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L’individualisme humaniste : égotisme rhétorique ou expression de soi ?

Luc Vaillancourt
p. 99-109

Texte intégral

  • 1 Voir La civilisation de la Renaissance en Italie : un essai, H. Schmitt (trad.), Paris, Plon, 1958.
  • 2 Dans Travaux de l’Institut pour l’étude de la Renaissance et de l’humanisme, Bruxelles, 1967, p. 17 (...)
  • 3 Ibid., p. 17.
  • 4 Ibid., p. 21.
  • 5 L’Âge de l’éloquence. Rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l’époque classi (...)
  • 6 Genève, Droz, 1992.
  • 7 Paris, Champion, 2003.

1L’idée que l’on se fait aujourd’hui de l’individualisme humaniste dépend en bonne partie d’un paradigme introduit par Jacob Burckhardt dans son étude canonique La Civilisation de la Renaissance en Italie, publiée en 1860, et que l’on admet depuis comme point de départ à toute réflexion sur le sujet. Burckhardt observe un changement dans les modes de représentation de soi, alors qu’une société dont les membres concevaient d’abord l’identité en terme d’appartenance à une classe ou une communauté, en vient à prôner un individualisme radical et parfaitement assumé1. Plus tard, au vingtième siècle, on a voulu voir dans l’épistolographie le lieu de prédilection de l’expression individuelle. À l’occasion du colloque « Individu et société à la Renaissance », tenu à l’Université libre de Bruxelles en avril 1965, Pierre Mesnard présente une communication fascinante sur « Le commerce épistolaire comme expression sociale de l’individualisme humaniste »2. Il met alors en évidence le rôle capital des correspondances dans la constitution de la République des Lettres. Il identifie Pétrarque comme l’instigateur du renouveau épistolaire et montre comment la lettre devient par la suite un genre littéraire en même temps qu’un monument en l’honneur de l’amitié, « valeur fondamentale du comportement social »3. Soulignant à cet égard l’influence des Lettres familières de Cicéron, il distingue au moins deux tendances concurrentes chez ses épigones, dans la mesure où « certains en imitèrent servilement le style, d’autres l’esprit »4. Publié pour la première fois en 1980, LÂge de l’éloquence de Marc Fumaroli identifie également deux courants dans l’évolution de l’épistolographie au XVIe siècle qui vont contribuer à l’essor de l’individualisme humaniste. L’un puiserait sa source au quattrocento dans les introspections pétrarquiennes et opposerait bientôt une résistance à l’autre, le stylus ciceronianus, dérivé de la doctrine médiévale et marqué par un formalisme plus ou moins flexible ; et le premier devant éventuellement l’emporter sur le second avec, notamment, Montaigne et Juste Lipse5 . Plus récemment, la thèse de Jean Lecointe sur L’Idéal et la Différence : la perception de la personnalité littéraire à la Renaissance6 et notre propre monographie sur La lettre familière au XVIe siècle : rhétorique humaniste de l’épistolaire7 insistent beaucoup sur le rôle de révélateur du « moi » qu’a pu jouer l’idéal stylistique du mode conversationnel.

  • 8 Voir Foucault, Les Mots et les choses : Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 19 (...)
  • 9 C’est la question qui dominait ce colloque organisé par le Gr@@l (Groupe de recherche sur l’archiva (...)

2La subjectivité radicale du sujet écrivant — celle qui appartiendrait en propre, paraît-il, à notre modernité et qui constituerait la composante essentielle de la conscience intime — reste encore à définir dans une perspective rhétorique. Or, on peut tenter de le faire de manière contrastée en l’opposant à ce que l’on perçoit généralement comme son contraire, et c’est de toute évidence l’assimilation aux catégories du même qui semble déterminer les rapports individuels jusqu’à l’époque classique8, ou envisager plutôt une voie intermédiaire par laquelle, loin de s’opposer, individu et collectivité, sphère publique et privée représentent un continuum où l’expression de soi est en mouvance perpétuelle et n’obéit pas forcément à une logique évolutive qui impliquerait qu’elle ait pu apparaître à un moment précis, comme de génération spontanée, et se développer suivant l’ordre chronologique : inexistante dans l’Antiquité et triomphante aujourd’hui. Certes, il faut se méfier des projections anachroniques de nos catégories modernes, mais il faut entretenir aussi un soupçon de scepticisme face au postulat des « impensables » (par exemple : « l’horizon épistémologique des Anciens ne leur permettait pas de concevoir un monde sans Dieu ») qui repose en vérité sur un découpage arbitraire du temps, partant de la logique qu’il existe forcément pour chaque phénomène un « avant » et un « après » ponctuels mais sans tenir compte des modalités d’existence intermédiaires et des oscillations possibles à travers l’histoire. Ainsi l’on a pu chercher à identifier « Les déclinaisons du « moi » sous l’Ancien Régime »9 en prenant pour hypothèse de départ que la réflexivité individuelle est une « propriété émergente » du discours littéraire et qu’elle s’affirme de manière progressive depuis la Renaissance. Et ce n’est pas parce que la subjectivité ne se trouve pas là où on l’attend d’ordinaire qu’il faut nécessairement conclure à son inexistence. Peut-être nous faut-il chercher ailleurs et conduire nos fouilles archéologiques autrement. Si la lettre familière est perçue aujourd’hui comme un genre où le « moi » trouve à s’exprimer spontanément et sans contraintes, le truisme mérite cependant d’être interrogé en ce qui a trait à la pratique épistolaire humaniste. Le genre familier et ses avatars, du dialogue à l’essai, en passant par les mémoires et autres écrits à caractère intime tels que les Vitae, confessions ou les livres de famille, s’imposent à notre réflexion comme lieux les plus propices à l’expression subjective sous prétexte qu’ils comportent souvent une composante autobiographique ou, à tout le moins, une instance énonciative qui invite, explicitement ou non, son assimilation à la personne de l’auteur. Mais, comme on aura le loisir de constater plus loin, au moment même où le discours prétend à une transparence totale, ainsi que le fait Montaigne dans son avis « Au lecteur », la dissimulation, la feinte et le recours à une personnalité d’emprunt sont autant de postures rhétoriques communément adoptées dans l’échange familier. Tout n’est pas que fiction cependant et il arrive parfois, dans ce jeu de configurations identitaires qui vise d’abord à trouver le moyen de plaire, que le sujet écrivant cherche un minimum d’adéquation entre l’être et le paraître.

