terrain ainsi que sur l’analyse des cartes géologiques et topographiques régionales.
5L’établissement de la lithostratigraphie a principalement reposé sur l’identification des discontinuités et des structures sédimentaires et pédologiques. Les couleurs ont été prises sur sédiment humide à l’aide du code Munsell.
6Pour déterminer la nature des constituants sédimentaires et apprécier leur organisation, nous avons eu recours à la micromorphologie. Cette échelle d’observation est également pertinente pour caractériser les processus diagénétiques (Bertran, Texier 1999). Elle a impliqué l’étude de lames minces de grandes dimensions (13,5 x 5,5 cm) taillées dans des blocs de sédiments imprégnés sous vide par de la résine polyester selon la technique préconisée par Guilloré (1980). La terminologie utilisée pour la description de ces lames est adaptée de celle proposée par Bullock et al. (1985).
7En complément de cette approche descriptive, nous avons eu recours à des analyses granulométriques ainsi qu’à des analyses portant sur la teneur en carbone organique total (COT) des sédiments.
8Les analyses granulométriques ont concerné la fraction sédimentaire inférieure à 2 mm (i.e. les sables, limons et argiles). Elles ont été réalisées par diffraction laser et par tamisage mécanique. Elles ont porté sur l’ensemble de la série stratigraphique de Chez-Pinaud 1 et, pour comparaison, sur des dépôts situés dans le voisinage immédiat du site (dépôts du site de Chez-Pinaud 2, dépôts de débordement et dépôts d’une barre de méandre de la Seugne).
9La détermination du contenu en COT des différentes couches de la séquence a été effectuée au moyen d’un appareil de type Lecco CS125.
10Les minéraux lourds étaient trop peu abondants pour donner lieu à une analyse quantifiée. De même, les analyses de fabrique n’ont pas pu être menées sur la fraction naturelle du sédiment car les éléments allongés (i.e. a/b>2) y étaient très rares et dispersés. Celles-ci ont donc exclusivement porté sur les artefacts et les restes osseux (cf. infra).
11Les différents lithofaciès ainsi identifiés ont été interprétés par référence à des modèles sédimentaires définis en milieux actifs (e.g. Francou 1988 ; Van Steijn 1988 ; Bertran, Texier 1994 ; Bertran et al. 1995 ; Hétu 1995 ; Van Steijn et al. 1995 ; Lenoble 2005).
12Ces méthodes ont spécifiquement été appliquées aux niveaux archéologiques contenus dans l’unité lithostratigraphique 5 (cf. infra) afin de déterminer le type et l’importance des modifications d’origine naturelle (i.e. non anthropiques) qu’ils ont subies.
13Des organisations spécifiques de vestiges ont tout d’abord été recherchées en s’appuyant sur des diagrammes de répartition en vue planimétrique (xy).
14En outre, nous avons procédé à la granulométrie des vestiges lithiques mis au jour lors d’un décapage complet du niveau 22 (décapage 7, fouilles W. Rendu). À fin de comparaison, les classes granulométriques retenues pour cette approche (2-4 mm, 4-10 mm, > 10 mm) sont celles définies par A. Lenoble (2005) dans le cadre de ses travaux concernant l’évaluation des modifications subies par des ensembles de vestiges soumis au ruissellement. De même, nous avons utilisé le diagramme ternaire mis au point par cet auteur pour interpréter nos résultats.
15Pour mettre en évidence les processus géologiques susceptibles d’être intervenus dans la redistribution des éléments archéologiques, nous avons eu recours à des analyses de fabriques (Lenoble, Bertan 2004), c’est-à-dire à des analyses statistiques portant sur l’orientation et sur l’inclinaison du grand axe des objets allongés (a/b >2). Les séries de mesures réalisées (au moins 40 par échantillon) ont été soumises à deux types de traitement statistique. L’un, de type bidimensionnel (Curray 1956), permet de définir un taux d’orientation L, également utilisé pour calculer la probabilité p d’obtenir une valeur plus grande que L par la combinaison de n vecteurs d’orientation aléatoire (test de Rayleigh). Pour tester l’hypothèse d’une distribution bimodale des orientations, nous avons utilisé la méthode de Krumbein (1939) qui préconise de doubler les valeurs des orientations. L’autre type de traitement, de type tridimensionnel (Watson 1966 ; Mark 1973 ; Woodcock 1977 ; Benn 1994), est basé sur le calcul de valeurs propres normalisées E1, E2, E3 qui permettent de définir un indice d’élongation El (= 1 – E2 / E3) et un indice d’isotropie IS (= E3 / E1) qui décrivent le degré d’organisation et la forme des fabriques (le dernier pôle décrit les fabriques dites planaires avec PL = 1 – EL - IS).
16En outre, afin de distinguer les différentes populations statistiques, nous avons utilisé la méthode d’exploration spatiale proposée par Sh. McPherron (2018). Cependant, à la différence de cet auteur, le calcul des indices de Benn a été réalisé à partir de l’orientation et de l’inclinaison des 40 plus proches voisins de chaque objet dans un espace à trois dimensions, et non à deux. Une série de mesures est ainsi formée de chaque objet et de ses 40 plus proches voisins dans une sphère (i.e. les 40 distances euclidiennes 3D les plus courtes autour de chaque objet dans l’échantillon). Le taux d’orientation L et les tests statistiques concernant la distribution des orientations (cf. supra) ont été calculés pour chaque série de mesures (n = 41). Enfin, un taux de rejet de l’hypothèse nulle des tests de Rayleigh noté « Tr » est calculé à l’échelle de l’échantillon (Tr = nombre de séries pour laquelle p < 0,05 / nombre de séries * 100).
Figure 1. Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de Jonzac montrant la localisation des sites de Chez-Pinaud 1 (CPN1) et Chez-Pinaud 2 (CPN2) ainsi que leur contexte géomorphologique. Flèches : éperons rocheux barrant partiellement la vallée de part et d’autre des sites de Chez-Pinaud. Fz : alluvions récentes - CF-C : Colluvions - We-c : Complexe des Doucins. C5 : Santonien - C4 : Coniacien - C3c : Angoumien supérieur et terminal.
Extract of the 1/ 50 000 geological map of Jonzac showing the location of the sites of Chez-Pinaud 1 (CPN1) and Chez-Pinaud 2 (CPN2) as well as their geomorphological context. Arrows: rocky spurs partially barring the valley upstream and downstream of the Chez-Pinaud sites. Fz: recent alluvial deposits – CF-C: colluvial deposits – We-c: Complex of “Les Doucins”. C5: Santonian – C4: Coniacian – C3c: Upper and final Angoumian.
