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Traditions techniques du Magdalénien moyen ancien. Apport de la série lithique de Combe-Cullier, Lacave, Lot, France (couches 11 à 13)

Technical traditions of early middle Magdalenian. Contribution of lithic industries from Combe-Cullier, Lacave, Lot, France (layers 11 to 13)
Anthony Sécher, Solène Caux and Mathieu Langlais
p. 201-221

Abstracts

Combe-Cullier (Lacave, Lot) is a site known since the beginning of the 20th century, with the surveys of the abbots Héreil and Callé. It was popularized following the excavations of the Magdalenian levels of the cave, conducted by A. Viré between 1906 and 1935. The bank, in front of the cave, is then excavated by J.-F. Flies in the 1960s and has delivered several levels recently dated from the lower, middle and upper Magdalenian. This collection constitutes a rich archaeological record: lithic and bone industries, fauna, coloring materials, ornament and portable art.
Within the framework of a collective revision of the deposit, we were interested in the characterization of the levels of the early middle Magdalenian (or EMM), dated between 19500 and 18500 cal BP, having notably delivered scalene bladelets. Based on petroarchaeological, techno-economic and techno-typological analyses of flint material, we propose to characterize certain behaviours and choices implemented by hunter-gatherers who occupied Combe-Cullier during the EMM.
This study revealed, at Combe-Cullier, diversity in the spectrum of siliceous raw materials. The supply is essentially on a local scale and is centered on Senonian flint from the Périgord and tertiary from the Aurillac basin (mainly collected in alluvium). Some objects also testify to the circulation of raw materials from the Chalosse, the Charente-Maritime (Saintonge) and the south of the Paris Basin. We have therefore highlighted segmentation, different in space and time, of the lamino-lamellar production chains.
The laminar debitage, carried out on site or documented by imported blades, indicates an unipolar scheme led to the organic soft hammer and preferably oriented on the exploitation of large surfaces according to juxtaposed frontal sequences. It provides supports for domestic tools. The lamellar debitage is intended for the manufacture of backed bladelets, whose templates and typological composition vary between the different levels, with a notable search for truncated ones. Finally, the manufacture of scalene bladelets seems to be standardized by the search for a particular morphotype, preferably lateralized.

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Full text

Ce travail a été réalisé dans le cadre de la thèse doctorale soutenue à l’Université de Bordeaux par l’un d’entre nous (A.S), sous la direction de J.-G. Bordes et M. Langlais, ainsi que du projet Magdaqui (Région Nouvelle-Aquitaine ; Langlais, coord.). Nous remercions également V. Delvigne et G. Constans pour la détermination ponctuelle de certains silex. Enfin, nous remercions chaleureusement Claire-Élise Fischer pour la relecture du manuscrit et le relecteur anonyme pour ses remarques constructives.

Introduction

1Le Magdalénien moyen ancien (ci-après « MMA » : 19 - 17,5 ka cal. BP ; Langlais et al. 2016 ; Langlais, Pétillon, Sécher 2017) apparaît comme une période charnière entre le Magdalénien inférieur et le Magdalénien dit « classique ». Il coïncide avec la fin du Greenland Stadial 2.1b (Rasmussen et al. 2014). Cette entité chronoculturelle correspondrait également à une augmentation de la biomasse animale disponible (antilope saïga, renne, bison) notamment en Aquitaine (Delpech 1999). Ces conditions environnementales (biomasse disponible, extension des zones habitables) auraient pu favoriser un accroissement démographique des groupes humains (Demars 1996 ; Delpech 1999) et jouer un rôle de levier pour stimuler des évolutions culturelles. En outre, le développement de pratiques symboliques originales, sépultures (e.g. Gambier et al. 2000 ; Vanhaeren et d’Errico 2003 ; Straus, Gonzales Morales, Carretero 2011), sculptures pariétales (e.g. Bourdier 2010), figurations humaines (e.g. Fuentes 2013) … traduisent des changements socio-culturels par rapport au Magdalénien inférieur.

2Classiquement, le MMA est caractérisé par différentes traditions culturelles qui se recoupent chronologiquement et géographiquement sous la forme de trois « faciès » lithique et osseux : le faciès à lamelles scalènes (Demars et Laurent 1989 ; Langlais 2007a, 2007b ; Sécher 2017), le faciès à navettes (Allain et al. 1985) et le faciès à pointes de Lussac-Angles (Pinçon 1988). Pourtant, les confrontations récentes des industries lithiques et osseuses de plusieurs séries du MMA soulignent plutôt une certaine unité techno-économique au sein de ces traditions (Langlais, Pétillon, Sécher 2017). Ceci doit conduire à poursuivre les investigations sur les différentes entités du MMA.

3Suite aux réévaluations des sites de Gironde (Langlais et al. 2015 ; Kuntz et al. 2015 ; Sécher 2015, 2017 ; Sécher et Caux 2017), nous proposons donc de réexaminer la série à lamelles scalènes de Combe-Cullier (collection Flies, couches 11 à 13c) selon une approche intégrée, couplant des analyses techno-typologiques et pétro-techno-économiques (Caux 2015). Ces études ont pour objectifs d’affiner notre perception du MMA, mais aussi de dégager une vision dynamique de la gestion des espaces d’approvisionnement en matières premières lithiques. Nous discuterons enfin de l’intégration de Combe-Cullier dans le cadre plus large du MMA.

Présentation du site

4La grotte de Combe-Cullier (ou Crozo Gentillo) se situe à Lacave (Lot), dans le Haut-Quercy, à 500 m du cours actuel de la Dordogne, en rive gauche. La cavité s’ouvre sur la combe du même nom, qui remonte vers le plateau calcaire callovien (Jurassique moyen) du Pech del Tour. Le site se divise en deux gisements : la grotte et le talus en avant de cette dernière.

5La découverte de la grotte et les premières fouilles datent du début du XXe siècle avec les sondages des abbés Héreil et Callé. Cependant, nous devons la première publication à A. Viré, suite à ses propres fouilles en 1906-1907 (Viré 1908). Il entreprit ensuite des fouilles au début des années 1920 avec A. Niederlander (Viré et Niederlander 1921), puis avec les époux Lebaudy en 1925 (Viré 1926), ou encore avec R. Grunevald en 1935 (Grunevald 1946 - p. 132). Durant ses campagnes, Viré a amassé silex, industrie osseuse, art mobilier et plus de 300 galets. Une grande partie des vestiges, issus des fouilles Viré, ont été vendus à des musées étasuniens dont une pointe de Lussac-Angles, aujourd’hui conservée au Logan Museum de Beloit (Matthews 1992 - p. 163). Entre ses différentes excavations, le site est abandonné et a régulièrement fait l’objet d’actions clandestines (Delpech 1983).

6C’est en 1967 que J.-F. Flies entreprend de nouvelles fouilles, qui s’étaleront sur six campagnes (1967-1968, 1970-1972 et 1974), dans le talus en avant de la grotte. Les 25 subdivisions définies à la fouille (Flies 1971) livrent une succession d’occupations du « Magdalénien ancien, moyen et supérieur » (Lorblanchet, 1994 - p. 129 ; Langlais et al. 2018) sur plus de six mètres de dépôts. Hormis les rapports de fouille, ses découvertes sont, en grande partie, inédites. Nous pouvons citer des courtes notes (Clottes 1973 - p. 517-519 ; Lorblanchet 1972 - p. 259 et 1994 - p. 129) ainsi que des travaux universitaires (Delpech 1975 ; Adachi 2000 ; Pavard 2016 ; Sécher 2017 ; Constans, thèse en cours ; Grubert, thèse en cours). Motivée par l’intérêt de cette séquence stratigraphique majeure, une équipe pluridisciplinaire entame une révision collective du gisement (Sécher et Langlais, coord.). Dans ce cadre, une dizaine de datations (fig. 1), s’appuyant sur la projection stratigraphique des vestiges, a permis de mettre en évidence cinq unités archéostratigraphiques (UA ; Sécher 2017 ; Langlais et al. 2018) du Magdalénien inférieur, moyen (dont MMA) et supérieur.

Figure 1 - Liste des datations 14C calibrées par unité archéostratigraphique. ID : identification du carré et n°, coll. : collagène (d’après Langlais et al. 2018 sauf dates UA2, inédites).
Figure 1 - List of 14C dates calibrated by archaeostratigraphic unit. ID: identification of the square and number, coll. collagen (after Langlais et al. 2018 except dates from UA2, unpublished).

Figure 1 - Liste des datations 14C calibrées par unité archéostratigraphique. ID : identification du carré et n°, coll. : collagène (d’après Langlais et al. 2018 sauf dates UA2, inédites).Figure 1 - List of 14C dates calibrated by archaeostratigraphic unit. ID: identification of the square and number, coll. collagen (after Langlais et al. 2018 except dates from UA2, unpublished).

