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AccueilNuméros415. Structuralisme et pragmatique ...

Texte intégral

1. Généralités

1Cette communication se propose de présenter les recherches actuelles menées à Genève en pragmatique et en analyse du discours, en essayant d’observer la manière dont leurs épistémologies se positionnent par rapport aux grands courants hérités de Saussure.

2L’idée structuraliste de Saussure, et plus généralement, l’épistémologie saussu­rienne, qui a transformé la linguistique et les sciences humaines de manière si vaste, doit son succès, outre au caractère révolutionnaire et fondateur des propos du Cours de linguistique générale, à de nombreux facteurs secondaires. Parmi ceux-ci, étonnamment peut-être, je voudrais retenir le caractère incertain, flou, du Saussure genevois que dessine le Cours.

3Certes, le Cours est un ouvrage qui a sa propre homogénéité et sa propre pré­di­ca­tion, et qui a suffi, à lui seul, à bouleverser la linguistique, et à poser les fonde­ments d’un programme sémiologique général, un programme qui devait inscrire, comme chacun sait, les sciences du langage comme une science des signes parmi d’autres, toutes explicables par cette science virtuelle de tous les systèmes de signes, la sémiologie. Mais le Cours est aussi le miroir déformant d’un penseur qui n’a pas laissé de trace écrite générale, non qu’il fût réservé ou qu’il eût peur de se livrer, mais plutôt parce qu’il ne voulait rien écrire avant d’avoir enfin épuisé sa quête d’un modèle achevé des théories du langage. Quête dont Saussure avait par ailleurs le sentiment du caractère probablement infini, ce qui ne manque pas de plonger dans un certain paradoxe : d’une part il y a chez Saussure le désir, sinon l’ambition, de circonscrire clairement l’objet linguistique, et d’autre part le risque d’une impos­si­bi­lité, peut-être intrinsèque à cet objet, de le circonscrire définiti­ve­ment. En ce sens, le Cours livre un propos nécessairement inachevé, et fige dans ses pages une pensée alors en évolution, bien que les fondements de la nouvelle science du langage y soient solidement posés. Le Cours est de ce point de vue une prise de pouvoir du synchronique, de la mise à plat de la théorie, sur le diachronique, c’est-à-dire sur ce que le propos doit avoir de possibilité engendrante et continuatrice. Le Cours peut alors être vu comme une métaphore de l’opposition problématique entre un état et une évolution, une métaphore de l’opposition entre synchronie et diachronie.

4Cette inévitable amputation que le Cours réalise pour présenter une pensée achevée, et donc en partie fantasmée, a donné beau jeu aux uns et aux autres de comprendre, voire de continuer, chacun à sa manière, l’œuvre de Saussure. Certains cherchèrent et cherchent encore à mieux appréhender le structuralisme saussurien, soit dans son ensemble, soit dans une de ses dimensions particulières ; ceux-ci se livrent au lent travail d’exégètes du Cours, et comparent avec succès les notes de Bally et Séchehaye avec celles d’autres étudiants. Ils évaluent la portée des archives manuscrites qu’ils relisent à la Bibliothèque de Genève ; et ils espèrent la découverte de quelque texte inédit dans les greniers familiaux. De la sorte, le propos du Cours est remis en question, il devient susceptible d’une reconstruction, d’une comparaison avec une doxa retrouvée ; de nombreux travaux de grande valeur ont été menés, et continuent d’être menés dans cette perspective philologique, et chacun connaît l’édition du professeur Engler, l’appareil critique de Tullio di Mauro, à Genève les textes de René Amacker, pour ne citer que ceux-ci.

5En revanche, loin des travaux exégétiques de ces universitaires, dont la plupart ont eu ou ont encore des liens avec la Suisse, le Cours a pris seul son envol et a rencontré d’autres terreaux, dans lesquels il n’était pas question de chercher à mieux comprendre la pensée de Saussure, mais plutôt de voir vers quelle philosophie du langage menait le Cours. Le Cours ne faisait alors plus l’objet de réflexions philologiques, mais devenait l’ouvrage de référence.

6D’abord, les Parisiens retrouvaient ainsi, par le retour d’un express Paris-Genève devenu célèbre entre-temps, un maître qui leur était cher et qui leur avait donné d’être une grande capitale de la linguistique, peut-être la capitale mondiale de la linguistique. Le Cours leur semblait légitime, et surtout, ils pouvaient en faire une lecture relativement libre.

7La lecture française du Cours a théorisé le structuralisme comme une approche qui permet la description de phénomènes sociaux et humains de manière générale comme relevant de systèmes de signes ; Buyssens, Barthes à sa manière, l’envisa­ge­ront d’ailleurs ainsi, et nombreux sont ceux qui transposeront hors des questions purement communicatives l’idée structuraliste, que l’on pense à Lacan ou à Lévi-Strauss. C’est là que les sciences humaines ont commencé à relever le défi d’une sémiologie générale, en prenant la direction d’une épistémologie à tendance relativiste, au sens philosophique du terme, transposant dans leurs domaines respectifs cette phrase du Cours, la dernière : « La linguistique a pour unique et véritable objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même ». Or, on le sait bien, cette phrase, que Saussure pensait d’ailleurs peut-être, n’a jamais été prononcée par lui ; c’est l’œuvre des éditeurs du Cours.

