Écrire en langue imitative
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1Bien avant la publication de ses Questions de littérature légale (1812), qui traitaient en particulier de l’imitation dans le cadre des relations intertextuelles, le jeune Charles Nodier avait engagé, sur le mimétisme proprement inhérent au langage, une réflexion qu’il allait nourrir jusque dans son âge mûr. Achevé dès 1806 (l’auteur avait alors vingt-six ans), le Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises fit ainsi l’objet d’une édition revue et augmentée en 1828, laquelle fut suivie six ans plus tard des vulgarisatrices Notions élémentaires de linguistique, recueil d’articles venant couronner cette vaste entreprise archéologique dont les fondements avaient été explicités, en 1810, dans une mince plaquette au titre programmatique : De l’imitation considérée comme principe des langues.
- 1 Respectivement Mimologiques. Voyage en Cratylie, éditions du Seuil, 1976 ; et « La nature dans la v (...)
2Depuis les travaux de Genette et de Meschonnic1, on sait ce que la mimologie nodiérienne doit à ces précurseurs que furent Court de Gébelin, de Brosses ou encore le Rousseau de l’Origine des langues. Mais la filiation, plus ou moins directe, entre le Bisontin et quelques représentants des Lumières n’a guère été appréciée au vu de ses implications proprement esthétiques : l’aperception du langage, en tant qu’il porte trace de son origine, passe par une prise de conscience du corps et de sa capacité à percevoir le monde avant de lui faire écho, grâce au jeu des sonorités verbales. Cette quête d’une vérité première, avant Babel, va de pair avec une conception critique du beau dans l’exercice du discours, fût- il ordinaire ou « naïf ».
3Articulant connaissance sensible et philologie, il témoigne aujourd’hui comme hier d’une interrogation cruciale sur le statut littéraire de l’imitatio : en quoi l’art de bien dire serait-il corollaire d’un dire-vrai n’ayant d’autre fondement que la stricte généalogie du verbe ? Trois critères principaux suffiront à déterminer l’enjeu de ce questionnement : la dimension sensorielle du lexique ; l’inscription de la lettre tenue pour gage d’historicité ; le style comme manifestation d’une mimesis consubstantielle à la langue et à la vie sociale.
Le vrai sens des mots
- 2 Notions élémentaires de linguistique, ou Histoire abrégée de la parole et de l’écriture [1834], Gen (...)
- 3 « La valeur linguistique sera comme la valeur d’une pièce de cinq francs. Cette valeur est détermin (...)
4Pour expliquer l’économie de la langue, Nodier use à diverses reprises d’une métaphore qui en pose l’analogie avec le système monétaire. « Chez les peuples dont le dictionnaire est large, la parole n’est plus que la monnaie de la sensation. C’est un signe exact si l’on veut dans sa valeur conventionnelle ; ce n’est plus de l’or, c’est du billon »2. La réprobation de la néologie s’accommode ainsi d’une égale suspicion à l’égard des « langues perfectionnées », qui fournissent « des mots à toutes les nuances de l’idée », et d’un éloge envers les langues primitives, instruments d’une « expression poétique » intuitive et spontanée. Tout au service du substantialisme étymologique et du sensualisme sémantique, l’antagonisme de l’or et du billon fonctionne rigoureusement à l’inverse de la convention par quoi Saussure définira la valeur abstraite (« incorporelle ») et relative du signe3. Bien loin de l’arbitraire postulé par le Genevois, Nodier tient au contraire que « la fausse monnaie des nomenclatures » — calquées sur des modèles gréco-latins, donc transplantées comme en laboratoire — tend à dénaturer l’entier d’un édifice que légitime, par essence, la motivation des formes acoustiques dans une langue « autochtone ».
5Les incidences discursives de ce naturalisme sont considérables dans la mesure où le signifiant, perçu comme support mais surtout reflet mimétique du sémantisme, est aussi garant d’une parole qui reste en prise sur le monde au lieu de se soumettre à un décorum stérile. Dans la poésie du XVIIIe siècle,
- 4 Article « Langue française » du Dictionnaire de la conversation et de la lecture (publié sous la di (...)
les expressions, la valeur convenue, le signe représentatif de la pensée, étaient, si l’on veut, polis et brillants, mais frustes et démonétisés, comme de vieilles médailles sans date, sans devise, sans exergue, sans légende, sans tête, sans revers. Elles attendaient le balancier et le coin4.
6Rien de plus faux, notamment, que cette harmonie imitative dont le chevalier de Piis avait tiré un vulgaire procédé d’écriture, en contrefaisant l’expressivité sui generis du français. Rien de plus méprisable que l’abus des tropes par tel « habile écrivain » chez qui « l’artifice ingénieux » et le « talent mécanique » tiennent « lieu au style d’inspiration, de sentiment et d’âme » (Notions, p. 27). De fait, la poésie est moins une affaire de lettrés qu’une propriété intime de l’idiome, inscrite dans la substance de ses composantes pour peu que celles-ci aient conservé quelque chose de la sensation dont elles sont issues.