  • 10 « La lettre doit faire une large place à l'expression des caractères, comme d'ailleurs le dialogue. (...)

3Quels sont les traits rhétoriques qui caractérisent cet individualisme nouveau ? Son essor est d’abord imputable à un changement de paradigme stylistique, initié par Pétrarque dans sa correspondance familière, qu’il entreprend de modeler sur celle de Cicéron, et complété par Érasme avec son De conscribendis epistolis (1522), et qui conduit leurs émules à renoncer au style de la contentio orationis, c’est-à-dire le mode polémique de l’éloquence classique, pour adopter le registre conversationnel, le sermo pedestris, mieux adapté aux circonstances nouvelles d’une République des Lettres à prétention égalitaire. L’idéal d’un style transparent, qui puisse être eikôn psychès (ou imago cordis chez les Latins), n’est certes pas nouveau et remonte au moins au Peri Hermeneias de Démétrios10, mais il connaît à la Renaissance un développement fulgurant à travers la valorisation du sermo, de la spretzatura et de la negligentia diligens. Ce n’est pas encore le triomphe du naturel, catégorie stylistique dominante de l’époque classique, toutefois les enjeux sont semblables. Nous les envisagerons ici dans l’ordre, en fonction des règles de l’inventio, de la dispositio et de l’elocutio, de manière à expliciter leur caractère égotiste.

Inventio

  • 11 Rhétorique à Herennius, I, 3, Paris, Les Belles Lettres, 1989.
  • 12 Aristote n’emploie pas le terme « logos », mais celui-ci a été proposé par Michel Meyer parce qu’il (...)
  • 13 Comme toute entreprise rhétorique consiste en la négociation de la distance entre soi et autrui, on (...)
  • 14 Helisenne de Crenne, Les Epistres familieres et invectives de madame Helisenne, Jean-Philippe Beaul (...)
  • 15 Madeleine des Roches, entre autres, adhère à cette comptabilité stricte : « je suy l’ancienne loy q (...)
  • 16 Voir notamment son plaidoyer sur la liberté de l’avocat, lettre VII, 11, à Monsieur de Basmaison, A (...)
  • 17 Dans la dernière lettre de son recueil, Du Tronchet dresse le bilan de ses considérations morales e (...)

4On sait que l’invention est la partie de la rhétorique relative à la recherche d’arguments et d’idées pour composer un discours : elle « consiste à trouver les arguments vrais ou vraisemblables propres à rendre la cause convaincante »11. Il y a trois types d’arguments inhérents au discours : ceux relatifs à l’éthos, au pathos et au logos. Les deux premiers sont subjectifs et d’ordre moral, cependant que le troisième prétend à l’objectivité et concerne l’aspect proprement dialectique de la rhétorique12. C’est souvent par les passions (pathos) que triomphe l’éloquence ; pour les maîtriser, l’orateur doit connaître les ressorts et les moyens qui servent à les exciter ou à les calmer13. Le lieu pathétique par excellence dans les échanges familiers est celui des devoirs de l’amitié, inspiré des traités canoniques de Cicéron, le De amicitia et le De officiis. Le sujet écrivant prend prétexte de la relation amicale pour justifier son discours. S’il ose donner des conseils, voire porter des jugements sur la conduite morale de l’autre, comme le fait Hélisenne de Crenne dans ses Epistres familieres et invectives14, c’est parce qu’il a à coeur le bien-être de l’ami et il multiplie en conséquence les manifestations de son affection et de sa bienveillance. L’amitié repose sur un principe de réciprocité qui permet également d’exiger d’autrui un traitement équitable, ce qui invite à donner pour mieux recevoir, comme ces épistoliers qui comptent scrupuleusement les lettres qu’on leur doit15. Si l’épistolier entreprend de discourir hors propos, tel Pasquier qui insère des plaidoyers ou même des fragments de ses Recherches dans ses lettres16, ou du Tronchet qui s’aventure souvent à philosopher, il ne tarde pas à faire valoir que la conversation entre amis ne saurait exclure aucun sujet17. De plus, et là on verse dans la dimension proprement éthique de l’argumentaire, il est loisible de parler à découvert, car c’est le premier devoir d’un ami que de se montrer franc.