17Le site de Chez-Pinaud 1 est localisé sur la commune de Jonzac (Charente-Maritime), dans la partie amont de la vallée de la Seugne, affluent de rive gauche de la Charente. Ce segment de vallée, orienté SE-NO, est disposé parallèlement à l’axe de l’anticlinal de Jonzac. Il est façonné dans des calcaires turoniens et coniaciens, parfois très fossilifères et de texture très variable (grainstone, packstone, mudstone) (Platel et al. 1976 ; Karnay 2004). Il présente une morphologie particulière : relativement large dans sa partie médiane (500 m environ), il est partiellement barré, à l’amont et à l’aval, par deux éperons calcaires distants l’un de l’autre de 1,5 km environ.
18Le gisement de Chez-Pinaud 1 se situe dans la partie centrale de ce dispositif morphologique (fig. 1), sur la rive droite de la rivière, entre 5 et 10 m au-dessus de l’étiage mesuré ici à 32 m d’altitude absolue (Airvaux 2004). Il est associé à d’épais dépôts de versant qui forment des cônes coalescents et tendent à ennoyer plus ou moins complètement la paroi calcaire contre laquelle ils s’appuient. Dans leur partie distale, au niveau de la plaine d’inondation, ces dépôts livrent un niveau aurignacien (Site de Chez-Pinaud 2, Airvaux, op. cit.) et sont recouverts par des dépôts de débordement argileux gris foncé de la Seugne. Le plateau qui domine le site est recouvert de sables argileux bruns qui se rattachent au « Complexe des Doucins » (Platel et al., op. cit.).
19La lithostratigraphie a été établie à partir de la coupe longitudinale localisée dans la partie ouest du site. Vers le nord, elle s’appuie contre la paroi rocheuse et s’étend sur 22 m en direction de la vallée. Elle permet d’observer les dépôts sur 6 m d’épaisseur.
20Cette séquence sédimentaire comprend du sommet vers la base les unités suivantes (fig. 2) :
Figure 2. Chez-Pinaud 1. Lithostratigraphie. 1, 2, 3, 4, 5 : unités lithostratigraphiques. AL, BT, Ck : horizons pédologiques. Échelle horizontale : divisions métriques du système de carroyage. Échelle verticale : altitudes mesurées à partir du niveau 0 du site.
Chez-Pinaud 1. Lithostratigraphy. 1, 2, 3, 4, 5: lithostratigraphic units. AL, BT, Ck: pedological horizons. Horizontal scale: metric divisions of the grid system. Vertical scale: altitudes measured from the datum elevation of the site.
- 1 Les notations AL, BT, Ck font référence à des horizons pédologiques. Elles se conforment aux recomm (...)
21- Unité 1 / AL1 (fig. 3) : 35 à 45 cm d’épaisseur. Horizon organo-minéral cumulique. Couleur : brun foncé (10YR 3/3 à 3/4). Texture : sables argileux contenant quelques graviers calcaires et quartzeux. Structure granulaire. Surstructure polyédrique. Limite inférieure progressive.
Figure 3. Chez-Pinaud 1. Vue aval de la partie sommitale des dépôts : sous un horizon organo-minéral brun foncé (1/AL) s’observe l’unité 2 sur laquelle se développe un luvisol. Celui-ci a été tronqué et seule la partie inférieure de l’horizon BT ainsi que l’horizon Ck sont conservés (mètre ruban : 1 m).
Chez-Pinaud 1. Downslope view of the upper part of deposits: beneath a dark brown organo-mineral horizon (1 / AL) is seen the unit 2 on which develops a luvisol. The later was truncated and only a part of the BT horizon and the Ck horizon are preserved. (Tape measure: 1 m).
22- Unité 2 / BT (fig. 3) : horizon argilluvial visible uniquement dans la partie sud du site. Tronqué vers le nord par l’unité 1. Épaisseur : 0,70 à 0,80 m. Couleur brune (7.5YR 5/4). Sables argilo-limoneux contenant quelques graviers calcaires et quartzeux. Structure prismatique. Limite inférieure nette.
23- Unité 2 / Ck (fig. 3) : 0,7 à 1,4 m d’épaisseur. Sables limono-argileux brun jaune (10YR 5/4) contenant de nombreux granules calcaires (petits fossiles et fragments de coquilles issus du substratum). Fortement bioturbé. Structure massive à polyédrique grossière mal exprimée. Présence de traits carbonatés devenant moins denses vers le bas. Ils comprennent des rhyzolithes dont le diamètre peut atteindre 3 cm, des nodules et des pseudomycéliums. Limite inférieure progressive.
24- Unité 3 / Ck (fig. 4) : 1,2 à 2 m d’épaisseur. Limons sablo-argileux brun foncé (10YR 4/4) montrant une structure massive à polyédrique grossière. Elle comprend plusieurs lithofaciès :
-
un faciès massif contenant de très rares graviers qui est visible principalement dans la partie supérieure de l’unité ;
-
un faciès caractérisé par des lits de graviers calcaires ; il est présent vers le sud, dans la partie inférieure de l’unité ; la pente des lits varie de 6 à 8° vers le S-SE (N 160°E) ;
-
un faciès massif contenant de nombreux galets et granules arrondis dispersés dans la masse des dépôts ; il passe latéralement à, ou s’interstratifie dans, le faciès lité précédent.
Figure 4. Chez-Pinaud 1. Vue aval des unités 3 et 4. Dans l’unité 3, un faciès lité coexiste avec un faciès massif qui contient des graviers calcaires en plus ou moins grande quantité de même que quelques cailloux calcaires émoussés. Les blocs calcaires de l’unité 4 sont également fortement émoussés et montrent localement une organisation imbriquée. Dans cette unité 4, tous les éléments allongés (silex, fragments osseux) sont fortement orientés dans le sens de la pente (mètre ruban : 0,50 m).
Chez-Pinaud 1. Downslope view of units 3 and 4. In unit 3, a bedded facies coexists with a massive facies that contains more or less calcareous gravels and some rounded calcareous cobbles. The calcareous boulders and slabs of unit 4 are also rounded and locally display an imbricate organization. In this unit 4, all the elongated pieces (flints, bone fragments) are strongly slope-oriented. (Tape measure: 0.50 m).
25Dans la partie nord du site, cette unité contient plusieurs amas de blocs calcaires et, sur un petit replat creusé dans le substratum, un lit constitué de graviers et de galets à structure semi-ouverte. De plus, les fragments rocheux deviennent plus abondants en direction de la paroi.
26Les traits carbonatés décrits plus haut sont toujours présents jusqu’à la base de l’unité mais deviennent moins nombreux.
27Cette unité livre quelques éléments d’Aurignacien. Sa limite inférieure est nette.
28- Unité 4 / Ck (fig. 4) : 0,45 à 0,50 m d’épaisseur. Elle présente une structure litée mal exprimée. La fraction grossière du sédiment est composée de blocs de 15 à 35 cm de diamètre associés à des petits graviers calcaires et quartzeux. Tous ces composants sont émoussés et inclus dans des limons sablo-argileux brun foncé (10YR 4/4). Vers le nord, sont également visibles des lits de graviers et de petits galets granoclassés. Dans la partie sud du site, la pente de cette unité varie de 16 à 18° vers le S-SE.
