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Vies engagées

Elisa Chimenti (Naples 1883-Tanger, 1969) : écrivaine en exil, arabophile et antifasciste

Elisa Chimenti (Naples 1883-Tangiers, 1969): Women Writer in Exile, Arabophile and Antifascist
Camilla M. Cederna
p. 171-185

Resúmenes

Elisa Chimenti, écrivaine, journaliste, anthropologue, d’origines italiennes, a vécu toute sa vie à Tanger (Maroc). Symbole du dialogue interculturel, elle a consacré son œuvre à la sauvegarde et à la diffusion du patrimoine culturel féminin marocain, mettant systématiquement en discussion les préjugés issus de la mentalité coloniale.

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Introduction

  • 1 Il s’agit du Laboratoire Associé International (LAI) entre l’Université de Lille et La Sapienza de (...)

1Dans le panorama des relations entre culture européenne et culture marocaine à l’époque coloniale, l’attitude d’Elisa Chimenti (dorénavant EC) se distingue pour son originalité. Tout son parcours, de son exil de Naples et ses années de formation, entre la Tunisie et le Maroc, à son activité sociale et politique, ainsi que son écriture, est caractérisé par son amour immense pour la culture et les traditions marocaines issues notamment des pratiques culturelles féminines. Écrivaine francophone à l’identité indéterminée et indéterminable, d’origines italiennes, tangéroise d’adoption, polyglotte, de mère catholique et de père athée, profondément touchée par l’Islam, le regard qu’EC porte sur cette culture est inévitablement complexe, à la fois de l’intérieur que de l’extérieur. Elle nous a laissé un vaste ensemble d’ouvrages inédits d’un très grand intérêt à tous les niveaux (littéraire, linguistique, historique et anthropologique), qui est maintenant au centre d’un projet international de recherche et d’édition1. Il s’agit de textes pour la plupart non publiés, écrits dans plusieurs genres (romans, nouvelles, essais, poèmes), conservés auprès de la Fondation Méditerranéenne Elisa Chimenti (FMEC) à Tanger. À travers ces ouvrages, l’auteure analyse les divers aspects de la culture marocaine, en particulier de la ville de Tanger (objets, pratiques, vie quotidienne, mythes, traditions), mettant en valeur la dimension internationale et méditerranéenne de ce patrimoine, conséquence de l’échange entre les cultures berbère, maghrébines, d’Afrique noire, du Moyen Orient et de l’Europe. Elle porte une attention toute particulière au patrimoine oral féminin ainsi qu’à la condition des femmes, à leurs peines, à leurs comportements et à leurs stratégies de survie. Son œuvre nous apparaît comme étant un monument à la mémoire de ce patrimoine féminin, qu’elle transcrit, réécrit et traduit, dans le but de le faire sortir de l’oubli, de le sauvegarder et de le diffuser.

L’exil : la découverte de l’Islam et le regard interculturel

  • 2 Les persécutions subies par son père de la part des autorités italiennes sont évoquées par l’écriva (...)

2Âgée à peine de quelques mois, EC quitte Naples, sa ville natale, avec sa famille, sa mère Maria Luisa Ruggio et son père Rosario, garibaldien, médecin et libre penseur, qui aurait été forcé à l’exil en raison de son activité politique2. La première étape de cet exil est la ville de Tunis, où la petite Elisa commence à apprendre l’arabe et l’hébreu (Laredo 605). C’est ici qu’elle se rapproche de l’Islam et de la culture musulmane, comme elle le déclare dans ses notes autobiographiques inédites sans date, écrites à la première et à la troisième personne : « Ses premiers souvenirs se rapportent à ce beau palais, à la voix mélancolique du mouddhen appelant les croyants à la prière, à l’écho des prières d’Islam. Ses premières amies furent des musulmanes avec lesquelles elle échangeait un brin de basilic, un chapelet de jasmins, une tubéreuse » (Chimenti NAI).

  • 3 Tout en étant un texte très autobiographique, il n’y a cependant aucun témoignage historique à prop (...)