  • 18 Voir, entre autres, Quintilien, Institution oratoire, V, 13, 25 et VI, 2, 12, Paris, Les Belles Let (...)

5L’éthos se définit comme le caractère moral que l’orateur doit sembler avoir. S’il veut inspirer la confiance, il doit faire preuve de bon sens, de vertu et de bienveillance. Mais il faut aussi qu’il sache adapter son discours à l’auditoire et aux circonstances18. Ce qui détermine en partie le renoncement des humanistes à l’éthos tel que défini par la rhétorique classique, c’est la nécessité de respecter un enjeu encore plus important pour la persuasion que la projection d’un éthos magnanime générique (dont les traits sont sensiblement les mêmes d’un discours à l’autre). On ne s’adresse pas à des pairs et des amis comme on le ferait à un subalterne, et dans un cadre relationnel qui n’est plus déterminé désormais par des impératifs professionnels ou une hiérarchie stricte, comme c’était le cas par exemple pour les dictatores du Moyen Âge ou les secrétaires de chancelleries, l’apte dicere implique que l’on se démarque des formules officielles et impersonnelles. Plus que jamais, le discours se doit d’être investi d’individualité comme pour garantir le caractère non professionnel de l’échange dans une société qui, à l’imitation des anciens, valorise l’otium et l’échange amical. Cet éthos apparemment naturel relève donc d’un artifice nouveau qui, loin de rompre avec les règles de la rhétorique, trouve le moyen de mieux les dissimuler. Et le dédain affiché vis-à-vis des artifices de l’éloquence participe du même esprit, de sorte qu’on ne saurait prendre au sérieux les imprécations contre la rhétorique dans une culture aussi profondément déterminée par elle. Cependant, à force de se mettre en scène dans ses écrits, comme Érasme dans sa correspondance ou Montaigne dans ses Essais, l’individu est amené à se situer en regard de ce qui est attendu de lui et des libertés qu’il prend face au modèle culturel dominant. Il se découvre le plus souvent en phase avec celui-ci, mais parfois aussi en décalage et ce sont justement ces écarts par rapport au conformisme sociodiscursif ambiant qui nous apparaissent comme des manifestations sensibles d’un caractère véritable.

  • 19 Ainsi Montaigne nous apprend que son expérience de la maladie et de la souffrance induite par la «  (...)
  • 20 Voir Le Premier livre de Gaspar de Saillans Gentihlhomme de Valence en Dauphiné : Le contenu duquel (...)

6Sur le plan proprement argumentatif, ou ce qu’il est convenu d’appeler le logos, on observe un assouplissement dans le choix et le traitement des exemples qui participe du même esprit de dissimulatio artis que pour l’éthos. On ne renonce pas pour autant aux auctoritates et on ne saurait se priver du plaisir de les citer à tout propos, seulement on le fait avec beaucoup moins de systématisme et de rigueur que chez les dialecticiens et de plus en plus souvent pour leur valeur ornementale, en préférant les poètes aux savants et la parémie aux sentences des sages. En lieu et place des preuves extrinsèques, celles que l’on cherche à l’extérieur du sujet et qui dépendent de la mémoire ou des connaissances acquises, on privilégie les preuves intrinsèques, fruits d’une méditation subjective du propos, souvent issues de la propre expérience du locuteur19. Ces changements s’opèrent partout où le registre conversationnel est employé, du dialogue à l’essai en passant bien sûr par la prose épistolaire, et sont directement liés aux conditions spécifiques imposées par les circonstances de la prise de parole. Certes, un profond tabou de soi domine largement le siècle, mais on admet depuis longtemps, suivant l’exemple des Confessions de saint Augustin, qu’il est convenable de parler de sa propre expérience lorsque celle-ci est utile au propos. L’enjeu consiste donc à récupérer les données de l’expérience individuelle dans une perspective morale ou didactique. À défaut de pouvoir le faire, on pourra toujours prétexter que l’on écrit d’abord pour ses proches et sans prétentions littéraires, comme dans le livre de famille de Gaspar de Saillans20 ou les Essais de Montaigne. Il reste cependant bien peu d’espace, on le voit, pour concevoir et affirmer sa différence.