Matériel et principes méthodologiques

7Dans le cadre de cette étude nous nous sommes concentrés sur l’UA 4, rattachée au MMA. Le spectre faunique est largement dominé par le renne (80-90 % ; Delpech 1983). Cependant, la couche 11 témoigne d’une présence non négligeable de l’antilope saïga (4 % ; ibid.). Ce taxon, plutôt rare dans le Quercy, était plus fréquent dans le Périgord voisin et surtout en Gironde (Costamagno et al. 2016). Les couches 13b/13c ont, quant à elles, livré d’assez nombreux restes de chamois et de bouquetin (respectivement 7 % et 4 %).

8L’industrie osseuse, en cours d’étude par J.-M. Pétillon, est abondante tant en supports qu’en déchets de fabrication. Quelques objets de parure, dont des incisives de renne sciées ou seulement incisées au niveau au collet, ont également été identifiés et sont en cours d’analyse par S. Rigaud.

9Au sein de cette UA nous distinguons les couches 11, 12/13a et 13b/13c. La couche 14 a été écartée car trop pauvre en matériel (25 outils, 1 armature). Ces subdivisions s’appuient sur les révisions archéostratigraphiques et sur les datations au radiocarbone. La couche 11, datée entre 18 800 et 18 500 cal. BP, se démarque des autres couches datées entre 19 500 et 19 000 cal. BP. Par ailleurs, la comparaison des gabarits d’armatures (fig. 2, tous types d’armatures confondus) permet d’isoler les couches 12 et 13a livrant des spécimens significativement plus larges (en relation avec la moindre présence de pièces tronquées ? voir infra). En l’absence de test systématique de raccords inter-couches et d’étude géoarchéologique, nous ne pouvons affirmer avec certitude que ces différences relèvent de choix anthropiques puisque des tris granulométriques pourraient aussi être d’origine post-dépositionnelle. Cette éventualité devra être prochainement testée.

Figure 2 - Comparaison inter-couche des largeurs des armatures et regroupements stratigraphiques.
Figure 2 - Interlayer comparison of backed bladelets widths and stratigraphic groupings.

Figure 2 - Comparaison inter-couche des largeurs des armatures et regroupements stratigraphiques.Figure 2 - Interlayer comparison of backed bladelets widths and stratigraphic groupings.

10Dans la continuité des travaux menés sur l’industrie lithique de Moulin-Neuf (Saint-Quentin-de-Baron, Gironde), notre analyse s’est déroulée selon une approche pétro-techno-économique (Sécher et Caux 2017). Pour Combe-Cullier, l’étude croisée a été réalisée sur un échantillon composé de l’ensemble des outils typologiquement définis, des armatures et des nucléus de l’UA 4. Pour les produits bruts et déchets de débitage nous nous sommes focalisés sur la couche 11, la plus riche numériquement. Cela représente donc un corpus de 2 500 pièces (510 outils, 692 armatures, 60 nucléus et 1 238 pièces non retouchées).

11Dans un premier temps, l’analyse pétroarchéologique a concerné l’ensemble des 1590 pièces de la couche 11. Elle a consisté en un premier tri macroscopique des matières premières (d’après la teinte, la translucidité, la rugosité, etc.). Les matériaux non locaux ont ensuite été observés à la loupe binoculaire (grossissement jusqu’à x 50) et déterminés selon des critères mésoscopiques (organisation de la phase siliceuse, tri, dimension et abondance des grains, nature des grains biotiques et abiotiques). De même, l’observation des cortex a permis de renseigner des lieux de collecte potentiels (gîtes primaires/sub-primaires ou alluvions). Cette étape a conduit à l’identification des différentes matières premières (voir infra). Certains matériaux n’ont pu être attribués de manière fiable à un type particulier (n = 309) car ne présentant pas l’ensemble des éléments diagnostiques (pièces trop petites, grains caractéristiques rares etc.) ; nous avons choisi de catégoriser leur attribution comme « probable ». Enfin, le nombre de pièces indéterminées est important (n = 338 ; 21,3 % du corpus). Cette catégorie regroupe à la fois les types non reconnus jusqu’à présent, et dont l’origine est inconnue, ainsi que les pièces indéterminables (brûlées ou de dimensions trop réduites pour présenter suffisamment de critères observables pour un diagnostic pétroarchéologique).

12Dans un deuxième temps, nous avons mené une analyse techno-économique afin de replacer les vestiges au sein de la chaîne opératoire. Pour cela, nous nous sommes inspirés d’un classement selon des marqueurs technologiques regroupés en phases (Inizan 1980 ; Chadelle 1983 ; Inizan et al. 1995) que nous avons spécifiquement adapté à nos études (Sécher 2017). Ce type de classification offre l’avantage d’offrir un aperçu de la segmentation des chaînes opératoires et de la gestion spatio-temporelle de chaque matériau.

  • Acquisition et mise en forme (AMF.) : cette catégorie regroupe les phases d’acquisition (blocs bruts ou testés) et de mise en forme des nucléus (éclats d’entame, lames et lamelles d’entame primaire et secondaire, crêtes…) en vue du débitage de lames ou de lamelles.

  • Réfection (Réf.) : cette catégorie regroupe tous les produits de réfection et de correction du nucléus tant au niveau du plan de frappe (tablettes) qu’au niveau de la table (néocrêtes et autres produits d’entretien des convexités).

  • Plein débitage (PDeb.) : c’est la phase de production à proprement parler avec l’extraction des supports laminaires et lamellaires de plein débitage ou de second choix (lame/lamelle sous-crête ou antéro-latérale) avant leur transformation en outils ou en armatures.

  • Nucléus (Nuc.) : ensemble des nucléus à leur état d’abandon.

  • Chutes de burin (Ch.B) : elles représentent aussi un témoin indirect des matières premières des outils qui ont séjourné sur le site. Les pièces incertaines pouvant se rapporter à des lamelles à pan-revers, issues de débitage sur tranche, ont été classées avec les indéterminés.

  • Outils : ensemble des outils, typologiquement définis, quelle que soit l’origine technologique du support.

  • Armatures : ensemble des microlithes à dos, quelle que soit leur origine technologique.

  • Divers (Div.) : cette catégorie regroupe les pièces ne pouvant être attribuées à l’une des phases présentées. Ce sont principalement des éclats divers, esquilles, cassons et des pièces technologiquement indéterminées.

13Enfin, l’importante fragmentation de la composante lamellaire conduit probablement à une surreprésentation en nombre de restes total (NRT), notamment à cause des fragments mésiaux. Afin de pondérer ce biais dans nos décomptes typologiques, nous avons emprunté à l’archéozoologie le calcul d’un nombre minimal d’individu (un individu = une armature entière) selon un NMI de fréquence. Ce calcul s’est appuyé sur la fréquence de présence des parties proximales des armatures (mieux conservées que les parties distales ; méthode in Sécher 2017 - p. 40).

Équipements lithiques : principaux résultats

Approche pétro-techno-économique

14L’analyse pétroarchéologique de la couche 11 a permis de mettre en évidence une variété de matières premières siliceuses :

15Les silex du Sénonien (n = 663 ; Demars 1980 - p. 55 ; Geneste 1985 - p. 141-144) sont les plus nombreux (41,7 % du matériel). Cette dénomination rassemble les silicifications des formations du Coniacien, Santonien, Campanien et Maastrichtien (exceptés les silex du Bergeracois) provenant principalement du Périgord. Il s’agit de rognons gris à noirs ou blonds, de dimensions et qualité variables et que l’on retrouve en banc, dans les altérites ou repris dans les alluvions de l’Isle, de la Vézère ou de la Dordogne. Ils possèdent une texture fine à très fine et présentent parfois des inclusions grenues (Turq 2000 - p. 112). Tous ces silex sont disponibles une quinzaine de kilomètres en aval du site (Séronie-Vivien et Séronie-Vivien 1987 - p. 77-83 ; Turq 2000 - p. 112-120 ; Morala 2017).

16Les silicifications type bassin d’Aurillac (n = 446 ; 28,1 %) sont un cas particulier de matériau cénozoïque. Elles se rapprochent des types D1207.3 et D1207.4 (Delvigne, 2016 - p. 1088-1091). Il s’agit d’un matériau lacustre probablement d’âge oligocène. Sa coloration varie du blond au brun. Il est riche en restes de charophytes et de gyrogonites (fig. 3, n° 1). Les cortex, majoritairement roulés, suggèrent que l’approvisionnement s’est fait pour l’essentiel au sein des alluvions de la Dordogne (ibid.), à proximité immédiate du gisement. Toutefois, quelques plages corticales signent, au contraire, une collecte plus lointaine, non loin des gîtes primaires.