3On retrouve les mêmes souvenirs dans Kadidja, un texte autobiographique placé en conclusion du roman historique inédit, L’appel magique de l’Islam, dans lequel la narratrice retrace les étapes fondamentales de sa vie, de sa naissance à Naples à l’exil l’amenant à Tunis d’abord et ensuite à Tanger, jusqu’à la période douloureuse de sa vieillesse et à sa conversion à l’Islam3. Sa préférence pour le monde musulman est au cœur de l’évocation de ses premières amies et de l’attraction irrésistible pour l’appel de l’Islam, à travers une personnification de minarets : « Pareils à de géantes asphodèles, ils montaient dans l’air pâle et chantaient d’une voix grave, mélancolique infiniment, qui s’élevait comme une aile jusqu’aux teintes de pourpre de l’horizon et revenait mourir en lents murmures sur la ville et sur nos terrasses » (270). Comme le remarque sa mère, elle est en train de devenir « une petite musulmane ». Ses amies tunisiennes lui répondent de faire attention car « l’Islam est une liqueur enivrante : celui qui en a une fois goûté ne peut plus s’en passer » (276).

4Après Tunis, entre 1890 et 1899, elle s’installe avec sa famille à Tanger où son père est appelé par le sultan Moulay Hassan I à exercer son métier de médecin. Creuset de croyances, de cultures et de traditions différentes, cette ville cosmopolite, ni marocaine ni européenne (Clément 11), avec une population très variée, accueillant les réfugiés de toutes nationalités qui jouissaient d’une grande liberté, va contribuer à définir le regard ouvert et inclusif d’EC ainsi que son attitude de médiatrice et de voyageuse à travers les frontières identitaires (Cederna 2021, Marchetti).

5Dans « La légende à Tanger » (1932), un long essai qui ouvre le recueil Légendes marocaines (1959) (Chimenti 2009), elle analyse toute la diversité culturelle qui caractérise cette ville et sa culture, fondée sur le métissage entre les mondes occidental et arabo-musulman, leurs différents mythes, croyances et traditions : berbère, arabe, européenne, de l’Afrique noire et du Moyen Orient (Re, Roso ; Torres Calzada).

6Plusieurs textes de son recueil inédit, Miettes de pensées, miettes d’images, miettes de croyances et de rêves, miettes de sagesse et de folies, écrit après la guerre, expriment son attachement profond à Tanger, perçu comme lieu de tous les mélanges et de tous les contacts possibles, à travers l’accumulation de plusieurs termes appartenant au même champ sémantique : « contraste » (Tanger d’hier / Contraste unique et prodigieux / Entre le moyen âge / Et la civilisation d’Occident, [32]), « Mosaïque de races » (39), « contact » (« Contact singulier de langages, / De mœurs, de races, de croyances », 23), « un creuset » (67), et le « Tangérois », un « amalgame de religions et de races » (66).

7Dans cette ville, EC obtient une éducation très ouverte et multiculturelle. Elle se forme grâce à la très riche bibliothèque paternelle, fréquente l’Alliance Israélite Universelle (AIU, ouverte à Tanger en 1874), et surtout la Pharmacie Sorbier, sorte de cénacle situé au centre de la Medina, dans le Petit-Socco, le marché fréquenté par les émigrés européens. Ce milieu international est au cœur de son œuvre Petits blancs marocains, partiellement publiée dans le Journal de Tanger entre les années 1950 et 1960. Elle étudie les langues anciennes et les textes des trois religions monothéistes, notamment grâce à l’enseignement du rabbin Abraham Ribbi, directeur de l’AIU, auquel elle dédie son ouvrage Le sortilège et autres contes séphardites (Chimenti 2009) : « Au Maroc elle eut divers professeurs pour l’étude des langues sémitiques, un rabbin lui enseignait l’histoire sainte, un professeur coranique, le petit-fils d’un souverain détrôné, lui fit répéter le Coran, les missionnaires américains lui firent connaitre la Bible » (Chimenti NAI).

8Par la même occasion elle apprend plusieurs langues modernes : « Je connais un certain nombre de langues soit : l’italien, le français, l’espagnol, l’anglais, l’allemand, l’arabe classique et tous les dialectes parlés dans le Nord de l’Afrique. Je parle et j’écris couramment toutes ces langues, et un certain nombre de langues sémitiques anciennes. Je connais moins bien le portugais et le russe » (NAI).

  • 4 Malheureusement il ne reste aucune trace de ses œuvres qui furent apparemment détruites pendant la (...)

9Sa formation s’enrichit grâce aux voyages qu’elle entreprend à l’âge de seize ans à travers l’Europe (Italie, Portugal, France, Suisse, Pologne) (Chimenti NAI). Elle séjourne quelques temps en Allemagne où elle obtient un diplôme en Lettres, et publie ses deux premiers ouvrages, Meine Lieder (Liepzig 1911) et Taitouma (Liepzig 1913)4.