7Là où la subjectivité se manifeste souvent de manière plus libre, c’est dans les mouvements réflexifs qui conduisent le locuteur à s’interroger sur les conditions de la prise de parole et à les consigner par écrit. Ce sont, dans les correspondances humanistes, tous ces passages qui réitèrent les règles de l’échange ou, dans l’essai, ces commentaires récurrents sur la nature et la fonction du projet d’écriture. On pourrait d’ailleurs envisager ces lieux réflexifs comme l’un des traits génériques du registre familier. Il semble en effet que ce retour de la composition sur elle-même ne puisse trouver place que dans le cadre d’un pacte autorisant la digression, le métalangage et le dévoilement des stratégies rhétoriques. Le mode polémique de la grande éloquence demeure assujettie aux règles de déférence hiérarchique et doit adapter son style en conséquence. L’une des marques distinctives de l’échange familier serait donc ce retour sur soi rendu possible par une relation privilégiée, affranchie des conventions et des obligations professionnelles. En affichant son conformisme en regard des conventions discursives ou en soulignant au contraire ses transgressions, l’écrivain se situe par rapport à des normes sociales et dessine les contours de son identité propre, ou du moins, de celle qu’il veut donner à connaître.

Dispositio

  • 21 On pense bien sûr à Montaigne, qui envisage la pratique de la digression comme une qualité et qui s (...)

8Au niveau de la dispositio, la souplesse de la dimension argumentative qui caractérise le registre conversationnel trouve son corollaire immédiat dans une structure infiniment plus libre. La negligentia diligens prisée par Cicéron, ou son avatar renaissant, la spretzatura, telle qu’illustrée par Castiglione, ne sont pas des phénomènes nouveaux en rhétorique. L’art oratoire admet depuis toujours que l’on puisse omettre des parties du discours, l’exorde par exemple, pour attaquer in medias res un sujet important ou pour ménager ses effets, et l’ordo neglectus n’est pas un vice lorsqu’il peut contribuer à atténuer les saillies d’un propos polémique. Il va de soi qu’une prose qui se veut informelle en vienne à renoncer à l’ordre contraignant de l’oratio. Ce qui est remarquable cependant, c’est à quel point certains auteurs se font un devoir de rappeler systématiquement le désordre de leur propos21. Cette mise en évidence de l’ordo neglectus renforce le mimétisme conversationnel des oeuvres. Il en est qui se donnent à lire comme le fruit d’une pensée spontanée, d’une improvisation presque orale où l’esprit s’égare avec insouciance. On aurait tort cependant de considérer ce désordre comme fortuit ou fruit d’une véritable nonchalance. Chez Montaigne, notamment, il correspond plutôt à un souci de ne pas être confondu avec les « faiseurs de livres » professionnels dans un contexte où il est malséant pour un gentilhomme de se prendre pour un savant.

9Bien sûr, toutes les parties ne sont pas escamotables, et si l’on peut faire l’économie d’un exorde ou d’une péroraison en règle, inverser narratio et argumentatio, il n’en demeure pas moins qu’un texte aura toujours un début et une fin, avec, le plus souvent, des structures intermédiaires susceptibles de varier en nombre et en proportion en fonction du genre et de la finalité du discours. La forme épistolaire a ceci d’intéressant qu’elle est modulable à l’infini ; les anciens l’avaient bien compris, eux qui dispensaient souvent leur enseignement par lettres. De même, les genres qui privilégient un registre conversationnel, tels le dialogue ou l’essai, disposent d’une liberté considérable dans la structuration du discours. Pour un auteur de la Renaissance, afficher son mépris de la forme en multipliant les digression et en omettant des parties revient encore une fois à affirmer son indépendance en regard des conventions rhétoriques. Toutefois, dans le contexte où s’impose au milieu du seizième siècle un fort courant anti-rhétorique, c’est faire preuve aussi, assez paradoxalement, d’un certain conformisme.

Elocutio

  • 22 Art rhétorique, Michel Patillon (édit. et trad.), Paris, L’Âge d’Homme, 1997. Hermogène distingue h (...)
  • 23 « Les catégories stylistiques du discour», 412. 16-21.