8Parallèlement, quand les uns et les autres parlent, à juste titre, de structure, il ne faut pas perdre de vue que le Cours ne comporte pas lui-même le terme de struc­ture : on ne le retrouve que sur les notes d’étudiants. Pourtant, rien de plus légitime, quand Hjemslev définit la linguistique structurale, que de retrouver l’esprit du Cours : « On comprend par linguistique structurale un ensemble de recherches reposant sur une hypothèse selon laquelle il est scientifiquement légitime de décrire le langage comme étant essentiellement une entité autonome de dépendances inter­nes, ou, en un mot, une structure » (Hjemslev, cité par Roulet 1975, 84). Cette idée est bien entendu présente chez les héritiers parisiens de Saussure comme Martinet.

9Ce qui est Saussure dans le Cours et ce qui ne l’est pas devient alors vite une question non pertinente : le Saussure dont on parle est créé par le Cours lui-même ; en quelque sorte, il s’agit d’un Saussure relatif à son cours.

10La voie structurale de Hjemslev met l’accent sur la structure, et il en est de même dans l’école de phonologie structurale. Elle cerne son domaine dans l’axe direct de ces propos du Cours que rappelle Jakobson au congrès de sciences phoné­ti­ques de 1938 : « Les phonèmes sont avant tout des entités oppositives, relatives, néga­tives » (Jakobson 1939 et 1973). La voie relativiste du structuralisme saussu­rien, qui considère les relations internes comme essentielles et les relations avec l’extérieur du système comme accessoires, est de plus en plus ouverte.

11Elle se retrouve dans le structuralisme américain, à commencer par la grammaire structurale, de Bloomfield à Harris et Pike, qui, dans l’influence qu’elle a eue sur les sciences sociales en général, a contribué de manière centrale au développement de ce courant général qu’on appelle souvent le « postmodernisme », celui-là même qui irrite Sokal et Bricmont lorsqu’ils y voient « un courant intellectuel caractérisé par […] un relativisme cognitif et culturel qui traite les sciences comme des « narrations » ou des constructions sociales parmi d´autres » (Sokal & Bricmont 1997, 11).

  • 1 Roulet note encore : « Bloomfield, en 1922, fait une brève allusion à l’apport de Saussure dans le (...)

12Premièrement, même si cette question fait débat, il y a de bonnes raisons de penser que Bloomfield a lu et apprécié Saussure, et Roulet note que « Malgré la rareté et la brièveté des références à Saussure chez Harris ou chez Pike, l’influence du Cours est évidente »1 (Roulet 1975, 86).

  • 2 Troisième conférence (leçon inaugurale), Université de Genève, novembre 1891, citée par Bouquet (Bo (...)

13Deuxièmement, il n’est pas dénué de pertinence d’estimer que le Saussure du Cours conduit effectivement à ce relativisme, et cela pour deux raisons au moins. Premièrement, Saussure ne s’est pas caché de l’influence de la manière de dire la science sur la science elle-même ; c’est notamment dans cet esprit, lors de ses leçons inaugurales à Genève en 1891, qu’il parle du mot comme « principal perturbateur de la science des mots »2. D’autre part, et c’est plus important, le fait de retenir comme donnée centrale du structuralisme l’idée de valeur, comme le fait Hjemslev par exemple, fait courir le risque d’occulter que Saussure, s’il détache les repré­sentations mentales que nous avons des objets du monde de ces objets eux-mêmes, n’élimine nulle part dans son idée de signification l’association fondamentale entre image mentale et image acoustique. Autrement dit, si le signe existe comme signification, c’est certes parce qu’il a une valeur différentielle, mais aussi parce qu’il met en relation une représentation phonétique et une représentation mentale. Enfin, s’il n’existe qu’une signification de valeur, toute idée de référence à une quel­con­que réalité extérieure au système se trouve suspecte, ce qu’elle n’est pas néces­sai­rement chez Saussure ; d’ailleurs, ce n’est probablement pas pour rien qu’un arbre se trouve dessiné par sa plume, avec tronc et feuillage, pour évoquer le signifié du mot. Oublier ce Saussure-là, présent dans le Cours, c’est tirer le structuralisme saussurien vers un certain extrême, celui d’une lecture maximalement relativiste.

14Les deux thèses, explicites ou implicites, qui correspondent in fine aux versions dominantes du structuralisme contemporain, dont on peut dire qu’elles proviennent effectivement d’une interprétation du Cours, sont l’autonomie du sens par rapport à la réalité, et le relativisme linguistique, thèse selon laquelle la langue spécifique de l’individu lui impose une perception et une classification des objets de pensée propre, voire une vision pleinement idiosyncrasique du monde.

