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Étudier, conserver, valoriser l’objet : de l’importance d’une démarche commune

Veille sanitaire, conservation et restauration du patrimoine mégalithique

La situation des monuments nationaux de Carnac et Locmariaquer (Morbihan)
Olivier Agogué et Émilie Heddebaux
p. 65-70

Résumés

Les sites mégalithiques, à la croisée d’approches patrimoniales, archéologiques, architecturales, paysagères et touristiques, sont des objets complexes du point de vue de leur conservation, ce qui implique l’intervention de différents métiers pour permettre leur préservation à long terme. À travers des exemples d’observations et d’une première expérience de chantier-école sur les monuments mégalithiques nationaux de Carnac et Locmariaquer (Morbihan), l’article illustre l’apport complémentaire des métiers de conservateur du patrimoine et de conservateur-restaurateur au sein de la chaîne de veille et de protection de ce patrimoine plurimillénaire.

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Texte intégral

1Les monuments mégalithiques font partie du territoire breton et de la vie de ses habitants depuis la Préhistoire. Ce sont évidemment des structures archéologiques reconnues et fouillées anciennement (au moins pour les plus spectaculaires), et leur constitution en pierre laisse penser qu’ils peuvent résister à tout. Ceci explique que, malgré l’attention qui leur est portée depuis plus d’un siècle, ce patrimoine n’a pas toujours, ou du moins insuffisamment, été considéré du point de vue de sa conservation, alors que les choix faits pour faciliter leur mise en tourisme, justifiée par l’attractivité du littoral morbihannais, ont pu entraîner des changements structurels et modifier plus ou moins sensiblement leur équilibre plurimillénaire.

2La question de la conservation des monuments mégalithiques est un enjeu national et européen. Les destructions et altérations récurrentes ont motivé en 2009 l’organisation d’un séminaire intitulé « Les sites mégalithiques : conservation et mise en valeur, un enjeu européen », qui a fait l’objet d’une publication en 2018 (Leduc 2018). Un article est d’ailleurs consacré aux projets de conservation menés par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Bretagne sur les sites du Morbihan (Boujot 2018). Le présent article décrit la situation des monuments mégalithiques nationaux du sud du département et des exemples de projets engagés en vue de leur conservation-restauration, afin de réfléchir et de mettre en œuvre un mode opératoire efficace pour faire face à la grande quantité de vestiges à préserver dans ce secteur géographique.

Les acteurs de la conservation du patrimoine mégalithique

3Dans le sud du Morbihan, où abondent des mégalithes qui sont à la fois un enjeu patrimonial et un enjeu touristique, de nombreux intervenants ont chacun un rôle sur leur préservation à plus ou moins long terme, avec un impact plus ou moins directement observable.

4Outre les services déconcentrés de l’État qui, sous l’autorité du Préfet, déclinent la politique nationale en matière patrimoniale (Drac) et en matière d’aménagement du territoire et de la protection de l’environnement (Direction départementale des territoires et Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), des établissements publics nationaux sont en charge de la protection et la valorisation de propriétés patrimoniales (Centre des monuments nationaux, Cmn), d’espaces naturels (Conservatoire du littoral) et de la gestion forestière (Office national des forêts). Les collectivités territoriales peuvent également être propriétaires de sites archéologiques.

5Les architectes en chef des monuments historiques et les architectes du patrimoine se voient confier, le cas échéant, la réalisation d’aménagements sur les monuments, sous le contrôle de la Conservation régionale des monuments historiques (Crmh). Le laboratoire de recherche des monuments historiques (Lrmh), service à compétence nationale du ministère de la Culture, est chargé de mener des études scientifiques et techniques sur la conservation et les traitements à appliquer aux matériaux constitutifs des édifices patrimoniaux. Les opérateurs de la restauration (conservateurs-restaurateurs, restaurateurs du bâti, sculpteurs, etc.), ont un impact matériel sur la conservation des matériaux du patrimoine. Ils peuvent aussi constituer un relais local pour le Lrmh et travaillent sous contrôle des acteurs de la conservation du patrimoine. Les acteurs de la recherche (Cnrs, universités, etc.) peuvent avoir un rôle très direct, toute opération de fouille archéologique étant potentiellement destructrice, bien que raisonnée.