- 5 Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746), Galilée, 1973.
- 6 Essai sur l’origine des langues (posth. 1781), chap. III (Gallimard, « Folio », 1990).
- 7 Voir les Études de la nature, t. II, 1804.
7À défaut de repérer ici l’ensemble des convergences et divergences entre le cratylisme nodiérien et ce qui l’a censément nourri (entre autres, les thèses de Condillac5, de Rousseau6 ou de Bernardin de Saint-Pierre7), on retiendra qu’il subit un infléchissement constant vers l’esthesis, grâce à ce présupposé que l’évolution du langage, ne le coupant jamais totalement de son origine, y laisserait percevoir, à l’époque actuelle encore, un sentiment de la nature. La « théorie des étymologies naturelles » se singularise ainsi par une sur-valorisation du phénomène imitatif : loin d’en circonscrire les effets, de les cantonner à la préhistoire des formes ou aux marches du système, elle fait de ce terminus a quo un processus génératif et structurant, à l’œuvre dans l’essence même du langage ordinaire aussi bien que littéraire. Plus que de reconstruction diachronique (donc d’étymologie, stricto sensu), il est question d’apprécier une survivance, jusque dans l’exercice individuel de la parole :
- 8 Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises [1808-1828], s.v. Trictrac (rééd. Genève, Droz, 20 (...)
Si j’ai découvert ce qui n’a point été aperçu jusqu’à moi, si j’ai découvert entre des choses connues un rapport frappant et cependant nouveau, ce qui est le propre d’une organisation poétique, le tour et le mot dont j’ai besoin n’ont pas pu être prévus. Il faut donc que j’imite l’homme primitif dans ses essais, et que je crée un signe pour ma perception8.
8Qu’est-ce donc qui survivrait de la sorte ? Rien de moins que le verbum divin, tel qu’il fut révélé par Adam in illo tempore. Si la langue n’est pas don de Dieu mais invention humaine, c’est parce que la créature, tenant du Très-Haut son aptitude à l’impositio nominis, l’a faite d’après sa sensation et d’après le caractère saillant des bruits qui provoquaient cette dernière. S’imposait irrépressiblement à l’individu (puis au corps social) une imposition des noms qu’il forgeait tels qu’ils devaient être ; il ne les eût pas formulés s’il ne les avait déjà trouvés, là où « la nature se nomme » (Préface du Dictionnaire). Promis à un usage conventionnel au sein de la société, les signes ainsi créés ne sont donc ni arbitraires ni simplement motivés, mais en rapport d’immédiate adéquation avec leur référent. De l’antique axiome nomina sunt consequentia rerum Nodier déduit que ce furent les noms véritables, en quelque sorte prescrits, qu’Adam se contenta d’énoncer en se conformant tant à son libre arbitre qu’à la nature des choses.
- 9 Cf. Législation primitive (1802, pp. 21 sq. et 122) et le chap. II des Recherches philosophiques qu (...)
9En même temps qu’à Bonald9 et aux « casuistes du sens littéral », voulant que l’homme ait reçu une « grammaire » toute faite, Nodier répond par ce biais aux spéculations de Pinot-Duclos, selon lesquelles
- 10 Remarques sur la Grammaire générale et raisonnée (1754), [in] Œuvres complètes, 1821, reprint Genèv (...)
Il peut se faire que ce qui s’appelle aujourd’hui un livre s’appelle dans la suite un arbre ; que vert signifie un jour la couleur rouge, et rouge la couleur verte, parce qu’il n’y a rien dans la nature ni dans la raison qui détermine un objet à être désigné par un son plutôt que par un autre. […] Souvent le caprice décide ; quelquefois, c’est la métaphysique la plus subtile, qui échappe à la réflexion et à la connaissance de ceux mêmes qui en sont les auteurs10.
- 11 Mélanges de littérature et de critique (1820, reprint Genève, Slatkine, 1973, t. I, p. 67-71). Voir (...)