10Tanger, “Zone d’administration internationale” depuis 1923, est une ville à part dans le cadre du Maroc colonial, objet d’une sorte de protectorat collectif (Dodi 221). Toutefois, malgré sa spécificité, liée également à sa dimension cosmopolite, conséquence du métissage culturel et linguistique, la ville reproduit le phénomène d’exclusion de la population musulmane “indigène”, comme le souligne Boubkeur El Kouche : « Le terme “indigène” désigne en fait la communauté musulmane de Tanger à laquelle on supprime d’avance les avantages concédés aux étrangers. Dès les premières années du régime international, les Marocains font en effet la triste expérience de l’exclusion : ils sont marginalisés dans leur propre territoire » (20).

11On y retrouve le même dualisme caractéristique des autres villes du Maroc, entre la ville marocaine et la ville européenne : d’une part les quartiers populaires, la Medina, et de l’autre la ville européenne (Infi 223) : « Les Français, dont l’histoire se mêle originellement à celle des Marocains, se retranchent de plus en plus dans leurs cités-jardins, cependant que les Marocains se claquemurent dans le sanctuaire de la médina ou le clapier de la bidonville » (Rivet 219).

12EC nous décrit l’expérience de ce dualisme urbanistique et culturel, qu’elle a fait elle-même d’abord à Tunis et ensuite à Tanger. Toutefois, en renversant la perspective coloniale, elle situe son lieu de résidence dans les deux villes, précisément dans les quartiers habités par la population musulmane : « À Tunis, cet écrivain habita un petit palais oriental au cœur de la ville arabe, à l’ombre de la grande mosquée tunisienne “Djama a Zeitoun” », écrit-elle se référant à soi-même à la troisième personne, dans ses notes autobiographiques inédites (Chimenti NAI). De même, dans Kadidja, elle décrit son quartier « éloigné de toute vie occidentale », enveloppé d’une atmosphère paisible et religieuse : « Dans mon quartier, éloigné de toute vie occidentale, la voix du minaret évocatrice des joies lointaines de l’enfance, monte comme un encens vers Dieu, les Musulmans dévots se hâtent vers la paix des mosquées et des sanctuaires » (291). À la voix du muezzin se mélangent les voix des porteurs d’eaux, les guerrab, du conducteur de bêtes et des mitrons. Tout autre est l’atmosphère de la ville européenne, située à l’opposé, aux pieds de la colline, animée par une foule bruyante parmi laquelle se distinguent notamment les « jeunes femmes et jeune filles » désireuses de s’étourdir et attirées par des plaisirs superficiels et éphémères : « Au pied de la colline, dans la ville européenne, les cafés se remplissent : cinémas et cabarets transpirent des refrains trop gais ; jeunes femmes et jeunes filles en robe du dimanche vont s’amollir le cœur et s’enflammer l’imagination aux scènes d’amour conventionnelles que leur offre l’écran » (291). Il s’agit des quartiers fréquentés par la colonie européenne, représentante des « non valeurs d’Occident », comme elle écrit dans une de ses Miettes : « Colonie européenne de Tanger : ambiance cosmopolite composée presqu’entièrement des non valeurs d’Occident » (20).

La Scuola italiana : de l’antifascisme à la cause nationaliste

13À Tanger, EC enseigne à la Hohe Deutsche Schule, l’école allemande (1912-1914), et ensuite elle fonde, avec sa mère, l’école italienne en 1914, où elle enseignera pendant quarante ans malgré quelques interruptions. Vers la fin des années 1920, le gouvernement italien en vue de son intégration dans l’administration internationale (1928) entreprend une série de projets visant l’augmentation de son prestige, parmi lesquels la création d’une nouvelle école italienne (Tamburini 2006 : 405-421). Ainsi en 1927, par l’intermédiaire de l’Association Nationale Italienne pour les Missionnaires à l’étranger (ANI), le régime fasciste avait décidé de fermer l’école Chimenti et installé les classes dans l’ancien palais du Sultan Moulay Hafid, renommé “Palazzo Littorio”, dénommé actuellement Palais des Institutions Italiennes (Tamburini 2006 : 413). Après une brève période d’enseignement dans les nouveaux locaux, EC qui préférait devenir apatride plutôt qu’adhérer au régime, est licenciée avec sa mère de l’école par l’Association (1928).