6Des associations interviennent également sur différentes thématiques. Certaines, comme la Société polymathique du Morbihan, fondée à Vannes en 1826, ont joué un rôle majeur dans la reconnaissance et l’étude du patrimoine mégalithique. Parmi les structures associatives, il faut distinguer Paysages de mégalithes, créée en 2012, qui fédère les partenaires et porte le projet d’inscription des mégalithes de Carnac et des Rives du Morbihan au Patrimoine mondial de l’Unesco1.

7De nombreux mégalithes sont des propriétés privées et certains échappent encore à une protection au titre des monuments historiques. La sensibilisation des propriétaires est donc cruciale. Les acteurs touristiques s’appuient sur la renommée internationale de ce patrimoine dont la fréquentation doit être régulée. Enfin, le public, local ou lointain, est le premier maillon de la chaîne. Il peut jouer un rôle positif de veille et de surveillance mais aussi avoir un rôle négatif, en dégradant consciemment ou inconsciemment (érosion par frottements ou piétinement, etc.) des monuments dont il ignore la fragilité, voire la présence.

8Cette liste, sans prétention d’exhaustivité, illustre à elle seule la difficulté de la tâche en matière de conservation concertée d’un patrimoine qui se trouve à la croisée de tant de dynamiques sinon contraires, du moins potentiellement en tension. Dans cet ensemble, nous nous attacherons dans cet article aux missions complémentaires du conservateur du patrimoine et du conservateur-restaurateur.

9Ce n’est pas lieu ici d’entrer dans le détail du statut de conservateur du patrimoine et de ses différentes spécialités mais il convient de préciser que, en tant qu’expert et « manageur » patrimonial, le cadre législatif et réglementaire, et notamment le Code du patrimoine, lui confère une position de pilotage et coordination. Par rapport aux architectes des bâtiments de France, autres maillons incontournables de la chaîne patrimoniale du côté de l’aménagement et de la protection du bâti, il joue un rôle pivot en matière de recherche scientifique et de conservation.

10Ainsi, l’administrateur du Centre des monuments nationaux encadre une équipe en charge de la sécurité, de la sûreté, de l’entretien, de la mise en valeur et en tourisme des sites mégalithiques de Carnac et de Locmariaquer, qui jouissent d’une renommée internationale. Il agit en concertation avec les acteurs précités et il est le garant d’un équilibre entre les enjeux.

11Le métier de conservateur-restaurateur, appelé aussi restaurateur du patrimoine, existe depuis une quarantaine d’années. En 1984 à Copenhague (Danemark), le Conseil international des musées2 en a donné une définition, précisée en 2003 par la Confédération européenne des organisations de conservateurs-restaurateurs ou Ecco, selon son acronyme anglais3 :

« Le rôle fondamental du conservateur-restaurateur est de préserver les biens culturels au bénéfice des générations présentes et futures. Le conservateur-restaurateur contribue à la compréhension des biens culturels dans le respect de leur signification esthétique et historique et de leur intégrité́ physique. Le conservateur-restaurateur a pour mission l’examen diagnostique, les traitements de conservation préventive et curative, et de restauration du bien culturel et la documentation de ces interventions. »

12Cet expert intervient en mission de conseil, d’étude préalable et de traitement de conservation-restauration auprès des responsables de la conservation du patrimoine archéologique, domaine collégial qui exige une concertation soutenue entre plusieurs corps de métiers.