Figure 3  - Photographies à la loupe binoculaire de quelques types de matières premières (ph. S. Caux). 1 : Tertiaire du Bassin d’Aurillac ; 2 : Maastrichtien du Bergeracois ; 3 : Turonien inférieur du Berry ; 4 : Maastrichtien supérieur de Chalosse ; 5 : jaspéroïde oolithique de l’Infralias ; 6 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny.
Figure 3 - Photographs with a binocular loupe of the different types of raw materials (ph. S. Caux). 1: Tertiary of Aurillac Basin; 2: Maastrichtian of Bergerac region; 3: Berry Lower Turonian; 4: upper Maastrichtian of Chalosse; 5: oolithic jasperoid of the Infralias; 6: upper Turonian of Grand-Pressigny.

Figure 3  - Photographies à la loupe binoculaire de quelques types de matières premières (ph. S. Caux). 1 : Tertiaire du Bassin d’Aurillac ; 2 : Maastrichtien du Bergeracois ; 3 : Turonien inférieur du Berry ; 4 : Maastrichtien supérieur de Chalosse ; 5 : jaspéroïde oolithique de l’Infralias ; 6 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny.Figure 3 - Photographs with a binocular loupe of the different types of raw materials (ph. S. Caux). 1: Tertiary of Aurillac Basin; 2: Maastrichtian of Bergerac region; 3: Berry Lower Turonian; 4: upper Maastrichtian of Chalosse; 5: oolithic jasperoid of the Infralias; 6: upper Turonian of Grand-Pressigny.

17Le silex du Bergeracois (n = 41 ; 2,6 %) a déjà été décrit de nombreuses fois (e.g. Combaz 1966 ; Demars 1980 ; Turq, 2000) et fait encore aujourd’hui l’objet d’étude pétroarchéologique en vue de préciser sa caractérisation (Fernandes et al. 2012 ; et étude en cours : PCR Lithothèque en Nouvelle Aquitaine). Ces silex sont abondants dans les altérites du Campanien/Maastrichtien. Ils sont caractérisés par la présence plus ou moins marquée de foraminifères tels qu’Orbitoides media (fig. 3, n° 2). Les formations sont situées à environ 80 kilomètres à l’ouest du gisement.

18Les silex fins du Turonien inférieur du Berry (n = 27 ; 1,7 %) correspondent au type C3A de Aubry (Aubry 1991 - p. 106) et au type F0038 de Fernandes (Delvigne et al. 2017). Ils sont issus des craies marneuses et sont décrits comme des silex de très bonne qualité, généralement parfaitement translucides ou légèrement laiteux, mais ils présentent le plus souvent des inclusions sous forme de taches blanches opaques ou de ponctuations grises. Certaines pièces présentent « des inclusions dendritiques, ponctuations, remplissage de serpules de teinte noire ou brune rouge » (fig. 3, n° 3) et correspondent alors au type C3A-2 d’Aubry ou F0038.5 de Fernandes (Delvigne et al. 2017). Généralement, la rugosité est peu prononcée et le cortex est « pulvérulent de teinte blanche ou brune-jaune » (Aubry 1991). Ces matériaux se rencontrent dans le Loir-et-Cher (Selles-sur-Cher, Saint-Aignan, Meusnes), dans les alluvions du Cher et plus rarement dans les vallées de l’Indre et de l’Indrois au nord de Loches et près de Valençay (Primault, 2003 - p. 53 ; Delvigne, 2016 - p. 1262) Ces silex contiennent peu d’éléments : fréquents spicules de spongiaires, rares fragments de bryozoaires et rares foraminifères (Delvigne 2016 - p. 1256).

19Les silicifications tertiaires (n = 25 ; 1,6 %) sont caractérisées par de nombreux faciès convergents d’origine principalement lacustre. On les retrouve notamment dans les régions de Domme, de la forêt de la Bessède, de Monpazier, d’Eymet, de Saint-Jean-de-Côle mais aussi dans les calcaires de Castillon, des Ondes, d’Issigeac ou de Monbazillac (Demars 1980 - p. 68 ; Turq 2000 - p. 111 ; Morala 2017). Nous n’avons pu établir l’origine précise de ces matériaux mais les sources les plus proches sont celles de la région de Domme.

20Bien connu dans la région d’Audignon et de Bastenne-Gaujacq, le silex dit « de Chalosse » (n = 20 ; 1,3 %) se retrouve dans les formations du Maastrichtien supérieur/Campanien (e.g. Bon et al. 1996 ; Séronie-Vivien, Séronie-Vivien, Foucher 2006 ; Colonge et al. 2011). L’existence de ces formations est également évoquée autour de Roquefort (Landes), mais les silicifications en contexte primaire demeurent, à ce jour, inconnues (e.g. Fernandes et al. 2012 - p. 190). La caractérisation des silex d’Audignon (Bon et al. 1996) fait mention de rognons irréguliers de 10 à 20 cm de diamètre (jusqu’à 80 cm), au cortex crayeux ou induré, fin ou épais. Le grain est fin et homogène. La gamme de teintes s’étend du brun au noir-bleuté voire bleu-vert. Le cortège micropaléontologique est composé de nombreux fossiles de Lepidorbitoides sp. (fig. 3, n° 4). On y retrouve aussi des fragments de Dasycladacées, de bryozoaires ou des spicules de spongiaires (Séronie-Vivien, Séronie-Vivien, Foucher 2006).

21Le silex dit du Fumélois (n = 18 ; 1,1%) appartient au Turonien du haut-Agenais. Il a été signalé dès les années 1950 (e.g. de Sonneville-Bordes 1953) mais sa découverte en contexte primaire date de 1981 (Morala 1983). Les gîtes connus de nos jours sont aux alentours de Fumel, Sauveterre-la-Lémance et Duravel. Il s’agit d’un « silex semi-opaque, de couleur bleu nuit, de texture très fine et d’aspect huileux. Il peut être uni ou zoné ; dans ce dernier cas, les zones bleues et gris perle sont alternées » (ibid.).

22Les silicifications dites « jaspéroïde de l’Infralias » (n = 5 ; 0,3 %) sont associées à l’Hettangien du Bassin de Brive (Demars 1980 - p. 49-52). Cependant, on les retrouve aussi dans le Campanien ou le Paléocène (Turq 2000). Elles sont de couleurs vives (jaune moutarde), de rugosité très fine et présentent un aspect huileux et parfois des dendrites de manganèse. Un faciès caractéristique de ce type est le « jaspéroïde oolithique » (fig. 3, n° 5). Ces silicifications sont courantes dans les dépôts de pente de la région de Puy d’Arnac. On en retrouve aussi dans le Périgord (dans le Nontronnais, près de Terrasson ou de Monpazier, dans la vallée de la Couze ; Séronie-Vivien et Séronie-Vivien 1987 - p. 19-20 ; Turq 2000). Ces matériaux ont aussi été drainés par la Dordogne et sont potentiellement disponibles dans l’environnement local de Combe-Cullier. En l’absence de pièce corticale, il nous est impossible d’appréhender la gîtologie.

23D’origine jurassique, le silex du Puy d’Issolud (n = 3 ; 0,2%) est gris foncé à gris très clair, parfois zoné et se présente sous forme de rognons pouvant atteindre une trentaine de centimètres (Demars 1980 - p. 34 ; Turq 2000 - p. 124). Les formations primaires du Bajocien sont localisées près de la commune de Vayrac (Lot), en rive droite de la Dordogne, à une quinzaine de kilomètres au nord-est du site. Sans pièce corticale, nous ne pouvons interpréter la gîtologie, toutefois, ce type de matériau peut se retrouver dans les alluvions de la Dordogne (Morala in Bordes et Lebrun-Ricalens 2007 - p. 282).

24Le silex du Grand-Pressigny (n = 2 ; 0,1 %) a été caractérisé dès les années 1980 (Giot, Mallet, Millet 1986). Cette étude a ensuite été complétée afin de tenir compte de la diversité des types (Aubry 1991 ; Primault 2003 ; Delvigne 2016 - p. 942-953). Ces silex se trouvent dans les formations du Turonien supérieur et sont d’une excellente qualité pour la taille. Il s’agit de silicifications de couleur brun à rouge, présentant des grains en quantité variable, dont des Miliolidés (fig. 3, n°6). La répartition géographique des silex pressigniens se fait entre les vallées de la Vienne et de l’Indre avec une concentration de gîtes de part d’autre des vallées de la Creuse et de la Claise (Primault 2003 - p. 37).