15En pragmatique, le Saussure de Paris comme le structuralisme américain se trouve actuellement défié par les propositions des sciences cognitives et des neurosciences, ces sciences « dures », dont de nombreux linguistes espèrent qu’elles feront passer la linguistique à l’âge adulte, mais toujours en envisageant la linguistique comme un sous-ensemble de sciences. Sémiologie hier, sciences cognitives aujourd’hui, espèrent certains, tandis que d’autres cherchent à diviser de la sorte deux domaines d’investigation pleinement complémentaires. Toujours est-il que les sciences cognitives questionnent le modèle structural dominant : le langage peut-il, dans une théorie cognitivement motivée, se laisser décrire comme un sys­tè­me de valeurs, descriptible par de simples règles de permutation et de commutation, ou doit-il s’appréhender comme un ensemble de phénomènes liés et à l’esprit et au monde, dynamiquement, que ce soit dans l’interaction discursive, ou dans les procédures interprétatives ?

  • 3 Pour être juste il faut signaler aussi une troisième voie, ouverte par les travaux d’A. Auchlin sur (...)

16À Genève, deux axes de réflexion en linguistique fondamentale se sont dessinés : l’analyse du discours et plus récemment la pragmatique radicale3.

17Premièrement, Eddy Roulet situe actuellement son analyse du discours dans un cadre modulariste : on y trouvera la filiation d’un structuralisme empirique, non sans parenté, d’ailleurs, et quelque étonnant que cela puisse paraître au premier abord, avec l’idée d’une sémiologie générale ; à cette filiation s’en ajoutent d’autres, plus évidentes, que j’évoquerai plus loin.

18Parallèlement, Jacques Moeschler et son équipe, dans la mouvance de la théorie de la pertinence, retrouve un Saussure genevois qui n’a rien contre la référence, et développe un modèle de la communication qui relève de la pragmatique radicale : bien plus que d’être langue ou langage, la communication est interaction entre énoncés et environnement cognitif, et une bonne théorie de la communication est, dans cette perspective, d’abord, une bonne théorie de l’interprétation.

19Avant de dresser le tableau sommaire de ces deux approches, il me semble opportun de voir qu’elles impliquent deux manières distinctes de considérer le rapport que l’énoncé entretient avec son environnement. On peut soit considérer que le discours est une catégorie pertinente, et qu’il fait système (quelque complexe que ce système soit), soit que l’interprétation du discours est réductible à l’interprétation des énoncés. C’est le problème, aigu en pragmatique contemporaine et en analyse du discours, de la résolution des expressions qui sont impossibles à interpréter au niveau de la phrase, et de la cohérence. Même si l’école genevoise se refuse à envisager directement le discours comme articulé selon un modèle de cohérence, les deux approches adoptent un point de vue différent sur la question ; il n’est pas inutile de rappeler, fût-ce à gros traits, cette différence, qui a nourri la réflexion tant discursive que pragmatique de ces dernières décennies.

2. Les marques linguistiques dépendant du contexte

20Si la méthodologie structurale, dans l’acception dérivée des travaux des structuralistes pragois, a porté des fruits en phonologie et en sémantique, puis dans d’au­tres domaines des sciences humaines comme en psychologie ou en anthropo­lo­gie, pourquoi ne serait-elle pas à même de proposer une heuristique en ce qui concerne le fonctionnement du langage dans cet obscur espace qui s’étend au-delà de la phrase et qui constitue le « discours » ? Telle est la question qui s’est posée à des linguistes comme Benvéniste ou Weinrich, et qui a orienté leurs travaux vers l’analyse du discours, d’abord dans cette perspective qu’on appelle parfois la grammaire de texte ou, dans son expression allemande, la Textlinguistik.

21Parmi les hypothèses qui autorisent le développement de cette approche, outre l’hypothèse selon laquelle il existe des catégories discursives, il en est une indispensable : de la même manière que les unités d’une phrase sont l’objet de contraintes syntaxiques diverses, de liage notamment, les différentes unités du discours seraient liées par des règles stables, comparables, mutatis mutandis, aux règles syntaxiques ; comme pour la linguistique structurale en général, la linguistique de texte peut alors former le projet de décrire le discours comme un système articulé en termes de valeurs, système qu’on peut mettre à l’épreuve par l’heuristique des changements sur les axes syntagmatiques et paradigmatiques. Cette hypothèse, développée et proposée de diverses manières, peut se réduire à une proposition simple : les unités du discours entretiennent entre elles des relations, et ces relations relèvent de la cohérence. De la sorte, la cohérence est une propriété définitoire du discours, et se définit parallèlement par un ensemble de règles régissant l’organisation des unités discursives entre elles.

22Cette approche est, on le voit, une tentative de porter à un niveau supérieur l’approche structurale classique. Présentée de la sorte, elle aurait une ambition vraiment parallèle à la grammaire. Mais en réalité, la définition de la cohérence est plus précise que ne le laisse entendre la simple idée d’un « ensemble de règles » : la cohérence d’un discours dépend de marques linguistiques spécifiques. Cette conception des choses connaît un succès certain, et l’école genevoise d’analyse de discours comme la pragmatique radicale se trouvent crucialement impliquées dans la recherche discursive contemporaine, en particulier au sujet de ces marques spécifiques.