Brève histoire du mégalithisme

13De manière très synthétique, le mégalithisme peut être défini comme le fait de mobiliser des pierres de gros volume ou de gros volumes de pierres dans des constructions architecturales à vocation symbolique ou funéraire. De nombreux auteurs se sont attachés au cours du temps à l’expliciter (pour les plus récents, cf. par exemple Boujot & Vigier 2012 ; Cassen 2009a ; Guilaine 1999 ; Laporte et al. 2018 ; Mohen 1997…).

14S’il s’agit d’un phénomène mondial, qui se développe dans différents contextes et types de sociétés et à des époques bien différentes (Joussaume 1985), sur la façade atlantique il est directement lié à l’implantation des premières communautés agricoles au cours du Néolithique, entre 5000 et 2500 av. J.-C. Il témoigne notamment de la volonté d’édifier des constructions pérennes qui structurent et marquent durablement le paysage.

15Le secteur « Golfe du Morbihan – Baie de Quiberon » se distingue par une grande densité de monuments et, surtout, par une diversité sans égale des types d’architecture. Les grandes files de pierres dressées sur plusieurs kilomètres et pouvant comporter plus d’une dizaine de lignes, dont les alignements de Carnac sont les plus connus (fig. 1), et les exceptionnels tumulus géants à caveaux fermés et mobilier précieux, qui peuvent dépasser 100 mètres de long et 10 mètres de haut et sont parfois dits « tumulus carnacéens » (Giot et al. 1979), sont sans équivalent au plan mondial. Le tumulus Saint-Michel de Carnac en est le parangon (fig. 2).

Fig. 1. Carnac, vue aérienne des alignements du Ménec depuis le sud-ouest.

Fig. 1. Carnac, vue aérienne des alignements du Ménec depuis le sud-ouest.

© 4V/Cmn.

Fig. 2. Carnac, le tumulus Saint-Michel.

Fig. 2. Carnac, le tumulus Saint-Michel.

© Philippe Berthé/Cmn.

16La monumentalité est toutefois à relativiser : s’il existe, au sud du Morbihan, des mégalithes très ostentatoires et spectaculaires (fig. 2 et 3), il y a aussi des structures discrètes de faible relief ou élévation, si peu visibles (fig. 4) que certaines d’entre elles ont été détruites sans intention de nuire, simplement parce qu’elles n’étaient plus perceptibles.

Fig. 3. Carnac, pierre dressée dite « le Géant du Manio ».

Fig. 3. Carnac, pierre dressée dite « le Géant du Manio ».

© Bernard Renoux/Cmn.

Fig. 4. Erdeven, tertre de Lannec-er-Gadouer.

Fig. 4. Erdeven, tertre de Lannec-er-Gadouer.

© Pierre Converset/Cmn.

17Le Morbihan se distingue aussi par l’ancienneté des explorations et recherches archéologiques qui s’y mènent : les mégalithes intriguent les érudits au moins depuis le xviiie siècle ; les premières fouilles d’ampleur ont été conduites dans la seconde moitié du xixe siècle et se sont poursuivies de façon soutenue jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (Cf. par exemple Le Rouzic 1965). Si elles ont permis la reconnaissance et la protection du patrimoine mégalithique, elles ont aussi entraîné, dès le début, sinon des restaurations, à tout le moins des consolidations.

Altérations, consolidations et restaurations

18Dès le Néolithique, les monuments mégalithiques ont évolué par modifications, agrandissements, accrétions : voir par exemple Petit Mont à Arzon (Lecornec 1985), Gavrinis à Larmor-Baden (Grimaud 2015), Barnenez à Plouézoc’h (Cousseau 2017 ; Laporte et al. 2017), etc. Au cours du long temps qui s’est écoulé entre leur construction et l’époque actuelle, ils ont évidemment subi de profondes modifications. Leur abandon a parfois entraîné leur dissimulation, parfois leur ruine et la réutilisation de leurs matériaux constitutifs, sinon leur destruction.