10Parce que l’invention, l’élocution et la disposition sont interdépendantes, la classification d’un élément sous une partie plutôt qu’une autre apparaît souvent problématique. Ainsi, les exemples, les sentences et les proverbes peuvent être envisagés à la fois comme types d’argument et comme figures. Les lieux privilégiés de chaque partie relèvent de la disposition mais intéressent aussi l’invention. L’amplification est un procédé emphatique propre à l’élocution, mais c’est aussi un topos de la péroraison. Au demeurant, Hermogène a montré dans son Art rhétorique comment une stratégie argumentative, l’éthos, pouvait devenir une catégorie stylistique22. Pour éviter l’arbitraire, on suivra le principe suivant dans l’analyse : selon que l’accent est mis sur le contenu ou sur l’expression, chaque élément du discours est rattaché à une dominante paradigmatique (l’invention), ou syntagmatique (la disposition ou l’élocution). Suivant Hermogène, « on peut aisément caractériser n’importe quel auteur, moderne ou ancien, poète, logographe ou orateur, si on a étudié les espèces stylistiques génériques du discours et les éléments en quelque sorte de chaque catégorie stylistique »23. L’intérêt de cette méthode réside dans le fait qu’elle rend compte à la fois du contenu et de l’expression, et qu’elle peut être appliquée à toutes sortes de discours, judiciaire, délibératif, démonstratif ou autres. Pour schématiser, donc, on distingue trois sortes de catégories de style :

Les catégories principales qui existent par elles-mêmes. Ce sont la beauté, la vivacité et l’habileté. Les catégories principales génériques, c’est-à-dire celles qui se rencontrent sous la forme de catégories secondaires qui en sont les espèces. Il s’agit de la clarté, dont les espèces sont la pureté et la netteté, et de la grandeur, dont les espèces sont la noblesse, la rudesse, la véhémence, l’éclat, la vigueur et la complication. Les catégories principales qui partagent certains composants et appartiennent ainsi partiellement à une même espèce.

  • 24 Michel Patillon, Éléments de rhétorique classique, Paris, Nathan, 1990, p. 99.

Il s’agit de l’éthos et de la sincérité. Les espèces de l’éthos sont ainsi la naïveté, la saveur, le piquant, la modération et, pour une part, la sincérité, enfin pour une part aussi, […] la sévérité. Quant à la sincérité, elle est par elle-même une sorte d’honnêteté, donc d’éthos. De plus, on ne conçoit guère de naïveté, de saveur ou de modération sans une certaine dose de sincérité24.

  • 25 Rappelons que, d’après Aristote, « il y a trois choses qui donnent de la confiance dans l’orateur ; (...)
  • 26 « Les catégories stylistiques du discours », 321. 20-23.
  • 27 Ibid., 246.10-14 ; 266 1-3 ; 335.24-25.
  • 28 Il « renvoie à une prise en considération de l’homme au détriment de l’auteur, c’est-à-dire, pour r (...)

11Or, quelles sont les catégories stylistiques dominantes du registre familier tel que pratiqué par Pétrarque, Érasme, Pasquier ou Montaigne ? Ce sont justement les espèces de l’éthos, caractérisées par l’accent mis sur la spontanéité et la candeur de l’expression. L’éthos en tant que catégorie stylistique a partie liée avec l’éthos comme preuve technique dans la mesure où ils visent l’un et l’autre à gagner la confiance de l’auditeur en faisant paraître des qualités morales dans le discours25. Pour Hermogène, « l’éthos dans le discours est produit par la modération et la naïveté, et en outre par l’impression de sincérité et de spontanéité que le discours dégage »26. Les modes de présentation des pensées naïves, savoureuses, nobles et éclatantes ont ceci en commun qu’ils n’exigent pas de démonstration systématique : il suffit que le locuteur s’exprime avec assurance et autorité27. L’espace nous manque ici pour détailler de manière satisfaisante les éléments caractéristiques du style « éthique », mais on en trouvera une illustration convaincante dans l’étude de Jean Lecointe : L’Idéal et la différence. Pour Lecointe, l’idéal du style naturel « n’est certes pas encore tout à fait, au moins pas nécessairement, celui d’un style à proprement parler personnel, mais en constitue au moins la première amorce. » 28

12On devine bien, en fin de parcours, la part généreuse de l’imposture dans cette mise en scène du moi si commune au sein de la prose conversationnelle. Dans ce monde de représentations où chacun doit jouer son rôle, on se compose une identité en fonction d’un nombre limité de topiques et de modèles sociodiscursifs disponibles. Est-ce à dire pour autant que l’interprétation de Burckhardt à l’effet que la Renaissance marque l’essor d’une culture individualiste doit être écartée ? Pas nécessairement, mais elle doit être relativisée, à tout le moins, en regard des limites imposées à la configuration identitaire dans une culture profondément déterminée par les conventions de la rhétorique classique. Il est indéniable qu’une focalisation sur l’individu s’opère dans les représentations artistiques de l’époque, mais cela n’exclut pas une bonne part d’idéalisation, voire de transfiguration. Hélisenne de Crenne n’est pas Marguerite Briet et les lettres familières n’excluent aucunement le recours à la fiction ou à une personnalité d’emprunt, même (surtout) lorsque l’on prétend qu’elles sont authentiques. L’analyste doit tenir compte de l’intégralité du procès rhétorique et pas seulement de ce que prétend le locuteur. En s’interrogeant sur les contraintes avec lesquelles le sujet écrivant doit composer, sur ce qu’il lui est loisible de dire ou pas, sur le destinataire premier et second du discours, bref, en s’intéressant à ce qu’il est convenu d’appeler la situation rhétorique, on peut déterminer comment le texte génère du sens, agit sur le destinataire et construit une image du locuteur même lorsqu’il ne dit rien de sa propre personne. Car les valeurs, les idéologies, les croyances et les présupposés individuels informent nécessairement le discours, qu’il relève ou non du registre conversationnel, et ce qui est passé sous silence peut être plus significatif encore que ce qui est affirmé avec force. L’individualité n’existe après tout qu’en fonction d’un cadre relationnel et dans la manière dont le sujet se situe par rapport aux autres.