25Le silex dit « Grain de mil » (n = 2 ; 0,1 %) a été reconnu très tôt en contexte archéologique, au Mas d’Azil en Ariège (Simonnet 1982). Les gîtes sont restés longtemps inconnus, jusqu’à leur découverte au niveau de l’anticlinal de Jonzac en Charente-Maritime, à la transition Coniacien/Santonien (Simonnet 1999 ; Simonnet et al. 2007 ; Caux 2015). Ce silex présente une organisation principalement homogène, avec 40 % à 60 % de grains d’environ 250 à 500 µm, dont de nombreux fragments de bryozoaires ainsi que de rares foraminifères benthiques (Nummofallotia cretacea) et de très rares fragments de spicules de spongiaires ; les quartz sont absents (Caux 2015 ; Caux et Bordes 2016).

26Pour la couche 11, l’étude pétro-techno-économique nous permet de constater une nette différence dans la représentation des différentes étapes de la chaîne opératoire selon le type de matériau exploité (tabl. 1).

Tableau 1 - Distribution des différents types de matières premières en fonction du phasage technologique. AMF. : acquisition et mise en forme ; Réf. : produits de réfection du nucléus ; Div. : éclats divers et pièces technologiquement indéterminées ; Nuc. : nucléus ; P.Deb. : plein débitage ; Lam. : laminaire ; Lmll. : lamellaire ; Ch.Bur. : chute de burin ; Armat. : armatures. – Tert. Aur. : Tertiaire d’Aurillac ; Berg. : Bergeracois ; Tur. inf. Ber. : Turonien inférieur du Berry ; Tert. : Tertiaire du Périgord ; Chal. : Chalosse ; Puy Iss. : Puy d’Issolud ; GDM : Grain de mil.
Table 1 - Distribution of the different types of raw materials according to technological phasing. AMF. : acquisition et shaping out; Réf.: core repair products; Div.: Various flakes and technologically indeterminate artefacts; Nuc.: core; P.Deb.: plein débitage; Lam.: laminar blanks; Lmll.: lamellar blanks; Ch.Bur: burin spall; Armat: hunting weaponry. – Tert. Aur.: Aurillac Basin; Berg.: Bergerac flint; Tur. inf. Ber.: Berry Lower Turonian; Tert.: Tertiary from Périgord; Chal: Chalosse; Puy Iss.: Puy d’Issolud flint; GDM: ‘Grain de mil’.

Tableau 1 - Distribution des différents types de matières premières en fonction du phasage technologique. AMF. : acquisition et mise en forme ; Réf. : produits de réfection du nucléus ; Div. : éclats divers et pièces technologiquement indéterminées ; Nuc. : nucléus ; P.Deb. : plein débitage ; Lam. : laminaire ; Lmll. : lamellaire ; Ch.Bur. : chute de burin ; Armat. : armatures. – Tert. Aur. : Tertiaire d’Aurillac ; Berg. : Bergeracois ; Tur. inf. Ber. : Turonien inférieur du Berry ; Tert. : Tertiaire du Périgord ; Chal. : Chalosse ; Puy Iss. : Puy d’Issolud ; GDM : Grain de mil.Table 1 - Distribution of the different types of raw materials according to technological phasing. AMF. : acquisition et shaping out; Réf.: core repair products; Div.: Various flakes and technologically indeterminate artefacts; Nuc.: core; P.Deb.: plein débitage; Lam.: laminar blanks; Lmll.: lamellar blanks; Ch.Bur: burin spall; Armat: hunting weaponry. – Tert. Aur.: Aurillac Basin; Berg.: Bergerac flint; Tur. inf. Ber.: Berry Lower Turonian; Tert.: Tertiary from Périgord; Chal: Chalosse; Puy Iss.: Puy d’Issolud flint; GDM: ‘Grain de mil’.

27Les phases initiales du débitage, à savoir la mise en forme et la préparation du nucléus, sont assez peu représentées. Il s’agit majoritairement d’éclats, de lames ou de lamelles d’entame (première et secondaire). Nous n’avons relevé que deux pièces à crête. Ces séquences de mise en forme réalisées sur le site sont attestées uniquement pour les silex sénoniens du Périgord (n = 16) et tertiaires alluviaux d’Aurillac (n = 26).

28Le débitage sur place est attesté par la présence de produits de réfection et d’entretien des nucléus (néocrêtes laminaires et lamellaires, éclats d’entretien de la table ou tablettes de ravivage…). Cette phase est mise en évidence pour les silex sénoniens du Périgord et tertiaires alluviaux d’Aurillac, mais aussi pour les silex maastrichtiens du Bergeracois et les silicifications tertiaires du Périgord. Des éclats divers ont également été reconnus pour ces matériaux. Ces indices témoignent donc d’un apport sur le site de nucléus probablement préformés (ou déjà productifs) qui ont été exploités, entretenus puis abandonnés (Bergeracois, Fumélois). Pour les silex turoniens du Berry, les deux lamelles d’entretien (dont une néocrête) ne nous semblent pas suffisantes pour préjuger de l’apport d’un nucléus lamellaire.

29Les produits laminaires et lamellaires bruts issus du plein débitage sont nombreux (30 % du corpus) et sont représentés au sein de la quasi-totalité des matériaux. En plus des matières débitées sur place (voir supra), il y a un apport de supports bruts en provenance de Chalosse et du Berry. Ces supports de plein débitage sont préférentiellement sélectionnés pour la fabrication de l’outillage (n = 123 sur 182) et de l’armement (n = 135 sur 138).

30Enfin, ce sont les pièces retouchées qui comptent la plus grande diversité de matières premières. Pour l’outillage, notons un apport d’objets en silex de Chalosse, du Grand-Pressigny, du Berry et de Saintonge, sans toutefois atteindre les fortes fréquences relevées à Moulin-Neuf. Cela est également corroboré par des chutes de burins, notamment en silex de Chalosse ou du Berry. Pour les armatures, les matériaux lointains restent exceptionnels.

31L’étude technologique nous montre une nette orientation du débitage vers la production de lames et de lamelles. De plus, le phasage techno-économique signe une gestion différentielle des matières premières. Nous avons mis en évidence l’exploitation sur place de nucléus laminaires et lamellaires en silex principalement disponibles dans un rayon de 20 km (sénoniens du Périgord ; tertiaires d’Aurillac de provenance majoritairement locale : alluvions de la Dordogne). Toute la chaine opératoire est alors représentée. Pour les silex tertiaires du Périgord, turoniens du Fumélois et maastrichtiens du Bergeracois, seule la production de lamelles est attestée, soit par la présence directe des nucléus, soit grâce aux déchets techniques. L’absence des phases préparatoires au débitage témoigne alors d’un transit de nucléus déjà productifs. Enfin, un apport de supports bruts, d’outils ou d’armatures a été démontré en provenance du Bergeracois, du Berry, de Chalosse, du Fumélois, de Saintonge et des formations tertiaires du Périgord (fig. 4).

Figure 4  - Espace d’approvisionnement en matières premières pour la couche 11.
Figure 4 - Supply area for raw materials from layer 11.

Figure 4  - Espace d’approvisionnement en matières premières pour la couche 11.Figure 4 - Supply area for raw materials from layer 11.

Schéma de production laminaire et outillage

32Nous pouvons noter dans le MMA de Combe-Cullier une absence de nucléus abandonnés au stade laminaire. Seul un rognon en silex du Sénonien, en fort état de réduction, a été exploité selon des séquences semi-tournantes exploitant progressivement la face large du nucléus. Un plan de frappe opposé permet de corriger un réfléchissement survenu en milieu de table. Le dos permet l’aménagement des convexités par l’intermédiaire de crêtes postéro-latérales. Une tentative finale de reprise depuis un flanc antéro-latéral a vite avorté. Nous avons affaire ici à un schéma de type enveloppant sur face large.

33C’est donc essentiellement à partir des produits et des déchets de taille laminaire que nous pouvons réfléchir au(x) schéma(s) mis en œuvre.

34Les nombreux produits de réfection de table (néocrêtes et pièces d’entretien) ou du plan de frappe (au moins une tablette issue de séquences laminaires) de la couche 11 témoignent du soin apporté à l’optimisation de la production laminaire, grâce à des aménagements longitudinaux et transversaux. L’analyse de l’ensemble des lames de la couche 11 (outils compris) apporte des informations supplémentaires sur la production laminaire. Les talons sont conservés pour 36 % des lames, les lèvres sont attestées dans 9 % des cas et les bulbes sont diffus (78,5 %). Les talons sont majoritairement lisses (60,6 %) et plus rarement linéaires (10,6 %), dièdres (9,1 %), facetté (4,5 %), en éperon (3 %), punctiformes (3%), corticaux (1,5 %) ou cassés (7,6 %). Lors du plein débitage laminaire, le recours au facettage est rare, contrairement à l’abrasion qui est majoritaire (60,6 %) en amont d’un détachement à la percussion tendre organique. Le débitage est unipolaire.