23Les constats généraux des analystes de discours sont évidents : en premier lieu, il y a le fait que des marques linguistiques, qu’on nommera marques de cohésion, sont impossibles à interpréter au niveau de la phrase : il s’agit, grosso modo, des anaphores discursives, des ellipses, des connecteurs pragmatiques, et des temps verbaux.

24Le projet initial d’une linguistique de texte régie de manière strictement interne a fait place à un projet bien plus étendu et bien plus raisonnable. Dans le domaine de la résolution des anaphores, par exemple, l’analyse du discours se dote d’une théorie du contexte qui étend le domaine de la mémoire discursive. La mémoire discursive, qui enregistre en premier lieu les faits de discours, s’étend aux éléments situationnels, voire aux connaissances partagées : il faut, pour expliquer les liens entre unités, être capable de recourir à des mécanismes cognitifs liés à la connais­sance du monde, aux mécanismes perceptuels, et à la référence de manière générale. La mémoire discursive n’est donc pas une mémoire du discours mais bien la mémoire qui sert à l’interprétation du discours. Ainsi peut-on envisager la résolution des déictiques, la prise en charge des inférences simples, comme celles qui per­met­tent de résoudre les cas classiques d’anaphore associative, et le rôle important de la modé­lisation des données encyclopédiques complexes, comme les scénarios, scripts, rela­tions stéréotypiques, qui permettent d’expliquer les comportements. Cela sup­pose donc que le caractère homogène du discours, lié à des marques lin­guis­tiques, est aussi en relation avec le monde extra-discursif, celui du contexte, entendu dans un sens plus large que le simple cotexte. Ajoutons que le rapport au monde extra-discursif est conçu dans l’approche discursive genevoise comme une inter­action entre un monde objectif, relativement peu descriptible, et un ensemble de repré­sen­tations de ce monde, représentations relatives à une culture. On présentera l’appro­che modulaire de Roulet plus bas, car elle recouvre des dimensions différentes.

25En face de l’approche discursive, il en est donc une autre, représentée par la mouvance de la théorie de la pertinence, dont les initiateurs sont Dan Sperber et Deirdre Wilson (Sperber & Wilson 1989), et qui prend un tour particulier à Genève sous la direction de Jacques Moeschler. Elle aussi, je la présenterai dans un instant ; ce que je voudrais noter maintenant, c’est qu’elle s’est développée dans une critique de l’approche discursive que je viens d’évoquer, et en particulier au double sujet de l’objet d’étude et de la cohérence.

26En se fondant sur une série d’arguments, la pragmatique radicale conteste l’idée que la cohérence, bien qu’elle soit une notion intuitivement fondée, se laisse décrire scientifiquement ; sur ce point les deux approches genevoises ne sont pas en désac­cord fondamental, puisque la cohérence concerne plutôt d’autres approches discur­sives. Mais surtout, elle conteste que les marques de cohésion permettent de cerner cet objet, contesté lui aussi, de discours.

27Tout d’abord, ils dressent eux aussi des constats simples. Par exemple, celui qu’une séquence énonciative peut être parfaitement incohérente, tout en exhibant des marques linguistiques de cohésion. Ainsi en est-il selon eux d’une phrase comme (1) que j’emprunte à Reboul et Moeschler (1998, 66) :

(1) Jean a acheté une vache. D’ailleurs elle est rousse comme un écureuil. Il vit dans la forêt et hiberne l’hiver. Mais il est très froid dans la région.

28Parallèlement, ils notent des discours cohérents dépourvus de la moindre marque de cohésion, comme (2) (Reboul & Moeschler 1998, 65) :

(2) Le bombardier pense à sa jambe. Gardet pense à son visage. Gardet aime les femmes (Malraux, L’Espoir).

29Certes, ces exemples ne closent pas la discussion, et l’incohérence de (1) comme la cohérence de (2) peuvent recevoir des explications susceptibles de maintenir l’hypothèse de la cohérence. Mais l’argument est intéressant : ici, la cohérence serait assurée non pas par de quelconques marques linguistiques de cohésion, mais par des informations contextuelles plus complexes ; en gros, si on peut parler de cohérence, au sens intuitif, ce sera parce qu’il existe un univers de connaissances, un ensemble d’assomptions, auquel le destinataire a accès. Ici, une contextualisation permettra d’expliciter les liens entre les énoncés.

30Bien sûr, l’argumentaire de la théorie de la pertinence est plus étoffé ; il se développe d’ailleurs dans le courant de la philosophie analytique, et sa solidité pro­vient, suivant l’interprétation qu’on en fait, d’un réductionnisme abusif ou justifié. La pragmatique radicale conclut simplement que la cohérence est un critère non pertinent et que le discours, pour reprendre les termes de leurs démonstrations, est une catégorie a priori sans fondement scientifique. Ceci dit, la théorie de la per­ti­nence propose une distinction entre la recherche de l’intentionnalité locale du locuteur d’un énoncé, et l’intentionnalité globale du locuteur d’un discours.