13Enfin, on en vient à se demander s’il existe une telle chose que la subjectivité radicale à l’époque moderne. Pour la rhétorique, où tout est affaire de postures et d’impostures, l’éthos est composé de strates multiples dont on ne saurait déterminer laquelle constitue la couche première. À défaut d’un stratotype, d’un étalon pour apprécier sa nature, on ne peut qu’émettre des conjectures sur sa composition réelle. Le sujet aura beau jurer qu’il est sincère et que sa parole est en parfaite adéquation avec son être, sait-il seulement lui-même comment renoncer à toute stratégie discursive, éthique ou pathétique ? La rhétorique admet sans préjugé le caractère manipulatoire du langage et envisage comme un faux problème la question d’une expression transparente de la pensée individuelle parce qu’elle écarte d’emblée la question de l’essence ontologique. L’homme se constitue à travers son discours et s’il est vrai qu’il existe un éthos pré- discursif auquel un auditoire peut se rapporter pour se donner une idée du locuteur qui se présente devant lui, celui-là est aussi le fait d’une construction, création collective déterminée par les interactions antérieures entre l’individu et son milieu social. Il y a dans ce que nous sommes et ce que l’on peut penser de nous une bonne part qui vient d’autrui. Il appert au demeurant que la réflexivité n’est pas là où on l’attend d’ordinaire et qu’il faut chercher dans le contexte de l’échange les véritables motifs de l’énonciation.

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Notes

1 Voir La civilisation de la Renaissance en Italie : un essai, H. Schmitt (trad.), Paris, Plon, 1958.

2 Dans Travaux de l’Institut pour l’étude de la Renaissance et de l’humanisme, Bruxelles, 1967, p. 17- 31.

3 Ibid., p. 17.

4 Ibid., p. 21.

5 L’Âge de l’éloquence. Rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Paris, Albin Michel, 1994. M. Fumaroli s'est également intéressé à l’art de la conversation et, sans se limiter à son actualisation au sein de la forme épistolaire, il a cependant montré l’interdépendance de la lettre et du style conversationnel (« Le genre des genres littéraires français : la conversation », The Zaharoff Lecture for 1990-1, Oxford, Clarendon Press, 1992, p. 1-34 ; « De l’âge de l’éloquence à l’âge de la conversation : la conversion de la rhétorique humaniste dans la France du XVIIe siècle » dans Bernard Bray (dir.), Art de la lettre. Art de la conversation à l’époque classique en France. Actes du colloque de Wolfenbüttel, octobre 1991, Klincksieck, 1995, p. 25-45.)

6 Genève, Droz, 1992.

7 Paris, Champion, 2003.

8 Voir Foucault, Les Mots et les choses : Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966, mais aussi, pour un point de vue plus nuancé, Charles Taylor, Sources of the self : The Making of the Modern Identity, Harvard University Press, 1989.

9 C’est la question qui dominait ce colloque organisé par le Gr@@l (Groupe de recherche sur l’archivage et les applications littéraires) et tenu dans le cadre du 73e congrès de l'ACFAS, le 13 mai 2005, à l’Université du Québec à Chicoutimi.

10 « La lettre doit faire une large place à l'expression des caractères, comme d'ailleurs le dialogue. Car c'est presque l'image de son âme que chacun trace dans une lettre. S'il est possible que toute autre espèce de texte laisse voir le caractère de son auteur, on ne le voit nulle part aussi bien que dans une lettre » (Démétrios, Du style, Pierre Chiron (trad.), Paris, Les Belles Lettres, 1993, IV, 227)

11 Rhétorique à Herennius, I, 3, Paris, Les Belles Lettres, 1989.

12 Aristote n’emploie pas le terme « logos », mais celui-ci a été proposé par Michel Meyer parce qu’il met en évidence la composante argumentative du discours (Questions de rhétorique. Langage, raison et séduction, Paris, Librairie Générale Française, 1993, p. 28). Selon la nature et l’orientation du discours (en fonction de l’orateur, de l’auditoire, ou de ce dont il est question), l’accent sera mis tantôt sur la dimension affective (éthos et pathos), tantôt sur la composante argumentative (Rhétorique, I, 3, I, Paris, Librairie Générale Française, 1991). Aristote précise par ailleurs que « les discours où domine l’exemple ne sont pas moins persuasifs, mais ceux où domine l’enthymème ébranlent davantage l’auditeur » (Rhétorique, I, 2, X).