35En couche 11, les lames ont des profils généralement rectilignes à peu arqués. Les lames brutes ont des dimensions moyennes de 60 mm de longueur (seulement cinq pièces entières) pour 17 ± 4 mm de largeur et 5 ± 2 mm d’épaisseur. Ces dimensions sont bien en deçà de celles des lames transformées en outils, plus larges et plus épaisses (20 ± 5 mm de large pour 7 ± 2 mm d’épaisseur et 45 mm de longueur). Un test de Student entre lames brutes et lames retouchées montre des largeurs moyennes statistiquement différentes (p < 0,001). Les lames les plus robustes ont été préférentiellement sélectionnées pour la fabrication de l’outillage typologiquement défini. Cela témoigne donc d’une recherche de supports larges en corrélation avec une exploitation de tables larges enveloppantes.

36Le spectre de l’outillage typologiquement défini apparaît comme classique pour des séries magdaléniennes avec, cependant, des variations entre les trois sous-ensembles du MMA (tabl. 2). Pour la couche 11, les burins (30 %) sont dominants avec les lames retouchées (20 % ; fig. 5). Au contraire, pour les couches 12/13a et 13b/13c, ce sont les lames retouchées (resp. 27,5 % et 36,4 %) et les grattoirs (resp. 27,1 % et 24,2 %). De plus, quelques originalités sont remarquables, comme des lames à dos au sein de 12/13a. Ces différences typologiques sont, sans nul doute, à mettre en relation avec le type et l’intensité des activités pratiquées sur le site. La possible utilisation de couteaux sur lames brutes demeure à démontrer. L’étude fonctionnelle de ces objets reste à mener.

Tableau 2 - Décompte typologique de l’outillage des niveaux MMA de Combe-Cullier.
Table 2 - Typological count of tools of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier.

Tableau 2 - Décompte typologique de l’outillage des niveaux MMA de Combe-Cullier.Table 2 - Typological count of tools of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier.

Figure 5 - Exemples d’outils de la couche 11 de Combe-Cullier. 1-8 : burins ; 9-10 : lames retouchées ; 11-13 : grattoirs ; 14-15 : grattoirs-burins. Matières premières. 1-2, 4, 9-10 : Tertiaire d’Aurillac ; 3, 11 : indéterminée ; 5 : Maastrichtien du Bergeracois ; 6 : Turonien inférieur du Berry ; 7, 12, 15 :Sénonien du Périgord ; 8, 14 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny ; 13 : Maastrichtien de Chalosse.
Figure 5 - Examples of lithic tools from Combe-Cullier, level 11. -8: burins; 9-10: retouched blades; 11-13: endscrapers; 14-15: endscrapers/burins. Raw materials. 1-2, 4, 9-10: Tertiary from Aurillac basin; 3, 11: indéterminate; 5: Maastrichtian from Bergerac; 6: Berry Lower Turonian; 7, 12, 15: Senonian from Périgord; 8, 14: Upper Turonian from Grand-Pressigny; 13: Maastrichtian from Chalosse.

Figure 5 - Exemples d’outils de la couche 11 de Combe-Cullier. 1-8 : burins ; 9-10 : lames retouchées ; 11-13 : grattoirs ; 14-15 : grattoirs-burins. Matières premières. 1-2, 4, 9-10 : Tertiaire d’Aurillac ; 3, 11 : indéterminée ; 5 : Maastrichtien du Bergeracois ; 6 : Turonien inférieur du Berry ; 7, 12, 15 :Sénonien du Périgord ; 8, 14 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny ; 13 : Maastrichtien de Chalosse.Figure 5 - Examples of lithic tools from Combe-Cullier, level 11. -8: burins; 9-10: retouched blades; 11-13: endscrapers; 14-15: endscrapers/burins. Raw materials. 1-2, 4, 9-10: Tertiary from Aurillac basin; 3, 11: indéterminate; 5: Maastrichtian from Bergerac; 6: Berry Lower Turonian; 7, 12, 15: Senonian from Périgord; 8, 14: Upper Turonian from Grand-Pressigny; 13: Maastrichtian from Chalosse.

De la lamelle à l’armature

37Les couches 11 à 13c de Combe-Cullier comptent 43 nucléus lamellaires, dont quatre pour les couches 13b/13c, 15 pour les couches 12/13a et 24 pour la couche 11. Nous nous attacherons ici à décrire ceux de la couche 11.

38La production lamellaire est réalisée selon une chaine opératoire autonome à celle du débitage laminaire. Les supports de nucléus sont essentiellement des éclats (n = 14) mais aussi des rognons (n = 7 dont 2 galets) et des indéterminés (n = 3). La sélection des matériaux se fait majoritairement à l’échelle locale et régionale (Tertiaire d’Aurillac alluvial : n = 11 ; Sénonien du Périgord : n = 10). Notons aussi un nucléus en silex du Bergeracois et un en Fumélois. Enfin, les quatre derniers nucléus n’ont pas pu être déterminés. Les nucléus sont principalement exploités sur leur face étroite et selon une progression strictement frontale (fig. 6 n° 1 et 3). La modalité sur tranche d’éclat domine (n = 9) devant les nucléus prismatiques (n = 8), pyramidaux (n = 2) ou mixtes (prismatiques sur une face, pyramidaux sur une autre ; n = 2 ; fig. 6 n° 2). Les traces d’abrasion, encore visibles sur les corniches, concernent près des trois-quarts des plans de frappe voués au débitage. L’abandon des nucléus est généralement dû à des accidents de taille et des problèmes d’angulation.

Figure 6 - Exemple de nucléus lamellaires (schémas diacritiques ; DAO : A.S). 1 : couche 11 ; 2 : couche 12 ; 3 : couche 13a ; 4 : couche 13c.
Figure 6 - Example of lamellar cores (diacritical schemas; CAD: A.S). 1: level 11; 2: level 12; 3: level 13a; 4: level 13c.

Figure 6 - Exemple de nucléus lamellaires (schémas diacritiques ; DAO : A.S). 1 : couche 11 ; 2 : couche 12 ; 3 : couche 13a ; 4 : couche 13c.Figure 6 - Example of lamellar cores (diacritical schemas; CAD: A.S). 1: level 11; 2: level 12; 3: level 13a; 4: level 13c.

39Nous n’avons pas observé de différences majeures dans la gestion des nucléus au sein des couches 11 à 13c. Pour le sous-ensemble 12/13a, le débitage s’est effectué essentiellement de manière frontale (n = 15) et sur des tables prismatiques (n = 4), sur tranche (n = 3) ou pyramidale (n = 3). Pour le sous-ensemble 13b/13c, les tables sont également exploitées frontalement (sauf un cas semi-tournant, fig. 6 n° 4) et sont de morphologie principalement prismatique.

40Les parties proximales des lamelles de la couche 11 (brutes et transformées) ne sont conservées que pour 36,6 % des pièces. Les talons sont pour la plupart lisses (60,1 %), linéaires (19,6 %) ou punctiformes (13,5 %). Le recours à l’abrasion est confirmé pour près des trois-quarts des talons. Les bulbes sont quasi-exclusivement diffus (87,5 %). L’emploi de la percussion tendre organique semble privilégié.

41Les lamelles brutes (couche 11) ont des largeurs comprises entre 3 et 13 mm pour 1 à 5 mm d’épaisseur. Le gabarit moyen est de 8 ± 2 mm de largeur pour 3 ± 1 mm d’épaisseur. De plus, les lamelles brutes ont des largeurs similaires aux derniers négatifs d’enlèvements des nucléus lamellaires et recoupent la gamme de largeur des lamelles transformées en outils.

42Le nombre d’armatures de la couche 11 comprend 138 pièces (fig. 7), soit un taux de transformation des lamelles en armatures de 28 %. Ces dernières comptent pour 8,7 % du corpus total de la couche 11. Les lamelles de plein débitage sont le support privilégié pour la confection des armatures (92,0 %). Ponctuellement, des lamelles d’entame tertiaire, sous-crête ou d’entretien et des chutes de burin ont pu être transformées.