19Les altérations affectant les monuments mégalithiques de la région de Carnac sont nombreuses et variées. Elles sont également actives à différentes vitesses et dynamiques, suivant la nature pétrographique de leurs éléments constitutifs, bien souvent de granite, les facteurs qui les affectent, et leur environnement. Les architectures peuvent présenter des problèmes structurels macroscopiques : effondrements, instabilités, fissurations, cassures, etc. Mais les pierres peuvent aussi souffrir de problèmes plus discrets, internes ou de surface : fissuration fine, desquamation, désagrégation, érosion…

  • 4 Journal officiel de la République Française, 23 novembre 1879, p. 10 330.

20Les facteurs d’altération peuvent être d’ordre environnemental ou d’ordre anthropique. Le constat de destruction de monuments mégalithiques de Carnac et de sa région dès la fin du xixe siècle a conduit l’État à mener de grandes campagnes d’inventaire, d’acquisition et de classement au titre des monuments historiques, notamment grâce à la création, en 1879, de la sous-commission des monuments mégalithiques4. La volonté de sauvegarde de ce patrimoine est ancienne et des restaurations ont été exécutées dès la fin du xixe siècle et tout au long du xxe siècle. Les dernières grandes campagnes de restauration ont eu lieu dans les années 1980-1990, à la faveur de fouilles engagées sur trois monuments mégalithiques : Gavrinis à Larmor-Baden, La Table des Marchands à Locmariaquer et Petit-Mont à Arzon.

21Depuis la seconde moitié du xxe siècle, les approches de restaurations du patrimoine bâti ont changé d’angle. Les notions de conservation sont aujourd’hui mises en avant et les principes de préservation du matériau originel sont privilégiés dans les projets de restauration. Cette évolution relève d’un mouvement transdisciplinaire d’ensemble, qui a vu le jour grâce à l’affinement des études sur le bâti ancien et la conservation de ses matériaux constitutifs, ainsi qu’à l’approfondissement des savoirs et savoir-faire techniques (Bigas 2009).

22Le monde du mégalithisme et de sa conservation s’inscrit dans ce mouvement. Les travaux récents montrent que l’étude approfondie des monuments et du bâti associé permet d’orienter les opérations de conservation-restauration en les fondant des bases solides (Cassen 2009b ; Grimaud 2015 ; Cousseau 2017).

Un essai de solution pragmatique : le chantier école

23L’une des premières étapes de cette démarche est de poser un diagnostic préalable de conservation. En juin 2019, un premier chantier-école de restaurateurs du patrimoine a été organisée à Carnac. Né d’un partenariat entre le Centre des monuments nationaux et l’association Paysages de mégalithes à Carnac, cette expérience avait pour but de tester des protocoles d’observation des désordres affectant les monuments mégalithiques. Deux écoles forment des conservateurs-restaurateurs du patrimoine : l’antenne de Tours de l’esad TALM5 et l’antenne d’Aubervilliers de l’Institut national du patrimoine (Inp)6. Treize étudiantes inscrites en 1re, 2e et 3e année dans la spécialité « sculpture » sont venues observer les altérations affectants ces monuments et elles les ont décrites après avoir échangé sur les protocoles à suivre et la manière d’aborder le patrimoine mégalithique. Elles ont été accueillies, sensibilisées et informées des objectifs de leur travail par Olivier Agogué, conservateur et administrateur des sites. Trois conservatrices-restauratrices les encadraient sur le terrain : Jeanne Cassier pour l’esad TALM de Tours, Guylaine Mary pour l’Inp et Émilie Heddebaux au titre de l’association Paysages de mégalithes.