29Les blocs calcaires montrent localement une structure imbriquée et une inclinaison à contrepente. Les éléments allongés (silex, fragments osseux) associés à la partie inférieure de l’unité sont fortement orientés dans le sens de la pente.
30Cette unité contient des niveaux moustériens. Sa limite inférieure est nette.
31- Unité 5 (fig. 5) : visible sur une épaisseur maximale de 3 m, elle s’appuie au nord contre la paroi rocheuse. Elle est composée de limons sablo-argileux brun jaune (10YR 5/4) contenant de rares fragments calcaires de petite taille. La structure est massive sauf contre la paroi rocheuse où s’observe une superposition de lits sableux concaves. Les nappes de vestiges incluses dans cette unité (il s’agit de Moustérien de type Quina) montrent une pente apparente de 8 à 12° vers le sud. Les éléments allongés et aplatis (silex, fragments osseux) sont principalement disposés en conformité avec le plan de stratification des niveaux archéologiques.
Figure 5. Chez-Pinaud 1. Vue de l’unité 5. Cette unité montre un lithofaciès massif sauf près de la paroi calcaire où apparaît une structure litée témoignant du fonctionnement d’une rigole. Les éléments allongés et aplatis sont disposés dans le plan de stratification. (Hauteur de la coupe : environ 1,50 m).
Chez Pinaud 1. View of unit 5. This unit displays a massive lithofacies except close to the rockwall where is visible a bedded structure due to the work of a rill. Elongated and platy pieces contained in archaeological levels lie conformably to the stratification plane. (Height of the section: ca 1.50 m).
32Les analyses réalisées ont permis de déterminer les proportions des différents constituants sédimentaires ainsi que les principaux paramètres caractéristiques (tabl. 1 et 2).
Tableau 1. Chez-Pinaud 1. Résultats granulométriques. Pourcentages des différentes fractions granulométriques prenant part à la constitution du sédiment et valeurs des principaux indices caractéristiques calculés à partir des courbes cumulatives.
Chez-Pinaud 1. Granulometric results. Percentages of the different granulometric fractions taking part in sediment constitution and values of the main characteristic indices calculated from the cumulative curves.
Tableau 2. Granulométrie des principales formations localisées dans l’environnement proche du site. Pourcentages des différentes fractions granulométriques prenant part à la constitution des sédiments et valeurs des principaux indices calculés à partir des courbes cumulatives.
Granulometry of the main formations localized in the near environment of the site. Percentages of the different granulometric fractions taking part in sediment constitution and values of the main indices calculated from the cumulative curves.
33Les courbes cumulatives représentatives des différentes unités présentent des morphologies très semblables. Elles comportent deux modes, l’un situé sur les sables moyens, l’autre sur les limons fins et les argiles (fig. 6). Dans les unités 3 et 4, le mode sur les particules fines est mieux marqué que celui sur les sables, alors qu’ils sont à peu près équivalents dans l’unité 2. La courbe représentative de l’unité 5 présente une morphologie intermédiaire par rapport aux précédentes.
Figure 6. Chez-Pinaud 1. Exemples de courbes granulométriques cumulatives représentatives des unités lithostratigraphiques 2 (courbe noire), 3 (courbe bleue), 4 (courbe rouge) et 5 (courbe verte).
Chez-Pinaud 1. Examples of cumulative granulometric curves representative of lithostratigraphic units 2 (black curve), 3 (blue curve), 4 (red curve) and 5 (green curve).
34Reportés sur des diagrammes triangulaires (fig. 7 et 8), les résultats obtenus montrent que l’unité 2 est clairement plus sableuse que les autres unités. Sa texture (sables limoneux peu argileux) est assez proche de celle des sédiments qui colmatent le coin de sable visible dans le site de Chez-Pinaud 2 (Airvaux et al. 2003).
Figure 7. Chez-Pinaud 1. Diagramme triangulaire des textures. Cercles pleins : unité 2 - Cercles évidés : unité 3 - Carrés pleins : unité 4.
Chez-Pinaud 1. Triangular diagram of textures. Full circles: unit 2 - Open circles: unit 3 - Full squares: unit 4.
Figure 8. Diagramme triangulaire des textures. Cercles pleins : unité 5 de Chez-Pinaud 1 – Cercles évidés : dépôts de Chez-Pinaud 2 – Carrés pleins : dépôts alluviaux de la Seugne.
Triangular diagram of textures. Full circles: lithostratigraphic unit 5 of Chez-Pinaud 1 – Open circles: Chez-Pinaud 2 deposits – Full squares: alluvial deposits of the Seugne River.
35La composition granulométrique des alluvions de la Seugne se démarque nettement de celle des sédiments de Chez-Pinaud 1 (fig. 7 et 8). Néanmoins, on constate que les sédiments prélevés dans un point bar comportent également un mode sur les sables moyens.
36Enfin, on soulignera que la granulométrie des dépôts qui livrent de l’Aurignacien à Chez-Pinaud 2 est très voisine de celle des limons argileux qui tapissent le fond de la vallée actuelle. Ils pourraient également s’agir de dépôts de débordement de la Seugne.
37Les contrôles réalisés sur certains échantillons montrent que les valeurs mesurées par la méthode mise en œuvre présentent une incertitude de 8 à 12 %. Gardant cette remarque en mémoire, le diagramme stratigraphique obtenu à partir des données recueillies (fig. 9) appelle les commentaires suivants :
-
L’enrichissement en COT noté dans la partie supérieure de l’unité 2 est probablement dû à sa proximité avec l’horizon organique de surface (unité 1). Il résulte sans doute d’une contamination via les fentes de retrait et les processus de bioturbation.
-
Les augmentations en COT constatées dans l’unité 3 ne semblent pas spécialement reliées à des occupations humaines. Ils pourraient correspondre à des horizons organiques enterrés in situ ou remaniés et représenteraient des périodes de relative stabilité du versant avec développement d’un couvert végétal.
-
L’augmentation en COT au sommet de l’unité 5 coïncide avec la présence d’un riche niveau archéologique. On notera cependant que le reste de cette unité est particulièrement pauvre en COT malgré la présence de plusieurs nappes de vestiges.
Figure 9. Chez-Pinaud 1. Diagramme stratigraphique montrant les variations de teneur en carbone organique total (COT) dans la série sédimentaire. 2, 3, 4, 5 : unités lithostratigraphiques.
Chez-Pinaud 1. Stratigraphic diagram showing the variations of total organic carbon (TOC) content throughout the sedimentary series. 2, 3, 4, 5: lithostratigraphic units.