10Cette libre circulation, ce glissement anarchique et fortuit des « appellations », ne suppose rien d’autre que la négation absolue de toute corrélation mimétique entre le signe, le sens et ce qu’ils représentent. Il y a là, en outre, un parti pris idéologique propre à justifier toutes les interventions, plus ou moins concertées, contre l’intégrité d’une langue quelconque. Or, pour Nodier, toute langue est intouchable, moins parce qu’elle est transcendante et sacrée que parce qu’elle est humaine. Le cratylisme sert de rempart, non seulement à la « rêverie fantasque » et « absurde » de Duclos, mais encore au centralisme ravageur et aliénant du jacobinisme. À l’encontre du « citoyen Grégoire », qui franchit lui aussi « la borne du délire et de l’ignorance » 11 en voulant éradiquer les patois, Nodier se trouve pleinement fondé à glorifier
la langue du père, la langue du pays, la langue de la patrie [qui] a sur la langue écrite, sur la langue imprimée, l’avantage immense de ne se modifier que très lentement. Le patois a été l’intermédiaire essentiel des langues autochtones et des langues classiques, qui se sont faites dans les villes. (Notions, p. 173)
11Trois traits caractérisent les parlers dialectaux : la transmission en ligne directe, l’ancrage territorial, la manifestation orale. Coupées de leur tradition, les langues urbaines sont en revanche farcies d’emprunts étrangères au pays et asservies à la lettre. Conçue comme conservatoire oratoire d’un langage non encore aseptisé ni insensibilisé, toute communauté dialectale témoigne au mieux de souches inaltérées désormais introuvables ailleurs. La littérature y trouve son compte – celle en langue d’oc (de Godolin ou Bellaudière) mais aussi le parler bourguignon des Noëls de La Monnoye, les dialectalismes de Rabelais comme de La Fontaine – du simple fait qu’elle « rappelle partout l’étymologie immédiate » et que rien n’y est dû « à l’imitation et au plagiat » : c’est bien parce que la langue naturelle est foncièrement mimétique qu’elle ne peut, sans perdre sa vigueur première, servir d’instrument à la copie stérile ou à la contrefaçon faussement imitative… Un peu après Grimm, mais avant Raynouard et tous les dialectologues qui le suivront, Nodier se pose en précurseur de cette reviviscence mise en péril par la Révolution, qui se veut ni plus ni moins un retour, sans conteste romantique, aux sources vives du logos.
Littéralement et dans le bon sens
12Ce conservatisme invétéré autorise par voie de conséquence une critique acerbe de l’écriture orthographique, telle que promue par l’imprimerie. On s’attendrait qu’en défenseur de l’onomatopée, l’auteur adoptât le principe d’une stricte phonographie, autrement dit d’une représentation terme à terme des unités sonores par les unités littérales. Or il s’alarme à l’idée d’une notation exactement conforme à l’oralité, « événement calamiteux pour les langues où elle parviendrait à s’introduire ». Loin de viser à « l’expression écrite de la prononciation », un alphabet philosophique devrait au contraire préserver « la filiation du mot sans laquelle aucun mot n’a de signification arrêtée. La prononciation ne change rien à la valeur intime du verbe de l’homme. C’est l’étymologie qui le définit » (Notions, p. 121).
13Une orthographe légitime n’a que faire de la prononciation, parce qu’elle doit par définition sauvegarder la raison de l’écriture. Le phonocentrisme mimétique n’est pas contradictoire avec une autonomie absolue des systèmes phonique et graphique : l’esthétique de ce dernier, qui est avant tout une plastique, répond à des exigences comparables mais néanmoins spécifiques. Déliée de l’esprit, la lettre doit l’être aussi de la phonétique infiniment variable au gré du temps, de l’espace et des locuteurs individuels. Mais ce que « le français désossé de la typographie » sacrifie sans discernement, c’est le lien de l’écriture au corps et à la perception que peut en avoir le sujet parlant.
- 12 Note du Génie, II, III, VI ; intégralement citée par Nodier dans la préface du Dictionnaire. Voir a (...)
14Une écriture parfaite devant moins témoigner de la parole actuelle que de sa genèse, cette articulation entre physis et esthesis a des conséquences directes sur le paradigme des termes mis, par la langue naturelle, à la disposition des écrivains. Loin d’être délibérément choisi, le mimétisme s’impose inévitablement à qui entreprend d’exprimer le monde : « Qu’on essaie de nous entretenir, en effet, du charme des scènes pastorales, de nous transporter des vallées aux montagnes, d’égarer nos yeux sur les hameaux, au milieu des savanes ou des travaux du labourage, sans répéter sans cesse l’a emphatique des bruits ruraux » (De l’imitation considérée comme principe des langues, 1810, p. 37). Cette projection du principe d’équivalence sur l’axe des contiguïtés, découlant de la récurrence obligée d’un phonème et/ou d’une lettre, illustre par excellence la fonction poétique d’un discours qui la doit avant tout au vocabulaire disponible. Les « consonances euphoniques » ne deviennent donc faits de style que dans la mesure où elles sont d’abord des formes linguistiques esthétiquement précontraintes. Ainsi Nodier se plaît-il à citer l’auteur du Génie du christianisme, selon qui « la lettre A ayant été découverte la première, comme étant la première émission naturelle de la voix, les hommes, alors pasteurs, l’ont employée dans les mots qui composaient le simple dictionnaire de leur vie. » 12
15Nombre des articles du Dictionnaire des onomatopées sont conçus selon ce même principe générateur. À la différence des expériences ultérieures (plus ou moins ludiques) d’un Leiris ou d’un Ponge, ces essais définitionnels se veulent rigoureusement techniques et métalinguistiques. Les effets de dissémination acoustique y assurent une cohésion qui n’a rien d’artificieusement poétique, puisqu’elle ne résulte jamais que d’une mise à plat, syntagmatique, des potentialités linguistiques :
BISE. Vent sec et froid du nord-est, qui fait entendre le bruit dont ce mot est formé, en frémissant dans les plantes sèches, en effleurant les vitraux, ou en glissant à travers les fissures des cloisons.