31Il est temps de s’étendre un peu plus, dans une simple perspective descriptive, sur chacune des deux approches genevoises : l’analyse du discours d’Eddy Roulet, et la pragmatique radicale que développe Jacques Moeschler.

3. L’approche modulaire

32Le programme de recherches en analyse du discours que propose Eddy Roulet à Genève se présente donc dans une filiation structurale, dans laquelle le discours est un système complexe. Cette complexité trouve une formulation récente dans la définition du projet comme approche modulaire (cf. infra), mais se situe d’abord au confluent de travaux divers, dont je vais dresser à gros traits le panorama (cf. Roulet & alii 1991, Roulet à paraître).

33Premièrement, il prend à son compte la dimension actancielle des participants d’un discours, comme le propose Bakhtine : « l’objet de la linguistique est le discours en tant qu’interaction verbale » (cf. Bakhtine 1977 et 1978) ; et c’est notamment dans cette perspective que sera développé le module peut-être le plus achevé de la description rouletienne, i.e. la dimension langagière la mieux décrite, à savoir le module hiérarchique. En posant que l’interaction verbale se décrit sur un axe praxéologique, où les interventions discursives, notamment dans le cadre d’un dia­logue, se situent selon différentes fonctions (proposition, réaction, ratifi­ca­tion, etc.), Roulet envisage un découpage du discours en structure d’enchâssements successifs d’interventions. Concevant ainsi le langage lié à la fois à des contraintes communicatives et à des contraintes rituelles, Roulet se situe aussi dans l’héritage de Goffman (1973), dont proviennent ces notions (respectivement : system constraints et ritual constraints) ; on ne peut que percevoir derrière ce tableau le profil naissant dans les théories du langage du désir d’intégrer l’étude du discours dans un étude implicitement plus vaste, à savoir sociologique.

34Deuxièmement, le projet d’Eddy Roulet s’inspire directement de cette branche du structuralisme américain qu’est la tagmémique de Pike (cf. Pike 1967), qui rejoint la dimension sociale de l’interaction, et à qui nous devons le concept de structure hiérarchique. Pour Pike, et c’est surtout cette idée qui inspirera l’approche discursive genevoise, tout comportement humain s’analyse en termes de constituants liés par des fonctions spécifiques : on voit tout de suite l’approche structurale qui sous-tend cette conception.

35Troisièmement, mais avec quelques réserves techniques, l’approche discursive genevoise considère comme fondamentales les notions de la théorie des Actes de langage et de ses dérivés. Austin, Searle, et Grice dans une interprétation parti­cu­lière, ont donc leur place dans le projet rouletien. En particulier, lorsqu’il s’agit de déterminer les unités discursives, principal problème que le modèle genevois, comme les autres modèles pragmatiques, doit résoudre, il le fera en termes d’actes de discours (qui correspondent à la clause des travaux d’Alain Berren­donner).

36Enfin, Roulet, comme la pragmatique radicale d’ailleurs, prend à son compte les observations que fournit la théorie de l’énonciation de Ducrot et Anscombre, qui a marqué un pas de géant dans la description des faits de pragmatique. En particulier, c’est à Ducrot et Anscombre que les différents courants de la pragmatique contem­po­raine doivent leur intérêt fondamental pour les marques de connexion, et en particulier les connecteurs argumentatifs (cf. e.g. Anscombre & Ducrot 1983).

37Bien que les choses soient infiniment complexes, on peut donc estimer que l’approche genevoise d’analyse du discours est donc plutôt issue d’une conception « globalement traditionnelle » du structuralisme, bien qu’elle se différencie de l’orthodoxie saussurienne sur plusieurs points. Et je voudrais maintenant évoquer le fait que derrière cette conception générale, la définition, plus récente, de l’analyse du discours en analyse modulaire, ce fameux modèle genevois, lui donne une ambition pluridimensionnelle, qui ne saurait déplaire à tous ceux qui formulent à l’égard des linguistes la critique de ne prendre en compte que certains domaines d’investigation en divisant les « sciences du langage » en un foisonnement de sous-sciences, de la phonologie à la pragmatique en passant par la syntaxe, la sémantique, et pourquoi pas la sociolinguistique ou la psycholinguistique.