14Dans un texte inédit de grand intérêt, Scuola italiana, elle raconte dans le détail l’histoire de cette institution depuis sa fondation. Comme elle affirme, ce projet de l’école italienne fut une source à la fois de joie et d’amertume à cause des persécutions qu’elle et sa mère durent subir de la part de l’administration fasciste. Avec l’arrivée à Tanger, vers la fin des années 1920, du nom de Mussolini et, avec ce dernier, du fascisme, commencent les persécutions vers les deux enseignantes :

Le nom de Mussolini arriva alors à Tanger et avec lui le fascisme et M. Vanutelli Rey, le nouveau ministre italien au Maroc […] Orgueilleux, autoritaire, violent, peu scrupuleux quant aux moyens pour arriver au but, il essaya de nous terroriser alors que pour la première fois il visita notre école. Il blâma beaucoup ; loua très peu, s’informa si nous avions l’enseignement religieux et depuis quand. Demanda à ma mère, la directrice, quels étaient ses titres, ne voulant pas, dit-il des institutrices non diplômées dans son école (14).

15Elles sont considérées avec mépris, par les représentants de l’Italie au Maroc, « due vecchie maestre senza coltura » [deux vieilles maîtresses sans culture] (5). Elisa est appelée par le nouveau ministre italien Vannutelli Rey, une femme « dell’isola dei Sardi, dei caci e dei bugiardi » [de l’île des Sardes, des fromages et de menteurs] (15). Ses origines sardes lui sont reprochées à plusieurs reprises, par exemple par le nouveau directeur de l’hôpital italien « qui jugea qu’étant sarde je n’étais pas italienne, les Piémontais seuls ayant droit à la nationalité » (19). Les deux enseignantes sont donc progressivement marginalisées et Elisa est remplacée par un professeur venant de Tunis peu compétent en français et en arabe. L’intolérance et le racisme remplacent l’esprit de dialogue et d’ouverture. L’école est maintenant dans les mains des religieuses qui imposent la religion catholique à tous les élèves suscitant l’indignation des parents d’élèves d’autres confessions, notamment des juifs et des musulmans. Les professeurs « se montraient insolents envers les musulmans » (22), et aussi envers les juifs :

Le racisme nous prit aussi une bonne quantité d’élèves. Les Israélites, les pauvres naturellementfurent considérés avec mépris, leurs enfants placés au dernier rang de la classe. Une institutrice dont je tais le nom, dit un jour à une élève européenne qui ne daignait de s’asseoir près d’une petite amie israélite : Ne t’assois pas à côté d’elle, elle est juive et pue, et elle est voleuse comme tous les juifs (26).

16Citant ses souvenirs partagés dans son livre inédit Jacob Sarfati, « histoire d’une famille israélite au Maroc », elle raconte « comment on détruisait l’école par l’ignorance des croyances et des coutumes du pays et par une intolérance que les Tangérois gens extrêmement tolérants n’admettaient pas, qu’ils ne comprenaient même pas » (26).

17Dans plusieurs de ses Miettes, elle exprime sa condamnation des dictatures européennes, notamment du fascisme italien : « Chien hargneux qui aboie encore/ Avant de se retirer dans sa miche » (« Fascisme aujourd’hui », 25) et de son chef dont elle dénonce la cruauté, ainsi qu’un système de pouvoir totalitaire :

Mussolini
Autoritaire, violent, cruel
Sa plus grande faute fut d’ignorer
Les limites de sa puissance
Et celle de ses finances
N’admettant d’autre grandeur
Que la force et d’autre force
Que la sienne (74)

et du nazisme avec le délire de puissance de son dirigeant, Hitler (« Lorsque tu auras conquis le monde, / Te restera-t-il autre chose qu’un tombeau ? » [76]. En même temps elle déplore toute la souffrance provoquée aux êtres humains par l’Occident,

Civilisation d’Occident

Progrès cimentés par le sang
Et les larmes
Sciences basées sur la souffrance
Des êtres
Civilisation sans Dieu, sans idéal
Qui s’écroule aujourd’hui
Dans le sang et les larmes (48)

L’École Musulmane libre d’Abdallah Guennoun

  • 5 Le procès qu’elle va alors intenter contre cette association va se conclure après vingt-trois ans, (...)
  • 6 Cf. l’article de Manuel Cruz Fernandez in España, 328, 21/10/1964 (cité in Tamburlini 2010).

18Renvoyée de l’école italienne en 19285, EC commence une activité intense d’écriture, collaborant à plusieurs journaux marocains et internationaux. Parallèlement, dans les années 1940 elle enseigne le français et l’arabe à l’École Musulmane Libre, fondée en 1936 par son ami Abdallah Guennoun (1910-1989), théologien, responsable politique, historien, écrivain, poète, militant nationaliste et associatif, fondateur d’écoles, d’instituts d’études et de bibliothèques, membre des plus hautes instances marocaines. Il l’appelait “ma sœur” et elle “mon frère”. En raison de sa profonde connaissance des textes sacrés, EC est considérée fquia (docteur en sciences coraniques)6.