CATARACTE. Chute d’eau impétueuse et bruyante qui tombe et se brise de roc en roc avec un grand fracas.
ÉCRASER. […] le cri de la craie qui se rompt et qui se pulvérise sous le pied reproduit fort distinctement cette racine.
ÉCROU. La consonne roulante marque les efforts et le cri de la vis dans les crans pressés où elle s’emboîte.
STRIE. C’est une espèce de filet ou de rayure, qui paraît gravée difficilement dans un corps dur, ce qui est marqué par la construction rude et stridente de son nom. Cette expression est propre à l’histoire naturelle descriptive.
TAFFETAS. Pris dans le bruit de l’étoffe qu’il désigne. (Dictionnaire, s. v.)
- 13 Selon l’expression de Bachelard dans la Flamme d’une chandelle, PUF, 1964, chap. II, p. 42.
16La paronomase comme l’équivoque évocatoire servent de matrice à une glose qui ne se conçoit précisément pas comme celle d’un rêveur de mots 13 laissant libre cours au vagabondage inspiré de sa subjectivité. Constitutive du « système » de la langue, en tant qu’il reste « tiré du dictionnaire de la nature », la réflexivité infinie des symboles qu’implique le réglage onomatopéique affecte l’organisation discursive : les paragrammes ne produisent là aucun effet ornemental ni instrumental, mais insistent à la façon d’une marque de fabrique inaliénable.
Langue mécanique et fiction de nom
17Nourri de compilations diverses – au premier rang desquelles figurent les lexiques de Nicot, de Ménage, de Court de Gébelin et de Brosses –, cet ouvrage novateur qu’est le Dictionnaire des onomatopées n’en mettait pas moins en place une véritable théorie de la motivation sémiotique, qui s’appliquera inchangée jusque dans les Notions élémentaires de linguistique en 1834. Deux principaux types d’analogie sont distingués dès l’abord, selon qu’ils ont pour origine un son naturel ou bien une émission vocale propre à l’espèce humaine :
La plupart des mots de l’homme primitif avaient été formés à l’imitation des bruits qui frappaient son ouïe. C’est ce que nous appelons l’onomatopée. Instruit à entendre et à parler, il a figuré ses propres bruits vocaux, ses cris, ses interjections. C’est ce que nous appelons le mimologisme. (Dictionnaire s.v. HAHA)
- 14 Examen critique des dictionnaires, s.v. Mimologisme (1829, p. 264).
18À la première catégorie appartiennent par exemple fracas et cliquetis, dérivés de « bruits élémentaires et mécaniques14 », à la seconde huée ou brouhaha. Cette bipartition donne lieu à une distinction supplémentaire, que Nodier explicite comme suit :
Il y a deux espèces d’onomatopées ou de fictions de noms : les premières qui sont les onomatopées naturelles, communes à tous les peuples, parce qu’elles sont formées sur un son qui ne varie pas ; les secondes, qui sont les onomatopées locales, propres à un seul idiome, parce qu’elles sont déterminées sur une figure ou un aspect des corps dont le signe est de convention. Ces deux riches familles de mots pittoresques sont la plus belle partie des langues. (Dictionnaire, s.v. COURLIS)
19Le mimétisme n’est nullement incompatible, pour ce qui concerne notamment les onomatopées idiomatiques, avec une certaine variabilité puisque la sélection d’une figure ou d’un aspect de l’objet y apparaît somme toute contingente. Néanmoins, dans ces divers cas de figure, le signifiant linguistique est toujours tenu pour imitatif de cela même que représente le signe qu’il sert à former, en sorte qu’un double rapport d’analogie s’établit entre la forme phonique des mots et, d’une part, leur signifié fondamental, d’autre part, leur référent.
- 15 Ce que le linguiste et psychologue K. Bühler appellera longtemps après les « onomatopées articulato (...)
20Il n’en va pas de même pour les termes qui, faute d’évoquer immédiatement un phénomène acoustique, se trouvent construits selon un processus de transposition analogique15 . Ainsi redondance, « dérivation figurée du son que rend un corps dur qui rebondit dans sa chute », ne constitue-t-il pas « une onomatopée propre, mais une onomatopée abstraite » parce ce nom désigne « une espèce de bondissement de la pensée, qui, après avoir frappé l’esprit, rejaillit et retombe avec moins de force ». Le mimétisme inhérent au signifiant ne se rapporte plus, en l’occurrence, à une qualité sonore du signifié ou du référent, mais à un tertium comparationis qui légitime seul l’expressivité d’une formulation résolument métaphorique.
- 16 Volontiers tenues pour de vulgaires symboles – donc des quasi-signes – par les linguistes, les onom (...)
- 17 Dictionnaire, s.v. cascade. P. Guiraud se montrera plus catégorique encore, en invoquant un « incon (...)