24Trois sites aux problématiques différentes, gérés par le Cmn, ont été sélectionnés. Sur la base d’un constat d’état général dressé pour chacun d’entre eux, l’objectif était de répondre, au cas par cas, à des interrogations sur l’étendue de quelques phénomènes ciblés. Des formulaires de constat d’état détaillés et un glossaire photographique des altérations, élaborés au préalable par Émilie Heddebaux, ont servi d’outil pour documenter les désordres, que des relevés graphiques réalisés sur le terrain ont permis de localiser. Le glossaire des altérations a été élaboré sur la base du glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre publié par le Comité scientifique international pour la pierre du Conseil international des monuments et des sites7 (ICOMOS-ISCS 2008), et adapté à celles observées dans le secteur de Carnac.

25L’alignement du Petit Ménec à La-Trinité-sur-Mer a fait figure de test sur la question du traitement de masse. Comment réussir à formuler des observations pertinentes sur autant de pierres, et comment en sortir une synthèse de l’état général ? Les étudiantes, réparties sur six zones, ont observé les recouvrements biologiques en fonction du couvert végétal ainsi que des désordres de surface (fig. 5).

Fig. 5. Travail dans les alignements du Petit-Ménec à La-Trinité-sur-Mer.

Fig. 5. Travail dans les alignements du Petit-Ménec à La-Trinité-sur-Mer.

© E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.

26Le deuxième monument est l’allée couverte de Kerlescan à Carnac. Trois étudiantes ont observé les désordres structurels des parois de pierres sèches de ce dolmen, ainsi que les altérations de surface des orthostates et pierres dressées du péristalithe (fig. 6).

Fig. 6. Travail dans le dolmen de Kerlescan à Carnac.

Fig. 6. Travail dans le dolmen de Kerlescan à Carnac.

© E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.

27Dans la même commune, l’ensemble mégalithique de Mané Kerioned présentait l’intérêt de pouvoir établir une comparaison entre les états des deux dolmens à l’air libre et du dolmen enfoui. Celui-ci a subi, dans les années 1930, une restauration extensive avec ajout de matériaux exogènes qui peuvent diffuser des éléments interagissant avec les matériaux constitutifs du vestige archéologique. L’objectif était donc de noter les désordres de surface (fig. 7) et de tenter d’identifier les recouvrements et dépôts superficiels du dolmen enfoui, notamment par des tests de présence de sels solubles.

Fig. 7. Relevé sur formulaire et tablette dans l’un des dolmens de Mané Kerioned à Carnac.

Fig. 7. Relevé sur formulaire et tablette dans l’un des dolmens de Mané Kerioned à Carnac.

© E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.

28En une semaine, une grande quantité de données a été enregistrée, permettant une veille sur l’évolution de certaines pathologies. Les méthodologies de constat et les protocoles d’acquisition des données doivent encore être affinés et prolongés par une réflexion sur l’utilisation de nouveaux outils d’enregistrement, afin de rendre l’exercice efficace et aisément reproductible.

29Parallèlement à ce chantier-école de futures professionnelles en formation, un travail continu de veille et d’analyse est mené sur les sites majeurs et très visités. C’est le cas du dolmen de la Table des Marchands à Locmariaquer, où le Lrmh a installé une station mesurant le climat et l’hygrométrie à l’intérieur et à l’extérieur du monument il y a quelques années. D’autre part, un protocole de suivi régulier, en cours d’élaboration, va être mis en œuvre par les agents en charge des visites, qui sont présents tous les jours et donc les mieux à même de percevoir les évolutions. L’objectif est ici de se donner le temps de comprendre les phénomènes à l’œuvre pour proposer les meilleurs moyens de les corriger le cas échéant.

De l’importance du diagnostic préalable

30Toute modification apportée à un vestige archéologique a un effet, positif ou négatif, sur sa stabilité. Un diagnostic préalable est donc nécessaire avant toute prise de décision, non seulement pour identifier des pathologies mais aussi pour documenter le suivi de conservation du monument à long terme. Le chantier-école permet de tester des méthodologies afin de poser des bases d’un tel diagnostic, qui devra être appliqué à un très grand nombre de vestiges (pour mémoire, les seuls alignements de Carnac comportent près de 3 000 pierres dressées). Les observations récoltées vont permettre aux tutelles de discriminer les urgences, d’identifier les situations prioritaires, de les analyser pour identifier et traiter les causes de dégradations puis, sur la base du diagnostic complet, de mettre en place des projets de conservation visant à stabiliser l’équilibre des monuments.