38A la suite de Schiffrin (1994), Roulet observe en effet que les approches traditionnelles, si elles sont à même de produire dans certains cas des descriptions très fines de phénomènes relevant de dimensions particulières du discours, ne peuvent envisager la question discursive sous l’angle de la complexité. Il note : « […] il paraît indispensable aujourd’hui de dépasser et d’intégrer ces approches partielles dans un modèle permettant de rendre compte globalement de la complexité de l’organisation du discours » (Roulet à paraître). A propos de l’organisation du discours, il postule qu’« il s’agit d’un système complexe, qui peut être décomposé en des sous-systèmes réduits à des informations simples ; les combinaisons successives d’informations fournies par les sous-systèmes ou dérivées de ceux-ci permettent de décrire différentes formes d’organisation du discours : topicale, polyphonique, compositionnelle, inférentielle, etc. » (idem). Dès lors, les recherches conduites dans ce cadre à Genève visent un double objectif : « élaborer un modèle récursif permettant, à l’aide d’un nombre limité d’unités, de relations, et de principes généraux, de rendre compte, de manière à la fois fine et étendue, de la complexité de l’organisation de toutes les formes de discours possibles et réalisées, qu’ils soient dialogiques ou monologiques, écrits ou oraux, spontanés ou fabriqués, dans des langues particulières, et proposer un instrument d’analyse permettant de décrire de manière systématique toute forme de discours » (idem). Le modèle genevois envisage donc une heuristique pluridimensionnelle. L’interaction, et le discours de manière générale, obéirait à un faisceau de lois relatives à des structures différentes, les modules. Pour reprendre les termes de Roulet, l’approche modulaire « implique donc une double exigence : a) décomposer l’organisation complexe du discours en un nombre limité de systèmes (ou modules) réduits à des informations simples et b) décrire de manière aussi précise que possible la manière dont ces informations simples peuvent être combinées pour rendre compte des différentes formes d’organisation des discours analysés » (idem). Ces modules recouvrent trois niveaux discursifs, le niveau linguistique, le niveau textuel et le niveau situationnel, pour lesquels on trouve à chaque fois un module principal. Ainsi, le niveau linguistique est constitué par un module principal syntaxique, et par les modules phonologique, lexical et sémantique ; le niveau textuel correspond au module principal hiérarchique et aux modules relationnel, énonciatif, périodique, informationnel et compositionnel ; enfin, au niveau situationnel correspondent d’abord le module référentiel, puis les modules interactionnel et psychologique. Dans sa version la plus récente, le modèle réduit le nombre de modules à cinq : lexical, syntaxique, hiérarchique, interactionnel et référentiel.

39De la sorte, le modèle genevois envisage un programme fondé sur des hypo­thèses complexes, mais fidèle dans ses grandes lignes à ce structuralisme qui a méta­phorisé en termes linguistiques les actes humains de manière générale, et qui fait du langage un objet d’étude relatif à l’angle d’où il est observé. En gros, le projet unificateur rouletien concerne implicitement le fait que les différents modules correspondent à différents points de vue posés sur l’objet linguistique, en l’occurrence sur l’objet discursif. Ce qui ne peut manquer de nous rappeler ce qu’on évoque parfois sous le terme un peu délicat d’axiome saussurien : « le point de vue crée l’objet ». Trouver la chose commune du langage, ou plutôt la description globale du langage, envisagée sous ces différents angles, constitue implicitement la ligne de fuite du projet modulaire.

40Parallèlement, l’ambition d’étendre la problématique discursive à une problé­matique socio-psychologique implique nécessairement que le langage soit un fait social parmi d’autres faits sociaux, descriptible avec des outils parents. Mutatis mutandis, il est bien tentant de comprendre cela aussi, comme on l’évoquait plus haut, dans un parallèle avec l’idée saussurienne d’une sémiologie générale.

41Héritier de l’approche rouletienne, Jacques Moeschler s’est inscrit en faux, depuis un certain nombre d’années, avec, premièrement, certains axiomes, explicites ou implicites, de l’analyse de discours, et avec la méthodologie générale de l’Ecole genevoise. Il a rejoint une théorie pragmatique radicale, la théorie de la pertinence.

4. La pragmatique radicale

42Pour l’approche pragmatique radicale, on peut dire que les questions de communication se ramènent à cet ensemble complexe de problèmes constitué d’une part par la confrontation entre l’énoncé et le contexte, qui permet les inférences et d’autre part par la nécessité pour le destinataire de retrouver l’intention communicative du locuteur. De fait, là aussi l’analyse modulaire et la pragmatique radicale se retrouvent dans le projet, quoique formulé et envisagé de manière différente, d’appréhender la complexité des faits de langage.

43Cette discipline est conçue comme extra-linguistique ; Moeschler et ceux qui suivent la même voie définissent ainsi la pragmatique comme une science extérieure à la linguistique ; au contraire, la pragmatique ducrotienne, elle, est « intégrée » à la linguistique, et développe une stratégie structurale.

44Les idées développées par la théorie de la pertinence sont issues de la prag­ma­tique gricéenne, et l’ambition fondamentale de la théorie de la pertinence ne con­cer­ne pas des lois qui lient des constituants discursifs, mais des principes invariables qui régissent l’interprétation des énoncés ; l’approche se veut donc fondamentalement dynamique et prédictive, et son ambition se situe dans une lignée cognitiviste : on expliquera le langage par un certain mode de fonctionnement de l’esprit. De la sorte, la pragmatique radicale cherche éviter toute explication ad hoc grâce à un dispositif de principes généraux.