21Car ce que Nodier entend recenser dans son Dictionnaire, c’est moins la somme précise des unités onomatopéiques repérables (et isolables) dans les textes qu’un ensemble flou de termes qui, appartenant au lexique16, se laissent considérer sous un rapport mimétique. « Quelque fortuite qu’ait été la composition des langues, il ne peut y avoir eu qu’un très petit nombre de mots formés sans motifs17 » ; au-delà des filiations établies par la science étymologique, l’investigation lexicographique prendra donc à charge de remotiver l’association, ab origine, des formes sonores et de leurs effets de sens : que flaque ait pour étymon le latin flaccidus n’empêche pas de lui conférer une valeur intrinsèque, eu égard au « bruit de l’eau qu’on flaque à terre » ; de même, le lien lâche que cascade a pu maintenir avec le latin cadere (“tomber”) n’en laisse « pas moins reconnaître cette expression pour une onomatopée ». Le décryptement philologique est un travail d’autant plus efficace qu’il explore la surface même du vocabulaire : surface sonore, avant tout, mais aussi surface graphique que délimite le signifiant alphabétique.
22Instructive est à ce titre la démonstration que Nodier consacre à la l’initiale H (s.v. harpe). La longue liste des mots énumérés là prend d’abord acte du fait que cette lettre, « très moderne relativement aux temps et au langage primitifs », ne saurait se retrouver à la base de leurs « racines naturelles ». Néanmoins, son émergence au fil de l’histoire des formes témoigne, selon l’auteur, d’une sorte de réfection analogique affectant tout un paradigme de mots ayant pour trait commun « les idées qui ont rapport à l’action de saisir ou de dérober » : la mise en place de cette charpente littérale n’est pas advenue arbitrairement ou par hasard, car « le motif qui en a déterminé l’emploi, c’est son caractère, son esprit, l’idée d’avidité qu’elle réveille toutes les fois qu’on l’aspire ». Pas plus ignorée que niée, l’étymologie savante se voit au juste subsumée voire sublimée par le discours lexicographique, au nom d’un principe intemporel qui fait du simple souffle un marqueur sémantique aussi structurant que probant.
- 18 Structures étymologiques du lexique français (1967), Payot, 1986, p. 126.
23Résolument impressionnistes, ces considérations n’en sont pas moins gagées sur une dimension à la fois iconique et inconsciente des structures morpho-phono-sémantiques. De celles-ci Pierre Guiraud a pu affirmer qu’elles restent « en puissance » dans le système mais aussi qu’elles mobilisent l’étymologie pour s’actualiser en discours, selon un phénomène dit de « rétrosignification, et qui est de nature physique ; c’est une emphase des propriétés phoniques qui ainsi sont sensibilisées et mobilisées18 ». Voilà pourquoi le linguiste constatait à son tour que l’H aspirée, généralement tenue pour indice d’une origine germanique (dans haine, hargne, honte, horde, houle, etc.), est aussi présente à l’initiale de mots issus du latin (haut, hérisson, huppe, hurler, humer…) où elle semble revêtir « une fonction onomatopéique, exprimant l’idée de quelque chose qui accroche, qui oppose » (1982, p. 353).
- 19 Ibid., p. 93. Au dire de l’auteur, « les racines labialisées tendent à s’organiser en un champ de f (...)
24À l’instar de Nodier, qui reconnaît dans le verbe agripper le « bruit que produit le frottement des griffes ou des mains contre les corps dont elles s’emparent », ce même auteur estime encore : « Lorsqu’on gripe ou qu’on s’agrippe, les organes de la phonation et le corps lui-même miment le mouvement : les doigts s’incurvent en griffes tenaces, l’r se glottalise en raclements, la tenue occlusive s’intensifie et redouble » (1986, p. 114). Des mots bouder, bouderie et boudeur Nodier remarque qu’ils sont « du même effet d’imitation, leurs initiales se prononçant sur la même touche » ; semblablement, Guiraud note que « les mots qui expriment le mépris présentent une articulation labialisée qui s’actualise en une moue “imagée” par l’avancée et l’arrondissement des lèvres19 ». Le Bisontin, certes, en tient prioritairement pour une représentation mimétique des bruits objectifs, là où le théoricien structuraliste convoque la notion cinétique d’onomatopée articulatoire pour caractériser l’expressivité due, non point au son produit par les organes de la parole mais à leur mouvement même, analogue au mouvement signifié. Dans le verbe glisser Nodier n’entend que le « bruit d’un corps qui parcourt rapidement la surface d’un corps glissant » et dans glace il ne voit qu’un mot « formé du même son naturel, parce que la glace offre une surface unie, lisse et glissante ». Mais sans doute n’est-il pas si éloigné de Guiraud comparant
le français glisser, l’anglais to glide, to slip et l’allemand schlützen qui, sous des formes différentes, « présentent un élément commun : li (lü) (l + voyelle palatale fermée), entouré d’éléments fricatifs s, ch, tz. La langue est tendue à plat, l’aperture est resserrée et le souffle expiratoire chassé à travers le canal latéral le long duquel il « glisse ». (1986, p. 93)
- 20 D et T caractérisent les dents, G et K expriment « l’idée de gorge et de gosier, la nasale N indiqu (...)