19Guennoun était la personnalité la plus emblématique de Tanger au XXe siècle, pourtant méconnue du grand public, ayant joué un rôle hors du commun dans la vie politique et intellectuelle de Tanger et du Maroc (Tozy & El Maleh 117). Il a dirigé le Comité d’Action Marocaine jusqu’à la scission de 1937 et, en 1940, il a rejoint le parti national pour la réalisation du plan des réformes. Il a été entre autres le premier Gouverneur de Tanger après l’indépendance en 1956 et, en 1961, le premier chef de la Ligue des Oulémas du Maroc. Il publia entre 1927 et 1928 une monographie d’un Maroc patriotique intitulée An Nubûgh Al Maghribi [Le Génie marocain] où il met en valeur l’excellence de la pensée et de la littérature marocaines. Il a été membre des plus grandes universités arabes : Le Caire, Damas, Bagdad, Amman (Zekri).

20Son activité politique et culturelle avait pour objectif celui de « contrer l’infiltration de valeurs étrangères au sein de la société tangéroise » (Zekri). Dans ce but il créa « une école libre pour diffuser ses idées nationalistes en 1936 », et ensuite « un Institut d’études religieuses en 1945 (l’Institut Islamique) toujours avec l’objectif de défendre les Tangérois contre les excès de la colonisation » (Zekri).

21Dans une interview accordée à M. P. Tamburlini le 14 octobre 2010, Abdissimad Achab, le directeur de la Bibliothèque Abdallah Guennoun, élève d’EC dans l’École de Guennoun, explique que cette école « fondée sur des idées libérales », était née au début comme une école apparemment religieuse, à cause des difficultés rencontrées pour ouvrir une école publique :

En effet A. Guennoun s’était heurté à des difficultés bureaucratiques pour ouvrir une école publique et donc il avait accepté l’aide d’Allal Al Fassi, un célèbre leader politique (fondateur du parti Istiqlal) qui promulgua (lui-même ou le Sultan ?) un dahir, une loi concernant l’ouverture d’une école apparemment religieuse, née grâce à la volonté, à l’engagement et à l’aide financière de nombreux notables nationalistes de l’époque. En réalité cette école était fondée sur des idées libérales et prévoyait quatre ans de scolarisation et des matières comprenant la littérature arabe, les langues étrangères, l’histoire, la géographie, la musique et le théâtre. Au début, ouverte seulement pour les garçons, plus tard quelques rares filles y furent admises (Tamburlini 2010).

  • 7 Entretien inédit accordé à M. P. Tamburlini, le 24 mai 1997. Cf. aussi Le Journal de Tanger, 26/12/ (...)
  • 8 Neveu d’Emily Keen (1850 – Tanger, 11 décembre 1944), il fut placé entre 1929-1936 en résidence for (...)

22Plusieurs personnalités tangéroises ont témoigné au sujet de cette collaboration d’EC avec Guennoun. Larbi Yacoubi (1930-2016), artiste tangérois, comédien et costumier pour le cinéma et le théâtre, ayant fréquenté l’École Musulmane Libre (1945-1946), se souvient d’EC qui enseignait le français, en chantant des chansons comme « sur le pont d’Avignon »7. Moulay Idriss, cherif d’Ouazzane, affirme qu’EC fréquenta Guennoun afin d’apprendre l’arabe, la religion musulmane, l’histoire. Selon lui elle était « un libre penseur. Dans son profond elle était musulmane, même si extérieurement elle était catholique »8.

  • 9 Président de El Ana (organisme de bienfaisance pour les handicapés physiques, sis au Marshan) et di (...)

23Abdellhamid Bouzid9, dans son “Hommage à Elisa Chimenti” (13 février 1998), à l’occasion de la cérémonie de clôture de la rencontre “Elisa Chimenti : mémoires et créations d’une femme méditerranéenne”, souligne le courage qu’il fallait à l’époque à enseigner dans une école nationaliste :

En plus de ses responsabilités d’éducatrice à l’École Italienne, Elisa Chimenti s’est portée volontaire pour l’enseignement du français à l’école Musulmane Libre fondée par son grand ami l’illustre savant Abdellah Guennoun. Enseigner dans une école libre notoirement nationaliste dirigée par une personnalité dont l’œuvre littéraire était interdite par l’Administration Coloniale, était un acte de bravoure dans le Maroc de l’époque. Les anciens élèves de ladite école dont certains occupent actuellement des responsabilités de haut rang, gardent de leur petite maîtresse de français le meilleur des souvenirs (Bouzid).