45L’axiome fondamental de la théorie de la pertinence cherche à unifier les maximes de Paul Grice en un seul principe général. Grice a décrit l’interprétation de l’énoncé par le respect de maximes diverses, qui correspondent à un principe, le principe de coopération (cf. Grice 1975). La théorie de la pertinence redéfinit ce principe par, en quelque sorte, une loi économique formulée en deux propositions complémentaires : 1) Moins un énoncé demande d’effort de traitement, plus il est pertinent, et 2) Plus un énoncé produit d’effet, plus il est pertinent. Autrement dit, supposer que le locuteur a produit un énoncé pertinent revient à considérer qu’il a formé son énoncé dans le but de provoquer le plus grand effet pour le plus petit effort de traitement.

46L’approche pragmatique radicale, en premier lieu, conçoit l’interprétation comme un processus fondé sur des mécanismes logiques liés à la construction de connaissances. En particulier, l’effet cognitif, ou les effets cognitifs, qui résultent de l’interprétation d’un énoncé, est une mise en contact des assomptions nouvelles que l’énoncé produit avec les assomptions anciennes qui sont accessibles au destinataire ; ces dernières reçoivent des degrés de saillance, et sont soit le résultat du traitement d’énoncés antérieurs, soit sont rendues accessibles par la situation d’énonciation, soit encore sont constituées par des éléments de la connaissance du monde du destinataire. Cet ensemble d’assomptions, que le destinataire confronte à l’énoncé en cours de traitement, forme le contexte, qui est donc conçu comme construit : le destinataire sélectionne, parmi toutes les assomptions dont il dispose, celles qui seront nécessaires à l’interprétation, et donc à la récupération de l’intention du locuteur. Un effet cognitif, ainsi, peut être soit la simple émergence d’une nouvelle assomption dans l’univers de connaissances du destinataire, soit l’annulation par une nouvelle assomption d’une ancienne assomption, soit enfin la confirmation ou l’enrichissement d’une ancienne assomption par une nouvelle assomption. On comprend qu’il est nécessaire pour la théorie de la pertinence d’avoir une description des faits de mémoire (elle utilise les termes connus de mémoire à court, moyen et long terme dans sa description de l’accès et du traitement des données mémorisées, refusant le terme trop générique de mémoire discursive).

47D’autre part, cette approche est dite inférentielle parce qu’elle décrit l’usage du langage et son interprétation par des mécanismes logiques, en particulier de déduction. C’est de cette manière que la pragmatique radicale cherche à justifier l’axiome selon lequel un énoncé communique davantage que ce qu’il dit littéralement, à savoir ses implications et présuppositions, mais surtout ses impli­ci­ta­tions (« implicatures » dans la terminologie gricéenne). Enfin, pour terminer ce rapi­de portrait, ajoutons que la théorie de la pertinence divise les expressions linguisti­ques en deux types fondamentaux : celles qui communiquent de l’information conceptuelle, et celles qui communiquent de l’information procé­durale, c’est-à-dire qui déclenchent chez le destinataire des procédures visant à organiser l’information conceptuelle. Dans cette catégorie entrent notamment ces fameuses expressions qui constituent pour certains les marques de cohésion, ces expressions qu’on ne peut interpréter au sein du même énoncé ; en premier lieu y entrent les connecteurs, mais on y range aussi, par exemple, les temps verbaux. C’est à un rapide panorama de la question des temps verbaux que sera consacrée la conclusion de ce propos.

5. Conclusion : les temps verbaux

  • 4 Ce qui n’empêche pas de considérer certains temps comme favorisant cette relation.

48La perspective structurale a apporté une contribution originale à la question des temps verbaux : il s’agit de l’idée selon laquelle les temps font système. Benvéniste distingue deux systèmes des temps verbaux, organisés autour de deux plans d’énonciation, le discours et l’histoire, idée reprise et exploitée par Weinrich qui divise parallèlement commentaire et récit. D’autres perspectives systémiques, partiellement antagonistes avec celle-ci, sont à trouver d’une part dans la filiation de Damourette et Pichon, quand ils divisent, et Klum à leur suite, les temps en allocentriques et nynégocentriques, et d’autre part chez Martin ou Vet pour qui les deux sous-systèmes s’organisent autour de l’opposition fondamentale entre présent (discours) et imparfait (récit), ce qui n’est pas sans rappeler l’opposion noncal / toncal chez Damourette et Pichon. Contrairement à ce qu’on trouve chez Benvéniste et Weinrich, les temps verbaux sont ici conçus comme référentiels : les temps verbaux permettent la référence temporelle et indiquent quels repères temporels doivent être mis en œuvre pour comprendre l’énoncé. Des approches contem­po­raines en sémantique du discours comme la D.R.T. (Discourse Representation Theory, Kamp & Reyle 1993, Asher 1993) se fondent sur des critères cognitifs pour opérer la distinction entre types de textes différents, notamment le récit et le commentaire ; notamment, la narration est le cas de figure où le temps avance, et cela indépendamment des temps verbaux présents dans la séquence énonciative4.

