1La géographie sociale est un champ de la disciplinaire assez bien implanté dans les universités françaises et canadiennes. Toutefois, à notre connaissance, à l’exception de Di Méo (2014), Di Méo et Buléon (2004) et de Séchet et Veschambres (2006), aucun manuel de géographie sociale n’a été publié dans les dernières décennies.
2Mais voilà que trois géographes de l’Université de Paris-Est-Créteil nous offrent en 2021 un ouvrage de géographie sociale. Et celui-ci se distingue considérablement de ceux publiés auparavant dans le monde francophone. En effet, les théories, approches et concepts abordés correspondent parfaitement aux grands enjeux sociaux contemporains. Autre atout majeur de ce livre, il incorpore des outils d’autres disciplines des sciences sociales et courants de pensées français et d’ailleurs.
3Géographie sociale est bien organisé. Il compte trois grandes parties. Chacune d’elles compte environ trois chapitres, lesquels sont divisés en deux, trois ou quatre chapitres. La première section traite de l’évolution de la géographie sociale, surtout depuis les années 1960, à travers les approches françaises et anglo-saxonnes, pour ensuite traiter des principaux concepts, ceux-là surtout orientés vers les inégalités sociales et spatiales, ce qui est, selon nous, fondamental considérant les problématiques actuelles criantes. Cette partie se termine par une présentation des méthodes de recherche, principalement qualitatives et, ce qui est fort intéressant, des questions d’éthiques en recherches sociales. La seconde partie de l’ouvrage aborde ce que les auteurs appellent des « positions et trajectoires sociales ». Ici, il est question d’éducation scolaire jusqu’à l’université, de sa démocratisation et de sa marchandisation, des dimensions spatiales du travail, des temps libres et des loisirs, de même que des migrations. Tel qu’il se doit, les dimensions relatives au genre, aux inégalités sociales y sont abordées. La troisième et dernière partie s’intitule « L’espace comme cadre et enjeu des pratiques et rapports sociaux ». Cette partie met bien en relief l’apport de l’ouvrage en ce qui a trait aux questions sociospatiales courantes et urgentes : les indésirables (personnes marginalisées telles que les sans-abri) dans la ville, les divisions sociales et les espaces résidentiels, les militants, etc.
4Ajoutons que chacun des chapitres contient des objectifs d’apprentissage, des définitions de concepts, une synthèse, des lectures suggérées de même que des notions à maîtriser. Ainsi, les auteurs ont fait montre d’un souci pédagogique.
5Géographie sociale de Blanchard, Estebanez et Ripoll représente un apport de taille, un grand pas en avant dans ce champ. Les auteurs incorporent les théories et concepts les plus récents en sciences sociales, et ce, tant francophones qu’anglo-saxons, et ils les appliquent à des études de cas bien d’actualité. À notre avis, il s’agit d’un incontournable en géographie sociale.