Figure 7 - Exemples d’armatures de l’UA 4 de Combe-Cullier (1-16 : couche 11 ; 17-24 : couche 12/13a ; 25-33 : 13b/13c). 1-5, 22, 27 : lamelles à dos tronquées ; 6-8, 17-20, 26 : lamelles à dos simples ; 9, 25, 27 : lamelles à dos impactées ; 10-11, 29 : lamelles à dos denticulées ; 12-16, 24, 30-33 : lamelles scalènes ; 21 : lamelle à dos appointée ; 24 : lamelle à dos tronquée denticulée ; 28 : lamelle à dos bitronquée.
Figure 7 - Examples of backed bladelets from the UA 4 of Combe-Cullier (1-16: level 11; 17-24: level 12/13a; 25-33: level 13b/13c). 1-5, 22, 27: truncated backed bladelets; 6-8, 17-20, 26: backed bladelets; 9, 25, 27: impacted backed bladelets; 10-11, 29: denticulate backed bladelets; 12-16, 24, 30-33: scalene bladelets; 21: appointed backed bladelet; 24: denticulated and truncated backed bladelets; 28: bitruncated backed bladelet.

Figure 7 - Exemples d’armatures de l’UA 4 de Combe-Cullier (1-16 : couche 11 ; 17-24 : couche 12/13a ; 25-33 : 13b/13c). 1-5, 22, 27 : lamelles à dos tronquées ; 6-8, 17-20, 26 : lamelles à dos simples ; 9, 25, 27 : lamelles à dos impactées ; 10-11, 29 : lamelles à dos denticulées ; 12-16, 24, 30-33 : lamelles scalènes ; 21 : lamelle à dos appointée ; 24 : lamelle à dos tronquée denticulée ; 28 : lamelle à dos bitronquée.Figure 7 - Examples of backed bladelets from the UA 4 of Combe-Cullier (1-16: level 11; 17-24: level 12/13a; 25-33: level 13b/13c). 1-5, 22, 27: truncated backed bladelets; 6-8, 17-20, 26: backed bladelets; 9, 25, 27: impacted backed bladelets; 10-11, 29: denticulate backed bladelets; 12-16, 24, 30-33: scalene bladelets; 21: appointed backed bladelet; 24: denticulated and truncated backed bladelets; 28: bitruncated backed bladelet.

43Seules cinq armatures sont entières (deux lamelles à dos simples, deux lamelles à dos bitronquées et une lamelle à dos tronquée). Leur longueur varie de 15 à 38 mm (moyenne de 24 ± 11 mm). Pour l’ensemble des armatures, les gabarits moyens sont de 5 ± 2 mm de largeur pour 2 ± 1 mm d’épaisseur avec une concentration de valeurs autour de 4 à 5 mm de largeur pour 2 à 3 mm d’épaisseur (fig. 2). La réduction lamelle brute/lamelle à dos est bien marquée. À partir des lamelles à dos partiel (n = 11), nous pouvons estimer un taux de réduction de 7 % à 48 % (moyenne de 26 ± 11 %).

44Pour l’ensemble des armatures lamellaires, le dos est principalement total ou envahissant (respectivement 46 % et 41 % ; selon la terminologie de. É. Jacquot reprise dans Christensen et Valentin, 2004) et plus rarement marginal (13 %). La retouche du dos est très majoritairement directe (88 %), croisée pour les supports les plus épais (8 %) et rarement inverse (4 %). Les troncatures sont exclusivement directes et selon une délinéation davantage rectiligne (49 %) qu’oblique (40 % dont 17 % type scalène, voir infra) ou convexe (11 %). Aucune latéralisation préférentielle des dos ou troncatures ne semble émerger ni à l’échelle globale, ni par morphotype.

45Typologiquement, les lamelles à dos simples, parfois munies de tranchants retouchés dominent dans la couche 11 (respectivement 35,5 % et 34,1 %) devant les armatures à dos tronquées (18,1 % ; tabl. 3). Notons six lamelles à dos de morphologie scalène (4,3 %). En pondérant la fragmentation par un NMI de fréquence, ce sont les armatures tronquées qui dominent (41,0 %) devant les armatures simples (25,6 %). Les armatures tronquées et de morphologie scalène représentent plus de la moitié (en NMI) de l’armement. Cela témoignerait donc d’une recherche marquée en produits tronqués.

Tableau 3 - Décompte typologique des armatures des niveaux MMA de Combe-Cullier. a : en nombre de restes total ; b : en nombre minimal d’individus.
Table 3 - Typological count of backed bladelets of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier. a: by total number of remains; b: by minimum number of individuals.

Tableau 3 - Décompte typologique des armatures des niveaux MMA de Combe-Cullier. a : en nombre de restes total ; b : en nombre minimal d’individus.Table 3 - Typological count of backed bladelets of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier. a: by total number of remains; b: by minimum number of individuals.

46Les cassures des armatures sont nombreuses (n = 194) et peuvent être imputables à de multiples facteurs (cassure taphonomique, au cours du débitage ou lors du façonnage du dos). Cependant, certaines d’entre elles, notamment en plume, sont diagnostiques d’un impact (8,3 % de l’ensemble des cassures, toutes armatures confondues ; 6,1 % si l’on tient compte des NMI). Malgré des trop faibles effectifs en NMI, il semblerait ne pas y avoir de distinction significative entre armatures tronquées (en NMI : 1 cassure sur les 18 observées, soit 5,6 %) et armatures non tronquées (en NMI : 1 cassure sur 15 soit 6,7 %). Par ailleurs, 8,7 % des fragments mésiaux ont au moins une cassure d’impact. De plus, notons qu’une lamelle brute à pan revers présente une cassure en plume et pourrait avoir été utilisée comme élément d’armature à dos naturel. Là encore, une étude microscopique des usures et fractures permettrait de préciser les modes d’emmanchement (différence armatures tronquées/non tronquées) et les types d’impact.

47Bien que beaucoup soient d’origine indéterminée (38,4 %), les armatures sont, pour l’essentiel, produites à partir des silex sénoniens du Périgord et tertiaires alluvial d’Aurillac (resp. 29,7 % et 23,2 % ; tabl. 1). Très ponctuellement, nous avons relevé des armatures en silex du Campanien du Bergeracois (n = 4), de l’Hettangien (n = 3), du Turonien de Fumel (n = 1) ou du Turonien inférieur du Berry (n = 1).

48Dans les couches 12/13a, il y a une plus forte proportion d’armatures simples (64,5 % contre 35,5 % en couche 11) au détriment des armatures tronquées (6,1 % contre 18,1 % en couche 11). La retouche des dos est principalement totale (47 %) et envahissante (37 %) et plus rarement marginale (15 %). Les lamelles de morphologie scalène sont également moins nombreuses (1,4 %). La prise en compte des NMI ne change pas le classement typologique, les armatures simples restant majoritaires. Quand elles existent, les troncatures ont des délinéations assez variables (rectiligne, oblique, convexe). Comme nous l’avons vu précédemment, les gabarits sont plus grands que pour la couche 11 et 13b/c avec une concentration de valeurs autour de 6-7 mm de largeur pour 2-4 mm d’épaisseur. Concernant les supports, nous relevons même quelques petites lames avec des dos principalement marginaux. Nous avons choisi de maintenir ces quelques pièces parmi les armatures ayant un gabarit déviant.

49Pour les couches 13b/13c, les armatures simples restent les plus nombreuses (43,0 %) devant les armatures retouchées (29,0 %) et les armatures tronquées (14,5 %). Les troncatures ont ici aussi une certaine variabilité dans leur délinéation (rectiligne, obliques, convexe, concave). Les gabarits semblent être intermédiaires entre la couche 11 et les couches 12/13a. Les valeurs se concentrent autour de 4 à 6 mm de largeur pour 2 à 3 mm d’épaisseur. La retouche des dos est principalement envahissante (48 %) ou totale (38 %) et plus rarement marginale (14 %). Les lamelles scalènes prennent une place plus importante que pour les niveaux précédents (10,9 %). De même, celles-ci sont préférentiellement latéralisées selon un unique morphotype (11 dos sénestre/troncature distale et 10 dos dextre/troncature proximale). Parmi toutes les armatures ayant une troncature, 42,9 % sont des lamelles scalènes.

50Enfin, la technique du microburin ne semble pas avoir été utilisée pour la fabrication des lamelles scalènes de l’UA 4.

Synthèse et discussion

51La datation des sous-ensembles 12/13a et 13b/13c, entre 19 500 et 19 000 cal. BP, tendent à corroborer l’ancienneté du MMA relevée lors des datations de Saint-Germain-la-Rivière (Gironde ; Gambier et al. 2000 ; Barshay-Szmidt et al. 2016), de la Grotte Bouyssonie (Corrèze, Langlais et al. en préparation) ou, bien que de manière moins certaine, à Plantade (Tarn-et-Garonne ; Tisnerat-Laborde, Valladas, Ladier 1997). Grâce à ces différentes données, nous proposons d’avancer le début du Magdalénien moyen, pour le Sud-Ouest de la France, à 19 500 cal. BP.