38Les analyses micromorphologiques ont concerné l’ensemble de la séquence sauf l’unité 1 qui résulte de la mise en culture du versant (cf. infra).
39Le sédiment présente une structure polyédrique à spongieuse. La porosité comprend des vides plans et des vides biologiques.
40La distribution des éléments grossiers par rapport aux fins (g/f) est de type porphyrique.
41Le squelette est composé de grains de quartz arrondis associés à quelques grains de glauconite et à des concrétions ferrugineuses.
42La masse basale est constituée d’argiles limoneuses brun jaune. La plupart des limons sont de nature quartzeuse.
43Des ferriargilanes rouge jaune peu épais revêtent certains vides ou sont intégrés dans la masse basale (fig. 10 et 11).
Figure 10. Chez-Pinaud 1, unité 2 / BT. Microphoto (LN) montrant un biotubule revêtu par un ferriargilane (flèche). Un grain de quartz revêtu par des oxydes de fer est également visible (largeur de la photo : ca 2 mm).
Chez-Pinaud 1, unit 2 / BT. Photomicrograph (PPL) showing a biological void coated by a ferriargillan (Arrow). A quartz grain coated by ferric oxides is also visible. (Frame length: ca 2 mm).
Figure 11. Chez-Pinaud 1, unité 2 / BT. Microphoto (LP) montrant des ferriargilanes intégrés dans la masse basale. (Largeur de la photo : ca 2 mm).
Chez-Pinaud 1, unit 2 / BT. Photomicrograph (XPL) showing ferriargillans integrated in the groundmass. (Frame length: ca 2 mm).
44La distribution g/f est de type porphyrique (fig. 12). Le squelette comprend des grains de quartz arrondis associés à des lithoclastes calcaires émoussés et à de rares grains ferrugineux. La masse basale, très semblable à celle observée dans l’horizon BT, est constituée de limons argileux de couleur brun jaune.
Figure 12. Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Microphoto (LN). Le sédiment montre une distribution g/f de type porphyrique. Le squelette est composé de grains de quartz arrondis et de quelques lithoclastes calcaires. Des hypo-revêtements micritiques sont visibles autour de vides biologiques (largeur de la photo : ca 5,2 mm).
Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Photomicrograph (PPL). The sediment displays a porphyric related g/f distribution. Skeleton is composed of rounded quartz grains and some calcareous lithoclasts. Micritic hypo-coatings are seen around some biological voids (frame length: ca 5.2 mm).
45Le sédiment est parcouru par de nombreux vides biologiques. Certains se superposent aux vides structuraux (fig. 13). Ils renferment fréquemment des cellules de racines vivantes ou calcifiées (fig. 14).
Figure 13. Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Microphoto (LN) montrant la structure polyédrique du sédiment. Localement, des vides biologiques se superposent à des vides plans pour former une microstructure spongieuse (largeur de la vue : ca. 6 mm).
Chez-Pinaud 1, unit 2 / Ck. Photomicrograph (PPL) showing the polyedric structure of the sediment. Locally, biologic voids are superimposed on planar voids, which gives rise to a spongy microstructure (frame length: ca 6 mm).
Figure 14. Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Microphoto (LN). Dans un vide, s’observent des cellules racinaires calcifiées et plus ou moins dissociées (flèche) (largeur de la vue : ca 1,5 mm).
Chez-Pinaud 1, unit 2 / Ck. Photomicrograph (PPL). In a void, are seen more or less dissociated calcified root cells (arrow) (frame length: ca 1,5 mm).
46De nombreuses structures carbonatées sont visibles. Il s’agit généralement d’hypo-coatings micritiques présents autour des vides biologiques (fig. 15). Certains, associés à des vides occupés par des racines vivantes, sont probablement très tardifs. Des coquilles de gastéropodes et des sphérulites calcitiques interprétés comme des excrétions de vers de terre (Becze-Deak et al. 1997) sont également présents.
Figure 15. Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Microphoto (LN) d’hypo-revêtements micritiques dans des vides racinaires. À l’intérieur de certaines s’observent des restes de tissus racinaires (largeur de la vue : ca 2,1 mm).
Chez-Pinaud 1, unit 2 / Ck. Photomicrograph (PPL) of micritic hypo-coatings around root voids. Inside some of them are seen remains of root tissue (frame length: ca 2.1 mm).
47La distribution g/f est également de type porphyrique. Le squelette comprend des grains arrondis ayant la même minéralogie qu’à la base de l’unité 2 (quartz, lithoclastes calcaires). Un fragment de calcaire silicifié imprégné par des oxydes de fer est également visible. La masse basale est semblable à celle observée dans l’unité sus-jacente.
48La porosité comprend des vides biologiques et fissuraux.
49Des hypo-coatings micritiques ainsi que des sphérulites calcitiques (fig. 16) sont également présents.
Figure 16. Chez-Pinaud 1, unité 2 / Ck. Microphoto (LN). Sphérulite calcitique interprété comme une sécrétion de ver de terre (Becze-Deak et al. 1997) (largeur de la vue : ca 2 mm).
Chez Pinaud 1, unité 2 / Ck. Photomicrograph (PPL). Calcitic spherulite interpreted as a worm excreta (Becze-Deak et al. 1997) (frame length: ca 2 mm).
50Le microfaciès de cette unité est très semblable à celui des unités supérieures du point de vue de la distribution g/f, de la structure du sédiment ainsi que de la composition du squelette et de la masse basale.
51On observe également la présence de nombreux vides biologiques, de sphérulites calcitiques et de fragments de gastéropodes. Des fragments osseux sont également visibles dans certaines lames minces de même que des fragments calcaires silicifiés imprégnés par des oxydes de fer.
52Aucune structure carbonatée n’a été identifiée.
53Cette unité également montre un microfaciès semblable à celui des unités sus-jacentes pour ce qui est de la structure, de la composition du squelette et de la distribution des particules grossières par rapport aux fines.
54Des grains de glauconite et des fragments osseux sont présents dans tous les échantillons.
55Les traits carbonatés sont à nouveau abondants. Ils correspondent à des hypo-coatings et à des imprégnations micritiques du fond matriciel.
56On observe également des argilanes poussiéreux massifs. Généralement peu épais, ils revêtent certains vides biologiques (fig. 17).
Figure 17.Chez-Pinaud 1, unité 5. Microphoto (LN) d’argilanes poussiéreux (flèches) revêtant les parois d’un vide biologique. Un fragment osseux est également visible (largeur de la vue : ca 4,2 mm).
Chez Pinaud 1, unit 5. Photomicrograph (PPL) of dusty argillans (arrows) coating a biological void. A bone fragment is also visible (frame length: ca 4.2 mm).