13 Comme toute entreprise rhétorique consiste en la négociation de la distance entre soi et autrui, on aura recours aux passions pour réduire, maintenir ou accroître l’intervalle qui sépare le sujet et son objet (Michel Meyer, Questions de rhétorique, op. cit., p. 22). Ce qui meut (ou émeut) le destinataire consiste souvent en un chantage émotif où il est mis devant l’éventualité d’une perte ou d’un gain.

14 Helisenne de Crenne, Les Epistres familieres et invectives de madame Helisenne, Jean-Philippe Beaulieu (édit.), Montréal, Presses Universitaires de Montréal, 1995.

15 Madeleine des Roches, entre autres, adhère à cette comptabilité stricte : « je suy l’ancienne loy qui commandoit de donner œil pour œil, dent pour dent. Je vous en rends une pour une. Aussi ne pouvois-je croire que vous pratiquant en la Jurisprudence voulussiez commettre une faute si grande contre vostre profession, que de faire payer le double, & en demander deux pour une » (Madeleine Neveu Frandonnet et Catherine des Roches, Les missives de mes- Dames des Roches de Poitiers mere et fille avec le Ravissement de Proserpine prins du latin de Clodian et autres imitations et meslanges poetiques, Paris, A. L'Angelier, 1586, 4°, lettre 17, f. 8. )

16 Voir notamment son plaidoyer sur la liberté de l’avocat, lettre VII, 11, à Monsieur de Basmaison, Advocat au siege Presidial de Ryon, et celui sur les animaux à la lettre X, 1, à Monsieur de Tournebu, Conseiller en la Cour de Parlement de Paris dans Œuvres d’Estienne Pasquier, Conseiller & Advocat General du Roy en la Chambre des Comptes de Paris, Amsterdam, Compagnie des Libraires associés, 1723.

17 Dans la dernière lettre de son recueil, Du Tronchet dresse le bilan de ses considérations morales et en profite pour préciser sa conception du genre épistolaire : « soubs l’appellation simple de lettres familieres », il a voulu édifier un monument à l’amitié : « Et premierement, quant à ceste aequité, pourra noter, qui vivement examinera mes lettres, sans s’arrester à la modicité de leur appellation, que parmy tout ce qui est necessaire en l’humaine conversation, il n’y a riens plus illustre, ne si genereux, ne qui s’estende en plus grande consideration, que la perfaicte & sincere conjonction entre amys, comme certaine societé & communication de prouffict commun & particulier. Qui est une charité du genre humain, provenüe d’une primogeniture, qui seme union & amitié entre les procrées de mesme lignage, de peu à peu accroissant en dehors : premier par naturels parentages, apres par affinités, & finalement par heureuse contraction de benivolence » (Lettres Missives et Familieres d'Estienne Du Tronchet, Secretaire de la Royne Mere du Roy. A Messir Albert de Gondy, Conte Doyen Baron de Rectz, de Sainct Seigne de Dompierre, Marquis des Isles d'or, Chevalier de l'Ordre du Roy, premier Gentil-homme de sa chambre et Capitaine de cinquante hommes d'armes, Paris, 1569, 4°, Lettre 239, f. 215, au conte de Rectz)

18 Voir, entre autres, Quintilien, Institution oratoire, V, 13, 25 et VI, 2, 12, Paris, Les Belles Lettres, 1979.

19 Ainsi Montaigne nous apprend que son expérience de la maladie et de la souffrance induite par la « gravelle » qui l'accable dans les dernières années de sa vie sont à la source de ses méditations sur la mort, le réconciliant parfois, lorsqu'il est au plus mal, avec l'idée de sa propre fin : « Je suis aux prises avec la pire de toutes les maladies, la plus soudaine, la plus douloureuse, la plus mortelle, et la plus irremediable. J'en ay desja essayé cinq ou six bien longs accez et penibles : toutesfois ou je me flatte, ou encores y a-il en cet estat, dequoy se soustenir, à qui a l'ame deschargée de la crainte de la mort, et deschargée des menasses, conclusions et consequences, dequoy la medecine nous enteste. Mis l'effect mesme de la douleur, n'a pas ceste aigreur si aspre et si poignante, qu'un homme rassis en doive entrer en rage et en desespoir. J'ay aumoins ce profit de la cholique, que ce que je n'avoy encore peu sur moy, pour me concilier du tout, et m'accointer à la mort, elle le parfera : car d'autant plus elle me pressera, et importunera, d'autant moins me sera la mort à craindre. » (Essais, II, 37, Pierre Villey (édit.), Paris, PU F, 1988, 3 vol. )

20 Voir Le Premier livre de Gaspar de Saillans Gentihlhomme de Valence en Dauphiné : Le contenu duquel, & des deux autres qui s'en ensuivront se trouvera cy derriere, Lyon, Jacques de La Planche, 1569.