52L’étude de l’UA 4 de Combe-Cullier a permis d’obtenir de nouveaux résultats sur cette séquence exceptionnelle pour la chronologie longue du Magdalénien (Langlais et al. 2018), en particulier pour le MMA (Sécher 2017).

53Contrairement aux comportements techno-économiques relevés sur le site MMA de Moulin-Neuf (Sécher et Caux 2017), mais comme ceux observés pour le MMA de Saint-Germain-La Rivière (Langlais et al. 2015), la part de matériaux extra-locaux est assez faible dans la couche 11 de Combe-Cullier. De plus, les apports lointains ne semblent concerner que des supports (ou des outils) et non des blocs (ou nucléus). L’apport de silex disponibles à l’échelon local (0-20 km), notamment des rognons sénoniens du Périgord (41,7 %), complétés par une collecte de galets alluviaux (Tertiaire d’Aurillac : 28,1 %), ont fourni l’essentiel des supports débités sur place. Les apports de matières éloignées (silex du Bergeracois : 2,6 % ou du Fumélois : 1,1 %) ou lointaines (Turonien du Berry : 1,7 % ; silex de Chalosse : 1,3 %), sous forme de supports, apparaissent comme mineurs. La diversité de matières premières, pour les chutes de burins, témoigne enfin du ravivage de ces outils extra-locaux qui ont transité sur le site. Nous avons donc une segmentation, dans l’espace et le temps, des chaines de productions lamino-lamellaires. De même, la quasi-absence de silex quercynois, provenant des formations jurassiques, montre des approvisionnements davantage tournés vers le Périgord. Enfin, le déficit en silex de Saintonge de type Grain de mil marque une différence majeure avec les sites de Gironde (Roc-de-Marcamps 2 : Sécher 2015, 2017 ; Moulin-Neuf : Sécher et Caux 2017), sans doute due à l’éloignement géographique et la dilution des stocks au cours de la mobilité.

54Le débitage laminaire, réalisé sur place ou documenté par des lames apportées, indique un schéma unipolaire mené au percuteur tendre organique et préférentiellement orienté sur l’exploitation de surfaces larges selon des séquences frontales juxtaposées. Ce choix peut être mis en relation avec la recherche de supports laminaires larges faiblement carénés.

55Les variations typologiques des outillages reflètent sans nul doute des différences d’ordre fonctionnel, liées aux activités exercées sur le site. Pour les armatures lamellaires à dos tronquées, les différences de délinéations de la troncature pourraient représenter des variations discrètes en partie liées à des ajustements ponctuels ou aux modes d’emmanchement, voire à des habitudes individuelles. Cette diversité qui signe une certaine souplesse est contrebalancée par des gabarits relativement homogènes, tant à l’échelle du site qu’à l’échelle macro-régionale, avec des largeurs concentrées autour de 4 à 6 mm pour 2 à 3 mm d’épaisseur.

56En revanche, le cas des lamelles scalènes est particulièrement intéressant pour discuter des « normes de fabrication » de l’armement. Ces dernières se définissent selon deux critères majeurs. Le premier est morphologique, l’angle formé par le dos de la lamelle et sa troncature est compris entre 120° et 130° (Cheynier 1965 - p. 317-318). Le second concerne la latéralisation préférentielle du couple dos/troncature, systématique dans les gisements ayant livré un corpus statistiquement représentatif (Cheynier 1965 - p. 318 ; Langlais 2007b). Pour la latéralisation, nous observons la position du couple dos/troncature définissant un morphotype. Pour tous les gisements ayant livré plus de 10 lamelles scalènes, c’est invariablement le même morphotype qui est préférentiellement représenté (fig. 8), à savoir un dos sénestre/troncature distale ou un dos dextre/troncature proximale (Sécher 2017). L’ensemble de l’UA 4 compte donc des lamelles scalènes en nombre variable mais seule la couche 13b/13c est statistiquement éligible à un rattachement certain au faciès à lamelles scalènes, selon les critères précités.

Figure 8  - Latéralisation des lamelles scalènes de gisements du Magdalénien moyen ancien et récent (Gazel).
Figure 8 - Lateralization of scalene bladelets from Early Middle Magdalenian and Late Middle Magdalenian (Gazel) sites.

Figure 8  - Latéralisation des lamelles scalènes de gisements du Magdalénien moyen ancien et récent (Gazel).Figure 8 - Lateralization of scalene bladelets from Early Middle Magdalenian and Late Middle Magdalenian (Gazel) sites.

57L’organisation du système techno-économique, telle que décrite dans l’UA 4 de Combe-Cullier, est cohérente avec les critères du Magdalénien moyen (Langlais 2007a, 2007b) et en particulier de sa phase ancienne (Langlais et al. 2016 ; Langlais, Pétillon, Sécher 2017 ; Sécher 2017), ancienneté confirmée par les datations. Les lames sont destinées à la confection de l’outillage (et potentiellement à une utilisation des tranchants bruts) et la présence de nombreux ravivages latéraux pose la question des cycles fonctionnels de ces objets. S’agit-il de supports à durée fonctionnelle optimisée par des ravivages ? S’agit-il d’une réorientation d’un registre fonctionnel à un autre suite à un changement de l’incidence des tranchants ? Seule une étude fonctionnelle permettra d’y voir plus clair. En tout cas, la recherche de supports larges selon un débitage enveloppant une surface large semble bien indiquer une volonté de produire des lames à fort potentiel d’outil latéral.

58Les lamelles sont, quant à elles, massivement transformées en armatures aux gabarits relativement bien normés. Malgré des schémas de production similaires, ce « gabarit moyen » peut varier au sein des niveaux (fig. 2). En effet, les gabarits les plus étroits sont dans la couche 11 ; les plus larges sont dans les couches 12/13a. Les couches 13b/13c ont livré des armatures aux gabarits intermédiaires. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer ces variations:

  • Biais méthodologique : bien que le tamisage à l’eau semble avoir été utilisé au moins pour les niveaux inférieurs (couches 8 à 17 ; Flies, 1968 - p. 2), la méthode de tamisage peut ne pas avoir été la même entre les différentes couches (changement de maille, tri des refus plus ou moins minutieux, etc.). Les rapports et carnets de fouille ne nous éclairent pas sur les choix effectués. Le tamisage des restes fauniques a été partiel. Toutefois, l’absence des micro-esquilles pour l’ensemble des couches ne va pas dans le sens d’une différence méthodologique de tamisage au sein de l’UA 4.

  • Biais taphonomique : on pourrait avancer l’hypothèse d’un tri granulométrique différentiel ayant conduit à la disparition des plus petites armatures des couches 12/13a suite à du ruissellement notamment ; la couche 11 ayant alors subi moins de perturbations post-dépositionnelles. Cependant, l’absence d’étude géoarchéologique nous empêche de valider ou d’infirmer cette possibilité. De plus, comme précédemment, l’absence de micro-débris dans tous les ensembles ne parait pas cohérent avec cette hypothèse de tri granulométrique différentiel. L’intégrité des niveaux intra UA4 restent par ailleurs à valider à travers les raccords inter-couches (lithiques et fauniques) à venir.

  • Adaptation aux contraintes des ressources : on pourrait proposer une influence des matières premières sur la taille des lamelles. Cette hypothèse semble peu probable. puisqu’en effet, quelle que soit la couche, les matériaux choisis sont majoritairement disponibles dans l’environnement local du site (sénoniens du Périgord et tertiaires alluviaux d’Aurillac).

  • Variation culturelle de production : différents schémas opératoires pourraient induire des gabarits lamellaires différents. Pourtant, nous avons vu (malgré de faibles effectifs de nucléus) qu’il n’y avait pas de différence majeure dans les modalités de production lamellaire entre les différents niveaux de l’UA 4.

  • Variation culturelle du fonctionnement des armatures : les modes d’utilisation ou d’emmanchement sont différents et induisent des besoins en armatures de gabarits différents. Seule une étude fonctionnelle permettrait d’y répondre.

  • Variation culturelle normative : les différences de gabarits et l’abondance relative des lamelles scalènes pourraient être le fait de variations inter-individuelles ou inter-groupes, répondant à des normes spécifiques. Cette hypothèse peut être cumulée avec l’hypothèse fonctionnelle précédente. Ceci s’illustre notamment pour les deux sous-ensembles plus anciens dominés ou non par les lamelles scalènes.

59En se référant aux datations, la couche 11 (18 845-18 543 cal. BP) se démarque assez nettement des couches 12 à 13c (autour de 19 563-19 095 cal. BP). La plus forte proportion de lamelles scalènes dans la couche 13b/13c semble marquer une modification dans la composition de l’armement par rapport aux couches 11 et 12/13a. Nous posons donc l’hypothèse diachronique que les modifications de l’armement traduisent des variations de normes subordonnées à un changement fonctionnel ou populationnel. Toutefois, dans l’attente des résultats des raccords d’intérêt stratigraphique (lithiques et fauniques) et surtout de l’étude fonctionnelle des vestiges lithiques, il convient de rester prudent dans nos interprétations.