57D’après leur composition pétrographique et minéralogique, les sédiments fins de cette séquence proviennent principalement du remaniement de formations détritiques localisées sur le plateau qui domine le site. Les fragments de grès ferrugineux et de calcaire silicifié ferruginisé attestent de la même origine. Néanmoins, le calcaire local est clairement à l’origine des lithoclastes carbonatés et de la glauconite. En effet, cette dernière est un minéral très altérable qui, en aucun cas, n’aurait résisté aux climats subtropicaux du Tertiaire, contemporains des formations de plateau. Les fragments osseux présents dans l’unité 4 et 5 sont la conséquence des activités humaines.
58Sans surprise, on note que l’horizon BT du sol de surface est décarbonaté et qu’il contient des ferriargilanes (Jamagne, in Baize, Girard et al. 1995) tandis que l’horizon Ck est associé à de nombreux traits carbonatés. Comme c’est généralement le cas pour la partie la plus profonde des horizon BT, les ferriargilanes ne sont pas très bien exprimés. La plus grande partie de cet horizon a donc été très probablement érodée lors de la mise en culture du versant. L’intégration de certains argilanes dans la masse basale est due à des processus de retrait-gonflement. En outre, on notera que certains des traits carbonatés observés dans Ck sont associés à des vides contenant des racines vivantes. Ils ne sont donc pas reliés au fonctionnement du luvisol.
59Les revêtements poussiéreux argileux bruns observés dans certains vides de l’unité 5 résultent probablement d’importantes percolations. Ils sont donc le résultat de ruissellements de surface ou de la fonte rapide d’un couvert neigeux. En effet, le caractère carbonaté de cette unité permet d’écarter l’hypothèse d’un horizon BT profond.
60L’absence de traits cryogéniques (structure lamellaire, ovoïdes) dans l’ensemble de la séquence est surprenante. En effet, l’unité 2 interprétée comme des dépôts nivéo-éoliens (cf. infra) peut être corrélée avec les sédiments qui colmatent la fente de gel de Chez-Pinaud 2. Or, ce type de fente de gel est normalement associé à des environnements périglaciaires très froids et implique le développement d’un pergélisol (Ballantyne et Harris 1994 ; French 1996 ; Karte 1983). En outre, la solifluxion qui est probablement responsable de la mise en place des unités 4 et 5 (cf. infra) atteste également d’un contexte périglaciaire (Ballantyne et Harris, op. cit. ; French, op. cit. ; Washburn 1979). Dans tous ces cas, les microstructures ont probablement été effacées par la bioturbation qui affecte l’ensemble de la séquence et qui peut être liée au fonctionnement du sol de surface ainsi qu’aux sols organiques inclus dans les unités 3 et 5 (cf. infra). De plus, durant la formation de l’unité 2, le climat était non seulement froid mais aussi très sec comme l’indique le caractère nivéo-éolien des dépôts et l’existence d’un coin de sable dans le site voisin de Chez-Pinaud 2. Une telle sécheresse semble être un critère défavorable pour le développement de traits cryogéniques (P. Bertran, information orale sur la base d’observations réalisées en Mongolie).
61La surface mise au jour lors de la campagne de 2021 au cours de décapages successifs de la partie sommitale de l’unité lithologique 5 comporte plusieurs zones qui se différencient à la fois par la densité en matériel archéologique et par la présence de structures spécifiques. De la paroi rocheuse vers la vallée, on observe successivement (fig. 18) :
Figure 18. Relevé DAO des vestiges visibles sur l’orthophotographie (vue zénithale) du neuvième décapage de la zone de fouille et interprétation des organisations spécifiques de vestiges.
DAO of the remains visible on the orthophoto (zenithal view) of the ninth “décapage” of the excavation area and interpretation of the remains specific organisations.
62Une zone ne comportant que très peu de matériel archéologique. Les rares vestiges présents sont de grandes dimensions, de même que les fragments calcaires auxquels ils sont associés. Ces différents éléments sont contenus dans une matrice sableuse. Cette zone coïncide avec la structure litée décrite en coupe dans le paragraphe 3 (lithostratigraphie). Sa limite avec la zone suivante, soulignée par quelques ossements orientés O-E, est particulièrement nette.
63Une zone relativement dense dans laquelle les vestiges archéologiques et les fragments calcaires ont tendance à s’organiser en petits polygones de diamètre pluridécimétrique.
64- Une zone de très forte densité ne montrant aucune organisation spécifique si ce n’est une tendance localisée des objets allongés à prendre une orientation dans le sens de la pente. Cette zone est délimitée à l’aval par une structure en arc de cercle dont la flèche est orientée dans le sens de la pente.
65- Une zone de densité moyenne caractérisée à nouveau par une distribution du matériel archéologique selon un réseau polygonal à maille pluridécimétrique (30 à 50 cm). Les éléments allongés (ossements) ont leur grand axe disposé conformément aux côtés des polygones.
66- Une zone à nouveau très pauvre en vestiges. Elle recoupe la précédente. Sa limite amont, soulignée par des ossements tous orientés dans la même direction, est parallèle à la ligne de paroi ainsi qu’à la première zone pauvre en matériel décrite ci-dessus. Sa matrice est localement plus sableuse et de nombreux graviers de quartz sont présents.
67On note que les zones dans lesquelles les objets forment des polygones se situent au-dessus de replats du substratum.
68Quel que soit le décapage considéré (fig. 19 et tabl. 3), le nuage de points est étiré du pôle planaire vers une position intermédiaire entre les pôles planaire et linéaire et possède un indice d’isotropie très faible (tabl. 3). La plupart des échantillons mettent en évidence une faible orientation préférentielle. Toutefois, le taux de rejet de l’hypothèse nulle du test de Rayleigh réalisé sur les orientations atteint 61% dans le décapage 6 (tabl. 3). Le diagramme en rose des orientations mesurées dans le neuvième décapage (fig. 19) montre plusieurs modes dont l’un correspondant à la plus forte pente (axe O-E) et trois autres, moins marqués, de période 60° (à 0°, 60° et 120°).
Figure 19. Fabrique des vestiges mis au jour lors du décapage 9. A) Projection de bâtonnets orientés et colorés en fonction de la forme de la fabrique (cf. Diagramme de Benn). B) Diagramme en rose des orientations. C) Diagramme en rose de l’inclinaison. D) Diagramme de Benn (le point rouge correspond à la moyenne de toutes les séries de mesure, le point jaune à la fabrique de tout l’échantillon). E) Diagramme de Schmidt.
Fabric analysis of the remains brought to light by the ninth “décapage” 9. A) Projection of oriented sticks coloured according to the fabric shape (cf. Benn’s diagram). B) Rose diagram of orientations. C) Rose diagram of plunges. D) Benn diagram (the red point corresponds to the average of all the measurement series, the yellow point to the fabric of the whole sample). E) Schmidt diagram.