31Les mégalithes forment un patrimoine universel et exceptionnel, bien commun de l’humanité. Il est essentiel que tous les acteurs de la conservation œuvrent de concert à les perpétuer afin qu’ils ne se dégradent pas davantage en quelques années qu’ils ne l’ont été depuis plusieurs milliers d’années, et puissent rester à l’avenir les marqueurs symboliques qu’ils ont « toujours » été dans le paysage.

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Bibliographie

Bigas, J.-P. (dir.). 2009. Pierre et Patrimoine. Arles, Actes Sud.

Boujot, C. & Vigier, E. 2012. Carnac et environs. Architectures mégalithiques. Paris, Éditions du Patrimoine (coll. « Guides archéologiques de la France »).

Boujot, C. 2018. « Nature fragile du patrimoine mégalithique. Exemples des projets de conservation et de mise en valeur des sites morbihannais ». In : M. Leduc (dir.), Les sites mégalithiques : conservation et mise en valeur, un enjeu européen, actes du séminaire sur la conservation et la mise en valeur de sites mégalithiques, 11-20 novembre 2009. Toulouse, Archives d’écologie préhistorique : 101-112.

Cassen, S. 2009a. Exercice de stèle : une archéologie des pierres dressées. Réflexion autour des menhirs de Carnac. Paris, Éditions Errance.

—. (dir.). 2009b. Autour de la Table. Explorations archéologiques et discours savants sur des architectures néolithiques à Locmariaquer, Morbihan (Table des Marchands et Grand Menhir). Nantes, Laboratoire de recherches archéologiques/CNRS/Université de Nantes.

Cassen, S. & Grimaud, V. 2017. « Les représentations symboliques néolithiques à travers la gravure sur pierre. Carnac et le phénomène des mégalithes bretons », Dossiers d’archéologie, hors-série n° 32 : 60-67.

Cousseau, F. 2017. Archéologie du bâti mégalithique dans l’ouest de la France, thèse de doctorat de l’université de Rennes-I, 2 vol. , 903 p.

Giot, P.-R., L’Helgouac’h, J. & Monnier, J.-L. 1979. Préhistoire de la Bretagne. Rennes, éditions Ouest-France.

Grimaud, V. 2015. Réexplorer et valoriser les architectures funéraires monumentales du néolithique de l’Ouest de la France : étude du cairn de Gavrinis, thèse de doctorat de l’université de Nantes, 2 vol. , 547 p.

Guilaine, J. (dir.). 1999. Mégalithismes de l’Atlantique à l’Éthiopie. Séminaire du Collège de France. Paris, Éditions Errance.

ICOMOS-ISCS. 2008. Illustrated Glossary on Stone Deterioration/Glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre. Paris, ICOMOS (coll. « Monuments and sites », 15).

Joussaume, R. 1985. Des dolmens pour les morts. Les mégalithismes à travers le monde. Paris, Hachette.

Laporte, L., Cousseau, F., Ramírez, P. B., Balbín Behrmann, R. de & Gouézin, P. 2017. « Le douzième dolmen de Barnenez : destructions et reconstructions au sein d’une nécropole mégalithique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 114, n° 1 : 93-114.

Laporte, L., Fromont, N., Ghesquière, E., Marcigny, C., Tinevez, J.-Y., Blanchet, S., Jallot, L. & Wattez, J. 2018. « Maison des morts, maison des vivants : une illustration à travers les vestiges néolithiques de la façade Atlantique au ve millénaire av. J.-C ». In : O. Lemercier, I. Sénépart, M. Besse & C. Mordant (dir.), Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, actes des IIe Rencontres Nord/Sud de Préhistoire récente, Dijon, 19-21 novembre 2015. Toulouse, Archives d’Écologie Préhistorique : 157-170.