  • 10 Journal de Tanger (10 septembre 1969). In Tamburlini, M. P. & Menon, M., p. 112.

24À partir des années 1940, EC était toujours présente parmi les autorités marocaines aux manifestations pour l’indépendance du Maroc, comme affirme A. Achab : « Elle avait participé aussi, en 1947, devant l’École Libre Musulmane à la manifestation où était présent le prince héréditaire Hassan II, défiant le protectorat et réclamant l’indépendance de son Pays, obtenue seulement en 1956 » (Tamburlini 2010). Son ami fraternel Guennoun était présent parmi les personnalités de la ville de Tanger qui se rendirent chez elle le jour de sa mort le 7 septembre 196910.

Anticolonialisme et amour pour le Maroc

25Très sensible à la cause nationaliste, elle dénonce, dans plusieurs de ses Miettes, le colonialisme (« Colonies / Moutons bons à tondre »,54) ainsi que les préjugés et le racisme des Européens au Maroc :

Européens au Maroc
Ignorance, inadaptation
Préventions, racisme (28).

Les Européens au Maroc
Seule note discordante dans un concert
Par ailleurs parfait (32).

26En même temps elle revendique la nécessité de s’opposer à la domination coloniale en s’identifiant avec les opprimés (“nous”) et leur résistance :

Le Maroc à l’Occident
À vos armes nous opposons une religiosité agressive (58).

Maroc
Un pays conquis où les âmes
Demeurent inconquises (20).

27Une critique profonde de la mentalité coloniale de certains membres de la communauté des Européens au Maroc est également au centre de son roman inédit Maria Grazia et le génie. La protagoniste du roman est en voyage par avion de la France en destination du Maroc, pour fuir les horreurs de la guerre. Pendant le vol, elle assiste à un dialogue entre deux autres femmes, très révélateur des stéréotypes et de l’ignorance de cette mentalité, opposant les « Européens / nous » civilisés aux « Marocains / ces gens » sauvages et superstitieux. Les Marocains sont un danger à éviter et à ignorer absolument, car en les fréquentant on risque d’en être contaminés :

– « Et les Marocains comment sont-ils ? »
– « Je ne saurais vous le dire, nous ne les fréquentons pas. Ils ne parlent pas notre langue et nous ne parlons pas la leur. Vous pouvez habiter vingt, trente ans dans n’importe quelle ville du Maroc sans jamais faire la connaissance d’un Marocain. Nous ignorons tout de ces gens : leurs foi, leurs mœurs, leurs aspirations, nous ne savons pas ce qu’ils pensent et cela vaut mieux car ceux qui les fréquentent finissent par s’ensauvager ».
– « S’ensauvager, comment ? »
– « Ceux qui en font leur société finissent par adopter leur langue, leurs mœurs et même quelques-unes de leurs croyances. Ils finissent par admettre comme des vérités d’Évangile les choses les plus invraisemblables. Pire encore, ils ne peuvent plus vivre en Europe ni même en Afrique avec des Européens ».
[…]
– « Et moi qui veut les approcher, apprendre à les connaître ».
– « Évitez-les autant que possible. Si vous ne leur donnez jamais l’occasion de vous parler de leurs superstitions... ».
– « Qu’arrivera-t-il si je leur permets de me parler de leurs superstitions ? »
– « Il vous arriverait malheur. Figurez-vous que nombre d’Européennes surtout celles qui sont depuis longtemps au Maroc admettent l’existence des génies, craignent les maléfices et offrent des dons aux saints du pays auxquels elles demandent des grâces qu’elles prétendent ensuite avoir reçues ».
– « Ainsi donc selon vous il faut éviter les gens du pays ».
– « Certes » (4).

28Au mépris envers les “indigènes”, exprimé par ces représentantes de la colonie européenne, elle oppose sa connaissance profonde du Maroc, de sa littérature et de son folklore, son admiration pour ce pays accueillant et généreux, qui est le sujet principal de toute son œuvre comme elle le déclare dans une note manuscrite inédite :

  • 11 Feuille inédite, in Varie, sept. 2019.