Tableau 3. Fabriques et analyses statistiques effectuées à partir des vestiges mis au jour dans les différents décapages réalisés dans la zone fouillée avec n = nombre de mesures ; IS, EL et EP = indices d’isotropie, d’élongation et planaire de l’échantillon (méthode Lenoble, Bertran 2004) ; IS loc., EL loc. et EP loc. = moyennes des mêmes indices calculés pour chaque série spatiale de mesures (méthode McPherron 2018) ; L et p = moyennes des taux d’orientation et de la p-value renvoyée par le test de Rayleigh ; Tr = calcul du taux de rejet de l’hypothèse nulle du test de Rayleigh.
Fabrics and statistical analysis achieved from archaeological remains brought to light by the different décapages achieved in the excavated area with n = number of measurements; IS, EL and EP = isotropy, elongation and planar indices of the sample (Lenoble, Bertran 2004 method); IS loc., EL loc. and EP loc. = averages of the same indices calculated for each spatial series of measurements (McPherron 2018 method); L and p = averages of the orientation rates and the p-value returned by the Rayleigh test; Tr = calculation of the rejection rate of the null hypothesis of the Rayleigh test.
69Les échantillons analysés provenant des zones pauvres en vestiges mettent en évidence un déficit en fraction fine (fig. 20). Les tris observés sont cependant moins conséquents dans quelques sous-carrés (H7b, H7c, G11b, H11b, et H10c), probablement à cause de la présence de figures de blocage (Lenoble 2005 p. 119). En revanche, les échantillons prélevés dans les zones de plus forte densité supportent l’hypothèse d’une bonne préservation des ensembles de vestiges lithiques (fig. 20).
Figure 20. À droite, granulométrie des vestiges lithiques contenus dans les différents sous-carrés du décapage 7 et comparaison avec le modèle publié par Lenoble (2005). À gauche, les échantillons présentant un déficit de fraction grossière sont indiqués en rouge sur une orthophotographie de la zone de fouille (décapage 7). Les échantillons enrichis en éléments fins sont représentés en bleu.
On the right, granulometry of the lithic remains coming from the sub-squares of the “décapage” 7 and comparison with the model published by Lenoble (2005). On the left, samples displaying a lack in coarse fraction are shown in red on an orthophoto of the excavation area (“décapage”7). Samples enriched in fine particles are shown in blue.
70Les zones quasiment dépourvues de matériel archéologique et présentant un fort déficit en vestiges archéologiques de petite taille témoignent de l’action du ruissellement concentré. Leur texture composée essentiellement de sables, parfois associés à des graviers quartzeux, ainsi que la relation d’une de ces zones avec la structure litée en berceau observée en coupe et décrite dans le chapitre « lithostratigraphie » confortent cette hypothèse.
71Les organisations d’objets dessinant des petits polygones au-dessus des replats du substratum (fig. 18) s’interprètent comme des sols structurés triés à petite maille (pluridécimétriques). L’orientation trimodale des vestiges comme cela a été constaté pour ce type de structure en milieu naturel et sur d’autres sites archéologiques (Bertran et al. 2010) vient à l’appui de cette hypothèse. De telles formes impliquent l’existence d’un gélisol au moins saisonnier et une absence de végétation (e.g. Pissart 1977 ; Van Vliet-Lanoë 1988 ; Washburn 1979).
72La présence, dans une zone pentue, d’une structure formant un lobe dirigé vers l’aval est en bon accord avec ce type d’environnement ; elle représente très probablement un front de coulée de solifluxion. Dans cette zone, la tendance des objets allongés à prendre une disposition conforme à la pente relève du même phénomène (e.g. Bertran et al. 1997).
73Les données recueillies dans le site de Chez-Pinaud 1 et dans son environnement immédiat permettent de proposer une histoire cohérente et relativement bien documentée de sa genèse.
74Le premier épisode morphologique susceptible d’être perçu localement est mis en évidence grâce aux sondages réalisés par J. Airvaux (2004). Implantés selon un axe transversal à la vallée, ils ont révélé, sous les dépôts décrits ci-dessus, l’existence d’un chenal d’une trentaine de mètres de large, à profil symétrique, creusé dans le substratum calcaire et comblé de sables et de graviers fluviatiles (Airvaux, op. cit.). Ce chenal et son remplissage témoignent très probablement d’un ancien cours de la Seugne qui s’écoulait alors au pied de l’abrupt calcaire qui délimite le gisement vers le nord. Étant donné les repères chronologiques obtenus pour l’unité 5 (cf. infra) qui surmontent les dépôts fluviatiles, cet épisode morphogénétique se rattache sans doute au Dernier Interglaciaire (MIS 5a ?). La vallée de la Seugne se présente alors probablement comme un couloir délimité par des escarpements calcaires, localement incisés par des vallons au débouché desquels s’édifient des cônes de déjection. Les deux éperons rocheux qui, en amont et en aval, barrent partiellement ce segment de vallée le rendent particulièrement propice à des activités de chasse et de piégeage. Ce dispositif morphologique spécifique a pu influer sur l’établissement des préhistoriques dans cette zone.
75L’épisode suivant est matérialisé par la mise en place de l’unité 5. Celle-ci résulte essentiellement du fonctionnement de coulées de solifluxion et de phénomènes de ruissellement. Ces phénomènes sont attestés à la fois par les données de terrain (structures typiques) et par les analyses de fabrique (cf. supra). En outre, la mise en évidence de sols polygonaux à petite maille, révélés par l’organisation des objets archéologiques, implique un environnement de type périglaciaire et une absence de végétation au moins locale et/ou momentanée. Les datations TL obtenues permettent d’attribuer cette phase évolutive au stade isotopique 4 (Jaubert et al. 2008 ; Richter et al. 2012). C’est lors de cet épisode qu’ont lieu les premières occupations moustériennes (niveaux 9 à 24 - Moustérien de type Quina -). Il est difficile de dire si l’augmentation du carbone organique total observée au sommet de cette unité (fig. 9) est reliée à l’activité humaine ou témoigne de l’installation d’un sol organique peu évolué, les deux phénomènes ayant par ailleurs pu jouer conjointement. On notera que les dépôts observés dans le site font partie intégrante du cône de déjection associé au vallon qui se situe immédiatement à l’est du gisement (fig. 1). L’accrétion de ce cône a eu pour conséquence de repousser le cours de la Seugne vers le sud.
76À la suite de cet épisode sédimentaire, se produit une érosion de la surface du cône de déjection. Cette hypothèse est basée sur la discordance angulaire observée entre les unités 5 et 4 (cf. par. 3). D’après les données chronologiques disponibles (Jaubert et al. 2008 ; Richter et al. 2012), cette phase d’érosion pourrait se situer vers – 60 Ka, c’est-à-dire à la fin du MIS 4 ou au tout début du MIS 3. Elle résulte probablement d’un changement dans le niveau de base local, i.e. la Seugne. Ce changement peut correspondre à une légère incision du cours d’eau dans sa vallée ou encore à une migration latérale de la rivière vers le nord, ce qui occasionne le sapement de la partie distale des dépôts de versant. Dans les deux cas, la cause de ce phénomène n’est pas évidente. Il peut être dû à une modification du régime d’écoulement de la rivière en liaison avec une évolution climatique ou à un événement tectonique (e.g. la réactivation d’une faille) ou, simplement, à l’évolution intrinsèque du système morphologique.