49En revenant à la tradition grammaticale, qu’il s’agisse de Damourette et Pichon, de Guillaume ou de Reichenbach, on découvre une ambition dynamique immédiatement transposable pour une description procédurale. Les temps verbaux occupent certes des places dans un système complexe, qu’on peut définir par exemple par une position de repères temporels, les fameux points de Reichenbach, ce qui constitue alors leur sémantique fondamentale. Mais ils déclenchent surtout des procédures inférentielles qui permettent des effets particuliers, par exemple l’ordonnancement des procès entre eux ou l’émergence d’une focalisation, c’est-à-dire d’un point de vue. En prenant à son compte cette approche, la théorie de la pertinence ne décrira plus les temps verbaux en termes proprement structuraux, mais plutôt comme déclencheurs de mécanismes inférentiels intimement liés au contexte. On voit bien, dès lors, que la distinction, par exemple, entre temps anaphoriques et autonomes n’a plus directement cours dans cette perspective.

50Comme la théorie de la pertinence axe sa réflexion autour de l’idée que la communication met en jeu des représentations mentales, son hypothèse sur les temps verbaux est qu’ils permettent la construction de représentations de procès ; le dispositif mis en place cherche à appréhender les faits de discours sans idée a priori sur le discours, mais par la mise en place de procédures dynamiques d’assignation de référents aux expressions, qui permettent la récupération, s’il y a lieu, d’une intentionnalité globale.

51Et, comme pour les temps verbaux, l’attribution de référents aux expressions non-autonomes en général se fait de manière relativement semblable, qu’il s’agisse d’expressions anaphoriques ou déictiques ; les marques de cohésion se trouvent alors englobées dans une catégorie plus vaste : les expressions qui, pour trouver un référent, doivent avoir recours au contexte, par une procédure interprétative. Ces procédures sont parcourues par le destinataire selon une série de « paris » qu’il fait au sujet de l’intentionnalité du locuteur ; contrairement à la D.R.T., la théorie de la pertinence fait l’hypothèse que la logique de choix mise en œuvre par le destinataire est une logique non-monotone non-prudente. Mais les modèles logiques de la théorie de la pertinence doivent encore faire l’objet d’un développement formel complet. Cela dit, puisque pour la théorie de la pertinence le résultat du traitement d’un énoncé est en quelque sorte un état de connaissances, l’interprétation d’un discours donné est alors virtuellement le résultat de l’interprétation du dernier de ces énoncés.

52Ce que je viens d’évoquer suggère que l’approche structurale, si elle continue de constituer une stimulation aux recherches menées en analyse de discours, comme en sémantique du discours, se trouve questionnée par les approches pragmatiques radicales ; ces dernières seraient prêtes à n’en pas douter à se dire structuralistes, dans une acception ouverte, puisque les grandes distinctions qu’elles opèrent entre les expressions pourraient se classer dans une structure complexe, mais on voit bien l’alternative que la pragmatique radicale cherche à présenter au modèle structural dominant. Il serait intéressant, au demeurant, d’observer la possibilité ou non de faire cohabiter ces deux types d’approches : celle qui a hérité de la lecture traditionnelle de Saussure et du structuralisme américain, à savoir l’analyse du discours, et celle qui envisage le langage comme un fait non pas à envisager sous l’angle de l’interaction sociale mais sous celui des nécessités de l’évolution de l’espèce, à savoir la pragmatique radicale.

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Notes

1 Roulet note encore : « Bloomfield, en 1922, fait une brève allusion à l’apport de Saussure dans le texte “A set of Postulates for a Science of Language”, qui est souvent considéré comme le manifeste de la linguistique structurale américaine ; il est plus catégorique dans le compte-rendu du Cours publié en 1924 dans le Modern Language Journal, qui se termnine par la phrase : “Il nous a donné les fondements théoriques d’une science du langage humain” » (Roulet 1975, 86).

2 Troisième conférence (leçon inaugurale), Université de Genève, novembre 1891, citée par Bouquet (Bouquet 1997, 75).

3 Pour être juste il faut signaler aussi une troisième voie, ouverte par les travaux d’A. Auchlin sur le « bonheur conversationnel », et son approche « expérientialiste » qui se réclame de l’orientation « enactive » du cognitivisme. Elle ne concerne pas notre propos ici ; voir Auchlin (1996)

4 Ce qui n’empêche pas de considérer certains temps comme favorisant cette relation.

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Pour citer cet article

Référence papier

Louis de Saussure, « 5. Structuralisme et pragmatique à Genève »Modèles linguistiques, 41 | 2000, 53-68.

Référence électronique

Louis de Saussure, « 5. Structuralisme et pragmatique à Genève »Modèles linguistiques [En ligne], 41 | 2000, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 15 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ml/1442 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ml.1442

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Auteur

Louis de Saussure

Université de Genève
Institut Ferdinand de Saussure

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Droits d’auteur

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