Chacun de ces livres rappelle dans sa beauté, sa grandeur, sa foi, sa poésie profonde et mystique, sa vaillance son gracieux Folklore, le Maroc d’autrefois afin que ceux qui viendront après puissent y penser avec amour et admiration, avec regret aussi car il fut accueillant et généreux et offrit asile sûr à ceux qui vinrent y chercher une protection, l’oubli, la paix, le charme d’un passé partout, ailleurs aboli11.

29Plusieurs de ses Miettes célèbrent ce pays, royaume de la nature et de la liberté :

Maroc d’autrefois
Un pays sans routes et sans maîtres (32).

Maghrib
Galop de chimères (41).

Le Maroc
Fête éternelle de couleurs
De clarté, de fleurs
D’air pur et de liberté (74).

Voyage au Maroc
Ivresse, sentiment de réveil
Sens d’une liberté perdue
Et reconquise (1).

30Tout en exaltant sa beauté, ses contrastes saisissants, entre ombres et lumière, richesse et misère (“ors” “pourpres”, “poussière ”, “boue”), débouchant dans la grande poésie « qui devient ascétisme » :

Maroc
Éclats de couleurs si intenses
Qu’il en devient blancheur
Blancheur qui devient pensée
Pensée qui devient poésie
Poésie qui devient ascétisme (59).

Le Maroc
Ombres profondes et transcendantes clartés
Merveilleux tableau où les ors et les pourpres
Dominent, où la poussière, la boue, les haillons
Sont des touches nécessaires
À la beauté de l’ensemble.

L’écriture comme talisman pour comprendre l’âme arabe : la cause des femmes marocaines

31Dans plusieurs textes et notes inédites, EC revendique son amour pour l’Islam, ainsi que “sa compréhension de l’âme arabe”, comme dans cette note biographique écrite à la troisième personne au début de son texte autobiographique, A Fairy Tale / Un conte de fées :

Madame Elisa Chimenti l’auteur de plusieurs livres sur le Maroc est de par son père, l’arrière-petite-fille du célèbre physicien anglais Lord Tiberio Cavallo. Elle descend de par sa mère, du vice-roi de Sardaigne Azzuni, et garde de ses ancêtres sardes, l’amour de l’Islam et la compréhension de l’âme arabe dont nul arcane ne lui est ignoré. Aussi ses livres sont-ils une image fidèle de la pensée, des croyances, des mœurs du Maroc (2).

32Elle propose de révéler à ses lecteurs ce monde mystérieux, à la fois si proche et si éloigné, comme elle le déclare dans un texte non publié de grand intérêt, Moorish Women Thirty Years Ago (1967). Pour ce faire, elle nous présente son écriture comme un talisman, une ketaba (écriture magique selon la tradition populaire marocaine) (3), qui permettra de comprendre l’âme secrète de ses habitants. En particulier le monde qu’elle veut nous dévoiler est celui des femmes marocaines et de leur maison, le harem, objet de mépris fondé sur de nombreux préjugés, de la part de certains écrivains occidentaux. Ce texte est emblématique de sa longue activité en défense des femmes marocaines, dans l’espoir de leur restituer la voix et de leur donner de la visibilité, tout en valorisant le patrimoine culturel dont elles sont les messagères. Comme les autres espaces fréquentés par les femmes, le harem qu’EC nous fait découvrir, grâce à son écriture-talisman, est un des lieux principaux où naissent et se partagent les contes, les légendes et les chants de ces femmes. C’est le lieu de la tradition orale féminine composite qu’EC transcrit, réécrit, traduit et transforme dans son immense laboratoire de l’écriture qui reste encore en grande partie à découvrir (Cederna 2019, 2022).

Conclusion

33C’est peut-être pour toutes ces raisons, pour son exploit énorme en faveur de ce monde et de cette culture, qu’EC a toujours été marginalisée par son pays d’origine. Italienne de naissance, mais naturalisée allemande par son malheureux mariage (1912), elle perdit sa nationalité italienne, et ne la récupéra jamais. Persécutée par le fascisme, ses mérites dans la diffusion de la culture italienne, tout comme son œuvre littéraire et historique, ne furent jamais vraiment reconnus, même pendant les années de la République. Elle tomba dans l’oubli après sa mort. Complètement ignorée par sa patrie d’origine, elle a du moins été appréciée à sa juste valeur par sa patrie d’adoption, comme le montrent ces mots écrits par un de ses amis au nom de tous les Marocains, en hommage à EC, écrivaine non seulement italienne mais aussi Marocaine tangéroise :

