1Francine… une ‘belle personne’ et une pionnière dans le domaine de l’archéozoologie en France. Nous avons rarement rencontré au cours de nos carrières une collègue dont les qualités humaines – générosité, discrétion, humilité, modestie – et les compétences scientifiques étaient si éclatantes ; et ce sont des points ici qu’on ne peut que souligner de nos jours. Elle était notre ainée, et possédait une vaste connaissance concernant un large spectre d’espèces, herbivores et carnivores, dans une approche (pal)ethnologique originale (approche qu’elle a développée également dans ses terrains lointains, actuels, en Sibérie). Nous avons eu la chance de la côtoyer, notamment par son implication, dès sa création, du GDR 1051 du CNRS « Comportements de subsistance au Paléolithique en Europe Occidentale » (1994-2001, resp. J.-Ph. B.), périodes où nous l’avons plusieurs fois sollicitée, marquant de sa présence à la fois discrète et assurée notre communauté de préhistoriens s.l., dans le développement, entre autres, de l’interface faune-lithique. Personnage unique, Francine, réservée et si pleine d’énergie, de curiosité et de conviction, alors à l’écoute de nos jeunes énergies, et l’impact certain qu’elle a su insuffler à de nombreux autres jeunes collègues… et l’on se souvient, suite à une de nos boutades ‘ethno-ethologiques‘, de son regard malicieux et bienveillant.
2Francine c’était donc l’extrême discrétion, poussée même jusqu’à une forme d’effacement, de renoncement aux projecteurs, aux devants de scènes, préférant parfois laisser ses collègues évoquer ses travaux alors qu’elle en avait été la tête pensante, la cheville ouvrière. Outre Pincevent évoqué infra, Mauran (Haute-Garonne) et son incroyable accumulation de bisons aura aussi constitué une œuvre pivot dans la contribution de Francine David à installer l’archéozoologie dans l’étude des sites néandertaliens en France, et même en Europe. La maladie commençant à toucher concrètement Catherine Farizy au moment où il s’agissait de finaliser la monographie (Farizy, David, Jaubert dir., 1994), sa contribution fut essentielle, décisive même, et ce fut un honneur mêlé de douceur éditoriale que d’y mettre la dernière main avec elle. Son expérience, un quasi droit d’aînesse, s’imposait tout naturellement et il suffisait de suivre sagement ses conseils pour concrétiser la chose, répondre à des questions restées irrésolues durant des années. De même pour l’organisation à Toulouse puis l’édition du colloque Le Bison : Gibier et moyen de subsistance des hommes du Paléolithique aux Paléoindiens des Grandes Plaines (Brugal, David, Enloe, Jaubert Éds., 1999).
3Outre ses talents d’archéozoologue, pour l’un de nous, Francine joua également un rôle stratégique dans sa capacité à faire la liaison entre des composantes du laboratoire (à l’époque UA 275 du CNRS, « Ethnologie préhistorique » domicilié rue de l’Amiral Mouchez à Paris, dirigé par José Garanger puis par Michèle Julien) souvent centralisées sur Pincevent ou Arcy et « nos » marges géochronologiques, ‘exportant’ alors les thématiques ou concepts méthodologiques parisiens au pied des Pyrénées : Francine faisait discrètement ce précieux lien entre ces composantes et nous lui devons beaucoup.
4Nous tenions ici, par ces quelques lignes, à lui rendre grand hommage complémentaire à celui de ses plus proches collègues de son laboratoire, et tout simplement lui dire : Merci Francine.