77La mise en place de l’unité 4 témoigne d’une nouvelle phase d’agradation du cône de déjection évoqué plus haut. Les dates numériques obtenues permettent de situer cet épisode au début du stade isotopique 3 (Jaubert et al. 2008 ; Richter et al. 2012). Les Moustériens continuent à fréquenter le site (Niveaux archéologiques 6, 7 et 8). Plusieurs processus dynamiques participent à la sédimentation. Des épisodes de ruissellement, localement de forte compétence (présence de lits de graviers), alternent avec des épisodes de solifluxion. L’intervention de la solifluxion, probablement à front pierreux, est suggérée par la forte orientation dans le sens de la pente des éléments allongés ainsi que par la disposition imbriquée des dalles calcaires contenues dans cette unité (cf. fig. 2 et 4). Durant cette même phase morphogénétique, se produisent des effondrements en provenance de la paroi calcaire voisine. En témoignent les accumulations de blocs et de dalles, plus ou moins ré-étalées par la solifluxion, visibles dans les rangées 10, 11 et 12 du système de carroyage (fig. 2).
- 2 Dates non calibrées habituellement admises pour la durée de l’Aurignacien dans le Sud-Ouest de la F (...)
78Une nouvelle phase d’accrétion se manifeste avec la mise en place de l’unité 3. Sur la base des éléments aurignaciens qu’elle livre, il est possible de situer cet épisode entre - 36 et - 27 Ka2. Comme l’attestent les nombreuses structures litées observées dans ces dépôts (cf. § 3 et fig. 2 et 4), la sédimentation est alors dominée par le ruissellement parfois de compétence élevée. Celui-ci est probablement accompagné, comme c’est souvent le cas (Govers 1987 ; Bertran, Texier 1999), de petits écoulements en masse responsables d’une partie au moins des faciès massifs observés. Les augmentations de teneur en COT qui se manifestent à la base et au milieu de cette unité (cf. fig. 9 et § 4.1) sont sans doute liées au développement de petits sols organiques durant de courtes phases de stabilité du cône. Au cours de cette période, se produisent également deux épisodes de recul de la paroi rocheuse dont témoignent les encoches visibles dans sa partie supérieure (fig. 2) ainsi que les deux accumulations de blocs observés d’une part, dans les rangées 8 et 9 et, d’autre part, dans les rangées 4, 5 et 6 du système de carroyage (fig. 2).
79La phase morphologique suivante témoigne de conditions particulièrement drastiques, à la fois très froides et très sèches. En effet, les dépôts de l’unité 2 sont à rapprocher du contenu de la fente de gel à remplissage sableux identifié dans le site de Chez-Pinaud 2 (Airvaux et al. 2003) et s’interprètent comme des dépôts nivéo-éoliens. Si cette hypothèse de corrélation s’avère correcte, la mise en place de l’unité 2 pourrait dater de la fin du MIS 3 ou du MIS 2, peut-être de l’événement d’Heinrich H2 ou H3, d’après les dates OSL obtenues pour le coin de sable de Chez-Pinaud 2 (Guhl et al. 2012).
80À l’Holocène, le climat tempéré océanique va favoriser le développement d’un couvert végétal qui fixe les dépôts de versant et induit la formation d’un luvisol (horizons BT et Ck du sol de surface, cf. supra).
81Finalement, au cours d’une période très récente (actuelle ou subactuelle ?), la mise en culture du versant occasionne la troncature d’une partie importante du luvisol. Les horizons A, E et une partie de l’horizon BT sont érodés ; un horizon organo-minéral cumulique (Unité 1/AL) résultant de l’activité agricole se met en place. L’érosion est particulièrement active en amont où elle a fait disparaître la totalité de l’horizon BT. Une partie des traits carbonatés observés dans l’horizon Ck est probablement imputable à cette phase pédologique.
82Les processus géologiques qui ont participé à la formation du site de Chez-Pinaud 1 (cf. supra) ont nécessairement eu un impact sur l’intégrité des nappes de vestiges archéologiques ainsi que sur l’état de conservation de leurs éléments constitutifs (silex, ossements). La difficulté réside dans l’évaluation précise des modifications subies. Elles peuvent en effet varier pour chacun des niveaux et, selon les emplacements, à l’intérieur d’un même niveau. En outre, si une approche taphonomique détaillée et quantifiée a pu être menée pour les nappes de vestiges contenues dans l’unité 5 (niveaux archéologiques 9 à 24), ce n’est pas le cas pour celles identifiées dans les unités 4 (niveaux 6, 7 et 8) et 3 (éléments d’Aurignacien). Pour ces dernières, les propositions avancées restent avant tout des hypothèses qu’il conviendra de préciser et d’étayer.
83Le ruissellement a agi tout au long de la formation de la séquence de Chez-Pinaud 1. Or, ce processus est potentiellement très perturbateur. En effet, il a été démontré que le ruissellement concentré peut déplacer des objets jusqu’à 10 cm de long (Poesen 1987). Or, ce type de ruissellement a clairement été identifié dans les unités 3, 4 et 5. Néanmoins, il ne concerne pas la totalité de chacune de ces unités et ses effets ont été limités à la fois dans le temps et dans l’espace (cf. par. 3 et fig. 2). En outre, les travaux d’A. Lenoble (2005) ont montré que le degré de modification dépend de la durée d’action de ce processus. Par exemple, quand un amas d’artefacts est soumis au ruissellement concentré, c’est la périphérie de la structure qui est d’abord affectée tandis que sa partie centrale n’est que peu ou pas modifiée (Lenoble, op. cit.). C’est le cas pour les amas identifiés dans l’unité 5 (notamment dans les niveaux 22 à 24). Les analyses taphonomiques ont en effet montré qu’ils n’ont été que très peu affectés par les processus géologiques sauf leurs périphéries qui sont fortement appauvries en matériel archéologique, évacué dans des petits chenaux de ruissellement (cf. supra). Dans ces zones, des tris ont été mis en évidence au sein des vestiges résiduels, aussi bien lithiques qu’osseux. Un tel phénomène a pu occasionner des biais dans la représentation des espèces animales et de leurs profils squelettiques au profit des espèces et des parties anatomiques de grande taille.