Elisa Chimenti n’est pas seulement italienne car elle fut aussi dans les faits et pour plusieurs raisons, une Marocaine tangéroise. Notre nationalité n’est pas toujours celle que l’Administration inscrit sur notre passeport, elle est plutôt celle du groupe humain avec lequel nous avons choisi de vivre, celui dont nous avons partagé les joies et les peines, celui que nous avons cherché à comprendre et avec lequel nous réalisons les idéaux de notre existence. Elisa Chimenti était tout cela et à ce titre nous Marocains réclamons sa tangéroisité.
Contrairement aux écrivains étrangers qui habitent Tanger en hôte de la ville, elle a vécu parmi nous, avec nous, très près de nous, à tel point que nous la croyions convertie à l’Islam dont elle avait d’ailleurs toutes les grandes valeurs.
Sa symbiose avec l’environnement provenait de l’intérêt inné qu’elle portait aux autres, de la grandeur de son âme et du modèle exemplaire du père pour qui la médecine était à la fois une profession et un apostolat (Bouzid).

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Notas

1 Il s’agit du Laboratoire Associé International (LAI) entre l’Université de Lille et La Sapienza de Rome.

2 Les persécutions subies par son père de la part des autorités italiennes sont évoquées par l’écrivaine dans certains de ses ouvrages inédits autobiographiques. Les principales informations biographiques sur EC ont été collectées par Maria Pia Tamburlini et Mirella Menon, dans le site de la Fondation Méditerranéenne Elisa Chimenti (FMEC). Je vais me référer aux documents originaux conservés auprès du vice-consulat général de Tanger (AVCGIT), publiés dans Archivio (8/2/1998).

3 Tout en étant un texte très autobiographique, il n’y a cependant aucun témoignage historique à propos d’une éventuelle conversion d’EC, qui est enterrée dans le cimetière catholique de Tanger.

4 Malheureusement il ne reste aucune trace de ses œuvres qui furent apparemment détruites pendant la guerre.

5 Le procès qu’elle va alors intenter contre cette association va se conclure après vingt-trois ans, en 1950, par une liquidation avec un somme dévaluée (Tamburlini 2010).

6 Cf. l’article de Manuel Cruz Fernandez in España, 328, 21/10/1964 (cité in Tamburlini 2010).

7 Entretien inédit accordé à M. P. Tamburlini, le 24 mai 1997. Cf. aussi Le Journal de Tanger, 26/12/1981.

8 Neveu d’Emily Keen (1850 – Tanger, 11 décembre 1944), il fut placé entre 1929-1936 en résidence forcée à Kenitra pour avoir participé à une manifestation d’étudiants, quand fut emprisonné Allal El Fassi, fondateur du parti nationaliste, Istiqlal [indépendance], interdit en 1937. Entretien inédit accordé à M. P. Tamburlini (1997).

9 Président de El Ana (organisme de bienfaisance pour les handicapés physiques, sis au Marshan) et directeur de la Rentistica, une importante compagnie immobilière de Tanger, fondée dans les années 1930 (Tamburlini 2010).

10 Journal de Tanger (10 septembre 1969). In Tamburlini, M. P. & Menon, M., p. 112.

11 Feuille inédite, in Varie, sept. 2019.

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Para citar este artículo

Referencia en papel

Camilla M. Cederna, «Elisa Chimenti (Naples 1883-Tanger, 1969) : écrivaine en exil, arabophile et antifasciste»Oltreoceano, 20 | 2022, 171-185.

Referencia electrónica

Camilla M. Cederna, «Elisa Chimenti (Naples 1883-Tanger, 1969) : écrivaine en exil, arabophile et antifasciste»Oltreoceano [En línea], 20 | 2022, Publicado el 25 junio 2023, consultado el 10 diciembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oltreoceano/413; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/oltreoceano.413

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Autor

Camilla M. Cederna

Camilla M. Cederna est maîtresse de conférences HDR en langue, littérature et civilisation italiennes à l’Université Lille. Elle est responsable, en collaboration avec l’Université La Sapienza, du Laboratoire Associé International « L’écriture de l’exil au féminin » (LAI) et dirige le projet de recherche et d’édition des inédits d’Elisa Chimenti. Elle a publié plusieurs articles sur la circulation du théâtre et des idées en Europe (XVIIe-XVIIIe siècles). Parmi ses ouvrages, Imposture littéraire et stratégies politiques : le Conseil d’Égypte des Lumières siciliennes à Leonardo Sciascia (Paris, 1999).
camilla.cederna[at]univ-lille.fr

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