21 On pense bien sûr à Montaigne, qui envisage la pratique de la digression comme une qualité et qui souligne lui-même que les titres des ses chapitres n'en embrassent pas toujours la matière : « souvent ils la denotent seulement, par quelque marque : comme ces autres l'Andrie, l'Eunuche, ou ceux c y, Sylla, Cicero, Torquatus. J'ayme l'alleure poëtique, à sauts et à gambades. C'est un art, comme dit Platon, leger, volage, demoniacle. » (Essais, III, 9) Étienne Pasquier, lui aussi, ne se gêne pas pour écrire en « s’aultant d’un discours en autre » (op. cit., Lettre I, 6, à Monsieur de la Fosse, Vendomois), lorsqu’il aborde des sujets historiques, d’actualité politique ou d’autres qui le concernent de plus près. Tout indique qu’il a renoncé, dans sa correspondance, à la règle de « un sujet par lettre ». Aussi, informant le Comte de Sansay de l’acheminent du siège de Paris, il souligne le désordre de son propos : « Je veux sauter du Coq à l’Asne »(Lettre XIII, 14, à Monsieur le Comte de Sanzay). Dans une lettre à son ami Loisel, il traite tour à tour de l’éloquence, de leur correspondance, de la publication de blasons sur la puce de Catherine des Roches, des nouvelles du Parlement, d’édits en préparation, etc. Il passe librement d’un sujet à l’autre :« Mais à propos de livre, il me faut changer de chance » (Lettre VII, 12, à Monsieur Loysel, Advocat du Roy en la Chambre de Justice de Guyenne),« Quant aux nouvelles de nostre Palais » (ibid.) ; « Ce temps pendant, nous attendons avec grande devotion […] » (ibid.). De même, écrivant à Monsieur de Marillac, il souligne sa propension à passer du coq à l’âne : « voyez comme facilement je saulte d’un penser à l’autre » (Lettre II, 5, à Monsieur de Marillac, Seigneur de Ferrieres, Conseiller du Roy, & Maistre ordinaire en sa Chambre des Comptes) Aussi, remerciant Monsieur Bigot, il perd de vue son propos : « Mais où me pers-je sans y penser ? J’ay presque oublié de vous remercier de vostre bon advis » (Lettre II, 9, à Monsieur Bigot, Seigneur de Tibermeny, Advocat au Parlement de Roüen).

22 Art rhétorique, Michel Patillon (édit. et trad.), Paris, L’Âge d’Homme, 1997. Hermogène distingue huit composants des catégories stylistiques « dans lesquels se rencontrent et par lesquels sont produites toutes les espèces stylistiques du discours […] la pensée, la méthode, l’expression, la figure, le côlon, l’assemblage, la pause et le rythme ». Ces composants donnent à chacune des catégories du style une individualité précise, bien que certains se recoupent de l’une à l’autre. C’est leur analyse qui permettra de dire d’un énoncé qu’il a de la beauté, de la vivacité ou de l’éthos

23 « Les catégories stylistiques du discour», 412. 16-21.

24 Michel Patillon, Éléments de rhétorique classique, Paris, Nathan, 1990, p. 99.

25 Rappelons que, d’après Aristote, « il y a trois choses qui donnent de la confiance dans l’orateur ; car il en a trois qui nous en inspirent, indépendamment des démonstrations produites. Ce sont le bon sens, la vertu et la bienveillance » (Rhétorique, II, 1378 a)

26 « Les catégories stylistiques du discours », 321. 20-23.

27 Ibid., 246.10-14 ; 266 1-3 ; 335.24-25.

28 Il « renvoie à une prise en considération de l’homme au détriment de l’auteur, c’est-à-dire, pour reprendre les formules d’Anne Berthelot, en un sens, de l’écrivain « extra-textuel » au détriment de « l’écrivain intra-textuel ». En un sens encore, il s’agira de privilégier une présence, certes dans le texte, avec toutes les ambiguïtés que cela implique, d’une réalité hors texte, naturelle, humaine et, sinon tout à fait personnelle, chargée du moins d’une immédiateté chaleureuse, d’une force d’impression vraie, d’une authenticité, en un mot, qui risquent de faire défaut à une parole ne se déployant que dans l’horizon fermé du discours » (L'Idéal et la différence, Genève, Droz, 1992, p. 375)

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Pour citer cet article

Référence papier

Luc Vaillancourt, « L’individualisme humaniste : égotisme rhétorique ou expression de soi ? »Modèles linguistiques, 58 | 2008, 99-109.

Référence électronique

Luc Vaillancourt, « L’individualisme humaniste : égotisme rhétorique ou expression de soi ? »Modèles linguistiques [En ligne], 58 | 2008, mis en ligne le 11 septembre 2013, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ml/375 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ml.375

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Auteur

Luc Vaillancourt

Université du Québec à Chicoutimi

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Droits d’auteur

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