25Guiraud enregistre par ailleurs sous la rubrique des onomatopées déictiques cette « tendance qu’ont les mots désignant les organes de la parole à se former au moyen des phonèmes articulés par ces organes eux- mêmes » (ibid., p. 22). Or Nodier ne faisait pas autre chose, qui remarquait que « chaque touche vocale » est appropriée à « deux ou trois sons particuliers », en sorte que « le nom de ces touches a été construit sur les sons auxquels elles étaient affectées20. »
- 21 PUF, 2003, nouvelle éd. 2005.
- 22 Dans ses Structures du Franzözisches Etymologisches Wörterbuch, E. Büchi a pourtant pu isoler 313 é (...)
- 23 P. 12. On ne s’étonnera pas que les deux ouvrages présentent fort peu d’entrées identiques : courou (...)
- 24 « Le système est le moule dans lequel viennent se couler les accidents de l’histoire ; l’un détermi (...)
26Il suffit en revanche de confronter l’ouvrage de Nodier et le récent Dictionnaire des onomatopées publié par P. Enckell et P. Rézeau21 , pour découvrir qu’ils ont fort peu d’entrées communes eu égard à l’abîme conceptuel qui les sépare. Les deux linguistes contemporains font de courli le « bruit du cri du courlis », sans aucunement gloser le nom de cet oiseau (2005, p. 190), tandis que leur prédécesseur n’hésitait pas à poser que ledit courlis a été nommé de la sorte « par imitation de son cri ». Plus que l’onomatopée objective, c’est sa lexicalisation qui retenait l’attention de Nodier ; les noms d’origine onomatopéique n’ont en revanche pas de place chez Enckell et Rézeau22 , qui ne s’occupent que des formes – souvent interjectives – imitant « ou prétendant imiter, par le langage articulé, un bruit (humain, animal, de la nature, d’un produit manufacturé) » 23. Comprenant essentiellement des noms, des adjectifs ou des verbes, le recueil de Nodier participait en fait du glossaire ; son concurrent actuel dresse une liste de notations non normées et le plus souvent absentes des dictionnaires de langue (beng, blurp, braoum, bzim, chtak, crouic, eurk, flaouf, grouic, mff, pfuit, scrotch…), qui visent en littérature à contrefaire des realia. Or Nodier, proche du modèle à la fois immanent et contingent postulé par Guiraud24 , déprise sans réserve la néologie, les
- 25 Préface du Dictionnaire. Tels sont sans conteste les divers atchit, bsing, flatch, grouik, mrouin, (...)
onomatopées barbares » et autres « mots purement factices que des auteurs peu délicats dans le choix des termes, ont cru pouvoir créer pour exprimer des sons qu’ils ne savaient pas imiter autrement. Si une pareille fantaisie était de nature à devenir contagieuse, la langue serait bientôt inondée et n’offrirait plus qu’une suite de cacophonies intolérables25.
27La mimologie ne vaut que pour autant qu’elle permet aux seuls « poètes d’un grand talent » d’atteindre à l’essence même du Verbe et de ses harmonies foncières.
« Une imitation qui surgit des éléments mêmes de la parole »
28Pour fantastique et naïf qu’il paraisse au regard du positivisme scientiste, ce singulier sentiment de la langue favorise une évaluation esthétique des discours et des textes. Le topos de l’inexorable dégénérescence au fil des âges est appliqué non seulement aux idiomes mais aussi aux littératures, censées se développer et mourir à l’instar des êtres vivants. Ainsi « la langue et la poésie d’Homère » finissent-elles à l’époque alexandrine avec Lycophron, « prototype éternel de ces faiseurs de galimatias doubles, si communs dans les littératures en décadence » (Notions, p. 54).
- 26 Lire « De la palingénésie humaine et de la résurrection » (1832, repris in Œuvres complètes, t. V, (...)
29L’originalité de Nodier est de conjuguer deux vitalismes, et linguistique et littéraire, pour les saisir dans une même dialectique, grâce à une conception cyclique et palingénésique 26 de ces deux objets connexes. Rien ne s’achève que pour recommencer, rien ne s’efface que pour renaître, sous une autre forme mais selon d’analogues principes mimologiques :
- 27 « De la prose française, et de Diderot », Revue de Paris, 1830 (reprint Genève, Slatkine, 1972), p. (...)
Au dix-huitième siècle se préparait une révolution immense dans la société ; il arriva ce qui arrive toujours, une révolution immense dans le langage. […] On s’aperçut alors que ce qui restait de la poésie antique était un rythme, et que ce qui s’annonçait de la prose nouvelle était une langue27.
- 28 « De la prose française », loc. cit., p. 232.
30De fait, c’est bien « la providence des langues » qui vint susciter, « dans un atelier d’horlogerie », le génie d’un Rousseau servi par « le hasard de son éducation spontanée » et par « les tours d’un parler âpre et naïf, élastique et malléable » 28. De même, c’est au Diderot « fils d’un coutelier » que Nodier reconnaît le mérite d’avoir innové par
un style spontané comme l’imagination, indépendant et infini comme l’âme, un style qui vit de lui-même, et où la pensée s’est incarnée dans le verbe. […] Dans les lettres comme dans les institutions, c’est le peuple qui renouvelle tout, parce qu’il ne vieillit pas. (ibid., p. 234)
- 29 Définition de P. Bénichou, dans l’École du désenchantement (Gallimard, 1992, p. 86).