60Ces premiers résultats de la révision de Combe-Cullier (datations, archéostratigraphie, industries lithiques) constituent un bilan intermédiaire. Ils seront prochainement complétés par l’analyse des restes fauniques, d’industrie osseuses, des colorants et des parures. Dans cette perspective, la confrontation des données des différents registres archéologiques nous permettra de tester les hypothèses soulevées ici et ainsi affiner notre perception des occupations du gisement et ce, tout au long du Magdalénien.

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List of illustrations

Title Figure 1 - Liste des datations 14C calibrées par unité archéostratigraphique. ID : identification du carré et n°, coll. : collagène (d’après Langlais et al. 2018 sauf dates UA2, inédites).Figure 1 - List of 14C dates calibrated by archaeostratigraphic unit. ID: identification of the square and number, coll. collagen (after Langlais et al. 2018 except dates from UA2, unpublished).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/paleo/docannexe/image/4135/img-1.jpg
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Title Figure 2 - Comparaison inter-couche des largeurs des armatures et regroupements stratigraphiques.Figure 2 - Interlayer comparison of backed bladelets widths and stratigraphic groupings.
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Title Figure 3  - Photographies à la loupe binoculaire de quelques types de matières premières (ph. S. Caux). 1 : Tertiaire du Bassin d’Aurillac ; 2 : Maastrichtien du Bergeracois ; 3 : Turonien inférieur du Berry ; 4 : Maastrichtien supérieur de Chalosse ; 5 : jaspéroïde oolithique de l’Infralias ; 6 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny.Figure 3 - Photographs with a binocular loupe of the different types of raw materials (ph. S. Caux). 1: Tertiary of Aurillac Basin; 2: Maastrichtian of Bergerac region; 3: Berry Lower Turonian; 4: upper Maastrichtian of Chalosse; 5: oolithic jasperoid of the Infralias; 6: upper Turonian of Grand-Pressigny.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/paleo/docannexe/image/4135/img-3.jpg
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Title Tableau 1 - Distribution des différents types de matières premières en fonction du phasage technologique. AMF. : acquisition et mise en forme ; Réf. : produits de réfection du nucléus ; Div. : éclats divers et pièces technologiquement indéterminées ; Nuc. : nucléus ; P.Deb. : plein débitage ; Lam. : laminaire ; Lmll. : lamellaire ; Ch.Bur. : chute de burin ; Armat. : armatures. – Tert. Aur. : Tertiaire d’Aurillac ; Berg. : Bergeracois ; Tur. inf. Ber. : Turonien inférieur du Berry ; Tert. : Tertiaire du Périgord ; Chal. : Chalosse ; Puy Iss. : Puy d’Issolud ; GDM : Grain de mil.Table 1 - Distribution of the different types of raw materials according to technological phasing. AMF. : acquisition et shaping out; Réf.: core repair products; Div.: Various flakes and technologically indeterminate artefacts; Nuc.: core; P.Deb.: plein débitage; Lam.: laminar blanks; Lmll.: lamellar blanks; Ch.Bur: burin spall; Armat: hunting weaponry. – Tert. Aur.: Aurillac Basin; Berg.: Bergerac flint; Tur. inf. Ber.: Berry Lower Turonian; Tert.: Tertiary from Périgord; Chal: Chalosse; Puy Iss.: Puy d’Issolud flint; GDM: ‘Grain de mil’.
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Title Figure 4  - Espace d’approvisionnement en matières premières pour la couche 11.Figure 4 - Supply area for raw materials from layer 11.
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Title Tableau 2 - Décompte typologique de l’outillage des niveaux MMA de Combe-Cullier.Table 2 - Typological count of tools of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier.
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Title Figure 5 - Exemples d’outils de la couche 11 de Combe-Cullier. 1-8 : burins ; 9-10 : lames retouchées ; 11-13 : grattoirs ; 14-15 : grattoirs-burins. Matières premières. 1-2, 4, 9-10 : Tertiaire d’Aurillac ; 3, 11 : indéterminée ; 5 : Maastrichtien du Bergeracois ; 6 : Turonien inférieur du Berry ; 7, 12, 15 :Sénonien du Périgord ; 8, 14 : Turonien supérieur du Grand-Pressigny ; 13 : Maastrichtien de Chalosse.Figure 5 - Examples of lithic tools from Combe-Cullier, level 11. -8: burins; 9-10: retouched blades; 11-13: endscrapers; 14-15: endscrapers/burins. Raw materials. 1-2, 4, 9-10: Tertiary from Aurillac basin; 3, 11: indéterminate; 5: Maastrichtian from Bergerac; 6: Berry Lower Turonian; 7, 12, 15: Senonian from Périgord; 8, 14: Upper Turonian from Grand-Pressigny; 13: Maastrichtian from Chalosse.
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Title Figure 6 - Exemple de nucléus lamellaires (schémas diacritiques ; DAO : A.S). 1 : couche 11 ; 2 : couche 12 ; 3 : couche 13a ; 4 : couche 13c.Figure 6 - Example of lamellar cores (diacritical schemas; CAD: A.S). 1: level 11; 2: level 12; 3: level 13a; 4: level 13c.
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Title Figure 7 - Exemples d’armatures de l’UA 4 de Combe-Cullier (1-16 : couche 11 ; 17-24 : couche 12/13a ; 25-33 : 13b/13c). 1-5, 22, 27 : lamelles à dos tronquées ; 6-8, 17-20, 26 : lamelles à dos simples ; 9, 25, 27 : lamelles à dos impactées ; 10-11, 29 : lamelles à dos denticulées ; 12-16, 24, 30-33 : lamelles scalènes ; 21 : lamelle à dos appointée ; 24 : lamelle à dos tronquée denticulée ; 28 : lamelle à dos bitronquée.Figure 7 - Examples of backed bladelets from the UA 4 of Combe-Cullier (1-16: level 11; 17-24: level 12/13a; 25-33: level 13b/13c). 1-5, 22, 27: truncated backed bladelets; 6-8, 17-20, 26: backed bladelets; 9, 25, 27: impacted backed bladelets; 10-11, 29: denticulate backed bladelets; 12-16, 24, 30-33: scalene bladelets; 21: appointed backed bladelet; 24: denticulated and truncated backed bladelets; 28: bitruncated backed bladelet.
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Title Tableau 3 - Décompte typologique des armatures des niveaux MMA de Combe-Cullier. a : en nombre de restes total ; b : en nombre minimal d’individus.Table 3 - Typological count of backed bladelets of Early Middle Magdalenian levels from Combe-Cullier. a: by total number of remains; b: by minimum number of individuals.
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Title Figure 8  - Latéralisation des lamelles scalènes de gisements du Magdalénien moyen ancien et récent (Gazel).Figure 8 - Lateralization of scalene bladelets from Early Middle Magdalenian and Late Middle Magdalenian (Gazel) sites.
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References

Bibliographical reference

Anthony Sécher, Solène Caux and Mathieu Langlais, “Traditions techniques du Magdalénien moyen ancien. Apport de la série lithique de Combe-Cullier, Lacave, Lot, France (couches 11 à 13)”PALEO, 29 | 2018, 201-221.

Electronic reference

Anthony Sécher, Solène Caux and Mathieu Langlais, “Traditions techniques du Magdalénien moyen ancien. Apport de la série lithique de Combe-Cullier, Lacave, Lot, France (couches 11 à 13)”PALEO [Online], 29 | 2018, Online since 15 January 2020, connection on 12 February 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/paleo/4135; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/paleo.4135

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Anthony Sécher

UMR5199 PACEA – Université de Bordeaux, CNRS, Ministère de la Culture et de la Communication, INRAP ; Bât. B8, allée Geoffroy Saint-Hilaire, CS50023, 33615 Pessac cedex - asecher.pro[at]orange.fr

Solène Caux

UMR5199 PACEA – Université de Bordeaux, CNRS, Ministère de la Culture et de la Communication, INRAP ; Bât. B8, allée Geoffroy Saint-Hilaire, CS50023, 33615 Pessac cedex - solene.caux[at]gmail.com
Centre de Recherche français à Jérusalem

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Mathieu Langlais

UMR5199 PACEA – Université de Bordeaux, CNRS, Ministère de la Culture et de la Communication, INRAP ; Bât. B8, allée Geoffroy Saint-Hilaire, CS50023, 33615 Pessac cedex - mathieu.langlais[at]u-bordeaux.fr
SERP, universitat de Barcelona

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