84Il faut également noter que le ruissellement diffus est potentiellement bien moins perturbateur. Seules les particules les plus fines (argiles, limons, sables fins) sont déplacées. Néanmoins, il peut générer une reptation superficielle, particulièrement lorsqu’il est associé au phénomène de « splash » (e.g. Lenoble et Bordes 2002) et, s’il agit longtemps, il peut occasionner la formation de pavages superficiels dans lesquels peuvent se trouver mélangés les produits de plusieurs occupations humaines (Texier 2000, 2001).
85La solifluxion, qui a été identifiée dans les unités 4 et 5, peut aussi provoquer d’importantes modifications des niveaux archéologiques, voire leur complète réorganisation : réorientation et redistribution des artefacts et des restes osseux, formation de pseudo-niveaux, déformation verticale et horizontale des structures anthropiques... (Texier, op. cit.). Mais, comme pour le ruissellement, l’importance des modifications dépend de la durée d’action du processus (Lenoble et al. 2008). Dans le cas des niveaux archéologiques contenus dans l’unité 5 et localisés au voisinage de la paroi rocheuse, les artefacts et les ossements sont probablement près de la zone où ils ont été abandonnés par les Moustériens. Dans ce secteur, les modifications ne sont sans doute que peu prononcées comme l’indiquent les mesures de fabriques. En effet, seuls de rares échantillons montrent une orientation préférentielle dans le sens de la pente. Or, des expérimentations en milieu naturel ont montré que l’intensité de l’orientation est corrélée à l’ampleur des déplacements et à l’intensité de la pente (Bertran et al. 2015). Ainsi, dans le cas de cette unité, la déstructuration des concentrations initiales de vestiges telles que les amas de débitage et les zones de traitement des carcasses animales résulte probablement de déplacements d’ampleur décimétrique. Ces derniers ne sont pas en mesure de générer un tri susceptible de biaiser les analyses archéozoologiques et technologiques du matériel (e.g. la représentativité des profils squelettiques).
- 3 En témoignent par exemple les dalles calcaires solifluées à disposition imbriquée qui se trouvent à (...)
86En revanche, les artefacts contenus dans l’unité 4 ont subi d’importants déplacements (plusieurs mètres) si on considère celui des blocs calcaires qui leur sont associés3. De tels déplacements ont forcément générés de profondes modifications dans l’organisation des nappes de vestiges et se sont sans doute accompagnées d’altérations affectant les restes osseux de même que l’état de surface des artefacts (Texier et al. 1998 ; Lenoble et al. 2008).
87Le développement sur des replats de sols polygonaux implique également des modifications dans la distribution du matériel archéologique. En effet, dans un tel contexte, les objets sont susceptibles de se déplacer à la fois verticalement par cryoexpulsion et horizontalement par reptation. Néanmoins, ces déplacements sont de faible ampleur (quelques centimètres à quelques décimètres) et, si à l’échelle d’un polygone, des tris peuvent être observés, ils ne semblent pas suffisants pour biaiser les études archéozoologiques et technologiques à l’échelle d’une nappe de vestiges.
88Parmi les processus géologiques impliqués dans la genèse du site de Chez-Pinaud 1, le ruissellement et la solifluxion sont certainement ceux qui, d’un point de vue général, ont eu le plus d’impact sur l’intégrité des niveaux archéologiques contenus dans ces dépôts. Néanmoins, on soulignera que l’éboulisation, la bioturbation, la carbonatation ainsi que l’altération ont pu également avoir une incidence notable sur la distribution des artefacts et des ossements ainsi que sur leur état de conservation.
89Le site de Chez-Pinaud 1 est établi dans un segment de vallée particulièrement propice aux activités de chasse et de piégeage. Il est associé à un cône de déjection qui recouvre des dépôts fluviatiles liés à un ancien cours de la Seugne dont l’âge remonte sans doute au Dernier Interglaciaire (MIS 5a ?).
90Les coupes pratiquées dans le site ont permis de mettre en évidence une succession d’épisodes morphogénétiques. Le plus ancien se produit durant le stade isotopique 4 et correspond au dépôt de l’unité 5 qui livre des niveaux de Moustérien de type Quina (niveaux archéologiques 9 à 24). La sédimentation implique alors deux principaux mécanismes : la solifluxion et le ruissellement. Des sols polygonaux à petite maille ont en outre pu se former sur des replats.
91À cet épisode succède une phase d’érosion qui affecte la surface du cône de déjection. Elle se produit aux environs de la limite entre les stades isotopiques 3 et 4.
92Au début du stade isotopique 3, se manifeste un nouvel épisode d’accrétion avec la mise en place de l’unité 4 qui résulte de processus sédimentaires variés : éboulisation de la paroi calcaire voisine, solifluxion probablement du type à front pierreux et ruissellement, localement de compétence élevée (dépôt de lits de graviers). Les Moustériens fréquentent toujours le site (niveaux 6, 7 et 8).
93L’épisode suivant correspond au dépôt de l’unité 3. Contemporain de l’Aurignacien, il s’est probablement produit entre - 35 et - 27 Ka, c’est-à-dire durant la seconde partie du stade 3. La sédimentation est alors dominée par le ruissellement accompagné de petites coulées boueuses. Elle a été interrompue par de brèves phases de stabilité, peut-être localisées, au cours desquelles se sont formés des sols organiques peu évolués.
94Le dernier épisode d’accrétion est le reflet d’un environnement très froid et aride. Il voit la mise en place de l’unité 2 par des processus nivéo-éoliens. Ces dépôts pourraient être contemporains de la formation de la fente de gel à remplissage sableux identifiée dans le site voisin de Chez-Pinaud 2 et dater de la fin du stade 3 ou du stade 2, voire des événements d’Heinrich 2 ou 3.
95À l’Holocène, le climat tempéré océanique permet le développement de la végétation et l’installation d’un luvisol tandis qu’à une période très récente, sans doute historique, la mise en culture du versant conduit à l’érosion d’une grande partie du sol et la formation d’un horizon organo-minéral cumulique (AL/Unité 1).
96D’un point de vue taphonomique, les niveaux archéologiques contenus dans l’unité 4, longuement soumis à l’action de la solifluxion et à des phénomènes de ruissellement de forte compétence, ont probablement subi d’importantes modifications concernant aussi bien la distribution du matériel que son état de conservation. En revanche, les processus géologiques impliqués dans la genèse de l’unité 5 ont eu un impact beaucoup plus limité sur les nappes de vestiges qu’ils renferment. La solifluxion ne semble pas avoir agi longuement et la formation de sols polygonaux implique des déplacements d’objets relativement modestes. Seul le ruissellement associé à de petits chenaux a induit une érosion notable mais très localisée ainsi qu’un tri des artefacts et des ossements. De tels phénomènes, s’ils n’autorisent pas une lecture palethnologique fine des niveaux archéologiques identifiés dans l’unité 5, devraient néanmoins en permettre une approche technologique et archéozoologique fiable.