31Rien d’étonnant à voir se reproduire en de telles occasions cette prise de la parole par laquelle Adam se fit homo loquens. Par-delà les processus de déréliction qui éloignent de l’origine sans l’abolir jamais, se font jour de manière cyclique, non pas d’éternels retours à ce mythique acte de fondation, mais de nouveaux départs conformes à ce « progrès par recréations successives » 29 qu’est la palingénésie. L’indissoluble collusion entre langue et littérature – l’une engendrant ou détruisant l’autre, et réciproquement – permet en somme de les inscrire dans une dynamique commune, une histoire de la parole où le sentiment du vrai induit une représentation du beau compris comme expression naturelle de l’affect :
Le tact intelligent des étymologies et des figures de la parole est aux signes de la pensée ce que la poésie est aux choses. Voilà en quoi le poète et le linguiste se touchent. Quand ils ne s’entendent pas entre eux, c’est qu’il y en a un des deux qui n’a pas compris son art et qui n’en sait pas la portée. » (Notions, chap. III, p. 40)
32En tant qu’elle se situe au plus proche de la sensation brute, l’involution cognitive s’accommode donc fort bien d’un éloge de l’ignorance, d’un refus des théories voire des faits eux-mêmes, qui empêchent de « rencontrer le nom véritable des choses ». D’où son anachronisme foncier, sa validité à tout instant récusable, mais aussi sa pérennité fantasmatique fondée sur une quête romantique de l’absolu qui plaçait bel et bien, déjà, le style au cœur de la langue imitative :
Que le poète l’essaye : qu’il fasse bruire les brises à travers les bruyères, murmurer les ruisseaux qui roulent lentement leurs eaux entre des rivages fleuris, soupirer les scions ondoyants qui se balancent, qui gémissent ; frémir et frissonner les frais feuillages ; la tourterelle ou hurler au loin le hibou ; qu’il fasse se lamenter les vents plaintifs, qu’il les fasse rugir furieux ; qu’il mêle leur clameur effrayante à la sourde rumeur de l’ouragan, au fracas des torrents qui se brisent de roc en roc, au tumulte des cataractes qui tombent, aux éclats des tonnerres qui grondent, aux cris des pins qui se rompent… il ne pourra se dérober à la nécessité d’une imitation qui surgit des éléments mêmes de la parole […] Tout cela n’est pas du style en vérité, car le style serait trop aisé s’il était là-dedans ; c’est tout bonnement la parole comme l’homme l’a trouvée et comme il l’a prise. (Notions, chap. II, p. 28 sq.)
Notes
1 Respectivement Mimologiques. Voyage en Cratylie, éditions du Seuil, 1976 ; et « La nature dans la voix », préface au Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises, reprint de la 2e éd. (1828), Mauvezin, Trans-Europ-Repress, 1984, p. 11-104.
2 Notions élémentaires de linguistique, ou Histoire abrégée de la parole et de l’écriture [1834], Genève, Droz, 2005, p. 51. Pièce en alliage sans valeur, le billon servit de monnaie de compte jusqu’au XVIIIe s.
3 « La valeur linguistique sera comme la valeur d’une pièce de cinq francs. Cette valeur est déterminée par une foule d’autres choses que le métal qui y entre » (Écrits de linguistique générale, P., Gallimard, 2002, p. 287 ; voir Fr. Rastier, « Valeur saussurienne et valeur monétaire », l’Information grammaticale n° 95, oct. 2002, p. 46-49).
4 Article « Langue française » du Dictionnaire de la conversation et de la lecture (publié sous la dir. de W. Duckett en 1836), repris dans la rééd. des Notions, p. 304.
5 Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746), Galilée, 1973.
6 Essai sur l’origine des langues (posth. 1781), chap. III (Gallimard, « Folio », 1990).
7 Voir les Études de la nature, t. II, 1804.
8 Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises [1808-1828], s.v. Trictrac (rééd. Genève, Droz, 2008, p. 210).
9 Cf. Législation primitive (1802, pp. 21 sq. et 122) et le chap. II des Recherches philosophiques qui traite de l’Origine du langage (1817).
10 Remarques sur la Grammaire générale et raisonnée (1754), [in] Œuvres complètes, 1821, reprint Genève, Slatkine, 1968, t. VIII, chap. I-6, rem., p. 36-38.
11 Mélanges de littérature et de critique (1820, reprint Genève, Slatkine, 1973, t. I, p. 67-71). Voir les Lettres à Grégoire sur les patois de France (1880, reprint Genève, Slatkine, 1969) et M. De Certeau et alii, Une politique de la langue : la Révolution française et les patois, P., Gallimard, 1975.