Lecornec, J. 1985. « Le complexe mégalithique du Petit-Mont à Arzon (Morbihan) », Revue archéologique de l’Ouest, n° 2 : 47-63.

Leduc, M. (dir.). 2018. Les sites mégalithiques : conservation et mise en valeur. Un enjeu européen : actes du séminaire sur la conservation et la mise en valeur de sites mégalithiques, 11 au 20 novembre 2009. Toulouse, Archives d’Écologie Préhistorique.

Le Rouzic, Z. 1965. « Inventaire des monuments mégalithiques de la région de Carnac », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, n° 92 : 3-88.

Mohen, J.-P. 1997. Les Mégalithes, Pierres de mémoire. Paris, Gallimard.

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Notes

1 Cf. https://www.carnac.fr/Territoire-d-exception/Capitale-des-Megalithes/Vers-une-reconnaissance-au-Patrimoine-Mondial-de-l-UNESCO (consulté le 01/12/2020).

2 Cf. https://icom.museum/fr/ (consulté le 01/12/2020).

3 Cf. http://www.ecco-eu.org/ ; https://www.ffcr.fr/referentiels (consultés le 01/12/2020).

4 Journal officiel de la République Française, 23 novembre 1879, p. 10 330.

5 École supérieure d’art et de design Tours-Anger-Le Mans ; cf. https://esad-talm.fr/fr/talm/talm-tours (consulté le 01/12/2020).

6 Cf. http://www.inp.fr/ (consulté le 01/12/2020).

7 Cf. https://www.icomos.org/publications/monuments_and_sites/15/pdf/Monuments_and_Sites_15_ISCS_Glossary_Stone.pdf (consulté le 01/12/2020).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Carnac, vue aérienne des alignements du Ménec depuis le sud-ouest.
Crédits © 4V/Cmn.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 8,7M
Titre Fig. 2. Carnac, le tumulus Saint-Michel.
Crédits © Philippe Berthé/Cmn.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 4,5M
Titre Fig. 3. Carnac, pierre dressée dite « le Géant du Manio ».
Crédits © Bernard Renoux/Cmn.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 8,1M
Titre Fig. 4. Erdeven, tertre de Lannec-er-Gadouer.
Crédits © Pierre Converset/Cmn.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 4,3M
Titre Fig. 5. Travail dans les alignements du Petit-Ménec à La-Trinité-sur-Mer.
Crédits © E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 4,5M
Titre Fig. 6. Travail dans le dolmen de Kerlescan à Carnac.
Crédits © E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 4,6M
Titre Fig. 7. Relevé sur formulaire et tablette dans l’un des dolmens de Mané Kerioned à Carnac.
Crédits © E. Heddebaux/Paysages de Mégalithes.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/docannexe/image/11795/img-7.JPG
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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Agogué et Émilie Heddebaux, « Veille sanitaire, conservation et restauration du patrimoine mégalithique »Les nouvelles de l'archéologie, 162 | 2020, 65-70.

Référence électronique

Olivier Agogué et Émilie Heddebaux, « Veille sanitaire, conservation et restauration du patrimoine mégalithique »Les nouvelles de l'archéologie [En ligne], 162 | 2020, mis en ligne le , consulté le 10 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/nda/11795 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/nda.11795

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Auteurs

Olivier Agogué

Conservateur du patrimoine en archéologie – Umr 6566 Creaah « Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire ». Administrateur au Centre des monuments nationaux

Émilie Heddebaux

Conservatrice-restauratrice, spécialité archéologie. Doctorante à l’Institut national du patrimoine et à l’université de Cergy sur les questions de conservation-restauration des monuments mégalithiques

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Droits d’auteur

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