12 Note du Génie, II, III, VI ; intégralement citée par Nodier dans la préface du Dictionnaire. Voir aussi les Mélanges de littérature : « Il est peut-être impossible de peindre les frémissements de la bruyère, le tumulte du torrent, du tonnerre et de la tempête, sans répéter malgré soi ces lettres imitatives qui ont été empruntées à la nature même, et qui se multiplient dans tous les éléments de la phrase descriptive. De cette espèce de consonances, résulte l’harmonie propre, qui est une des principales beautés des langues, et qui n’est condamnable que lorsqu’elle pêche par l’affectation ou par l’excès » (op. cit., t. I, p. 208).
13 Selon l’expression de Bachelard dans la Flamme d’une chandelle, PUF, 1964, chap. II, p. 42.
14 Examen critique des dictionnaires, s.v. Mimologisme (1829, p. 264).
15 Ce que le linguiste et psychologue K. Bühler appellera longtemps après les « onomatopées articulatoires », peignant « acoustiquement un fait non acoustique » (« L’onomatopée et la fonction représentative du langage », Journal de psychologie normale et pathologique n° 30, 1933, p. 11).
16 Volontiers tenues pour de vulgaires symboles – donc des quasi-signes – par les linguistes, les onomatopées sont bel et bien dans la langue, fût-elle par ailleurs régie selon le principe de l’arbitrarité. C’est en particulier ce que M. Arrivé remarque à propos de la glossématique danoise : « Pour Hjelmslev la langue n’est pas un pur système de signes, mais le lieu de rencontre d’un système de signes et d’un (ou de) système(s) de symboles » (Linguistique et psychanalyse, Méridiens Klincksieck, 1986, p. 46). On aura compris que, pour Nodier, la langue semble symétriquement se définir comme un impur système de symboles…
17 Dictionnaire, s.v. cascade. P. Guiraud se montrera plus catégorique encore, en invoquant un « inconscient linguistique engagé dans la structure profonde » du système morpho-sémantique : « Tout mot, dans son principe, est motivé et il ne peut en être autrement, c’est la condition nécessaire et inhérente à sa fonction ; par la suite, cette motivation tend, plus ou moins rapidement et plus ou moins complètement, à s’obscurcir et le signe devient arbitraire ; mais le système continue à générer des synonymes du concept, eux aussi motivés à l’origine et voués à leur tour à la démotivation historique » (Dictionnaire des étymologies obscures, Payot, 1982, p. 15).
18 Structures étymologiques du lexique français (1967), Payot, 1986, p. 126.
19 Ibid., p. 93. Au dire de l’auteur, « les racines labialisées tendent à s’organiser en un champ de formes isosémiques » et « beaucoup de ces radicaux semblent être des onomatopées spontanées » (ibid., p. 112 sq.).
20 D et T caractérisent les dents, G et K expriment « l’idée de gorge et de gosier, la nasale N indique le nez, la lettre L a été consacrée à la langue, parce qu’elle est le plus liquide des sons que la langue forme » (préface du Dictionnaire, rééd. 2008, p. 9).
21 PUF, 2003, nouvelle éd. 2005.
22 Dans ses Structures du Franzözisches Etymologisches Wörterbuch, E. Büchi a pourtant pu isoler 313 étymons onomatopéiques du lexique français (Tübingen, 1996, p. 392-393).
23 P. 12. On ne s’étonnera pas que les deux ouvrages présentent fort peu d’entrées identiques : couroucou, drelin, flic-flac, glouglou, patapatapon, patatras, pouf, rataplan, et quelques rares autres.
24 « Le système est le moule dans lequel viennent se couler les accidents de l’histoire ; l’un détermine la forme, d’où procède le sens, l’autre fournit la substance qui incarne cette forme. Il en résulte qu’il y a deux niveaux de causalité étymologique : une structure superficielle “historique” et une structure profonde “systématique”, en plus ou moins grande partie soustraite à l’histoire, à la temporalité, à la conscience » (1982 : 14 sq.).
25 Préface du Dictionnaire. Tels sont sans conteste les divers atchit, bsing, flatch, grouik, mrouin, rrh, scrotch, tchlaof, vlouff, vouit, vrrt, vzz, wham et autres zouip recensés par le Dictionnaire d’Enckell et Rézeau…
26 Lire « De la palingénésie humaine et de la résurrection » (1832, repris in Œuvres complètes, t. V, reprint Genève, Slatkine, 1968).
27 « De la prose française, et de Diderot », Revue de Paris, 1830 (reprint Genève, Slatkine, 1972), p. 228.
28 « De la prose française », loc. cit., p. 232.
29 Définition de P. Bénichou, dans l’École du désenchantement (Gallimard, 1992, p. 86).
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Jean-François Jeandillou, « Écrire en langue imitative », Modèles linguistiques, 60 | 2009, 55-67.
Référence électronique
Jean-François Jeandillou, « Écrire en langue imitative », Modèles linguistiques [En ligne], 60 | 2009, mis en ligne le 05 janvier 2013, consulté le 19 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ml/208 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ml.208
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